• « La clandestinité a toujours fait partie des accessoires du pouvoir aristocratique (...) À l’opposé, le principe de la démocratie est lié à celui de la #publicité, et, dans le même esprit, à la tendance à proclamer des lois universelles et fondamentales. Car celles-ci s’appliquent à un nombre illimité de sujets et sont donc publiques dans leur essence. À l’inverse, l’utilisation du secret à l’intérieur du régime aristocratique n’est que la forme exacerbée de cette exclusion et de ces privilèges sociaux, pour l’amour desquels l’aristocratie répugne d’ordinaire à promulguer des lois fondées sur des principes universels. »_

    Georg Simmel, #Secret et sociétés secrètes, Circé, 1996, p. 92).

  • Comprendre l’extermination à Auschwitz : histoire d’un témoignage miraculé
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/comprendre-l-extermination-a-auschwitz-histoire-d-un-temoignage-miracule

    ... cette publication est surtout un événement dans la mesure où plus de trente-cinq ans ont été nécessaires pour que ce #texte nous soit pleinement accessible. Et c’est cet intervalle qui leste le double legs de Nadjary d’une dimension supplémentaire, et vient en souligner l’importance. Car ce délai ne vient pas seulement éclairer la difficulté à rendre déchiffrable un texte fragile qui aura miraculeusement résisté parce qu’il avait été enfoui dans le sol d’#Auschwitz, plié en douze petits feuillets miniatures, et roulé dans un thermos. Entre sa découverte, à l’automne 1980, neuf années après la mort de Nadjary, et la toute première publication sous forme de récit, en 1991 et en Grèce, onze années s’étaient écoulées. Mais le progrès technique n’avançait pas à la même cadence, et seuls 10% du manuscrit étaient en réalité déchiffrables à l’époque : le papier avait été grignoté par l’humidité, et l’encre bleue délavée semblait avoir inondé les pages arrachées à un cahier. C’est seulement après sa dissémination à l’international, et parce qu’une édition en russe, notamment, avait vu le jour, qu’un expert informatique russe, rompu à l’imagerie high tech, se manifestera, pour proposer ses services et déchiffrer le reste du manuscrit. Il avait entendu parler du texte tandis qu’il écoutait une émission de radio, et pensait que l’#imagerie dernier cri saurait faire des miracles. Il avait raison.

    ... Contrairement à l’image qui est longtemps restée, les #Sonderkommandos n’ont joué aucun rôle direct dans l’assassinat des #Juifs_déportés : tenace, ce lieu commun n’a aucune prise avec la réalité historique. Pour la bonne raison, explique encore Tal Brutmann, que ces déportés-là aussi étaient destinés à être assassinés, le moment venu : “Les nazis n’ont jamais confié les moyens d’assassiner à des Juifs puisque les Sonderkommandos aussi devaient mourir, parce qu’eux aussi était juifs.” En octobre 1944, près de six cents membres des Sonderkommandos seront assassinés, après qu’un groupe, composé notamment de Grecs, ait entrepris de se révolter. La moitié seront tués à titre de représailles. Pas #Marcel_Nadjary, qui survivra à la défaite nazie et témoignera en 1947 à nouveau.

    Téléphone arabe

    Son témoignage, écrit en grec mais ponctué de ce qu’on appelle "la #langue_des_camps", n’avait jamais été traduit en français, mais seulement en anglais, en russe et en polonais. Or en France, l’idée était restée, dans un sillage tenace, que les Sonderkommandos avaient bénéficié de privilèges au bénéfice de leur rôle au premier rang de la machine d’#extermination nazie. Au point que les #témoignages des Sonderkommandos ont longtemps suscité de la méfiance, et pendant les années qui suivirent la Libération, ces récits ont d’abord été accueillis avec méfiance par les #historiens. S’ils avaient témoigné, n’était-ce pas qu’ils avaient mieux survécu ? C’était en réalité oublier que, comme celui de Nadjary, ces témoignages avaient traversé le temps à la faveur d’un enfouissement précaire dans le sol, ou encore que l’immense majorité de ces travailleurs préposés à des tâches qu’ils n’avaient pas choisies n’étaient pas consentants, et massivement liquidés précisément parce que les nazis entendaient maintenir le #secret le plus durable sur le processus d’extermination. C’est en particulier le récit de Primo Levi qui, auprès du lectorat français et bientôt de l’opinion publique, a contribué à prolonger le doute sur la fiabilité d’un témoignage comme celui de Marcel Nadjary. Si les Sonderkommandos n’étaient pas responsables de ce qu’ils avaient dû faire, n’avaient-ils pas été un rouage de la machine de mise à mort nazie ? Un véritable exemple de “téléphone arabe”, analyse en fait a distance Tal Brutmann, qui explique Primo Levi se trouvait en réalité détenu dans une toute autre zone du camp d’Auschwitz, où l’information circulait mal et où des rumeurs pouvaient se frayer un chemin, à la faveur de mauvaises informations, ou de l’angoisse.

    Or le témoignage de Marcel Nadjary est au contraire décisif pour accéder à un savoir plus empirique sur l’histoire des #chambres_à_gaz. Lui qui croit qu’il va mourir, au moment où il s’adresse par écrit à ses amis à la manière d’un geste de testament, se donne pour tâche de décrire avec précision le mécanisme de l’extermination. Il inclut à son texte des informations précises, techniques, mais aussi chiffrées : comme le souligne Serge Klarsfeld, qui préface cette édition française de Nadjary qui paraît chez Signes et balises, c’est lui qui parvient à s’approcher, plus que bien d’autres, du chiffre le plus proche du nombre des victimes juives à Auschwitz. Nadjary, bien sûr, se trompe, lui qui n’a passé que six mois au seuil du Crématoire III : il évoque 1 400 000 #Juifs assassinés, là où le nombre exact sera de 1 052 000 pour le seul camp d’Auschwitz. Mais davantage que bien des statisticiens qui s’efforceront de prendre la mesure de l’assassinat de masse durant cinquante ans, c’est lui qui collera le plus près à la réalité. C’est aussi lui qui décrira des comportements, des façons de faire, qui permettent aujourd’hui d’approcher au plus proche de ce que fut le tri des déportés sur la rampe à la descente du train, ou encore la manière dont le gaz était utilisé : libéré ensuite par des trappes, nous apprend son manuscrit, le #gaz était transporté jusqu’au crématoire dans un véhicule de la Croix rouge allemande affrété par deux soldats SS.

    “Les rouleaux d’Auschwitz”

    Né en 1917 à Thessalonique, Nadjary finira sa vie à New-York, où il est mort en 1971, vingt ans après avoir émigré. Son manuscrit, des six témoignages laissés par les Sonderkommandos qui aient pu être retrouvés à ce jour, est le seul qu’on doive à un #Grec. Or en Grèce, cette mémoire de la Shoah est longtemps restée un territoire méconnu, en même temps qu’une trace largement enfouie, bien que des historiens comme Raul Hilberg, par exemple, aient pu estimer que 85% de la population juive de Grèce ait péri dans la Shoah. “Un taux comparable à la Pologne”....

    #nazisme #camps_d'extermination #histoire #radio #livre

    edit le témoignage de Nadjary est utilisé au théâtre dans C’était un samedi https://seenthis.net/messages/1015526

  • Tristan Waleckx
    @tristanwaleckx | 6:54 PM · 19 sept. 2023

    En soutien à @AriaLavrilleux
    placée en garde à vue pour avoir fait son travail, et pour que chacun puisse savoir ce que certains voudraient taire, @Francetele
    et @Disclose_ngo ont décidé de remettre en ligne son #ComplementDenquete réalisé avec @jpcanet

    Complément d’enquête
    https://www.france.tv/france-2/complement-d-enquete/5281047-france-egypte-revelations-sur-une-operation-secrete.html

    France-Egypte : révélations sur une opération secrète

    #secret_défense #journaliste #arrestation #DGSI

    • Disclose
      @Disclose_ngo
      9:59 AM · 20 sept. 2023
      https://twitter.com/Disclose_ngo/status/1704404964787778042

      🔴 Garde à vue d’@AriaLavrilleux
       : d’après nos informations, les enquêteurs de la DGSI reprochent à notre journaliste d’avoir signé 5 articles sur les ventes d’armes françaises à l’étranger, publiés par
      1/4

      Les enquêtes concernées :
      – Opération Sirli en Égypte
      – La vente de 30 avions Rafale à l’Égypte
      – Les armes livrées à la Russie jusqu’en 2020
      – La vente de 150 000 obus à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU)
      – Le transfert d’armes illicite des EAU vers la Libye
      2/4

      Ces informations confidentielles sont d’intérêt général. Elles éclairent le débat public sur la réalité des relations de la France avec des dictatures et jettent une lumière crue sur des armes, fabriquées dans notre pays, et retournées contre des populations civiles
      3/4

      Qu’importe si ces révélations sur les ventes d’armes de la France sont gênantes pour l’État français

      Après 28 heures de garde vue, Ariane doit être libérée au plus vite. Sans aucune poursuite
      4/4

    • Ariane Lavrilleux
      @AriaLavrilleux
      #JournalismIsNotACrime
      9:36 PM · 20 sept. 2023
      https://twitter.com/AriaLavrilleux/status/1704580275613647082

      je suis libre, merci bp pour votre soutien !
      im free, thx for your support !
      انا حرة ،شكرا ليكو !

      Ariane Lavrilleux
      @AriaLavrilleux
      9:52 PM · 20 sept. 2023
      https://twitter.com/AriaLavrilleux/status/1704584379228406149

      Dsl pour le comité d’accueil de @Prenonsla1 @PressePapiers13
      qui m’attendait à la sortie de GAV à Marseille : on m’a fait sortir par derrière exprès pour que je ne vous vois pas, et sans prévenir l’avocate de @Disclose_ngo
       ! C’est le signe que vous dérangez : continuons le combat !

  • #Secret-défense : une #journaliste perquisitionnée et placée en #garde_à_vue | #Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/190923/secret-defense-une-journaliste-perquisitionnee-et-placee-en-garde-vue?user

    Un pas de plus a été franchi dans la mise sous pression du journalisme, et de la liberté de la presse. Mardi 19 septembre, le domicile marseillais de la journaliste Ariane Lavrilleux, qui travaille pour le site d’informations #Disclose, a été perquisitionné par une juge d’instruction venue de Paris, accompagnée de policiers de la Direction générale du renseignement intérieur (#DGSI).

    Ariane Lavrilleux elle-même a été placée en garde à vue, a indiqué le site d’informations Disclose dans un communiqué diffusé sur X. 

    La justice intervient dans le cadre d’une « enquête pour compromission du secret de la défense et révélation d’information pouvant conduire à identifier un agent protégé », selon Disclose. Ariane Lavrilleux, qui collabore également à Mediapart, est la coauteure d’une série d’enquêtes portant sur l’opération militaire Sirli en Égypte. 

    À l’heure où nous publions, les coauteurs de l’enquête de Disclose, Mathias Destal, Geoffrey Livolsi et Jean-Pierre Canet, joints par Mediapart, n’étaient ni perquisitionnés ni placés en garde à vue.

    Mathias Destal, cofondateur du site d’investigation, dénonce « une violation manifeste grave et inquiétante du secret des sources ». « C’est une escalade dans un système d’intimidation et de répression sur les journalistes qui font leur métier. On franchit un cap », poursuit le journaliste. 

    Plusieurs confrères et consœurs ont apporté leur soutien à l’équipe de Disclose. Leïla Miñano, du site Investigate Europe, parle d’une « attaque grave à la liberté de la presse », Tristan Waleckx, de France 2, d’une « entrave inacceptable à la liberté d’informer », la SDJ de Mediapart d’une « atteinte intolérable au secret des sources ». Le collectif Youpress dénonce sur X « une attaque grave à la liberté de la presse ainsi qu’au secret des sources et une intimidation inadmissible ».

    Reporters sans frontières « dénonce » sur X cette garde à vue, craignant que « les démarches de la DGSI ne portent atteinte au secret des sources ».

    Une telle procédure de perquisition et garde à vue d’un journaliste est rarissime. Seul précédent récent, les deux jours de garde à vue et la perquisition, en juin 2022, d’Alex Jordanov, journaliste d’investigation auteur d’un livre sur la DGSI. Une procédure vivement dénoncée, alors, par RSF, qui y voyait une stratégie d’intimidation.

    S’appuyant sur des documents « confidentiel-défense », le site avait documenté, en novembre 2021, une campagne d’exécutions arbitraires orchestrée par la dictature du maréchal al-Sissi, chef de l’État égyptien, avec la complicité de l’État français. Mediapart y a consacré une émission « À l’air libre ». 

    À la suite de ces révélations, le ministère des armées, poussé par l’opposition, avait annoncé une enquête interne, laquelle avait conclu en quelques mois au fait que la mission Sirli avait « fait l’objet d’un cadrage clair et que des mesures préventives strictes [avaient] été mises en place ». Dédouané de la sorte, le gouvernement avait parallèlement lancé une chasse aux sources de nos confrères et consœurs. 

    Une enquête judiciaire contre « X » pour « compromission du secret de la défense nationale » avait été ouverte et confiée, selon Disclose, à la section des affaires militaires et atteintes à la sûreté de l’État du parquet de Paris.

    Ce n’est pas la première fois que les journalistes de Disclose se trouvent dans le collimateur de la justice pour avoir simplement fait leur travail. En 2019, Geoffrey Livolsi et Mathias Destal, à l’origine de révélations sur l’emploi massif d’armes françaises dans la guerre au Yémen, qui fait depuis 2015 d’innombrables victimes civiles, ont été convoqués par la DGSI pour « compromission du secret de la défense nationale ».

    Le 22 janvier 2020, le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, avait certes décidé de classer sans suite cette procédure pénale… tout en adressant aux journalistes un courrier estimant que les faits d’« appropriation d’un secret de la défense nationale » et de « divulgation du secret de la défense nationale » étaient « caractérisés » et que cette procédure constituerait pour les journalistes un « antécédent judiciaire ».

    La perquisition avortée de Mediapart
    En 2019, c’était la journaliste du Monde, Ariane Chemin, qui se trouvait à son tour convoquée par la DGSI. Cette convocation intervenait dans le cadre de l’affaire Benalla. La même année, Valentine Oberti, alors journaliste à l’émission « Quotidien » – elle est désormais codirectrice éditoriale de Mediapart –, avait été convoquée avec sa journaliste reporter d’images (JRI) et son preneur de son par la DGSI parce qu’ils enquêtaient sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.

    Deux ans auparavant, en 2017, c’est un journaliste collaborant régulièrement avec Mediapart, qui s’était trouvé en proie à la justice. Edwy Plenel, directeur de la publication de Mediapart, et Clément Fayol, journaliste pigiste, avaient été entendus par la DGSI à la suite d’un article publié le 20 mars 2016 sur les compromissions géopolitiques de la France au Tchad.

    Clément Fayol avait finalement reçu un rappel à la loi, signé par le procureur de Paris, François Molins. Lequel courrier se faisait particulièrement menaçant : « Aucune poursuite pénale ne sera engagée à votre encontre si, dans un délai de six ans, à compter de ce jour, vous ne commettez aucune nouvelle infraction de cette nature. À défaut, la présente procédure pourrait être alors reprise et votre renvoi devant le tribunal correctionnel requis. »

    Mediapart avait par ailleurs fait face à une tentative de perquisition de ses locaux en février 2019, dans le cadre de nos révélations dans l’affaire Benalla. La perquisition n’avait pas été menée à bien. Et la justice avait, en juillet 2022, condamné l’État pour cette tentative.

    Dans son jugement, le tribunal écrivait : « La mesure, grave en elle-même pour tout organe de presse, ne tendait pas à la seule obtention des enregistrements, le cas échéant en copie, mais à la vérification de leur authenticité et des modalités de leur captation, investigations qui impliquaient nécessairement un accès au support et à ses éventuelles métadonnées qui sont de nature à permettre, directement ou non, l’identification de la source. »

    Cette volonté de l’État de découvrir les sources des journalistes dont les révélations dérangent semble avoir toujours cours aujourd’hui, au détriment des faits révélés. Depuis les révélations de Disclose sur l’Égypte, deux ONG états-uniennes, Egyptians Abroad for Democracy et Codepink, ont déposé plainte contre l’Égypte et la France devant le pôle « crimes contre l’humanité » du tribunal de Paris. Les deux plaintes ont été classées sans suite quelques mois plus tard.

    La rédaction de Mediapart

  • Secret des sources : une journaliste de Disclose placée en garde à vue
    https://disclose.ngo/fr/article/secret-des-sources-une-journaliste-de-disclose-placee-en-garde-a-vue

    Une perquisition est en cours depuis 6h00, ce mardi 19 septembre, au domicile personnel d’Ariane Lavrilleux, journaliste de Disclose et co-autrice de la série d’enquêtes « Egypt Papers ». Accompagnés d’un juge d’instruction, des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé la journaliste en garde à vue dans le cadre […] Lire l’article

  • « L’État devra probablement stabiliser aussi cette nouvelle banque »

    Fleuron de la tradition bancaire suisse, Credit Suisse (CS) a fait naufrage après 167 ans d’existence : l’État a forcé #UBS à racheter sa rivale en perdition. Tobias Straumann, historien de l’économie, nous livre sa vision de la Suisse et des #banques, nous parle des illusions de la politique et répond à la question suivante : un petit pays comme la Suisse a-t-il vraiment encore besoin d’une grande banque internationale ?

    La Revue Suisse : Monsieur Straumann, la fin de l’histoire de CS est-elle une rupture ou un tournant pour la Suisse ?

    Tobias Straumann : Il s’agit tout au moins d’un événement. CS était la plus ancienne des grandes banques encore existantes. Mais sa #faillite ne représente pas un tournant majeur. De grandes banques ont déjà disparu dans les années 1990. La Suisse en possédait cinq il y a un peu plus de 30 ans, il n’en reste qu’une aujourd’hui. La crise financière mondiale de 2008, avec le sauvetage par l’État de la plus grande banque suisse, UBS, puis la disparition du #secret_bancaire pour la clientèle étrangère ont été des traumas bien plus importants.

    Sauvetage d’UBS, fusion contrainte de CS : en 15 ans, l’État a dû secourir à deux reprises des grandes banques en difficulté. Or, la Suisse est un pays qui met en avant les valeurs de l’économie de marché libre. N’est-ce pas paradoxal ?

    L’économie de marché est loin d’être parfaite en Suisse. Nous avons de nombreuses entreprises d’État ou pseudo-entreprises d’État et, dans le secteur bancaire, les banques cantonales, qui sont aussi des entreprises d’État. En outre, je pense que l’intervention de l’État dans les affaires des grandes banques n’est plus un tabou. Depuis les années 1990, la #vulnérabilité du système bancaire, hypermondialisé et hyperlibéralisé, est évidente. Il est devenu tout à fait normal que les #États interviennent régulièrement. Ils ne peuvent pas faire autrement, car sans cela, les grandes crises financières mondiales s’enchaîneraient. À l’étranger aussi, on attend de la Suisse qu’elle prévienne les incidents qui mettraient en péril tout le #système_bancaire.
    Après le sauvetage d’UBS, le Parlement a toutefois voulu éviter, à l’aide de la loi « #Too_big_to_fail », que l’État et les contribuables soient à nouveau confrontés à des #risques_financiers aussi importants. Peut-on parler d’un réveil politique brutal ?

    En tant qu’historien, je suis moins surpris que cela n’ait pas fonctionné. En cas de crise, on a besoin de plans simples. La réglementation « too big to fail » était trop complexe, immature et un peu irréaliste. Un cas comme celui-ci implique toujours l’aval politique d’autorités étrangères. Or, cela peut prendre du temps.

    Face aux marchés financiers mondialisés, que peut encore faire la capitale fédérale ?

    Plusieurs choses. L’État peut et doit agir énergiquement quand il s’agit de stabiliser des banques. Dans le cas d’UBS, il l’a très bien fait. La banque a été étatisée, partiellement et temporairement, et à la fin la Confédération y a même gagné quelque chose. Et UBS a adapté sa culture du risque. Dans le cas de CS, les autorités ont estimé qu’une fusion était plus sûre. L’avenir dira s’il s’agissait de la bonne solution.

    À qui ou à quoi est dû le naufrage de CS ?

    Au management et au conseil d’administration. CS était mal dirigé depuis des années. Mais les autorités aussi doivent répondre à des questions. Depuis octobre 2022, on savait que la banque était en difficulté. Or, il a fallu attendre mars pour qu’un plan de sauvetage voie le jour. Le tout a paru quelque peu improvisé, contrairement à ce qu’il s’était passé avec UBS. Cela m’a surpris. Nous n’en savons pas encore assez pour juger le comportement des autorités : la commission d’enquête parlementaire nous éclairera à ce sujet. Et CS devrait lui aussi faire sa part, spontanément, en livrant un rapport détaillé sur ce qui a capoté. Il le doit à la Suisse.

    Malgré les pertes et les scandales, CS distribuait des rémunérations et des bonus astronomiques. Certains banquiers semblent n’être plus guidés que par l’appât du gain, qui leur fait prendre tous les risques. Où est la banque entrepreneuriale d’autrefois, qui a fait avancer la Suisse ?

    CS a conservé un secteur entrepreneurial jusqu’à la fin. Dans le domaine des crédits accordés aux entreprises, il a fait du très bon travail. Il est vrai que les fondateurs de la banque autour d’Alfred Escher, au XIXe siècle, ont investi dans les infrastructures. Mais les activités ferroviaires étaient déjà risquées, elles aussi. CS a connu des débuts mouvementés, car les cours boursiers des sociétés de chemin de fer n’arrêtaient pas de fluctuer. Quand ça allait bien, les banquiers aussi gagnaient bien. Et quand ça allait mal, ils ne touchaient pas de bonus. Voilà la différence avec aujourd’hui. Les erreurs de CS sont dues à la cupidité, oui, mais surtout à l’incompétence du conseil d’administration et de la direction.

    En quoi étaient-ils incompétents ?

    À partir des années 1990, les grandes banques suisses se sont fortement internationalisées. Or, il est très difficile pour un management suisse de tenir bon sur les places financières de Londres et de New York. Les banquiers d’investissement anglo-saxons ont une tout autre mentalité, qui s’accorde mal avec la culture d’entreprise suisse. En outre, les grandes banques suisses plaçaient souvent des employés de seconde classe à Londres et à New York, qui se comportaient comme des mercenaires et ne pensaient qu’à se faire un maximum d’argent en peu de temps.

    UBS a racheté CS en juin : la banque géante qu’elle est désormais est-elle viable ?

    Elle est plus petite que ne l’était UBS avant la crise financière, et elle réduira certainement encore un peu sa voilure. Mais il est vrai qu’elle reste immense, puisque que la somme de son bilan atteint le double du produit intérieur brut (PIB) suisse. Je ne sais pas si elle est viable. Il est très probable qu’elle aussi connaisse un jour des difficultés et que l’État doive intervenir. Et l’on peut d’ores et déjà affirmer qu’introduire des règles plus strictes n’y changera rien.

    Pourtant, certains politiques exigent actuellement des réglementations plus strictes pour les banques d’importance systémique.

    Il serait bon d’exiger un peu plus de réserves, c’est-à-dire une plus grande part de fonds propres. Mais même ainsi, UBS ne sera pas à l’abri, il faut le savoir. Le système financier mondial est très vulnérable. CS était en mauvaise posture, mais pas tant que cela. Il respectait tous les chiffres clés de l’Autorité de surveillance des marchés financiers. Il suffit qu’un incident se produise quelque part, et la contagion commence. Les États ne peuvent ni prédire, ni empêcher une crise financière, seulement l’endiguer à temps pour éviter des conséquences catastrophiques. Il est toutefois difficile de déterminer le bon moment pour intervenir.

    Face à de tels risques, ce petit pays qu’est la Suisse peut-il encore se permettre d’avoir une grande banque active sur le plan international ?

    Avoir sur sa place financière une grande banque qui propose tous les services a des avantages. Si UBS, par volonté politique, devait à présent se défaire de ses secteurs internationaux problématiques, ou déplacer son siège, elle perdrait ces avantages. Mais elle gagnerait en stabilité. Des filiales étrangères pourraient se charger de certaines opérations, comme c’est le cas pour la compagnie aérienne Swiss, qui appartient à la société allemande Lufthansa. Cela pourrait fonctionner. Même la disparition du secret bancaire ne nous a pas fait de tort. Zurich ne s’est pas appauvri, bien au contraire.

    La place financière internationale suisse a-t-elle été importante pour la prospérité du pays ?

    Son importance économique est surestimée. La Suisse est devenue une place financière internationale durant la Première Guerre mondiale, mais en 1914, juste avant la guerre, elle était déjà le pays le plus riche du continent européen pour ce qui est du PIB par habitant. Et ce, surtout grâce à son industrie, qui était très dynamique et qui a fait sa prospérité au XIXe et au XXe siècles, et jusqu’à ce jour. La place financière est née après l’industrialisation et s’est dotée, avec la gestion de fortune, d’une nouvelle source de revenus très florissante. Pour l’économie nationale, cela a toujours eu des avantages et des inconvénients.

    Quels ont été les inconvénients ?

    Les salaires élevés du secteur bancaire ont attiré de nombreux travailleurs qualifiés, qui ont manqué à d’autres secteurs plus innovants. À présent, sans l’appel d’air du secteur bancaire, il y a de nouveau plus de place pour d’autres branches et innovations. Zurich a beaucoup de succès dans le secteur des assurances, qui est plus prévisible et plus stable. Je trouve qu’il convient bien mieux à la mentalité suisse.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/letat-devra-probablement-stabiliser-aussi-cette-nouvelle-banque

    #banque #Suisse #Credit_Suisse #finance #Etat #sauvetage

  • [ANALYSE - ACTUALITÉ] Extension du rôle de la Délégation #parlementaire au renseignement pour #contrôler les #ventes d’#armes : une avancée piégée ?

    Le 6 juillet la #LoiDeProgrammationMilitaire (#LPM) 2024-2030 sera examinée par la commission mixte paritaire (réunissant des parlementaires issus des deux chambres). Un sujet sera l’objet de fortes tensions : la mise en place d’un contrôle parlementaire a posteriori des ventes d’armes, suite à l’amendement adopté par les sénateurs le 27 juin dernier. Ce rôle serait confié à la Délégation parlementaire au renseignement (DPR) d’examiner sous le sceau du #SECRETDÉFENSE , les licences d’exportation et d’auditionner des représentants du gouvernement, mais pas de la société civile !

    [LIRE L’ARTICLE COMPLET] https://www.obsarm.info/spip.php?article563

  • Lecture d’un extrait du livre « L’âge de détruire » de Pauline Peyrade, paru aux éditions de Minuit, en 2023.

    https://liminaire.fr/radio-marelle/article/l-age-de-detruire-de-pauline-peyrade

    Elsa, une petite fille de 7 ans, vit seule avec sa mère qui n’accepte pas sa solitude. Elle s’accroche à sa fille pour s’empêcher de couler sans se rendre compte qu’elle l’entraîne peu à peu dans son naufrage. Malgré elle, la fillette reporte sur une amie de son âge, le comportement ambigu et déplacé de sa mère. Devenue adulte elle a bien du mal à se défaire de la relation toxique avec sa mère. Ce premier roman troublant de Pauline Peyrade décrit avec finesse, à travers le point de vue d’une enfant, un terrible secret familial qui se reproduit de génération en génération.

    (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Enfance, #Sexualité, #Violence, #Secret, #Famille (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_l_a_ge_de_de_truire_pauline_peyrade.mp4

    http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-L_%C3%82ge_de_d%C3%A9truire-3389-1-1-0-1.html

  • Sans-papiers : une association livre les adresses de familles à la préfecture - Basta !
    https://basta.media/sans-papiers-une-association-livre-les-adresses-de-familles-a-la-prefecture

    En Haute-Loire, la direction d’une structure d’insertion sociale, Asea 43, a divulgué à la préfecture les adresses de familles en situation irrégulière accompagnées par l’association. Les salariés dénoncent la violation du secret professionnel.

    voilà une association qui se tient bien

    #étrangers #secret_professionnel #délation

    • Mais quelle catastrophe ! Travailler dans une « Sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence » était le gage du respect des droits de toutes et tous tant pour les usagers que les salarié‧es . Gage de valeurs morales et d’éthique. C’est insupportable de constater la dérive des associations de protection de l’enfance.

    • Mais quelle catastrophe ! Travailler dans une « Sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence » était le gage du respect des droits de toutes et tous tant pour les usagers que les salarié‧es . Gage de valeurs morales et d’éthique. C’est insupportable de constater la dérive des associations de protection de l’enfance.

  • #Inceste 1/5 - Le zizi de Papinou

    Mère de deux filles, Jessica a découvert que son propre beau-père abusait d’elles depuis plusieurs années. Elle l’a dénoncé à la police et raconte son parcours de combattante jusqu’au jugement. En matière d’inceste, l’article 213 du Code pénal visait à l’origine à protéger les liens du sang. Pour l’avocate lausannoise Coralie Devaud, il est trop restrictif et archaïque, comme celui qui définit le viol.

    https://www.rts.ch/audio-podcast/2023/audio/inceste-1-5-le-zizi-de-papinou-25899822.html
    #podcast #audio #pédocriminalité

  • ’God of War Ragnarok’ breaks a fundamental rule of video games
    https://www.inverse.com/gaming/god-of-war-ragnarok-accessibility

    GAME STUDIOS RARELY SHARE THE SECRETS OF THEIR SUCCESS.

    A great game can spawn countless imitators — look at Breath of the Wild or Stardew Valley — and it’s all but unheard of for a company to tell its competitors the magic formula. But accessibility is increasingly becoming a notable exception to that rule.

    God of War Ragnarok — a continuation of the 2018 adventures of the grizzled warrior Kratos and his tween son Atreus, and the ninth installment of a venerable PlayStation franchise — is the most accessible game in the series yet. To help make that vision a reality, the team at Santa Monica Studio turned to the folks at Naughty Dog, known for its boundary-breaking innovations for players with auditory, visual, and motor differences.

    In keeping with that spirit of open collaboration, Lead UX Designer Mila Pavlin says the team at Santa Monica Studio isn’t interested in keeping the 70+ accessibility innovations in God of War Ragnarok a secret.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #accessibilité #handicap #jeu_vidéo_god_of_war_ragnarok #console_playstation #naighty_dog #mila_pavlin #secret_de_fabrication #secret_industriel #partage #jeu_vidéo_the_last_of_us_part_ii #ui #gui #ux #ihm #interface_homme_machine

  • Le #Secret se propage, la liberté recule (par le collectif #StopBolloré)
    https://www.blast-info.fr/articles/2022/le-secret-se-propage-la-liberte-recule-par-le-collectif-stopbollore-Vh8Uo

    Le tribunal de commerce ordonne à Reflets de ne plus publier d’informations sur #Altice. Le groupe de Patrick Drahi a réussi à obtenir une censure conservatoire, en détournant la loi de 1881 sur la liberté de la #Presse. Signataire de ce texte, Blast…

    #Liberté
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-le-secret-se-propage-la-liberte-recule-par-le-col

  • La justice interdit à Reflets de publier des informations sur Altice | Reflets.info
    https://reflets.info/articles/la-justice-interdit-a-reflets-de-publier-des-informations-sur-altice

    Ce que toute la presse craignait lors de la transposition en droit français de la directive européenne sur le secret des affaires s’est concrétisé ce jeudi 6 octobre 2022. C’est Reflets.info qui ouvre le bal avec une décision du Juge des référés du Tribunal de commerce de Nanterre. Altice et son président Patrick Drahi étaient passablement énervés par nos articles qui détaillent les montages financiers, les dépenses colossales, l’optimisation fiscale à outrance, révélés dans des documents publiés sur Internet par le groupe de ransomware Hive. Aux motifs de la violation du secret des affaires, une société pourrait obtenir une décision de justice interdisant à un journal de traiter un sujet d’intérêt général.

    C’est désormais chose faite : à compter de ce jour, il nous est interdit de publier de nouvelles informations.

    Si l’on s’en tient à la rédaction de la décision, nous ne pouvons d’ailleurs plus exercer notre métier du tout : « ordonnons à la société Rebuild.sh de ne pas publier sur le site de son journal en ligne « reflets.info » de nouvelles informations. »

  • «Sie haben eh keine Chance auf Asyl in der Schweiz»

    Eine Video-Animation, die offenbar afrikanischen Asylbewerbern die Heimkehr schmackhaft machen will, wurde vom Staatssekretariat für Migration einfach ins Ukrainische übersetzt. Nur: Diese staatliche Rückkehrhilfe gilt für Flüchtlinge aus der Ukraine gar nicht.

    Ein kleiner Zeichentrickfilm sorgt für grosse Empörung. Das Staatssekretariat für Migration (SEM) will mit einem vierminütigen Erklärvideo unerwünschte Asylbewerber dazu bewegen, in ihre Heimat zurückzukehren. Unter den Adressaten sind auch ukrainische Flüchtlinge.

    Im Filmchen ist ein dunkelhäutiger Mann zu sehen. In der ukrainischen Version wird er Bohdan Petrenko genannt. Da er «eh kaum eine Chance auf Asyl in der Schweiz» habe, rät man ihm auf der Beratungsstelle heimzukehren. Man erklärt ihm, er habe bei freiwilliger Rückkehr in die Heimat ein Recht auf finanzielle Unterstützung, wenn er aus einem visapflichtigen Land stamme. Grenze sein Land zudem nicht an den Schengen-Raum, habe er sogar Anspruch auf die Finanzierung eines Business-Projekts.
    Video in vielen Sprachen, auch auf Ukrainisch

    Das Video wird in mehreren Sprachen gezeigt. Das SEM stellt peinlicherweise auch die ukrainische Version auf seinen offiziellen Youtube-Kanal. Dies bleibt nicht ohne Reaktion. Ukrainische Flüchtlinge wenden sich irritiert an die ukrainische Anwältin Elina Iakovleva. Diese weist nun in einer Stellungnahme auf Ungereimtheiten hin.

    Als Erstes sei das Video politisch unkorrekt, schreibt Elina Iakovleva, da die Hautfarbe der Ukrainer weiss sei. Zweitens erhielten Ukrainer nicht Asyl, sondern den Schutzstatus S. Und die Ukraine habe durchaus Grenzen zum Schengen-Raum, etwa mit der Slowakei, Polen und Ungarn. Ukrainer bräuchten zudem kein Visum, um in die Schweiz einzureisen.
    «Botschaft des SEM ist zynisch und grausam»

    Und überhaupt, wie könne man vornehmlich Frauen und Kinder nahelegen, in ein Land zurückzukehren, das von einem Drittland angegriffen wird, in dem Bomben fallen und Frauen vergewaltigt werden? «Die Botschaft des Videos ist zynisch und grausam», so die Anwältin.

    In einem Blick-Interview zum Anlass der bevorstehenden Ukraine-Konferenz in Lugano TI stellt der ukrainische Botschafter Artem Rybchenko (38) klar: «Unsere Leute müssen nur für eine gewisse Zeit weg vom Krieg. Sie wollen schnell wieder nach Hause zurückkehren. Das ist wichtig zu wissen. Es ist eine ganz andere Situation als jene vieler anderer Flüchtlinge in der Schweiz.» Er habe persönlich in seiner Heimat gesehen, dass viele Frauen mittlerweile heimgekehrt seien, «die Familien wollen wieder zusammenkommen».

    Eine peinliche Panne

    Blick fragt beim SEM nach. Dort wird die Publizierung des Videos als Panne bezeichnet. «Wir nehmen das Video vom Netz, weil es tatsächlich verwirrend ist», verspricht Mediensprecher Daniel Bach. Es würde zwar gleich am Anfang darauf hingewiesen, dass es um Asylsuchende gehe. «Dennoch, wir schauen, dass die Ukrainerinnen und Ukrainer zu diesem Thema korrekt und vor allem klar informiert werden», so Daniel Bach weiter.

    An der Rückkehrhilfe aber hält er fest: «Es gibt vereinzelt Personen, die aus der Ukraine in die Schweiz geflüchtet sind und hier den Status S beantragt haben, jedoch wieder in ihre Heimat zurückkehren wollen. Wenn sie diese Rückkehr nicht selber organisieren und finanzieren können, können sie sich an die Rückkehrberatungsstelle (RKB) des Kantons wenden, und diese kann bei der Organisation der Rückreise helfen. Im Einzelfall kann die RKB beim SEM eine finanzielle Unterstützung in Bezug auf die Reisekosten beantragen.»

    https://www.blick.ch/schweiz/peinliches-fluechtlingsvideo-des-sem-sorgt-bei-ukrainern-fuer-empoerung-sie-ha

    #aide_au_retour #Suisse #asile #migrations #IOM #OIM #SEM #réfugiés #propagande

  • #Flee

    Pour la première fois, Amin, 36 ans, un jeune réfugié afghan homosexuel, accepte de raconter son histoire. Allongé les yeux clos sur une table recouverte d’un tissu oriental, il replonge dans son passé, entre innocence lumineuse de son enfance à Kaboul dans les années 1980 et traumatismes de la fuite de sa famille pendant la guerre civile, avant la prise du pouvoir par les talibans. Après des années de clandestinité en Russie, Amin – un pseudonyme – arrive seul à 16 ans au Danemark, où il rencontre le réalisateur qui devient son ami. Au fil de son récit et des douleurs enfouies, l’émotion resurgit. Aujourd’hui universitaire brillant installé avec son compagnon danois Kasper, le jeune homme confie un secret qu’il cachait depuis vingt ans.

    Intime et politique
    Pour retranscrire ces poignants entretiens et préserver l’anonymat de son ami, le réalisateur danois Jonas Poher Rasmussen, qui endosse ici à la fois la posture de l’intervieweur et de complice, a choisi la puissance évocatrice de l’animation, laquelle immerge dans le vibrant témoignage d’Amin, doublé par le comédien Kyan Khojandi. Passeurs au cynisme brutal, familles ballotées de marches éreintantes dans la neige en traversées dantesques à bord d’épaves, violences policières et corruption : si le film raconte en couleurs l’effroyable épopée du jeune demandeur d’asile afghan, les événements les plus traumatiques sont relatés dans des séquences en noir et blanc au fusain, traversées d’ombres fantomatiques. Des archives de journaux télévisés balisent aussi le récit, dont celles du naufrage du ferry « Estonia » en 1994 : ces incursions du réel trouvent une puissante résonance, alors que les drames de réfugiés se répètent, comme l’illustre aujourd’hui la guerre en Ukraine. Mêlant intime et politique, « Flee » transmet avec une rare sensibilité la dimension universelle de ces traques et exils forcés. Au travers du parcours d’Amin qui, enfant, aimait arborer les robes de sa sœur, avant de fantasmer sur Jean-Claude Van Damme, ce beau documentaire, distingué par une avalanche de prix (plus de quatre-vingts) et trois nominations aux Oscars, retrace aussi la quête identitaire d’un jeune homosexuel pour trouver sa place et vivre librement. Une bouleversante confession qui permet à son auteur de se délivrer de son lourd passé.

    https://www.arte.tv/fr/videos/075801-000-A/flee

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/62460_0

    #film #film_d'animation #documentaire #réfugiés #asile #migrations #réfugiés_afghans #Afghanistan #homosexualité #LGBT #traumatisme #talibans #Danemark #secret #témoignage #parcours_migratoire #itinéraire_migratoire

  • Vivalia et l’euthanasie du secret médical
    https://www.lesoir.be/443968/article/2022-05-23/vivalia-et-leuthanasie-du-secret-medical
    La gestion des données personnelles en matière de santé doit faire l’objet d’un débat nettement plus public et éclairé qu’il ne l’est actuellement.

    Carte blanche -
    Par Vincent Magos, psychanalyste*

    La cyberattaque du groupe hospitalier Vivalia rappelle au grand public à quel point ce qui est dans un réseau informatique est en réalité à l’air libre. Déjà en 2017, nous étions alertés par le fait que des hôpitaux vendaient des données médicales à des firmes commerciales. Il nous fut répondu que ces données étaient anonymisées. Depuis lors les chercheurs ont pu montrer que l’anonymisation des données était un leurre. En France, la concentration des données médicales au sein d’Azure-Microsoft a provoqué un tollé et une remise en question de cette concentration. Aux USA, via son projet Nightingale, Google récolte déjà les données de quantité de patients ; Amazon ou Apple ont des programmes similaires.

    Je n’ai pas d’objection à ce que mon groupe sanguin soit public ni les radios de mon bras cassé. Mais qu’en est-il de ma séropositivité VIH ? De l’IVG pratiquée à l’insu de mes parents ? De la tentative de suicide lors de mon adolescence ? De la dépression survenue quand j’ai perdu mon boulot… Toutes données bientôt à l’air libre elles aussi.

    Car oui, que Vivalia paye ou non la rançon… peu importe, les données sont dans la nature. Qu’il s’agisse de hackers ou de business, d’un groupe hospitalier ou d’un autre… peu importe, tôt ou tard les données sont à la disposition d’un employeur, d’un assureur…

    Un marché de 200 milliards d’euros

    Au plan international, 4.000 courtiers en données (datas broker) s’affairent sur un marché évalué à 200 milliards d’euros. Données qui relèvent notamment de notre intimité, de notre santé mentale.

    Dans la série « En thérapie », le Docteur Dayan, indique qu’il ne prend pas de notes. Et c’est effectivement ainsi que beaucoup de psychothérapeutes procèdent, et ce pour deux raisons.

    D’une part, la mémoire nécessaire à notre travail n’est pas séquentielle ni même organisée mais bien « flottante », et un élément particulier reviendra à point nommé au détour d’un souvenir. C’est bien une des choses que l’on apprend au cours de notre (longue) formation : écouter de manière très particulière avec un cerveau qui n’a rien d’un disque dur.
    À lire aussi Nos données santé : une confidentialité menacée

    La seconde raison réside dans une règle très simple, condition de possibilité de notre travail : « Tout ce qui se dit ici reste ici ».

    S’il nous arrive donc de prendre note, ce sera tout au plus sur du papier avec un crayon et d’une écriture suffisamment indéchiffrable pour que le propos reste secret.
    Des pressions multiples

    Mais les choses changent et les pressions se font multiples pour que les psys passent eux aussi aux dossiers informatisés.

    Ainsi par exemple, le Ministre de la Santé déclarait dans Le Soir du 15 février qu’« Il est en effet demandé aux psychologues cliniciens de partager un rapport avec le médecin généraliste du patient. » « Pour nous, ajoute-t-il, cette condition était absolument évidente et essentielle. C’est ce qu’il se passe dans les soins de santé somatique. Le patient est indivisible ; les aspects ayant trait à la santé mentale et somatique sont intimement connectés. ». C’est hélas, surtout les donnés qui sont très « intimement connectées »…

    Voilà pourquoi j’invite mes collègues à entrer en résistance et à se refuser à toute informatisation de ce qui relève du domaine de la santé mentale. Personne n’a même besoin de savoir que Monsieur Dupont est un jour venu me voir.

    Voilà aussi pourquoi la gestion des données personnelles en matière de santé doit faire l’objet d’un débat nettement plus public et éclairé qu’il ne l’est actuellement.

    *Dernier ouvrage : Résister à l’algocratie, Ed Fabert, mars 2022.

  • Nintendo hit with National Labor Relations Board complaint
    https://www.axios.com/2022/04/19/nintendo-nlrb-complaint

    An unnamed worker is alleging that Nintendo, and a firm it uses for hiring contractors, violated their legally protected right to unionize, according to a new filing with the National Labor Relations Board.

    Nintendo Of America Workers Speak Up After Years Of Silence
    https://kotaku.com/nintendo-america-switch-employee-treatment-unionize-nlr-1848828975

    A union-busting complaint recently filed with the National Labor Relations Board accused Nintendo of America and contract worker agency Aston Carter of surveillance, retaliation, and other unfair labor practices. According to four sources familiar with the incident, that complaint, first reported by Axios, comes after a part-time employee spoke about unions in a business meeting and was later fired mid-contract. In an unprecedented move, others are now speaking up about feeling disrespected and exploited at the notoriously secretive Mario maker.

    Nintendo contractors say company unfairly exploits temporary workers
    https://www.axios.com/2022/05/12/nintendo-contractors-investigation

    Driving the news: Current and former Nintendo contractors have been speaking up over the past three weeks, since Axios first reported a complaint filed with the National Labor Relations Board against Nintendo and a contracting firm.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #nintendo #nintendo_of_america #noa #business #ressources_humaines #syndicalisme #aston_carter #national_labor_relations_board #activision_blizzard #raven_software #licenciement #confidentialité #secret_des_affaires #jeu_vidéo_mario #jeu_vidéo_zelda #travail_temporaire #précarité #jeu_vidéo_call_of_duty_warzone #amazon #starbucks #jelena_džamonja #parker_staffing #assurance_qualité #console_nes #nintendo_seal_of_quality #jeu_vidéo_super_mario #shigeru_miyamoto #reggie_fils-aimé #travail_précaire #assurance_santé #heures_supplémentaires #mario_time #don_james #jeu_vidéo_the_legend_of_zelda #console_wii_u #micromanagement #elisabeth_pring #microsoft_teams #aston_carter #console_switch #console_nintendo_switch

  • #Quebec : [Lettre ouverte] « Procès fantôme » : l’aboutissement d’une dérive judiciaire Radio-Canada
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1872695/proces-secret-justice-medias-quebec-lettre-ouverte

    Les grands médias d’information unissent leurs voix pour dénoncer la tenue au Québec d’un procès dans le plus grand secret, une pratique aux échos moyenâgeux qui confirme une dérive extrêmement préoccupante de notre système judiciaire.

    La lettre ouverte qui suit a été signée par les dirigeants de 15 médias d’information et envoyée aux juges en chef de la Cour du Québec, de la Cour supérieure et de la Cour d’appel du Québec, ainsi qu’au ministre de la Justice du Québec.


    Les grands médias d’information dénoncent la tenue au Québec d’un procès dans le plus grand secret. Photo : Radio-Canada / Carl Boivin

    En tant que dirigeants des principales salles de rédaction du Québec, nous tenons à exprimer notre indignation et notre vive préoccupation face à la tenue de ce qu’il est convenu d’appeler un “procès fantôme” révélé dans un jugement rendu par la Cour d’appel du Québec.

    Il est inacceptable qu’un tel procès puisse avoir eu lieu au Québec et que le public ne soit même pas avisé de son existence et encore moins du tribunal devant lequel il s’est déroulé, et de l’identité du juge et des avocats impliqués.

    Bref, le procès s’est déroulé dans le plus grand secret, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1871894/simon-jolin-barrette-proces-informateur-police effaçant d’un trait de crayon du décideur de première instance plusieurs siècles de progrès démocratique et nous ramenant à la triste époque de la Chambre étoilée, ce tribunal arbitraire créé par Henri VII au 15e siècle.

    Comment se fait-il qu’une telle mascarade ait pu avoir lieu ici en 2021 ? En 2022 ? Malheureusement, le public ignore jusqu’à la date à laquelle ce procès s’est tenu.

    Il est pourtant bien établi que la transparence est l’un des fondements de notre système judiciaire. En effet, tel que l’écrivait le philosophe Jeremy Bentham dès le 18e siècle : “Les freins à l’injustice judiciaire ne sont efficaces qu’en proportion de la publicité des débats. Là où il n’y a pas de publicité, il n’y a pas de justice... La publicité est le souffle même de la justice. Elle est la plus grande incitation à l’effort, et la meilleure des protections contre l’improbité.”

    Ce principe a été affirmé à maintes reprises par la Cour suprême du Canada : la publicité des débats judiciaires est une règle qui ne devrait souffrir que de très rares exceptions, lesquelles seront elles-mêmes circonscrites afin d’offrir le plus de transparence possible dans chaque circonstance.

    Vidéo Radio Canada : https://ici.radio-canada.ca/info/videos/media-8589766/pierre-dalphond-s-interroge-sur-un-proces-secret

    Au cours des dernières années, accédant aux demandes du Directeur des poursuites criminelles et pénales et des avocats de la défense, il semble malheureusement que les tribunaux québécois aient accordé de plus en plus d’importance à ces exceptions, érodant peu à peu le principe de la transparence judiciaire. En ce sens, le procès fantôme mis au jour la semaine dernière est l’aboutissement logique de cette lente dérive.

    Cette révélation suscite de nombreuses interrogations. Qui étaient les avocats et le juge impliqués ? Ce procédé avait-il l’aval d’autres intervenants dans l’appareil judiciaire ? Existe-t-il d’autres dossiers qui ont été traités de manière similaire ? Ce ne sont que quelques-unes des questions auxquelles les citoyens sont en droit d’obtenir des réponses.

    Il en va de la confiance du public envers le système de justice. Celle-ci a été considérablement minée par la manière dont s’est tenu ce procès. Il s’agit non seulement de faire la lumière sur les gestes passés, mais également d’en tirer des leçons afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent à l’avenir.

    Nous demandons donc un examen en profondeur des pratiques des tribunaux québécois et des procureurs aux dossiers criminels en matière de publicité des débats judiciaires afin, d’une part, que ce genre de procès “fantôme” ne puisse plus se produire et, d’autre part, de vérifier dans les dossiers actuels ce qui peut être amélioré pour assurer le droit du public à l’information judiciaire.

    Les médias ont pour rôle d’informer le public et sont donc bien placés pour contribuer activement à ce processus. Ensemble, nous saurons trouver les solutions favorisant la publicité des débats judiciaires et le droit du public à l’information.
    Cosignataires :

    François Cardinal, vice-président à l’information et éditeur adjoint, La Presse

    Luce Julien, directrice générale de l’information, Services français, Société Radio-Canada

    Julie-Christine Gagnon, directrice de la programmation du 98,5 FM, Cogeco Media

    Karen Macdonald, directrice de l’information, Global News Montréal

    Lenie Lucci, rédactrice en chef par intérim, Montreal Gazette

    Melanie Porco, superviseure, production des nouvelles, CityNews Montreal (Citytv)

    Helen Evans, directrice du journalisme, CBC Québec

    Brodie Fenlon, rédacteur en chef, CBC News

    Geneviève Rossier, éditrice et directrice générale du Service français, La Presse canadienne

    Éric Trottier, directeur général, Le Soleil

    Hugo Fontaine, directeur général, La Tribune

    Éric Brousseau, directeur général, Le Droit

    Christian Malo, directeur général, La Voix de l’Est

    Stéphan Frappier, directeur général et rédacteur en chef, Le Nouvelliste

    Marc St-Hilaire, directeur général et rédacteur en chef, Le Quotidien

    #Justice #censure #politique #secret #caviardage #huis-clos complet et total Le #Canada de #justin_trudeau a de plus en plus une drôle de gueule.

  • Un #rapport du #Secrétariat_d'Etat_à_la_migration (#SEM) datant d’octobre 2021

    Pas d’indices de violence systématique dans les centres fédéraux pour requérants d’asile

    Aucun élément ne permet de conclure que les droits des requérants d’asile sont systématiquement bafoués dans les centres fédéraux. Dans l’ensemble, les droits fondamentaux et les droits de l’homme sont respectés. C’est la conclusion à laquelle l’ancien juge fédéral Niklaus Oberholzer est parvenu à l’issue de son enquête, menée sur mandat du Secrétariat d’État aux migrations (SEM) afin de déterminer si des collaborateurs des services de sécurité faisaient un usage disproportionné de la contrainte. De telles pratiques ont été décelées dans certains des cas examinés. Une enquête pénale a alors été ouverte. Dans son rapport, M. Oberholzer recommande au SEM, entre autres, de vérifier et d’améliorer la formation du personnel de sécurité et de placer ses propres collaborateurs à certains postes clés dans ce domaine.

    Au printemps 2021, plusieurs médias et des organisations non gouvernementales (ONG) ont rapporté que le personnel des services de sécurité avait recours à la violence de manière excessive et systématique dans les centres fédéraux pour requérants d’asile (CFA). Sur mandat du SEM, l’ancien juge fédéral, Niklaus Oberholzer, a passé en revue sept cas à propos desquels on soupçonnait un usage disproportionné de la contrainte contre des requérants d’asile. Il a ensuite examiné à la lumière de ses investigations s’il y avait lieu d’intervenir au niveau du régime de sécurité et du plan d’exploitation des CFA.
    L’allégation de torture est injustifiée et fausse

    Dans son rapport, M. Oberholzer parvient à la conclusion qu’il n’y a pas d’indice de violation systématique des droits des requérants d’asile ni d’une partialité générale de la part des collaborateurs des services de sécurité. Il y précise en outre que l’allégation de torture, qui avait également été formulée, est injustifiée et fausse. Il partage l’avis de la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) et du Bureau du HCR pour la Suisse que les droits de l’homme et les droits fondamentaux sont en général respectés dans les CFA. Par ailleurs, M. Oberholzer souligne que dans six des sept cas examinés, une enquête pénale a été ouverte, signe qu’une enquête indépendante et impartiale par les autorités judiciaires est garantie. Sur la base de ses investigations, il estime que dans trois des sept cas, des collaborateurs des services de sécurité ont réagi de manière disproportionnée et peut-être même illicite à une situation de conflit. Dans trois autres cas, l’usage de la contrainte était proportionné et justifié car il répondait à la grande propension à la violence d’un requérant d’asile, souvent en état de forte ébriété ou sous l’influence de drogues. Dans le dernier cas examiné, il subsiste des doutes quant à l’adéquation de la réaction à une situation de conflit.

    Selon M. Oberholzer, ce nombre d’incidents critiques impliquant un petit nombre d’agents de sécurité doit être mis en relation avec le nombre total d’agents de sécurité déployés dans les CFA, soit environ 700, et les plus de 2000 requérants d’asile qui séjournent simultanément dans les CFA. Il estime également que ces incidents illustrent le genre de situations difficiles auxquelles le personnel de sécurité de même que le personnel d’encadrement peuvent être confrontés.
    Le nombre de cas d’escalade de la violence pourrait être nettement réduit

    La nouvelle loi sur l’asile, introduite en mars 2019, a entraîné des changements organisationnels radicaux : les structures d’hébergement sont devenues plus grandes, le nombre d’acteurs impliqués a augmenté et la durée de séjour des requérants dans les centres fédéraux s’est allongée. Il est possible que ces nouveaux paramètres aient entraîné une hausse du risque de conflits ; à plus forte raison à partir de 2020, lorsque la propagation du virus COVID-19 a également affecté l’hébergement et l’encadrement des requérants d’asile en Suisse.

    C’est pourquoi le SEM a déjà mis en œuvre plusieurs mesures afin de réduire autant que possible le nombre de cas d’escalade de la violence dans les CFA. Il a ainsi élaboré un vaste plan de prévention de la violence qui est appliqué dans tous les CFA et doit permettre de prévenir toute forme de violence. Les CFA ont recours à des agents de prévention des conflits, qui cherchent activement le dialogue avec les requérants d’asile afin d’éviter les conflits ou du moins de les désamorcer. De plus, l’établissement de rapports d’incidents a été modifié et la création d’un bureau indépendant chargé de recueillir les plaintes des requérants a été lancée. Ces mesures ont un effet positif : au deuxième trimestre 2021, le nombre de cas d’escalade de la violence et d’interventions policières a diminué de près de 40 % par rapport au premier trimestre. M. Oberholzer précise que, malgré toutes les mesures préventives, il n’est pas toujours possible d’éviter les conflits dans les CFA.

    Dans son rapport, Niklaus Oberholzer formule quelques recommandations en vue d’améliorer encore le domaine de la sécurité. Par exemple, la formation et le perfectionnement du personnel des services de sécurité doivent être revus et renforcés - c’est également ce qu’exige la CNPT. Il faut aussi examiner si le SEM doit placer ses propres collaborateurs possédant une formation policière aux postes clés des CFA. Dans ce cas, les collaborateurs des services privés de sécurité assumeraient une fonction de soutien. M. Oberholzer recommande par ailleurs au SEM de définir plus clairement les règles relatives à l’application de mesures disciplinaires et l’utilisation des salles de réflexion et de revoir les bases légales concernant l’usage de la contrainte et de mesures policières en vue de protéger les requérants et les collaborateurs des CFA. Il estime de surcroît qu’il faut améliorer les processus d’établissement de rapports d’incidents.

    Le SEM va à présent se pencher sur les recommandations de l’ancien juge fédéral qui n’ont pas encore été mises en œuvre, puis les appliquer dans la mesure du possible. Une mesure immédiate consisterait à régler l’utilisation des salles de réflexion dans l’ordonnance qui régit l’exploitation des CFA. Il y a lieu d’assurer que les salles de réflexion ne sont utilisées que dans des situations d’urgence et après en avoir informé la police. Enfin, le SEM soumettra l’aménagement des mesures disciplinaires et l’utilisation des salles de réflexion à un examen général, les précisera si nécessaire et éclaircira la question de savoir si des dispositions supplémentaires sont requises au niveau de la loi.
    L’audit interne du SEM arrive à des conclusions similaires

    Avant l’enquête de l’ancien juge fédéral Niklaus Oberholzer, le SEM avait lancé un audit interne sur les processus et les responsabilités dans le domaine de la sécurité. Cet audit a mis à jour la nécessité d’apporter des améliorations sur plusieurs points. Il recommande notamment de définir de manière encore plus claire les rôles des différents acteurs dans ce domaine et de renforcer les échanges entre eux, de vérifier plus systématiquement la qualité de la formation des agents de sécurité, puis de l’améliorer si nécessaire, de fixer des règles plus claires concernant le traitement des rapports d’incidents et, enfin, de préciser les instructions relatives à l’utilisation des salles de réflexion. Ce rapport recommande également de renforcer la présence des collaborateurs du SEM. De même, il préconise de mettre en place un bureau indépendant chargé de recueillir les plaintes et requêtes des requérants ; une mesure déjà lancée.

    Comme pour l’autre rapport, le SEM va soumettre à un examen les recommandations qui ne sont pas encore mises en œuvre, puis les appliquer dans la mesure du possible.

    https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/sem/medien/mm.msg-id-85485.html

    synthèse en français à télécharger ici :
    https://www.sem.admin.ch/dam/sem/fr/data/asyl/verfahren/ber-res-oberholzer-sicherheit-baz-f.pdf

    #asile #migrations #réfugiés #Suisse #centres_fédéraux

    –-
    ajouté à la métaliste sur ORS en Suisse :
    https://seenthis.net/messages/884092

  • Le média en ligne « #QG » dénonce sa « #censure » par YouTube

    « Le reste de la presse devrait se réveiller. Sinon, qui empêchera Youtube, et les autres plateformes, de déterminer qui peut parler et qui doit être réduit au silence ? »
    https://reporterre.net/Le-media-en-ligne-QG-denonce-sa-censure-par-YouTube

    Dans un tweet posté le 31 janvier, le média en ligne QG dénonce son « shadow banning » (« bannissement fantôme ») par la plateforme de diffusion de vidéos YouTube. Ce bannissement est en fait une #invisibilisation : les #algorithmes de #YouTube rendent peu visibles aux internautes les sujets présentés par le média.

    Cette invisibilisation, explique à Reporterre Aude Lancelin, directrice de QG, a commencé en juillet 2021, à la suite de la participation du professeur Christian Perronne à un #débat [ démocratique équilibré ] avec le docteur Jean-Michel Constantin, du service de réanimation de l’hôpital Pitié-Salpêtrière. M. Perronne défend des positions mettant en doute l’utilité des vaccins Pfizer et Moderna contre le Covid. « Il était confronté à un médecin hospitalier qui l’a contredit pied à pied », précise Aude Lancelin. Le débat a été diffusé en mai 2021. Un best off a ensuite été diffusé en juillet 2021. La vidéo entière de l’émission a alors été supprimée par YouTube, qui a envoyé un « avertissement » à QG. Motif : « violation des droits de YouTube » et un contenu « pas en accord avec notre règlement à ce sujet ».


    « Il s’agit d’une censure qui ne dit pas son nom »

    Depuis, le nombre de vues des vidéos de QG vues sur YouTube, quel qu’en soit le sujet, sont à un niveau très bas, alors que sur Facebook, il reste à son niveau habituel. Dans un courriel à YouTube, le média en ligne écrit : « Nous observons une baisse significative du nombres de vues sur nos vidéos. De plus, après plusieurs essais, nous avons constaté que certains contenus exactement identiques aux nôtres mais postés sur des chaînes différentes réalisaient un nombre de vues bien supérieur, sur des chaînes dont le nombre d’abonnés est comparable à la nôtre. (…) La baisse de visibilité est réellement significative depuis que nous avons reçu cet avertissement. (…) YouTube a été un des leviers majeurs de notre essor et cette soudaine invisibilisation pourrait mener à des conséquences néfastes à terme. » QG n’a reçu aucune réponse de YouTube.

    « Il s’agit d’une censure qui ne dit pas son nom », dit Aude Lancelin à Reporterre. « On n’a pas fait énormément de contenus sur ce sujet, mais il faut donner la parole, non pas à des fous, mais à ceux qui discutent le passe vaccinal et qui discutent l’obligation vaccinale. » Elle précise que QG a suivi des manifs de Gilets jaunes contre le passe vaccinal, « mais jamais Philippot [leader d’extrême droite venant du Rassemblement national] et les gens de cette mouvance ».

    YouTube opère souvent des retraits de vidéos selon des critères opaques

    QG, qui compte une équipe d’une dizaine de personnes dont cinq journalistes, est un média reconnu par la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse), et membre du syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (le Spiil), dont font partie de nombreux #médias-indépendants, tels Reporterre ou Mediapart.

    YouTube opère souvent des retraits de vidéos selon des critères opaques. En janvier 2022, la plateforme a retiré un discours à… l’Assemblée nationale du député La France insoumise Bastien Lachaud.

    Reporterre a cherché à joindre YouTube France pour connaître son point de vue. Mais il n’a pas été possible de parler à une personne humaine, le standard téléphonique n’ouvrant pas la possibilité d’un tel échange.

    • Pour chaque Post d’articles de Reporterre le fan-club des « anticomplotistes » :p se déchaîne désormais contre lui. Bientôt plus personne Ici va oser le référencer sans être taxer de complotiste ou de confusionniste ou même de (beurk) covidonégationniste !

      Je m’attend au pire avec celui là !

    • Remettre en question la politique autoritaire (censure de Médias indépendants comme Nantes Révoltée et QG par la plateforme Youtube ) ni surtout la #politique-non-sanitaire en Macronie mais pas que, est désormais suspect !

      Pourtant au Sénat, Véran ...

      « Le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a été auditionné ce 2 février 2022 par la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets conseil. La rapporteure lui a demandé des explications, en lui soumettant plusieurs documents auxquels a participé le cabinet McKinsey. »
      https://www.youtube.com/watch?v=hnQvDere0Zg

      Véran avoue carrément que #McKinsey n’est mentionné sur aucun des documents qu’ils ont rédigés puisque c’est toujours le logo du ministère de la santé qui apparaît dessus.

      Tout est toujours flou en #macronie parce que tout n’est qu’arnaque…

      Cette scène surréaliste où Véran bafouille, tempête et nie l’évidence quand on lui explique qu’on a payé 700 000€ 2 personnes de #McKinsey pour des missions floues, c’est l’illustration parfaite du vol en bande organisé auquel se livrent #Macron-et-sa-bande.

      La première action de n’importe quel nouveau président devait être de lever le #secret-défense sur cet iceberg de magouilles, dont on devine que la partie immergée est immense, qu’est la politique non-sanitaire de cette fine équipe de truands…

      Ils en pensent quoi les candidats ?

      Véran explique au Sénat qu’il a dépensé 26,8 millions en cabinets de conseil depuis 2020 pour des plans moisis qui ne l’ont soit-disant pas aidé à prendre ses décisions, sans qu’on sache ce qui vient de #McKinsey ou de l’administration.

      L’arnaque du siècle !

      #VeranDemission

      https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/a-aucun-moment-mckinsey-ne-m-a-fait-prendre-une-decision-en-lien-avec-la

      Il n’y a pas une once d’humanité dans la politique de Macron.

      Ce n’est pas un rempart, c’est déjà le fascisme !

  • Qui sont les femmes derrière les « salons de beauté indiens » ? | Amina Lahmar
    https://www.bondyblog.fr/societe/migrations/qui-sont-les-femmes-derriere-les-salons-de-beaute-indiens

    Les salons de « beauté indiens » fleurissent dans les quartiers depuis de nombreuses années. Mais derrière les portes de ces instituts, se cachent des modèles de féminisme et d’entrepreneuriat issu de la diaspora pakistanaise, indienne ou népalaise. Source : Bondy Blog

  • yare yare daze sur Twitter : « Je vois qu’encore pas mal de personnes ignorent ce que sont les #NFT et le naufrage intellectuel/écologique/légal qui se cache derrière, donc je vais tenter de faire un thread TRES vulgarisé qui explique ça sans trop entrer dans les détails techniques. LET’S GO. » / Twitter
    https://twitter.com/_hogwartstyles/status/1484617447160397827

    #insane

    • Je vois qu’encore pas mal de personnes ignorent ce que sont les #NFT et le naufrage intellectuel/écologique/légal qui se cache derrière, donc je vais tenter de faire un thread TRES vulgarisé qui explique ça sans trop entrer dans les détails techniques.
      LET’S GO.


      Petit point def rapide : NFT veut dire non fungible token, en français jeton non fongible.
      En gros, un NFT est par définition unique et non interchangeable (à l’inverse d’un billet de 5 balles par exemple).
      Maintenant, explication concrète.
      Vous marchez dans la rue. Et là, dans la vitrine d’une galerie d’art, un tableau INCROYABLE. Vous entrez d’un pas décidé dans le magasin, bien décidé à craquer votre compte bancaire pour avoir votre peinture.
      https://video.twimg.com/tweet_video/FJprtYiWQAU8u76.mp4

      A l’intérieur, une vendeuse vous dit que oui, vous pouvez acheter la peinture qui est dans la vitrine. Elle coûte 10 000 balles mais tranquille, vous êtes grave partant. Alors vous allez en caisse et vous payez.
      Et à ce moment, la vendeuse vous dit « Attendez un petit quart d’heure s’il vous plaît, on vous imprime votre ticket ». Et là, elle ouvre une porte sur ce qui est censé être l’arrière-boutique, sauf que vous apercevez une grande salle de serveurs informatiques.
      https://video.twimg.com/tweet_video/FJpruYcXEAsUUyF.mp4

      Vous attendez vos 15 petites minutes en vous disant que quand même, ils doivent avoir une putain de facture d’électricité (genre 2 à 6 fois la consommation mensuelle de votre appart juste pour ce quart d’heure).
      Et là, la vendeuse revient avec un petit sac !
      Vous l’ouvrez et vous ne trouvez qu’un ticket de caisse. En bas du ticket, juste sous votre nom, une longue liste de chiffres qui a un peu la gueule des décimales de pi.
      La vendeuse vous explique que c’est le résultat d’un calcul très compliqué qui a fait chauffer les serveurs.
      Le calcul était si compliqué qu’il ne pourra plus jamais être refait ! Et la suite de chiffres sur votre ticket, qui indique que vous venez d’acheter la peinture en vitrine, est UNIQUE. Comme votre ticket, qui ne peut donc pas être reproduit.
      Lorsque vous demandez où est la peinture, la vendeuse vous dévisage bizarrement. Comment ça, la peinture ?
      https://video.twimg.com/tweet_video/FJprv3LXMAIRHQP.mp4

      Ah non, ce que vous avez acheté c’est ce ticket qui dit que vous êtes propriétaire de la peinture, mais ça veut pas dire que vous pouvez repartir avec ! Le tableau reste en vitrine, même si il est à vous.
      Mais si vous voulez, elle vous offre un petit flyer.
      Y’a le tableau sur le petit flyer. Petit flyer distribué à tous ceux qui passent dans la rue pour qu’ils viennent visiter. Vous pouvez aussi prendre une photo du tableau, comme le reste des visiteurs et des passants.
      https://video.twimg.com/tweet_video/FJprw3GXIAQ_4gV.mp4

      La vendeuse vous prévient aussi : si vous voulez revendre le tableau (qui reste dans la galerie), il faudra repasser par eux pour qu’ils éditent un nouveau ticket. Pas le choix. Alors vous repartez chez vous avec votre certificat de propriété du tableau, sans tableau.
      Peut-être que le tableau avait été volé, peut-être qu’il y en a 10 autres comme ça dans leur garage, peut-être qu’il vaut même pas 10k balles, mais vous avez un ticket unique qui indique que vous possédez le tableau DE LA VITRINE.
      Et si vous êtes pas sûrs d’avoir compris mon thread, ou que ça vous semble complètement débile d’acheter un objet que tout le monde peut photographier pour en faire son fond d’écran ou sa pp sans que vous y gagniez 1€, alors vous avez parfaitement compris ce qu’est un NFT.
      Je parlais de naufrage écologique dans mon premier tweet : Joanie Lemercier s’est rendu compte que la création de 6 NFT avait consommé en 10min l’équivalent de la consommation électrique de son studio sur 2 ans.

      https://joanielemercier.com/the-problem-of-cryptoart

      Je parlais aussi de naufrage légal. De nombreux artistes se font voler leurs œuvres et les voient revendues sous forme de NFT alors qu’ils sont parfois contre ce système. Les recours légaux sont très complexes, en partie pour des raisons d’anonymat.
      J’ai pas besoin d’expliquer la partie naufrage intellectuel, l’absurdité de ce qu’est un NFT parle d’elle-même.
      On parlait de vol : exemple avec les illustrations de Qinni, une illustratrice décédée en 2020. Des gens ont volé ses œuvres et en ont fait des NFT...

      https://www.wired.co.uk/article/nft-fraud-qinni-art
      Deux types de personnes dans mes mentions : ceux qui viennent défendre les NFT et me dire que je n’ai rien compris, et ceux qui trouvent que j’ai édulcoré sur un système d’arnaque qui n’a aucune valeur légale. 💀
      Je masque, comme je l’ai dit dans le premier tweet c’est un thread TRÈS vulgarisé où je reviens pas sur la blockchain et les différents types de NFT blabla.
      Les gens voient passer le mot NFT, des pp singes moches, ils comprennent pas, alors j’ébauche une explication de la chose.
      Et pour tous ceux qui me l’ont fait remarqué : oui, c’est exactement le même bail que d’acheter ou nommer des étoiles qui était populaire y’a quelques années. 💀😭
      Les étoiles n’appartiennent à personne et encore moins à vous, vous payez juste le joli certificat. 😬
      Omg je viens de vérifier et un des sites qui prétend vendre les étoiles (starregister point org) fait aussi des « NFT Star ». 😭😭😭

      https://threadreaderapp.com/thread/1484617447160397827.html

    • Un aspect spectaculairement rétrograde du truc, c’est qu’il s’agit de tenter de réintroduire de la rareté là où le numérique a introduit une reproduction gratuite à l’infini.

      (Ce qui, au passage, provoque l’absurdité du truc : une œuvre vendue sous NFT est toujours reproductible en ligne, et téléchargeable via un simple clic-droit…)

  • Le secret-défense de plus en plus utilisé par les services de police judiciaire

    La loi « renseignement« de 2015 permet à des entités comme la BRI d’utiliser des moyens d’enquête étoffés et couverts par un secret absolu, ce que les avocats dénoncent comme un « détournement de procédure ».

    L’affaire pourrait bien faire jurisprudence. Le 3 décembre 2020, aux alentours de 4 heures du matin, un jeune homme de 26 ans originaire d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) est abattu de deux balles de 9 mm tirées dans le dos. La scène s’est déroulée en quelques secondes, dans une rue de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). L’homme est défavorablement connu de la police, pour des affaires de vol et de trafic de drogue.

    Dans le cadre de l’enquête, la direction régionale de la police judiciaire de Paris recherche activement une Peugeot 5008 filmée à proximité de la scène de crime. Coup de chance : les enquêteurs de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) ont placé ce véhicule sous surveillance dans le cadre d’une enquête sur un trafic de stupéfiants. Les filatures opérées quelques jours auparavant ont même permis d’identifier une seconde voiture, une Clio blanche, que la BRI surveillait également, dont les occupants semblent entretenir d’étroites relations avec ceux de la Peugeot 5008. Or, dans la nuit du 28 novembre, soit cinq jours avant l’assassinat de Bois-Colombes, le conducteur et le passager de la Clio ont été aperçus en train de se débarrasser d’une arme dans les fourrés, près d’un arrêt de bus de l’avenue Jean-Moulin, à Puteaux (Hauts-de-Seine).

    Problème de la régularité des actes

    Lorsqu’ils apprennent l’assassinat de Bois-Colombes, le 3 décembre 2020, les enquêteurs n’ont donc guère de doutes : les occupants de la 5008 repérée près de la scène de crime sont liés à ceux de la Clio blanche, lesquels se sont délestés d’un revolver quelques jours avant l’homicide. Avaient-ils détecté la présence policière à l’occasion d’une première tentative ? Toujours est-il que, quelques heures seulement après le guet-apens de Bois-Colombes, la fameuse Clio est localisée à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) et son conducteur, ainsi qu’une connaissance sont interpellés. Tous deux, connus des services de police, sont placés en garde à vue puis mis en examen pour homicide volontaire et incarcérés. Dans le jargon policier, il s’agit d’une affaire « rondement menée ».

    Lorsqu’ils découvrent la procédure, pourtant, les avocats des deux hommes interpellés sont étonnés. Pratiquement aucun élément versé au dossier ne permet de remonter le fil des investigations qui ont permis aux policiers de s’intéresser à la 5008, et donc à la Clio blanche, peu avant l’assassinat. Loin des habituelles arguties prisées par les avocats pénalistes, le problème posé n’est pas anodin, en particulier pour des faits aussi graves : de la régularité des actes accomplis par les policiers depuis le début de leur enquête dépend la validité de l’intégralité de la procédure.

    Pourquoi la BRI suivait-elle la Peugeot 5008 ? Dans quel dossier ? Quel cadre juridique ? Pour répondre à ces questions, les avocats obtiennent de la justice que le responsable de la BRI chargé de l’enquête soit entendu. Mais, à leur surprise, le policier invoque… le « secret-défense ». Pas question de détailler les origines de l’enquête sur la 5008, l’identité des individus ciblés, la date à laquelle ont débuté les investigations. Tout au plus la BRI consent-elle, dans un rapport transmis à la justice, à mentionner un « trafic de stupéfiants », sans davantage d’explications.

    Procédé parfaitement légal

    Les avocats ont beau s’étrangler, le procédé est parfaitement légal. Car les policiers ont bénéficié d’un dispositif peu connu mais extrêmement utile dans les enquêtes aux ramifications complexes : la loi « renseignement » de 2015. Ce texte, adopté pour clarifier l’action des services de renseignement – là où a longtemps prévalu un certain flou juridique – permet notamment le recours aux IMSI Catchers, des valises ultra-perfectionnées capables de simuler l’action d’une antenne-relais de téléphonie mobile pour intercepter des conversations, ou la captation en temps réel de messages, photos ou vidéos au moment même où ils s’affichent sur l’écran d’un terminal mobile.

    Initialement prévu pour les agents de renseignement, le dispositif a été étendu à certains services de police judiciaire, dont la BRI, qui peuvent dès lors se prévaloir d’un secret absolu. « Cela permet de travailler sur du grand banditisme et ensuite de judiciariser lorsque [on a obtenu] suffisamment d’éléments matériels pour caractériser une infraction (…), explique le policier de la BRI lors de son audition. Tous les actes d’enquête sont couverts par le “secret-défense”. » En somme, la loi permet de mener, avec des moyens techniques plus étoffés, une classique enquête administrative. Objectif : récolter suffisamment d’informations pour décider la justice à ouvrir une procédure judiciaire, véritable point de départ de l’enquête.

    Or ce genre d’opérations est exclusivement autorisé pour prévenir une infraction ou garantir l’ordre public. Les enquêtes aboutissant à rassembler des preuves ou confondre des suspects, elles, ne peuvent être réalisées que sous l’autorité d’un magistrat.

    Pour les avocats des deux hommes mis en examen dans le dossier de l’assassinat de Bois-Colombe, c’est précisément là où le bât blesse : selon eux, la BRI aurait mené une enquête judiciaire sous couvert de simples surveillances administratives. Aussi, au terme de ce qu’ils considèrent comme un véritable « détournement de procédure », l’interpellation de leurs clients n’a-t-elle pu avoir lieu « que grâce aux informations collectées de manière irrégulière par la BRI ».

    L’enjeu est de taille : que la justice valide une telle argumentation et tout le dossier s’effondrerait. « Finalement, observe Pierre de Combles de Nayves, avocat de l’un des deux hommes mis en examen dans l’affaire de Bois-Colombes, la police détourne la loi renseignement pour échapper au cadre juridique contraignant des enquêtes judiciaires. La justice peut-elle accepter qu’à l’intérieur même de son périmètre, elle ne puisse rien contrôler d’une enquête ? »

    Les services spécialisés, eux, voient dans la loi renseignement une occasion de contourner le recours, par les réseaux criminels, à de moyens techniques de plus en plus sophistiqués pour échapper à la police, comme les messageries cryptées, les balises GPS ou des dispositifs de brouillage. Demeure une dernière question posée par l’assassinat de Bois-Colombes : comment des individus identifiés et surveillés depuis plusieurs jours ont-ils pu, à en croire la police et la justice, commettre un homicide au nez et à la barbe des enquêteurs ?

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/12/28/le-secret-defense-de-plus-en-plus-utilise-par-les-services-de-police-judicia

    Michel FOUCAULT explique, qu’à son avis, la véritable fonction du juge est d’être au service de la #police, 1977.
    https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i06277669/michel-foucault-la-justice-et-la-police

    #loi_renseignement (adoptée en 2015, sous Valls) #justice #secret_défense