• It’s been one year since #Stuart_Hall passed
    http://africasacountry.com/its-been-one-year-since-stuart-hall-passed

    My early university education at the then-very white University of Cape Town coincided with #South_Africa’s transition from Apartheid to democracy. Stuart Hall didn’t feature much, despite the fact, as.....

    #AFRICA_IS_A_COUNTRY #Cultural_Studies #history

  • Tous les articles de Stuart Hall disponibles gratuitement...
    Remembering #Stuart_Hall

    Stuart Hall’s death is a profound loss for many people, across different national, intellectual and political formations. His lectures and writings have given us unique insights into contemporary culture and power, and subtle tools enabling us to continue to seek better understandings of the complexities of those relations. His voice often helped us hold onto our political hope in the face of intellectual despair. And his embodied spirit of generosity, compassion and critique exemplified for us another way of being a political intellectual and activist.


    http://explore.tandfonline.com/page/ah/remembering-stuart-hall

    #open_access

  • “Stuart Hall percevait l’identité comme un processus, non comme une donnée fixe”
    https://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2014/05/23/stuart-hall-percevait-lidentite-comme-un-processus-non-c

    Le “père du multiculturalisme” est mort. Entretien avec l’homme qui l’a édité en France. Ce lundi 10 février est mort Stuart Hall, sociologue majeur du monde anglo-saxon. Considéré comme « le père du multiculturalisme », figure centrale des Cultural Studies, à l’origine d’importants débats sur … Continue reading →

    #LIVRES #LUTTES #marxisme #pensé_critique #STUART_HALL

  • “Stuart Hall percevait l’identité comme un processus, non comme une donnée fixe”
    http://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2014/05/23/stuart-hall-percevait-lidentite-comme-un-processus-non-c

    Le “père du multiculturalisme” est mort. Entretien avec l’homme qui l’a édité en France. Ce lundi 10 février est mort Stuart Hall, sociologue majeur du monde anglo-saxon. Considéré comme « le père du multiculturalisme », figure centrale des Cultural Studies, à l’origine d’importants débats sur … Continue reading →

    #LIVRES #LUTTES #marxisme #pensé_critique #STUART_HALL

  • To discover #Stuart_Hall
    http://africasacountry.com/to-discover-stuart-hall

    To discover Hall is to discover the immense possibility of being different. I first encountered Stuart Hall: on the radio. After a crisp introduction from the BBC presenter, Stuart Hall’s velvet voice and articulated conviction filled the room. For 45 minutes I listened captivated as Hall recounted his childhood in #Jamaica and his time as […]

    #BOOKS #MEDIA #OPINION #Cultural_Studies #Policing_the_Crisis

  • #cricket in America
    http://africasacountry.com/cricket-in-america

    It’s futile and perhaps just a little odious to compare cricket with football (soccer), but like all cricket-lovers, compare I must. While football’s fizz serves it well as a commoditised distraction of corporate capital, cricket for the most part resists the big money phantasmagoria. Cricket – even in its glitzy made-for-Bollywood 20/20 form - does not yield easily to the sponsored shrinkage of space into time. The openness to the elements, of earth and cloud, together with the combination of a team setting and moment-by-moment individual drama (ball vs. bat) lend themselves to strategy, long-form thinking and to depth (...)

    #FILM #MEDIA #SPORT #A_Gentleman's_War #CLR_James #Geoffrey_Boycott #Malcolm_Marshall #Michael_Holding #Mike_Gatting #Stuart_Hall

  • Stuart Hall : Entretien avec Mark Alizart - Centre Pompidou

    http://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-1db2521ad1fd8b35be4a6339bdf2f82e&param

    « Stuart Hall, parangon la nouvelle gauche britannique, vient de nous quitter à l’âge de 82 ans. Longtemps inconnu en France, ses travaux ont gagné en audience notamment à la suite de l’effort de traduction réalisé par les éditions Amsterdam à partir de 2007. Hall a pourtant joué un rôle pionnier, tant d’un point de vue théorique que politique, dans l’histoire du marxisme anglophone.
    Dès la fin des années 1950, il se lance dans le projet qui verra naître, en 1960, la New Left Review. Il contribue ainsi à l’élaboration d’un espace de débat et de confrontation théorique marxiste, dont la résilience et la richesse n’ont jamais fait défaut jusqu’à aujourd’hui. En 1968, Stuart Hall prend la direction du Center for Contemporary Cultural Studies de Birmingham. Son programme de recherche propulse alors une génération de jeunes marxistes autour d’une problématique neuve et originale, associant la sociologie des médias et de la culture, l’analyse politique néo-gramscienne et une méthodologie inspirée des meilleures productions de l’althussérisme français (Louis Althusser et Nicos Poulantzas en particulier).

    Loin de toute affiliation dogmatique, Hall développe un cadre théorique nouveau pour aborder la question raciale et le racisme des années 1970, afin de saisir les nouveaux phénomènes à l’œuvre dans la progression des droites radicales et des mouvements anti-immigration en Grande-Bretagne. Il propose une théorisation inédite de l’idéologie, saisie à la fois comme expérience pratique, modalité à travers laquelle la classe est habitée, co-construite, investie par les agents sociaux, mais aussi comme ciment des rapports sociaux, reflétant ces derniers tout en les légitimant, leur donnant une apparence d’éternité.

    Fidèle à un héritage néo-gramscien, Hall a toujours été travaillé par la question politique et stratégique. Au début des années 1980, armé des concepts et des outils théoriques qu’il a lui-même forgés dans la décennie précédente, il produit une intervention décisive dans les colonnes de Marxism Today, à l’époque revue du Parti communiste de Grande-Bretagne, dans laquelle ont écrits d’autres figures comme Eric Hobsbawm. Dans des textes qui feront date, il élabore la notion de thatchérisme, enjoignant la gauche radicale à comprendre la nouveauté du phénomène Thatcher, son originalité par delà les stratégies classiques du parti conservateur et des classes dominantes. Par là, il assumait une rupture avec la gauche du parti travailliste, à laquelle il reprochait de demeurer impuissante face à l’ampleur du thatchérisme et à l’incapacité du mouvement ouvrier à apporter une réponse syndicale classique aux offensives néolibérales. Cette prise de distance polémique lui a été beaucoup reprochée, parfois pour le meilleur quand elle a suscité des débats stratégiques sur les perspectives du mouvement ouvrier en Grande-Bretagne, et pour le pire quand les commentateurs ont voulu faire injustement de Hall un précurseur du New Labour et du blairisme.

    Si Stuart Hall a pu développer un cadre d’analyse théorique en dissonance avec le marxisme, introduisant une méthodologie pluraliste que d’aucuns qualifieront de postmarxiste, son travail laissera surtout la trace d’une recherche menée sur le long terme autour d’objets délaissés par le marxisme classique : la communication médiatique dans sa matérialité et son économie, la culture populaire comme terrain de la luttes d’hégémonies, la race et l’ethnicité en tant que formations sociales semi-autonomes et historiquement spécifiées. »

    http://www.contretemps.eu/lectures/stuart-hall-%C2%AB%C2%A0pour-ceux-qui-en-ont-d%C3%A9sir-tout-reste-accom

    #Stuart_Hall

  • Figure intellectuelle majeure de la gauche marxiste anglaise des trente dernières années (la New Left ), sociologue dont l’œuvre porte la marque des “cultural studies”, Stuart Hall vient de disparaître à l’âge de 84 ans. Moins connu en France que dans les pays anglo-saxons, où son travail a marqué des générations de chercheurs travaillant sur les cultures populaires ou les études postcoloniales, il est considéré comme l’inspirateur majeur du multiculturalisme dans les sciences sociales.

    Premier éditeur de la New Left Review , de 1960 à 1961, et co-auteur de Popular Arts, en 1964, Hall a été directeur du Centre for Contemporary Cultural Studies de l’université de Birmingham de 1967 à 1979, où il travailla notamment auprès du célèbre sociologue Richard Hoggart, spécialiste des cultures populaires. Il passa son temps à réfléchir à des thèmes divers tels que l’immigration, la politique identitaire et la société multiculturelle, avec d’autres chercheurs politiquement engagés, parmi lesquels Ralph Miliband, le défunt père d’Ed Miliband, actuel chef du Parti travailliste.

    Parallèlement à son enseignement, ses articles et prises de position engagées contre le “thatchérisme” – expression dont il est l’auteur – ont fait de lui la figure dominante d’un groupe d’auteurs subversifs associés au magazine Marxism Today , critiquant radicalement la crise de l’Etat social et des formes instituées de la lutte des classes. Il s’attachait surtout ces dernières années aux questions d’identité et d’ethnicité.

    Né en 1932 à Kingston, en Jamaïque, d’un père jamaïcain et d’une mère d’origine européenne, Stuart Hall laisse derrière lui une œuvre dont l’influence n’a cessé de s’amplifier dans le monde des sciences sociales, en dialogue constant avec d’autres traditions intellectuelles, comme celles de Gramsci, Barthes, Foucault ou Bourdieu par exemple. Son modèle “encodage/décodage” est resté comme un manifeste fondateur des Cultural Studies, en avançant que les cultures populaires ont des systèmes de valeurs et des univers de sens propres. La culture est d’abord un lieu de conflits et il n’existe pas, selon lui, de correspondance absolue entre le moment de la production (l’encodage) et celui de la réception (le décodage).

    En France, les éditions Amsterdam ont publié certains de ses textes, comme Identités et cultures, en 2007, recueil de pièces maîtresses de ce champ d’études anglo-saxon qui place la culture au cœur même du processus de construction identitaire. De la formation des cultures diasporiques aux politiques noires britanniques, des situations postcoloniales au concept de multiculturalisme, Stuart Hall a éclairé certains enjeux centraux de la scène politique contemporaine.

    Un portrait intellectuel de Stuart Hall coécrit par Eric Macé, Eric Maigret et Mark Alizart est également paru aux éditions Amsterdam, ainsi qu’un autre texte de Hall, Le Populisme autoritaire. Puissance de la droite et impuissance de la gauche au temps du thatchérisme et du blairisme (2008).

    http://www.lesinrocks.com/2014/02/12/livres/disparition-de-stuart-hall-penseur-des-11472154

    #Stuart_Hall

  • In gratitude to #Stuart_Hall, a socialist intellectual who taught us to confront the political with a smile
    http://africasacountry.com/in-gratitude-to-stuart-hall-a-socialist-intellectual-who-taught-us-

    Stuart Hall was the most important public intellectual of the past 50 years. In an age where having a TV show allegedly makes someone a public intellectual and where the status of the university you work at counts for more than what you have to say, Hall’s work seems even more urgent and his passing, […]

    #BOOKS #General #POLITICS #Popular #Ben_Carrington #Cultural_Studies #socialism #sociology

  • Stuart Hall’s cultural legacy: Britain under the microscope
    http://www.theguardian.com/education/2014/feb/10/stuart-hall-cultural-legacy-britain-godfather-multiculturalism

    For the Jamaican-born intellectual, who was one of the Windrush generation, – the first large-scale immigration of West Indians to the capital after world war two – that rottenness was unmissable. Hall came to that rotten land with its in-part slave-generated wealth from Kingston in 1951 as a Rhodes scholar to study at Oxford. “Three months at Oxford persuaded me that it was not my home,” he told the Guardian in 2012. “I’m not English and I never will be. The life I have lived is one of partial displacement. I came to England as a means of escape, and it was a failure.”

    A failure? You might well be forgiven for thinking otherwise. Stuart Hall gave up his PhD on Henry James and instead, in 1958, became the founding editor of the New Left Review, which opened a debate about the things that hadn’t been broached in complacent British academia in the post-war period – immigration, the politics of identity and multicultural society. He became, with EP Thompson, Ralph Miliband and Raymond Williams, a leading figure of Britain’s New Left, and one of the very few among their number who wasn’t white.

    The Saturday interview: Stuart Hall

    Stuart Hall – godfather of multiculturalism and one of the UK’s leading cultural theorists – is more pessimistic about politics than he’s been for 30 years. The left, he says, is in deep troubl e

    http://www.theguardian.com/theguardian/2012/feb/11/saturday-interview-stuart-hall

    And yet, he says, “I’m more politically pessimistic than I’ve been in 30 years.”
    This pessimism is not down to the failure of multiculturalism, or rather, that speech last year in which David Cameron claimed it had failed – Hall takes a benign, if dismissive, attitude to Conservative posturing here, commenting mildly that Cameron is talking about equal-opportunities legislation, as he perceives it, rather than multiculturalism as part of the culture. No, it’s the state of the left that strikes him as the most problematic. “The left is in trouble. It’s not got any ideas, it’s not got any independent analysis of its own, and therefore it’s got no vision. It just takes the temperature: ’Whoa, that’s no good, let’s move to the right.’ It has no sense of politics being educative, of politics changing the way people see things.”

    #idees #sociologie #angleterre #jamaique #uk #stuart_hall #deces

  • New short #FILM: #John_Akomfrah, #Stuart_Hall and the film essay
    http://africasacountry.com/new-short-film-john-akomfrah-stuart-hall-and-the-film-essay

    In 2013 I had the opportunity to work with frieze, a UK-based contemporary #ART and culture magazine. Towards the end of my time at the magazine, I co-produced a film on John Akomfrah, which just went live today (film below). For those of you unfamiliar with Akomfrah’s work, he began his practice as an artist […]

    #HISTORY #Black_Audio_Film_Collective #diaspora

  • Des Cultural Studies

    "Nées en Grande-Bretagne dans les années 1950 dans le sillage de la démocratisation émergente de l’enseignement, les « études culturelles » (cultural studies) ont redéfini radicalement notre conception de la culture. Au lieu de limiter la culture aux goûts de l’homme cultivé, elles ont imposé une approche plus anthropologique des phénomènes culturels, définis comme l’ensemble des pratiques symboliques et matérielles d’une société. Plus concrètement, elles s’attachent à décrire les manières dont les hommes donnent un sens à ce qu’ils vivent. C’était ouvrir la voie à l’étude sérieuse et non paternaliste de la culture populaire, même si dans un premier temps les notions de culture populaire et de culture ouvrière se chevauchaient insensiblement.

    Très vite, les études culturelles ont formulé la thèse que ces significations n’ont rien de naturel ou d’immuable, mais qu’elles sont « construites » sous la forme de représentations, c’est-à-dire de symbolisations d’un rapport au réel (que les hommes reçoivent et subissent en même temps qu’ils les modifient). Variables dans le temps, ces représentations divergent aussi synchroniquement : plusieurs représentations concurrentes circulent, ce qui ne veut pas dire qu’elles sont identiques. Comme toujours certaines sont plus égales que d’autres et suivant les rapports de force entre les groupes dont émanent ces représentations, les unes seront dominées et les autres, dominantes. Dans les sociétés modernes, ces rapports ne passent plus par la force brute, qui pousserait les représentations dominantes à censurer les représentations dominées, mais par des stratégies plus subtiles.

    Les représentations dominantes sont alors celles qui arrivent à se faire accepter par le plus grand nombre comme « naturelles » et « évidentes », voire comme« universelles ». Les études culturelles en déduisent un programme : analyser comment la structure des représentation cache autre chose, à savoir des rapports de force d’une grande inégalité, puis proposer des alternatives à des structures culturelles qui puissent faire entendre la voix des groupes dominés.

    Le grand intérêt des études culturelles n’est pas d’avoir plaidé la cause de la culture populaire (bien d’autres l’avaient fait avant elles), mais d’avoir montré que la culture populaire n’existe pas et que les manières d’en parler sont tout sauf innocentes. En effet, pour les études culturelles on ne peut connaître la culture populaire qu’à travers les représentations qui s’en donnent. Ensuite parce que ces représentations de la culture populaire ne sont jamais construites de l’intérieur : ceux qui « vivent » la culture populaire ne sont jamais ceux qui en (re)construisent la représentation. Depuis qu’on parle de culture populaire (grosso modo depuis l’industrialisation de la seconde moitié du 18e siècle), c’est toujours de l’extérieur qu’on en parle, que ce soit pour en donner une image idyllique et pastorale ou pour en dénoncer les turpitudes et les dangers. Cependant, l’enjeu politique de ces discours est toujours le même : minimiser au tant que possible l’importance de la culture ouvrière qui commence à se manifester au moment de l’industrialisation et dont les caractéristiques majeures (goût du divertissement, appel aux instincts les plus « bas ») menacent les évidences de la culture dominante.

    Comme le projet des études culturelles est en Grande-Bretagne un projet politique, on s’efforce de montrer que la culture populaire est une culture de résistance. D’abord contre la culture dominante de l’élite sociale, qui se trouve refusée en bloc. Ensuite contre la culture marchandes des mass-média. Autant que l’abus des cultures d’élite, les premiers porte-parole du mouvement dénonçaient en effet l’influence maléfique de la culture de masse venue d’outre-Atlantique. La plus grande menace pour la survie et le développement de la culture ouvrière n’était pas le mépris des "couches supérieures " de la société, mais le nivellement et l’esprit de consommation suscités par les produits commerciaux des industries culturelles américaines. Richard Hoggart, par exemple, dont "La culture du pauvre" (une étude mi-anthropologique mi-autobiographique de la culture ouvrière des années 20 et 30 publiée en 1957) passe pour le premier manifeste des études culturelles, n’a pas de mots assez durs pour l’introduction du juke-box dans les pubs, qui se traduit par l’érosion du chant en commun et de toutes les valeurs sociales v relatives.

    Cette résistance est surtout pensée au niveau de la réception des produits de la culture de masse. Refusant le facile clivage des médias manipulateurs et du public manipulé, les tenants des cultural Studies mettent au point un système d’analyse qui permet de rendre compte de la diversité réelle de la réception des produits de la culture de masse, que l’on peul accepter, rejeter, ou se réapproprier en donnant une signification nouvelle aux sens que proposent ou insinuent ceux qui contrôlent les mass médias et la société de consommation qui s’y appuie.

    Un exemple célèbre de réappropriation a été donné par Richard Dyer, dont les études du "musical" critiquent sérieusement l’interprétation traditionnelle de ce genre cinématographique comme exemple-type de la sous-culture de l’évasion et du lavage de cerveau. Insistant sur ce que le divertissement a d’utopique, Dyer parvient à revaloriser fortement le genre, y compris sur le plan politique. Des analyses comparables seront faites pour les soaps, les romans Harlequin ou encore les messages publicitaires. Dans tous les cas, la culture populaire y apparaît comme une force susceptible de se jouer des messages et des significations qu’on cherche à lui imposer.

    À mesure que les études culturelles s’installent comme discipline en Grande-Bretagne, l’identification implicite et explicite à la culture ouvrière devient de plus en plus problématique. Tout comme la culture d’élite à laquelle elle résiste à bien des égards, la culture ouvrière est souvent machiste (et partant machiste), « blanche » (et partant raciste) et homophobe. Or, les années 60 et 70 voient naître de nouvelles formes de contestations sociales dont le vecteur principal n’est plus tellement celui de classe sociale, mais celui de la triade sex, gender, race : les mouvements féministe, homosexuel, antiraciste vont peser de plus en plus sur la manière d’envisager les rapports entre dominant et dominé...."

    Jan Baetens

    #Stuart_Hall
    #Cultural_Studies

  • Logique de l’enclos

    http://vimeo.com/80196474

    "Historiquement, la race a toujours été une forme plus ou moins codée de découpage et d’organisation des multiplicités, de leur fixation et de leur distribution le long d’une hiérarchie et de leur répartition au sein d’espaces plus ou moins étanches - là logique de l’enclos. Tel était le cas sous les régimes de la ségrégation. À l’âge de la sécurité, peu importe qu’elle soit volontiers déclinée sous le signe de « la religion » ou de « la culture ». La race est ce qui permet d’identifier et de définir des groupes de populations en tant qu’elles seraient, chacune, porteuses de risques différentiels et plus ou moins aléatoires." (Achille #Mbembe)

    http://bougnoulosophe.blogspot.be/2013/11/la-logique-de-lenclos.html

    #Enclos
    #Race
    #Racisme

    • Et ça ne fonctionne pas seulement dans le sens de l’oppresseur vers l’opprimé : hier Gare de l’Est avec mes cinq filles diversement chocolatées, je croise une Africaine qui nous lance « arrêtez de faire des bâtards » avant de se lancer dans un monologue sur la pureté raciale... Bon - je ne suis pas certain qu’elle était super équilibrée, mais c’est un exemple qui me semble montrer que la racialisation comme remède à la sensation de perte de repères sociaux n’existe pas seulement chez le « petit blanc ».

    • J’ai vu dans la rue à Courbevoie un garçon noir d’environ 11 ans qui insultait son père, noir lui aussi, à cause de la couleur de sa peau. C’était très violent, le père ne disait rien.

    • "Et ça ne fonctionne pas seulement dans le sens de l’oppresseur vers l’opprimé...", qui a jamais dit ça ? "Ce processus [de racialisation] constitue de nouveaux «  sujets historiques  » des discours idéologiques – c’est-à-dire crée de nouvelles structures d’interpellation. Ce processus produit les «  sujets racistes  » naturalisés, en tant qu’ils sont les «  auteurs  » d’une forme spontanée de perception raciale. Il ne s’agit donc pas d’une fonction externe du racisme   : il n’agit pas que sur ses victimes, ceux qu’il est censé désarticuler, c’est-à-dire réduire au silence. Ceci est également important pour les sujets dominés – les «  races  » ou groupes ethniques subordonnés qui vivent leurs relations à leurs conditions réelles d’existence ainsi qu’à la domination des classes dominantes dans et à travers les représentations imaginaires de l’interpellation raciste, et qui en viennent à s’expérimenter eux-mêmes comme les inférieurs, comme les autres. " (#Stuart_Hall)

    • A ce sujet, j’ai du mal à comprendre les impacts des démarches d’affirmation identitaire : constituent-t-elles une reconquête ou une marginalisation ? J’ai l’impression que ça peut être lu dans les deux sens... Tu as des sources qui traitent de cette question ?

    • C’est une thématique assez classique, qui a souvent été utilisée (en France) pour discréditer les « minorités » en lutte... En réalité cette « affirmation identitaire » est dialectique et contradictoire, elle peut permettre d’installer une « suprématie » de l’ordre dominant comme elle peut permettre une résistance à celui-ci. Tout dépend d’où elle provient (assignation ou choix) et qu’elle en est la finalité (émancipation ou asservissement).

      Deux concepts sont utiles pour la comprendre : celui de « renversement du stigmate » d’Erving Goffman (un exemple : http://bougnoulosophe.blogspot.be/2013/11/linvention-de-lappellation-beur.html#links) et celui « d’essentialisme stratégique » de Gayatri Spivak (http://seenthis.net/messages/25116).

  • Racisme et articulation

    « Peut-être est-il effectivement impossible d’expliquer la race dans les seuls termes des rapports économiques, mais il est aussi fallacieux d’expliquer les structures raciales sans prendre en compte le cadre spécifique des rapports économiques dans lesquels ces structures prennent place. À moins d’attribuer à la race un caractère unique, unifié et transhistorique - de telle sorte que, quels que soient le lieu ou l’époque, elle manifeste toujours les mêmes caractéristiques autonome ce que l’on pourrait peut-être expliquer par une sorte de théorie générale des préjugés dans la nature humaine (argument essentialiste extrêmement classique) -, il faut accepter d’affronter la spécificité historique de la race dans le monde moderne. Nous sommes alors bien obliger d’admettre que les rapports de race sont directement liés aux processus économiques : difficile d’oublier que sont passées par là la conquête, la colonisation et la domination commerciale, ou bien que se déploient aujourd’hui les « échanges inégaux » qui caractérisent dans l’économie mondiale les relations qu’entretiennent les régions métropolitaines développées et les régions satellites « sous-développées ». Le problème ici, n’est donc pas de savoir si la prise en compte des structures économiques est pertinente pour la compréhension des divisions raciales, mais de comprendre la manière dont ces deux réalités sont théoriquement connectées. »

    « Principe de spécificité historique : il ne nous faut pas traiter le racisme comme une caractéristique générale des sociétés humaines, mais le considérer à chaque fois dans sa spécificité historique. Il nous faut partir de l’hypothèse de la différence et de la spécificité plutôt que de celle d’une «  structure  » unique, transhistorique et universelle du racisme. »

    « La question n’est pas de savoir si l’homme-en-général perçoit distinctement les groupes dotés de caractéristiques raciales ou ethniques différentes, mais bien plutôt de comprendre quelles sont les conditions spécifiques qui rendent cette forme de distinction socialement pertinente et historiquement active. Qu’est-ce qui confère son effectivité, en tant que force matérielle concrète, à cette potentialité humaine abstraite  ? »

    « Il faut comprendre le racisme comme un ensemble de pratiques économiques, politiques et idéologiques d’un genre particulier et concrètement articulé à d’autres pratiques au sein d’une formation sociale donnée. Ces pratiques attribuent une position aux différents groupes sociaux conformément aux structures élémentaires de la société  ; elles fixent et attribuent ces positions via des pratiques sociales  ; et, enfin, elles légitiment les positions qu’elles ont ainsi attribuées. En un mot, ce sont des pratiques qui garantissent l’hégémonie d’un groupe dominant sur une série de groupes subordonnés, mais de manière à ce qu’il domine l’ensemble de la formation sociale sous une forme favorable au développement de sa base économique productive sur le long terme. »

    « Au niveau économique, il est clair que l’on doit accorder à la race sa propre effectivité, une effectivité «  relativement autonome  ». Cela ne signifie pas que le niveau économique serait suffisant pour fonder une explication de la manière dont ces relations fonctionnent concrètement. Il est nécessaire de comprendre la manière dont les différents groupes raciaux et ethniques ont été politiquement insérés, ainsi que les relations entre ces différents groupes qui ont eu tendance à transformer, éroder, ou au contraire préserver ces distinctions à travers le temps – non seulement comme des traces ou des résidus des modes précédents, mais également comme des principes actifs et structurants de l’organisation actuelle de la société. Les catégories raciales sont incapables à elles seules de rendre compte de ce phénomène. »

    « Le racisme n’est pas seulement un problème pour les Noirs qui en font les frais, ni ne concerne seulement les sections de la classe ouvrière blanche et les organisations souillées par son empreinte. Il ne peut pas non plus être surmonté tel un virus qui infecterait le corps social, en lui injectant une dose massive de libéralisme politique. Le capital reproduit la classe comme un tout, y compris ses contradictions internes – comme un tout structuré par la race. Il domine en partie ces classes divisées grâce à ces divisions internes dont le racisme est l’un des effets. Il contient et désamorce les institutions de représentation des classes, en les neutralisant, c’est-à-dire en les confinant à des stratégies et à des luttes axées sur la race et en les rendant incapables de surmonter les barrières raciales. Le racisme rend le capital capable de briser toute tentative de construire des moyens alternatifs de représentation qui pourraient être capables de représenter plus adéquatement la classe en tant que tout – contre le capitalisme, et contre le racisme. Les luttes sectorielles articulées par la race continuent au contraire d’apparaître comme les seules luttes défensives possibles pour une classe divisée en elle-même, dans son face-à-face avec le capital. Ces luttes sont donc également le terrain à partir duquel se déploie l’hégémonie du capital. Je précise qu’il ne s’agit absolument pas de dire que le racisme serait simplement le produit d’un tour de passe-passe idéologique. »

    «   Nous devons commencer à enquêter sur les diverses manières dont les idéologies racistes ont été construites et rendues opératoires dans différentes conditions historiques  : les racismes du capitalisme marchand et de l’esclavage dans lequel les esclaves sont des marchandises  ; celui des conquêtes et du colonialisme  ; celui du commerce et du «  haut impérialisme  », de l’«  impérialisme populaire  » et du prétendu «  post-impérialisme  ». Dans chaque cas, et pour chaque formation sociale spécifique, le racisme en tant que configuration idéologique a été reconstitué par les relations de la classe dominante et profondément retravaillé. »

    « Si le racisme se révèle particulièrement puissant et son inscription dans la conscience populaire particulièrement profonde, c’est que, grâce aux caractéristiques comme la couleur de peau, les origines ethniques ou les origines géographiques, il a «  découvert  » ce que les autres idéologies ont été obligées de construire  : un fondement en apparence «  naturel  » et universel, inscrit dans la nature même. Mais, il a beau être apparemment fondé sur un donné biologique, le racisme a des effets sur les autres formations idéologiques d’une société, et son développement entraîne la transformation de l’ensemble du champ idéologique sur lequel il opère. »

    « Les racismes déshistoricisent, c’est-à-dire traduisent des structures historiquement spécifiques dans la langue intemporelle de la «  nature  »  ; ils décomposent la classe en individus pour les recomposer en ces nouveaux «  sujets  » idéologiques d’une grande cohérence  : traduisent les «  classes  » en «  Noirs  » et «  Blancs  », les groupes économiques en «  peuples  », et les forces matérielles en «  races  ». Ce processus constitue de nouveaux «  sujets historiques  » des discours idéologiques – c’est-à-dire, comme nous l’avons déjà vu, crée de nouvelles structures d’interpellation. Ce processus produit les «  sujets racistes  » naturalisés, en tant qu’ils sont les «  auteurs  » d’une forme spontanée de perception raciale. »

    « Pourtant les processus (de racialisation ) ne sont eux-mêmes jamais indemnes de la lutte des classes idéologique. En effet, les interpellations racistes peuvent elles-mêmes devenir les sites et les enjeux de la lutte idéologique, elles peuvent être occupées et redéfinies pour devenir les formes élémentaires d’une formation d’opposition – là où, par exemple, les inversions symboliques du «  black power  » contestent violemment le «  racisme blanc  ». Les idéologies du racisme restent donc des structures contradictoires qui peuvent à la fois fonctionner comme les véhicules de l’imposition des idéologies dominantes et comme les formes élémentaires de cultures de la résistance. Toute tentative de circonscrire les politiques et les idéologies du racisme qui omettrait ces luttes et ces contradictions est condamnée, si elle veut donner l’illusion de son adéquation, à embrasser un réductionnisme destructeur. »

    [Stuart Hall, "Race, articulation et sociétés structurées ’à dominante’"]

    http://www.contretemps.eu/lectures/lire-stuart-hall-race-articulation-soci%C3%A9t%C3%A9s-structur%C3%A9es-d

    #Stuart_Hall
    #Racisme
    #Race
    #Capitalisme
    #Marxisme

  • "S’il a effectivement joué le rôle de ciment idéologique garantissant la domination d’une classe sur l’ensemble de la formation sociale, ce qui différencie le racisme des autres idéologies hégémoniques mérite d’être analysé en détail. Si, dans ce rôle, le racisme se révèle particulièrement puissant et son inscription dans la conscience populaire particulièrement profonde, c’est que, grâce aux caractéristiques comme la couleur de peau, les origines ethniques ou les origines géographiques, il a «  découvert  » ce que les autres idéologies ont été obligées de construire  : un fondement en apparence «  naturel  » et universel, inscrit dans la nature même. Mais, il a beau être apparemment fondé sur un donné biologique, le racisme a des effets sur les autres formations idéologiques d’une société, et son développement entraîne la transformation de l’ensemble du champ idéologique sur lequel il opère. Il peut ainsi exploiter d’autres discours idéologiques – il s’articule par exemple très bien à la structure eux/nous de la conscience de classe corporative. Ses effets sont similaires à ceux d’autres idéologies dont il doit être distingué  : les racismes, eux aussi, déshistoricisent, c’est-à-dire traduisent des structures historiquement spécifiques dans la langue intemporelle de la «  nature  »  ; ils décomposent eux aussi la classe en individus pour les recomposer en ces nouveaux «  sujets  » idéologiques d’une grande cohérence  : traduisent les «  classes  » en «  Noirs  » et «  Blancs  », les groupes économiques en «  peuples  », et les forces matérielles en «  races  ». Ce processus constitue de nouveaux «  sujets historiques  » des discours idéologiques – c’est-à-dire, comme nous l’avons déjà vu, crée de nouvelles structures d’interpellation. Ce processus produit les «  sujets racistes  » naturalisés, en tant qu’ils sont les «  auteurs  » d’une forme spontanée de perception raciale. Il ne s’agit donc pas d’une fonction externe du racisme  : il n’agit pas que sur ses victimes, ceux qu’il est censé désarticuler, c’est-à-dire réduire au silence."

    [ Stuart Hall ]

    http://bougnoulosophe.blogspot.fr/2013/05/race-et-articulation.html

    #racisme
    #Stuart_Hall

  • « Je dirais que les médias et les arts en général, et le cinéma et la télévision en particulier, occupent une place centrale dans la circulation des images et, dans une certaine mesure, dans la circulation des stéréotypes concernant la race, les rapports de race et ce que l’ethnicité veut dire dans une société donnée. D’une certaine manière, ce qu’une société sait et pense de la race n’existe pas en dehors de ses modes de représentation médiatique. Les médias sont en effet constitutifs de ce que nous connaissons et pensons, de ce que nous ressentons à propos de nous-même. En regardant, les manières dont la race émerge et est traitée dans les médias à un moment donné, il est ainsi possible d’obtenir une vision approfondie des transformations en cours dans les rapports de race et d’ethnicité. »

    [Stuart Hall , Race et cinéma]

    #Race
    #CulturalStudies
    #Medias
    #Stuart_Hall
    #Image
    #Iconographie

  • Will the UK ever give up on its racist immigration policy?
    http://africasacountry.com/will-the-uk-ever-give-up-on-its-racist-immigration-policy

    There have been lots of stories in the British press recently related to immigration, and these have made it clear that a sentiment still exists that is opposed to the familiar xenophobia with which the topic is usually discussed in the UK. For a moment it has seemed that perhaps not everyone around us is […]

    #OPINION #POLITICS #Ambalavaner_Sivanandan #G4S #Jimmy_Mubenga #Mark_Duggan #Paul_Gilroy #Racist_Van #Stuart_Hall #UKBA

  • Réponse de Stuart Hall à l’article de Nancy Huston et Michel Raymond à propos de la "#Race".. .

    « La science possède une fonction culturelle dans nos sociétés. Ce qui m’intéresse, ce dont je veux parler ici, c’est la fonction culturelle de la science, et je soutiens que cette fonction, dans les langages et les discours du racisme, a eu pour objet de garantir une différence absolue, une certitude que les autres systèmes de connaissance n’avaient jusque-là pas pu fournir. Et c’est pour cette raison que la trace scientifique est restée un instrument remarquablement puissant dans la pensée humaine, non seulement dans l’Université, mais partout dans les discours du sens commun, dans les discours des personnes ordinaires. Pendant des siècles, la lutte consista à établir une distinction binaire entre deux sortes de personnes. Mais avec la pensée des Lumières qui affirme que tous les humains appartiennent à une seule et même espèce, il a fallu commencer à trouver un moyen de marquer la différence à l’intérieur d’une espèce. Il n’y a plus deux espèces, mais une seule dont il s’agit de savoir comment, pourquoi, telle partie est différente - plus barbare, plus arriérée, ou plus civilisée que les autres. On invente ainsi une autre manière de marquer la différence au sein même du système. Souvenez-vous seulement de ce qu’écrit Edmund Burke à Robertson en 1877 « Nous n’avons plus besoin de l’histoire pour retracer les différentes époques et les différents stades de la connaissance de la nature humaine. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, la grande carte de l’humanité est tout entière sous nos yeux, car il n’existe aucune barbarie ou aucun raffinement que nous ne puissions embrasser au même instant et d’un seul regard. C’est là le coup d’œil panoptique des Lumières -la totalité de ce qui est humain est maintenant sous l’œil de la science. Et, sous ce regard, il devient possible de marquer les différences qui comptent réellement. Et quelles sont-elles ? « Les courtoisies si différentes de la Chine et de l’Europe, la barbarie des Tartares et de l’Arabie, et l’état primitif de l’Amérique du Nord et de la Nouvelle-Zélande. »

    Ce que je cherche à dire ici, c’est que ce n’est pas la science en tant que telle, mais tout ce qui se trouve pris dans le discours de la Culture qui fonde la vérité à propos de la diversité humaine. C’est la science en tant que discours culturel qui prétend déchiffrer le secret des relations qu’entretiennent la nature et la Culture, qui dénoue et explique ce fait troublant de la différence humaine, de cette différence qui compte tellement. Ce qui importe ici, ce n’est pas que ces discours soient ou non porteur de la vérité scientifique à propos de la différence, mais bien qu’ils aient pour fonction de fonder le discours de la différence raciste. Ces discours fixent et sécurisent ce qui autrement ne saurait l’être. Ils justifient et garantissent la vérité de ces différences qu’ils ont eux-mêmes construites discursivement.

    L’idée, ici, c’est que la Culture est conçue comme découlant de la nature, la culture s’appuyant sur la nature pour se justifier elle-même, à tel point que chacune fonctionne comme la métaphore exacte de l’autre. Nature et culture opèrent de manière métonymique. Et le discours de la race en tant que signifiant a pour fonction de faire correspondre ces deux systèmes entre eux - la nature et la culture - afin que l’on puisse toujours lire l’un à partir de l’autre. Si bien qu’une fois que vous connaissez la place d’une personne dans la classification des races humaines naturelles, vous pouvez légitimement en inférer ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent, ce qu’elle produit ou encore la qualité esthétique de ses productions. La fonction première de la race en tant que signifiant est de constituer un système d’équivalence entre la nature et la culture. À mes yeux, le recours à la trace biologique, en tant que système discursif, ne cessera pas tant que des systèmes raciaux seront là pour faire appel à sa fonction naturalisante et essentialisante, fonction qui consiste à arracher la différence raciale à l’histoire et à la culture pour la mettre en un lieu où elle n’est plus susceptible de changer.

    Toutefois, ce n’est pas selon moi la seule raison pour laquelle le raisonnement biologique. Aussi erroné soit-il, continue à hanter tous les débats sur la race. Souvenez-vous, Du Bois commençait précisément par ces grossières différences physiques de couleur de peau, de cheveux et d’os. Ce sont ces différences-là qui, en définitive, fondent les langages de la race que nous parlons tous les jours. Ces faits physiques, grossiers et têtus. Toutefois, ces différences physiques grossières ne se fondent pas sur des différences génétiques, mais sur ce qui est nettement visible à l’œil. Elles sont ce qui fait de la race une chose perceptible pour l’œil non scientifique ou peu instruit. Ce qui fait de la race quelque chose dont nous continuons à parler. En un sens, ces différences sont incontestables. Ce sont des faits physiques et biologiques bruts qui relèvent de ce qui apparaît dans le champ de vision humain. Ce champ dans lequel voir, c’est croire. »

    [ Stuart Hall , La race comme signifiant flottant ]

    #Stuart_Hall

  • Condition postcoloniale

    « L’idée fondamentale des études postcoloniales est à mes yeux la suivante. Au cours de XVIIIème et XIXème siècles, alors qu’une partie du monde créait des nations, des citoyens, des Droits de l’Homme, alors que l’Europe produisait ces idées extrêmement importantes et radicales, elle produisait simultanément des savoirs orientalistes, des stéréotypes, des “indigènes”, des individus qui se voyaient refuser la citoyenneté. En même temps qu’elle produisait de la civilité, elle produisait de la “colonialité”. Cette contradiction profonde est celle de la modernité elle-même. Et elle demeure manifeste aujourd’hui, dans les contradictions du processus de mondialisation » ( Homi K. Bhabha , Sciences Humaines, n°183, juin 2007).

    "Il est impossible, lorsqu’il est question du récit de la modernité, de maintenir le « ici » hermétiquement séparé du « là-bas ». Ce qui était « là-bas » était « ici », matériellement et symboliquement : dans les matières premières et les liens de consommation, dans les ressources et les marchandises, dans les revenus et les profits, dans les produits du travail forcé et gratuit ; dans les goûts et les gastronomies importés, dans le raffinement des sensibilités et dans l’affirmation des distinctions qui ont rendu possible et constitué la modernité. Ce qui était « là-bas » était « ici » et formait pour l’imaginaire moderne le « dehors » par rapport auquel les subjectivités modernes se constituaient. Ce qui était « là-bas » était « ici » : dans les tasses de thé qui adoucissaient les mœurs et soulageaient les cœurs agités, dans les soies qui ornaient les corps et les maisons, et même dans le sucre et les confiseries qui ont pourri des millions de dents civilisées. Ce qui était « ici » était « là-bas » : dans les ports de commerce, les plantations, les mines et les marchés, les armées conquérantes et les fortifications navales, les systèmes d’administration, de gouvernance et d’éducation coloniaux, les églises et les salles de classe. Ces relations étaient entretenues par les incessantes vagues de migration, vers et depuis les colonies, ainsi que par la formation du « monde » comme un potentiel marché unique. En somme, les relations entre la modernité capitaliste, entendue comme une entreprise globale, et la vigueur des empires ont rassemblé ces différents mondes et entremêlé inéluctablement leur passés et leurs futurs respectifs." ( Stuart Hall )

    #postcolonial_studies.
    #Bhabha
    #Stuart_Hall