Au Grand Prix de formule 1 de Monréal, « il y a une demande pour des filles de plus en plus jeunes » Philippe Granger - Radio Canada
Plus les années passent, plus le phénomène de l’exploitation sexuelle durant le Grand Prix du Canada devient un secret de Polichinelle. « C’est inacceptable », martèle de fait la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en parlant de cette situation.
Jugeant qu’“avec la prostitution, la traite des femmes n’est jamais très loin”, la mairesse est catégorique.
« Que la ville de Montréal soit reconnue comme une ville festive, on s’en réjouit, mais ça ne peut pas être fait sur le dos des femmes et des filles. »
-- Une citation de Valérie Plante, mairesse de Montréal
Si Valérie Plante affirme que l’éducation et la sensibilisation sont mises en avant à longueur d’année, la mairesse admet qu’il faut aller plus loin encore et approfondir la collaboration avec les acteurs du milieu.
L’idée selon laquelle le Grand Prix de Montréal est un pôle d’attraction de la prostitution est de plus en plus répandue au sein de la classe politique, comme dans des organisations d’aide aux victimes d’agression sexuelle.
“C’est le coup d’envoi de la saison des festivals”, explique Jennie-Laure Sully, organisatrice communautaire à la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES).
Jennie-Laure Sully, organisatrice communautaire à la CLES
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers Jennie-Laure Sully admet toutefois que ce phénomène n’est pas unique ni au Grand Prix ni à Montréal.
“C’est le cas lors du Superbowl aux États-Unis ou lors du Mondial de soccer dans différentes villes”, donne-t-elle en guise d’exemples.
“Il y a une demande accrue lors de ces grands événements. Les proxénètes cherchent à répondre à la demande de ces hommes-là qui cherchent des femmes et des filles”, explique-t-elle.
« Il y a une demande pour des filles de plus en plus jeunes. »
-- Une citation de Jennie-Laure Sully, organisatrice communautaire à la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES)
Mme Sully souligne que le Grand Prix peut facilement devenir une porte d’entrée à la prostitution.
“Il y a toutes sortes d’annonces douteuses. Des annonces pour être hôtesse, où finalement c’est pour être plus qu’hôtesse...”, précise-t-elle.
Elle ajoute par ailleurs que la fin de semaine de formule 1 fait place à beaucoup de “traite” interne et internationale.
“On le décrie, on le dénonce depuis des années”, souligne le Grand Prix
Le promoteur du Grand Prix de formule 1 du Canada, François Dumontier
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers En entrevue à l’émission Tout un matin, le promoteur du Grand Prix du Canada, François Dumontier, a partagé son indignation face au phénomène.
“On le dénonce, affirme-t-il, mais malheureusement, on ne peut pas toujours savoir ce qui va se dérouler [en privé].”
« Nous, on contrôle ce qui se déroule sur le circuit. »
-- Une citation de François Dumontier, promoteur du Grand Prix du Canada
M. Dumontier signale toutefois que de l’affichage et des messages pour sensibiliser les visiteurs sont disposés sur les lieux du Grand Prix.
Marie-Michelle Desmeules, une survivante d’exploitation sexuelle, souhaite qu’on s’attaque à ce fléau.
Une motion adoptée en guise de rappel
Le promoteur du Grand Prix du Canada a salué l’initiative Sois un homme, pas un graineux.
“Ce que j’aime dans la campagne, c’est que, pour une fois, [on] reconnaît que ce n’est pas seulement [durant] le week-end du Grand Prix [qu’il y a de l’exploitation sexuelle]”, juge le patron de l’événement.
« C’est un phénomène qui se déroule à l’année longue. »
-- Une citation de François Dumontier, promoteur du Grand Prix du Canada
Cette semaine, l’OBNL Échec au crime et la firme de criminologie Mourani-Criminologie se sont alliés afin de mettre en marche cette campagne visant à sensibiliser la population et à limiter les crimes sexuels.
François Dumontier a également salué une récente motion de l’Assemblée nationale du Québec concernant l’exploitation sexuelle.
Au début du mois de juin, celle-ci a adopté, à l’unanimité, une motion visant à rappeler sa lutte contre l’exploitation sexuelle.
Cette motion dénonce explicitement la tenue du Grand Prix de Montréal comme catalyseur de l’exploitation sexuelle et appelle l’organisation de l’événement et les forces policières à agir en conséquence.
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Source : ▻https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1988801/f1-montreal-prostitution-lutte