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  • L’économie russe et les fantasmes | RussEurope
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    Deux problèmes ont beaucoup agité les medias occidentaux au sujet de possibles sanctions de l’Union européenne et des Etats-Unis contre la Russie, l’évolution de la Bourse et du taux de change. Dans ces deux cas, on a connu des mouvements importants dans la semaine du 3 au 8 mars. Mais, ces mouvements doivent être remis en perspective si l’on ne veut pas se faire une vision purement fantasmatique de l’économie russe.
    Les fluctuations de la Bourse de Moscou.

    La Bourse de Moscou est un marché relativement étroit, où une large part des cotations (plus de 80%) se fait sur moins de 10 valeurs. Elle contribue fort peu au financement de l’investissement car le total actions+obligations a représenté depuis 2010 environ 1% de l’investissement total en capital fixe. Il n’est donc pas étonnant que ce marché soit largement spéculatif mais ses spéculations n’ont que très peu d’effet sur l’économie réelle. Les fortes fluctuations de la bourse de Moscou dans la semaine du 3 au 8 mars ont attiré l’attention des observateurs. Mais, ces fluctuations restent modérées quand on les compare à celles qui ont eu lieu dans le passé.

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    En fait, l’évolution de long terme du taux de change montre que si on corrige les effets de l’inflation par les gains réciproques de productivité entre la Russie et les Etats-Unis, autrement dit si l’on compense le taux de change réel de la différence de l’évolution de la productivité, il aura fallu attendre les derniers jours de février 2014 pour que l’on retrouve le niveau de compétitivité de 2005.

    Source : BCR

    Il faut noter que si le niveau de la productivité est faible en Russie, les gains annuels sont élevés (entre 5% et 6% par an)

    Cela indique que l’on n’est pas confronté à des fluctuations « anormales » du taux de change. Mais, ces fluctuations survenant sur des périodes courtes, elles ouvrent la porte à des phénomènes de spéculation (les entreprises achetant du dollar pour gagner sur la valeur du Rouble), qui déstabilisent les résultats des investissements. Ainsi peut s’expliquer la baisse importante de l’investissement (-7%) observée en janvier 2014. Cette baisse n’est pas appelée à durer. Mais, elle pose la question de savoir pourquoi, confrontée à des phénomènes spéculatifs, la BCR s’obstine-t-elle à chercher à contrôler le marché par les taux d’intérêts, qui sont une arme peu efficace et aux effets destructeurs. Un contrôle des capitaux, qui est désormais préconisé même par le FMI, serait ici bien plus efficace. On peut donc penser qu’en l’absence des mesures idoines, l’investissement continuera de reculer jusqu’à la stabilisation du cours du Rouble, qui devrait survenir début avril. Cette stabilisation à un niveau réel faible va doper la compétitivité des entreprises tant sur le marché intérieur que sur les marchés d’exportation, et les profits augmenteront en conséquence. L’investissement devrait repartir fortement à la hausse à la fin du troisième trimestre 2014, et donner des résultats intéressants pour la croissance en 2015.

    La vision d’une Russie au bord de la crise financière que propage la presse française est ainsi un pur fantasme. La crise ukrainienne s’est révélée l’occasion de procéder à un réajustement qui était depuis longtemps nécessaire, et qui devrait permettre à l’économie russe de renouer avec une croissance forte dés la rentrée prochaine...

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