• NOS VIES, NOS FORMATIONS, NOTRE VOIX!

    Les temps sont aux grandes annonces concernant nos #examens, nos diplômes, la suite de nos cursus. Les discours des directions d’institutions de formation, qui suivent ceux des autorités, se ressemblent affreusement, partout.

    On ne parle nulle part de ce qui attend les personnes, innombrables, pour qui la crise du coronavirus a complètement chamboulé la vie et les possibilités d’apprendre. Nulle part les directions d’institution ont engagé un réel effort d’enquête pour savoir quelles étaient les capacités de travail résiduelles des étudiant·e·s/apprenti·e·s. C’est la grande #fuite_en_avant, ordonnée par les autorités cantonales : « Continuité pédagogique ! En avant, comme en 40 ! Zoom, Webex, Skype, mails ! Whatsapp ! Moodle fois 1000 ! Surtout on ne s’arrête pas pour réfléchir ! »

    C’est affligeant. Mais le personnel enseignant et les étudiant·e·s/apprenti·e·s y mettent du cœur. Les directions et les autorités ont beaucoup applaudi à cela... Merci, mais nous n’avions pas le choix ! Nous aimons ce que nous faisons, ce vers quoi nous allons. Mais nous n’aimons pas le faire comme ça.

    Les discours des directions, donc, sont les mêmes partout. Pour autant, toutes les catégories d’apprenant·e·s ne sont pas mangées à la même sauce :

    A l’#école_obligatoire, on promouvra les élèves comme d’habitude mais sans examen, un point c’est tout. Les apprenti·e·s en fin de formation auront leurs #diplômes cette année, et ceci sans examens théoriques ni pratiques, c’est déjà annoncé (les Cantons l’ont demandé, la Confédération suivra) : le marché a besoin des apprenti·e·s, force de travail jeune et docile, peu chère encore…

    Dans les #gymnases et dans le #tertiaire (ES, #HES, HEP, HEU), toutefois, on tergiverse. On veut maintenir une « qualité » de façade, on cherche des formulations alambiquées pour dire que l’on maintient formellement les exigences… Le seul résultat tangible, c’est le maintien du #stress et de la #pression sur nous autres, personnes en #formation.

    C’est une vaste mascarade. Le système a besoin de nous et il a besoin que nous continuions d’avancer dans nos cursus. Il ne peut pas absorber six mois, un an, de report, ni le redoublement de la majorité d’une cohorte. S’il y a moins d’enseignant·e·s diplômé·e·s cette année dans les #HEP, les écoles primaires et secondaires implosent. S’il y a moins de travailleuses/eurs diplômé·e·s dans la santé et le social cette année, toutes les institutions publiques et privées de ces secteurs implosent. Si une grande part d’entre nous allonge son cursus de six mois, ou d’un an, nos établissements de formation explosent... Alors que faire des milliers d’étudiant·e·s/apprenti·e·s mobilisé·e·s par l’Etat (PC, armée, etc.), de la foule d’étudiant·e·s/apprenti·e·s qui ont leur(s) enfant(s) à la maison sans solution de garde et sans temps ni espace à disposition pour leur formation, de la masse de celles et ceux que l’enseignement à distance a largué·e·s, etc.? Mises ensembles, ces personnes constituent une immense part de la population "en formation"... Alors quoi...?

    Alors aux directions, aux autorités, nous disons : STOP au maintien de sessions d’examens sous prétexte de « qualité » des diplômes. STOP au maintien des exigences d’avant la crise.

    Nous sommes réalistes. Nous savons la #pénibilité de ce que nous vivons. Nous savons aussi notre force, qui est celle du nombre et de l’unité.

    Quelques pistes d’action, déjà :

    1) A l’UNIL où, contrairement aux autres étudiant·e·s, les propédeutiques verront leur(s) éventuel(s) échec(s) aux sessions d’examens post-coronavirus comptabilisés, nous les appelons à faire valoir massivement leur #droit_de_retrait aux examens dès à présent.

    Ceci afin de préserver leur droit à des tentatives dans des conditions sereines l’année prochaine, et afin d’envoyer à la direction le message suivant : « Vous nous discriminez, nous allons engorger l’Université ! » La direction l’a dit : cette mesure discriminatoire vise à ce que les taux d’échecs en propédeutiques soient maintenus : de 30 à 60%. Quel plaisir de voir la haute estime où l’on nous tient... ! [IMPORTANT : Jusqu’au 12 mai, la réinscription sera possible et nous entendons gagner l’égalité de traitement avant cette date !]

    2) A la HEP Vaud : comme partout, la Direction ne tient pas compte de la réalité des étudiant·e·s qui sont parents avec leurs enfants à la maison, ni de tous les types de situations difficiles que nous traversons. Le mantra est aussi le même qu’ailleurs : « C’est dur pour tout le monde, les choupinous, alors fermez-la et bossez ! » (Plus d’infos ici) A ces gens-là, il faudra coller un préavis de #grèvedesétudes parce que la tolérance au mépris a des limites.

    3) Partout, à l’Université de Neuchâtel (UNINE), à celle de Genève (UNIGE), dans les écoles professionnelles, les gymnases, les Ecoles supérieures et les Hautes Ecoles, notre message doit être collectif, simple et ferme :

    Tou-te-s autant que nous sommes, nous voulons continuer à nous former, y compris à distance, dans la mesure de nos possibilités. Nous voulons donc que ce que nous vivons soit pris en compte : notre moindre disponibilité physique et mentale, nos multiples problèmes liés à la pandémie. Nous ne voulons pas de « cas par cas », nous voulons des garanties pour tout le monde. Nous ne voulons pas de traitement particulier pour situations exceptionnelles : nous sommes tou-te-s en situation exceptionnelle !

    Partout, il faut dire STOP à la mascarade et à la pression. Nous ne voulons pas de pseudo-examens, pas de pseudo-évaluations, pas de demi-solutions, pas de discriminations entre nous ! Nous sommes uni·e·s et nous refusons que celles et ceux que la crise aura le plus durement affecté·e·s en paient le plus gros tribut.

    –----

    Post-scriptum : Les pétitions sont un premier pas sur le chemin de la mobilisation. Quelques initiatives à soutenir :

    UNIGE : pétition pour « repenser la solution des examens »
    https://www.change.org/p/le-rectorat-de-l-universit%C3%A9-pour-repenser-la-solution-des-examens-%C3%A

    UNIL : pétition – Egalité pour tou-tes-x-s concernant les modalités d’examen :
    https://www.change.org/p/egalit%C3%A9-pour-tous-te-x-s-concernant-les-modalit%C3%A9s-d-examens

    EPFL : pétition contre les examens en août et pour des examens adaptés à la situation :
    https://www.change.org/p/epfl-epfl-contre-les-examens-en-ao%C3%BBt-et-pour-des-examens-adapt%C3%A9s-%

    * Post-scriptum 2 : Un peu de lecture, encore..

    https://www.sud-ep.ch/mettons-un-terme-a-la-mascarade

    https://www.sud-ep.ch/de-nos-conditions-detudes-par-temps-de-pandemie

    –-> Reçu par le syndicat SUD Etudiant-e-s et Précaires via mail, le 06.04.2020

    #éducation #apprentissage #Suisse #continuité_pédagogique #université #mascarade #égalité #ESR #enseignement_supérieur

    • #Acharnement_pédagogique ? Malgré la crise, les universités maintiennent les examens coûte que coûte

      En pleine épidémie de coronavirus, et alors qu’une crise sanitaire et économique des plus importantes frappe le monde entier, dans les universités françaises, seule la « continuité pédagogique » et les examens semblent être la priorité.

      Dans les universités, les examens maintenus dans des conditions particulièrement inégalitaires

      Alors que l’épidémie de Covid-19 a imposé, pour des raisons évidentes, la fermeture des centres universitaires et la fin des cours traditionnels à partir du 13 mars au soir, les cours continuent en ligne au nom de la « continuité pédagogique ». Si la poursuite des activités pédagogiques peut permettre à au moins une partie des étudiants de maintenir des liens avec leurs enseignants et leurs camarades dans une période de confinement difficile à traverser, le maintien des programmes habituels et des examens dans ces conditions, par contre, ne vont absolument pas de soi.

      Les étudiants, déjà forcés de suivre coûte que coûte les cours prévus au programme et de rendre des devoirs en ligne depuis le début du confinement, pourraient également devoir passer leurs examens de fin de semestre malgré la crise et les difficultés que cela engendre. De fait, les dernières ordonnances du gouvernement donnent aux présidences d’université la possibilité de modifier les modalités de validation des enseignements, suggérant le recours à des oraux en visio-conférence, à des devoirs maison, voire à des examens télésurveillés, c’est-à-dire des devoirs en temps limité surveillés au moyen d’un webcam par des entreprises spécialisées – moyennant un coût élevé.

      Ces solutions sont cependant synonymes d’un approfondissement des inégalités universitaires. Les témoignages recueillis et les enquêtes menées actuellement dans de nombreuses universités révèlent l’ampleur des difficultés. Premièrement, les étudiants n’ont pas le même accès au numérique selon leurs revenus et ceux de leurs parents. En outre, dans la mesure où un étudiant sur deux travaille sur le temps universitaire, beaucoup sont impactés sur ce plan : ceux qui sont salariés dans la grande distribution ont vu leur volume hebdomadaire de travail significativement augmentés pour faire face à la crise, tandis que d’autres ont perdu leur emploi et n’ont plus ou quasiment plus de revenus actuellement. D’autres habitent dans des logements insalubres et/ou ne leur permettant pas de s’isoler pour travailler ; certains encore secondent leurs parents dans l’accompagnement scolaire de leurs frères et sœurs. Enfin, il est évident que certains ont été touchés directement par le virus, et ont été malades eux-mêmes, ont dû aider un proche malade, ont perdu un proche. La question des examens en temps de crise profonde exacerbe les inégalités qui existent au sein de l’université bourgeoise.
      A l’Université Paris Dauphine, ainsi qu’à Nanterre et à Paris 1 pour les masters, ce seront des partiels en ligne qui seront organisés. Même si cela implique de laisser de côté les étudiants qui n’ont pas accès à l’informatique, ou de les forcer à se déplacer. Dans certaines facs, on parle encore de partiels fin mai ou en juin, mais dans quelles conditions vu les difficultés à prévoir au moment du déconfinement ? Plus encore, comment vont faire les étudiants qui comptent sur leur travail d’été pour financer leur année universitaire suivante, c’est-à-dire se loger et se nourrir à partir de septembre ?

      A Paris 7, ce sont même les partiels télésurveillés qui sont envisagés dans certaines UFR. Chaque département peut en effet prendre des décisions différentes, ce qui dévoile les logiques individualistes ayant cours dans l’Enseignement Supérieur. La concurrence qui règne entre départements et entre universités conduit à l’obsession pour les notes au nom d’une prétendue « valeur du diplôme », loin du mythe de l’enseignement universitaire émancipateur. La logique néolibérale appliquée à l’université, qui a conduit ces dernières années à la légalisation de la sélection en licence comme en master, impose ainsi aux étudiants une pression scolaire renforcée.

      A l’USMB, à Chambéry, des étudiants ont décidé de se mobiliser pour contredire les discours de la direction de l’Université qui expliquait que le déroulement des partiels ne posait pas de difficultés. Ils ont réalisé une enquête auprès des étudiants qui révèle de façon brutale la réalité de leur situation. Ainsi, 75% d’entre eux se disent largement angoissés par la situation ainsi que les nouvelles modalités de cours et d’examens, pendant que seuls 21 % disent réussir à travailler correctement actuellement. 65% déclarent devoir travailler pour vivre, certains ayant perdu leur travail (licenciement ou disparition des offres par exemple pour la garde d’enfant, l’aide au devoirs ou la restauration).
      Dans une période de crise, les examens sont-ils vraiment si nécessaires ?

      Face à la crise, les étudiants sont la première ligne d’ajustement. Entre ceux qui, livreurs Deliveroo ou salariés de MacDo et de la grande distribution, sont forcés à continuer de travailler en pleine crise sanitaire, ou ceux qui ont été licenciés ou ne reçoivent plus d’offre de travail, les étudiants font partie de ceux qui vont payer la crise. La crise actuelle renforce donc l’angoisse de l’avenir sur fond de précarité alimentaire ou locative. Dans ces conditions, il est clair qu’il est impossible pour de nombreux étudiants de se concentrer et de se préparer à passer leurs examens. Le maintien des examens coûte que coûte revient donc à condamner une large partie des étudiants, et notamment les précaires, à la seule perspective d’un redoublement, voire à l’éjection du système universitaire : un redoublement a en effet des conditions financières qui peuvent être dramatiques pour les étudiants les plus modestes, mais aussi, dans un système devenu de plus en plus sélectif, des conséquences sur la poursuite d’études – notamment en master.

      Plus largement, cette obsession à maintenir les évaluations dit quelque chose de l’enseignement universitaire et des logiques qui l’habitent. En effet, si le maintien des examens dans une période de crise profonde peut sembler simplement absurde à tel point il est déconnecté des préoccupations engendrées par cette crise, il a également pour conséquence de maintenir le contrôle sur les jeunes. En les maintenant dans le régime de la concurrence, en continuant le « business as usual », on évite que les jeunes scolarisés prennent la mesure de la situation et se politisent plus en profondeur. Concentrer l’attention sur des cours hors sols par rapport au drame mondial que nous vivons permet ainsi de freiner l’expression d’une colère suscitée par le renforcement de la précarité et par la gestion gouvernementale de la crise sanitaire. A l’opposé de cela, il s’agit de revendiquer la validation totale du second semestre pour tous les étudiants, et le recensement suivi de la mise à disposition de tous les moyens (laboratoires etc) des universités au service de la résolution de la crise.

      https://www.revolutionpermanente.fr/Malgre-la-crise-les-universites-maintiennent-les-examens-coute-

  • Des intérimaires toujours plus précaires, Le Monde économie, Catherine Quignon, 17.10.2017

    L’intérim est de moins en moins un tremplin vers un emploi stable. Les syndicats dénoncent des recours abusifs aux travailleurs intérimaires, les premières variables d’ajustement des entreprises.

    Lors du retour très commenté d’Emmanuel Macron sur le site de Whirlpool à Amiens, le 3 octobre, (http://lemonde.fr/politique/article/2017/10/03/emmanuel-macron-de-retour-a-amiens-aupres-des-salaries-de-whirlpool_5195290_) le président de la République a été interpellé par le député de La France insoumise François Ruffin sur le sort des intérimaires. Si la reprise du site par un industriel picard devrait permettre, à terme, de sauver l’emploi de 277 salariés de Whirlpool, les intérimaires – qui ne sont pas moins de 250 – sont exclus du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).

    En effet, même s’ils travaillent depuis plusieurs années dans la même entreprise, les intérimaires n’entrent pas en compte dans les procédures de reclassement dont bénéficient les salariés en interne en cas de PSE. Leurs indemnités de fin de mission sont également sans commune mesure avec les « gros chèques » (indemnités extralégales) que touchent parfois les salariés sur le départ.

    Plus précaire, leur statut est censé être un tremplin vers un poste stable, mais c’est de moins en moins le cas : seuls 8 % de salariés en intérim en mars 2015 étaient en contrat à durée indéterminé (CDI) un an après, selon l’Observatoire de l’intérim et du recrutement (http://observatoire-interim-recrutement.fr/connaitre-les-interimaires/#section-1_1). Ils étaient 16 % en 2011. Dans les faits, « les intérimaires peuvent enchaîner des missions pour la même entreprise pendant des mois, voire des années », s’insurge André Fadda, de la branche intérim de la CGT.

    Réservé aux intérimaires enchaînant des missions régulières, le CDI intérimaire reste marginal : il concernait seulement 15 300 signatures fin février 2017, selon le dernier baromètre de Prism’Emploi. Une paille en comparaison des 698 000 intérimaires recensés en juillet 2017 par le ministère du travail. Au deuxième trimestre 2017, l’emploi intérimaire est en effet reparti à la hausse dans l’industrie et il est en forte croissance dans le tertiaire (http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2017-068.pdf).

    En théorie, la loi interdit de recourir à un intérimaire sur un poste stable. En pratique, les syndicats dénoncent le recours abusif aux emplois précaires. « Les pouvoirs publics ferment les yeux », s’insurge André Fadda. Les entreprises plébiscitent ce statut : « sur le site de PSA à Sochaux, il y a aujourd’hui plus d’intérimaires non qualifiés que de CDI qui sont recrutés », affirme Franck Plain, délégué CGT.

    Les condamnations pour abus restent rares

    Les condamnations pour abus restent rares : difficile de prouver l’existence d’un emploi durable quand plusieurs salariés se succèdent au même poste ; surtout, les intérimaires portent rarement plainte, espérant être réembauchés un jour. Mais elles existent : en mars, le tribunal correctionnel de Créteil a condamné Sanofi pour abus de recours au travail intérimaire. L’inspection du travail avait répertorié 1 782 contrats de mission en 2010 et 1 853 en 2011, ainsi que 600 infractions au code du travail, rapporte la CGT. En octobre 2016, la société Cordon Electronics, qui employait en permanence 60 % de ses effectifs en intérim selon L’Humanité, a également été condamnée par la cour d’appel de Bordeaux (https://www.humanite.fr/l-abus-dinterim-epingle-par-la-justice-617179).

    « Les CDD et les intérimaires sont les premières variables d’ajustement dans les entreprises », souligne André Fadda. Le non-renouvellement de leur contrat fait rarement les gros titres de la presse. Pourtant, les « charrettes » d’intérimaires peuvent être massives.

    Alors qu’Airbus a annoncé fin 2016 la suppression de plus d’un millier de postes en Europe, chez Airbus Helicopters, « on est passé de 1 000 à 350 intérimaires en quelques mois » , affirme Rémy Bazzali, représentant CGT, dans le quotidien La Marseillaise. A Carquefou, au sein de l’entreprise NOV-BLM, qui comptait jusqu’à 200 intérimaires au plus fort de son activité, tous se sont vus remerciés avant la mise en place d’un plan social, dénonce dans une brochure le syndicat FO.

    Contrats à la semaine

    André Fadda déplore aussi des contrats de plus en plus précaires : « sur les chantiers navals à Saint-Nazaire, quand l’activité a repris à la fin des années 2000, les intérimaires se sont vu proposer à la semaine ou à la journée, alors qu’avant c’était plutôt des contrats de 5 ou 6 mois », raconte le délégué syndical. De fait, au quatrième trimestre 2016, les missions en intérim duraient en moyenne 1,9 semaine, selon le ministère du travail.
    http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2017-027.pdf

    « Cette précarité empêche les intérimaires de faire des projets d’avenir », déplore le syndicaliste. Reste à voir si la taxation des contrats courts, au programme du gouvernement, permettra de limiter les abus.

    L’exploitation vue d’en bas, Le Monde, 25.11.2016, Anne Rodier

    Patrice Thibaudeaux livre un témoignage rigoureux et détaillé, sous la forme d’un journal de bord du travail de nuit dans une usine de métallurgie.

    S’il est de bon ton d’affirmer que « les classes sociales, c’est du passé », la condition ouvrière, elle, appartient bien au présent. Patrice Thibaudeaux en livre un témoignage rigoureux et détaillé, sous forme de journal de bord du travail de nuit dans une usine de métallurgie. Patrice Thibaudeaux y est intérimaire, comme plusieurs de ses collègues. Chaque jour à 6 heures, au retour de l’usine, il raconte sa nuit en quelques lignes. Parce que « la différence des classes commence par le langage », un lexique présente en fin d’ouvrage le vocabulaire des travailleurs de cette usine.

    Dans ce récit, la condition ouvrière prend vie comme dans un vieux roman classique : le travail très physique, parfois jusqu’à « l’abrutissement », les rapports entre ouvriers, tantôt cordiaux et solidaires tantôt agressifs, selon l’humeur et les conditions de travail du moment ; l’ambiance souvent tendue à cause de la fatigue, la violence, l’alcool et la drogue ; et les relations avec les « chefs », les « contremaîtres » et les « huiles de bureau », ceux qu’ils surnomment les « guignols en cravate ».

    Quant à Bob, Germain, Joseph, Maumo, Davy et les autres de ses compagnons, il en esquisse de brefs portraits, leur âge, leurs caractéristiques. Ils viennent presque tous d’un milieu ouvrier, certains de l’Assistance publique. Ils sont parfois paysans le jour et ouvrier la nuit. Mais pour l’auteur, ce qui explique le mieux leurs comportements, c’est leur passé.

    Les « négriers de l’intérim »

    Son témoignage poignant distribue les coups de griffe à la communication d’entreprise qui s’emballe sur les mesures de sécurité et donne des leçons, « comme si les gars prenaient plaisir à enfreindre les règles », comme s’il n’y avait pas d’impératifs de rentabilité ». Ils sont tellement loin de la réalité : « régulièrement des types se font écraser un doigt, se blessent avec un fil de fer », écrit-il.

    Puis vient le tour des « négriers de l’intérim », qui oublient de payer des heures, parfois une nuit entière, plus quelques primes, qui interrompent les contrats l’avant-veille d’un jour férié pour éviter de le payer. Et bien sûr celui d’un encadrement tatillon qui distribue les mises à pied « pour délit de cigarette ». Les ouvriers ne sont pas épargnés : ni ceux qui arrivent « avec un coup dans le nez », ni ceux qui « hurlent des vulgarités », etc..

    Le moral est souvent assez bas, plombé par un sentiment d’impuissance lié à la précarité de l’emploi. La résistance physique ou morale créent parfois des dynamiques de solidarité, mais pour Patrice, la seule issue est « la lutte des classes », car écrit-il : « tout, absolument tout (ou presque), découle d’elle ».

    Après cette longue épreuve qui a marqué l’année 2012, l’auteur passera une licence d’histoire en cours du soir et par correspondance qui lui permettra de faire un autre travail et d’en finir avec l’usine, provisoirement.

    « L’usine nuit et jour, journal d’un intérimaire », de Patrice Thibaudeaux. Editions Plein chant, 222 pages, 12 euros.

    #condition_ouvrière #intérimaires #tertiaire (invisibles #ouvriers) #CDD #variables_d’ajustement #précarité_de_l’emploi #exploitation #guignols_en_cravate #livre

    • PSA : colère des intérimaires de Sochaux et de Rennes qui dénonce une inégalité de traitement
      http://www.boursorama.com/actualites/psa-colere-des-interimaires-de-sochaux-et-de-rennes-qui-denonce-une-ineg

      Les intérimaires multiplient les débrayages depuis deux semaines, selon la CGT.

      Si les intérimaires des sites de Rennes et de Sochaux ont gagné moins d’argent que prévu, c’est parce qu’ils ont effectué moins d’heures supplémentaires en septembre, selon la direction. Le groupe automobile PSA a « formellement » démenti mardi 24 octobre toute différence de traitement et de rémunération entre ses salariés, après des accusations portées par la CGT intérim et -fait rare- des débrayages d’intérimaires.

      PSA précise qu’à Rennes, salariés et intérimaires ont réalisé « moins d’heures supplémentaires en septembre » que les mois précédents, en raison notamment de problèmes d’approvisionnement. Cette situation a eu « un impact négatif de 200 euros » sur la paie des intérimaires, payés au « réel » alors que les salariés de PSA ont un système de compteur temps annuel qui permet de « lisser la rémunération », a expliqué le porte-parole.

      « 1.367 EUROS PERÇUS CONTRE 1.850 EUROS ANNONCÉS »

      Le constructeur dément également que les pauses ne soient pas rémunérées pour les intérimaires et les tenues de travail non nettoyées ou remplacées, comme l’affirme la CGT dans un communiqué.

      D’après la CGT Sochaux, des intérimaires des équipe de VSD (vendredi, samedi, dimanche) n’ont perçu « qu’environ 1.367 euros nets au lieu des 1.850 euros nets annoncés par PSA et les agences d’intérim ».

      D’après le syndicat CGT intérim, une centaine d’intérimaires au total ont débrayé au cours des deux dernières semaines dans les usines PSA de Rennes et Sochaux pour dénoncer une « dégradation de leurs conditions de travail » et « le non-respect de l’égalité de traitement entre salariés à statut et salariés intérimaires », notamment en matière de rémunération.

  • Un nouveau scénario pour expliquer l’extinction de masse du Crétacé-Paléogène il y a 66 millions d’années. Bye bye les dinosaures ...

    Les dinosaures sont morts de froid | Passeur de sciences
    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2017/01/23/les-dinosaures-sont-morts-de-froid/?xtor=RSS-3208

    VOUS l’avez peut-être apprise à l’école comme la frontière entre l’ère Secondaire et l’ère Tertiaire. Mais entre-temps les dénominations ont changé, le Secondaire et le Tertiaire ont disparu des nomenclatures géologiques et cette délimitation a été rebaptisée « extinction Crétacé-Paléogène » (ou extinction K-Pg, d’après les initiales allemandes). Ce qui n’a pas varié, en revanche, c’est ce qui s’est produit il y a 66 millions d’années : une extinction de masse qui a frappé un grand nombre d’espèces végétales et animales, dont les plus célèbres sont évidemment les dinosaures non-aviens. Même si certains défendent encore l’idée que la cause de cet événement majeur dans l’histoire de notre planète est à chercher dans les immenses éruptions volcaniques dites des trapps du Deccan (dans l’ouest de l’actuelle Inde), la plupart des géologues se sont ralliés à l’hypothèse de la collision de notre planète avec un astéroïde d’une dizaine de kilomètres de diamètre. Le cataclysme s’est produit dans ce qui est aujourd’hui la péninsule du Yucatan, au Mexique.

    Quand, en 1980, le physicien américain Luis Alvarez publie dans Science – en compagnie de son fils Walter, de Frank Asaro et d’Helen Michel – l’étude présentant ce scénario de choc cosmique, on pense que la cause de l’extinction massive de la quasi-totalité des gros animaux terrestres est une sorte d’hiver nucléaire provoqué par toutes les poussières mises en suspension dans l’air lors de l’impact. L’atmosphère aurait été sensiblement obscurcie et le blocage des rayons solaires aurait stoppé la photosynthèse des plantes, qui sont à la base de la chaîne alimentaire. Toutefois, des études plus récentes ont estimé que le rôle d’écran durable ne pouvait avoir été tenu par ces poussières… La suspicion s’est alors tournée vers des aérosols contenant du soufre.

    De quoi, donc, sont exactement morts les dinosaures ? Pour répondre à la question, une équipe allemande du Potsdam Institute for Climate Impact Research vient de publier, dans les Geophysical Research Letters (GRL), une étude où elle explique avoir pour la première fois couplé la collision avec l’astéroïde à un modèle de simulation du climat. Ce afin d’évaluer les effets à long terme, et sur l’ensemble de la planète, de ladite collision. Transportons-nous donc 66 millions d’années en arrière, à la fin du Crétacé. Le taux de dioxyde de carbone est nettement plus élevé qu’aujourd’hui, et les températures aussi : la température moyenne à la surface de la Terre est de 18,9°C. Et voilà que vient nous percuter un projectile rocheux. Le choc est à la limite de l’imaginable : l’énergie produite est plusieurs milliards de fois supérieure à celle de la bombe atomique d’Hiroshima.

    Effet parasol

    Ce n’est pas tant cette donnée qui intéresse nos chercheurs que la quantité de soufre injectée dans l’atmosphère : 100 gigatonnes, soit 10 000 fois plus que la masse de soufre libérée lors de l’éruption volcanique du Pinatubo (Philippines) en 1991, qui fit baisser la température mondiale de 0,4°C. Dans la stratosphère, les aérosols à base de soufre créent une sorte d’effet parasol : ils diffusent le rayonnement solaire dans toutes les directions et en renvoient donc une partie vers l’espace, ce qui donne une perte d’énergie au niveau du sol. Avec 100 milliards de tonnes de soufre se retrouvant d’un coup tout autour de la planète, l’effet parasol est particulièrement puissant et brutal puisque, dans un premier temps, plus de 98 % des rayons du Soleil n’atteignent plus le sol !

    Non seulement les plantes sont presque entièrement privées de leur source d’énergie mais, comme le révèle l’étude, la conséquence principale de ce blocage presque total de la lumière solaire est un refroidissement sévère et persistant pendant des années, voire des décennies suivant les scénarios retenus. Suivant le plus sévère, qui prévoit que les aérosols à base de soufre résident une dizaine d’années dans la stratosphère, la température perd 34°C, passant, en moyenne, de près de 19°C à -15°C. Dans l’hypothèse la moins rude, privilégiée par les auteurs de l’étude, la chute est tout de même de 27°C et la Terre se retrouve sous le point de congélation pendant quelques années. La banquise voit sa surface multipliée par six, ce qui a pour conséquence d’augmenter l’albédo de la planète, c’est-à-dire sa capacité à renvoyer les rayons solaires vers l’espace puisqu’ils sont réfléchis par les glaces. Il y a là une sorte de cercle vicieux inverse de celui que nous vivons actuellement avec le réchauffement climatique, qui, en faisant fondre la banquise, réduit l’albedo de la planète et alimente encore plus son réchauffement…

    A la différence de ce que nous constatons maintenant, la cause du refroidissement planétaire lors de l’extinction K-Pg – les aérosols soufrés – a assez rapidement disparu. Néanmoins, les bouleversements des écosystèmes ont été immenses. En plus d’avoir fait mourir de faim et de froid les dinosaures non-aviens sans pour autant éradiquer les petits mammifères et oiseaux (lesquels sont les dinosaures aviens), l’événement a aussi chamboulé les océans. Ceux-ci ont d’une certaine manière été passés au shaker. L’hiver terrible qui s’est subitement installé a refroidi les eaux de surface qui ont coulé : les couches d’eau les plus profondes sont remontées, emportant avec elles leurs nutriments. Selon l’étude des GRL, cet afflux de nutriments en surface a donné un coup de fouet à la production de plancton. Or ces blooms planctoniques, qui s’accompagnent d’une grande consommation de l’oxygène dissous dans l’eau et de l’émission de toxines, sont souvent néfastes aux écosystèmes marins. L’article conclut que le refroidissement de la planète a sans doute aussi eu, par ricochet, des conséquences létales dans les océans. Toucher au climat n’est jamais anodin…

    Pierre Barthélémy

    #effondrement #collapsologie

  • Travailler ou pas, c’est la question
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-travailler-ou-pas-c-est-la-qu

    Dates/Horaires de Diffusion : 1 Juillet, 2014 - 08:45 - 08:50

    Le numérique et nos nouveaux outils affectent le #Travail de bien des manières, mais il y a une, de plus en plus saillante : le floutage des contours entre ce qui relève du travail et ce qui n’en relève pas. Et cela joue à des niveaux très différents. Prenons l’exemple de ce qu’on appelle l’ «  économie collaborative  ». L’économie collaborative, c’est l’économie du partage, de l’échange, ...

    date de remontée fiction : Mardi 1 Juillet (...)

    #Information #Entreprise #Industrie #Internet #Tertiaire #Direct

  • Les machines feront de nous tous des intermittents
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-les-machines-feront-de-nous-t

    Dates/Horaires de Diffusion : 24 Juin, 2014 - 08:45 - 08:50

    Tout récemment, la revue en ligne Regards sur le Numérique, posait la question : «  Comment travaillerons-nous demain ?  ». Parmi des réponses plus ou moins attendues, on trouve celle du bien connu bloggeur Thierry Crouzet, que je me permets de vous citer un peu en longueur : " Les musiciens, les écrivains, les peintres, les développeurs de logiciels libres, les parents qui restent à la ...

    date de remontée fiction : Mardi 24 Juin (...)

    #Information #Débat #Innovation #Internet #Technique #Tertiaire #Direct

  • Quelques cas problématiques d’usages numériques dans le cadre profressionnel
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-quelques-cas-problematiques-d

    Dates/Horaires de Diffusion : 5 Mars, 2014 - 08:45 - 08:50

    Les outils numériques posent maints problèmes dans la vie professionnelle et peuvent éventuellement participer à la souffrance au travail, et même aider à des formes de harcèlement que vous avez décrites. Mais loin de cas aussi tragiques, nous sommes tous confrontés presque quotidiennement à des décisions qui relèvent tantôt du savoir –vivre, tantôt de la stratégie de carrière, tantôt ...

    date de remontée fiction : Mercredi 5 Mars (...)

    #Information #Entreprise #Innovation #Internet #Société #Technique #Tertiaire #Direct

  • Métiers disparus, métiers pas encore apparus
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-metiers-disparus-metiers-pas-

    Dates/Horaires de Diffusion : 4 Mars, 2014 - 08:45 - 08:50

     Parfois, comme ce matin, alors que j’entends vos invités défendre leur vision de Strasbourg et de la vie politique, alors que le gouvernement et le président de la République n’ont plus la confiance de personne, et même, quelques jours après la nomination d’un Président de Radio France qui va devoir faire avec les bouleversements que nous vivons, parfois, comme ce matin je me demande ...

    date de remontée fiction : Mardi 4 Mars (...)

    #Information #Industrie #Innovation #Internet #Technique #Tertiaire #Direct

  • Le Turc mécanique d’Amazon
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-le-turc-mecanique-d-amazon-20

    Dates/Horaires de Diffusion : 21 Janvier, 2014 - 08:45 - 08:50

    Et si le Turc Mécanique d’#Amazon était l’avenir du #Travail ? D’Amazon, le géant américain du commerce en ligne, on connaît assez bien les conditions de travail déplorables dans les hangars, la pression exercée sur les employés etc., tout cela est maintenant bien documenté. Mais d’Amazon, on connaît moins le « The Mechanical Turk ». ou, pour le dire en français, « Le Turc mécanique ».

    #Entreprise #Industrie #Tertiaire

  • Le Deuxième Age des Machines
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-le-deuxieme-age-des-machines-

    Dates/Horaires de Diffusion : 13 Janvier, 2014 - 08:45 - 08:50

    Commençons par un conte qui remonte à l’invention des échecs. On raconte que le roi à qui on a présenté cette invention a été tellement impressionné qu’il a promis à l’inventeur la récompense qu’il désirait. L’inventeur a suggéré du riz pour nourrir sa famille. Il a proposé au roi de placer un grain de riz sur la première case du plateau.

    #Internet #Entreprise #Economie #Tertiaire #Travail

  • Le devenir médiéval de l’Amérique numérique
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-le-devenir-medieval-de-l-amer

    Dates/Horaires de Diffusion : 27 Novembre, 2013 - 08:45 - 08:50

    C’est un petit pays que vous visitez en voiture. D’abord un long boulevard à trois voies, bordé de grands arbres – pins, palmiers, eucalyptus - qui cachent les maisons s’éparpillant à distance les unes des autres. De magnifiques maisons (les styles à la mode en ce moment Château de la Loire et villa méditerranéenne), des maisons qui valent des millions, que leurs propriétaires ...

    date de remontée fiction : Mercredi 27 Novembre (...)

    #Information #Internet #Amérique #Débat #Tertiaire #Travail #Innovation #Technique #Direct

  • Quelques questions aux drones-livreurs d’Amazon
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-quelques-questions-aux-drones

    Dates/Horaires de Diffusion : 2 Décembre, 2013 - 08:45 - 08:50

    Vous pensez que l’ouverture des magasins le dimanche est le signe ultime que le commerce et la consommation tendent à occuper toute notre vie. Eh bien vous avez tort, car à cette occupation du temps, risque de s’ajouter une occupation de l’espace, et du ciel en particulier. Jeff Bezos, le fondateur et PDG d’Amazon vient de l’annoncer : son entreprise travaille à un programme de livraison ...

    date de remontée fiction : Lundi 2 Décembre (...)

    #Information #Internet #Industrie #Tertiaire #Transport #Innovation #Technique #Direct