• Zut, t’as été + rapide.

      Il y a 5 ans, lorsque le web a eu 30 ans, j’ai dénoncé certains des dysfonctionnements causés par le fait que le web est dominé par l’intérêt personnel de plusieurs entreprises qui ont érodé les valeurs du web et conduit à des ruptures et à des préjudices. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, alors que nous fêtons le 35e anniversaire du web, les progrès rapides de l’IA ont exacerbé ces préoccupations, prouvant que les problèmes du web ne sont pas isolés, mais plutôt profondément liés aux technologies émergentes.

      Il y a deux questions claires et liées à aborder. Le premier est l’ampleur de la concentration du pouvoir, qui contredit l’esprit décentralisé que j’avais envisagé à l’origine. Cela a segmenté le web, avec une lutte pour garder les utilisateurs accrochés à une plateforme afin d’optimiser les profits grâce à l’observation passive du contenu. Ce modèle commercial d’exploitation est particulièrement grave en cette année d’élections qui pourrait déboucher sur des troubles politiques. Le second problème est aggravé par le marché des données personnelles qui a exploité le temps et les données des gens en créant des profils profonds qui permettent de faire de la publicité ciblée et, en fin de compte, de contrôler l’information dont les gens sont nourris.

    • Ce n’est qu’alors que l’écosystème en ligne dans lequel nous vivons tous atteindra son plein potentiel et fournira les bases de la créativité, de la collaboration et de la compassion.

      Sinon peut-être que la solution, c’est de diminuer le fait d’avoir à vivre dans un écosystème en ligne. Et que la collaboration et la compassion (au moins ces deux là) se font anthropologiquement bien plus dans des relations de face à face IRL (largement avant internet, c’est déjà la critique faite aux « démocraties » énormes de millions de personnes, versus les communautés à taille humaine, notamment « la commune »).

      #internet #Tim_Berners-Lee #décentralisation #oligopole #techno-béat

  • 35 ans après avoir inventé le Web, Tim Berners-Lee réagit enfin : il est bouleversé par l’usage que l’humanité a fait de sa création - jeuxvideo.com
    https://www.jeuxvideo.com/news/1865740/35-ans-apres-avoir-invente-le-web-tim-berners-lee-reagit-enfin-il-est-bou
    https://image.jeuxvideo.com/medias-crop-1200-675/171042/1710419092-7294-card.png

    « Je n’aurais jamais pu prédire ce que ça allait devenir »

    35 ans plus tard, Tim Berners-Lee a accordé une interview au média américain CNBC pour célébrer l’anniversaire de sa création. L’informaticien est formel : « Quand tout a commencé, jamais je n’aurais pu prédire que ça allait devenir, avec tous ces changements », explique-t-il.

    Bouleversé par l’évolution de sa création, Tim Berners-Lee estime que certaines évolutions ne sont pas allées dans le bon sens. Il estime que les flux des réseaux sociaux, associés aux algorithmes des intelligences artificielles, ont contribué à attiser les « sentiments de colère, de contrariété et de haine » des gens. Il estime aussi que la facilité à produire des contenus en tout genre de manière pléthorique a entrainé une perte de contrôle concernant la propriété des données des personnes et des entreprises.

    #Web #Tim_Berners_Lee

    • https://www.youtube.com/watch?v=-Zm7SgNIbOs&t=191s

      C’è un momento per parlare ed un altro per tacere,
      c’è un momento per brindare ed alzare su il bicchiere,
      c’è il momento del coraggio dove non hai più paura,
      c’è il momento in cui sei solo e capisci quant’è dura.

      C’è il momento di rischiare che ti giocheresti il cielo,
      c’è il momento di mollare che le carte sono a zero,
      c’è un momento per amare ed un altro per odiare,
      c’è il momento per colpire e il momento di incassare.

      C’è il momento di pestare per raggiungere la cima,
      c’è il momento in cui rallenti che hai finito la benzina,
      c’è il momento di sedere e fermarsi un pò a pensare,
      c’è il momento di rialzarsi e riprendere a ballare.

      C’è il momento di incazzarsi con il cielo e con l’inferno,
      c’è il momento dei ricordi perchè arriverà l’inverno,
      c’è il momento della neve e del fuoco sotto i piedi,
      c’è il momento di elargire più di quanto tu non chiedi.

      C’è il momento della gioia e il momento del dolore,
      c’è il momento della morte dove niente ha più colore,
      c’è il momento di reagire e rimetti i pezzi assieme,
      c’è il momento della pioggia che si sdraia sul tuo seme.

      C’è il momento del confronto e il momento della sfida,
      c’è il momento della legge che ti soffoca le grida,
      c’è il momento degli affetti e il momento dello strappo
      c’è un momento più corrotto ed un altro ancora intatto.

      C’è un momento per la guerra e un momento per la pace
      c’è il momento di ingoiare anche ciò che non ti piace,
      c’è il momento della fame e il momento di mangiare,
      c’è un momento per dipingere ed un altro per sparare.

      C’è un momento di bestemmie e un momento di preghiere,
      c’è un momento di fortuna ed un altro di mestiere,
      c’è un momento dove il marchio te lo porti per la vita,
      c’è un momento in cui ci credi finchè dura la partita.

      C’è il momento dell’inizio e il momento della fine,
      c’è il momento delle rose e il momento delle spine,
      c’è il momento degli incontri e il momento dei saluti,
      c’è un momento per i miti anche quelli più vissuti.

      C’è il momento delle accuse e il momento del perdono,
      c’è il momento che decide se sei diventato un uomo,
      c’è il momento in cui ti aggrappi a una mano un pò più forte,
      c’è il momento per i dadi che decidono la sorte.

      C’è un momento per entrare e un momento per uscire,
      c’è un momento per fregarsene ed un altro per capire,
      c’è un momento che ti chiama con il nome di tuo padre,
      c’è un momento per partire ed un altro per tornare.

      https://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=67822&lang=it

      #un_momento #del_sangre #moment #timing #chanson #musique

  • Time of israel : L’enregistrement d’un otage criant à l’aide avant d’être tué par erreur par l’armée israélienne a été diffusé
    Alon Shamriz hurlait "à l’aide" entre les tirs nourris, alors qu’il tentait d’informer l’armée de sa présence et de celle de deux autres otages

    Alon Shamriz, 26 ans, enlevé par le Hamas le 7 octobre et abattu accidentellement par des soldats israéliens à Gaza le 15 décembre 2023.

    La voix, forte, claire et terrifiée, résonne entre les coups de feu.

    « À l’aide », crie la voix, encore et encore. « Les otages Alon et Yotam. À l’aide ! »

    Cette voix est celle d’Alon Shamriz, en décembre dernier, l’un des trois otages israéliens qui ont réussi à échapper à leurs ravisseurs et qui tentaient d’alerter les soldats qui se trouvaient à proximité de leur position. On entend également une deuxième voix en arrière-plan, celle de Yotam Haïm, otage lui aussi.

    Shamriz, Haïm et Samar Talalka ont péri quelques jours plus tard, abattus par les troupes de l’armée israélienne dans un cas tragique d’erreur d’identité, alors qu’ils tentaient de se rapprocher des troupes, torse nu et en agitant un chiffon blanc.

    « Aidez-nous. Nous sommes près des escaliers, sous les escaliers. Sous l’escalier », entend-on Shamriz crier de manière désespérée. « S’il vous plaît, aidez-nous ».

    L’enregistrement, publié dimanche par la chaîne publique Kan, a été capté par une caméra GoPro fixée sur un chien de l’unité canine Oketz de l’armée, qui avait été envoyé dans un immeuble de la ville de Gaza lors d’une fusillade.

    Il ressort d’une enquête menée par Tsahal que les soldats ont bien entendu des cris « À l’aide » et « Otages » en hébreu provenant de l’immeuble . . . . . . .

    #tsahal #times_of_israel #guerre #bavure #guerre #Palestine #Gaza #palestine_assassinée #colonisation #occupation #armée_israélienne #sionisme #crimes

    Source et suite : https://fr.timesofisrael.com/lenregistrement-dun-otage-criant-a-laide-avant-detre-tue-par-erreu

  • La filiera della lana “senza frontiere” dell’arco alpino
    Scienze umane e sociali

    La lana, che in passato era merce preziosa capace di stimolare e alimentare l’economia locale, ha perso negli ultimi decenni il suo valore a causa della concorrenza internazionale. Oltre a non essere utilizzata per produrre filato, la lana deve essere smaltita, secondo le norme europee, come rifiuto speciale. Non solo non produce benessere e ricchezza, ma è diventata nel tempo un enorme problema per i pastori.

    Per contrastare questo fenomeno è partito da pochi mesi, il progetto #Alptextiles, nel tentativo di ricostruire a livello transnazionale la filiera tessile, partendo proprio dalla lana. Promosso dall’archivio di Etnografia e Storia Sociale di Regione Lombardia con diversi partners europei quali scuole, musei e università di Italia, Svizzera, Austria, Germania, Francia e Slovenia, il progetto punta prima di tutto a mettere in relazione le diverse realtà legate alla filiera della lana.

    I fili prodotti in Italia, e in particolare in #Val_Camonica incontreranno quelli dell’Austria del #Montafon, sui telai di tessitura della #Valposchiavo, per creare un nuovo tessuto.

    A #Poschiavo abbiamo incontrato alcuni protagonisti del progetto “senza frontiere: #Cassiano_Luminati, direttore del #Polo_Poschiavo; #Adriana_Zanoli, artigiana e decoratrice e #Tim_Marchesi, allevatore e pastore.

    https://www.rsi.ch/rete-due/programmi/cultura/laser/La-filiera-della-lana-%E2%80%9Csenza-frontiere%E2%80%9D-dell%E2%80%99arco-alpino

    #laine #filière_laine #textile #Alpes

  • Quand le #comité_d’éthique du #CNRS se penche sur l’#engagement_public des chercheurs et chercheuses

    #Neutralité ? #Intégrité ? #Transparence ?

    Le Comité d’éthique du CNRS rappelle qu’il n’y a pas d’#incompatibilité de principe, plaide pour un « guide pratique de l’engagement » et place la direction de l’institution scientifique devant les mêmes obligations que les chercheurs.

    Avec la crise climatique, la pandémie de covid-19, l’accroissement des inégalités, le développement de l’intelligence artificielle ou les technologies de surveillance, la question de l’#engagement public des chercheurs est d’autant plus visible que les réseaux sociaux leur permettent une communication directe.

    Cette question dans les débats de société n’est pas nouvelle. De l’appel d’#Albert_Einstein, en novembre 1945, à la création d’un « #gouvernement_du_monde » pour réagir aux dangers de la #bombe_atomique à l’alerte lancée par #Irène_Frachon concernant le #Médiator, en passant par celle lancée sur les dangers des grands modèles de langage par #Timnit_Gebru et ses collègues, les chercheurs et chercheuses s’engagent régulièrement et créent même des sujets de #débats_publics.

    Une question renouvelée dans un monde incertain

    Le #comité_d'éthique_du_CNRS (#COMETS) ne fait pas semblant de le découvrir. Mais, selon lui, « face aux nombreux défis auxquels notre société est confrontée, la question de l’engagement public des chercheurs s’est renouvelée ». Il s’est donc auto-saisi pour « fournir aux chercheurs des clés de compréhension et des repères éthiques concernant l’engagement public » et vient de publier son #rapport sur le sujet [PDF].

    Il faut dire que les deux premières années du Covid-19 ont laissé des traces dans la communauté scientifique sur ces questions de prises de paroles des chercheurs. Le COMETS avait d’ailleurs publié en mai 2021 un avis accusant Didier Raoult alors que la direction du Centre avait rappelé tardivement à l’ordre, en août de la même année, et sans le nommer, le sociologue et directeur de recherche au CNRS Laurent Mucchielli, qui appelait notamment à suspendre la campagne de vaccination.

    Le COMETS relève que les chercheurs s’engagent selon des modalités variées, « de la signature de tribunes à la contribution aux travaux d’ONG ou de think tanks en passant par le soutien à des actions en justice ou l’écriture de billets de blog ». Il souligne aussi que les #réseaux_sociaux ont « sensiblement renforcé l’exposition publique des chercheurs engagés ».

    La présidente du comité d’éthique, Christine Noiville, égrène sur le site du CNRS, les « interrogations profondes » que ces engagements soulèvent :

    « S’engager publiquement, n’est-ce pas contraire à l’exigence d’#objectivité de la recherche ? N’est-ce pas risquer de la « politiser » ou de l’« idéologiser » ? S’engager ne risque-t-il pas de fragiliser la #crédibilité du chercheur, de mettre à mal sa réputation, sa carrière ? Est-on en droit de s’engager ? Pourrait-il même s’agir d’un devoir, comme certains collègues ou journalistes pourraient le laisser entendre ? »

    Pas d’incompatibilité de principe

    Le comité d’éthique aborde les inquiétudes que suscite cet engagement public des chercheurs et pose franchement la question de savoir s’il serait « une atteinte à la #neutralité_scientifique ? ». Faudrait-il laisser de côté ses opinions et valeurs pour « faire de la « bonne » science et produire des connaissances objectives » ?

    Le COMETS explique, en s’appuyant sur les travaux de l’anthropologue #Sarah_Carvallo, que ce concept de neutralité est « devenu central au XXe siècle, pour les sciences de la nature mais également pour les sciences sociales », notamment avec les philosophes des sciences #Hans_Reichenbach et #Karl_Popper, ainsi que le sociologue #Max_Weber dont le concept de « #neutralité_axiologique » – c’est-à-dire une neutralité comme valeur fondamentale – voudrait que le « savant » « tienne ses #convictions_politiques à distance de son enseignement et ne les impose pas subrepticement ».

    Mais le comité explique aussi, que depuis Reichenbach, Popper et Weber, la recherche a avancé. Citant le livre d’#Hilary_Putnam, « The Collapse of the Fact/Value Dichotomy and Other Essays », le COMETS explique que les chercheurs ont montré que « toute #science s’inscrit dans un #contexte_social et se nourrit donc de #valeurs multiples ».

    Le comité explique que le monde de la recherche est actuellement traversé de valeurs (citant le respect de la dignité humaine, le devoir envers les animaux, la préservation de l’environnement, la science ouverte) et que le chercheur « porte lui aussi nécessairement des valeurs sociales et culturelles dont il lui est impossible de se débarrasser totalement dans son travail de recherche ».

    Le COMETS préfère donc insister sur les « notions de #fiabilité, de #quête_d’objectivité, d’#intégrité et de #rigueur de la #démarche_scientifique, et de transparence sur les valeurs » que sur celle de la neutralité. « Dans le respect de ces conditions, il n’y a aucune incompatibilité avec l’engagement public du chercheur », assure-t-il.

    Liberté de s’engager... ou non

    Il rappelle aussi que les chercheurs ont une large #liberté_d'expression assurée par le code de l’éducation tout en n’étant pas exemptés des limites de droit commun (diffamation, racisme, sexisme, injure ...). Mais cette liberté doit s’appliquer à double sens : le chercheur est libre de s’engager ou non. Elle est aussi à prendre à titre individuel, insiste le COMETS : la démarche collective via les laboratoires, sociétés savantes et autres n’est pas la seule possible, même si donner une assise collective « présente de nombreux avantages (réflexion partagée, portée du message délivré, moindre exposition du chercheur, etc.) ».

    Le comité insiste par contre sur le fait que, lorsque le chercheur s’engage, il doit « prendre conscience qu’il met en jeu sa #responsabilité, non seulement juridique mais aussi morale, en raison du crédit que lui confère son statut et le savoir approfondi qu’il implique ».

    Il appuie aussi sur le fait que sa position privilégiée « crédite sa parole d’un poids particulier. Il doit mettre ce crédit au service de la collectivité et ne pas en abuser ».

    Des #devoirs lors de la #prise_de_parole

    Outre le respect de la loi, le COMETS considère, dans ce cadre, que les chercheurs et chercheuses ont des devoirs vis-à-vis du public. Notamment, ils doivent s’efforcer de mettre en contexte le cadre dans lequel ils parlent. S’agit-il d’une prise de parole en nom propre ? Le thème est-il dans le domaine de compétence du chercheur ? Est-il spécialiste ? A-t-il des liens d’intérêts ? Quelles valeurs sous-tendent son propos ? Le #degré_de_certitude doit aussi être abordé. Le Comité exprime néanmoins sa compréhension de la difficulté pratique que cela implique, vu les limites de temps de paroles dans les médias.

    Une autre obligation qui devrait s’appliquer à tout engagement de chercheurs selon le COMETS, et pas des moindres, est de l’asseoir sur des savoirs « robustes » et le faire « reposer sur une démarche scientifique rigoureuse ».

    Proposition de co-construction d’un guide

    Le COMETS recommande, dans ce cadre, au CNRS d’ « élaborer avec les personnels de la recherche un guide de l’engagement public » ainsi que des formations. Il propose aussi d’envisager que ce guide soit élaboré avec d’autres organismes de recherche.

    La direction du CNRS à sa place

    Le Comité d’éthique considère en revanche que « le CNRS ne devrait ni inciter, ni condamner a priori l’engagement des chercheurs, ni opérer une quelconque police des engagements », que ce soit dans l’évaluation des travaux de recherche ou dans d’éventuelles controverses provoquées par un engagement public.

    « La direction du CNRS n’a pas vocation à s’immiscer dans ces questions qui relèvent au premier chef du débat scientifique entre pairs », affirme-t-il. La place du CNRS est d’intervenir en cas de problème d’#intégrité_scientifique ou de #déontologie, mais aussi de #soutien aux chercheurs engagés « qui font l’objet d’#attaques personnelles ou de #procès_bâillons », selon lui.

    Le comité aborde aussi le cas dans lequel un chercheur mènerait des actions de #désobéissance_civile, sujet pour le moins d’actualité. Il considère que le CNRS ne doit ni « se substituer aux institutions de police et de justice », ni condamner par avance ce mode d’engagement, « ni le sanctionner en lieu et place de l’institution judiciaire ». Une #sanction_disciplinaire peut, par contre, être envisagée « éventuellement », « en cas de décision pénale définitive à l’encontre d’un chercheur ».

    Enfin, le Comité place la direction du CNRS devant les mêmes droits et obligations que les chercheurs dans son engagement vis-à-vis du public. Si le CNRS « prenait publiquement des positions normatives sur des sujets de société, le COMETS considère qu’il devrait respecter les règles qui s’appliquent aux chercheurs – faire connaître clairement sa position, expliciter les objectifs et valeurs qui la sous-tendent, etc. Cette prise de position de l’institution devrait pouvoir être discutée sur la base d’un débat contradictoire au sein de l’institution ».

    https://next.ink/985/quand-comite-dethique-cnrs-se-penche-sur-engagement-public-chercheurs-et-cherc

    • Avis du COMETS « Entre liberté et responsabilité : l’engagement public des chercheurs et chercheuses »

      Que des personnels de recherche s’engagent publiquement en prenant position dans la sphère publique sur divers enjeux moraux, politiques ou sociaux ne constitue pas une réalité nouvelle. Aujourd’hui toutefois, face aux nombreux défis auxquels notre société est confrontée, la question de l’engagement public des chercheurs s’est renouvelée. Nombre d’entre eux s’investissent pour soutenir des causes ou prendre position sur des enjeux de société – lutte contre les pandémies, dégradation de l’environnement, essor des technologies de surveillance, etc. – selon des modalités variées, de la signature de tribunes à la contribution aux travaux d’ONG ou de think tanks en passant par le soutien à des actions en justice ou l’écriture de billets de blog. Par ailleurs, le développement des médias et des réseaux sociaux a sensiblement renforcé l’exposition publique des chercheurs engagés.

      Dans le même temps, de forts questionnements s’expriment dans le monde de la recherche. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les modalités de l’engagement public, son opportunité et son principe même. Ils se demandent si et comment s’engager publiquement sans mettre en risque leur réputation et les valeurs partagées par leurs communautés de recherche, sans déroger à la neutralité traditionnellement attendue des chercheurs, sans perdre en impartialité et en crédibilité. Ce débat, qui anime de longue date les sciences sociales, irrigue désormais l’ensemble de la communauté scientifique.

      C’est dans ce contexte que s’inscrit le présent avis. Fruit d’une auto-saisine du COMETS, il entend fournir aux chercheurs des clés de compréhension et des repères éthiques concernant l’engagement public.

      Le COMETS rappelle d’abord qu’il n’y a pas d’incompatibilité de principe entre, d’un côté, l’engagement public du chercheur et, de l’autre, les normes attribuées ou effectivement applicables à l’activité de recherche. C’est notamment le cas de la notion de « neutralité » de la science, souvent considérée comme une condition indispensable de production de connaissances objectives et fiables. Si on ne peut qu’adhérer au souci de distinguer les faits scientifiques des opinions, il est illusoire de penser que le chercheur puisse se débarrasser totalement de ses valeurs : toute science est une entreprise humaine, inscrite dans un contexte social et, ce faisant, nourrie de valeurs. L’enjeu premier n’est donc pas d’attendre du chercheur qu’il en soit dépourvu mais qu’il les explicite et qu’il respecte les exigences d’intégrité et de rigueur qui doivent caractériser la démarche scientifique.

      Si diverses normes applicables à la recherche publique affirment une obligation de neutralité à la charge du chercheur, cette obligation ne fait en réalité pas obstacle, sur le principe, à la liberté et à l’esprit critique indissociables du travail de recherche, ni à l’implication du chercheur dans des débats de société auxquels, en tant que détenteur d’un savoir spécialisé, il a potentiellement une contribution utile à apporter.

      Le COMETS estime que l’engagement public doit être compris comme une liberté individuelle et ce, dans un double sens :

      -- d’une part, chaque chercheur doit rester libre de s’engager ou non ; qu’il choisisse de ne pas prendre position dans la sphère publique ne constitue en rien un manquement à une obligation professionnelle ou morale qui lui incomberait ;

      -- d’autre part, le chercheur qui s’engage n’a pas nécessairement à solliciter le soutien de communautés plus larges (laboratoire, société savante, etc.), même si le COMETS considère que donner une assise collective à une démarche d’engagement présente de nombreux avantages (réflexion partagée, portée du message délivré, moindre exposition du chercheur, etc.).

      S’il constitue une liberté, l’engagement nécessite également pour le chercheur de prendre conscience qu’il met en jeu sa responsabilité, non seulement juridique mais aussi morale, en raison du crédit que lui confère son statut et le savoir approfondi qu’il implique. En effet, en s’engageant publiquement, le chercheur met potentiellement en jeu non seulement sa réputation académique et sa carrière, mais aussi l’image de son institution, celle de la recherche et, plus généralement, la qualité du débat public auquel il contribue ou qu’il entend susciter. Le chercheur dispose d’une position privilégiée qui crédite sa parole d’un poids particulier. Il doit mettre ce crédit au service de la collectivité et ne pas en abuser. Le COMETS rappelle dès lors que tout engagement public doit se faire dans le respect de devoirs.

      Ces devoirs concernent en premier lieu la manière dont le chercheur s’exprime publiquement. Dans le sillage de son avis 42 rendu à l’occasion de la crise du COVID-19, le COMETS rappelle que le chercheur doit s’exprimer non seulement en respectant les règles de droit (lois mémorielles, lois condamnant la diffamation, l’injure, etc.) mais aussi en offrant à son auditoire la possibilité de mettre son discours en contexte, au minimum pour ne pas être induit en erreur. A cet effet, le chercheur doit prendre soin de :

      situer son propos : parle-t-il en son nom propre, au nom de sa communauté de recherche, de son organisme de rattachement ? Quel est son domaine de compétence ? Est-il spécialiste de la question sur laquelle il prend position ? Quels sont ses éventuels liens d’intérêts (avec telle entreprise, association, etc.) ? Quelles valeurs sous-tendent son propos ? ;
      mettre son propos en perspective : quel est le statut des résultats scientifiques sur lesquels il s’appuie ? Des incertitudes demeurent-elles ? Existe-t-il des controverses ?

      Le COMETS a conscience de la difficulté pratique à mettre en œuvre certaines de ces normes (temps de parole limité dans les médias, espace réduit des tribunes écrites, etc.). Leur respect constitue toutefois un objectif vers lequel le chercheur doit systématiquement tendre. Ce dernier doit également réfléchir, avant de s’exprimer publiquement, à ce qui fonde sa légitimité à le faire.

      En second lieu, les savoirs sur lesquels le chercheur assoit son engagement doivent être robustes et reposer sur une démarche scientifique rigoureuse. Engagé ou non, il doit obéir aux exigences classiques d’intégrité et de rigueur applicables à la production de connaissances fiables – description du protocole de recherche, référencement des sources, mise à disposition des résultats bruts, révision par les pairs, etc. Le COMETS rappelle que ces devoirs sont le corollaire nécessaire de la liberté de la recherche, qui est une liberté professionnelle, et que rien, pas même la défense d’une cause, aussi noble soit-elle, ne justifie de transiger avec ces règles et de s’accommoder de savoirs fragiles. Loin d’empêcher le chercheur d’affirmer une thèse avec force dans l’espace public, ces devoirs constituent au contraire un soutien indispensable à l’engagement public auquel, sinon, il peut lui être facilement reproché d’être militant.

      Afin de munir ceux qui souhaitent s’engager de repères et d’outils concrets, le COMETS invite le CNRS à élaborer avec les personnels de la recherche un guide de l’engagement public. Si de nombreux textes existent d’ores et déjà qui énoncent les droits et devoirs des chercheurs – statut du chercheur, chartes de déontologie, avis du COMETS, etc. –, ils sont éparpillés, parfois difficiles à interpréter (sur l’obligation de neutralité notamment) ou complexes à mettre en œuvre (déclaration des liens d’intérêt dans les médias, etc.). Un guide de l’engagement public devrait permettre de donner un contenu lisible, concret et réaliste à ces normes apparemment simples mais en réalité difficiles à comprendre ou à appliquer.

      Le COMETS recommande au CNRS d’envisager l’élaboration d’un tel guide avec d’autres organismes de recherche qui réfléchissent actuellement à la question. Le guide devrait par ailleurs être accompagné d’actions sensibilisant les chercheurs aux enjeux et techniques de l’engagement public (dont des formations à la prise de parole dans les médias).

      Le COMETS s’est enfin interrogé sur le positionnement plus général du CNRS à l’égard de l’engagement public.

      Le COMETS considère que de manière générale, le CNRS ne devrait ni inciter, ni condamner a priori l’engagement des chercheurs, ni opérer une quelconque police des engagements. En pratique :

      – dans l’évaluation de leurs travaux de recherche, les chercheurs ne devraient pas pâtir de leur engagement public. L’évaluation de l’activité de recherche d’un chercheur ne devrait porter que sur ses travaux de recherche et pas sur ses engagements publics éventuels ;

      – lorsque l’engagement public conduit à des controverses, la direction du CNRS n’a pas vocation à s’immiscer dans ces questions qui relèvent au premier chef du débat scientifique entre pairs ;

      – le CNRS doit en revanche intervenir au cas où un chercheur contreviendrait à l’intégrité ou à la déontologie (au minimum, les référents concernés devraient alors être saisis) ou en cas de violation des limites légales à la liberté d’expression (lois mémorielles, lois réprimant la diffamation, etc.) ; de même, l’institution devrait intervenir pour soutenir les chercheurs engagés qui font l’objet d’attaques personnelles ou de procès bâillons.

      – au cas où un chercheur mènerait des actions de désobéissance civile, le CNRS ne devrait pas se substituer aux institutions de police et de justice. Il ne devrait pas condamner ex ante ce mode d’engagement, ni le sanctionner en lieu et place de l’institution judiciaire. A posteriori, en cas de décision pénale définitive à l’encontre d’un chercheur, le CNRS peut éventuellement considérer que son intervention est requise et prendre une sanction.

      Plus généralement, le COMETS encourage le CNRS à protéger et à favoriser la liberté d’expression de son personnel. Il est en effet de la responsabilité des institutions et des communautés de recherche de soutenir la confrontation constructive des idées, fondée sur la liberté d’expression.

      Si le CNRS venait à décider de s’engager en tant qu’institution, c’est-à-dire s’il prenait publiquement des positions normatives sur des sujets de société, le COMETS considère qu’il devrait respecter les règles qui s’appliquent aux chercheurs – faire connaître clairement sa position, expliciter les objectifs et valeurs qui la sous-tendent, etc. Cette prise de position de l’institution devrait pouvoir être discutée sur la base d’un débat contradictoire au sein de l’institution.

      Pour télécharger l’avis :
      https://comite-ethique.cnrs.fr/wp-content/uploads/2023/09/AVIS-2023-44.pdf

      https://comite-ethique.cnrs.fr/avis-du-comets-entre-liberte-et-responsabilite-engagement-public

      #avis

  • La publicité digitale : son utilité pour la société, ses problèmes actuels, les causes et comment travailler aux solutions
    https://www.journaldunet.com/adtech/1527983-la-publicite-digitale-son-utilite-pour-la-societe-ses-probleme

    Les rapprochements ces dernières années entre le lobby du secteur de la publicité digitale (l’Alliance Digitale, ex IAB) et les organismes d’état indépendants (Cnil, Autorité de la concurrence & Arcom) sont un premier pas pour une régulation plus efficace. Il a notamment été productif en 2020 concernant l’interprétation et l’application de loi RGPD sur le recueil du consentement des données personnelles.

    Est-il nécessaire de créer un organisme d’État indépendant spécifique à la publicité digitale ? Comme cela a été fait pour la finance de marché passé la crise des subprimes de 2008, comme nous le rappelle le livre « Le grand krach de l’attention » de Tim Hwang, qui compare ces deux secteurs ? Est-ce que l’Arcom peut monter au créneau, avec un budget renforcé ? Comment travailler avec la Cnil et l’Autorité de la concurrence, qui ont accéléré leurs travaux pour notre secteur depuis quelques années ? Comment prendre en compte les arguments des associations de protection des données personnelles comme Noyb ? Faut-il espérer créer des big techs européennes, laisser Google Meta Amazon Apple Amazon dominer le secteur, ou favoriser l’entrée des big techs chinois (BATX) ?

    #Publicité #Tim_Hwang #Publicité_numérique

    • The visualization presents monthly global temperature anomalies. This visualization is updated roughly two weeks after the end of each month.

      Temperature anomalies are deviations from a long term global avergage. In this case the period 1951-1980 is used to define the baseline for the anomaly. These temperatures are based on the GISS Surface Temperature Analysis (GISTEMP v4), an estimate of global surface temperature change. The data file used to create this visualization is publically accessible here.

      The term ’climate spiral’ describes an animated radial plot of global temperatures. Climate scientist Ed Hawkins from the National Centre for Atmospheric Science, University of Reading popularized this style of visualization in 2016.

      The Goddard Institute of Space Studies (GISS) is a NASA laboratory managed by the Earth Sciences Division of the agency’s Goddard Space Flight Center in Greenbelt, Maryland. The laboratory is affiliated with Columbia University’s Earth Institute and School of Engineering and Applied Science in New York.

  • Le #village_sous_la_forêt, de #Heidi_GRUNEBAUM et #Mark_KAPLAN

    En #1948, #Lubya a été violemment détruit et vidé de ses habitants par les forces militaires israéliennes. 343 villages palestiniens ont subi le même sort. Aujourd’hui, de #Lubya, il ne reste plus que des vestiges, à peine visibles, recouverts d’une #forêt majestueuse nommée « Afrique du Sud ». Les vestiges ne restent pas silencieux pour autant.

    La chercheuse juive sud-africaine, #Heidi_Grunebaum se souvient qu’étant enfant elle versait de l’argent destiné officiellement à planter des arbres pour « reverdir le désert ».

    Elle interroge les acteurs et les victimes de cette tragédie, et révèle une politique d’effacement délibérée du #Fonds_national_Juif.

    « Le Fonds National Juif a planté 86 parcs et forêts de pins par-dessus les décombres des villages détruits. Beaucoup de ces forêts portent le nom des pays, ou des personnalités célèbres qui les ont financés. Ainsi il y a par exemple la Forêt Suisse, le Parc Canada, le Parc britannique, la Forêt d’Afrique du Sud et la Forêt Correta King ».

    https://www.villageunderforest.com

    Trailer :

    https://www.youtube.com/watch?v=ISmj31rJkGQ

    #israel #palestine #carte #Israël #afrique_du_sud #forêt #documentaire

    #film #documentaire #film_documentaire

    (copier-coller de ce post de 2014 : https://seenthis.net/messages/317236)

    • Documentary Space, Place, and Landscape

      In documentaries of the occupied West Bank, erasure is imaged in the wall that sunders families and communities, in the spaces filled with blackened tree stumps of former olive groves, now missing to ensure “security,” and in the cactus that still grows, demarcating cultivated land whose owners have been expelled.

      This materiality of the landscape becomes figural, such that Shehadeh writes, “[w]hen you are exiled from your land … you begin, like a pornographer, to think about it in symbols. You articulate your love for your land in its absence, and in the process transform it into something else.’’[x] The symbolization reifies and, in this process, something is lost, namely, a potential for thinking differently. But in these Palestinian films we encounter a documenting of the now of everyday living that unfixes such reification. This is a storytelling of vignettes, moments, digressions, stories within stories, and postponed endings. These are stories of interaction, of something happening, in a documenting of a being and doing now, while awaiting a future yet to be known, and at the same time asserting a past history to be remembered through these images and sounds. Through this there arises the accenting of these films, to draw on Hamid Naficy’s term, namely a specific tone of a past—the Nakba or catastrophe—as a continuing present, insofar as the conflict does not allow Palestinians to imagine themselves in a determinate future of place and landscape they can call their own, namely a state.[xi]

      In Hanna Musleh’s I’m a Little Angel (2000), we follow the children of families, both Muslim and Christian, in the area of Bethlehem affected by the 2000 Israeli armed forces attacks and occupation.[xii] One small boy, Nicola, suffered the loss of an arm when he was hit by a shell when walking to church with his mother. His kite, seen flying high in the sky, brings delighted shrieks from Nicola as he plays on the family terrace from which the town and its surrounding hills are visible in the distance. But the contrast between the freedom of the kite in this unlimited vista and his reduced capacity is palpable as he struggles to control it with his remaining hand. The containment of both Nicola and his community is figured in opposition to a possible freedom. What is also required of us is to think not of freedom from the constraints of disability, but of freedom with disability, in a future to be made after. The constraints introduced upon the landscape by the occupation, however, make the future of such living indeterminate and uncertain. Here is the “cinema of the lived,”[xiii] of multiple times of past and present, of possible and imagined future time, and the actualized present, each of which is encountered in the movement in a singular space of Nicola and his kite.


      http://mediafieldsjournal.squarespace.com/documentary-space-place-and-la/2011/7/18/documentary-space-place-and-landscape.html;jsessioni
      #cactus #paysage

    • Memory of the Cactus

      A 42 minute documentary film that combines the cactus and the memories it stands for. The film addresses the story of the destruction of the Palestinian villages of Latroun in the Occupied West Bank and the forcible transfer of their civilian population in 1967. Over 40 years later, the Israeli occupation continues, and villagers remain displaced. The film follows two separate but parallel journeys. Aisha Um Najeh takes us down the painful road that Palestinians have been forcefully pushed down, separating them in time and place from the land they nurtured; while Israelis walk freely through that land, enjoying its fruits. The stems of the cactus, however, take a few of them to discover the reality of the crime committed.

      https://www.youtube.com/watch?v=DQ_LjknRHVA

    • Aujourd’hui, j’ai re-regardé le film « Le village sous la forêt », car je vais le projeter à mes étudiant·es dans le cadre du cours de #géographie_culturelle la semaine prochaine.

      Voici donc quelques citations tirées du film :

      Sur une des boîtes de récolte d’argent pour planter des arbres en Palestine, c’est noté « make wilderness bloom » :

      Voici les panneaux de quelques parcs et forêts créés grâce aux fonds de la #diaspora_juive :

      Projet : « We will make it green, like a modern European country » (ce qui est en étroit lien avec un certaine idée de #développement, liée au #progrès).

      Témoignage d’une femme palestinienne :

      « Ils ont planté des arbres partout qui cachaient tout »

      Ilan Pappé, historien israëlien, Université d’Exter :

      « ça leur a pris entre 6 et 9 mois poru s’emparer de 80% de la Palestine, expulser la plupart des personnes qui y vivaient et reconstruire sur les villes et villages de ces personnes un nouvel Etat, une nouvelle #identité »

      https://socialsciences.exeter.ac.uk/iais/staff/pappe

      Témoignage d’un palestinien qui continue à retourner régulièrement à Lubya :

      « Si je n’aimais pas cet endroit, est-ce que je continuerais à revenir ici tout le temps sur mon tracteur ? Ils l’ont transformé en forêt afin d’affirmer qu’il n’y a pas eu de village ici. Mais on peut voir les #cactus qui prouvent que des arabes vivaient ici »

      Ilan Pappé :

      « Ces villages éaient arabes, tout comme le paysage alentour. C’était un message qui ne passait pas auprès du mouvement sioniste. Des personnes du mouvement ont écrit à ce propos, ils ont dit qu’ils n’aimaient vraiment pas, comme Ben Gurion l’a dit, que le pays ait toujours l’air arabe. (...) Même si les Arabes n’y vivent plus, ça a toujours l’air arabe. En ce qui concerne les zones rurales, il a été clair : les villages devaient être dévastés pour qu’il n’y ait pas de #souvenirs possibles. Ils ont commencé à les dévaster dès le mois d’août 1948. Ils ont rasé les maisons, la terre. Plus rien ne restait. Il y avait deux moyens pour eux d’en nier l’existence : le premier était de planter des forêts de pins européens sur les villages. Dans la plupart des cas, lorsque les villages étaient étendus et les terres assez vastes, on voit que les deux stratégies ont été mises en oeuvre : il y a un nouveau quartier juif et, juste à côté, une forêt. En effet, la deuxième méthode était de créer un quartier juif qui possédait presque le même nom que l’ancien village arabe, mais dans sa version en hébreu. L’objectif était double : il s’agissait d’abord de montrer que le lieu était originellement juif et revenait ainsi à son propriétaire. Ensuite, l’idée était de faire passer un message sinistre aux Palestiniens sur ce qui avait eu lieu ici. Le principal acteur de cette politique a été le FNJ. »

      #toponymie

      Heidi Grunebaum, la réalisatrice :

      « J’ai grandi au moment où le FNJ cultivait l’idée de créer une patrie juive grâce à la plantation d’arbres. Dans les 100 dernières années, 260 millions d’arbres ont été plantés. Je me rends compte à présent que la petite carte du grand Israël sur les boîtes bleues n’était pas juste un symbole. Etait ainsi affirmé que toutes ces terres étaient juives. Les #cartes ont été redessinées. Les noms arabes des lieux ont sombré dans l’oubli à cause du #Comité_de_Dénomination créé par le FNJ. 86 forêts du FNJ ont détruit des villages. Des villages comme Lubya ont cessé d’exister. Lubya est devenu Lavie. Une nouvelle histoire a été écrite, celle que j’ai apprise. »

      Le #Canada_park :

      Canada Park (Hebrew: פארק קנדה‎, Arabic: كندا حديقة‎, also Ayalon Park,) is an Israeli national park stretching over 7,000 dunams (700 hectares), and extending from No man’s land into the West Bank.
      The park is North of Highway 1 (Tel Aviv-Jerusalem), between the Latrun Interchange and Sha’ar HaGai, and contains a Hasmonean fort, Crusader fort, other archaeological remains and the ruins of 3 Palestinian villages razed by Israel in 1967 after their inhabitants were expelled. In addition it has picnic areas, springs and panoramic hilltop views, and is a popular Israeli tourist destination, drawing some 300,000 visitors annually.


      https://en.wikipedia.org/wiki/Canada_Park

      Heidi Grunebaum :

      « Chaque pièce de monnaie est devenue un arbre dans une forêt, chaque arbre, dont les racines étaient plantées dans la terre était pour nous, la diaspora. Les pièces changées en arbres devenaient des faits ancrés dans le sol. Le nouveau paysage arrangé par le FNJ à travers la plantation de forêts et les accords politiques est celui des #parcs_de_loisirs, des routes, des barrages et des infrastructures »

      Témoignage d’un Palestinien :

      « Celui qui ne possède de #pays_natal ne possède rien »

      Heidi Grunebaum :

      « Si personne ne demeure, la mémoire est oblitérée. Cependant, de génération en génération, le souvenir qu’ont les Palestiniens d’un endroit qui un jour fut le leur, persiste. »

      Témoignage d’un Palestinien :

      "Dès qu’on mange quelque chose chez nous, on dit qu’on mangeait ce plat à Lubya. Quelles que soient nos activités, on dit que nous avions les mêmes à Lubya. Lubya est constamment mentionnées, et avec un peu d’amertume.

      Témoignage d’un Palestinien :

      Lubya est ma fille précieuse que j’abriterai toujours dans les profondeurs de mon âme. Par les histoires racontées par mon père, mon grand-père, mes oncles et ma grande-mère, j’ai le sentiment de connaître très bien Lubya.

      Avi Shlaim, Université de Oxford :

      « Le mur dans la partie Ouest ne relève pas d’une mesure de sécurité, comme il a été dit. C’est un outil de #ségrégation des deux communautés et un moyen de s’approprier de larges portions de terres palestiniennes. C’est un moyen de poursuivre la politique d’#expansion_territoriale et d’avoir le plus grand Etat juif possible avec le moins de population d’arabes à l’intérieur. »

      https://www.sant.ox.ac.uk/people/avi-shlaim

      Heidi Grunebaum :

      « Les petites pièces de la diaspora n’ont pas seulement planté des arbres juifs et déraciné des arbres palestiniens, elles ont aussi créé une forêt d’un autre type. Une vaste forêt bureaucratique où la force de la loi est une arme. La règlementation règne, les procédures, permis, actions commandées par les lois, tout régulé le moindre espace de la vie quotidienne des Palestiniens qui sont petit à petit étouffés, repoussés aux marges de leurs terres. Entassés dans des ghettos, sans autorisation de construire, les Palestiniens n’ont plus qu’à regarder leurs maisons démolies »

      #Lubya #paysage #ruines #architecture_forensique #Afrique_du_Sud #profanation #cactus #South_african_forest #Galilée #Jewish_national_fund (#fonds_national_juif) #arbres #Palestine #Organisation_des_femmes_sionistes #Keren_Kayemeth #apartheid #résistance #occupation #Armée_de_libération_arabe #Hagana #nakba #exil #réfugiés_palestiniens #expulsion #identité #present_absentees #IDPs #déplacés_internes #Caesarea #oubli #déni #historicisation #diaspora #murs #barrières_frontalières #dépossession #privatisation_des_terres #terres #mémoire #commémoration #poésie #Canada_park

    • The Carmel wildfire is burning all illusions in Israel

      “When I look out my window today and see a tree standing there, that tree gives me a greater sense of beauty and personal delight than all the vast forests I have seen in Switzerland or Scandinavia. Because every tree here was planted by us.”

      – David Ben Gurion, Memoirs

      “Why are there so many Arabs here? Why didn’t you chase them away?”

      – David Ben Gurion during a visit to Nazareth, July 1948


      https://electronicintifada.net/content/carmel-wildfire-burning-all-illusions-israel/9130

      signalé par @sinehebdo que je remercie

    • Vu dans ce rapport, signalé par @palestine___________ , que je remercie (https://seenthis.net/messages/723321) :

      A method of enforcing the eradication of unrecognized Palestinian villages is to ensure their misrepresentation on maps. As part of this policy, these villages do not appear at all on Israeli maps, with the exception of army and hiking maps. Likewise, they do not appear on first sight on Google Maps or at all on Israeli maps, with the exception of army and hiking maps. They are labelled on NGO maps designed to increase their visibility. On Google Maps, the Bedouin villages are marked – in contrast to cities and other villages – under their Bedouin tribe and clan names (Bimkom) rather than with their village names and are only visible when zooming in very closely, but otherwise appear to be non-existent. This means that when looking at Google Maps, these villages appear to be not there, only when zooming on to a very high degree, do they appear with their tribe or clan names. At first (and second and third) sight, therefore, these villages are simply not there. Despite their small size, Israeli villages are displayed even when zoomed-out, while unrecognized Palestinian Bedouin villages, regardless of their size are only visible when zooming in very closely.


      http://7amleh.org/2018/09/18/google-maps-endangering-palestinian-human-rights
      Pour télécharger le rapport :
      http://www.7amleh.org/ms/Mapping%20Segregation%20Cover_WEB.pdf

    • signalé par @kassem :
      https://seenthis.net/messages/317236#message784258

      Israel lifted its military rule over the state’s Arab community in 1966 only after ascertaining that its members could not return to the villages they had fled or been expelled from, according to newly declassified archival documents.

      The documents both reveal the considerations behind the creation of the military government 18 years earlier, and the reasons for dismantling it and revoking the severe restrictions it imposed on Arab citizens in the north, the Negev and the so-called Triangle of Locales in central Israel.

      These records were made public as a result of a campaign launched against the state archives by the Akevot Institute, which researches the Israeli-Palestinian conflict.

      After the War of Independence in 1948, the state imposed military rule over Arabs living around the country, which applied to an estimated 85 percent of that community at the time, say researchers at the NGO. The Arabs in question were subject to the authority of a military commander who could limit their freedom of movement, declare areas to be closed zones, or demand that the inhabitants leave and enter certain locales only with his written permission.

      The newly revealed documents describe the ways Israel prevented Arabs from returning to villages they had left in 1948, even after the restrictions on them had been lifted. The main method: dense planting of trees within and surrounding these towns.

      At a meeting held in November 1965 at the office of Shmuel Toledano, the prime minister’s adviser on Arab affairs, there was a discussion about villages that had been left behind and that Israel did not want to be repopulated, according to one document. To ensure that, the state had the Jewish National Fund plant trees around and in them.

      Among other things, the document states that “the lands belonging to the above-mentioned villages were given to the custodian for absentee properties” and that “most were leased for work (cultivation of field crops and olive groves) by Jewish households.” Some of the properties, it adds, were subleased.

      In the meeting in Toledano’s office, it was explained that these lands had been declared closed military zones, and that once the structures on them had been razed, and the land had been parceled out, forested and subject to proper supervision – their definition as closed military zones could be lifted.

      On April 3, 1966, another discussion was held on the same subject, this time at the office of the defense minister, Levi Eshkol, who was also the serving prime minister; the minutes of this meeting were classified as top secret. Its participants included: Toledano; Isser Harel, in his capacity as special adviser to the prime minister; the military advocate general – Meir Shamgar, who would later become president of the Supreme Court; and representatives of the Shin Bet security service and Israel Police.

      The newly publicized record of that meeting shows that the Shin Bet was already prepared at that point to lift the military rule over the Arabs and that the police and army could do so within a short time.

      Regarding northern Israel, it was agreed that “all the areas declared at the time to be closed [military] zones... other than Sha’ab [east of Acre] would be opened after the usual conditions were fulfilled – razing of the buildings in the abandoned villages, forestation, establishment of nature reserves, fencing and guarding.” The dates of the reopening these areas would be determined by Israel Defense Forces Maj. Gen. Shamir, the minutes said. Regarding Sha’ab, Harel and Toledano were to discuss that subject with Shamir.

      However, as to Arab locales in central Israel and the Negev, it was agreed that the closed military zones would remain in effect for the time being, with a few exceptions.

      Even after military rule was lifted, some top IDF officers, including Chief of Staff Tzvi Tzur and Shamgar, opposed the move. In March 1963, Shamgar, then military advocate general, wrote a pamphlet about the legal basis of the military administration; only 30 copies were printed. (He signed it using his previous, un-Hebraized name, Sternberg.) Its purpose was to explain why Israel was imposing its military might over hundreds of thousands of citizens.

      Among other things, Shamgar wrote in the pamphlet that Regulation 125, allowing certain areas to be closed off, is intended “to prevent the entry and settlement of minorities in border areas,” and that “border areas populated by minorities serve as a natural, convenient point of departure for hostile elements beyond the border.” The fact that citizens must have permits in order to travel about helps to thwart infiltration into the rest of Israel, he wrote.

      Regulation 124, he noted, states that “it is essential to enable nighttime ambushes in populated areas when necessary, against infiltrators.” Blockage of roads to traffic is explained as being crucial for the purposes of “training, tests or maneuvers.” Moreover, censorship is a “crucial means for counter-intelligence.”

      Despite Shamgar’s opinion, later that year, Prime Minister Levi Eshkol canceled the requirement for personal travel permits as a general obligation. Two weeks after that decision, in November 1963, Chief of Staff Tzur wrote a top-secret letter about implementation of the new policy to the officers heading the various IDF commands and other top brass, including the head of Military Intelligence. Tzur ordered them to carry it out in nearly all Arab villages, with a few exceptions – among them Barta’a and Muqeible, in northern Israel.

      In December 1965, Haim Israeli, an adviser to Defense Minister Eshkol, reported to Eshkol’s other aides, Isser Harel and Aviad Yaffeh, and to the head of the Shin Bet, that then-Chief of Staff Yitzhak Rabin opposed legislation that would cancel military rule over the Arab villages. Rabin explained his position in a discussion with Eshkol, at which an effort to “soften” the bill was discussed. Rabin was advised that Harel would be making his own recommendations on this matter.

      At a meeting held on February 27, 1966, Harel issued orders to the IDF, the Shin Bet and the police concerning the prime minister’s decision to cancel military rule. The minutes of the discussion were top secret, and began with: “The mechanism of the military regime will be canceled. The IDF will ensure the necessary conditions for establishment of military rule during times of national emergency and war.” However, it was decided that the regulations governing Israel’s defense in general would remain in force, and at the behest of the prime minister and with his input, the justice minister would look into amending the relevant statutes in Israeli law, or replacing them.

      The historical documents cited here have only made public after a two-year campaign by the Akevot institute against the national archives, which preferred that they remain confidential, Akevot director Lior Yavne told Haaretz. The documents contain no information of a sensitive nature vis-a-vis Israel’s security, Yavne added, and even though they are now in the public domain, the archives has yet to upload them to its website to enable widespread access.

      “Hundreds of thousands of files which are crucial to understanding the recent history of the state and society in Israel remain closed in the government archive,” he said. “Akevot continues to fight to expand public access to archival documents – documents that are property of the public.”

    • Israel is turning an ancient Palestinian village into a national park for settlers

      The unbelievable story of a village outside Jerusalem: from its destruction in 1948 to the ticket issued last week by a parks ranger to a descendent of its refugees, who had the gall to harvest the fruits of his labor on his own land.

      Thus read the ticket issued last Wednesday, during the Sukkot holiday, by ranger Dayan Somekh of the Israel Nature and Parks Authority – Investigations Division, 3 Am Ve’olamo Street, Jerusalem, to farmer Nidal Abed Rabo, a resident of the Jerusalem-area village of Walaja, who had gone to harvest olives on his private land: “In accordance with Section 228 of the criminal code, to: Nidal Abed Rabo. Description of the facts constituting the offense: ‘picking, chopping and destroying an olive tree.’ Suspect’s response: ‘I just came to pick olives. I pick them and put them in a bucket.’ Fine prescribed by law: 730 shekels [$207].” And an accompanying document that reads: “I hereby confirm that I apprehended from Nidal Abed Rabo the following things: 1. A black bucket; 2. A burlap sack. Name of the apprehending officer: Dayan Somekh.”

      Ostensibly, an amusing parody about the occupation. An inspector fines a person for harvesting the fruits of his own labor on his own private land and then fills out a report about confiscating a bucket, because order must be preserved, after all. But no one actually found this report amusing – not the inspector who apparently wrote it in utter seriousness, nor the farmer who must now pay the fine.

      Indeed, the story of Walaja, where this absurdity took place, contains everything – except humor: the flight from and evacuation of the village in 1948; refugee-hood and the establishment of a new village adjacent to the original one; the bisection of the village between annexed Jerusalem and the occupied territories in 1967; the authorities’ refusal to issue blue Israeli IDs to residents, even though their homes are in Jerusalem; the demolition of many structures built without a permit in a locale that has no master construction plan; the appropriation of much of its land to build the Gilo neighborhood and the Har Gilo settlement; the construction of the separation barrier that turned the village into an enclave enclosed on all sides; the decision to turn villagers’ remaining lands into a national park for the benefit of Gilo’s residents and others in the area; and all the way to the ridiculous fine issued by Inspector Somekh.

      This week, a number of villagers again snuck onto their lands to try to pick their olives, in what looks like it could be their final harvest. As it was a holiday, they hoped the Border Police and the parks authority inspectors would leave them alone. By next year, they probably won’t be able to reach their groves at all, as the checkpoint will have been moved even closer to their property.

      Then there was also this incident, on Monday, the Jewish holiday of Simhat Torah. Three adults, a teenager and a horse arrived at the neglected groves on the mountainside below their village of Walaja. They had to take a long and circuitous route; they say the horse walked 25 kilometers to reach the olive trees that are right under their noses, beneath their homes. A dense barbed-wire fence and the separation barrier stand between these people and their lands. When the national park is built here and the checkpoint is moved further south – so that only Jews will be able to dip undisturbed in Ein Hanya, as Nir Hasson reported (“Jerusalem reopens natural spring, but not to Palestinians,” Oct. 15) – it will mean the end of Walaja’s olive orchards, which are planted on terraced land.

      The remaining 1,200 dunams (300 acres) belonging to the village, after most of its property was lost over the years, will also be disconnected from their owners, who probably won’t be able to access them again. An ancient Palestinian village, which numbered 100 registered households in 1596, in a spectacular part of the country, will continue its slow death, until it finally expires for good.

      Steep slopes and a deep green valley lie between Jerusalem and Bethlehem, filled with oak and pine trees, along with largely abandoned olive groves. “New” Walaja overlooks this expanse from the south, the Gilo neighborhood from the northeast, and the Cremisan Monastery from the east. To the west is where the original village was situated, between the moshavim of Aminadav and Ora, both constructed after the villagers fled – frightened off by the massacre in nearby Deir Yassin and in fear of bombardment.

      Aviv Tatarsky, a longtime political activist on behalf of Walaja and a researcher for the Ir Amim nonprofit organization, says the designated national park is supposed to ensure territorial contiguity between the Etzion Bloc and Jerusalem. “Since we are in the territory of Jerusalem, and building another settler neighborhood could cause a stir, they are building a national park, which will serve the same purpose,” he says. “The national park will Judaize the area once and for all. Gilo is five minutes away. If you live there, you will have a park right next door and feel like it’s yours.”

      As Tatarsky describes the blows suffered by the village over the years, brothers Walid and Mohammed al-‘Araj stand on a ladder below in the valley, in the shade of the olive trees, engrossed in the harvest.

      Walid, 52, and Mohammed, 58, both live in Walaja. Walid may be there legally, but his brother is there illegally, on land bequeathed to them by their uncle – thanks to yet another absurdity courtesy of the occupation. In 1995, Walid married a woman from Shoafat in East Jerusalem, and thus was able to obtain a blue Israeli ID card, so perhaps he is entitled to be on his land. His brother, who lives next door, however, is an illegal resident on his land: He has an orange ID, as a resident of the territories.

      A sewage line that comes out of Beit Jala and is under the responsibility of Jerusalem’s Gihon water company overflows every winter and floods the men’s olive grove with industrial waste that has seriously damaged their crop. And that’s in addition, of course, to the fact that most of the family is unable to go work the land. The whole area looks quite derelict, overgrown with weeds and brambles that could easily catch fire. In previous years, the farmers would receive an entry permit allowing them to harvest the olives for a period of just a few days; this year, even that permit has not yet been forthcoming.

      The olives are black and small; it’s been a bad year for them and for their owners.

      “We come here like thieves to our own land,” says Mohammed, the older brother, explaining that three days beforehand, a Border Police jeep had showed up and chased them away. “I told him: It’s my land. They said okay and left. Then a few minutes later, another Border Police jeep came and the officer said: Today there’s a general closure because of the holiday. I told him: Okay, just let me take my equipment. I’m on my land. He said: Don’t take anything. I left. And today I came back.”

      You’re not afraid? “No, I’m not afraid. I’m on my land. It’s registered in my name. I can’t be afraid on my land.”

      Walid says that a month ago the Border Police arrived and told him he wasn’t allowed to drive on the road that leads to the grove, because it’s a “security road.” He was forced to turn around and go home, despite the fact that he has a blue ID and it is not a security road. Right next to it, there is a residential building where a Palestinian family still lives.

      Some of Walaja’s residents gave up on their olive orchards long ago and no longer attempt to reach their lands. When the checkpoint is moved southward, in order to block access by Palestinians to the Ein Hanya spring, the situation will be even worse: The checkpoint will be closer to the orchards, meaning that the Palestinians won’t be permitted to visit them.

      “This place will be a park for people to visit,” says Walid, up on his ladder. “That’s it; that will be the end of our land. But we won’t give up our land, no matter what.” Earlier this month, one local farmer was detained for several hours and 10 olive trees were uprooted, on the grounds that he was prohibited from being here.

      Meanwhile, Walid and Mohammed are collecting their meager crop in a plastic bucket printed with a Hebrew ad for a paint company. The olives from this area, near Beit Jala, are highly prized; during a good year the oil made from them can fetch a price of 100 shekels per liter.

      A few hundred meters to the east are a father, a son and a horse. Khaled al-‘Araj, 51, and his son, Abed, 19, a business student. They too are taking advantage of the Jewish holiday to sneak onto their land. They have another horse, an original Arabian named Fatma, but this horse is nameless. It stands in the shade of the olive tree, resting from the long trek here. If a Border Police force shows up, it could confiscate the horse, as has happened to them before.

      Father and son are both Walaja residents, but do not have blue IDs. The father works in Jerusalem with a permit, but it does not allow him to access his land.

      “On Sunday,” says Khaled, “I picked olives here with my son. A Border Police officer arrived and asked: What are you doing here? He took pictures of our IDs. He asked: Whose land is this? I said: Mine. Where are the papers? At home. I have papers from my grandfather’s time; everything is in order. But he said: No, go to DCO [the Israeli District Coordination Office] and get a permit. At first I didn’t know what he meant. I have a son and a horse and they’ll make problems for me. So I left.”

      He continues: “We used to plow the land. Now look at the state it’s in. We have apricot and almond trees here, too. But I’m an illegal person on my own land. That is our situation. Today is the last day of your holiday, that’s why I came here. Maybe there won’t be any Border Police.”

      “Kumi Ori, ki ba orekh,” says a makeshift monument in memory of Ori Ansbacher, a young woman murdered here in February by a man from Hebron. Qasem Abed Rabo, a brother of Nidal, who received the fine from the park ranger for harvesting his olives, asks activist Tatarsky if he can find out whether the house he owns is considered to be located in Jerusalem or in the territories. He still doesn’t know.

      “Welcome to Nahal Refaim National Park,” says a sign next to the current Walaja checkpoint. Its successor is already being built but work on it was stopped for unknown reasons. If and when it is completed, Ein Hanya will become a spring for Jews only and the groves on the mountainside below the village of Walaja will be cut off from their owners for good. Making this year’s harvest Walaja’s last.

      https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-israel-is-turning-an-ancient-palestinian-village-into-a-national-p
      https://seenthis.net/messages/807722

    • Sans mémoire des lieux ni lieux de mémoire. La Palestine invisible sous les forêts israéliennes

      Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, près de 240 millions d’arbres ont été plantés sur l’ensemble du territoire israélien. Dans l’objectif de « faire fleurir le désert », les acteurs de l’afforestation en Israël se situent au cœur de nombreux enjeux du territoire, non seulement environnementaux mais également identitaires et culturels. La forêt en Israël représente en effet un espace de concurrence mémorielle, incarnant à la fois l’enracinement de l’identité israélienne mais également le rappel de l’exil et de l’impossible retour du peuple palestinien. Tandis que 86 villages palestiniens détruits en 1948 sont aujourd’hui recouverts par une forêt, les circuits touristiques et historiques officiels proposés dans les forêts israéliennes ne font jamais mention de cette présence palestinienne passée. Comment l’afforestation en Israël a-t-elle contribué à l’effacement du paysage et de la mémoire palestiniens ? Quelles initiatives existent en Israël et en Palestine pour lutter contre cet effacement spatial et mémoriel ?

      https://journals.openedition.org/bagf/6779

    • Septembre 2021, un feu de forêt ravage Jérusalem et dévoile les terrassements agricoles que les Palestinien·nes avaient construit...
      Voici une image :

      « La nature a parlé » : un feu de forêt attise les rêves de retour des Palestiniens

      Un gigantesque incendie près de Jérusalem a détruit les #pins_européens plantés par les sionistes, exposant ainsi les anciennes terrasses palestiniennes qu’ils avaient tenté de dissimuler.

      Au cours de la deuxième semaine d’août, quelque 20 000 dounams (m²) de terre ont été engloutis par les flammes dans les #montagnes de Jérusalem.

      C’est une véritable catastrophe naturelle. Cependant, personne n’aurait pu s’attendre à la vision qui est apparue après l’extinction de ces incendies. Ou plutôt, personne n’avait imaginé que les incendies dévoileraient ce qui allait suivre.

      Une fois les flammes éteintes, le #paysage était terrible pour l’œil humain en général, et pour l’œil palestinien en particulier. Car les incendies ont révélé les #vestiges d’anciens villages et terrasses agricoles palestiniens ; des terrasses construites par leurs ancêtres, décédés il y a longtemps, pour cultiver la terre et planter des oliviers et des vignes sur les #pentes des montagnes.

      À travers ces montagnes, qui constituent l’environnement naturel à l’ouest de Jérusalem, passait la route Jaffa-Jérusalem, qui reliait le port historique à la ville sainte. Cette route ondulant à travers les montagnes était utilisée par les pèlerins d’Europe et d’Afrique du Nord pour visiter les lieux saints chrétiens. Ils n’avaient d’autre choix que d’emprunter la route Jaffa-Jérusalem, à travers les vallées et les ravins, jusqu’au sommet des montagnes. Au fil des siècles, elle sera foulée par des centaines de milliers de pèlerins, de soldats, d’envahisseurs et de touristes.

      Les terrasses agricoles – ou #plates-formes – que les agriculteurs palestiniens ont construites ont un avantage : leur durabilité. Selon les estimations des archéologues, elles auraient jusqu’à 600 ans. Je crois pour ma part qu’elles sont encore plus vieilles que cela.

      Travailler en harmonie avec la nature

      Le travail acharné du fermier palestinien est clairement visible à la surface de la terre. De nombreuses études ont prouvé que les agriculteurs palestiniens avaient toujours investi dans la terre quelle que soit sa forme ; y compris les terres montagneuses, très difficiles à cultiver.

      Des photographies prises avant la Nakba (« catastrophe ») de 1948, lorsque les Palestiniens ont été expulsés par les milices juives, et même pendant la seconde moitié du XIXe siècle montrent que les oliviers et les vignes étaient les deux types de plantation les plus courants dans ces régions.

      Ces végétaux maintiennent l’humidité du sol et assurent la subsistance des populations locales. Les #oliviers, en particulier, aident à prévenir l’érosion des sols. Les oliviers et les #vignes peuvent également créer une barrière naturelle contre le feu car ils constituent une végétation feuillue qui retient l’humidité et est peu gourmande en eau. Dans le sud de la France, certaines routes forestières sont bordées de vignes pour faire office de #coupe-feu.

      Les agriculteurs palestiniens qui les ont plantés savaient travailler en harmonie avec la nature, la traiter avec sensibilité et respect. Cette relation s’était formée au cours des siècles.

      Or qu’a fait l’occupation sioniste ? Après la Nakba et l’expulsion forcée d’une grande partie de la population – notamment le nettoyage ethnique de chaque village et ville se trouvant sur l’itinéraire de la route Jaffa-Jérusalem –, les sionistes ont commencé à planter des #pins_européens particulièrement inflammables sur de vastes portions de ces montagnes pour couvrir et effacer ce que les mains des agriculteurs palestiniens avaient créé.

      Dans la région montagneuse de Jérusalem, en particulier, tout ce qui est palestinien – riche de 10 000 ans d’histoire – a été effacé au profit de tout ce qui évoque le #sionisme et la #judéité du lieu. Conformément à la mentalité coloniale européenne, le « milieu » européen a été transféré en Palestine, afin que les colons puissent se souvenir de ce qu’ils avaient laissé derrière eux.

      Le processus de dissimulation visait à nier l’existence des villages palestiniens. Et le processus d’effacement de leurs particularités visait à éliminer leur existence de l’histoire.

      Il convient de noter que les habitants des villages qui ont façonné la vie humaine dans les montagnes de Jérusalem, et qui ont été expulsés par l’armée israélienne, vivent désormais dans des camps et communautés proches de Jérusalem, comme les camps de réfugiés de Qalandiya et Shuafat.

      On trouve de telles forêts de pins ailleurs encore, dissimulant des villages et fermes palestiniens détruits par Israël en 1948. Des institutions internationales israéliennes et sionistes ont également planté des pins européens sur les terres des villages de #Maaloul, près de Nazareth, #Sohmata, près de la frontière palestino-libanaise, #Faridiya, #Kafr_Anan et #al-Samoui sur la route Akka-Safad, entre autres. Ils sont maintenant cachés et ne peuvent être vus à l’œil nu.

      Une importance considérable

      Même les #noms des villages n’ont pas été épargnés. Par exemple, le village de Suba est devenu « #Tsuba », tandis que #Beit_Mahsir est devenu « #Beit_Meir », #Kasla est devenu « #Ksalon », #Saris est devenu « #Shoresh », etc.

      Si les Palestiniens n’ont pas encore pu résoudre leur conflit avec l’occupant, la nature, elle, s’est désormais exprimée de la manière qu’elle jugeait opportune. Les incendies ont révélé un aspect flagrant des composantes bien planifiées et exécutées du projet sioniste.

      Pour les Palestiniens, la découverte de ces terrasses confirme leur version des faits : il y avait de la vie sur cette terre, le Palestinien était le plus actif dans cette vie, et l’Israélien l’a expulsé pour prendre sa place.

      Ne serait-ce que pour cette raison, ces terrasses revêtent une importance considérable. Elles affirment que la cause palestinienne n’est pas morte, que la terre attend le retour de ses enfants ; des personnes qui sauront la traiter correctement.

      https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/israel-jerusalem-incendies-villages-palestiniens-nakba-sionistes-reto

      –—

      An Israeli Forest to Erase the Ruins of Palestinian Agricultural Terraces

      “Our forest is growing over, well, over a ruined village,” A.B. Yehoshua wrote in his novella “Facing the Forests.” The massive wildfire in the Jerusalem Hills last week exposed the underpinning of the view through the trees. The agricultural terraces were revealed in their full glory, and also revealed a historic record that Israel has always sought to obscure and erase – traces of Palestinian life on this land.

      On my trips to the West Bank and the occupied territories, when I passed by the expansive areas of Palestinian farmland, I was always awed by the sight of the long chain of terraces, mustabat or mudrajat in Arabic. I thrilled at their grandeur and the precision of the work that attests to the connection between the Palestinian fellah and his land. I would wonder – Why doesn’t the same “phenomenon” exist in the hills of the Galilee?

      When I grew up, I learned a little in school about Israeli history. I didn’t learn that Israel erased Palestinian agriculture in the Galilee and that the Jewish National Fund buried it once and for all, but I did learn that “The Jews brought trees with them” and planted them in the Land of Israel. How sterile and green. Greta Thunberg would be proud of you.

      The Zionist movement knew that in the war for this land it was not enough to conquer the land and expel its inhabitants, you also had to build up a story and an ethos and a narrative, something that will fit with the myth of “a people without a land for a land without a people.” Therefore, after the conquest of the land and the expulsion, all trace of the people who once lived here had to be destroyed. This included trees that grew without human intervention and those that were planted by fellahin, who know this land as they do their children and as they do the terraces they built in the hills.

      This is how white foreigners who never in their lives were fellahin or worked the land for a living came up with the national forestation project on the ruins of Arab villages, which David Ben-Gurion decided to flatten, such as Ma’alul and Suhmata. The forestation project including the importation of cypress and pine trees that were alien to this land and belong to colder climes, so that the new inhabitants would feel more at home and less as if they were in somebody else’s home.

      The planting of combustible cypresses and pines, which are not suited to the weather in this land, is not just an act of national erasure of the Palestinian natives, but also an act of arrogance and patronage, characteristics typical of colonialist movements throughout the world. All because they did not understand the nature, in both senses of the word, of the countries they conquered.

      Forgive me, but a biblical-historical connection is not sufficient. Throughout the history of colonialism, the new settlers – whether they ultimately left or stayed – were unable to impose their imported identity on the new place and to completely erase the place’s native identity. It’s a little like the forests surrounding Jerusalem: When the fire comes and burns them, one small truth is revealed, after so much effort went into concealing it.

      https://www.haaretz.com/opinion/.premium-an-israeli-forest-to-erase-the-ruins-of-palestinian-agricultural-t

      et ici :
      https://seenthis.net/messages/928766

    • Planter un arbre en Israël : une forêt rédemptrice et mémorielle

      Tout au long du projet sioniste, le végétal a joué un rôle de médiateur entre la terre rêvée et la terre foulée, entre le texte biblique et la réalité. Le réinvestissement national s’est opéré à travers des plantes connues depuis la diaspora, réorganisées en scènes signifiantes pour la mémoire et l’histoire juive. Ce lien de filiation entre texte sacré et paysage débouche sur une pratique de plantation considérée comme un acte mystique de régénération du monde.

      https://journals.openedition.org/diasporas/258

  • Epic Games Is Cutting About 900 Jobs, or 16% of Staff - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-09-28/epic-games-is-cutting-about-900-jobs-or-16-of-staff

    Epic Games Inc., the maker of the popular Fortnite video game, is laying off 870 employees as it seeks to rein in costs.

    “For a while now, we’ve been spending way more money than we earn,” Chief Executive Officer Tim Sweeney wrote in a memo to employees seen by Bloomberg News. “I had long been optimistic that we could power through this transition without layoffs, but in retrospect I see this was unrealistic.”

    The job cuts will affect about 16% of the workforce, according to people familiar with the matter, who asked not to be named disclosing information that’s not yet public. Epic didn’t immediately reply to a request for comment.

    Fortnite maker Epic Games to cut nearly 900 jobs, 16% of workforce
    https://www.axios.com/2023/09/28/fortnite-epic-900-cuts

    What they’re saying: Sweeney blamed the cuts on unrealistic growth expectations at the privately held company.

    "For a while now, we’ve been spending way more money than we earn, investing in the next evolution of Epic and growing Fortnite as a metaverse-inspired ecosystem for creators.
    “I had long been optimistic that we could power through this transition without layoffs, but in retrospect I see that this was unrealistic.”

    Epic Games Lays Off Over 800 Employees - Game Informer
    https://www.gameinformer.com/2023/09/28/epic-games-lays-off-over-800-employees

    Epic Games has announced it is laying off roughly 16 percent of its workforce, resulting in around 830 employees losing their jobs.

    Layoffs at Epic - Epic Games
    https://www.epicgames.com/site/en-US/news/layoffs-at-epic

    As we shared earlier, we are laying off around 16% of Epic employees. We’re divesting Bandcamp and spinning off most of SuperAwesome.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #business #ressources_humaines #licenciements #tim_sweeney #moteur_de_jeu #jeu_vidéo_fortnite

  • Où le #classement_de_Shanghaï mène-t-il l’#université française ?

    Le classement de #Shanghaï, dont les résultats sont publiés mardi 15 août, a façonné une idée jamais débattue de l’« #excellence ». Des universitaires appellent à définir « une vision du monde du savoir » propre au service public qu’est l’enseignement supérieur français.

    Des universités à la renommée mondiale qui attirent les meilleurs étudiants, les chercheurs les plus qualifiés et les partenaires financiers les plus magnanimes : depuis l’avènement des classements internationaux dans l’#enseignement_supérieur, il y a vingt ans, la quête d’une certaine idée de l’« excellence » a intégré le vocabulaire universitaire, jusqu’à se muer en un projet politique.

    En France, en août 2003, la première édition du classement de Shanghaï, qui publie mardi 15 août son édition 2023, a été un coup de tonnerre : ignorant les subtilités administratives hexagonales et la tripartition entre #universités, grandes écoles et organismes de recherche, le palmarès n’avait distingué dans son top 50 aucun des fleurons nationaux. Piqués au vif, les gouvernements successifs se sont engouffrés dans la brèche et ont cherché les outils pour se conformer aux #standards. En 2010, le président de la République, #Nicolas_Sarkozy, avait fixé à sa ministre de l’enseignement supérieur, #Valérie_Pécresse, un #objectif précis : placer deux établissements français dans les 20 premiers mondiaux et 10 parmi les 100 premiers du classement de Shanghaï.

    La loi relative aux libertés et responsabilités des universités, votée en 2007, portait alors ses premiers fruits, présentés en personne par Mme Pécresse, en juillet 2010, aux professeurs #Nian_Cai_Liu et #Ying_Cheng, les deux créateurs du classement. Les incitations aux #regroupements entre universités, grandes écoles et organismes de recherche ont fleuri sous différents noms au gré des appels à projets organisés par l’Etat pour distribuer d’importants investissements publics (#IDEX, #I-SITE, #Labex, #PRES, #Comue), jusqu’en 2018, avec le nouveau statut d’#établissement_public_expérimental (#EPE). Toutes ces tactiques politiques apparaissent comme autant de stigmates français du palmarès chinois.

    Ces grandes manœuvres ont été orchestrées sans qu’une question fondamentale soit jamais posée : quelle est la vision du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche que véhicule le classement de Shanghaï ? Lorsqu’il a été conçu, à la demande du gouvernement chinois, le palmarès n’avait qu’un objectif : accélérer la #modernisation des universités du pays en y calquant les caractéristiques des grandes universités nord-américaines de l’#Ivy_League, Harvard en tête. On est donc très loin du #modèle_français, où, selon le #code_de_l’éducation, l’université participe d’un #service_public de l’enseignement supérieur.

    « Société de marché »

    Pour la philosophe Fabienne Brugère, la France continue, comme la Chine, de « rêver aux grandes universités américaines sans être capable d’inventer un modèle français avec une #vision du savoir et la perspective d’un bonheur public ». « N’est-il pas temps de donner une vision de l’université ?, s’interroge-t-elle dans la revue Esprit (« Quelle université voulons-nous ? », juillet-août 2023, 22 euros). J’aimerais proposer un regard décalé sur l’université, laisser de côté la question des alliances, des regroupements et des moyens, pour poser une condition de sa gouvernance : une #vision_du_monde_du_savoir. »

    Citant un texte du philosophe Jacques Derrida paru en 2001, deux ans avant le premier classement de Shanghaï, la professeure à Paris-VIII définit l’université comme « inconditionnelle, en ce qu’elle peut #repenser_le_monde, l’humanité, élaborer des #utopies et des #savoirs nouveaux ». Or, « vingt ans après, force est de constater que ce texte reste un objet non identifié, et que rien dans le paysage universitaire mondial ne ressemble à ce qu’il projette, regrette Fabienne Brugère. Les grandes universités américaines que nous admirons et dans lesquelles Derrida a enseigné sont habitées par la société de marché ».

    Ironie du sort, c’est justement l’argent qui « coule à flots » qui garantit dans ces établissements de l’hyperélite des qualités d’étude et de bon encadrement ainsi qu’une administration efficace… Autant de missions que le service public de l’université française peine tant à remplir. « La scholè, le regard scolastique, cette disposition à l’étude, ce temps privilégié et déconnecté où l’on apprend n’est possible que parce que la grande machine capitaliste la fait tenir », déplore Mme Brugère.

    En imposant arbitrairement ses critères – fondés essentiellement sur le nombre de #publications_scientifiques en langue anglaise, de prix Nobel et de médailles Fields –, le classement de Shanghaï a défini, hors de tout débat démocratique, une #vision_normative de ce qu’est une « bonne » université. La recherche qui y est conduite doit être efficace économiquement et permettre un #retour_sur_investissement. « Il ne peut donc y avoir ni usagers ni service public, ce qui constitue un #déni_de_réalité, en tout cas pour le cas français », relevait le sociologue Fabien Eloire dans un article consacré au palmarès, en 2010. Est-il « vraiment raisonnable et sérieux de chercher à modifier en profondeur le système universitaire français pour que quelques universités d’élite soient en mesure de monter dans ce classement ? », questionnait le professeur à l’université de Lille.

    Derrière cet effacement des #spécificités_nationales, « une nouvelle rhétorique institutionnelle » s’est mise en place autour de l’« #économie_de_la_connaissance ». « On ne parle plus de “l’#acquisition_du_savoir”, trop marquée par une certaine #gratuité, mais de “l’#acquisition_de_compétences”, efficaces, directement orientées, adaptatives, plus en phase avec le discours économique et managérial », concluait le chercheur.

    Un poids à relativiser

    A y regarder de plus près, Shanghaï et les autres classements internationaux influents que sont les palmarès britanniques #QS_World_University_Rankings (#QS) et #Times_Higher_Education (#THE) valorisent des pays dont les fleurons n’accueillent finalement qu’un effectif limité au regard de leur population étudiante et du nombre total d’habitants. Le poids réel des « #universités_de_prestige » doit donc être relativisé, y compris dans les pays arrivant systématiquement aux tout premiers rangs dans les classements.

    Pour en rendre compte, Le Monde a listé les 80 universités issues de 16 pays qui figuraient en 2022 parmi les 60 premières des classements QS, THE et Shanghaï. Grâce aux sites Internet des établissements et aux données de Campus France, le nombre total d’étudiants dans ces universités a été relevé, et mis en comparaison avec deux autres statistiques : la démographie étudiante et la démographie totale du pays.

    Le cas des Etats-Unis est éclairant : ils arrivent à la 10e position sur 16 pays, avec seulement 6,3 % des étudiants (1,2 million) dans les 33 universités classées, soit 0,36 % de la population américaine.

    Singapour se place en tête, qui totalise 28,5 % des étudiants inscrits (56 900 étudiants) dans les huit universités de l’hyperélite des classements, soit 0,9 % de sa population. Suivent Hongkong, avec 60 500 étudiants dans quatre universités (20,7 % des étudiants, 0,8 % de sa population), et la Suisse, avec 63 800 étudiants dans trois établissements (19,9 % des étudiants, 0,7 % de sa population).

    Avec 98 600 étudiants dans quatre universités classées (Paris-Saclay, PSL, Sorbonne Université, Institut polytechnique de Paris), la France compte 3,2 % des étudiants dans l’hyperélite universitaire mondiale, soit 0,1 % de la population totale.

    La Chine arrive dernière : 255 200 étudiants sont inscrits dans les cinq universités distinguées (Tsinghua, Peking, Zhejiang, Shanghai Jiao Tong et Fudan), ce qui représente 0,08 % de sa population étudiante et 0,018 % de sa population totale.

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/08/14/ou-le-classement-de-shanghai-mene-t-il-l-universite-francaise_6185365_440146

    #compétences #critique

    • Classement de Shanghaï 2023 : penser l’enseignement supérieur en dehors des palmarès

      Depuis vingt ans, les responsables politiques français ont fait du « standard » de Shanghaï une clé de #réorganisation des établissements d’enseignement supérieur. Mais cet objectif d’inscription dans la #compétition_internationale ne peut tenir lieu de substitut à une #politique_universitaire.

      Comme tous les classements, celui dit « de Shanghaï », censé comparer le niveau des universités du monde entier, suscite des réactions contradictoires. Que les championnes françaises y soient médiocrement placées, et l’on y voit un signe de déclassement ; qu’elles y figurent en bonne place, et c’est le principe du classement qui vient à être critiqué. Le retour de l’université française Paris-Saclay dans le top 15 de ce palmarès de 1 000 établissements du monde entier, établi par un cabinet chinois de consultants et rendu public mardi 15 août, n’échappe pas à la règle. Au premier abord, c’est une bonne nouvelle pour l’enseignement supérieur français, Paris-Saclay se hissant, derrière l’américaine Harvard ou la britannique Cambridge, au rang de première université non anglo-saxonne.

      Pourtant, ce succès apparent pose davantage de questions qu’il n’apporte de réponses sur l’état réel de l’enseignement supérieur français. Certes, la montée en puissance du classement chinois, créé en 2003, a participé à l’indispensable prise de conscience de l’inscription du système hexagonal dans un environnement international concurrentiel. Mais les six critères qui président arbitrairement à ce « hit-parade » annuel, focalisés sur le nombre de prix Nobel et de publications dans le seul domaine des sciences « dures », mais qui ignorent étrangement la qualité de l’enseignement, le taux de réussite ou d’insertion professionnelle des étudiants, ont conforté, sous prétexte d’« excellence », une norme restrictive, au surplus indifférente au respect des libertés académiques, politique chinoise oblige.

      Que les responsables politiques français aient, depuis vingt ans, cédé à ce « standard » de Shanghaï au point d’en faire une clé de réorganisation des établissements d’enseignement supérieur ne laisse pas d’étonner. Le principe « grossir pour être visible » (dans les classements internationaux) a servi de maître mot, il est vrai avec un certain succès. Alors qu’aucun établissement français ne figurait dans les cinquante premières places en 2003, ils sont trois aujourd’hui. Paris-Saclay résulte en réalité de la fusion d’une université, de quatre grandes écoles et de sept organismes de recherche, soit 13 % de la recherche française.

      Mais cette politique volontariste de #fusions à marche forcée, soutenue par d’importants crédits, n’a fait qu’alourdir le fonctionnement des nouvelles entités. Surtout, cette focalisation sur la nécessité d’atteindre à tout prix une taille critique et de favoriser l’excellence n’a fait que masquer les #impensés qui pèsent sur l’enseignement supérieur français : comment améliorer la #qualité de l’enseignement et favoriser la réussite du plus grand nombre ? Quid du dualisme entre universités et grandes écoles ? Quelles sources de financement pour éviter la paupérisation des universités ? Comment éviter la fuite des chercheurs, aux conditions de travail de plus en plus difficiles ? Et, par-dessus tout : quel rôle dans la construction des savoirs dans un pays et un monde en pleine mutation ?

      A ces lourdes interrogations, l’#obsession du classement de Shanghaï, dont le rôle de promotion des standards chinois apparaît de plus en plus nettement, ne peut certainement pas répondre. Certes, l’enseignement supérieur doit être considéré en France, à l’instar d’autres pays, comme un puissant outil de #soft_power. Mais l’objectif d’inscription dans la compétition internationale ne peut tenir lieu de substitut à une politique universitaire absente des débats et des décisions, alors qu’elle devrait y figurer prioritairement.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/15/classement-de-shanghai-2023-penser-l-enseignement-superieur-en-dehors-des-pa

    • Au même temps, #Emmanuel_Macron...

      Avec 27 universités représentées, le classement de Shanghai met à l’honneur l’excellence française.

      Acteurs de l’enseignement et de la recherche : merci !

      Vous faites de la France une grande Nation de formation, de recherche et d’innovation. Nous continuerons à vous soutenir.


      https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1691339082905833473
      #Macron

    • Classement de Miamïam des universités françaises.

      Ayé. Comme chaque année le classement de Shangaï est paru. Et l’auto-satisfecit est de mise au sommet de l’état (Macron, Borne, et bien sûr Oui-Oui Retailleau). Imaginez un peu : 27 de nos établissements français (universités et grandes écoles) y figurent.

      Rappel pour les gens qui ne sont pas familiers de ces problématiques : le classement de Shangaï est un classement international très (mais vraiment très très très) sujet à caution, qui s’est imposé principalement grâce à une bonne stratégie marketing (et à un solide lobbying), et qui ne prend en compte que les publications scientifiques des enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses de l’université : ce qui veut dire qu’il ne regarde pas “l’activité scientifique” dans sa globalité, et que surtout il n’en a rien à secouer de la partie “enseignement” ni, par exemple, du taux de réussite des étudiants et étudiantes. C’est donc une vision a minima hémiplégique de l’université. Il avait été créé par des chercheurs de l’université de Shangaï comme un Benchmark pour permettre aux université chinoises d’essayer de s’aligner sur le modèle de publication scientifique des universités américaines, donc dans un contexte très particulier et avec un objectif politique de soft power tout à fait explicite. Ces chercheurs ont maintenant créé leur boîte de consultants et se gavent en expliquant aux universités comment l’intégrer. L’un des co-fondateurs de ce classement explique notamment : “Avant de fusionner, des universités françaises nous ont demandé de faire une simulation de leur future place dans le classement“.

      Bref du quantitatif qui vise à souligner l’élitisme (pourquoi pas) et qui n’a pour objet que de le renforcer et se cognant ostensiblement de tout paramètre qualitatif a fortiori si ce qualitatif concerne les étudiant.e.s.

      Mais voilà. Chaque été c’est la même tannée et le même marronier. Et les mêmes naufrageurs de l’action publique qui se félicitent ou se navrent des résultats de la France dans ledit classement.

      Cette année c’est donc, champagne, 27 établissements français qui se retrouvent “classés”. Mal classés pour l’essentiel mais classés quand même : les 4 premiers (sur la jolie diapo du service comm du gouvernement) se classent entre la 16ème (Paris-Saclay) et la 78ème place (Paris Cité) et à partir de la 5ème place (sur la jolie diapo du service comm du gouvernement) on plonge dans les limbes (Aix-Marseille est au-delà de la 100ème place, Nantes au-delà de la 600ème). Alors pourquoi ce satisfecit du gouvernement ? [Mise à jour du 16 août] Auto-satisfecit d’ailleurs étonnant puisque si l’on accorde de la valeur à ces classements, on aurait du commencer par rappeler qu’il s’agit d’un recul : il y avait en effet 30 établissements classés il y a deux ans et 28 l’année dernière. Le classement 2023 est donc un recul. [/mise à jour du 16 août]

      Non pas parce que les chercheurs sont meilleurs, non pas parce que la qualité de la recherche est meilleure, non pas parce que les financements de la recherche sont plus importants et mieux dirigés, mais pour deux raisons principales.

      La première raison est que depuis plusieurs années on s’efforce d’accroître le “rendement” scientifique des personnels en vidant certaines universités de leurs activités et laboratoires de recherche (et en y supprimant des postes) pour le renforcer et le concentrer dans (très peu) d’autres universités. C’est le grand projet du libéralisme à la française qui traverse les présidences de Sarkozy à Macron en passant par Hollande : avoir d’un côté des université “low cost” dans lesquelles on entasserait les étudiant.e.s jusqu’à bac+3 et où on ferait le moins de recherche possible, et de l’autre côté des “universités de recherche et d’excellence” où on n’aurait pas grand chose à foutre de la plèbe étudiante et où on commencerait à leur trouver un vague intérêt uniquement à partir du Master et uniquement pour les meilleur.e.s et uniquement dans certains domaines (genre pas en histoire de l’art ni en études littéraires ni dans la plupart des sciences humaines et sociales).

      La seconde raison de ce “bon” résultat est que les universités se sont regroupées administrativement afin que les publications de leurs chercheurs et chercheuses soient mieux prises en compte dans le classement de Shangaï. Exemple : il y a quelques années, il y avait plusieurs sites universitaires dans les grandes villes. Chaque site était celui d’une discipline ou d’un regroupement de discipline. On avait à Toulouse, à Nantes et ailleurs la fac de droit, la fac de sciences, la fac de lettres, etc. Et les chercheurs et chercheuses de ces universités, quand ils publiaient des articles dans des revues scientifiques, “signaient” en s’affiliant à une institution qui était “la fac de sciences de Toulouse Paul Sabatier” ou “la fac de lettre de Toulouse le Mirail” ou “la fac de droit de Toulouse”. Et donc au lieu d’avoir une seule entité à laquelle rattacher les enseignants-chercheurs on en avait trois et on divisait d’autant les chances de “l’université de Toulouse” de monter dans le classement.

      Donc pour le dire rapidement (et sans pour autant remettre en cause l’excellence de la recherche française dans pas mal de disciplines, mais une excellence dans laquelle les politiques publiques de ce gouvernement comme des précédents ne sont pas pour grand-chose), la France gagne des places dans le classement de Shangaï d’une part parce qu’on s’est aligné sur les règles à la con dudit classement, et d’autre part parce qu’on a accepté de sacrifier des pans entiers de financements publics de la recherche dans certains secteurs (notamment en diminuant drastiquement le nombre de postes disponibles).

      Allez je vous offre une petite comparaison. Évaluer la qualité de l’université et de la recherche française à partir du classement de Shangaï c’est un peu comme si on prétendait évaluer la qualité de la gastronomie française à partir d’un référentiel établi par Mac Donald : on serait rapidement en capacité de comprendre comment faire pour gagner des places, mais c’est pas sûr qu’on mangerait mieux.

      Je vous propose donc un classement alternatif et complémentaire au classement de Shangaï : le classement de Miamïam. Bien plus révélateur de l’état actuel de l’université française.
      Classement de Miamïam.

      Ce classement est simple. Pour y figurer il faut juste organiser des distributions alimentaires sur son campus universitaire.

      Le résultat que je vous livre ici est là aussi tout à fait enthousiasmant [non] puisqu’à la différence du classement de Shangaï ce sont non pas 27 universités et établissements mais (au moins) 40 !!! L’excellence de la misère à la française.

      Quelques précisions :

      – ce classement n’est pas exhaustif (j’ai fait ça rapidement via des requêtes Google)
      – l’ordre des universités ne signifie rien, l’enjeu était juste de lister “l’offre” qu’elles proposaient sans prendre en compte l’ancienneté ou la fréquence de ces distributions ni le nombre d’étudiant.e.s touché.e.s
      - ce classement est très en dessous de la réalité : par exemple je n’ai inscrit qu’une seule fois l’université de Nantes alors que des distributions alimentaires sont aussi organisées sur son campus de la Roche sur Yon. Beaucoup des universités présentes dans ce classement organisent en fait des distributions alimentaires sur plusieurs de leurs campus et devraient donc y figurer 2, 3 ou 4 fois au moins.
      - je me suis autorisé, sans la solliciter, à utiliser comme crédit image la photo de Morgane Heuclin-Reffait pour France Info, j’espère qu’elle me le pardonnera.

      [Mise à jour du 16 Août]

      On invite aussi le gouvernement à regarder le classement du coût de la vie pour les étudiantes et étudiants : en constante augmentation, et atteignant une nouvelle fois, pour cette population déjà très précaire, des seuils d’alerte indignes d’un pays civilisé.

      Enfin on pourra, pour être complet dans la recension de l’abandon politique de l’université publique, signaler la stratégie de mise à mort délibérée par asphyxie conduite par les gouvernements successifs depuis plus de 15 ans. Extrait :

      “En dix ans, le nombre de recrutements d’enseignants-chercheurs titulaires a diminué de près de moitié, avec 1 935 ouvertures de poste en 2021, contre 3 613 en 2011. En 2022, on enregistre un léger sursaut, avec 2 199 postes de professeur d’université et de maître de conférences ouverts.

      La situation est d’autant plus paradoxale que les universités se vident de leurs enseignants-chercheurs chevronnés, avec un nombre de départs à la retraite en hausse de + 10,4 % en 2021 et de + 10,5 % en 2022, selon une note statistique du ministère publiée en juin. Un avant-goût de la décennie qui vient, marquée par des départs massifs de la génération du baby-boom : entre 2021 et 2029, le ministère prévoit une augmentation de 53 % en moyenne, et de 97 % en sciences – le bond le plus élevé.“

      https://affordance.framasoft.org/2023/08/classement-shangai-miam-miam

  • Rising Interest Rates Might Herald the End of the Open Internet | WIRED
    https://www.wired.com/story/rising-interest-rates-might-herald-the-end-of-the-open-internet

    Web 2.0 took off with help from the economic conditions of the 2000s. Recent moves from Reddit and Twitter signal that that era is coming to an end.

    Tim Hwang is a policy analyst and the author of Subprime Attention Crisis, a book about the global bubble of programmatic advertising. Follow him on Twitter @timhwang.

    Tianyu Fang is a writer and researcher. He was part of Chaoyang Trap, an experimental newsletter about culture and life on the Chinese internet. Follow him on Twitter @tianyuf.

    Photo-illustration: WIRED Staff; Getty Images

    The open internet once seemed inevitable. Now, as global economic woes mount and interest rates climb, the dream of the 2000s feels like it’s on its last legs. After abruptly blocking access to unregistered users at the end of last month, Elon Musk announced unprecedented caps on the number of tweets—600 for those of us who aren’t paying $8 a month—that users can read per day on Twitter. The move follows the platform’s controversial choice to restrict third-party clients back in January.

    This wasn’t a standalone event. Reddit announced in April that it would begin charging third-party developers for API calls this month. The Reddit client Apollo would have to pay more than $20 million a year under new pricing, so it closed down, triggering thousands of subreddits to go dark in protest against Reddit’s new policy. The company went ahead with its plan anyway.

    Leaders at both companies have blamed this new restrictiveness on AI companies unfairly benefitting from open access to data. Musk has said that Twitter needs rate limits because AI companies are scraping its data to train large language models. Reddit CEO Steve Huffman has cited similar reasons for the company’s decision to lock down its API ahead of a potential IPO this year.

    These statements mark a major shift in the rhetoric and business calculus of Silicon Valley. AI serves as a convenient boogeyman, but it is a distraction from a more fundamental pivot in thinking. Whereas open data and protocols were once seen as the critical cornerstone of successful internet business, technology leaders now see these features as a threat to the continued profitability of their platforms.

    It wasn’t always this way. The heady days of Web 2.0 were characterized by a celebration of the web as a channel through which data was abundant and widely available. Making data open through an API or some other means was considered a key way to increase a company’s value. Doing so could also help platforms flourish as developers integrated the data into their own apps, users enriched datasets with their own contributions, and fans shared products widely across the web. The rapid success of sites like Google Maps—which made expensive geospatial data widely available to the public for the first time—heralded an era where companies could profit through free, mass dissemination of information.

    “Information Wants To Be Free” became a rallying cry. Publisher Tim O’Reilly would champion the idea that business success in Web 2.0 depended on companies “disagreeing with the consensus” and making data widely accessible rather than keeping it private. Kevin Kelly marveled in WIRED in 2005 that “when a company opens its databases to users … [t]he corporation’s data becomes part of the commons and an invitation to participate. People who take advantage of these capabilities are no longer customers; they’re the company’s developers, vendors, skunk works, and fan base.” Investors also perceived the opportunity to generate vast wealth. Google was “most certainly the standard bearer for Web 2.0,” and its wildly profitable model of monetizing free, open data was deeply influential to a whole generation of entrepreneurs and venture capitalists.

    Of course, the ideology of Web 2.0 would not have evolved the way it did were it not for the highly unusual macroeconomic conditions of the 2000s and early 2010s. Thanks to historically low interest rates, spending money on speculative ventures was uniquely possible. Financial institutions had the flexibility on their balance sheets to embrace the idea that the internet reversed the normal laws of commercial gravity: It was possible for a company to give away its most valuable data and still get rich quick. In short, a zero interest-rate policy, or ZIRP, subsidized investor risk-taking on the promise that open data would become the fundamental paradigm of many Google-scale companies, not just a handful.

    Web 2.0 ideologies normalized much of what we think of as foundational to the web today. User tagging and sharing features, freely syndicated and embeddable links to content, and an ecosystem of third-party apps all have their roots in the commitments made to build an open web. Indeed, one of the reasons that the recent maneuvers of Musk and Huffman seem so shocking is that we have come to expect data will be widely and freely available, and that platforms will be willing to support people that build on it.

    But the marriage between the commercial interests of technology companies and the participatory web has always been one of convenience. The global campaign by central banks to curtail inflation through aggressive interest rate hikes changes the fundamental economics of technology. Rather than facing a landscape of investors willing to buy into a hazy dream of the open web, leaders like Musk and Huffman now confront a world where clear returns need to be seen today if not yesterday.

    This presages major changes ahead for the design of the internet and the rights of users. Twitter and Reddit are pioneering an approach to platform management (or mismanagement) that will likely spread elsewhere across the web. It will become increasingly difficult to access content without logging in, verifying an identity, or paying a toll. User data will become less exportable and less shareable, and there will be increasingly fewer expectations that it will be preserved. Third-parties that have relied on the free flow of data online—from app-makers to journalists—will find APIs ever more expensive to access and scraping harder than ever before.

    We should not let the open web die a quiet death. No doubt much of the foundational rhetoric of Web 2.0 is cringeworthy in the harsh light of 2023. But it is important to remember that the core project of building a participatory web where data can be shared, improved, critiqued, remixed, and widely disseminated by anyone is still genuinely worthwhile.

    The way the global economic landscape is shifting right now creates short-sighted incentives toward closure. In response, the open web ought to be enshrined as a matter of law. New regulations that secure rights around the portability of user data, protect the continued accessibility of crucial APIs to third parties, and clarify the long-ambiguous rules surrounding scraping would all help ensure that the promise of a free, dynamic, competitive internet can be preserved in the coming decade.

    For too long, advocates for the open web have implicitly relied on naive beliefs that the network is inherently open, or that web companies would serve as unshakable defenders of their stated values. The opening innings of the post-ZIRP world show how broader economic conditions have actually played the larger role in architecting how the internet looks and feels to this point. Believers in a participatory internet need to reach for stronger tools to mitigate the effects of these deep economic shifts, ensuring that openness can continue to be embedded into the spaces that we inhabit online.

    Tim Hwang est l’auteur de “Le grand krach de l’attention”
    https://cfeditions.com/krach

    #Tim_Hwang #Internet_ouvert #Open_data

  • Peak social media: The ads machine | Financial Times
    https://www.ft.com/content/3c34d62d-20d3-47e3-b487-8d78edd0d4ac

    This is an audio transcript of the Tech Tonic podcast episode: ‘Peak social media: The ads machine’

    [MUSIC PLAYING]

    Elaine Moore
    So here’s a question. Who does the founder of Facebook, Mark Zuckerberg, turn to for advice? There was a time when that person was Roger McNamee. He’s a veteran tech investor. And in 2006, he was sitting in his office in Silicon Valley when his phone rang. (Phone ringing)

    Roger McNamee
    I get a phone call from one of Mark’s senior executives who said, “My boss is facing a huge crisis and he needs to talk to somebody who is very experienced but not conflicted. Would you be willing to take a meeting with Mark?”

    Elaine Moore
    McNamee had been putting money into tech start-ups since the 1980s. He knew the scene well. His opinions were respected. Mark Zuckerberg had started Facebook just two years earlier, but his new social media platform was already taking off, gathering millions of users. And Zuckerberg had a big decision to make.

    Roger McNamee
    Mark came by my office. And keep in mind, he was 22. So this was the middle of 2006. He was 22. I was 50. And he looked just like Mark Zuckerberg. I mean, you know, he had the sandals and the skinny jeans, the grey T-shirt, the hoodie. And we opened the meeting by me introducing myself and saying, “Mark, if it has not already happened, either Microsoft or Yahoo is going to offer $1bn for Facebook. And everybody you know — your board of directors, your investors, your employees, your management team, your parents — are gonna tell you, Mark, sell the company. You’ll have $650mn of your own money. You can go out and change the world. Your venture capitalist will offer to back your next company. He’ll tell you it will be better than Facebook. And I’m here to tell you that that’s all garbage.”

    Elaine Moore
    McNamee had already watched several tech companies change the face of the internet. He’d seen Google dominate the search engine and Amazon master online shopping, and he thought Facebook had the potential to turn social networking into something just as big. So he told Zuckerberg, don’t sell — not even for $1bn.

    Roger McNamee
    You’re gonna have the first really huge social media platform that does a really good thing for society, and it’ll only happen if you see this through. If you sell the company, it won’t work that way. He doesn’t say a thing. He goes through a series of thinker poses. He’s obviously thinking really hard about what I said to him, you know, I mean, the presence of an Olympic-class thinker and . . . after five minutes he goes, “What you just said, that story you told, that’s why I’m here. Yahoo’s offered $1bn.” And I said, “Well, do you want to sell the company?” He goes, “I don’t want to disappoint everybody. But no, I don’t want to sell.” And so I explained to him how he could very gracefully explain to everybody that, “Hey, we’re doing really, really well. This is not a good time to sell the company. You signed up to back my vision, and I still believe in my vision, so let’s go for it.” And I was a true believer.

    Elaine Moore
    Zuckerberg didn’t sell. Instead, he went on to turn Facebook from a social network with a few million users into a global giant that ended up connecting 3bn people around the world. And in the process, he turned social media into a moneymaking machine and Facebook into one of the biggest and most powerful companies in the world. How did he do it? Well, as he told the US Congress years later: with advertising.

    Orrin Hatch
    Mr Zuckerberg, I remember well your first visit to Capitol Hill back in 2010. You said back then that Facebook would always be free. How do you sustain a business model in which users don’t pay for your service?

    Mark Zuckerberg
    Senator, we run ads.

    [MUSIC PLAYING]

    Elaine Moore
    This is Tech Tonic from the Financial Times. I’m Elaine Moore. This season of the podcast is about the future of social media. I’m asking whether the era of social media — one created by platforms like Facebook more than 15 years ago — is coming to an end. And if so, what comes next? In this episode, how Mark Zuckerberg used ads to turn social networking into a trillion-dollar business and why, after a decade of incredible growth, he now thinks the future of the company lies in a completely different direction.

    [MUSIC PLAYING]

    Advertising powers social media. That’s why the likes of Instagram, Facebook and WhatsApp are free. But advertising wasn’t always going to be the dominant business model of the internet.

    Ethan Zuckerman
    It seemed really peculiar in the late ‘90s that we were going to use the same business model as, say, print magazines. Everyone felt like advertising was just a very poor compromise. Even in the late ‘90s no one liked it. We just couldn’t make anything else work.

    Elaine Moore
    Ethan Zuckerman is a professor at the University of Massachusetts. He focuses on public policy and media. But back in the ‘90s, he co-founded an internet start-up, a kind of precursor to social media, and it had a problem common to start-ups: how to make money.

    Ethan Zuckerman
    I was one of the founding team for a company called Tripod.com. Tripod was one of the very first user-generated content sites on the web, which is to say our business model was giving people a little bit of internet space with which they could build their own personal homepages. This turned out to be incredibly popular. We had millions and millions of users who wanted their own little piece of the web. They wanted to talk about their hobbies. They wanted to talk about their interests. What they did not want to do was pay.

    Elaine Moore
    Zuckerman and his colleagues hoped people might sign up for a subscription to use their platform. But no one was interested. They thought about some kind of system of micropayments, but that didn’t work either. The only way to make money was to sell space on the platform to advertisers. This led to some interesting early innovations in the world of online advertising, like the one that Zuckerman himself invented: the pop-up ad.

    Ethan Zuckerman
    Advertisers were not completely comfortable with the idea of being on content that didn’t have editorial control. They were very worried that users might say things that were racist or inflammatory or stupid or in some way in conflict with their brands. And so my boss asked me, can you find some way of putting some distance between the advertisement, which we need to survive and the user’s content, which is where we were getting all of our traffic? And in a fit of whatever is the opposite of genius, I came up with the pop-up ad. So the idea was, well, they’re not in the same window anymore. Your homepage is in one window, the ad is in a different window. Everyone will be happy. Spoiler alert: no one was happy.

    Elaine Moore
    If you used the internet in the late ‘90s and early 2000s, pop-up ads were the bane of your existence. Everywhere you went little adverts would appear all over your screen. It was like a game of Whac-A-Mole. You’d have to go around closing them before you could see the web page you were trying to visit. If that rings any bells, Zuckerman is full of remorse for the hassle he inadvertently caused you. By the early 2000s, browsers started to block pop-up ads. They’re now a relic of the ‘90s internet. But other innovations around advertising were more successful. Early internet builders like Zuckerman found that web pages made by users themselves, user-generated content, told you things about their creators. And it turned out that this information was really useful to advertisers.

    Ethan Zuckerman
    We were interested in targeting ads based on the content of a user’s page. We used very primitive, very early machine learning to say this is a page about cars or this is a page about video games, and tried to target based on that. Where it’s gone from here, of course, is it’s gotten vastly more surveillance. The way that ad targeting works now is we follow you all over the web and then we try to make guesses at who you are based on what you do.

    Elaine Moore
    When Facebook came along, it took this idea of targeted advertising to a whole new level. Facebook was attractive to advertisers because it had so many users. That meant a lot of potential customers to see ad, click on links and buy products. But it also had a lot of information about those users. When you signed up for a profile, you provided things like your birthday, your hometown, and your relationship status. Using the like button, you told Facebook all about your interests. But the real turning point came when Facebook started to absorb even more data — tracking the activity of its users, even when they weren’t on Facebook.

    Roger McNamee
    For the longest time, Mark’s view was “I’m only gonna use the data that people give us inside Facebook.” And Facebook gave advertisers access to things they couldn’t get anywhere else — all kinds of emotional and personal data. But in 2013, Mark changed his position.

    Elaine Moore
    For the Silicon Valley investor Roger McNamee, Zuckerberg’s decision to start gathering vast amounts of data on users from all over the web was the turning point for Facebook’s business. It could offer advertisers something they couldn’t get anywhere else.

    Roger McNamee
    They essentially went from not having third-party data to having every piece of third-party data imaginable. And with it, the targeting went from whatever it was, which was not good enough, to something that advertisers perceived as absolutely unique, better than anything available anywhere else. And Facebook, because it had more users than anyone else, could credibly argue in 2013 that they could provide an advertiser with the equivalent of the US Super Bowl, 365 days a year. And that changed everything overnight.

    Elaine Moore
    Facebook could build up a comprehensive profile of you, putting you into specific categories of consumer and then offering advertisers the opportunity to put exactly the right adverts tailored to you in front of you when you went online. After his first meeting with Zuckerberg in 2006, McNamee began regularly advising the new founder. He invested in the company and says he helped Zuckerberg recruit Sheryl Sandberg, credited with driving the growth of the ads business. But in recent years, McNamee has started to speak out against Facebook’s data-gathering habits and the way that he believes users can be manipulated by disinformation campaigns that undermine society. He says he tried to warn Facebook.

    Roger McNamee
    I reached out to my former advisees, Mark Zuckerberg and Sheryl Sandberg, in October of 2016 to warn them because I thought that it would be bad for the company to get a reputation for undermining civil rights and democracy. I don’t think any company wants that. But it turns out that the temptations offered by data and the ability to manipulate people’s choices, they were irresistible because in the end, every time you did one of the things that caused harm, your stock price went up a lot because those things were so profitable. And when I began talking about the harms of Facebook, people looked at me and go, “Roger, what are you talking about? The stock is going up every day.”

    Elaine Moore
    It turned out that using data to sell targeted ads was extremely lucrative. The money poured in. Along with Google, Facebook came to dominate global digital advertising. By 2021, it had become a trillion-dollar company. But lately, there are signs that Facebook’s astonishing growth is faltering. At the end of 2021, the platform’s user base shrank for the first time. Last year, for the first time ever, revenues also fell. It led investors and analysts to wonder: is Facebook running out of steam?

    Facebook turned itself into a social media giant by gathering huge amounts of data and perfecting the digital ads business.

    Steven Levy
    Facebook was able to get an amazing amount of information on people with relatively few inputs.

    Elaine Moore
    Steven Levy has followed Facebook since the beginning. He’s editor-at-large at Wired and spent years embedded with the company for his book Inside Facebook. He says the sophistication of the ads business that Facebook built is extremely impressive.

    Steven Levy
    One turning point was the like button. By simply indicating what pieces of content you liked, Facebook knew an incredible amount about you. One researcher figured out that with 10 likes, Facebook could figure out your political affiliation, your sexual orientation, and other things. With 30 likes, it would know you as well as a friend. With 100 likes, it would know you as well as a close friend. And with a couple hundred likes, it would know you as well as your spouse.

    Elaine Moore
    But today there are questions about whether targeted ads can keep delivering the same level of growth for Facebook. It’s getting harder for companies that rely on this business model to make money. Last year, social media companies saw their share prices plummet. Snap, the company behind Snapchat, fell 80 per cent, and Facebook, now rebranded as Meta, saw its market value fall 64 per cent. In response, Zuckerberg cut thousands of jobs.

    One problem is that there’s been a general downturn in the economy, which means companies have cut back on the money they spend on advertising. But there’s a broader cause for concern — that the endless stream of data gathered from users, the fuel that powers the whole digital advertising machine might be drying up.

    Recently, Apple made a small but significant change to its iPhone privacy settings. Before, apps like Facebook could track user behaviour automatically unless users opted out. Now users were being explicitly asked if they wanted to be targeted for ads. The majority appear to have said no. Meta estimated that this move alone could cost the company $10bn in lost ad revenue.

    Steven Levy
    When Apple made it more difficult for them, that was a blow because I think Facebook came to take it for granted that its . . . our business was inviolable. They thought that they keep raking it in through advertising and they would have that data that no one else had and deliver value to advertisers that no one else could match. And they wouldn’t have to worry about that.

    [MUSIC PLAYING]

    Elaine Moore
    The thing is, Apple changing its privacy settings may not be the last restriction on user data. Over the years, there’s been a growing concern about the amount of information that social media platforms gather. Around the world, regulators want to better police how that data is used. That could mean even less access to data for platforms like Facebook. And as a result, less ad revenue. But some people think there’s an even more fundamental problem — that targeted digital advertising was never as effective as it claimed to be. Maybe the model that helped to build the modern social media economy was always flawed.

    Tim Hwang
    The dream of digital advertising, you know, what Facebook was selling early on was, “Hey, we’re an advertising company, but we’re way better than traditional advertising. I can find the consumer that is just poised to buy your product. I can deliver this message to them at the right place at the right time, and they will go buy the product.” There’s a lot of research to suggest that those things might just fundamentally not be true.

    Elaine Moore
    Tim Hwang used to work for Google, the other major seller of digital ad space along with Facebook. He says the whole idea of targeted advertising — using data to offer effective ads — might be oversold.

    Tim Hwang
    It’s actually unclear whether or not the ad ever, in fact, reaches a person at all. So there’s some data to suggest that basically about 56 per cent of ads are never seen, right? Like it’s delivered to someone’s screen, but they just browse through it. They don’t see it. There’s also a lot of fraud in the system. So it’s actually unclear whether or not that click-through, right, actually belongs to a person or belongs to a bot. So some estimates suggest that even like one out of every $3 spent on the ad ecosystem is fraudulent. Actually, it’s delivered to a bot or delivered to what’s known as a click farm, or someone is sort of paid literally to kind of click on ads.

    Elaine Moore
    Hwang also says that even when ads do reach the right person, it’s not clear they actually encourage that person to buy the product.

    Tim Hwang
    What the advertiser sees is we put money into online ads and a person bought the product. One of the interesting things about those consumers is that they would have bought the product anyways even if you hadn’t advertised to them. And so actually in many cases you’re just targeting consumers that would have purchased anyways.

    Elaine Moore
    But surely digital advertising, it is going towards a more specific group than if you just put an advert into a newspaper?

    Tim Hwang
    Well, I would actually even challenge that as well. There’s a study that basically suggests about 41 per cent of ad data may be inaccurate. So, you know, the dream is, hey, you can target Tim Hwang. He’s a male, 25 to 35, you know, living on the East Coast of the United States. When actually the ad arrives, it turns out you’re targeting female, 75 to 95, living in the UK. And so I think there actually is real questions even about the veracity of the data collected and whether or not, in fact, you are getting better results.

    Elaine Moore
    Hwang thinks the entire digital advertising industry is in a bit of a bubble, and he says the current troubles in the ads market — advertisers spending less, worries about access to user data — could expose that.

    You talk about this idea that the digital advertising ecosystem is at risk of collapsing or potentially is about to collapse. Why is that happening right now?

    Tim Hwang
    So I think there’s a couple of things. First one is just the larger macroeconomic environment. The sort of downward pressure on the global economy is causing a lot of industries to pull back on their advertising spend. There’s kind of a question about, like, once you cut all this ad spend, is there actually a change in the bottom line of these businesses? That’s one thing that could really shake the confidence of the industry is, like, what was all this advertising for? If when we cut budgets, there’s not really a huge material impact on our outcomes.

    I think the second one that I’ll point out is that there is indeed a big push both on the government side, right, through, say, the EU GDPR or California’s CPRA, and also on the company side, right. Like Apple is increasingly implementing all of these privacy rules. And the worry that you’ve heard from the ad industry is, OK, well, once we lose access to all this data, we just won’t be able to get ads to work as well anymore. And they think we’re about to run this really big experiment, which is, is that the case? Are we actually gonna live in a world where, like, ads are way less effective than they used to be? We may just discover that, like, actually we didn’t need all this data to begin with for ads and that programmatic advertising might have been built on kind of the dream of targeted ads more than the reality.

    Elaine Moore
    Even if the digital ads market doesn’t crash, as Tim Hwang says it might, it’s no longer providing Facebook with the same levels of growth it once did. The Facebook platform is reaching saturation. It has nearly 3bn monthly active users around the world, but it looks like that might be the limit. Steven Levy, who wrote a book about Facebook, says this is a real problem for Mark Zuckerberg, who he says has been obsessed with growth above everything else since the beginning.

    Steven Levy
    There’s only so many billions of people on Earth. You can’t get to the people in China, which is the biggest user of the internet and social media in the world. And the last couple of billion are really, really hard to reach. They don’t have much money. And even if you got them on social media, they couldn’t deliver you much profits. So when he goes to Wall Street and announces that there’s no growth, the stock goes down, sometimes dramatically. Without growth, he’s in trouble.

    Elaine Moore
    Levy says this search for growth explains one of the biggest decisions Mark Zuckerberg has ever made. In 2021, he took his company, the most successful social media company in the world, and changed its name from Facebook to Meta. He announced that the company’s focus was now on building the metaverse.

    Mark Zuckerberg
    We believe the metaverse will be the successor to the mobile internet. We’ll be able to feel present like we’re right there with people, no matter how far apart we actually are. We’ll be able to express ourselves in new, joyful, completely immersive ways, and that’s going to unlock a lot of amazing new experiences.

    Steven Levy
    Zuckerberg’s holy grail is to move our social media to the metaverse. It makes sense if you’re obsessed with growth as the pillar of the way you operate a business, then when you can’t keep growing at the rate you were and you are really reaching the ceiling, move to someplace new where you could start from scratch and then grow billions from a few thousand rather than try to eke out the last billion or so.

    Elaine Moore
    Zuckerberg envisions repeating the success of Facebook in a completely new realm, with users wearing Meta VR headsets to access Meta-run virtual worlds.

    Meta video clip
    Oh, hey, Mark . . . Hey, what’s going on? Hey, Mark . . . Hi . . . What’s up, Mark? Whoa, we’re floating in space? Uh-huh. Who made this place? It’s awesome . . . This place is amazing.

    Elaine Moore
    Right now, the jury is still out on whether this huge bet will pay off. So far, take-up has been slow and costs have been high. Operating losses attributed to Meta’s Reality Labs — the part of the company working on the metaverse — exceed $37bn. But there are questions about whether any of us really want to spend our time wearing bulky VR headsets. If Zuckerberg is right, then maybe the future of social media will be in the metaverse. But in the meantime, Levy says all that time and money is adding to a sense that the old Facebook social media platform is stagnating. Not only is it not growing at the same pace, he says, it’s not innovating either.

    Steven Levy
    You could argue that the social media site has not been particularly innovative for probably a decade. They have generally been mimicking what seems popular in social media at the moment. So Snapchat comes up and Facebook, after unsuccessfully trying to buy it, comes up with a clone. Snapchat comes up with its stories feature, Facebook successfully copies that, first in Instagram, then in Facebook. Clubhouse, which is an audio-only social media product, looked like it was exciting and it’s going to be a big thing. And Facebook came up with its own version, right? You really would be hard-pressed to name a breakthrough product in social media in the last decade that Facebook came up with on its own.

    Elaine Moore
    Levy says Zuckerberg’s focus on the metaverse isn’t helping with this lack of innovation. He says all the talented people at Meta are working on metaverse projects rather than how to make the existing social media platforms better. So has Zuckerberg given up on Facebook?

    Steven Levy
    Well, Zuckerberg would never say that he has given up on Facebook, but he should be thinking just as innovatively in the social media as he is in the metaverse. It is a social media company. Its revenues come from social media. And if I were running that company, it would seem to me that my challenge would be to bring innovation to social media. And I don’t think that’s impossible. Maybe if that was your focus, they say, how can we reinvent social media without having to put a headset on but use just the tools of mobile and this connectedness to come up with something new like TikTok did. Maybe that would be the path for Meta.

    Elaine Moore
    If you want an example of peak social media, Facebook might be it. The breadth of its social connections will be hard for any company to ever replicate. But for many of us, it’s no longer engaging. Its ads business is less robust these days, and there are questions about its appeal to younger users. Even the man who made it all happen, Mark Zuckerberg, is more keen to talk about AI and VR than Facebook communities.

    Whether we do or choose to one day live in the metaverse or not, Facebook’s reign as the most important social media platform in the world may be over. But despite this, it’s worth remembering that Facebook is still the biggest social media platform by far. If this is the beginning of its decline, Facebook watchers say that it’s likely to be a long and slow one. And that might be true of social media as a whole.

    Steven Levy
    Well, giant platforms just don’t go away all at once. They slowly fade. But ultimately, I think people are questioning whether the social media era where social media is, like, a dominant force, is coming to an end where it’ll still exist but no longer be the growth platforms. So there is a sense that social media has sort of reached the end of its innovation and growth stage.

    Elaine Moore
    In the next episode of Tech Tonic, social media is supposed to be fun, but maybe it’s just not good for us.

    Emma Lembke
    Why? Like, why is it that my phone has so much control over me? How am I allowing it to do that? And why is no one speaking up about this?

    Elaine Moore
    US lawmakers are worried that social media is harming us and young people in particular. What does that mean for the future of the platforms?

    Katie Paul
    Kids are a huge market for these companies and it will really cut into their bottom line if they can no longer collect these data points on children.

    [MUSIC PLAYING]

    Elaine Moore
    You’ve been listening to Tech Tonic from the Financial Times with me, Elaine Moore. The producer is Josh Gabert-Doyon, and the senior producer is Edwin Lane. Manuela Saragosa is executive producer. Sound design is by Breen Turner and Samantha Giovinco. Original scoring by Metaphor Music.

    And before you go, we’re keen to hear more from our listeners about this show, and we want to know what you’d like to hear more of. So we’re running a survey which you can find at ft.com/techtonicsurvey. It takes around 10 minutes to complete, and we’d appreciate your feedback.

    [MUSIC PLAYING]

    #Publicité #Tim_Hwang #Médias_sociaux #Facebook

  • L’#utopie de la #décroissance

    For economist #Timothée_Parrique, our survival depends on our ability to change our economic model to degrowth towards a post-growth economy.
    A researcher in ecological economics at Lund University in Sweden, his thesis “The political economy of degrowth” (2019) has been adapted into a mainstream book: “Slow down or perish. The economics of degrowth” (September 2022). In it, he explains the urgent need for a great slowdown of production in rich countries, the overcoming of the mythology of growth, and the dismantling of capitalism. This talk was given at a TEDx event using the TED conference format but independently organized by a local community.

    https://www.youtube.com/watch?v=Gfulzow1LGU


    #TedX #conférence #croissance_verte #croissance #décarboner #empreinte_écologique #économie #récession #limites_planétaires #green-washing #responsabilité #PIB #bien-être #justice_sociale #transition #contentement #post-croissance #capitalisme #post-capitalisme #solidarité #entraide #crise #écocide #économie_du_futur

    • The political economy of degrowth

      Qu’est-ce que la décroissance et quelles sont ses implications pour l’économie politique ? Divisée en trois parties, cette thèse explore le pourquoi, le quoi, et le comment de la décroissance.La première partie (De la croissance et des limites) étudie la nature, les causes, et les conséquences de la croissance économique. Chapitre 1 : Comprendre la croissance économique répond à plusieurs questions : Qu’est-ce qui croît exactement ? À quelle vitesse ? Quand et où est-ce que ça croît ? Comment est-ce que ça croît ? Et pourquoi est-ce que ça devrait croître ? Les trois chapitres suivants développent une triple objection à la croissance économique qui n’est plus possible (Chapitre 2 : Limites biophysiques de la croissance), plausible (Chapitre 3 : Limites socioéconomiques de la croissance), et souhaitable (Chapitre 4 : Limites sociales à la croissance).La deuxième partie (Éléments de décroissance) porte sur l’idée de la décroissance, en particulier son histoire, ses fondements théoriques, et ses controverses. Le Chapitre 5 : Origines et définitions retrace l’histoire du concept de 1968 à 2018. Le Chapitre 6 : Fondements théoriques présente une théorie normative de la décroissance comme déséconomisation, c’est-à-dire une réduction de l’importance de la rationalité et des pratiques économiques. Le Chapitre 7 : Controverses passe en revue les attaques reçues par le concept. Si la première partie a diagnostiqué la croissance économique comme étant le problème, cette partie propose une solution. L’argument principal est que la décroissance n’est pas seulement une critique mais aussi une alternative complète à la société de croissance.La troisième partie (Recettes de décroissance) concerne la transition d’une économie de croissance à une société de décroissance. La partie s’ouvre sur un inventaire des politiques mobilisées par les décroissants jusqu’à aujourd’hui (Chapitre 8 : Stratégies de changement). Les trois chapitres suivants, sur la propriété (Chapitre 9 : Transformer la propriété), le travail (Chapitre 10 : Transformer le travail) et l’argent (Chapitre 11 : Transformer l’argent) passent de la théorie à la pratique et transforment les valeurs et les principes de la décroissance en stratégies de transition. Le Chapitre 12 : Stratégie de transition décrit une méthode pour étudier l’interaction entre plusieurs politiques de décroissance, et cela pour mieux planifier la transition. Le message central de cette troisième partie est que la décroissance est un outil conceptuel puissant pour réfléchir à une transition vers la justice sociale et écologique.

      https://www.theses.fr/2019CLFAD003
      #économie_politique #thèse #PhD

  • Next-gen content farms are using AI-generated text to spin up junk websites | MIT Technology Review
    https://www.technologyreview.com/2023/06/26/1075504/junk-websites-filled-with-ai-generated-text-are-pulling-in-money-from-programmatic-ads/?truid=a497ecb44646822921c70e7e051f7f1a

    Pour bien comprendre le phénomène (l’arnaque !) et le rôle des ^mateformes (ici Google), un seul bon livre : Le grand Krack de l’attention de Tim Hwang
    https://cfeditions.com/krach

    The news: AI chatbots are filling junk websites with AI-generated text that attracts paying advertisers. More than 140 major brands are paying for ads that end up on unreliable AI-written sites, likely without their knowledge, according to a new report.

    Making money from junk: Most companies that advertise online automatically bid on spots to run those ads through a practice called “programmatic advertising.” As a result, big brands end up paying for ad placements on sites that they may have never heard of before, with little to no human oversight. To take advantage, content farms have sprung up where low-paid humans use AI to churn out low-quality content to attract maximum ad revenue.

    Why it matters: Ninety percent of the ads from major brands found on these AI-generated news sites were served by Google, in violation of the company’s own policies. The practice threatens to hasten the arrival of a glitchy, spammy internet that is overrun by AI-generated content, as well as wasting massive amounts of ad money.

    #Economie_attention #Tim_Hwang #Google

  • Time-series forecasting is becoming a lost art.
    Mark Tenenholtz @marktenenholtz – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1668245348433948673.html
    https://twitter.com/marktenenholtz/status/1668245348433948673

    #Time-series #forecasting is becoming a lost art.

    It’s the engine behind the $5,000,000,000,000 retail industry in the US.

    And yet, research progress is slow and the best tricks are locked away.

    But why is it particularly tough even in the current AI breakthrough?

    Here’s why 🧵
    Forecasting is a seemingly straightforward task.

    In fact, given all the success we’ve had with LLMs, it’s weird that we can’t use the exact same tricks with time-series data.

    So why don’t 175B parameter models work, and why can’t we do the classic LM + transfer learning recipe?
    Well, for starters, we kinda do the same thing.

    Given a sequence of historical data points, we train the model to predict the next one (or maybe the next 10, or maybe the single value 7 observations from now).

    So is it a data problem?
    Well, probably not from a dataset size perspective.

    While there’s no equivalent of “the entire internet’s worth of text” for time-series data, there are still enormous datasets.

    Any large retailer will have datasets with potentially hundreds of billions of data points.
    Despite that, there haven’t been any convincing papers on transfer learning.

    It certainly could be that not enough of these datasets are publicly available.

    But, from my experience, even the largest datasets don’t necessitate anything beyond a pretty shallow transformer.
    On top of that, XGBoost is crazy effective in a way that it just isn’t for NLP problems.

    (I have some great material on this. Link at the end.)

    My best guess is that it has to do with the complexity of the underlying representation.

    In simple english:

    Words really difficult to represent.

    Depending on the context, they can mean entirely different things. Wouldn’t it be nice if you really could represent things in a static way like in this image?

    You just can’t. But, in time-series problems, you kinda can.

    In fact, methods like STUMPY exist for this.

    Unlike the deep, 768/1536-dimensional embedding representations you need in NLP, “matrix profile” methods like STUMPY are pretty low-dimensional.

    In other words: simpler models for simpler representations.

    Now, the practicalities:

    XGBoost is amazing for this because it’s much more capable of learning these types of representations.

    99% of the feature engineering you do in NLP nowadays is just tokenization.

    In contrast, time-series models benefit a lot from feature engineering.

    Here’s how:
    Time series data has a couple types of patterns. I usually think of them in 3 buckets:

    1. Seasonality

    These are short-term, repeating patterns. Think of this like day of week effects, month of the year effects, etc.

    2. Trends (cont)
    Your data is either “trending” up, down, or not at all. Simple as that.

    The below image is a commonly-used toy dataset of airline passengers over the years, and it exhibits both seasonality and an upward trend.

    If you’ll notice, the peaks are consistently ~6 months apart.

    And finally,

    3. Cycles

    Cycles are longer range seasons, e.g. years long.

    Technically, you could lump cycles in with seasonality. But, IMO, it’s helpful to separate them.

    My rule of thumb is that 2 year or greater length is a cycle.

    So, how do we build models for this?
    The short answer is, a lot of features. Most of these features will end up being “autoregressive” features, i.e. features based on the previous values in the time-series.

    Then, you combine those features with external variables to your problem, like price.
    If you’re curious what features end up looking like, I tweeted a bunch the other day.

    These features are hard to implement w/o bugs, and it takes a lot of practice to figure out when to them.

    Now, to takeaways:
    Time-series feature engineering for XGBoost, 101:
    • Lag features
    • Rolling aggregations (usually std, var)
    • Differences between lags/rolling features
    • Group-level aggregations
    • Rolling group-level aggregations
    • Calendar features (dayofweek, month, etc)
    • Rolling features by dayofweek, month, etc.
    • Rolling features by group and calendar
    • Expanding window features
    • Expanding window by group and calendar
    • Normalized features (i.e. % of greatest observed value)
    • Predictions from stats models, like ETS
    • Any external variables, like price

    And many, many more (depending on your data)

    There’s so much more to it. In addition to the above, mastery takes:
    • Clever feature engineering
    • Great EDA (e.g. Pandas) skills
    • Great model evaluation skills, specific to time-series

    Here’s a great resource I put together to learn it all:
    CoRise - Forecasting with Machine Learning
    Time-series forecasting is one of the longest-standing applications of machine learning, and is one of the most prevalent techniques used across all of industry (if not the most prevalent). And yet, d…
    https://corise.com/go/forcasting-with-machine-learning-EBFH4

    (pour mémoire)

  • Pour une #Sécurité_Sociale_de_l’Alimentation (#Dominique_Paturel)

    Cette réflexion a pris naissance en 2013 [1], dans les échanges entre deux personnes dont l’une est issue du monde agricole et l’autre de la recherche. L’un comme l’autre, nous constations l’enfermement des personnes recevant de l’#aide_alimentaire, dans une grande difficulté à s’émanciper des dispositifs de distribution et ce, malgré les discours et les pratiques portés par des professionnels ou des bénévoles bienveillants.

    En s’appuyant sur la conception développée par Tim Lang de la démocratie alimentaire, nous ne pouvions que nous rendre compte que l’accès à l’alimentation « libre » d’une part et à une alimentation produite plus sainement d’autre part, était d’une inégalité flagrante. La caractéristique de cette inégalité est qu’elle est banalisée par le fait que nous sommes tous des mangeurs, invisibilisant ainsi les rapports de classe. En outre, les politiques sociales et sanitaires généralisent ces inégalités par la désignation d’une population dite vulnérable et à laquelle on destine des dispositifs assistanciels. Le présupposé repose sur une conception libérale de la solidarité basée sur une approche néo-paternaliste. Les cadres de pensée qui ont servi à sortir la France de la faim d’après-guerre, sont les mêmes qui empêchent aujourd’hui de voir la situation dégradée du côté de ce que j’appelle l’accès à la « fausse bouffe » et non à l’alimentation.

    En approfondissant notre réflexion, il nous a semblé que tant que l’accès ne serait pas consolidé conformément aux valeurs républicaines, à savoir un accès égalitaire, solidaire et libre, les injustices demeureraient quant aux conséquences sociales et sanitaires. Un modèle de protection sociale pour tous orienté sur un accès égalitaire à une alimentation reconnectée aux conditions de sa production, s’est imposé et c’est cette piste que nous avons suivie. Il s’agissait de reprendre la main sur le(s) système(s) alimentaire(s) par tous les habitants en France et d’être dans les conditions pour le faire : la réponse ne pouvait pas rester que du seul côté des citoyens « éclairés » ou militants. Le modèle de la sécurité sociale nous a semblé le bon cadre pour avancer. À partir de là deux pistes ont été suivies :

    – La première incarnée par Ingénieurs sans frontières [2] qui propose « une carte d’assurance alimentaire » ;
    – La deuxième inscrite dans l’ensemble de nos travaux et qui est au cœur du séminaire Démocratie Alimentaire.

    Aujourd’hui la transition alimentaire est essentiellement mise en œuvre du côté du changement des pratiques alimentaires des mangeurs. Mais l’alimentation étant considérée comme une marchandise comme une autre, à savoir soumise aux rapports de force existant sur le marché, (et même si les initiatives de tous ordres sont bienvenues), la transformation ne sera pas au rendez-vous sans un changement radical de l’offre. Et ce d’autant plus, que le système industriel agro-alimentaire est transnational et que le début de la réflexion de Tim Lang sur sa proposition de démocratie alimentaire part de ce constat : les états ont bien du mal à intervenir aujourd’hui dans la régulation de ce système.

    Trois points d’appui au fondement de la Sécurité Sociale de l’Alimentation :

    – Le premier est la reconnaissance du droit à l’alimentation ;
    – Le second est la réorientation des outils de politique publique existant en matière d’accès à l’alimentation et en particulier la restauration collective ;
    – Le troisième, l’attribution d’une allocation à l’ensemble de la population pour accéder à des produits frais sur le modèle des allocations familiales.

    Mais pour que ce système puisse se construire, il nous faut rappeler des éléments de conception qui doivent être socialisés : l’alimentation n’est pas seulement le résultat d’une production agricole ou de transformation agro-industrielle. Il est nécessaire de s’appuyer sur une vision systémique qui prend en compte les quatre activités nécessaires à l’alimentation des humains de tout temps : celle de la production, celle de la transformation, celle de la distribution et celle de la consommation. Ce sont l’ensemble de ces activités qui forment système et les aborder de façon déconnectée soutient le modèle industriel, nous laissant dans une vision minimaliste de l’alimentation comprise alors comme denrée ou produit.

    De plus, l’alimentation comme fait social total, comporte des dimensions sociale, culturelle, économique, politique, biologique, etc. On ne peut donc la réduire au seul slogan « les gens ont faim, il faut leur donner à manger », slogan repris de façon globale dans tous les dispositifs de distribution d’aide alimentaire en France et en Europe.

    L’alimentation correspond aussi à un modèle ancré dans une histoire nationale. En France, manger ensemble et faire la cuisine sont beaucoup plus important que la qualité des produits et leur provenance. Les gaulois réglaient déjà les problèmes politiques par de grands banquets (Ariès, 2016) [3], d’où l’importance de manger ensemble pour construire du lien social et faire société. On peut ainsi comprendre pourquoi les institutions d’actions sociales et de travail social utilisent l’alimentation comme moyen autour de ce qui est leur mission, à savoir lutter contre l’exclusion sociale. Mais, concevoir l’alimentation comme moyen est aujourd’hui contreproductif pour assurer la transition alimentaire dans la perspective des changements climatiques à l’œuvre et stopper les effets délétères de l’alimentation industrielle.

    La Sécurité Sociale de l’Alimentation doit donc s’appuyer sur l’ensemble de ces éléments pour asseoir sa légitimité. Elle se situe du côté de la transformation alimentaire, de la prévention en santé publique et non curative comme actuellement. Elle fait partie d’une politique de l’alimentation qui doit se désencastrer de ministères de tutelles comme l’agriculture, la santé ou la cohésion sociale. Il ne s’agit pas de créer un xième ministère mais bien de comprendre cette politique comme transversale. Cependant dans un pays centralisé comme la France avec des institutions verticales, une politique transversale a de fortes chances d’être minorée. D’où la proposition de doter cette instance de moyens conséquents et d’obliger les politiques engageant une des activités du système alimentaire à s’inclure (pour partie) dans la politique alimentaire et non d’œuvrer de façon segmentée : la Sécurité Sociale de l’Alimentation devient alors l’outil majeur pour actionner la transition alimentaire.

    Le second point d’appui est de mobiliser les outils de politiques publiques existants au service de ce dispositif, en particulier la restauration collective publique. Nous partons du constat que les lieux, le matériel, les compétences sont présents à travers la mise à disposition de quatre à cinq repas par semaine à midi : pourquoi ne pas utiliser ces ressources en direction de la population habitant ou travaillant en proximité de ces équipements le soir et 7 jours sur 7. Par ailleurs, on peut également en profiter pour réorienter la production et la transformation en redirigeant l’offre alimentaire à l’échelle territoriale.

    D’autres outils existent déjà et il s’agirait de renforcer la cohérence au service de la Sécurité Sociale de l’Alimentation : en soutenant les marchés d’intérêts nationaux dans les régions pour approvisionner les villes et villages et les engager dans la transformation des compétences des intermédiaires ; en cessant de segmenter les plans incitatifs (Climat, alimentation, urbanisme, etc.) et en recherchant comment les articuler ; en concevant des instances démocratiques à l’échelle des territoires de vie pour décider des politiques alimentaires liées à la réalité sociale et concevoir les hybridations nécessaires pour garantir un accès à tous, etc.

    Le troisième point d’appui est celui de l’attribution d’une allocation pour tous les habitants en France, fléchée sur l’achat de produits frais : fruits, légumes, produits laitiers, viande, poisson. Ces aliments sont souvent absents pour les familles à petits budgets et sont remplacés par des aliments ultra-transformés. Cette mesure fléchée peut aussi participer à la relocalisation des activités du système alimentaire.

    Élaborer un tel dispositif permettrait de faire exploser le « plafond de verre » auquel se confronte une multitude d’initiatives issues de la société civile organisée et de l’économie sociale et solidaire : ainsi la Sécurité Sociale de l’Alimentation, outre les effets sur la santé, participerait réellement à la transition écologique.

    –-

    [1] http://www1.montpellier.inra.fr/aide-alimentaire/index.php/fr

    [2] https://www.isf-france.org/articles/pour-une-securite-sociale-alimentaire

    [3] Eh non ce n’est pas une invention de Goscinny et Uderzo. Ariès, Paul (2016) Une histoire politique de l’alimentation. Du paléolithique à nos jours. Paris, édition Max Milo.

    https://www.chaireunesco-adm.com/Pour-une-Securite-Sociale-de-l-Alimentation
    #sécurité_alimentaire #sécurité_sociale #alimentation #distribution_alimentaire #alternative #démocratie_alimentaire #Tim_Lang #accès_à_l'alimentation #inégalités #rapports_de_classe #classe_sociale #assistance #néo-paternalisme #solidarité #fausse_bouffe #protection_sociale #transition_alimentaire #droit_à_l'alimentation #restauration_collective #politiques_publiques #allocation #santé_publique #sécurité_sociale_alimentaire

    • Vers une sécurité sociale de l’alimentation

      Le projet de sécurité sociale de l’alimentation, porté depuis plus de dix ans par un collectif d’associations et de chercheurs.ses, tente d’étendre le principe de la sécurité sociale d’après-guerre au droit à l’alimentation.
      La séance de l’Université des Savoirs Associatifs organisée par le CAC le 12 octobre prochain permettra de faire un état des lieux de ce projet et en savoir plus sur les expérimentations de caisse locale de sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Échange avec Dominique Paturel, chercheuse à l’INRAE et membre du collectif pour une SSA et Maxime Scaduto de la caisse SSA de Strasbourg.

      Le projet de sécurité sociale de l’alimentation, porté depuis plus de dix ans par un collectif d’associations et de chercheurs.ses, tente d’étendre le principe de la sécurité sociale d’après-guerre au droit à l’alimentation.

      En s’appuyant sur une économie redistributive et un modèle qui s’extrait de l’économie dictée par le marché, il nourrit notre réflexion sur la « démarchandisation » du monde associatif que nous portons au sein de l’observatoire citoyen de la marchandisation des associations.

      Il est une des pistes que nous explorons dans une volonté de repenser les modalités de subventions des associations, pour les dégager de la commande publique et des jeux politiques, redonner du pouvoir citoyen sur leur attribution et répartition, pour repenser un modèle de financement appuyé sur la co-construction et non la contractualisation.

      "Créons une sécurité sociale de l’alimentation pour enrayer le faim". Les signataires de la tribune publiée dans Reporterre en 2020, pendant la période du Covid, nous alertent : "en France, nous peinons aujourd’hui encore à mettre à l’abri de la faim, y compris en dehors de toute période de crise, alors que c’est du « droit à l’alimentation » dont il devrait être question dans une démocratie". Et ils nous proposent un mode d’emploi des "caisses locales de conventionnement" à l’instar des caisses de la sécurité sociale.

      La Confédération Paysanne nous rappelle les 3 principes d’une SSA : l’universalité, le financement par la cotisation et le conventionnement démocratique.

      La Sécurité sociale de l’alimentation

      Cherche à répondre aux enjeux de sortie d’un modèle agro-industriel qui nous amène dans le mur en terme de sécurité alimentaire, d’écologie, de biodiversité et d’accès à une alimentation de qualité pour toutes et tous,
      Remplacerait le système actuel d’aide alimentaire qui est à revoir de fond en comble puisqu’il se base actuellement sur le système productiviste du secteur agro-industriel afin de lui permettre d’écouler ces stocks,
      Sortirait les personnes pauvres d’une assignation à l’aide alimentaire qui, comme le démontre très bien Bénédicte Bonzi dans son livre, « Faim de droits », contient de la violence tant pour les bénévoles que les personnes bénéficiaires sommées de se nourrir avec ce qui est rejeté par le système agro-industriel dans un pays où la nourriture existe en abondance.
      Interroge la question du droit à une alimentation de qualité pour une part non négligeable de la population puisqu’on estime aujourd’hui que 7 millions de personnes sont en situation de précarité alimentaire, soit une augmentation de 15 à 20 % par rapport à 2019. Un chiffre sous-estimé par rapport aux besoins réels, la demande d’aide alimentaire restant une démarche souvent difficile ou mal connue.

      Le système actuel d’aide alimentaire est en outre encadré par tout un ensemble de contrôle qui n’est pas sans rappeler celui qui entoure les chômeurs, comme s’il fallait, en quelque sorte, infliger une double peine aux personnes en situation de précarité.

      La séance de l’Université des Savoirs Associatifs organisée par le CAC le 12 octobre prochain (en présentiel ou en visio) permettra de faire un état des lieux de ce projet, d’en savoir plus sur les expérimentations de caisse locale de sécurité sociale de l’alimentation et en particulier celle de Strasbourg. Nous échangerons avec Dominique Paturel, chercheuse à l’Inrae et membre du collectif pour une sécurité sociale de l’alimentation et Maxime Scaduto de la caisse de sécurité sociale de l’alimentation de Strasbourg.

      Encore des patates !? (https://www.civam.org/ressources/reseau-civam/type-de-document/magazine-presse/bande-dessinee-encore-des-patates-pour-une-securite-sociale-de-lalimentation) est une bande dessinée pédagogique qui, à l’aide d’annexes, présente les enjeux et les bases de la réflexion à l’origine du projet de Sécurité sociale de l’alimentation.

      https://blogs.mediapart.fr/collectif-des-associations-citoyennes/blog/260923/vers-une-securite-sociale-de-lalimentation

      #sécurité_sociale_de_l'alimentation

    • « Encore des patates ?! » Pour une sécurité sociale de l’alimentation

      Grâce au dessin de Claire Robert, le collectif SSA a élaboré un outil pédagogique pour découvrir le projet de sécurité sociale de l’alimentation : une bande dessinée !

      Humoristique et agréable, cette bande dessiné est également enrichies d’annexes qui apportent de nombreux éléments sur les enjeux agricoles et alimentaires, le fonctionnement du régime général de sécurité sociale entre 1946 et 1967 et les bases sur lesquelles s’ancrent la réflexion du projet de sécurité sociale de l’alimentation.

      Cette bande dessinée est un moyen de vous faire partager nos constats d’indignation et d’espoir… et de vous inviter à partager les vôtres, à se rassembler, et peut être demain, reprendre tous ensemble le pouvoir de décider de notre alimentation !

      https://www.civam.org/ressources/reseau-civam/type-de-document/magazine-presse/bande-dessinee-encore-des-patates-pour-une-securite-sociale-de-lalimentation

      #BD #bande_dessinée

  • La faillite de « Vice », le groupe de médias américain
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/05/15/la-faillite-de-vice-le-groupe-de-medias-americain_6173421_3234.html

    Le groupe de médias d’information américain Vice s’est déclaré en faillite. Dans un contexte de recul du marché publicitaire, cette annonce était attendue sur le marché depuis quelques semaines. Un consortium, dont la société d’investissement Fortress Investment Group, le principal créancier de Vice, va prendre le contrôle du groupe pour 225 millions de dollars, sauf offre supérieure par d’autres parties, selon le communiqué publié lundi 15 mai.

    Vice Media Group, qui avait été valorisé 5,7 milliards de dollars en 2017, produit des contenus dans 25 langues, avec plus d’une trentaine de bureaux dans le monde. Le groupe de médias, à l’accès gratuit, s’appuie principalement sur la publicité pour générer des revenus. Mais avec la dégradation de la conjoncture économique, le marché publicitaire s’est tendu, pour être majoritairement capté par les géants technologiques, comme Google et Facebook . Vice poursuivra ses activités durant toute la procédure, précise le média.

    Tiens, c’est exactement ce que dénonce Tim Hwang dans son livre "Le grand krach de l’attention"

    #Vice #Publicité #Captation #Tim_Hwang

  • Dixième tendance de l’étude 366/BVA : La fatigue du buzz - Influencia
    https://www.influencia.net/dixieme-tendance-de-letude-366-bva-la-fatigue-du-buzz

    En 2004, il y a un siècle, Patrick Le Lay scandalisait l’opinion en déclarant que le métier de TF1, chaîne qu’il dirigeait alors, consistait à « vendre du temps de cerveau disponible » aux annonceurs. En 2004, un certain Mark Zuckerberg, étudiant à Harvard, créait Facebook. Netflix était le nom d’une entreprise américaine d’abonnement à la livraison de DVD. Le smartphone n’existait pas.

    En 2022, la France compte 53,5 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux, et les Français passent en moyenne 1 h 46 chaque jour sur ces derniers. 61 % des foyers français sont abonnés à un service de SVOD et la presse se lit autant sur smartphone que sur papier.

    Le « temps de cerveau disponible » ne choquerait plus grand monde aujourd’hui. L’économie de l’attention est devenue le nouvel horizon du capitalisme et d’aucuns, à l’instar de Tim Hwang (Le grand krach de l’attention. Février 2022), établissent un parallèle entre cette « bulle » et celle des subprimes, pronostiquant son explosion imminente. Qu’il s’agisse d’information ou de divertissement, nous sommes donc exposés à une production de contenus permanente, sans cesse croissante, à laquelle chacun doit trouver comment s’adapter.

    Entre le FOMO (Fear Of Missing Out) et la déconnexion, la majorité des Français oscille. Comme oscillent un certain nombre de médias d’information continue, tiraillés entre la tentation d’aller plus vite que les réseaux sociaux et celle de proposer de « l’analyse », du « décryptage », multipliant ad libitum le commentaire d’experts parfois improbables et valorisant la confrontation, le clash, le « parler vrai ».

    Est-ce la pauvreté du débat public qui tire ainsi l’information vers l’écume ou cette information logorrhéique qui tire le débat public vers le bas ?

    Toujours dans la récente étude de la Fondation Jean-Jaurès, la première raison évoquée par les Français tentés par la stratégie du repli est la trop grande agressivité du débat public. Le buzz et le clash font indéniablement recette en termes d’audience, mais lassent une part grandissante de la population. Les controverses les plus vénielles comme les plus essentielles semblent se transformer en une lutte à mort, quand elles n’évoluent pas tout simplement dans des univers parallèles, les algorithmes enfermant progressivement chacun dans des bulles de confirmation, sans plus d’autres dialogues contradictoires.

    La question de la confiance et de la proximité

    La « twiterrisation » de l’information, l’organisation de la conflictualité en continu génère de l’audience, de la reprise, de la visibilité mais son omniprésence fatigue. Abondamment repris par les journalistes, les politiques et les leaders d’opinion, le réseau à l’oiseau bleu n’est pourtant utilisé régulièrement que par moins d’un Français sur dix.

    Ce « microcosme numérique » ne reflète pas l’opinion publique. Cette dernière, à l’inverse, prise la proximité. Dans la hiérarchie de la confiance au sein de notre sondage, la presse quotidienne régionale arrive ainsi en tête des médias jugés « dignes de confiance » (67 %), devant la radio (64 %) et avant la presse nationale (58 %), la télévision généraliste (52 %), les chaînes d’information en continu (49 %) et les réseaux sociaux (26 %) (graphique 19). Elle s’impose comme la valeur sûre pour accéder à une information de qualité et faire vivre le débat local.

    Si le marché français de la publicité digitale a frôlé les 8 milliards d’euros en 2021, l’immense majorité de ce chiffre d’affaires (environ 85 %) va aux GAFAM. Ceux-ci rémunèrent désormais mieux les éditeurs dont ils utilisent les contenus, mais cela ne saurait suffire à en garantir la gratuité intégrale. Les plateformes numériques ont, cependant, favorisé la culture de l’abonnement. La vraie révolution du modèle économique de nombreux médias, notamment de la presse quotidienne, est là : l’investissement dans la qualité des contenus doit aujourd’hui et demain se financer par l’abonnement numérique. À l’instar des grands quotidiens américains (New York Times en tête), les grands titres français misent sur la qualité journalistique et la diversité de leurs contenus pour séduire de nouvelles audiences, payantes.

    La chose peut sembler paradoxale : abreuvé de contenus gratuits en continu, un nombre croissant de Français fait le choix de l’abonnement payant. C’est à la fois une manière de personnaliser sa « consommation » de média et de constituer une sorte de « safe space », un espace informationnel à l’intérieur duquel on est en confiance. Cet espace de confiance peut, bien sûr, être un « entre-soi », structuré autour d’affinités d’opinion, voire militant. Il y a toujours eu des médias typés de droite ou de gauche. À l’heure de l’accélération et de la fragmentation que nous constatons dans tous les domaines, le risque existe, cependant, de voir certains de ces espaces affinitaires se transformer en camps retranchés. Là encore, l’exemple américain fait réfléchir. Celui de Fox News, bien sûr, dont on connaît le positionnement et le rôle politique.

    #Fatigue #Buzz #Tim_Hwang #Publicité #BVA #Etudes_comportementale

  • Why social media companies picked a very tricky time to start charging
    https://www.fastcompany.com/90855271/why-social-media-companies-picked-a-very-tricky-time-to-start-charging-

    But now, Meta, parent of Facebook and Instagram, is the latest to try to change that dynamic. With its gargantuan ad business slipping lately, Meta has announced it will test a subscription service, charging $11.99 a month (or nearly $24 for both platforms) for access to certain advanced features and customer support, a verified-identity digital badge, and “extra impersonation protection against accounts claiming to be you,” as Meta CEO Mark Zuckerberg put it. This, of course, follows Elon Musk rolling out a paid version of its familiar verification checkmarks as part of the $8-a-month Twitter Blue service.

    This grasping for new revenue streams is understandable: Digital advertising has softened in general, and Apple’s introduction of a do-not-track option on iOS devices has kneecapped ad-dependent digital businesses. That’s helping inspire a spate of add-on fee experiments from multiple businesses: “Snap gives subscribers early access to new features, YouTube serves them fewer ads, and Discord provides more customization options for people’s chat channels,” Vox recently noted,

    But models that charge you nothing and instead charge advertisers for access to your attention have succeeded well beyond social media, from search giant Google to countless media sites and entertainment platforms and sponsor-funded apps. If anything, advertising is arguably more dominant than ever. Even Amazon and Walmart generate significant ad revenue—and Netflix, after years of resistance, has lately capitulated to an ad-driven tier.

    But that very saturation is surely part of what’s driving the hunt for subscription revenue. Tim Hwang, author of the book Subprime Attention Crisis (which argues that the Internet’s ad-driven ecosystem is far more rickety and vulnerable than it might seem, partly because digital advertising isn’t nearly as effective as claimed), was recently interviewed by New York Times columnist Ezra Klein on his eponymous podcast about the pros and cons of a less ad-dependent online media system. Hwang acknowledges the critique that subscription models can be a walled garden: “A world in which high-quality media sources are moving behind a paywall is one in which low-quality media sources remain out and widely available.” But he still argued for “normalizing subscription” as a means of forcing a “hard conversation” about how information is subsidized, monetized, and spread.

    #Publicité #Médias_sociaux #Tim_Hwang

    • https://genius.com/Tim-minchin-the-good-book-lyrics

      Life is like an ocean voyage
      And our bodies are the ships
      And without a moral compass
      We would all be cast adrift

      So to keep us on our bearings
      The Lord gave us a gift
      And like most gifts you get
      It was a book

      I only read one book
      But it’s a good book, don’t you know
      I act the way I act because
      The Good Book tells me so
      If I want to know how to be good
      It’s to the Good Book that I go
      Cause the Good Book is a book
      And it is good and it’s a book
      I know the Good Book’s good because
      The Good Book says it’s good
      I know the Good Book knows it’s good
      Because a really good book would

      You wouldn’t cook without a cookbook
      And I think it’s understood
      You can’t be good without a Good Book
      Cause it’s good and it’s a book
      And it is good for cookin’

      I tried to read some other books
      But I soon gave up on that
      The paragraphs ain’t numbered
      And they complicate the facts
      I can’t read Harry Potter
      Cause they’re worshiping false gods and that
      And Dumbledore’s a poofter
      And that’s bad cause it’s not good!

      Morality is written there
      In simple white and black
      I feel sorry for you heathens
      Got to think about all that
      Good is good and evil’s bad
      And goats are good
      And pigs are crap
      You’ll find which one is which
      In the Good Book
      Cause it’s good and it’s a book
      And it’s a book (yeah!)
      You might also like
      I Love Jesus
      Tim Minchin
      Prejudice
      Tim Minchin
      White Wine in the Sun
      Tim Minchin
      I had a cat, she gave birth to a litter
      The kittens were adorable
      And they made my family laugh
      But as they grew they started misbehaving
      So I drowned the little fuckers in the bath!
      When the creatures in your care start being menaces
      The answers can be found right there in Genesis
      Chapter six, verse five through seven! Yee-haw!

      Swing your partner by the hand
      Have a baby if you can
      But if the voices in your head
      Say to sacrifice your kid
      To satiate your loving God’s
      Fetish for dead baby blood
      It’s simple faith the book demands
      So raise that knife up in your hands

      Before the Good Book made us good
      There was no good way to know
      If a thing was good or not-not good
      Or kind of touch-and-go—so
      God decided he’d give writing
      Allegoric prose a go
      And so he wrote a book
      And it was generally well-received
      The Telegraph said ’This god is reminiscent of the Norse’
      The Times said ’Kind of turgid, but I liked the bit with horses’
      The Mail said ’Lots of massacres; a violent tour-de-force
      If you only read one book this year
      Then this one is a book
      And it is good
      And it’s a book’ Yee-haw!

      Swing your daughter by the hand
      But if she gets raped by a man
      And refuses then to marry him
      Stone her to death!

      If you just close your eyes and block your ears
      To the accumulated knowledge of the last two thousand years
      Then morally – guess what? – you’re off the hook
      And thank Christ you only have to read one book

      Just because the book’s contents
      Were written generations hence
      By hairy desert-dwelling gents
      Squatting in their dusty tents

      Just because what Heaven said
      Was said before they’d leavened bread
      Just cause Jesus couldn’t read
      Doesn’t mean that we should need

      When manipulating human genes
      To alleviate pain or fight disease
      When deciding whether it’s wrong or right
      To help the dying let go of life
      Or stop a pregnancy when it’s
      Just a tiny blastocyst
      There’s no reason why we should take a look
      At any other book
      But the Good Book
      Cause it’s good and it’s a book
      And it’s a book and it’s quite good!

      Good is good and evil’s bad
      And kids get killed when God gets mad
      You better take a good look
      At the Good Book

      #musique #humour #Tim_Minchin #religion #Bible

  • Opinion | How the $500 Billion Attention Industry Really Works - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/02/14/opinion/ezra-klein-podcast-tim-hwang.html?action=click&module=Well&pgtype=Homepage&

    Un podcast du New York Times avec Tim Hwang.
    Tim parle très (très) vite, heureusement, il y a un transcript, et aussi la version française de son livre "Le grand Krach de l’attention’
    (https://cfeditions.com/krach)

    Tim Hwang is the former global public policy lead for A.I. and machine learning at Google and the author of the book “Subprime Attention Crisis: Advertising and the Time Bomb at the Heart of the Internet.” Hwang’s central argument is that everything about the internet — from the emphasis data collection to the use of the “like” button to the fact that services like Google Search and Facebook are free — flows from its core business model. But that business model is also in crisis. The internet is degrading the very resource — our collective attention — on which its financial survival depends. The resulting “subprime attention crisis” threatens to upend the internet as we know it.

    So this conversation is about the economic logic that undergirds our entire experience of the internet, and how that logic is constantly warping, manipulating and shaping the most important resource we have — our attention. But it’s also about whether a very different kind of internet, built on a very different economic logic, is possible.

    #Tim_Hwang #Podcast

  • Ex-Googler Timnit Gebru Starts Her Own AI Research Center | WIRED
    https://www.wired.com/story/ex-googler-timnit-gebru-starts-ai-research-center/?bxid=5cec29ba24c17c4c6465ed0b&bxid=5cec29ba24c17c4c6465ed0b&cndid=57360427&c

    One year ago Google artificial intelligence researcher Timnit Gebru tweeted, “I was fired” and ignited a controversy over the freedom of employees to question the impact of their company’s technology. Thursday, she launched a new research institute to ask questions about responsible use of artificial intelligence that Gebru says Google and other tech companies won’t.

    “Instead of fighting from the inside, I want to show a model for an independent institution with a different set of incentive structures,” says Gebru, who is founder and executive director of Distributed Artificial Intelligence Research (DAIR). The first part of the name is a reference to her aim to be more inclusive than most AI labs—which skew white, Western, and male—and to recruit people from parts of the world rarely represented in the tech industry.

    Gebru was ejected from Google after clashing with bosses over a research paper urging caution with new text-processing technology enthusiastically adopted by Google and other tech companies. Google has said she resigned and was not fired, but acknowledged that it later fired Margaret Mitchell, another researcher who with Gebru co-led a team researching ethical AI. The company placed new checks on the topics its researchers can explore. Google spokesperson Jason Freidenfelds declined to comment but directed WIRED to a recent report on the company’s work on AI governance, which said Google has published more than 500 papers on “responsible innovation” since 2018.

    The fallout at Google highlighted the inherent conflicts in tech companies sponsoring or employing researchers to study the implications of technology they seek to profit from. Earlier this year, organizers of a leading conference on technology and society canceled Google’s sponsorship of the event. Gebru says DAIR will be freer to question the potential downsides of AI and will be unencumbered by the academic politics and pressure to publish that she says can complicate university research.

    DAIR is currently a project of nonprofit Code for Science and Society but will later incorporate as a nonprofit in its own right, Gebru says. Her project has received grants totaling more than $3 million from the Ford, MacArthur, Rockefeller, and Open Society foundations, as well as the Kapor Center. Over time, she hopes to diversify DAIR’s financial support by taking on consulting work related to its research.
    DAIR joins a recent flourishing of work and organizations taking a broader and critical view of AI technology. New nonprofits and university centers have sprung up to study and critique AI’s effects in and on the world, such as NYU’s AI Now Institute, the Algorithmic Justice League, and Data for Black Lives. Some researchers in AI labs also study the impacts and proper use of algorithms, and scholars from other fields such as law and sociology have turned their own critical eyes on AI.

    #Intelligence_artificielle #Timnit_Gebru #Ethique