• Comment la #taxe_sur_les_transactions_financières est torpillée par la #France

    http://abonnes.mobile.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/22/comment-la-taxe-sur-les-transactions-financieres-est-torpille

    C’était la promesse n° 7 du candidat #François_Hollande : soutenir une « action coordonnée au niveau européen pour imposer l’ensemble des transactions, y compris donc les #produits_dérivés ».

    La taxe sur les transactions financières (#TTF), aussi appelée « Robin des bois » ou #Tobin, du nom de l’économiste qui l’a imaginée dans les années 1970, devait entrer en vigueur au 1er janvier 2016 en Europe. Mais elle semble, sinon enterrée, du moins s’éloigner de plus en plus.

    Pourtant, le chef de l’Etat et son premier ministre ont été rappelés à l’ordre par 140 députés de leurs propres rangs, qui ont signé une lettre jeudi demandant à ce « que notre pays conserve intacte l’ambition initiale du projet qui inclut “toutes les transactions financières” ». Parmi ces derniers figurent entre autres l’ancien premier ministre Jean-Marc-Ayrault, Karine Berger, Aurélie Filippetti, Elisabeth Guigou, François Lamy…

    CHANTAGE À LA DÉLOCALISATION

    Cette lettre a été largement partagée pendant le week-end, alors que les 11 pays européens désireux de créer un tel impôt ne sont pas parvenus à se mettre d’accord le 9 décembre dernier à Bruxelles.

    Lancée au lendemain de la crise financière de 2008, l’idée de la TTF était de prélever 0,1 % sur les échanges d’actions et 0,01 % sur les produits dérivés. Ceux-là, destinés à assurer leurs acheteurs contre des risques financiers (de change, de taux…), ont connu ces dernières années une croissance exponentielle.

    Une banque française, #BNP_Paribas, en est un des champions européens, voire mondiaux. Et l’ensemble du secteur a brandi la menace des délocalisations si la taxe s’appliquait en l’état.

    Lire notre enquête : Comment les lobbies détricotent la taxe sur les transactions financières

    LES SOCIALISTES DEMANDENT DES COMPTES

    La #taxe, qui ne visait pas à « tuer » l’activité #bancaire, mais à l’encadrer (en rendant moins intéressants les échanges les plus spéculatifs), avait aussi pour object de #redistribuer une partie de ces profits (environ 35 milliards d’euros par an si l’on incluait tous les produits dérivés dans l’assiette taxable) vers le développement #humanitaire, les projets #écologiques et la recherche sur les #maladies, comme le #sida.

    Les associations militant pour cette taxe (Aides, Oxfam et #Attac, notamment) ont rappelé que cette mesure devait au départ, selon les vœux de François Hollande, entrer en vigueur… en 2013. Elle se sont également félicité de l’initiative des députés, demandant au président de la République de « recadrer [le ministre des finances] #Michel_Sapin ».

    Dans leur lettre de jeudi, les socialistes signataires expliquent :

    « C’est la France qui a proposé de réduire l’#assiette d’une telle taxe, la limitant aux #actions et aux contrats d’#assurance contre le risque de défaut de paiement [#CDS – credit default swap], soit 3 % des produits dérivés. Cette proposition réduirait largement le rendement de cette taxe, le rendant encore plus limité que la taxe française créée en 2012. »

    LES RENONCEMENTS DE #BERCY

    Le projet de loi de finances 2015 table sur un rendement de 700 millions d’euros pour la version française de la taxe Tobin, en vigueur depuis trois ans. Loin des premières estimations qui tablaient sur un rendement de l’ordre de 1,5 milliard d’euros annuel.

    En cause, un torpillage en règle de l’assiette taxable : alors que la taxe aurait pu être renforcée par la taxation du #trading_haute_fréquence, c’est aussi un gouvernement Hollande qui l’a fait échouer en France. Bercy a fait pression sur sa majorité et son rapporteur, Christian Eckert, a depuis été nommé secrétaire d’Etat au budget.

    Lire : Trading haute fréquence, l’histoire d’un renoncement

    Même les autorités britanniques ont été plus ambitieuses dans leur décision de taxer le secteur bancaire : le stamp duty (« droit de timbre ») rapporte quelque 3 milliards d’euros par an, grâce à une large assiette de 0,5 % sur tous les échanges d’actions, contre 700 millions d’euros pour la taxe française (entrée en vigueur en 2012).

    Hongkong, Singapour ou encore Taïwan ont également mis en place, à des degrés divers, une telle taxation de leur place financière.

    #fiscalité #entreprise #finance #parti_socialiste

  • Le #trading_haute_fréquence est un « système de fraude de grande ampleur » - Mediapart.fr
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/83604343475

    « Le marché est truqué » : les accusations de Michael Lewis, qui avait révélé le scandale des subprimes, sur les manipulations liées aux transactions boursières passées à la vitesse de la lumière (le trading haute fréquence) provoquent un séisme à Wall Street. Plusieurs enquêtes judiciaires sont ouvertes. Jean-François Gayraud, auteur du Nouveau Capitalisme criminel, explique pourquoi les États sont aveugles et s’interroge : « Où est l’intérêt général et l’utilité sociale de tout cela ? » Mediapart.fr

    • Les régulateurs n’ont pas envie, selon vous, de s’attaquer au problème ?

      Le trading haute fréquence est une illustration des contradictions de la modernité et de l’éclatement du monde. D’un côté, il y a la verticalité lourde et pataude d’États toujours plus nombreux et faibles, ne pouvant intervenir que dans les limites de leur territoire. De l’autre, vous avez l’horizontalité fluide et agile de la finance transnationale, désormais hors sol, qui profite de toutes les failles du système. Cette finance dérégulée invente constamment des outils juridico-financiers qu’elle impose aux États. Les gouvernants sont aveugles à ces innovations, n’en comprennent les effets mortifères et frauduleux qu’a posteriori. Ils ne se réveillent qu’après la crise, comme en 2007-2008 lors des subprimes, pour d’ailleurs s’assoupir à nouveau immédiatement après. Les États sont comme tétanisés et capturés par plus puissants qu’eux, en l’occurrence les grandes institutions financières. Et pendant ce temps, les flux financiers passent de place en place, à la vitesse de la lumière.

    • Ce sont les financiers qui sont les maîtres du jeu. Ils disposent des bonnes cartes et fixent eux-mêmes les règles. Les lois dites de re-régulation, nées après la crise des subprimes, ont été cosmétiques. Elles ont consisté non à dérouter le Titanic mais à lui adjoindre un peu plus de canots de sauvetage qui, de toute façon, ne profiteront qu’aux premières classes lors de la prochaine tragédie.

    • N’avez-vous pas une vision trop criminelle, trop policière de la finance ? Certains vous reprochent de manquer ainsi les vraies explications sur les raisons de la crise.

      C’est un débat que j’ai eu avec l’économiste Paul Jorion, notamment. Mais en fait les points de vue ne sont pas si éloignés que cela. Des modèles faux, comme les dénonce Paul Jorion, peuvent être aussi malhonnêtes. En fait, pour être parfaitement malhonnêtes, les systèmes doivent être faux. L’explication de faits macroéconomiques par la grille de lecture criminologique n’avait peut-être pas beaucoup de pertinence du temps d’un capitalisme régulé ; elle devient au contraire centrale, me semble-t-il, dans un capitalisme financiarisé, dérégulé et mondialisé à l’excès. Je sais que la criminologie, ou si vous préférez « l’explication par le crime », est mal vue par la communauté des chercheurs en France, et plus généralement par les élites. Chez les économistes, depuis le moment où cette discipline s’est forgée, le crime est un impensé complet, un angle mort. Il ne s’agit pas pour moi d’ériger une naïve et absurde théorie du complot, mais de décloisonner les champs intellectuels. Ainsi, dans ma réflexion sur l’articulation entre criminalités et crises financières nées de la dérégulation, je montre que les fraudes sont une dimension non négligeable de la formation des bulles immobilières et boursières ; ce qui n’exclut pas d’autres causalités spécifiquement économiques et financières, mais vient simplement les compléter et les éclairer. La causalité criminelle que je tente d’exposer n’est pas destinée à produire un « effet de diversion » au moyen de « boucs émissaires providentiels » ; je recherche plutôt « un effet de révélation » de l’anomie et de la déviance structurelle du système.

    • Il y a eu beaucoup d’enquêtes de la SEC, d’amendes spectaculaires imposées aux banquiers de Wall Street après la crise, sans que les pratiques changent. La nouvelle enquête des autorités américaines sur le trading haute fréquence n’est-elle pas vouée à connaître le même sort ?

      La justice transactionnelle, telle qu’elle est pratiquée aux États-Unis, n’est pas vraiment la justice telle que nous pouvons la concevoir en Europe. C’est en effet une justice qui vise moins à élucider des faits et à rechercher la vérité qu’à mettre fin à une situation embarrassante. Ces amendes gigantesques impressionnent les médias mais ne changent rien en termes de dissuasion. Ce sont en définitive de simples taxes perçues par l’État, une sorte de droit à frauder ou à blanchir. Comme personne ne va en prison, l’impunité règne en maître. À l’image d’un vulgaire voleur de banque, un bankster impuni tend à récidiver.

    • Cela dit, même si les efforts des autorités américaines ne sont pas tous couronnés de succès, l’État américain offre au moins le « spectacle » ou l’illusion de vouloir lutter. Tous ne peuvent pas en dire autant…

  • Projet » La vitesse, nouveau fléau financier ?
    http://www.revue-projet.com/articles/2013-09-la-vitesse-nouveau-fleau-financier

    Près de 40 % des transactions financières sont passées, non par des humains, mais par des machines. Des ordinateurs capables d’atteindre une vitesse sans rapport avec celle de l’information sur l’économie réelle. L’objectif ? Garantir la « liquidité », selon le lobby bancaire. Selon Gaël Giraud : faciliter les délits d’initié… et faire de la « pêche à la ligne ».

    Depuis une poignée d’années, les techniques utilisées par nombre des grandes banques de marchés, par des courtiers et des fonds spéculatifs leur permettent, sur certains marchés financiers, d’échanger des offres de vente et d’achat toutes les microsecondes. Certaines banques déplacent leurs bataillons d’ordinateurs dans les caves d’immeubles de manière à les rapprocher physiquement des lieux d’enregistrement de leurs ordres de marchés, en vue de gagner quelques fractions de seconde dans la vitesse d’exécution de leurs stratégies de trading. Ces pratiques sont désignées par le vocable générique de « commerce à haute fréquence » (« high frequency trading », HFT)[1]. En 2010, elles représentaient plus de la moitié des transactions sur les marchés financiers nord-américains et au moins 30 % des marchés européens – depuis lors, leur poids dans la sphère financière n’a fait qu’augmenter.

    La loi bancaire française, adoptée le 18 juillet 2013, demande la sanctuarisation du HFT en obligeant les banques françaises à isoler leurs activités à « grande vitesse » dans une filiale, mais le texte législatif introduit une exception qui, finalement, vide la loi de son contenu : 90 % des activités de HFT resteront dans la maison-mère. Comme si le législateur, pris de remords, avait retiré d’une main ce qu’il donnait de l’autre. Pourquoi cette hésitation ? Le HFT est-il dangereux ? La « grande vitesse » est-elle un fléau ou bien le dernier fleuron de la créativité humaine au service de l’efficience des marchés ?

    QU’EST-CE QUE LE TRADING HAUTE FRÉQUENCE ?
    L’Asie, pour l’instant, semble encore partiellement épargnée par le HFT même si, depuis 2010, le Tokyo stock exchange a annoncé qu’il pouvait lui aussi accueillir des opérations de trading dont le pas de temps est inférieur à la milliseconde. Nyse-Euronext et le London stock exchange s’y sont déjà mis depuis plusieurs années. Toutes les grandes institutions financières se trouvent désormais engagées dans une compétition dont le critère discriminant est l’aptitude à faire exécuter des algorithmes capables de traiter un nombre de plus en plus gigantesque d’informations en une microseconde. Aucune des grandes banques internationales (en France, BNP-Paribas, Société générale, BPCE-Natixis, Crédit agricole) n’est épargnée par cette course. Les places boursières elles-mêmes sont entraînées, volens nolens, dans cette compétition : aujourd’hui, leur argument essentiel pour attirer le chaland consiste à faire valoir qu’elles sont capables de suivre et d’enregistrer de telles stratégies de trading à une vitesse supérieure à celle de leurs voisines. Car les plateformes alternatives (privées) de négoce financier, élaborées par les mégabanques elles-mêmes et autorisées par la Commission européenne depuis la funeste directive Mif de 2004 tentent de conquérir des parts aux dépens des places boursières traditionnelles grâce, notamment, à la vitesse d’exécution de leurs ordinateurs.

    Cette accélération paraît aller dans le sens d’une modernité de plus en plus affolée. Où la vitesse tient parfois lieu de critère de ce qui est vivant et où l’urgence devient souvent le seul viatique pour la survie[2]. En amont, toutefois, de ses possibles effets sociaux, cette accélération sert-elle le financement de l’économie ? Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, Martin Bouygues s’étonnait à juste titre que des opérateurs financiers (en fait leurs ordinateurs) vendent ou achètent le titre de sa société toutes les millisecondes. La valeur économique de sa société change-t-elle toutes les millisecondes ? Non. L’économie réelle, même mondialisée, fournit-elle des informations nouvelles toutes les millisecondes ? Non plus. C’est donc que la course à la vitesse où se trouve engagée la finance dérégulée contemporaine n’a strictement rien à voir avec une quelconque efficacité dans le traitement des informations venues de l’économie réelle. Ce point est fondamental : l’accélération des transactions financières ne provient pas d’une accélération du flux d’informations venues du monde réel.

    #Trading_haute_fréquence
    #Délits_d'_initié
    #Liquidité

  • Krach Machine
    http://krachmachine.fr/?p=72
    http://krachmachine.fr/wp-content/uploads/2013/03/KRACH_MACHINE_1.pdf

    #livre - Le 1er chapitre en libre accès

    Krach machine : Comment les traders à haute fréquence menacent de faire sauter la bourse
    En une décennie à peine, des spéculateurs d’un nouveau genre ont pris le contrôle de la finance. Les traders à haute fréquence achètent et vendent à la vitesse de la lumière.

    Arès 6 http://seenthis.net/messages/106245 nouveau livre sur le #hft #trading_haute_fréquence / j’en profite pour vous recommander cette émission tout à fait éclairante sur le sujet :) http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-comment-les-ordinateurs-ont-pris-possession