• « La régularisation des sans-papiers n’induit pas d’appel d’air »

    Alors que le gouvernement envisage de faciliter la régularisation de certains travailleurs sans-papiers, l’économiste espagnol détaille les diverses conséquences d’une telle mesure

    Dans une étude publiée en février 2018 et actualisée en 2022 (https://www.dropbox.com/s/izdbk59busoja78/Spanish_regularization_Rev_v1.pdf?dl=0), les économistes Joan Monras (Réserve fédérale de San Francisco), Elias Ferran (université de Valence) et Javier Vazquez-Grenno (université de Barcelone) ont analysé les conséquences d’une vaste régularisation de 600 000 migrants extra-européens décidée par le gouvernement socialiste espagnol en 2005.

    Vous êtes coauteur d’une étude sur les conséquences de la régularisation de 600 000 personnes en Espagne en 2005. Un des principaux enseignements de ces travaux est qu’une régularisation massive n’induit pas d’appel d’air…

    En 2004, on estimait qu’il y avait presque un million de sans-papiers en Espagne. La mesure de régularisation a bénéficié à environ 600 000 personnes. Mais elle n’a provoqué aucun appel d’air en Espagne. Pour s’en rendre compte, nous nous sommes intéressés aux chiffres des ressortissants extra-européens vivant en Espagne. Et on a constaté que ces chiffres n’avaient pas bougé.

    Par exemple, si on regarde les Equatoriens, il n’y a pas eu de changement, puisque leur nombre total s’établit autour de 400 000, en 2004 comme en 2008. Dans le même intervalle de temps, le nombre de Marocains a augmenté de 150 000, mais sans aucune rupture perceptible dans la tendance après l’adoption de la mesure de régularisation, ce qui laisse penser que d’autres facteurs, indépendants de cette mesure, ont joué.

    On peut expliquer cette absence d’appel d’air notamment par le fait que la mesure de régularisation visait les personnes déjà présentes en Espagne puisque, pour en bénéficier, il fallait remplir des conditions comme être présent depuis déjà au moins six mois dans le pays et avoir un contrat pour au moins les six prochains mois.

    Nous pensons même que la régularisation a pu jouer en défaveur de flux nouveaux, puisqu’elle a été accompagnée d’un renforcement des contrôles de l’inspection du travail visant à combattre le travail au noir, ce qui a pu rendre plus difficile l’embauche de travailleurs sans papiers. Nous restons toutefois prudents sur les effets à long terme de la mesure car, dès 2008, l’Espagne a été touchée par la crise économique, ce qui a pu avoir pour effet de diminuer la demande de travail.

    Des constats similaires ont-ils été faits dans d’autres pays ?

    En 1986, les Etats-Unis ont adopté l’Immigration Reform and Control Act (IRCA), une amnistie qui a permis à quelque trois millions d’immigrés de régulariser leur situation. Des articles de recherche ont regardé si cette loi avait provoqué une augmentation de l’immigration et ils trouvent que non. Ce n’est pas une vérité absolue, cela dépend certainement des contours de la politique mise en œuvre et du contexte économique, mais on a des exemples variés, en Espagne et aux Etats-Unis, qui trouvent que la régularisation n’induit pas d’appel d’air.

    Comment la régularisation peut-elle être un frein au travail au noir ?

    Si la régularisation est accompagnée d’un renforcement des contrôles de l’inspection du travail, cela a pour effet d’augmenter le coût du travail au noir. En outre, en exigeant des personnes un contrat de travail d’au moins six mois pour être régularisées, la mesure décidée par le gouvernement espagnol a incité des travailleurs à sortir du travail au noir. Cela est particulièrement visible dans le secteur du ménage à domicile.

    Beaucoup des personnes qui ont été régularisées étaient des femmes de ménage d’origine extra-européenne qui travaillaient de façon non déclarée au domicile de particuliers. La régularisation a provoqué une hausse très importante du nombre d’entre elles qui étaient déclarées, passé de 60 000 à 160 000.

    Toutefois, à moyen terme, le chiffre dans ce secteur est retombé autour de 110 000. Nous pensons que, une fois régularisées, ces travailleuses ont saisi des opportunités dans d’autres secteurs, notamment dans les hôtels-restaurants ou le nettoyage en entreprise. Mais il est également possible qu’une fraction de ces travailleurs soit retournée sur le marché informel.

    Vous battez aussi en brèche l’idée répandue selon laquelle le recours à la main-d’œuvre immigrée tire les salaires vers le bas…

    La régularisation de travailleurs peut exercer, dans un premier temps, une pression à la baisse sur les salaires puisque l’offre de travail se trouve augmentée mais, dans le même temps, en régularisant leur situation, les immigrés ont accès à plus d’opportunités de travail et cela augmente leur pouvoir de négociation avec les entreprises. Nous estimons que cette capacité de négociation peut leur permettre d’obtenir des niveaux de salaire plus élevés d’environ 20 % en moyenne. A long terme, ces deux effets se conjuguent et il n’y a pas de changement substantiel sur le niveau des salaires. Cela fait écho aux résultats de l’économiste et Prix Nobel d’économie David Card qui s’était intéressé à l’exode depuis le port cubain de Mariel dans les années 1980, lorsque quelque 1 250 000 Cubains avaient rejoint Miami.

    En revanche, vous montrez que les bénéfices sont manifestes pour les finances publiques…

    Nous avons calculé que, pour chaque migrant régularisé, les cotisations patronales ont augmenté de 4 000 euros en moyenne par an. Toutefois, nous avons aussi constaté que le travail au noir n’a pas disparu. Passé une première période au cours de laquelle le travail au noir a reculé, celui-ci reprend car des entreprises cherchent toujours à échapper aux cotisations sociales, et des travailleurs peuvent être intéressés par des salaires plus élevés car non soumis à l’impôt sur le revenu.

    Mais cette réalité dépasse la question des travailleurs migrants. En Espagne, le marché informel est très important et concerne les travailleurs espagnols eux-mêmes, dans des secteurs comme le bâtiment ou le tourisme. En cela, les migrants n’ont pas une attitude différente de celle des natifs.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/04/07/la-regularisation-des-sans-papiers-n-induit-pas-d-appel-d-air_6168644_3232.h
    #sans-papiers #régularisation #migrations #appel_d'air #économie #Espagne #chiffres #statistiques #travail_au_noir #salaires #travail

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  • Révélations Humanité. À la Poste, du travail au noir à grande échelle | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/social-eco/plateformes-numeriques/revelations-humanite-la-poste-du-travail-au-noir-grande-echelle-778154

    Nordene avait bien compris que ce n’était pas normal. Mais il se sentait « pris dans un système ». Ce quadragénaire a commencé à travailler avec l’application Stuart en 2016 pour livrer courses et colis avec sa voiture personnelle. Et là, consternation : « Je n’avais ni contrat, ni fiche de paie, ni factures. Rien ! », assure-t-il. Alors que le délibéré du procès de cette start-up pour travail dissimulé et prêt de main-d’œuvre illicite doit être rendu ce jeudi, plusieurs témoignages affirment que, au-delà des livreurs à vélo ou à pied, des milliers de coursiers motorisés auraient travaillé au noir durant plusieurs années.

    Comme des centaines d’autres chauffeurs, Nordene s’est fait « déconnecter » fin 2022, lorsque s’est tenu le procès de cette filiale de La Poste, en septembre, pour avoir utilisé des livreurs autoentrepreneurs et chauffeurs sous-traitants qui pouvaient relever du régime du salariat. Des peines de prison avec sursis et interdiction de gérer une entreprise ont été requises contre les cofondateurs de Stuart, Benjamin Chemla et Clément Benoît. Mais les faits, potentiellement très graves, que nous évoquons pourraient s’ajouter à la liste des griefs contre cette start-up, rachetée 23 millions d’euros en 2017 par Geopost, filiale à 100 % de La Poste.

    C’est ça le #désordre, non ? #loi_de_la_jungle

  • #Zurich veut offrir des papiers à ses clandestins, mais sans les régulariser

    La Ville de Zurich veut distribuer à sa population une « #carte_d'habitant » qui pourra être présentée à la police en guise de #pièce_d'identité. Compromis à une #régularisation en bonne et due forme, elle permettra un meilleur accès des sans-papiers aux #services_publics.

    S’inscrire dans une bibliothèque, se rendre à l’hôpital, ou encore dans une administration : des situations de la vie de tous les jours que les personnes sans papiers tendent à éviter, de peur qu’on leur demande leur carte d’identité.

    Pour éliminer ces difficultés liées à leur statut, l’exécutif de la Ville de Zurich vient d’accepter l’idée de la « City Card ». Ce concept de #carte_d'identité_urbaine est une revendication de longue date du monde associatif zurichois.

    Aux yeux de Cristina (prénom d’emprunt ), ressortissante d’un pays d’Amérique du Sud vivant à Zurich sans statut légal, ce projet est une bonne nouvelle. Dans la vie de tous les jours, « la #peur est très présente », a-t-elle confié au 19h30 de la RTS lundi. « On ne sait jamais comment les gens vont réagir. Quand on voit la police, on a peur, parce qu’on ne sait pas si on va être contrôlé. La peur est tout le temps là ».
    « Une bien plus grande #insécurité ici qu’en Suisse romande »

    Environ 10’000 personnes sans papiers vivraient aujourd’hui à Zurich les difficultés de cette vie de clandestin au quotidien. C’est pour les aider et aussi leur donner une visibilité qu’une association de la ville a eu l’idée de proposer la #City_Card.

    La militante associative Bea Schwager rêvait de voir sa ville mener une politique de régularisation des sans-papiers à l’instar de Genève et son opération Papyrus. Face au refus du canton, elle a vu dans cette carte, inspirée d’un projet new-yorkais, une solution de #compromis dans un contexte alémanique où, explique-t-elle, la question reste très délicate : « Vis-à-vis des sans-papiers, le canton de Zurich a une politique très restrictive. Ils ressentent une bien plus grande insécurité ici qu’en Suisse romande. Ils ont davantage peur dans l’#espace_public. Tout est beaucoup plus difficile pour eux », constate-t-elle.

    « Quasiment une façon de contourner l’Etat de droit »

    Les modalités de la future City Card zurichoise doivent encore être débattues au Parlement de la ville. La minorité de droite, elle, ne soutiendra pas un projet qu’elle considère comme problématique à plus d’un titre.

    « Cela revient à légitimer le #travail_au_noir et l’#exploitation des sans-papiers. Ce qui nous dérange aussi, bien sûr, c’est que cela va rendre les contrôles de police plus difficiles. C’est quasiment une façon de contourner l’Etat de droit », estime ainsi la conseillère communale PLR Mélissa Dufournet.

    Malgré ces oppositions, la gauche, majoritaire à Zurich, a bon espoir de voir la City Card se concrétiser. D’autres villes, comme Berne, Fribourg en encore Lucerne, s’y intéressent également.

    https://www.rts.ch/info/regions/autres-cantons/11789518-zurich-veut-offrir-des-papiers-a-ses-clandestins-mais-sans-les-regulari
    #sans-papiers #citoyenneté_locale #Suisse #visibilité #visibilisation

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    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/801885

    ping @isskein @karine4

    • City Card: Welcome news for undocumented migrants in Zürich

      Getting married, receiving a registered letter or reporting a violent crime: in Switzerland’s biggest city, these are all activities that are impossible for thousands of migrants without legal status. But a new ID card for the undocumented is set to change that.

      It works in New York, so why not Zürich? That was one of the arguments in the hard-fought campaign to introduce a city identity card in Switzerland’s largest city. The campaign succeeded, but only just: the ’Züri City Card’ was approved by a tiny margin at a referendum last month.

      Its supporters say the Züri City Card will benefit everyone in the city, but it is especially good news for undocumented migrants because for the first time, it means people living in Zürich without legal status – the so-called ’Sans Papiers’ – will at least have some form of identification which does not put them at risk of deportation, as well as enabling them to do such a simple thing as receiving a registered letter.

      Who are Switzerland’s sans papiers?

      Of 100,000-300,000 Sans Papiers estimated to be living in Switzerland, around 10,000 are in Zürich. Mostly women, they can be undocumented for different reasons. Some have never received a residence permit, such as those who arrived on a tourist visa and then overstayed after it expired. These are known as ’primary’ Sans Papiers, as are people who arrive without a visa, such as migrants who cross the border by irregular routes from Italy or France without registering as asylum seekers in Switzerland.

      A person whose application to join family in Switzerland was rejected but who joined them nevertheless is also in the primary Sans Papiers category. This mainly applies to children whose parents have right of residence but do not fulfil the criteria for family reunion, such as sufficient salary or living space. It also includes older family members such as grandparents who are brought to Switzerland despite failing to qualify for reunion.

      “Secondary” Sans Papiers include those who have lost the right to live in Switzerland, such as migrants whose ’B’ or ’C’ (residency or settlement) permit was withdrawn by the cantonal migration authorities because they began receiving social benefits; former apprentices (who lose their residency right after completing their training); and rejected asylum seekers who cannot be deported.

      We travel on the same trams, swim in the same river, ... you eat from plates we have washed, sit on toilets we have cleaned, .. and still we are invisible to you, because we are the Undocumented!

      Statement by Sans Papiers in support of the Züri City Card
      Living without papers

      Without legal status, the Sans Papiers in Switzerland live in a constant state of fear, says Bea Schwager, who heads the Sans Papiers Anlaufstelle (contact point) Zürich (SPAZ).

      A person who witnesses a violent assault – or is a victim of violence – is unlikely to report it to the police if they fear they will be removed from Switzerland as a result. Undocumented migrants cannot receive registered post in their name, because that requires them to show a valid passport.

      Sans Papiers cannot even come forward if they witness an accident: again, they have to show ID. Getting married is as good as impossible too – for that you need a form signed by a landlord confirming your place of residence.

      Going to the doctor without fear of being ’found out’, enrolling a child in kindergarten, or getting an apprenticeship will all be possible for everyone in Zürich, regardless of their immigration status, provided there are no blocks to the City Card’s introduction.

      It won’t be plain sailing to get the card into circulation, as there have been fierce arguments from the ’no’ side. Some opponents argue that the card should entail benefits for all Zürich residents, not just undocumented migrants. Others said there is already a way that undocumented migrants can legalize their status in Switzerland by applying for a ’hardship permit’.

      In reality, however, few people go down this route. As Schwager told the independent online news magazine Republik, SPAZ often advises its clients against applying for hardship because, even if they would qualify, too much is usually at stake for Sans Papiers: “They have to disclose everything in the process: contacts, addresses, employers.. If their application is rejected, they face expulsion.”

      ’Without them, Switzerland would be a different country’

      Many Sans Papiers in Switzerland left their countries to escape conflict or poverty – skilled migration routes were not open to them, and they reside illegally in Switzerland as a result. But while they have no right of residency, without them, the country’s economy would be in a state of collapse, the website of SPAZ claims.

      Sans Papiers are the ones who do much of the construction work, harvesting, nannying and cleaning in Switzerland, often for little money. Marianne Pletscher, a Swiss film-maker and creator of a new book of portraits of undocumented migrants employed as cleaners throughout Switzerland, says it would be a different country without the many migrants who keep it clean.

      In the book titled ’Who cleans Switzerland?’, Pletscher avoids presenting the ten subjects as ’victims’, but she also says conditions can be extremely harsh for irregular migrants. “I did want to show how difficult this kind of life is in Switzerland,” Pletscher told the German public radio station Deutschlandfunk. “Because Switzerland’s immigration policy is at least as restrictive as Germany’s.”

      Would the Zürich City Card change the legal status of the migrants featured in Pletscher’s book? No, concedes Peter Nideröst, a member of the City Card Association. But the Zürich lawyer told Republik, it would at least recognize undocumented migrants as a factual entity, and a part of the city’s population.

      http://www.infomigrants.net/en/post/41370/city-card-welcome-news-for-undocumented-migrants-in-zurich

  • C’est l’Eure.

    Dans l’Eure, « le réservoir de la colère explose » 23 NOVEMBRE 2018 PAR FRANÇOIS BONNET

    Dans l’Eure, péages d’autoroute et gros ronds-points demeurent bloqués tout ou partie de la journée. Le prix des carburants est oublié. Ouvriers, retraités, intérimaires, artisans, jeunes et vieux disent tous la même chose : une vie de galère avec des revenus de misère et des injustices qu’ils ne veulent plus supporter.

    « Le prix du carburant, pardon, mais je m’en contrefous », assure Line – « Appelez-moi Madame Line », insiste-t-elle. Madame Line est donc arrivée à pied, ce mercredi matin, au rond-point de Gaillon, dans l’Eure, avec son panier à roulettes. Des cakes faits maison et du café. Deux kilomètres de trajet. Une soixantaine de gilets jaunes sont là, sur le rond-point, pour un barrage filtrant. Ça dure depuis samedi. C’est juste à côté de Kiabi, de McDo et d’Auchan. C’est un rond-point dans une zone commerciale comme partout.

    Et là, les Klaxon des poids lourds et des voitures font connaître leur soutien. Les gilets jaunes sont en évidence derrière les pare-brise. On rigole bien. Ça blague autour des braseros, des barbecues et en tapant la converse avec les automobilistes qui attendent. Sans compter ce camionneur qui fait trois fois le tour du rond-point, Klaxon à fond. Lui, il réchauffe les cœurs. Il fait très froid. Depuis samedi, la fatigue s’accumule.

    C’est aussi pour ça que vient Madame Line. La voiture, elle a fait une croix dessus. « Je l’ai depuis deux ans au parking. Faudrait le contrôle technique, j’ai pas les sous, ma voiture réussira pas l’examen et il faudrait que je remette l’assurance, pas possible », précise-t-elle. Adieu la voiture, mais là, sur le rond-point, surgissent plein de nouveaux amis.

    Madame Line est retraitée. 720 euros par mois. Et une vie dont l’horizon au-delà de son logement HLM se résume au Auchan du rond-point de Gaillon et aux quelques sorties organisées quand ses enfants le peuvent. « Charges fixes enlevées, j’ai quoi ? 150, parfois 200 euros par mois », dit-elle.

    « Ben, il y a dix jours, on se connaissait pas », dit Alain. Lui a la quarantaine, c’est un grand costaud qui travaille à quelques kilomètres, au centre technique de Renault. Ça tombe bien, il y a quinze jours, il a loué un vélo électrique pour voir « si ça pouvait le faire pour aller au boulot ». Quinze kilomètres par jour, avec une grande côte. C’est pas évident, conclut-il.

    Une révolte, dit-il, c’est aussi plein de plaisir. Des découvertes, des gens, des horaires qui volent en éclats, une liberté. « Sur le groupe Facebook, on est des centaines. Là, on se relaie, moi je repars au boulot et je reviens ce soir. On se croisait dans la rue et on se disait pas bonjour, là on discute et il y a ce mot : solidarité. On pense pas pareil ? On s’en fout. Il y a des cons, des racistes ? On leur demande de se taire. La solidarité, c’est quand même ce gouvernement qui devrait montrer que cela existe au lieu de nous piétiner. »

    Ce que disent Line et Alain ? C’est ce qu’on pouvait entendre cette semaine sur la dizaine de gros points de blocage visités dans cette partie du département de l’Eure qui va de Vernon à Val-de-Reuil. La hausse des carburants est oubliée depuis longtemps. D’autant que les prix, constatés à l’Intermarché de Gasny vendredi matin, sont dans la fourchette basse. « Les carburants, c’est la goutte qui a fait exploser le réservoir de la colère », assure Smaïn, un « bloqueur » du péage de l’autoroute A13 à Heudebouville.

    Non, sur les ronds-points, on ne parle plus carburant mais des vraies choses qui fâchent : la pauvreté, les jeunes sans horizon ou précaires à l’éternité, les retraités à la ramasse, et soi-même ou bien dans la galère ou pas vraiment assuré des deux ou trois ans qui viennent. La peur de plonger à son tour. Et surtout, les salaires qui ne permettent pas de finir les mois.

    Il y a ce plaisir de se retrouver ensemble. Des gens que rien n’aurait réunis. Des petits gestes. À l’entrée des Andelys, c’est Anaïs qui raconte : « Un vieux dans une caisse pourrie me donne un billet de 5 euros, en fait c’est lui qu’il faudrait aider. » Le gars qui laisse un plateau de charcuterie d’au moins 50 euros à Gaillon. Ce voyageur dans une belle voiture qui, à Fleury-sur-Andelle, tend un billet de 20 euros. Ce boulanger qui a fait une fournée spéciale d’éclairs au chocolat « Soutien au blocage 27 » (le 27, c’est l’Eure).

    « On se bat pour nos jeunes, pour les retraités, pour nos salaires. »

    Partout, sur tous les ronds-points bloqués, les tables sont remplies de victuailles et de matériel avec parfois le groupe électrogène qui tourne. À Vernon, à la sortie de l’A13, une R5 traîne une carriole remplie de bois de chauffage. Aux Andelys, un routier passe un sac de gâteaux. Sur la barrière de péage de Heudebouville, c’est l’entassement de casse-croûte. Et là, ce jeune gendarme qui discute avec les gilets jaunes :
    « Bon, vers quelle heure vous arrêtez le blocage ?
    -- Pourquoi ?
    -- Euh, ça va devenir dangereux après 17 heures. Et puis faut que je rentre nourrir mon chien, soyez sympas.
    -- Votre chien peut attendre.
    -- Non, c’est un gros, il fait trente kilos, faut qu’il ait sa ration à l’heure. Et puis j’ai pas envie d’être rappelé pour ramasser un corps démembré.
    -- Sympa, vous nous portez chance…
    -- Non mais attention, c’est très dangereux les entrées de péage. »

    Et aux Andelys, où le centre des impôts a été bloqué puis fermé, voilà deux femmes gendarmes qui s’avancent sur le rond-point :
    « Alors, on se respecte, pas vrai ? Donc ne mettez pas des photos de nous sur Facebook.
    -- Y’en a déjà de parties, je crois.
    -- Justement, faut arrêter. Regardez, on n’a pas notre calot, on va se faire engueuler par la hiérarchie.
    -- Mettez votre calot, c’est pas mal.
    -- Ben non, regardez la gueule qu’on a avec ça.
    -- OK, on supprime les photos. »

    C’est bien joli de faire la fête et les barbecues merguez-chipo avec de nouveaux amis, mais « ici c’est pas la kermesse de l’école », corrige David. Il est là depuis cinq jours, à Gaillon. Les yeux rougis et creusés par le froid, la fumée, le manque de sommeil, les discussions sans fin. Comme les autres. David résume : « On se bat pour nos jeunes, pour les retraités, pour nos salaires. On nous traite de beaufs, d’illettrés, de sans-dents, on veut du respect, de la moralité et de l’écoute. Et on veut surtout la fin des injustices : Macron supprime l’ISF, les grandes boîtes ne paient pas les impôts, regardez Carlos Ghosn et les paradis fiscaux. »

    À Vernon, Éric, 41 ans, préfère faire dans l’imagé : « C’est quoi l’histoire ? On nous demande de se serrer la ceinture et en plus de baisser notre froc. Ça, c’est un truc pas possible. Donc stop ! » Ouvrier dans une entreprise de traitement des métaux près de Mantes-la-Jolie, il dit y avoir perdu une épaule. En arrêt de travail depuis avril, un accident professionnel et un patron qui ne respecte aucune consigne de sécurité. « On travaille avec des bains de cyanure, d’acides différents, de chrome. Pas de bleus de travail sécurisés, des petits masques de peinture qui ne servent à rien. L’inspection du travail est passée. Et qu’est-ce qu’a fait le patron ? Acheter des hottes de cuisine ! Et là-dessus, en équipe de nuit, j’ai fait une chute. Comment je fais maintenant avec une épaule foutue… »

    Traditionnellement ouvrière, cette partie de la vallée de la Seine a un temps bien vécu : automobile, métallurgie, industries chimiques, des entreprises de sous-traitance de partout pour les grands groupes et des logements pas trop chers. Depuis vingt ans, l’histoire n’est plus la même avec les crises, les délocalisations et les plans de licenciements qui se sont empilés. « Du boulot, il y en a encore, dit Kevin, 32 ans, mais faut voir les conditions. Moi, je suis cariste en intérim. En ce moment, c’est chômage : 806 euros par mois. J’ai un loyer de 450 euros, une fille à charge. Eh bien, je marche avec un compte dans le rouge et mes découverts enrichissent la banque ! J’ai calculé l’an dernier : 700 euros de frais bancaires dans l’année. »

    Chantal et Rose viennent prendre le relais sur le rond-point. La première est retraitée, 800 euros par mois, une sortie en voiture tous les quinze jours pour faire le « plein de courses », les habits achetés dans les vide-greniers et des jongleries comptables pour, parfois, se payer un billet de train. « On peut vivre comme cela quelques années mais tout le temps, non, c’est trop dur », commente-t-elle.
    Rose approuve en riant. Son mari est au chômage depuis deux ans. Elle est en intérim – « je prends tout, ménage, caissière, etc. » – au Smic et en ce moment en arrêt maladie avec le dos cassé. « 740 euros d’indemnités, on va pas loin avec ça. Donc pour deux de mes trois gosses, c’est plus d’activités et pas de vacances. »

    Le cahier de doléances de René, soudeur à la retraite
    « Ici, c’est la révolte de la France qui a 1 000 euros par mois, voire moins, pour vivre », dénonce Laurence, auto-entrepreneuse dans le service à la personne. Elle ne se plaint pas, son mari a « un bon travail », mais elle dit connaître des « gens qui bossent et qui vivent au camping ou dans leur voiture ». Alain abonde dans son sens. « Il y avait un espoir avec Macron et il ne se passe rien ou le pire. Il n’écoute personne, il a écrasé tout le monde avec ses ordonnances. “Licencier pour mieux embaucher”, c’était ça son truc. Les embauches, je les vois pas. Je suis depuis vingt-huit ans chez Renault et c’est le contraire qui se passe. »

    À Écouis, sur la grande départementale qui mène vers Rouen, ils sont une dizaine à taper des pieds pour se réchauffer devant le feu rouge. Et voici un petit tract : « Les gilets jaunes ne sortent pas que pour l’essence. » Suit une longue énumération de 27 mesures, impôts, taxes : de l’augmentation du gaz au projet de vignette pour les véhicules polluants ; de la suppression de l’ISF à la fermeture des services dans les hôpitaux ; de l’augmentation de l’âge de la retraite aux suppressions de poste dans l’éducation… Tout y passe. C’est un paysage social apocalyptique qui est dressé avec cette conclusion : « Une fois mort, ça ne s’arrête pas : il faut payer l’enterrement et tout le tralala, soit environ 4 000 euros et plus. »

    René, lui, est bien content. Ça lui rappelle Mai-68, quand il commençait sa carrière d’ouvrier chez Bata, à Vernon, avant de se reconvertir en soudeur spécialisé. Le voilà qui émerge de l’épais brouillard qui noie le rond-point un grand cahier à la main. « Je fais tous les blocages et je demande à chacun d’écrire une mesure qu’il faudrait prendre, vous voulez mettre quoi vous ? »

    Le cahier est feuilleté. Rembourser tous les médicaments. Baisser le prix des mutuelles. Mettre les banques à genoux. Augmenter le Smic. Aider les jeunes pour louer des logements – « C’est vrai qu’à 30 piges, être toujours chez Papa-Maman, c’est la honte », commente René. Que les patrons paient leurs impôts. Ouvrir la gare de Gaillon qui est fermée tous les après-midi et où les distributeurs de billets sont cassés. Annuler les 80 km/h sur les nationales.

    Et ça continue. Sur le rond-point, une jeune femme fait elle aussi l’inventaire. « J’en ai marre de tout, j’en ai marre de rien pouvoir faire avec mes gosses, j’en ai marre de compter en permanence pour finir le mois, j’en ai marre de pas être respectée par le patron, j’en ai marre des conneries des journalistes à la télé. » Et elle fond en larmes. « Excusez, je suis fatiguée. »

    Emmitouflé dans sa grosse veste camouflage, Daniel s’offre un petit moment de politique en filtrant les poids lourds. « Moi, c’est pas le pire, je suis à la retraite depuis quatre ans, 1 300 euros par mois. » Daniel a été délégué syndical et il regrette bien que les syndicats ne soient pas dans le coup. « Pourquoi la CGT n’est pas là ?, demande-t-il. Si les gars à l’usine Renault-Flins arrêtaient le travail, ne serait-ce qu’une journée, ce serait plié. »

    L’ancien syndicaliste expose à qui veut l’entendre son choix d’un « capitalisme régulé et juste ». Les multinationales ont trop de pouvoir, le CAC 40 ne paie pas ses impôts, les jeunes galèrent et doivent compléter leur salaire par le travail au noir. Il se souvient de ce reportage sur Starbucks – « c’est à la mode ça » – qui ne paie pas un sou d’impôt en France. Il est pour l’Europe mais pas celle-là, qui ne « fait rien pour le salarié ». Et il en a assez de se faire marcher dessus : « En 2005, on vote non à la Constitution européenne et, trois ans après, on nous l’impose, c’est la démocratie, ça ? »

    À une quarantaine de kilomètres de là, à Fleury-sur-Andelle, en bordure du plateau agricole du Vexin, c’est une autre syndicaliste qui tient avec une cinquantaine de personnes le rond-point. Leïla travaille dans une usine de sous-traitance automobile qui produit des joints de portière et carrosserie. « Attention, je suis là en tant que citoyenne, prévient-elle. Vient ici qui veut, avec ses idées et ses envies, c’est pas un bataillon syndical et justement ça nous change. »

    « Faut discuter, ouvrir une grande négociation »

    Un de ses collègues de l’usine est à ses côtés, trente ans dans cette boîte, la retraite dans trois ans et il s’inquiète. « Quand je suis rentré, on était 1 800 employés, maintenant on est 400 dont 200 intérimaires. Et la moitié ont été virés », résume Marc. L’usine vient de perdre la fabrication de deux joints, assure-t-il, produits désormais chez des sous-traitants à l’étranger. « Regardez l’usine Renault au Maroc, tout va partir et tous ces jeunes, ils vont devenir quoi ? Moi, je dois aider mon fils et puis aider aussi ma mère qui s’en sort pas, c’est humiliant pour tout le monde. »

    Serge a 20 ans, une grande mèche orange dans les cheveux et un scooter poussif fait de récupérations diverses. « J’ai pas le permis et ici, sans bagnole, ça aide pas. » Jardins, espaces verts : il met des C.V. partout et ne trouve nulle part. « Là, je me dépanne dans un centre équestre, 30 euros la journée, je vais faire quatre, cinq jours ce mois. Mais les retraités n’ont plus de thune, on ne peut plus faire leur jardin, les haies, les arbres. »

    Les retraités, voilà un chef d’entreprise qui veut en parler. À Gaillon, Raphaël a une menuiserie, six salariés et est habitué à tourner avec deux mois de travail d’avance. « J’ai quelques marchés d’entreprise, dit-il, mais l’essentiel de mes clients sont des particuliers et à 80 % des retraités. » Il l’assure et enrage : la CSG, le projet de désindexation des retraites, la hausse du fuel de chauffage, les frais de santé… Voilà que les retraités ont gelé ou différé leurs commandes. « Je vois mon chiffre d’affaires fondre comme neige au soleil. Ça, c’est un truc que le gouvernement n’avait pas prévu mais demandez à tous les artisans, les retraités sont à l’arrêt et on se prend cela en pleine tête. »
    Raphaël a donné la semaine à ses salariés. Tous sur les ronds-points ! « J’ai mis dix-huit ans à construire cette boîte, je les laisserai pas la détruire. C’est une folie, il n’y a plus de pouvoir d’achat et c’est nous, en bout de chaîne, qui tombons. »

    Et après ? Ça discute sur les ronds-points et les péages de l’A13. Bien peu des gilets jaunes disaient vouloir manifester à Paris, samedi. « Ça sent le traquenard, s’il y a des affrontements, on va tout perdre et le gouvernement fera tout pour que ça se passe mal », assure un « bloqueur » du péage d’Heudebouville. À Écouis, le groupe qui tient le feu rouge est bien décidé à y aller : « On va faire opération train gratuit, on va quand même pas polluer pour aller à la capitale ! » Et puis Paris n’est qu’un moment. Sans mesures fermes du gouvernement, les blocages vont continuer, assurent les manifestants.

    « Faut discuter, ouvrir une grande négociation avec les syndicats et annoncer vite l’annulation de certaines taxes. Il faut que les petits Mickeys au pouvoir acceptent de reculer, il n’y a que les idiots qui ne changent pas. D’autant que dans six mois, on vote et là, Macron va comprendre sa douleur », dit l’ancien syndicaliste de Vernon. À Fleury-sur-Andelle, Marc attend une « solution correcte pour tout le monde ». « On veut bien payer si nos impôts servent à quelque chose mais on sait aussi que le petit ne peut pas tout payer. Il faut remettre de l’équilibre, de l’égalité. »

    Sans représentant, sans structure et organisation, les occupants de ronds-points n’en démordent pas. C’est justement l’absence de chefs, de délégués, de revendications précises qui « fout le bazar », assurent-ils. Au pouvoir de se débrouiller avec ça et de trouver la porte de sortie. Voilà un exercice qui sonne déjà comme une revanche pour cette France des mille euros et moins par mois.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/231118/dans-l-eure-le-reservoir-de-la-colere-explose?onglet=full

    #giletsjaunes #eure #blocage

  • Scirocco : A Case Against Deportations

    EU governments are implementing security-oriented policies to govern migration. Higher walls, more controls, detention, expulsion. Deporting migrants to their country of origin will not tackle nor change people’s needs to migrate. Tunisians re-migrate to Italy short after being deported, as the uncertainty of travel is preferred to the certainty of unemployment and poverty.

    This animation tells the story of one to show the movement of many.
    Deportation is no deterrent to migration.

    https://vimeo.com/278007474


    #tunisie #migrations #vidéo #film #film_d'animation #remittances #fermeture_des_frontières #contrôles_frontaliers #smuggling #smugglers #mourir_en_mer #décès #morts #travail_au_noir #travail #économie #CIE #Italie #détention_administrative #renvois #expulsions #dissuasion #sans-papiers
    ping @_kg_

    • Deportation is no deterrent to migration - témoignage d’un migrant sfaxien rencontré à Briancon en janvier 2018 : « J’ai traversé la mer sept fois. Au début j’ai été renvoyé encore et encore. La septième fois le policier italien m’a dit ’Toi encore ? Vas-y ! On ne veut plus te voir ici’ et il m’a laissé rentrer en Italie »

  • "#Fatima" de #Philippe_Faucon

    « Fatima est femme de ménage dans un quartier de Lyon. Elle est séparée de son mari et habite seule avec leurs deux filles, âgées de 15 et 18 ans. Elle maîtrise mal le français, qu’elle continue d’apprendre aux cours d’alphabétisation, entre ses journées de travail. Elle vit avec frustration cette séparation par la langue avec ses filles, nées en France. Fatima est également habitée par la crainte que ses filles ne puissent connaître autre chose que le parcours de relégation sociale qui a été le sien… »

    http://static-cdn.arte.tv/cdnp-cinema/sites/default/files/styles/sdl_editor_image/public/thumbnails/image/fatima.png?itok=LaAANqwE
    http://cinema.arte.tv/fr/article/fatima-de-philippe-faucon-0
    #film #cinéma #intégration #langue #deuxième_génération #secondos #ménage #alphabétisation #analphabétisme #illetrisme #femmes #migrations #travail #travail_domestique #travail_au_noir

  • L’Allemagne enquête sur son ambassade de Paris Le Figaro.fr avec AFP - 12/11/2017
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/11/12/97001-20171112FILWWW00149-allemagne-enquete-sur-un-systeme-de-travail-dissi

    Le ministre des Affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel a ordonné une enquête sur les allégations faisant état de travail dissimulé et de fausses facturations au sein de l’ambassade d’Allemagne à Paris, a affirmé aujourd’hui le ministère.

    >> Lire aussi - L’État allemand devant les prud’hommes http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/11/05/01016-20171105ARTFIG00167-l-etat-allemand-devant-les-prud-hommes.php

    Le ministre a demandé une « inspection spéciale » sur les pratiques présumées dénoncées par deux ex-salariés de l’ambassade qui ont assigné l’Etat allemand devant la justice française pour « travail dissimulé » et « licenciement abusif », indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué envoyé à l’AFP.

    Selon le journal Le Monde qui a révélé l’affaire, ce système de rémunérations non déclarées mis en place au sein de l’ambassade prévoyait des compléments de revenus en espèces pour les employés, en partie grâce à un mécanisme de fausses facturations liées à des événements organisés à la résidence de l’ambassadeur, notamment par des entreprises.

    « Plusieurs centaines de milliers d’euros »
    Les sommes en jeu porteraient sur « plusieurs centaines de milliers d’euros depuis 2007 », affirme le quotidien. Les deux salariés en litige avec l’ambassade estiment avoir été licenciés pour avoir remis en cause ce système.

    Le ministère des Affaires étrangères allemand avait indiqué qu’il allait se pencher sur les allégations des deux anciens salariés avant d’admettre des irrégularités passées, en réponse à une parlementaire des Verts. Les pratiques de facturation « ne correspondaient pas aux normes habituelles », a reconnu un haut responsable du ministère dans un communiqué.

    Cette affaire « doit être complètement éclaircie et les responsables (doivent) rendre des comptes », a déclaré la parlementaire des Verts, Franziska Brantner, au quotidien Koelner Stadt-Anzeiger.

    #France #Allemagne #Fraude #travail_au_noir #cotisation_sociale #union_européenne #prudhomme #caisse_noire #prud'hommes #travail_dissimulé

  • Oho... je me rends compte que je n’ai rien mis sur seenthis concernant l’#opération_papyrus qui a cours à #Genève...
    Voici un article récent sur cette opération de #régularisation des #sans-papiers. Je mettrai en commentaire les photos de Alberto Campi, qui a couvert l’événement pour La Cité...

    A Genève, les effets inattendus de l’opération Papyrus

    Une ressortissante brésilienne invoquait les critères du projet de régularisation des clandestins pour obtenir la prolongation de son séjour légal en Suisse. La Chambre administrative de la Cour de justice lui donne raison

    https://www.letemps.ch/suisse/2017/09/11/geneve-effets-inattendus-loperation-papyrus
    #suisse

  • #sans_papiers et #travail
    http://www.radiopanik.org/emissions/radio-maritime/sans-papiers-et-travail

    Les apprenants de la Porte Vertes s’intéressent à la condition des sans papiers et du #travail_au_noir.

    Comment travailler quand on n’a pas de papiers ? Comment porter plainte quand on est exploité alors qu’on est nous-même illégal ? Comment changer les choses ? Que faire pour nos enfants ?

    http://www.radiopanik.org/media/sounds/radio-maritime/sans-papiers-et-travail_03261__1.mp3

  • Teasing : « La rue des allocs » : le bienvenue chez les #pauvres de M6 fait déjà polémique - L’Express
    http://www.lexpress.fr/actualite/medias/la-rue-des-allocs-le-bienvenue-chez-les-pauvres-de-m6-fait-deja-polemique_1

    Le 17 août, M6 diffusera La rue des allocs, un « docu-réalité » tourné dans le quartier de Saint-Leu à Amiens. Un reportage sur la pauvreté qui fait déjà bondir.
    Misérabilisme ou documentaire nécessaire sur la pauvreté ? La rue des allocs, nouveau format « docu-réalité » de M6 sera diffusé le 17 août prochain. 
    Pendant six mois, les équipes de tournage de la chaîne ont suivi certains habitants du quartier #ouvrier de Saint-Leu, à Amiens.

    #allocataires #RSA #Surendettement #travail_au_noir

  • En Espagne, le retour à l’#emploi se fait au prix d’un faible #salaire et de la #précarité
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/23/en-espagne-le-retour-a-l-emploi-se-fait-au-prix-d-un-faible-salaire-et-de-la

    L’économie espagnole recrée des emplois. Au deuxième trimestre, elle a enregistré 411 800 créations de postes par rapport au trimestre précédent, selon les chiffres publiés jeudi 23 juillet par l’Institut national des statistiques (INE). Par rapport au même trimestre de 2014, le nombre d’emplois a augmenté de 513 000 (+ 3 %). Quatre jeunes témoignent de leurs difficultés à (re) trouver un emploi, qui plus est stable.

    • « De nos jours, le terme +emploi stable+ ne veut rien dire en Espagne », constate, désabusée, Paloma Sotillo. Cette Madrilène de 43 ans se trouve sur la longue liste des 1,7 million d’actifs admettant toucher une partie de leur salaire sous forme d’enveloppes.(...)
      Ainsi, un dixième des employés et un cinquième des chômeurs ont travaillé au noir en 2014, selon une étude de l’école de commerce catalane Esade. Dans le cas des actifs, les revenus tirés de cette activité représentaient en moyenne 24,5% de leur salaire total.

      La plupart ne le font pas de gaité de coeur. Paloma Sotillo était au chômage depuis un an quand elle trouvé, en décembre 2013, par une connaissance, un emploi dans un magasin de jouets pour enfants de la capitale.

      « Le contrat de travail était de 30 heures (par semaine), mais je travaillais 35 heures et le complément m’était versé au noir », soit un salaire mensuel de 700 euros, plus 120 euros. Cette situation dure un an, avant que cette brune au visage doux et à la voix fatiguée soit obligée de quitter son travail pour s’occuper de sa mère, malade.

      #travail_au_noir

  • Débrouille contre l’#exclusion | Le #travail_non-déclaré, ressource pour les #déboutés ?

    La politique d’asile helvétique frappant les déboutés favorise-t-elle le recours à une économie parallèle ? Comment parvenir à s’en sortir lorsqu’on ne vous donne rien, ou tout juste un minimum destiné à vous faire comprendre que vous êtes indésirables ? Dans le cadre de son travail de master [1], dont il nous propose ici une synthèse, Régis Blanc met en exergue les paradoxes et effets pervers du système migratoire. (réd.)


    http://www.asile.ch/vivre-ensemble/2015/05/19/la-debrouille-contre-lexclusion-le-travail-non-declare-ressource-pour-les-debo
    #travail_au_noir #asile #migration #réfugiés #Suisse

  • #Working_Illegally (2015)

    Last year the UK Home Office detained approximately 30,000 people across a network of 13 detention centres. People are incarcerated in these centres for immigration reasons without trial or charge. Many are asylum seekers and other migrants who have committed no crime. They are detained for an indefinite period.

    Undocumented migrants are not allowed to work in the UK while their right to stay in the country is being processed. However, in detention they work for £1 per hour, saving the private security companies contracted to run detention centres vast amounts of money.

    The new documentary from Standoff Films, "Working Illegally”, looks behind politicians’ rhetoric, the closed walls and barbed wire of UK border enforcement, to expose the reality of immigration detention, raising pressing questions concerning its nature and purpose. Told primarily through detainees’ testimonies, based on original research by Corporate Watch, this film offers critical insight into the labour that maintains the UK detention estate, as well as a general introduction to the immigration detention system.

    http://www.standoffilms.com
    #travail #travail_au_noir #sans-papiers #migration #film #documentaire #témoignage #détention_administrative #rétention

  • ’We’re Working, Waiting, Expecting the Worst’: Syrians Are Escaping Jordan’s Refugee Camps for Black Market Labor

    Mahmoud pauses for a rest in the shade of one of Amman’s largest mosques with a handcart loaded high with brightly colored Syrian sweets and dried figs. It is a brief moment of reprieve. Every day, starting at 6am, he spends 12 hours walking across Jordan’s capital peddling his wares; the work in the scorching Middle East heat badly blisters his feet.


    https://news.vice.com/article/were-working-waiting-expecting-the-worst-syrians-are-escaping-jordans-ref

    #travail_au_noir #Jordanie #Syrie #réfugiés #asile #migration #camps

  • Les emplois à domicile mis KO par la #rigueur
    http://fr.myeurop.info/2014/05/20/emplois-domicile-mis-KO-rigueur-fiscalite-13879

    Tristan de Bourbon Marco Bertolini Ludovic Clerima Ariel Dumont

    En #France, 16.500 emplois à domicile ont été détruits. Et si en #Italie, ces postes résistent bien à la #crise, en #Belgique et au #Royaume-Uni, comme en France, l’hémorragie est accentuée par une fiscalité moins favorable favorisant le #Travail_au_noir.

    L’emploi à domicile en France n’est plus ce qu’il était. lire la (...)

    #Société #INFO #chomage #emploi_à_domicile #Europe #fiscalité #Heure #travail_non_déclaré

  • L’emploi à domicile n’a plus la cote en Europe
    http://fr.myeurop.info/2014/04/15/declin-emploi-domicile-europe-13644

    Marco Bertolini Ariel Dumont Ludovic Clerima Tristan de Bourbon

    Partout en Europe les emplois à domicile sont fragilisés. Au #Royaume-Uni, l’Etat n’intervient que pour la garde d’enfants, les handicapés et les personnes âgées. Et si en l’Italie ils résistent à la crise, en #France et en #Belgique la diminution des avantages fiscaux relance le #travail au noir.

    L’emploi à domicile en France n’est plus ce qu’il était. Auparavant cité comme l’un des derniers (...)

    #EUROFOCUS #Économie #Italie #charges_sociales #cotisations #coût_du_travail #déduction #emploi #fiscalité #foyers #ménages #Travail_au_noir

  • Expliquez-moi, Monsieur Fehr, je pensais que c’était uniquement les requérants d’asile qui étaient des profiteurs ? Vous, vous n’avez pas profité pour embaucher votre #employée_domestique au noir ?

    Asylsuchende arbeitete schwarz für Fehr
    –-> #requérante_d'asile serbe travaillait au noir pour le politicien #Fehr (#UDC), #Suisse

    Eine serbische Asylbewerberin hat für SVP-Nationalrat Hans Fehr und seine Frau gearbeitet. Der asyl- und ausländerpolitische Hardliner habe für sie keine Sozialversicherungsbeiträge bezahlt.

    http://www.20min.ch/schweiz/news/story/Asylsuchende-arbeitete-schwarz-fuer-Fehr-15926424

    #travail #travail_au_noir #hypocrisie #travaux_domestiques #domestique