• Quand le ministre de la Santé découvre l’effondrement de la psychiatrie
      https://www.liberation.fr/societe/sante/quand-le-ministre-de-la-sante-decouvre-leffondrement-de-la-psychiatrie-20

      Le dimanche 25 février, le corps sans vie d’une femme de 85 ans atteinte de démence est retrouvé dans un container à ordures dans l’hôpital d’Aix-en-Provence. Amenée aux urgences par sa fille le vendredi 23 février sur les conseils de son psychiatre, la patiente fugue dans la soirée. La fille, à qui le personnel a demandé de rentrer chez elle, aurait expliqué que sa mère s’échappait tout le temps et qu’il fallait lui donner son traitement, se serait vu répondre que, sans l’aval du médecin interne, ce n’était pas possible. Deux heures plus tard, elle est rappelée car sa mère « n’est plus dans l’enceinte de l’établissement ». Elle retourne sur place, demande que soient visionnées les bandes des caméras de surveillance pour savoir dans quelle direction est partie sa mère : « Ils m’ont répondu qu’ils n’avaient pas les codes pour les visionner et que la personne responsable des codes était en vacances », explique-t-elle à France Bleu. La nuit, le lendemain, ses proches vont la chercher partout, en ville, jusqu’à ce qu’un membre de la famille, pompier, la trouve dans une benne à ordures dans les sous-sols de l’hôpital. Selon la famille, le visionnage tardif le dimanche soir des bandes de vidéosurveillance permet de voir que la malade est entrée elle-même dans le container le vendredi soir à 20h45, ce qui signifie qu’elle aurait pu être retrouvée le soir même si les vidéos avaient été accessibles.

      Cette histoire particulièrement atroce s’ajoute à beaucoup d’autres, toutes celles qui sont médiatisées, toutes celles qui n’arrivent pas jusqu’à nous. Depuis des années, les patients font face à une perte de chance liée à l’effondrement du système, en ville comme à l’hôpital. Mais au stade où nous en sommes arrivés, cela se voit.

      Viol, agression sexuelle et suicide

      Il reste pourtant parmi nous des gens qui découvrent la situation. Ainsi de Frédéric Valletoux, nouveau ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention sous l’égide de Catherine Vautrin. Sa nomination avait été saluée par les connaisseurs du secteur comme celle d’un pro de la communication, et avait été due à de savants arbitrages. Un poste pour Renaissance, un poste pour Horizons, un poste pour le Modem… La compétence compte moins que les savants équilibres entre factions Macron-compatibles.

      Une semaine plus tôt, le 20 février, le nouveau ministre s’était rendu à Toulouse, au CHU Purpan, où s’étaient produits trois incidents graves. Un viol et une agression sexuelle sur deux patientes dans la nuit du 10 au 11 février, et le suicide d’un patient hospitalisé aux #urgences_psychiatriques, avaient incité les syndicats à avertir l’inspection du travail en l’informant que tous les projets des professionnels de santé du CHU pour améliorer les conditions de travail sont systématiquement retoqués par l’Agence régionale de santé par manque de moyens. Sur place, le ministre joue la surprise et la consternation, et dénonce une situation inacceptable : « Je suis très remonté parce que je n’avais jamais vu cela. La situation que je constate ici à Toulouse sur la prise en charge des urgences psychiatriques est inacceptable et en tout point contraire à la feuille de route qui m’a été fixée par le président de la République et le Premier ministre. Cette feuille de route vise à établir un fonctionnement basé sur la coopération au sein des territoires, le décloisonnement entre le public et le privé et un système de soins respectueux des patients et de ses personnels. Sa mise en œuvre sans délais est une de mes priorités. »

      Situation de déshérence

      Au-delà de ce festival d’éléments de langage, dans lequel on note que le problème majeur pour le ministre semble être que le réel apparaît décidé à contrarier sa « feuille de route », Frédéric Valletoux pointera la responsabilité des établissements privés du secteur : « Au-delà de la question des moyens, c’est surtout une question d’état d’esprit, de mentalité, qui ici doit changer. Le public et le privé ne peuvent pas se regarder en chien de faïence au détriment de la prise en charge et de la sécurité des patients… L’hôpital ne peut pas être simplement le réceptacle de ce que les autres ne veulent pas faire. » En une incise, le ministre évacue donc « la question des moyens », et laisse entendre à demi-mot que la charge insupportable de l’hôpital public est liée au désinvestissement des cliniques psychiatriques dans l’accueil en urgence des patients. Manque de chance, le réel, une fois encore, a décidé de contrarier le ministre. La situation de déshérence de la #psychiatrie est connue au plan national et dénoncée régulièrement par les professionnels et les personnels de santé, elle a fait l’objet depuis quinze ans d’une dizaine de rapports publics…

      L’hospitalisation des patients est sectorisée géographiquement et, au sein de ces secteurs, seuls certains établissements, essentiellement ceux du public, reçoivent les accréditations et les agréments nécessaires à l’accueil de patients aigus en hospitalisation sous contrainte (c’est-à-dire sans leur consentement). Cette tentative de botter en touche, d’accuser le secteur privé pour passer sous silence les conditions de travail dans le secteur public que dénoncent ceux-là mêmes qui y travaillent, n’étonne pas de la part de Frédéric Valletoux qui, depuis des années, fait porter à la médecine de ville la responsabilité de l’effondrement des urgences hospitalières. Il faut probablement à ce stade préciser, ce que par étourderie j’ai omis de faire, que le ministre Frédéric Valletoux n’a pas seulement été nommé parce qu’il est apprécié de Brigitte Macron, qui de Didier Raoult à Sabrina Agresti-Roubache a toujours su utilement conseiller son mari. Non. Frédéric Valletoux, qui découvre à Toulouse avec effarement la situation de l’hôpital public, a été nommé à son poste parce qu’il a présidé pendant onze ans la Fédération hospitalière de France.

  • « L’hospitalisation sous contrainte est trop souvent la porte d’entrée dans les soins psychiatriques », Martine Frager-Berlet, administratrice de l’association Les ailes déployées

    En tant que mère d’un fils soigné en #psychiatrie depuis plus de vingt ans et membre active d’associations de familles concernées, le débat suscité par l’accusation de « laxisme » dirigée contre la psychiatrie, faisant suite à des faits divers sanglants, me fait réagir vivement. « La France est le pays qui détient le record des hospitalisations sous contrainte », répondent des responsables, et cette affirmation est malheureusement vraie, ce que l’on devrait plutôt déplorer.
    Les personnes atteintes de maladies psychiques sévères – environ 3 millions en France – ne demandent pas spontanément des #soins, au moins pendant une première période de leur maladie chronique, parfois pendant plusieurs années. Le plus souvent, ce sont leurs proches qui contactent les services de psychiatrie, mais ceux-ci demandent que la personne malade vienne elle-même au centre médico-psychologique (CMP) de son quartier. La plupart du temps, quand elle va mal, elle ne veut pas y aller.

    Il faut donc attendre que la situation, dont les proches s’inquiètent, devienne intenable pour que des services interviennent – non pas les services de psychiatrie mais la #police ou les pompiers s’ils se reconnaissent compétents. Il faut pour cela une mise en danger ou une infraction. A ce moment-là, plusieurs semaines, plusieurs mois, ou même plusieurs années, peuvent s’être écoulés depuis la première alerte. La « crise » devient alors une « urgence », qui seule est considérée par les services de psychiatrie comme justifiant d’imposer au malade une hospitalisation.

    Des interrogations sur les missions de la psychiatrie

    Cette procédure est, de fait, la seule en vigueur en France pour apporter des soins à un malade psychique qui ne reconnaît pas sa maladie. L’hospitalisation sous contrainte est trop souvent la porte d’entrée dans les soins psychiatriques. Quand le patient sort de l’hôpital et retourne vivre dans son logement ou chez ses proches, il n’est pas seul, il a son ordonnance, sur laquelle sont inscrits les médicaments qu’il doit prendre.
    A-t-il compris qu’il est malade, accepte-t-il de se reconnaître comme tel et qu’il doit se soigner pour ne pas rechuter ? Là n’est pas la question selon l’hôpital : il faut libérer son lit et il a rendez-vous au CMP un mois plus tard. Va-t-il y aller ? Pendant combien de temps prendra-t-il son traitement ? Les rechutes sont fréquentes et elles se traduisent par une nouvelle hospitalisation sous contrainte, retour à la « case départ ». Il n’est donc pas étonnant que ce type d’hospitalisation soit très fréquent en France. Cela signifie-t-il que la psychiatrie a assuré ses missions ?

    Le code de la #santé_publique prévoit que les services de psychiatrie doivent assurer « un recours de proximité en soins psychiatriques (…) y compris sous forme d’intervention à domicile (…) Ils mettent à la disposition de la population (…) des services et des équipements de prévention, de diagnostic, de soins, de réadaptation et de réinsertion sociale ». Et « dans chaque territoire de santé, l’agence régionale de santé organise un dispositif de réponse aux urgences psychiatriques ». Or, on l’aura compris, ce n’est clairement pas le cas.

    Une maltraitance institutionnelle

    Les hospitalisations sous contrainte, intervenant lorsque la crise est devenue aiguë, donnent lieu souvent à une mise à l’#isolement et parfois sous #contention (le malade est attaché à son lit) dans des conditions qui sont peu respectueuses de la dignité, ni même des textes applicables.

    La loi du 26 janvier 2016 prévoit en effet que « l’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un #psychiatre, prise pour une durée limitée ». Ces « soins » psychiatriques sont très mal vécus par les patients et ils aggravent le désordre psychique et le rejet des soins : ils constituent, dans les établissements qui les pratiquent encore, une maltraitance institutionnelle.

    Que faire alors ? Intervenir dès que l’alerte est donnée, accompagner l’entourage qui a besoin de comprendre ce qu’il se passe, venir à domicile avant que la personne ne soit en crise aiguë sont des recommandations qui ont fait leur preuve. Après la crise, on le sait, le traitement chimique ne suffit pas, les patients ont aussi besoin dans la durée de #psychothérapies, d’#activités thérapeutiques (incluant le corps), de pédagogie sur leur maladie (#psychoéducation), de contacts avec des malades rétablis (#pair-aidance), de groupes de parole, de projets qui les tirent vers l’envie de se soigner.

    Favoriser l’inclusion dans la société

    Aujourd’hui, ici et là en France, des initiatives sont prises pour des soins psychiatriques de qualité, pourquoi sont-ils le fait de telle équipe motivée et volontaire au lieu d’être généralisés ? On l’oublie trop souvent : l’objectif de la psychiatrie ne se résume pas à empêcher la personne malade de nuire aux autres ou de se nuire à elle-même mais elle doit viser en priorité à favoriser le rétablissement, c’est-à-dire la capacité d’agir de cette personne, afin de favoriser son inclusion dans la société.
    Si des soins sont prodigués dès les premières alertes, un rétablissement durable se produira plus rapidement. Enfin, la « prévention des maladies psychiques » passe par l’information et la déstigmatisation de ces maladies du cerveau qui n’ont rien de plus honteux que les autres.

    Pour conclure, quelques lignes extraites d’un texte écrit par mon fils au sujet de sa première hospitalisation sous contrainte, que je cite avec son autorisation : « Mon droit à la dignité a directement été violé car j’ai été déshabillé de force par deux infirmiers, j’appelle ça une humiliation… Le monde nous laissait en plan, la vie à l’état statique. L’inexistence. Tout sauf du soin et de l’humanité. »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/18/l-hospitalisation-sous-contrainte-est-trop-souvent-la-porte-d-entree-dans-le

    #urgences_psychiatriques #hospitalisations_sous_contrainte

  • Hôpital public : « Quand la situation est dégradée au point de mettre les patients en danger, c’est un devoir moral de dénoncer l’inacceptable »

    Alors que le 13 janvier, au CHU de Dijon, Gabriel Attal a promis de mettre l’hôpital en haut de la pile des problèmes à résoudre, un collectif rassemblant plus de 230 médecins, soignants et personnels hospitaliers dénonce, dans une tribune au « Monde », la répression qui s’abat sur celles et ceux qui alertent sur les dysfonctionnements.

    Irène Frachon a permis la condamnation du laboratoire Servier en appel le 20 décembre 2023. C’est la victoire de la « fille de Brest » – et celle de milliers de victimes – qui a réussi à montrer qu’elle avait raison de s’être attaquée au si puissant lobby pharmaceutique. Elle restera un exemple pour ces femmes et ces hommes, souvent anonymes, témoignant de la situation catastrophique de l’#hôpital public.
    Ces lanceurs d’alerte, impliqués au quotidien auprès des #patients, ne voulant rien d’autre que d’être entendus, ont pourtant été punis de leur bonne foi. Sébastien Harscoat à Strasbourg, ou Caroline Brémaud à Laval le savent : alerter, pour le bien de la communauté, est dangereux. Les lanceurs d’alerte, pour le sociologue Francis Chateauraynaud, auteur de Alertes et lanceurs d’alerte (« Que sais-je ? », PUF, 2020), ne sont pas les dénonciateurs de fautes, de fraudes ou de mauvais traitements, mais des personnes ou des groupes qui, rompant le silence, signalent l’imminence, ou la simple possibilité, d’un enchaînement catastrophique.

    C’est exactement ce qui se passe à l’hôpital public. Depuis quelques années, aides-soignantes, infirmières, secrétaires médicales, psychologues, assistantes sociales, cadres de santé, patients, médecins, chefs de service… témoignent de la dégradation de l’#accès_aux_soins et de l’hôpital public. Ils alertent les pouvoirs publics, les élus et les patients présents, ou futurs, par la presse et les réseaux sociaux, sur la situation de notre système de #santé, espérant arrêter la spirale infernale. Pénuries de personnel, accueils inadéquats des patients, pertes de chance, voire morts inattendues ou évitables, sont désormais médiatisés.

    En 2022 une #surmortalité de 50 000 décès a été constatée par l’Insee. Aujourd’hui, plus personne, même le gouvernement, ne nie la dégradation de l’hôpital public et de l’accès aux soins pour tous. Brigitte Bourguignon, éphémère ministre de la santé, avait qualifié les collectifs d’hospitaliers et d’usagers d’ « oiseaux de mauvais augure », mais les collectifs de défense de l’hôpital public ne sont pas des prophètes de malheur : ils sont des optimistes voulant sauver notre système public.

    7 000 lits ont été fermés en 2022
    Ils dénoncent la communication mensongère sur des milliards providentiels qui ne sont que l’addition de fonds alloués au privé et au public sur la prochaine décennie, et rappellent les faits : on ne compte plus le nombre de services d’urgences « régulés » pour ne pas dire fermés (163 sur 389 à l’été 2023), les files d’attente de brancards sur les parkings des hôpitaux – à Strasbourg, le parking a vu pour Noël se monter une tente pour accueillir les patients –, l’attente prolongée des patients les plus âgés entraînant une surmortalité de 4 %.

    Et pourtant, près de 7 000 lits ont encore été fermés en 2022, et 3 milliards d’économies sont prévues en 2024. Les établissements hospitaliers doivent administrer sur des objectifs comptables, les #soignants continuent à fuir (50 % de départ des infirmières à dix ans de carrière) et près du tiers des postes de médecins hospitaliers sont vacants.

    Les lanceurs d’alerte qui s’exposent pour défendre l’institution, au lieu d’être écoutés, sont maintenant punis, sous prétexte d’un #devoir_de_réserve évoqué à chaque fois qu’une alerte est lancée. Ils sont parfois mis à l’écart ou démis de leurs chefferies de service (comme Caroline Brémaud à Laval), subissent sans « réserve » entretiens de recadrage (comme Sébastien Harscoat), audits internes à charge, blocages de mutation de service.

    Une situation indigne d’une démocratie sanitaire
    Les exemples se multiplient, pas toujours médiatisés par peur des #sanctions, obligeant certains à quitter leur service, leur hôpital voire l’hôpital public pour lequel ils s’étaient pleinement investis. Pourtant, la loi les protège. La loi du 21 mars 2022 précise : « Un lanceur d’alerte est une personne physique qui signale ou divulgue, sans contrepartie financière directe et de bonne foi, des informations portant sur un crime, un délit, une menace ou un préjudice pour l’intérêt général (…). » C’est de cela qu’il s’agit, quand certains de nos « héros d’un jour » risquent leur carrière hospitalière pour défendre la santé, comprise comme bien commun.

    Quand la situation est dégradée au point de mettre les patients en danger, c’est un devoir moral de dénoncer l’inacceptable. A l’inverse, le silence est coupable et doit être questionné, y compris pour les directions hospitalières soumises directement à des injonctions insoutenables. Mettre la poussière sous le tapis, cacher les brancards derrière des paravents et faire taire les lanceurs d’alerte est indigne d’une démocratie sanitaire, de ce qu’on doit à la population. Interdire de mettre des mots sur les maux n’est pas un remède ; c’est une faute, comme étouffer la réalité avec le sophisme du pire.

    Les collectifs de défense de l’hôpital public et de notre système de santé universel demandent que ces actions d’intimidations voire de représailles cessent et que tous ensemble nous puissions travailler sereinement pour la sauvegarde de ce qui était jadis, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le meilleur système de santé du monde. Alerter est la première étape de la reconstruction et non, comme certains dirigeants veulent nous faire croire, la dernière étape de l’effondrement.

    Les premiers signataires : Philippe Bizouarn, anesthésiste-réanimateur, CHU Nantes, Collectif inter-hôpitaux ; Caroline Brémaud, urgentiste, CH Laval ; Sophie Crozier, neurologue, CHU de la Pitié-Salpétrière, Collectif inter-hôpitaux ; Sebastien Harscoat, urgentiste, CHU Strasbourg, Collectif inter-hôpitaux ; Véronique Hentgen, pédiatre, CH Versailles, Collectif inter-hôpitaux ; Corinne Jacques, aide-soignante, Collectif inter-urgences ; Cécile Neffati, psychologue, CH Draguignan, Collectif inter-hôpitaux ; Sylvie Pécard, IDE, CHU Saint-Louis, Collectif inter-hôpitaux ; Vincent Poindron, médecine interne, CHU Strasbourg, Collectif inter-hôpitaux ; Pierre Schwob, IDE Collectif inter-urgences.
    Liste complète des signataires : https://vigneaucm.wordpress.com/2024/01/15/signataires-tribune-le-monde-lanceurs-dalerte

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/15/hopital-public-quand-la-situation-est-degradee-au-point-de-mettre-les-patien

    • @CollectInterHop
      https://twitter.com/CollectInterHop/status/1746981442524000465

      En attendant des mesures concrètes pour l’hôpital, aux #urgences

      6 heures d’attente et 50 brancards dans les couloirs : les urgences du CHU de Dijon saturées
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/dijon/6-heures-d-attente-50-brancards-dans-les-couloirs-les-u

      Selon la Fédération hospitalière de France (FHF), la situation dans les services d’urgences s’est dégradée de 41 % cette année par rapport à 2022. Quant à l’accès aux lits d’hospitalisation, la situation s’est détériorée de 52 % en un an d’après la FHF.

      #lits #brancards

    • Santé : Gabriel Attal critiqué pour sa « communication trompeuse » sur les 32 milliards d’euros supplémentaires annoncés
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/15/sante-gabriel-attal-critique-pour-sa-communication-trompeuse-sur-les-32-mill

      En visite samedi au CHU de Dijon, le premier ministre a chiffré à « 32 milliards d’euros supplémentaires » sur les « cinq ans à venir (…) l’investissement » prévu dans le système de soins. Une non-annonce qui a suscité de sévères réactions des professionnels du secteur.

      S’il s’agissait d’envoyer un signal positif au secteur de la santé, ça n’a pas marché. Quarante-huit heures après le premier déplacement, samedi 13 janvier, du nouveau chef du gouvernement, Gabriel Attal, dans un hôpital, le scepticisme n’a fait que croître chez les acteurs du soin. En cause : un « coup de communication » peu apprécié par une communauté professionnelle sous tension.

      En visite au centre hospitalier universitaire de Dijon, M. Attal a chiffré, devant la presse, à « 32 milliards d’euros supplémentaires » sur les « cinq ans à venir (…) l’investissement » prévu dans le système de soins. « Je le dis, notre hôpital et nos soignants, c’est un trésor national », a-t-il affirmé, aux côtés de la nouvelle ministre chargée de la santé, Catherine Vautrin.

      L’annonce a, de prime abord, semblé conséquente. Etait-ce là une nouvelle « enveloppe » fortement attendue dans un secteur en crise depuis des mois ? La question a résonné dans les médias. Avant que l’entourage du premier ministre n’apporte une réponse, en forme de rétropédalage : ces 32 milliards d’euros correspondent à la « hausse du budget de la branche maladie qui a été adoptée dans la dernière loi de financement de la Sécurité sociale », concernant l’hôpital et la médecine de ville, a fait savoir Matignon.
      Un montant pas tout à fait « nouveau », en somme. Rien que pour l’hôpital, cela représente 3 milliards d’euros supplémentaires en 2024 par rapport à 2023, a-t-on aussi précisé dans l’entourage de M. Attal. Selon les documents budgétaires, les dépenses de la branche maladie passeront de 242,2 milliards d’euros en 2022 à 273,9 milliards d’euros en 2027.

      « Pensée magique »
      « Communication trompeuse », « effet d’annonce », « pensée magique »… Les réactions ont été sévères. « On ne peut pas présenter un budget déjà voté pour les prochaines années comme des “milliards supplémentaires” », a fait valoir, dès dimanche par la voie d’un communiqué, le Collectif inter-hôpitaux, appelant de ses vœux un « cap politique clair pour les prochaines années et des mesures fortes aptes à faire revenir les soignants partis de l’hôpital ».

      Annoncer en fanfare comme des nouveautés des budgets déjà attribués, c’est une entourloupe classique. D’habitude ça ne se chiffre pas en milliards et le procédé vise des secteurs de la société qui n’ont pas droit de cité (les chômeurs et précaires, par exemple).
      On est en train de demander au petit socle électoral du macronisme de faire l’impasse sur la manière dont, pour la plupart, ils ne sont pas et ne seront pas soignés un tant soit peu correctement.

      #budget

      #communication_gouvernementale #gouvernement_kamikaze

    • Système de soins en crise : « C’est terriblement dangereux, pour les soignants comme pour les patients »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/24/systeme-de-soins-en-crise-c-est-terriblement-dangereux-pour-les-soignants-co

      Par Mattea Battaglia et Camille Stromboni

      DÉCRYPTAGE Plongée dans un système de soins où la crise s’éternise, en ville comme à l’hôpital, de Lille à Strasbourg, en passant par la Mayenne.

      Brigitte Bourguignon, François Braun, Aurélien Rousseau, Agnès Firmin Le Bodo et, depuis le dernier remaniement, le 11 janvier, Catherine Vautrin… Un ministre de la santé chasse l’autre, à un poste qui a rarement semblé aussi instable que sous ce second quinquennat d’Emmanuel Macron. Et le système de soins, lui, s’enfonce dans la crise. C’est en tout cas le sentiment d’une large frange de soignants : les services hospitaliers sont saturés, les cabinets des médecins libéraux ne désemplissent pas. « Le système craque », répète-t-on sur le terrain. Mais avec le sentiment de ne plus être entendu.

      La crise sanitaire avait marqué une rupture et polarisé l’attention sur la situation des hôpitaux et des soignants. C’était encore le cas il y a un an, avec le déferlement d’une « triple épidémie » mêlant grippe, Covid-19 et bronchiolite sur les services hospitaliers, des pénuries de médicaments constatées un peu partout, un mouvement de grève des médecins libéraux…

      Et après ? « Rien ne change, mais plus personne n’ose rien dire, lâche Marc Noizet, à la tête du syndicat SAMU-Urgences de France. Tout doucement, on en arrive à une résignation complète. C’est terriblement dangereux, pour les soignants comme pour les patients. » « On est dans une course permanente pour garder la tête hors de l’eau, témoigne Luc Duquesnel, patron des généralistes de la Confédération des syndicats médicaux français. Pour beaucoup de collègues, la question n’est plus de savoir quand ça va s’améliorer, mais jusqu’où ils vont pouvoir tenir… »

      « Délestages » à la maternité de Lille

      De Lille à Strasbourg, de Créteil à la Mayenne, les symptômes d’une « maladie » qui ronge le système de soins continuent d’apparaître, toujours les mêmes – des bras qui manquent, des services qui ferment ou fonctionnent de manière dégradée, des déserts médicaux qui s’étendent, des patients qui ne trouvent pas de rendez-vous… Sans que la réponse politique paraisse à même d’inverser la tendance.

      A la maternité Jeanne-de-Flandre, au CHU de Lille – l’une des plus grandes de France –, la décision fait grand bruit : face au manque de pédiatres néonatologues, des transferts de patientes sont organisés, depuis décembre 2023, vers d’autres hôpitaux de la région, et jusqu’en Belgique. « La maternité continue de fonctionner normalement, seules certaines prises en charge en lien avec la réanimation néonatale sont orientées vers d’autres établissements partenaires », précise-t-on à la direction du CHU, tout en soulignant que des transferts de ce type ne sont pas inédits. Reste que ce « délestage » organisé devrait durer jusqu’en mai, le temps de reconstituer l’effectif médical.

      « Tant que c’étaient seulement les petites maternités qui fermaient, comme cela s’est encore produit tout l’été, le sujet restait sous les radars », pointe Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat des gynécologues et obstétriciens de France. « Mais, là, on est dans une autre dimension », alerte-t-il, relevant qu’il s’agit d’un service de niveau 3 (en charge des grossesses les plus à risque), dans une grande métropole.

      Manque de lits d’aval

      Devant les urgences du Nouvel Hôpital civil de Strasbourg, ce qui devait être une « solution provisoire » pour réduire les délais d’attente est toujours d’actualité : l’unité sanitaire mobile, permettant d’accueillir jusqu’à huit personnes et de libérer plus rapidement les transporteurs (ambulances et véhicules de pompiers), sera installée là aussi longtemps que nécessaire, explique-t-on à l’hôpital. Déployé quelques jours avant Noël, le préfabriqué devait être démonté le 2 janvier. Depuis deux semaines, des ambulanciers ont pris le relais des sapeurs-pompiers initialement postés : un accueil « insuffisamment sécurisé », s’inquiète Christian Prud’homme, infirmier anesthésiste et secrétaire du syndicat FO aux hôpitaux universitaires de Strasbourg. Ce que l’hôpital dément.

      Aux urgences de Nantes, le décès, le 2 janvier, d’une patiente âgée qui était dans la « file d’attente » depuis près de quatre heures, a provoqué un vif émoi chez les soignants. « Cette dame serait décédée très probablement, mais cela aurait été plus acceptable pour tout le monde [si c’était arrivé] dans des conditions moins indignes », estime Eric Batard, chef de service. Elle avait été vue, à son arrivée, par l’infirmier d’accueil, qui n’avait pas constaté de signe de risque vital, et attendait d’être examinée par un médecin.

      Dernier épisode en date : ce mardi 23 janvier, l’hôpital Nord Franche-Comté a fait savoir qu’il devait recourir à la « #réserve_sanitaire » face à des tensions majeures aux urgences et en médecine. Le renfort de trois médecins, de dix infirmiers et de dix aides-soignants est prévu du 24 au 30 janvier.

      Les difficultés actuelles vont « bien au-delà des urgences ou des maternités », relève David Piney, le numéro deux de la Conférence des présidents de commissions médicales d’établissement de centres hospitaliers. « Les équipes sont à flux tendu, des services de médecine polyvalente comme d’autres spécialités sont aussi saturés… Dès qu’il y a un imprévu, c’est toute l’organisation qui se bloque. »

      Dans ce tableau sombre, quelques signaux d’amélioration sont pointés ici ou là. A la fin de l’année 2023, le patron de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Nicolas Revel, a ainsi relevé un « frémissement » dans les recrutements, plus favorables, chez les infirmiers – le point noir qui oblige de nombreux hôpitaux à garder des lits fermés. « On ressent un léger mieux, mais ça reste compliqué », reconnaît le professeur Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement.

      Médecine de ville : la chute se poursuit

      Si la photographie des difficultés hospitalières se dessine, par petites touches, dans la presse ou sur les réseaux sociaux, qui relaient au quotidien les alertes et mobilisations de soignants comme de patients, les tensions qui pèsent sur la #médecine_de_ville, cette « deuxième jambe » du système de soins, se perçoivent – et se racontent – différemment. Un récit à bas bruit, conséquence d’une démographie médicale déclinante face à une population toujours plus âgée et une demande de soins toujours plus forte.

      Année après année, la chute se poursuit. Chez les généralistes, la densité – soit le nombre de médecins libéraux pour 100 000 habitants – est passée, entre 2013 et 2023, de 96,3 à 83,6, selon la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. L’accès aux spécialistes – pédiatres, gynécologues, psychiatres… – est, lui aussi, de plus en plus difficile.

      Cela fait longtemps que les « #déserts_médicaux » ne se réduisent plus aux zones rurales. Symbolique, parce que réputée attractive, la région francilienne connaît également une détérioration de l’accès aux soins. « On a des médecins formés, il faut leur donner l’envie de s’installer », plaide Bernard Elghozi, généraliste installé dans le quartier du Mont-Mesly, à Créteil, depuis quarante-cinq ans. Cela fait dix ans que ce médecin a atteint l’âge de la retraite, cinq ans qu’il « songe vraiment à [s’]arrêter », confie-t-il, mais ne pas trouver de remplaçant pour « reprendre le flambeau » auprès de ses patients est, pour lui, un « crève-cœur ». « Régulièrement, je leur explique que j’arrêterai à la fin de l’année, et puis je reporte, je tiens… Ils sont peinés, anxieux de ne pas savoir qui va s’occuper d’eux. »

      En cinq ans, en dépit d’un réseau professionnel qu’il s’est aussi forgé comme militant associatif et praticien hospitalier à mi-temps, le docteur Elghozi n’a rencontré que deux libéraux, des pédiatres, possiblement intéressés par la reprise de son cabinet. Mais aucun généraliste.

      A quelque 300 kilomètres de là, en Mayenne, un territoire rural parmi les plus en difficulté, le docteur Luc Duquesnel, patron de la Confédération des syndicats médicaux français, a lui aussi l’attention focalisée sur les « départs ». Sur les dix-neuf #médecins de la maison de santé où il exerce, sept sont partis en retraite, un ailleurs dans le département, un autre en Bretagne… « On est de moins en moins nombreux pour faire des gardes toujours plus lourdes. On n’a pas le choix, on tient, même si on a le sentiment de se prendre un tsunami sur la tête. »

  • Sexe, ethnie : l’enquête choc de médecins montpelliérains sur la discrimination des patients aux urgences
    https://www.midilibre.fr/2024/01/10/sexe-ethnie-lenquete-choc-de-medecins-montpellierains-sur-la-discriminatio

    « Notre évaluation de la gravité des malades aux urgences est soumise à la discrimination » : Xavier Bobbia, urgentiste au CHU de Montpellier, a coordonné une étude qui montre qu’à symptômes égaux, les patients noirs sont moins pris au sérieux que les patients blancs, et les femmes moins que les hommes. L’enquête est publiée dans la revue internationale European journal of emergency medicine.

    « On n’a pas la prétention de changer les préjugés, mais quand on voit le résultat, on ne peut être qu’horrifié » : urgentiste au CHU de Montpellier et chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes, Xavier Bobbia avait bien le sentiment que tous les patients arrivés aux urgences ne bénéficiaient pas de la même prise en charge.

  • #Suppression de l’#AME : l’"exemple malheureux" de l’#Espagne

    Alors que, en #France, le Sénat vient de voter la suppression de l’AME dans le cadre du projet de loi « immigration », l’exemple de l’Espagne, qui, après avoir démantelé son dispositif d’aide, l’a remis en place, donne matière à réflexion.

    Adoptée mardi 7 novembre au Sénat, la suppression de l’aide médicale de l’Etat (AME) pour les sans-papiers est décriée jusqu’au sein même du gouvernement. « C’est une profonde #erreur, et il y a des moments où l’erreur confine à la #faute. C’est une faute », a déclaré le soir même le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, invité de l’émission Quotidien. La chambre haute du Parlement s’est par ailleurs attiré les foudres d’une partie du corps médical. C’est « une #hérésie humanitaire, sanitaire et financière », a dénoncé, mercredi 8 novembre, la fédération des hôpitaux publics, le représentant des hôpitaux privés appelant, lui aussi, à « maintenir [ce dispositif] de #santé_publique ».

    « Sur le plan financier, la suppression de l’AME fragiliserait de façon extrêmement forte un #hôpital_public soumis à de fortes tensions budgétaires [en le privant] des financements associés à la prise en charge de personnes malades qui continueraient d’être soignées », a signalé la Fédération hospitalière de France. Un argument également repris par Aurélien Rousseau, qui, lui, cite l’exemple de l’Espagne, qui avait supprimé le dispositif en 2012, pour le rétablir en 2018. « L’Espagne a essayé ce dispositif. Au bout de quelques années, ils se sont aperçus qu’ils avaient 20 % de mortalité en plus dans cette population qui est beaucoup plus sujette aux #maladies_transmissibles… »

    Entre 15 et 20 % de #surmortalité

    En France, dans l’argumentaire de ceux qui s’opposent à la suppression de l’AME, l’"exemple malheureux de l’Espagne" revient systématiquement. « La restriction de l’accès aux soins des étrangers en situation irrégulière, votée en 2012, a entraîné une augmentation de l’incidence des maladies infectieuses ainsi qu’une surmortalité. Cette réforme a finalement été abrogée en 2018 », écrivaient 3 000 soignants dans une tribune publiée dans Le Monde la semaine dernière.

    A l’époque, en 2012, le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy avait justifié la mesure par l’idée qu’elle permettrait l’économie de « plus de 500 millions d’euros » et qu’elle éviterait le « tourisme sanitaire ». Or c’est l’effet l’inverse qui s’est produit, engendrant des conséquences dramatiques.

    Une étude menée par l’Institut d’économie de Barcelone et l’université Pompeu Fabra, publiée en 2018 et intitulée « Les effets mortels de la perte de l’assurance-maladie » (https://editorialexpress.com/cgi-bin/conference/download.cgi?db_name=ESPE2018&paper_id=135), a montré une augmentation de la mortalité des #sans-papiers en Espagne de 15 % en moyenne entre 2012 et 2015, soit au cours des trois premières années de la mesure. L’étude soulignait aussi que ces restrictions « avaient pu provoquer une augmentation des passages aux #urgences, puisque c’était devenu la seule forme d’#accès_aux_soins pour beaucoup ».

    « Pas de preuve d’économies »

    En outre, la presse espagnole a largement souligné que la mesure du gouvernement Rajoy n’avait pas permis de réaliser les #économies souhaitées. Le site d’actualités ElDiario (https://www.eldiario.es/desalambre/exclusion-sanitaria-personas-probar-gobierno_1_4680962.html) soulignait ainsi que les économies faites via la suppression de l’AME étaient finalement annulées par des prises en charge trop tardives de pathologies, notamment aux urgences, et donc beaucoup plus coûteuses. Tandis que le journal El País démontrait les effets d’une « réforme exclusive et finalement très coûteuse » (https://elpais.com/sociedad/2014/04/17/actualidad/1397761517_421716.html?event_log=oklogin). Une étude menée en 2015 par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne avait par ailleurs montré que les économies allaient de 9 à 69 % lorsqu’une maladie était prise en charge de manière précoce par rapport à des #soins_tardifs (https://fra.europa.eu/en/publication/2015/cost-exclusion-healthcare-case-migrants-irregular-situation-summary).

    En 2018, après six ans de restriction de l’accès aux soins pour les étrangers en situation irrégulière, le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez est finalement revenu en arrière pour instaurer à nouveau le dispositif. « La #santé ne connaît pas de frontières, de papiers d’identité, de permis de travail ou de séjour », avait déclaré la ministre de la Santé d’alors, Carmen Montón.

    https://www.lexpress.fr/monde/europe/suppression-de-lame-lexemple-malheureux-de-lespagne-JMBUYCQFYFGYVFUKLXZDZQ3

    #loi_immigration #coût

    –—

    ajouté à ce fil de discussion :
    #AME, #regroupement_familial, #quotas : le Sénat s’acharne contre l’immigration
    https://seenthis.net/messages/1025340

    • Cost of exclusion from healthcare – The case of migrants in an irregular situation – Summary

      The right to health is a basic social right. However, its understanding and application differs across the European Union (EU) Member States, which results in different healthcare services being offered to migrants in an irregular situation. This summary looks into the potential costs of providing migrants in an irregular situation with timely access to health screening and treatment, compared to providing medical treatment only in emergency cases.

      https://fra.europa.eu/en/publication/2015/cost-exclusion-healthcare-case-migrants-irregular-situation-summary

    • La réforme de l’AME « implique que les sans-papiers ne sont dignes d’être soignés que s’ils vont mourir »

      Pour l’économiste #Philippe_Batifoulier, la suppression de l’aide médicale d’Etat pour les sans-papiers est un non-sens. Bien loin des économies promises, cette décision menace l’ensemble de la population et aggrave un peu plus le démantèlement du système de santé publique.

      Mardi 7 novembre, le Sénat a adopté la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME), un dispositif instauré en 2000 permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès régulier aux soins, accordé pour un an sous certaines conditions de résidence et de ressources, et dans la limite des tarifs de la sécurité sociale.

      Le texte prévoit de lui substituer une « aide médicale d’urgence », soit une réduction drastique du panier de soins proposés. Introduit par la droite sénatoriale, l’amendement fait partie du projet de loi immigration et a été adopté à 200 voix contre 136 ; en décembre, l’Assemblée nationale l’examinera à son tour et pourrait choisir de le retoquer. Pour l’économiste Philippe Batifoulier, spécialiste des questions de santé et de protection sociale, l’AME relève de l’humanité la plus élémentaire. La supprimer est selon lui une faute morale, économique et sanitaire.

      Que recouvre l’aide médicale d’Etat et à qui s’adresse-t-elle ?

      Elle permet de dispenser des soins à des personnes sans-papiers aux ressources inférieures à 810 euros par mois, et arrivées en France depuis au moins trois mois – deux situations qu’il faut prouver. Ce panier de soins est inférieur, notamment sur les soins dentaires, à celui proposé par la Complémentaire santé solidaire, accessible aux Français les plus modestes. Les soins médicaux reçus par les migrants à leur arrivée en France ne datent pas de l’AME, mais ce dispositif, qui n’est pas seulement social, permet de recouvrer des créances, et de mieux garantir aux hôpitaux publics le financement de certains soins. Contrairement à ce qu’on entend, ce n’est pas une spécificité française : il y a des dispositifs similaires en Belgique ou en Allemagne, qui ne sont pas restreints aux situations d’urgence.

      Comment analysez-vous cette décision du Sénat ?

      C’est une opportunité politique liée à l’air du temps et à une extrême droite qui a le vent en poupe. Ce débat régulier sur l’AME est un marqueur exemplaire du degré de xénophobie en France. Sa suppression ne repose sur aucun argument scientifique : par contre, ce que cette réforme implique, c’est que les sans-papiers ne sont dignes d’être soignés que s’ils vont mourir. Ce n’est plus la bonne santé qui compte, c’est éviter le pire.

      Quels sont les principaux arguments des détracteurs de cet acquis social ?

      Leur premier objectif est de lutter contre le « tourisme médical », l’idée selon laquelle dès que les migrants posent un pied sur le territoire français, la première chose qu’ils font est de se faire soigner. C’est aussi faux que ridicule. Aujourd’hui, on constate au contraire un non-recours massif : les personnes en situation irrégulière et qui ont besoin de soins ne connaissent pas l’existence de l’AME, et on estime que seuls 50% des concernés entament les démarches nécessaires, ce qui équivaut à environ 380 000 personnes, un nombre relativement faible. Son coût représente environ 1 milliard d’euros par an : soit 0,47% des dépenses de santé ! C’est moins que les dépassements d’honoraires sur un an, qui coûtent bien plus cher à la collectivité. Médecins, chercheurs en santé publique et économistes de toutes obédiences le répètent : cette suppression est un non-sens.

      Si la réforme passe, quelles en seront les conséquences ?

      Il y a fort à parier que les médecins continueront comme ils le pourront à soigner les patients immigrés. Seulement, ils devront composer avec ces bâtons dans les roues, entravant l’exercice de leur profession. Et les créances ne seront pas recouvrées. L’argument de réduction des dépenses est donc battu en brèche, d’autant que soigner les patients en état d’urgence coûte bien plus cher qu’appliquer un traitement en amont !

      Surtout, restreindre les soins à des situations d’urgence pose un vrai problème de santé publique. Si on ne soigne pas les individus qui en ont besoin, les maladies s’aggravent, se développent, dégénèrent en épidémie – la tuberculose par exemple, mais aussi tout simplement l’ensemble des virus de la vie quotidienne, qui se transmettent et qu’il faut soigner. Enfin, du fait de leurs conditions de vie, les migrants concentrent aussi un certain nombre de problèmes de santé mentale, qui peuvent avoir des répercussions sur l’ensemble de la population. Tout le monde a intérêt à ce que son voisin soit en bonne santé.

      Comment expliquer que cette réforme soit adoptée dans le cadre d’un projet de loi immigration ?

      Si on suppose que la santé est une des causes de l’immigration, il faut donc supprimer le besoin de santé pour enrayer l’immigration ! Par ailleurs, certaines personnes très riches viennent en France pour se faire soigner et cela ne pose jamais l’ombre d’un problème. L’AME est une histoire de pauvreté : ce n’est pas l’immigré le problème, c’est l’immigré pauvre. L’objectif est de créer un climat repoussoir. Mais réformer l’AME ne changera rien au nombre d’arrivées, motivées par bien d’autres raisons. De plus, certaines études montrent que ce sont plutôt les personnes en bonne santé qui émigrent, vu les risques que comporte le voyage. C’est quand elles arrivent en France que leur santé se dégrade du fait des conditions d’accueil.

      Quelles pourraient être les conséquences sur le dispositif de santé publique ?

      Cette réforme constitue une attaque à la santé des Français. L’AME a une résonance particulière car elle concerne les migrants, mais finalement ses problèmes ne diffèrent pas de ceux de l’Assurance santé en général, autour de l’idée que « quand les gens sont bien assurés, ils dépensent sans compter ». Selon cette logique, il faudrait donc supprimer les éléments de cette assurance. Cela peut passer par un forfait hospitalier de 20 euros par jour, un ticket modérateur, un forfait aux urgences… Ou par la fin de l’AME pour les étrangers. En France on ne déplore pas le renoncement aux soins : on l’organise, via une politique publique qui met des barrières un peu partout, et crée d’immenses inégalités d’accès aux soins. Mais imaginer que les répercussions concerneront seulement les dépenses futiles et superficielles, c’est profondément illusoire. Les études scientifiques montrent au contraire que quand vous faites payer les gens pour leur santé, ce sont les dépenses utiles que vous fragilisez. Finalement, plus on est pauvre, plus on a des besoins de soin… Et moins on est couvert. Quand vous ne pouvez pas vous permettre d’aller chez le dentiste, vous laissez votre état s’empirer jusqu’à être pris en charge à l’hôpital, ce qui coûte bien plus cher à la collectivité. Ce sont toutes ces absurdités que la réforme de l’AME met tristement en lumière.

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/suppression-de-laide-medicale-detat-les-migrants-ne-sont-dignes-detre-soi

    • Projet de loi immigration : deux #plaintes déposées devant l’#Ordre_des_médecins contre des sénateurs LR qui ont voté la suppression de l’AME

      Parmi les élus de droite et du centre qui ont voté la suppression de cette aide aux personnes sans papiers figurent une quinzaine de soignants de profession, médecins, pharmaciens ou infirmière.

      Deux praticiens ont déposé des plaintes devant l’Ordre des médecins, vendredi 10 novembre, pour violation du code de la Santé publique contre deux sénateurs Les Républicains (LR), également médecins de profession, qui ont voté la suppression de l’aide médicale d’État (AME) lors des débats sur le projet de loi immigration.

      L’AME couvre intégralement les frais de santé des étrangers en situation irrégulière présents en France depuis au moins trois mois. Les sénateurs ont voté son remplacement par un dispositif plus restreint. Le texte doit désormais être examiné par l’Assemblée nationale.

      Parmi les sénateurs de droite et du centre qui ont voté la réforme figurent une quinzaine de soignants de profession, médecins, pharmaciens ou infirmière. Les plaintes devant l’Ordre des médecins visent spécifiquement deux d’entre eux, Marie Mercier et Jean-François Rapin. Leur vote « [porte] atteinte, directement, à la santé physique et psychique d’une population connue pour être particulièrement vulnérable », écrivent les docteurs Georges Yoram Federmann, psychiatre installé à Strasbourg, et Jean Doubovetzky, généraliste exerçant à Albi.
      La suppression de l’AME considérée comme une « hérésie »

      Selon les plaignants, les deux sénateurs visés, en votant la fin de l’AME, ont violé cinq articles du Code de la Santé publique, dont l’article R.4127-7, selon lequel « le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur origine, leurs moeurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard. Il doit leur apporter son concours en toutes circonstances ».

      Pour les plaignants, voter la suppression de l’AME est en « contradiction avec le serment prêté par les médecins ». La Fédération des hôpitaux publics avait déjà estimé mercredi que la suppression de l’AME était « une #hérésie ».

      https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/projet-de-loi-immigration-deux-plaintes-ordinales-deposees-contre-des-m

  • Suppression de l’aide médicale d’Etat : le directeur général de l’AP-HP exprime sa "très vive inquiétude"
    https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/suppression-de-l-aide-medicale-d-etat-le-directeur-general-de-l-ap-hp-e


    Le directeur général de l’AP-HP, Nicolas Revel, sur France Inter le 9 novembre 2023. (RADIOFRANCE / FRANCE INTER)

    Cette réforme « coûterait à la fin plus cher et elle constituerait un choc pour l’hôpital public », selon Nicolas Revel, invité jeudi 9 novembre sur France Inter.

    Publié le 09/11/2023 09:13

    Nicolas Revel, directeur général de l’AP-HP, a exprimé jeudi 9 novembre sur France Inter sa « très vive inquiétude » alors que les sénateurs ont voté la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME), dispositif qui prend en charge les frais médicaux des personnes en situation irrégulière sur le sol français, dans le cadre du projet de loi immigration.

    « Si cette réforme allait au bout, elle aurait un effet délétère sur notre système de santé. Elle coûterait à la fin plus cher et elle constituerait un choc pour l’hôpital public », a-t-il déclaré. C’est « la réaction du directeur de l’AP-HP que je suis, mais aussi de la communauté médicale et soignante très majoritairement », a-t-il souligné.

    Le texte voté par les sénateurs prévoit que seules seraient prises en charge des personnes atteintes de pathologies graves ou celles qui subissent des douleurs aiguës.

    Attendre que quelqu’un soit très malade pour pouvoir le soigner et le prendre en charge, c’est faire tout le contraire de ce que l’on veut faire qui est d’essayer de diagnostiquer les gens le plus vite possible.

    L’objectif est de « les traiter et de les soigner le plus tôt possible pour éviter, soit quand ils sont infectieux et contaminants, qu’ils diffusent la maladie autour d’eux, soit quand ils ont des maladies graves qui ne sont pas transmissibles comme un cancer ou un diabète, qu’ils s’aggravent », a-t-il expliqué. Selon lui, le risque est « qu’ils deviennent des patients beaucoup plus lourds à prendre en charge, avec des hospitalisations plus longues et beaucoup plus coûteuses », a-t-il précisé. Si cette réforme est adoptée, « il y a, à mon sens, un risque d’aggravation des dépenses. On ne les aura pas tout de suite, mais dans les premières années », a-t-il averti.

    Le directeur de l’AP-HP ne voit pas bien les bénéfices de la réforme

    Nicolas Revel ne voit pas les soignants de l’AP-HP « renvoyer un patient au motif que sa douleur ne serait pas suffisamment aiguë ou que sa pathologie ne serait pas encore suffisamment grave ». 420 000 personnes sont bénéficiaires de l’AME en France, sans compter ceux qui y auraient droit au dispositif sans le demander. Le directeur de l’AP-HP ne voit pas très bien les bénéfices de cette réforme : « Ceux qui pourraient choisir la France au motif que l’AME existe, c’est quand même plutôt des gens déjà malades plutôt que des gens jeunes et bien portants. Quand on est déjà malade parce qu’on a un cancer ou un diabète, on se dit : je vais plutôt aller en France plutôt qu’ailleurs, parce qu’il y a un dispositif. Le paradoxe, c’est que quand vous regardez le texte voté par le Sénat, ces gens-là seront pris en charge », a-t-il expliqué.

    #AME #AP-HP #Nicolas_Revel #politique_de_santé #santé_publique

    • C’est pas comme si il y a de plus en plus d’épidémies mondiales toutes mignonnes ! Ordures incompétentes et criminelles.

    • Je voudrais pas dire, mais le blocage de l’accès aux soins des sans-papiers et autres immigrés est une obsession de longue date de la droite au front bas.

      cf. par exemple :
      Aide médicale d’État — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Aide_m%C3%A9dicale_d%27%C3%89tat

      La loi du 24 août 1993 relative à la maîtrise de l’immigration et aux conditions d’entrée, d’accueil et de séjour des étrangers en France, dite « loi Pasqua », introduit une condition de régularité de séjour pour bénéficier de l’assurance maladie.

      Entrée en vigueur le 1er janvier 2000 par Bernard Kouchner et Martine Aubry, ministres du gouvernement Lionel Jospin, l’AME remplace l’aide médicale gratuite (AMG) de par la loi 99-641 du 27 juillet 1999 relative à la Couverture maladie universelle (CMU). Celle-ci devait à l’origine faire disparaître l’AMD et unifier tous les résidents de France dans une protection maladie « universelle », égale pour tous. Mais le maintien de l’exigence de le régularité de séjour pour bénéficier de l’assurance maladie conduit au maintien d’un dispositif spécifique pour les sans-papiers.

      on peut aussi, faire une recherche « suppression de l’AME » à toute date antérieure au 01/01/2023 (et postérieure à 2000) pour constater que la question ne quitte jamais vraiment l’actualité…

    • embouteillage à prévoir à l’entrée de services d’urgence (retard de soins = aggravations de l’état due santé) déjà « saturés » faute de politique de santé. toute les vies ne se valent pas, et, sous couvert de protéger le panier de soins national des nationaux et étrangers tolérés (à papiers) l’accès aux soins doit être conçu, y compris par les « nationaux », comme un privilège dont on peut ne pas remplir les conditions

      edit effet des retards de diags faute d’AME à La Réunion [Saint-Denis, 93 en fait]
      https://seenthis.net/messages/1025634

      c’est pas forcément mauvais pour l’économie. peut-être qu’on va pouvoir hausser les dépenses de santé au niveau de celui des USA ? il y a quand même une logique à ce que les meilleurs gagnent, hein. 1, 10, 200 hôpitaux américains de Neuilly !

      comme non citoyen, je signale que outre quelques cris d’orfraie antiracistes ou soignantes, le débat public est entre eux... ce techno zélé de Nicolas Revel a fait un passage par la Mairie de Paris où j’ai comme d’autres eu à connaître de son action (Les Dents la mer avec sourire tévé, et descentes de police)
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Revel

      #urgences #laisser_mourir #refus_de_soins

    • En dehors du racisme affiché, je vois ça aussi comme une manière de rendre moins pire la dégradation de prise en charge générale à coup de restrictions budgétaires.

      L’idée générale semble de défoncer les pauvres, faibles & vulnérables pour que les bourre-pifs infligés à la « classe moyenne » aient l’air plus « sympas » à côté.

      Vous voyez le truc ?

      Un peu comme un dentiste qui te collerait un coup de lattes dans les tibias pour que tu penses moins à la fraise en train de se frayer un chemin dans ta pulpe dentaire sans anesthésie…

    • Je voie ca aussi @monolecte vu que la secu est en dégraissage pour toustes, faut bien montrer que le francon sous-chien est pas tout en bas de la chaine alimentaire.

      Et il y a aussi la suppression de la CAF pendant les 5 premières années de cotisations sociales, la reconduite aux frontière sans procès pour non respect des valeurs de La Raie Publique...

  • Les migrants et les vacanciers à la montagne

    Médecin à #Montgenèvre (05), j’assure la #permanence_médicale, pour les locaux, les #touristes de passage, mais également pour les #urgences_vitales. L’’hôpital est à 25 minutes (Briançon). J’assiste depuis quelques quelques années aux tentatives de passages de migrants de l’#Italie vers la #France, prêts à prendre tous les risques pour essayer de rejoindre des proches dans un pays européen.

    Durant cette saison estivale, il est étrange de voir cohabiter des touristes randonneurs/vététistes etc. et de plus en plus de migrants cherchant leur salut en fuyant leur pays, certainement pas par plaisir, mais pour de multiples raisons que vous connaissez mieux que moi.
    Lors de mes déplacements, je rencontre donc des touristes en balade et des migrants cherchant leur salut loin de chez eux.
    Cohabitation étrange, anachronique, et de plus en plus fréquente...
    La période est propice, les températures sont clémentes, le nombre de tentatives de passages est donc conséquent.
    Je rencontre également des gens en uniforme, PAF ou gendarmerie, en véhicules 4x4 l’été, en quad l’hiver, cherchant probablement à les intercepter.
    Ces migrants en quête d’un refuge se heurtent (après certainement beaucoup plus de déboires lors de leur long périple, sans cesse renouvelé) à cette #traque qui me choque, devant ces personnes potentiellement en danger.
    La présence des gendarmes incitent les migrants à s’éloigner du parcours le plus simple et à s’égarer vers les crêtes de la station ou dans la forêt avec un risque majoré.

    Début août, j’ai été appelé par le centre 15 pour les premiers soins auprès d’une femme migrante prête à accoucher durant sa marche trans-frontalière, nous avons pu nous en occuper, entourés par l’équipe du Samu arrivée en renfort, et des gendarmes sur les lieux... avant le Samu...
    Début août, un jeune migrant a été retrouvé décédé en haut des pistes de VTT/SKI.

    Comme lors des hivers précédents, ces personnes sont davantage mises en danger et se blessent voire se tuent (il y a des précédents les dernières années), en essayant de passer malgré tout.

    Je vous passe les détails des conditions de passage de nos cols en hiver, et de l’état dans lequel ils sont recueillis au Refuge à Briançon, -Association Refuges Solidaires, située à Briançon (Hautes-Alpes - créé par des bénévoles et du mécénat, afin de ne plus laisser dehors des hommes, femmes et enfants qui arrivent d’Italie et traversent nos cols).
    Ce fameux Refuge, rare lieu d’accueil ou toutes les nationalités, tous les âges, familles et enfants voire bébés parfois, se retrouvent accueillis, abrités, réchauffés et nourris.
    Avant de pouvoir être assistés pour organiser la suite de leur voyage, une fois reposés, et soignés, grâce à la #PASS - #Permanence_d'Accès_aux_soins - service mis en place par l’hôpital et en accord avec l’#ARS, afin d’apporter des #soins médicaux grâce à du personnel de l’hôpital.
    Ce #refuge_solidaire peut accueillir à ma connaissance entre 65 et 80 personnes en danger ou abîmées, dans de bonnes conditions.
    Il est actuellement plein à craquer, dépasse ses capacités d’accueil avec + de 200 migrants actuellement hébergés.
    Seules 2/3 personnes salariées œuvrent au mieux pour coordonner cet accueil.
    Et des dizaines de bénévoles s’épuisent à aider pour les repas, organiser l’hébergement, soulager, réconforter, etc.
    La #promiscuité du fait du surnombre mène à l’épuisement et au « burn out » des meilleures volontés.
    La situation devient extrêmement tendue, avec une cohabitation de plusieurs nationalités qui devient très difficile.

    A côté de cela, je ne vois de la part des pouvoirs publics que de l’entêtement à vouloir bloquer le passage à la frontière, ce qui est peine perdue pour des gens en détresse qui ré-essaieront sans cesse (regardons ce qui se passe sur nos côtes, et le nombres de vies déjà perdues).
    Entêtement de ceux qui nous gouvernent à mettre des moyens démesurés pour contrôler, en mettant en place des centaines de gendarmes (avec la logistique et le coût que cela représente..)

    A l’échelle de la petite ville de Briançon, c’est inédit, et cette situation commence à perdurer, faute d’une vision et réorganisation globale de l’accueil, au niveau français et européen.
    L’hôpital souffre d’un défaut de moyens (surtout en personnel), et l’on voit débarquer des dizaines de cars de gendarmes arrivant en renfort, très (trop) régulièrement...
    Des dépenses démesurées, des moyens inadaptés, pour une situation qui ne va qu’empirer, faute de choix responsables, qui ne peuvent être endossés par nos bénévoles et ceux qui essaient d’apporter un peu d’humanité à ce que l’on vit actuellement.
    Je ne suis missionné par personne, je n’ai aucun conflit d’intérêt.
    Juste choqué et heurté en tant que citoyen et médecin par notre manière d’apporter assistance...
    Avec l’envie de témoigner.
    Pierre-Michel Depinoy
    Médecin généraliste
    Montgenèvre

    https://blogs.mediapart.fr/pierre-michel-depinoy/blog/170823/les-migrants-et-les-vacanciers-la-montagne
    #cohabitation #tourisme #migrations #asile #réfugiés #frontière #santé #blessures #témoignage #médecin #mise_en_danger

  • Aux urgences, « la situation est plus grave que l’été dernier » pour SAMU-Urgences de France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/15/aux-urgences-la-situation-est-plus-grave-que-l-ete-dernier-pour-samu-urgence

    Le président du syndicat français de médecine d’urgence, Marc Noizet, s’est inquiété du déplacement nécessaire de certaines interventions légères sur les parkings, ou de la fermeture temporaire de services qui traitent des urgences vitales dans certains hôpitaux.

    Le Monde avec AFP


    Le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, visite le centre de réception et de régulation des appels du SAMU à Toulouse, le 14 août 2023. VALENTINE CHAPUIS / AFP

    Aux urgences, « la situation est plus grave que l’été dernier » en France, a estimé mardi 15 août Marc Noizet, président de SAMU-Urgences de France, soulignant que tous les départements sont touchés, mais aussi des zones touristiques en pleine saison.

    « La situation est plus grave que l’été dernier, parce qu’elle touche dorénavant tous les départements de France, des gros services et des petits services. L’été dernier, on avait des zones rouges », a déclaré sur Europe 1 celui qui est également chef du service des urgences du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace.

    Pour Marc Noizet, « la nouveauté est que des zones extrêmement touristiques (…) sont aujourd’hui en très, très grande précarité », citant Les Sables-d’Olonne, en Vendée, ou Arcachon, en Gironde, « où ils ont été obligés de mettre en place sur le parking devant l’hôpital une structure où les médecins font de la petite traumatologie pour alléger les urgences », ou encore Saint-Tropez, dans le Var, « qui a failli fermer son service d’urgences ».

    « Plus pernicieux », selon lui, « on ferme des SMUR [service mobile d’urgence et de réanimation] parfois pour une nuit ou un week-end » ; il s’agit des ambulances pourvues de médecins qui se déplacent à domicile ou sur la voie publique. « Par exemple, autour d’Angers, ce week-end prolongé, avec le pont du 15 août, sept SMUR sont fermés, or ça touche l’urgence vitale », a-t-il ajouté.

    Chef du SMUR des Hauts-de-Seine, Gilles Jourdain a aussi « lancé l’alerte » dans Le Parisien mardi après-midi, affirmant notamment que son équipe a dû transférer un nourrisson de deux mois dimanche à Rouen, faute de lits en réanimation pédiatrique en Île-de-France. « Sa bronchiolite s’aggravait, le petit garçon avait besoin d’être admis en réanimation. Les équipes ont fait trois fois le tour des places disponibles dans les cinq services d’Île-de-France ayant les compétences nécessaires pour ce type de soins. Rien, zéro lit », a-t-il raconté.

    « Tous les renforts qu’on a pu mobiliser l’ont été »

    Pour le docteur Jourdain : « Les tensions en personnels soignants sont si fortes que la situation dégradée de l’hiver perdure et se refait sentir dès l’été. Les autorités semblent incapables d’apporter une solution. » Aux urgences, comme ailleurs à l’hôpital, « tous les renforts qu’on a pu mobiliser l’ont été », et « la régulation de la rémunération des intérimaires a fait beaucoup de mal, même si c’était un mal nécessaire », a affirmé le président de SAMU-Urgences de France à la radio.

    Quant aux assistants de régulation médicale (ARM), premiers à décrocher les appels au SAMU, et en grève dans plus des deux tiers des « centres 15 » départementaux, « ils sont mal rémunérés, ont des problématiques d’avancement dans leur carrière et d’adéquation de leur nombre au flux », a-t-il exposé. « Il y a une vraie problématique, le ministre le reconnaît, maintenant il faudrait que les choses avancent », a lancé Marc Noizet.

    En visite lundi au SAMU de Toulouse, le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, a déclaré qu’« une partie » des revendications des ARM grévistes étaient « légitimes » et qu’il comptait « y travailler dans les toutes prochaines semaines ».

    Le Monde avec AFP

    #santé #SAMU #ARM #SMUR

    • Fermé la nuit, Christophe Prudhomme, Médecin au Samu 93
      https://blogs.mediapart.fr/christophe-prudhomme/blog/150823/ferme-la-nuit

      L’été dernier le précédent ministre de la Santé, F. Braun, avait dans un premier temps nié la fermeture de services d’urgences puis avait parlé de mesures exceptionnelles en instaurant l’appel préalable au centres 15 pour pouvoir avoir accès aux #urgences.

      Dans une situation de tension majeure, sans état d’âme, il a appliqué de manière brutale la régulation de l’intérim médical sans prendre de mesures de compensation afin d’éviter des situations de rupture dans les #hôpitaux déjà fragilisé par le manque de médecins titulaires obligeant à un recours massif aux intérimaires.

      Cette année, la situation est encore plus dégradée et il n’est plus possible de poursuivre le discours de déni sur l’absence de fermeture de très nombreux services certaines nuits, pour quelques jours, voire plus, et ce qui est encore plus grave dans les zones touristiques où la fréquentation augmente fortement pendant les vacances.

      Un nouveau ministre a été nommé et il reconnaît enfin les difficultés.
      Cependant, après ses premières déclarations lors de sa prise de fonction, il a disparu des radars sans aucune prise de décision pour essayer de répondre aux alertes multiples, notamment dans le secteur de la #psychiatrie confronté à une fermeture massive de lits par manque de personnel [situation qui aggraver une politique de fermeture de lits poursuive depuis 40 ans, ndc].

      Mais visiblement, le ministre ne restait pas inactif auprès de ses services car une dépêche nous apprend voici quelques jours que des projets de décrets sont en cours de finalisation pour acter définitivement une organisation dégradée des services d’urgences sur l’ensemble du territoire.
      Il s’agit de valider la création d’antennes de médecine d’urgence qui ne seront plus ouvertes 24 h sur 24. Pour être plus clair, elles seront en fait fermées la nuit.

      Cette réorganisation est un non-sens en termes de #santé_publique car le propre des urgences est qu’elles ne sont pas programmables et faire reposer la nuit la prise en charge des patients uniquement par les SMUR est une aberration.
      D’une part, ces unités du SAMU fonctionnent également dans de nombreux départements en mode dégradé avec de nombreuses unités qui ferment de manière brutale par manque de médecins, comme cela a été le cas récemment en Mayenne ou en Vendée, ou qui sont remplacés par des équipes infirmières.

      Tous les urgentistes savent que dans de nombreux cas, un retard de prise en charge peut avoir des conséquences catastrophiques.
      Cela va être le cas avec la mise ne place de cette organisation, ce qui se traduira statistiquement par une augmentation de ce qu’on appelle pudiquement des « morts évitables »

      Cette politique est meurtrière et est inacceptable.
      En effet, comment expliquer que les plages d’ouverture des commerces, notamment alimentaires, ne cessent de s’élargir, ce qui les rendra bientôt plus accessibles que des services essentiels comme les services d’urgence.
      L’explication me paraît évidente quand on examine les choix idéologiques d’E. Macron : ce qui prime c’est le marché et non les services publics essentiels. En résumé, c’est le choix de l’argent contre la vie. Il est urgent de se lever pour refuser ce choix de société mortifère.

      le salaire d’infirmière a beau être faible, on préfère raquer celui de caissière ou vendeuse, bien inférieur.
      #prolétarisation

  • Dans les services des #urgences, une crise qui s’éternise et des #soignants qui s’épuisent
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/05/07/dans-les-services-des-urgences-une-crise-qui-s-eternise-et-des-soignants-qui

    Il n’y a pas de « fermeture sèche » de services des urgences, écarte-t-on au cabinet du ministre de la santé, François Braun, où l’on parle seulement de « régulation des entrées », sans faire état d’alertes plus fortes que d’habitude. C’est un « travail de longue haleine », se défend-on en mettant en avant toutes les mesures « structurelles » en cours de déploiement pour mieux orienter en amont des urgences vers la médecine de ville, jusqu’à la « fluidification des parcours des patients » une fois aux urgences, grâce au développement de cellules de « bed management » (gestion de lits) à l’échelle des territoires pour leur trouver un lit, ou encore aux mesures de revalorisation pour rétablir l’attractivité de l’#hôpital auprès des soignants.

    #santé #France #Gâchis #criminel

    #paywall

  • Médecin à #Sainte-Soline, je témoigne de la #répression

    Alors que le pronostic vital d’un opposant aux #mégabassines de Sainte-Soline est toujours engagé, une médecin urgentiste lui ayant porté secours témoigne. Elle pointe la #responsabilité de la #préfecture pour le retard de sa #prise_en_charge par les #urgences.

    Le week-end de mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) a été marqué par de nombreuses violences policières et des #blessures très graves, avec une personne encore entre la vie et la mort.

    En attendant de plus amples informations, Reporterre publie d’ores et déjà le témoignage d’Agathe, médecin urgentiste présente à la manifestation, qui a suivi et s’est occupée de cette personne toujours dans le coma et au pronostic vital engagé. Elle pointe la gravité des faits et la responsabilité de la préfecture pour le retard de sa prise en charge par les urgences.

    • La marche de printemps

    Départ du camp vers 11 h. Trois cortèges marchent à travers champs. Le premier cortège nous annonce qu’il n’y a aucun barrage des forces de l’ordre sur le parcours. Ils gardent la bassine. Un vulgaire trou recouvert de béton. Ils la gardent comme une forteresse. Ils auraient même creusé une tranchée de huit mètres de profondeur et un talus de plusieurs mètres de hauteur sur tout le tour de la bassine pour la rendre inaccessible. Les douves du château-fort. Le cortège au sein duquel je me trouve est joyeux, les manifestants marchent dans la boue, un champ de colza, premières fleurs du printemps.

    • Arrivée à proximité de la mégabassine

    Les cortèges se retrouvent. Ils fusionnent. Une marée humaine. La victoire d’être si nombreux. 20 000, 25 000, 30 000 personnes, impossible d’estimer. On aperçoit les #forces_de_l’ordre soigneusement disposées autour du bassin, enceinte de camions de gardes mobiles, plusieurs blindés. Une colonne de #quads avec un binôme de #gardes_mobiles dessus. Certains auraient vu la cavalerie. Personne n’est inquiet à cet instant. Que peuvent-ils faire contre cette foule hétéroclite et déterminée ?

    Un instant je me demande pourquoi les forces de l’ordre sont là. Ils ont creusé une tranchée de huit mètres de profondeur et un énorme talus. La bassine nous est inaccessible. Je me demande pourquoi la présence de toute cette artillerie est nécessaire. Qu’aurions-nous fait en leur absence ? J’en discute avec un·e ami·e, on se dit qu’ils font de la lutte contre les mégabassines un symbole de l’autorité de l’État.

    • Premiers gaz

    Je suis venue manifester avec une bande d’ami·es, je marche avec une copine. Dans mon sac à dos des compresses, du désinfectant, des antalgiques, des bandes, des pommades anti-inflammatoires, quelques kits de sutures si nécessaires pour l’après. Nos expériences de manifestations des dernières années nous ont appris qu’il fallait s’équiper en matériel de secourisme. Je ne me suis pas identifiée comme « medic » officiel. Mais il me semble évident d’avoir un minimum de matériel, au moins pour les copin·es.

    Les cortèges se rejoignent à proximité de la bassine. Le cortège à notre droite est déjà noyé par les #gaz alors que nous sommes encore à plusieurs centaines de mètres. Ils remontent vers nous, alors que nous continuons à avancer, heureux de se retrouver après ces nombreux kilomètres parcourus à travers champ.

    Les manifestants s’approchent des gardes mobiles avec leurs banderoles. On avance ensemble. Nous apercevons les visages familiers de quelques vieilles amitiés. À peine le temps de se retourner. Il pleut des #grenades_lacrymogènes, et d’autres, assourdissantes ou désencerclantes. Nous reculons. Je vois une femme faire demi-tour et repartir en arrière. Énorme détonation entre ses jambes. Elle boite. Nous reculons pour l’accompagner, la soutenir. Ça commence fort. On constate les blessures, un bel hématome sur la cuisse, un peu de gel anti-inflammatoire, deux gorgées d’eau. On se retourne, les manifestants crient « medic » de tous les côtés. On vient à peine d’arriver.

    C’est un homme jeune avec une plaie délabrante de la main. Grenade de désencerclement. Je nettoie, une compresse, une bande, un antalgique. « Tu devras refaire le point sur la base medic arrière, être sûr qu’il n’y ait pas de corps étrangers. » D’autres « #medic » s’affairent. On continue. On entend dire que quelqu’un serait inconscient au sol à proximité d’une banderole devant. On cherche cette personne. Impossible de la trouver. Un ami nous arrête, il s’est pris un #Flash-Ball à l’arrière de la tête. On s’assoit pour l’examiner derrière une haie. On remonte sur un chemin en terre.

    • Le chemin des blessés

    Le niveau d’intensité a été maximal d’emblée. Pas de demi-mesure. Tous ces blessés qui reculent. Allongé dans un champ. Assis dans un fossé. La haine monte contre les forces de l’ordre. Que font-ils, que défendent-ils, quelques mètres cubes de béton valent-ils tous ces corps mutilés ?

    Quelqu’un nous attrape par le bras. Un infirmier avec lequel j’ai discuté un peu plus tôt dans la journée. Il nous emmène à proximité d’un homme allongé à côté d’un fossé. « Fracture ouverte de fémur », me dit-il. Un pansement est déjà installé, je ne vois pas la plaie. Je vois un hématome de cuisse volumineux. Il n’y a pas d’extériorisation de sang. Je sens son pouls. Il est conscient. La première chose à faire : le mettre en sécurité. Un antalgique. À huit personnes, on le déplace plus loin. Quelqu’un prend des constantes. La fréquence cardiaque est normale. Je suis rassurée, il n’est pas en train de se vider de son sang. Pour une fracture ouverte de fémur, le risque hémorragique est majeur. Je demande à ce que quelqu’un appelle le Samu pour une évacuation.

    Derrière nous, un deuxième blessé est transporté par des manifestants. Une plaie délabrante de la fesse gauche. La plaie n’est pas hémorragique. Elle est douloureuse. Il ne peut pas marcher.

    On aperçoit une nouvelle charge de la police. Des quads ? Des lacrymos ? Je ne sais pas, je n’ai pas le temps de lever le nez des blessés. Il va falloir qu’on recule de nouveau pour mettre les blessés en sécurité. On fait un portage sur le chemin en terre pour s’éloigner vraiment définitivement des zones d’agressions.

    On arrive à un croisement. Je demande à ce que les constantes des blessés soient prises de nouveau pour s’assurer de leur stabilité. Je demande à ce qu’on rappelle le #Samu pour qu’il nous envoie des #secours. Je vois que sur le chemin d’autres blessés continuent d’affluer.

    Je refais le point sur la suspicion de fracture ouverte du fémur. Je déballe la plaie. La plaie est profonde. Il y a quelque chose de dur et de blanc qui ressort en son sein. Ce n’est pas de l’os. C’est un corps étranger en plastique blanc, une part cylindrique, une part plate. Je laisse le corps étranger en place. Il doit être retiré dans un bloc opératoire au cas où il existe une plaie vasculaire sous-jacente. Je rectifie le diagnostic à la régulation du Samu.

    À ce croisement de routes où se retrouvent de nombreux blessés, des élus et des observateurs de la Ligue des droits de l’Homme sont présents.

    Un homme est installé par des manifestants juste à ma gauche. Il a le visage déformé. Il s’est pris une grenade dans le visage. Je l’examine. Il a une plaie de la paupière hémorragique. L’œdème de la paupière ne me permet pas d’examiner l’œil, sa vision, sa motricité. Il a une très probable fracture du maxillaire gauche, je ne peux rien dire pour son œil.

    Des personnes viennent me voir pour me dire que les #ambulances sont bloquées par les gardes mobiles en amont. Je commence à m’énerver. Je transmets : « Nous avons appelé le Samu, nous avons des blessés graves. Ils doivent laisser passer les ambulances. Nos appels sont enregistrés sur les bandes de la régulation du Samu. S’ils entravent le passage des ambulances, ils seront pleinement responsables du retard de soins. On ne se laissera pas faire. Y compris sur plan juridique. » « Mettez-leur la pression, c’est pas possible autrement. »

    D’autres blessés arrivent entre-temps, ils ont l’air stables. Je n’ai pas le temps de les voir. Certaines personnes s’occupent d’eux. Des complicités de bord de route.

    • L’« urgence absolue »

    Quelqu’un vient me chercher pour me demander d’intervenir plus en amont sur le chemin. Mon amie reste avec les blessés.

    Je remonte vers la zone où un homme est au sol. Du monde autour de lui. Je m’approche de sa tête. Un « medic » réalise une compression du cuir chevelu. Des gens essayent de le faire parler. Du sang coule sur le chemin. Il est en position latérale de sécurité. Je me présente auprès des autres personnes qui prennent soin de lui. « Je suis médecin urgentiste, est-ce qu’il a déjà été évalué par un médecin ? Est-ce que quelqu’un a déjà appelé le Samu ? » Le Samu est prévenu. Pour l’instant aucun moyen ne semble engagé. Je l’évalue rapidement. L’histoire rapporte un tir tendu de grenade au niveau temporal droit (juste en arrière de l’oreille). Il se serait effondré. Extrait par des manifestants. Au début il aurait été agité. Là, il est en position latérale de sécurité. Il est trop calme.

    Je fais un bilan de débrouillage :

    – une plaie du scalp de plusieurs centimètres en arrière de l’oreille. La plaie est hémorragique ;

    – un traumatisme crânien grave avec un score de Glasgow initial à 9 (M6 Y1 V2), une otorragie qui fait suspecter une fracture du rocher ;

    – pupilles en myosis aréactives ;

    – vomissement de sang avec inhalation ;

    – les premières constantes qu’on me transmet sont très inquiétantes. La fréquence cardiaque serait à 160, la tension artérielle systolique à 85. Le shock index est à presque 2.

    Je demande à ce qu’on rappelle la régulation du 15 et qu’on me les passe au téléphone. Mon petit matériel ne va pas suffire. Quelle impuissance…

    Je prends la régulation du 15 au téléphone. Je demande à parler au médecin. Je me présente en tant que médecin urgentiste : je demande un #Smur [service d’aide médicale urgente] d’emblée pour un patient traumatisé crânien grave, avec une plaie du scalp hémorragique, et des constantes faisant redouter un choc hémorragique. Le médecin me répond que la zone ne semble pas sécurisée et qu’il est impossible pour eux d’intervenir au milieu des affrontements. J’explique que nous sommes à distance des zones d’affrontement. Qu’il y a des champs autour où il est possible de faire atterrir un hélicoptère. Il me dit qu’un point de rassemblement des victimes (PRV) est en cours d’organisation, qu’il va nous envoyer des pompiers pour extraire les victimes. J’insiste sur le fait que cet homme a besoin d’un Smur d’emblée, qu’il s’agit d’une urgence vitale immédiate et qu’il n’est pas en état d’être transporté vers un PRV. L’appel téléphonique prend fin, je n’ai pas l’impression que ma demande ait été entendue.

    Un traumatisme crânien grave peut aboutir à la mort cérébrale, ou à la présence de séquelles extrêmement lourdes.

    Je retourne auprès de la victime. Je la réévalue. Son score de Glasgow est tombé à 7. Le coma est de plus en plus profond. Une équipe de médecins infirmiers des gardes mobiles arrive. Je suis en colère. Ils viennent apporter les bons soins à ceux qu’ils ont presque tués. Je ravale ma colère, il faut penser à cet homme, à ce qu’il y a de mieux pour lui. Je fais une transmission médicale. Je propose que le médecin rappelle la régulation pour appuyer ma demande de Smur dans le cadre d’une #urgence_vitale_immédiate. En attendant, j’aide l’infirmier à poser une perfusion. Traitement de l’hypertension intracrânienne. Traitement pour l’hémorragie. Le médecin des gardes mobiles me demande si j’ai de l’oxygène. Je ris nerveusement. Non, moi j’ai des compresses et de la biseptine, j’étais là pour manifester initialement.

    Leur matériel est limité. Ils n’ont pas de quoi faire des soins de réanimation. Je ressens leur stress. Nous sommes dépendants du Smur.

    Des pompiers en pick-up arrivent, ils nous demandent pourquoi le Smur et les #VSAV [véhicules de secours et d’assistance aux victimes] ne sont pas là. Je craque et leur hurle dessus, je dis que les ambulances sont bloquées par les GM [gardes mobiles] en amont.

    Combien de temps s’est écoulé ? Depuis combien de temps était-il au sol avant mon arrivée ? Comment peuvent-ils assumer un tel niveau de violence pour quelques mètres cubes de béton ?

    Je pense à Rémi Fraisse.

    Le Smur arrive. J’aide à son installation sur le brancard du Samu. Le médecin du Smur prépare de quoi l’intuber dans le camion. Je quitte les lieux pour rejoindre les autres blessés.

    Je pense à cet homme. À ses amis. Aux miens. Je me demande où ils sont. Y en a-t-il d’autres comme lui ? Je pense à tous ceux qui ont été blessés ces dernières années par les armes de la police. À la zad, au Chefresne, au Testet, pendant la loi Travail, les Gilets jaunes. À ceux qui ont perdu des doigts, une main. Un œil. Ceux qui ont perdu la vie. À lui.

    https://reporterre.net/Medecin-a-Sainte-Soline-je-temoigne-de-la-repression
    #témoignage #violences_policières #maintien_de_l'ordre #méga-bassines

  • Récit d’une #fin_de_vie face aux insuffisances de l’#hôpital : « Je m’épuise dans des démarches qui n’aboutissent pas. Mon père, lui, s’enfonce »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/01/16/recit-d-une-fin-de-vie-face-aux-insuffisances-de-l-hopital-je-m-epuise-dans-

    Vanessa Schneider, grand reporter au « Monde », raconte les derniers mois de son père, l’écrivain et psychanalyste Michel Schneider, #mort d’un cancer en juillet 2022. A l’heure où la question de la fin de vie s’impose dans le débat public, ce récit en dit long sur la faillite de la prise en charge des patients condamnés.

    #santé #soins_palliatifs #médecins #soignants #société_d'abandon

    • attention : récit terrorisant

      Il rappelle la chronologie des soins : l’ablation de la tumeur, puis les douze séances de chimiothérapie, la rechute, les essais d’immunothérapie, le traitement expérimental de chimiothérapie injectée directement dans le foie. Mon père détient le record de séances de chimio de Paul-Brousse, et cette « performance » lui arrache un sourire. L’oncologue explique ce qu’il va se passer dans les jours et les semaines à venir : une jaunisse va probablement se déclarer, les organes vont lâcher les uns après les autres, les atteintes neuronales vont se multiplier. Il me glisse : « Il ne passera pas l’été. »
      J’insiste, puisqu’il est déjà debout pour nous dire au revoir : « Et maintenant, on fait quoi ? » Et c’est là, à cet instant précis, que la folie commence.

      « Il rentre chez lui », répète le médecin. Comme ça, sans rien, ni médicaments ni soins à domicile ? Mon père ne peut quasiment plus se lever ni marcher sans aide, il dort presque toute la journée, il a perdu énormément de poids, son ventre est gonflé par l’eau car les reins ne font plus leur travail, il manifeste des signes de confusion, s’emmêle dans les jours et les dates. L’oncologue finit par proposer une consultation par téléphone quinze jours plus tard. « En cas de problème, appelez les #urgences. »

      https://justpaste.it/6l32s
      edit par chance, Godard était suisse et pas fauché

    • Les folles économies de la famille Ciotti au détriment de la Sécurité sociale
      https://www.mediapart.fr/journal/france/160123/les-folles-economies-de-la-famille-ciotti-au-detriment-de-la-securite-soci

      Depuis plus de 18 ans, la mère d’Éric Ciotti occupe une place dans un hôpital de la vallée de la Vésubie pourtant réservé à des soins de courte durée. Conséquence : la prise en charge est entièrement assumée par la Sécurité sociale, avec au moins 500 000 euros d’économies à la clé pour la famille Ciotti. Le nouveau patron des Républicains n’a pas répondu à nos questions.

    • Le récit terrorisant correspond peu ou prou a ce que j’ai vécu cet été en accompagnant la fin de vie de mon père. Merci pour la version complète.

      « Autant sa maladie a été admirablement traitée, autant sa fin de vie aura été honteusement négligée. »

      C’est exactement ce que je ressens aujourd’hui.

    • Catastrophe dans l’hôpital du ministre de la santé. Les urgences du site de Thionville confrontées a de multiples arrêts de maladie envoient les malades sur Metz où des tentes ont été montées pour accueillir les malades !


      https://twitter.com/PrudhommeChri10/status/1609153909117026304
      Prudhomme Christophe @PrudhommeChri10

      Des soignants « à bout », les urgences de Thionville sont en crise
      https://www.lessentiel.lu/fr/story/des-soignants-a-bout-les-urgences-de-thionville-sont-en-crise-80075969796

      Les urgences de l’hôpital de Thionville (Moselle) fonctionnent de manière très dégradée samedi, la quasi-totalité des soignants, « épuisés », ont été placés en arrêt maladie.

      Selon des sources syndicales, 55 infirmiers et aide-soignants sur 59 ont été placés en arrêt maladie, souvent sur décision des médecins des urgences eux-mêmes.
      « On en arrive là parce que malgré leur engagement, les équipes sont à bout, épuisées, et incapables d’assurer une prise en charge de qualité, ce qui est insupportable pour eux », indique à l’AFP Clarisse Mattel, infirmière et secrétaire générale du syndicat MICT-CGT. « C’est une problématique qui dépasse la situation d’un hôpital, c’est tout l’hôpital public qui est en crise : on ne peut plus prendre correctement en charge les patients. »
      .... Plusieurs soignants font état d’un patient de 90 ans resté « plus de 90 heures » sur un #brancard, et qui n’a « été changé qu’une seule fois » au cours de cette période. « C’est devenu extrêmement compliqué d’assurer les besoins élémentaires tels que l’hygiène, les repas, en plus dans un contexte de promiscuité », indique Patricia Schneider, représentante du syndicat Sud-Santé au CHR. Le pôle des urgences du CHR était dirigé par #François_Braun jusqu’à sa nomination en juillet comme ministre de la Santé. « Les problématiques, il les connaît depuis longtemps », souligne une infirmière. « J’espère qu’on pourra bientôt échanger avec lui sur l’évolution de la situation ».

      #infirmières #aide_soignantes

    • Crise des urgences : 31 personnes sont mortes de manière « inattendue » au mois de décembre Jeanne Sénéchal - Le Figaro
      https://www.lefigaro.fr/actualite-france/crise-des-urgences-31-personnes-sont-mortes-de-maniere-inattendue-au-mois-d

      Certains patients sont décédés seuls sur un brancard dans les couloirs, d’autres à la suite d’un manque de moyens disponibles... Pour SAMU-Urgence France, le système de santé n’est plus « sécuritaire », il devient même « dangereux ».

      Aujourd’hui en France, « il y a des personnes qui décèdent dans des conditions qui ne devraient pas exister » . Marc Noizet, président de SAMU-Urgence France, a établi ce constat fin décembre après que son syndicat a comptabilisé le nombre des personnes mortes de manière « inattendue » aux urgences. Et le chiffre est alarmant : du 1er au 31 décembre 2022, 31 personnes seraient mortes seules sur des brancards dans les couloirs des urgences, ou parce qu’un SMUR n’a pas pu être engagé assez rapidement, apprend le successeur de François Braun au Figaro. « Si on était exhaustif, on pourrait envisager qu’il y en ait beaucoup plus », assure-t-il.

      Face à la dégradation du service des urgences, ce décompte inédit était nécessaire, explique Marc Noizet : « On avait déjà connu des morts dans les couloirs, mais jamais comme cela. La situation est devenue insécuritaire pour les soignants et les patients » . Le syndicat a donc mis à disposition dès novembre un formulaire en ligne, qui prend la forme d’un questionnaire : le soignant fait part de la situation, raconte ce qu’il s’est passé, laisse son nom et son mail, et peut demander à être rappelé.

      Toutefois, ces morts ne sont pas « inattendues » parce que ces personnes n’allaient pas mourir, mais parce qu’elles n’auraient pas dû mourir dans de telles circonstances, précise le médecin : « L’objectif n’est pas de rechercher la cause de la mort. Nous alertons sur ces morts brutales dans des couloirs d’urgence alors que rien ne laissait présager. Pour nous, c’est un dysfonctionnement grave. C’est une mise en danger ».

      Des profils assez âgés
      Sur les 31 situations rapportées, le profil des personnes décédées est assez âgé : « Il tourne autour de 75 ans ». « On a des personnes de 92 ans, 81 ans, 76 ans, 61 ans, 74 ans.. » , détaille Marc Noizet en consultant son fichier. Il prend alors l’exemple d’une personne âgée, qui est arrivée dans un CHU après une mauvaise chute. « Elle n’avait pas de lésion apparente, il n’y avait pas d’inquiétude à son sujet. » Quatre heures plus tard, elle allait bien. Huit heures plus tard, l’équipe l’a retrouvée morte sur son brancard, dans un couloir.

      Pour qu’un décès puisse être comptabilisé dans cette liste, il faut qu’il corresponde à l’une de ces deux catégories :
      • Le patient est décédé sur un brancard aux urgences alors qu’il était en période d’attente de soins, et son décès n’était pas attendu.
      • Le patient est décédé en pré-hospitalier, les moyens adaptés n’ayant pas pu être engagés assez rapidement : « Par exemple, on n’est pas en capacité de déclencher un SMUR suffisamment vite et la victime décède ».

      La femme décédée à Saint-Cyr d’une crise cardiaque après avoir été refusée aux urgences, n’entre pas forcément dans cette catégorie. « On ne connaît pas encore les circonstances. Beaucoup de questions sont en suspens, une enquête doit y répondre. Pour moi, en l’état, elle ne répond pas à notre définition » , affirme l’urgentiste.

      Deux à trois jours sur un brancard
      Son syndicat a décidé de lancer ce décompte dans l’objectif d’alerter l’opinion publique et les politiques « de la dangerosité actuelle » de la situation et « montrer que le système est à bout de souffle ». Des patients peuvent attendre plusieurs heures, voire plusieurs jours sur un brancard avant d’être hospitalisés. Il a été possible de l’observer récemment dans un reportage de l’AFP au CHU de Strasbourg, le 29 décembre. À cause des conditions de travail, du manque de moyens et de la triple épidémie (Covid-19, bronchiolite et grippe), certains patients n’ont pas d’autre choix que d’attendre deux ou trois jours sur des brancards, fait savoir un des infirmiers sur place.

      Il y a un tabou derrière ces morts.
      Marc Noizet, président de SAMU-Urgence France

      Si quelques morts sont médiatisées dans la presse, la plupart d’entre elles restent dissimulées. Cela peut s’expliquer par deux raisons, selon Marc Noizet. D’abord, parce que les soignants se sentent coupables. « Nous faisons face à la mort tous les jours. Nous sommes soignants. Mais quand un décès inattendu se passe dans un service, nos équipes portent forcément une forme de culpabilité » , explique l’urgentiste. Ensuite, parce qu’ils ne veulent pas endosser « la responsabilité d’un dysfonctionnement global de santé ». La responsabilité est une « responsabilité du système, elle doit être collective et non individuelle , avance le Dr Noizet. Mais il y a un tabou derrière ces morts ».

      Un dernier point est important : « La responsabilité médico-légale du soignant » , poursuit Marc Noizet. Si la famille d’une de ces victimes venait à se retourner contre l’hôpital, « la responsabilité reviendrait au médecin qui était présent ce jour-là » , ce qui pourrait ouvrir une « procédure judiciaire à son encontre ». Et de déplorer : « Personne ne dira que c’est un dysfonctionnement général du système de santé. Il devrait expliquer qu’il a un service avec 100 patients qui ne peut en accueillir que 50. Mais je ne suis pas sûr que cela soit pris en considération. »

      Aujourd’hui, le président du syndicat demande un « système plus sécurisé ». « Les conditions dans lesquelles on travaille actuellement sont exécrables pour les soignants mais surtout pour les patients. » Pour lui, « l’équation est simple : combien vous avez de lits dans un hôpital, combien de personnel pour vos lits, comment vous gérez vos lits. C’est uniquement de la gestion de flux. Il faut recentrer la disponibilité de l’offre de soin qui existe aujourd’hui autour des besoins urgents de la population. » Contacté par Le Figaro , le ministère de la Santé n’a pas donné suite à nos sollicitations.

      #Hôpital #Santé #Sante #décès #morts #EnMarche #réforme #macron de la #santé_publique

  • "Comme vous le savez, la mortalité infantile est désormais en hausse en France..."

    Crise de la pédiatrie : « Monsieur le président, votre silence est assourdissant », la lettre de 10 000 soignants à Emmanuel Macron

    Monsieur le président, le 21 octobre, après deux semaines seulement d’épidémies hivernales, habituelles et prévisibles, nous vous avions écrit pour vous alerter sur la situation précaire de la pédiatrie, les risques et les pertes de chance déjà encourus par les enfants, et le désespoir des soignants qui en résulte.

    Un mois plus tard, nous restons sans réponse de votre part : votre silence est assourdissant.

    Tout au long de ce mois, nous avons été confrontés à ce que nous n’osions imaginer : quotidiennement, des enfants hospitalisés sur des brancards ou sur les genoux de leurs parents aux urgences, dans un bureau réaménagé pour l’occasion, des enfants intubés et hospitalisés sans chambre dans le couloir de la réanimation, des prises en charge trop tardives et des soins précaires, des retours prématurés à domicile et des retours en catastrophe d’enfants renvoyés chez eux faute de place, des transferts hors secteurs par dizaines en réanimation, mais aussi en hospitalisation classique.

    Nous pensions que transférer des enfants à 300 kilomètres de chez eux était une dégradation majeure des soins, nous constatons désormais qu’il pouvait y avoir pire : ne plus pouvoir transférer car l’épidémie a déferlé partout, saturant l’ensemble des services de pédiatrie français. Nous culpabilisions d’envoyer des adolescents au sein de services adultes, ce sont désormais des enfants âgés de 3 ans que nous envoyons.

    Eternelle variable d’ajustement

    Et encore, toujours, les annulations de soins, les reports de chirurgie comme unique réponse de nos tutelles à l’urgence, au détriment des enfants porteurs de handicap, de maladie chronique et pédo-psychiatriques, soupape désormais permanente de l’hôpital, éternelle variable d’ajustement.

    En cette fin novembre, les rappels des soignants à peine sortis de l’hôpital pour venir aider la nuit suivante ne suffisant pas, ce sont les infirmiers des réanimations adultes qui viennent à la rescousse : ils n’ont jamais soigné un enfant, qu’à cela ne tienne, ils s’occuperont désormais de nourrissons en réanimation.

    L’épidémie annuelle de bronchiolite s’est transformée en un mauvais remake de la pandémie de Covid-19. Sauf que cette fois-ci, il n’y a pas d’alternative pour sauver l’hôpital, la pédiatrie libérale est noyée dans la vague, l’hospitalisation privée en pédiatrie est inexistante car non rentable. Et vous n’êtes pas apparu pour rassurer les parents, assurer les soignants de votre soutien et de la volonté de sauver l’hôpital public. A la place, votre gouvernement empile les enveloppes et les mesures d’urgence temporaires au fil de la catastrophe, et remet en cause les constats unanimes des soignants et des patients, les menaçant en « une » des journaux d’enquête publique.

    Mortalité infantile en hausse

    Comme vous le savez, la mortalité infantile est désormais en hausse en France, alors que sa diminution continue dans la seconde moitié du XXe siècle était notre fierté nationale. Vous n’ignorez pas les difficultés que connaît l’hôpital public en général, mais une société qui ne peut plus prendre soin des enfants est une société sur le déclin. Aucun parent, grand-parent, aucun citoyen ne peut accepter de sacrifier l’enfance et l’avenir.

    Monsieur le président de la République, il s’agit de la dernière chance de notre société pour arrêter l’hémorragie massive des soignants qui quittent l’hôpital public, désabusés, épuisés, culpabilisés. Nous demandons simplement de pouvoir faire notre travail, de soigner, sereinement. Pour cela, nous vous demandons :

    – d’être à nos côtés et de reconnaître la responsabilité de l’Etat dans la crise sanitaire majeure que nous vivons ;

    – de vous engager à prendre les mesures nécessaires pour sécuriser le travail des soignants à l’hôpital : plafond du nombre de patients par infirmier et infirmière, respect des temps de repos et des temps de formation. De mieux indemniser sur le long terme le travail de nuit et de week-end ;

    – de vous engager à prendre les mesures pour la reconnaissance de la spécificité et de l’expertise de la pédiatrie ;

    – de vous engager à remettre le service hospitalier au centre des décisions, afin que les soignants puissent orienter et décider des soins adaptés sans subir les strates administratives loin du terrain ;

    – de vous engager à augmenter le nombre de jeunes formés aux métiers du soin et à assurer la formation générale en pédiatrie de chacun, en réinstaurant notamment la pédiatrie dans les écoles d’infirmiers et d’infirmières et en restaurant les possibilités de financement des formations en puériculture.

    Nous osons espérer que les contours exacts et les applications de ces mesures seront discutés plus spécifiquement lors des Assises de la pédiatrie, au printemps 2023, mais il est indispensable que ces engagements forts sur des mesures structurelles et pérennes soient pris en amont et immédiatement.

    Monsieur le président, plus encore que jusqu’à présent, la crise actuelle pousse aux démissions toujours plus nombreuses. Dos au mur, la France saura-t-elle sauver ses enfants ?

    Premiers signataires : professeure Nadia Bahi-Buisson, présidente du conseil national des universités de pédiatrie ; docteur Emmanuel Cixous, président du syndicat national des pédiatres en établissement Hospitalier (SNPEH) ; professeur [merdeux] Robert Cohen, président du conseil national professionnel de pédiatrie ; professeure Isabelle Desguerre, co-animatrice du collectif de pédiatrie et du collectif Inter-Hôpitaux ; professeur Bruno Dohin, président du collège national hospitalier et universitaire de chirurgie pédiatrique ; Charles Eury, président du collège des infirmier(e)s puéricultrices(teurs) ; professeure Christèle Gras-Le Guen, présidente de la société française de pédiatrie (SFP) ; docteur Christophe Libert, président de l’association des psychiatres infanto-juvéniles de secteur sanitaire et médico-social (API) ; Mahmoud Rifai, Interne, président de l’association des juniors en Pédiatrie d’Ile de France (AJP) ; docteure Brigitte Virey, président du syndicat national des pédiatres français (SNPF) ; Pr Jean-Luc Jouve, président de la Commision médicale d’établissement (CME) de l’AP-HM (Marseille) et président du Conseil national des universités ; professeur Rémi Salomon, président de la CME de l’AP-HP (Paris) et président de la conférence des présidents de CME de CHU ; professeure Sabine Sarnacki, présidente de la société française de chirurgie pédiatrique ; docteur Andreas Werner, président de l’association française de pédiatrie ambulatoire de chirurgie infantile ; et 36 associations de patients dont les associations Aide aux jeunes diabétiques, Vaincre la mucovicidose, Maladie foie enfant.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/30/crise-de-la-pediatrie-monsieur-le-president-votre-silence-est-assourdissant-

    Lire aussi :
    « Oui, par manque de moyens, la pédopsychiatrie doit depuis des années trier les enfants » https://seenthis.net/messages/980921
    « La dégradation de l’hôpital public risque d’aboutir à la disparition de pans entiers d’activités et de savoir-faire »
    « Les personnels soignants quittent l’hôpital parce qu’ils ne veulent pas devenir des monstres »
    Dominique Méda : « Il pourrait être nécessaire de recruter jusqu’à 100 000 infirmiers pour un montant de 5 milliards d’euros »

    #santé_publique #pédiatrie #hôpital #enfants #malades

  • La situation alarmante de la #pédopsychiatrie en France

    Le nombre d’adolescents et d’enfants arrivant aux urgences pédopsychiatriques connaît une hausse vertigineuse depuis le début de la crise due au Covid-19. L’hôpital a accueilli 900 mineurs en 2021. Avec des réponses parfois déficientes, faute de #soignants et de structures adaptées.


    La chambre d’une patiente suivie en pédopsychiatrie, dans le service pédiatrie du CHU de Nantes, le 17 août 2022. LOUISE QUIGNON POUR « LE MONDE »

    La crise a atteint son paroxysme en mars. Tout au long du mois, Laurence Dreno, pédopsychiatre au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes, et son équipe ont fait face, chaque semaine, à l’arrivée aux urgences pédiatriques, en moyenne, de dix-sept jeunes en détresse psychologique. « Vous arrivez et, chaque matin, il y a au moins trois jeunes qui ont fait une tentative de suicide, expose, d’une voix blanche, Mme Dreno. A un moment, j’ai ressenti un immense vertige. Je me suis dit : “Mais comment je vais penser dix-sept projets de soins pour les patients ?” »

    La praticienne a vécu un nouveau moment d’abattement lorsque, trois mois plus tard, elle a vu plusieurs de ces jeunes revenir aux #urgences. « Ils n’avaient même pas décroché un rendez-vous dans un CMP [centre médico-psychologique] car toutes les structures sont complètement débordées. Là, je me suis dit que j’avais travaillé dans le vide. »

    Partout, dans les hôpitaux de France, le nombre d’adolescents et d’enfants « présentant un syndrome dépressif modéré à sévère » connaît une hausse vertigineuse depuis la fin du premier confinement dû à la crise liée au Covid-19. Le secteur de la pédopsychiatrie était déjà sous tension, le voici qui prend l’eau, faute de structures adaptées et de moyens humains.

    Près de 900 mineurs de moins de 16 ans sont passés par l’accueil des urgences pédiatriques du CHU de Nantes en 2021 pour des troubles psychologiques. « Quatre cent trente ont été hospitalisés, contre 250 à 280 avant l’épidémie, énonce la professeure Christèle Gras-Le Guen, cheffe du service des urgences pédiatriques et du service pédiatrique de l’hôpital de Nantes. On aurait dû en hospitaliser davantage, mais on n’avait aucune solution. » « Avant, on faisait du soin, souffle Mme Dreno. On voyait les patients, on les prenait en charge. Et puis on les orientait vers des consultations en CMP. Désormais, on fait du tri. »

    Des mineurs exprimant des idées suicidaires sont renvoyés chez eux avec une « simple » orientation vers des consultations. Or, les centres médico-psychologiques affichent des délais de prise en charge variant de quatre à six mois. « Ces structures enregistrent quinze demandes par semaine au bas mot quand, auparavant, elles assuraient quinze consultations par mois, développe Mme Dreno. Ce qui est insupportable, c’est que nous, professionnels, on sait qu’en six mois il se passe beaucoup de choses dans une vie et que les situations peuvent s’aggraver. »

    Au mieux, les mineurs en détresse sont pris en charge en service de pédiatrie. « On fait avec les moyens du bord, souligne Mme Gras-Le Guen. Sur les 36 lits du service de pédiatrie du CHU, il y en a régulièrement la moitié occupée par des patients qui ont des problèmes de santé mentale. »

    Au pire, des jeunes, trop agités, sont désormais transférés, parfois dès l’âge de 10 ans, en psychiatrie adulte à l’hôpital Saint-Jacques de Nantes, « dans des chambres d’isolement, soit des conditions relevant du milieu carcéral, pour les protéger de patients pouvant être dangereux », ainsi que le déplore Mme Gras-Le Guen. La situation, assène la professionnelle, qui préside la Société française de pédiatrie, relève de « la maltraitance institutionnelle. Pour un enfant qui va mal, c’est la double peine : on l’enferme dans un service où il va avoir des soins qui ne correspondent pas à son état de santé ». Plus de 250 mineurs de moins de 16 ans ont été hospitalisés en psychiatrie adulte en 2021 à Nantes. Un bilan qui menace d’être plus élevé en 2022.

    La patientèle passant aux urgences pédopsychiatriques est désormais majoritairement féminine. Et elle se rajeunit dangereusement, avec l’accueil de nombreux jeunes âgés de 12 ans. Les souffrances sont multiples : conflits familiaux, défaillances parentales, harcèlement, sentiment d’insécurité face au monde. Vincent Delaunay, chef du pôle psychiatrie et santé mentale au CHU de Nantes, note aussi « une augmentation des troubles du comportement alimentaire et des pathologies dépressives, ainsi que des pathologies mentales avérées ». A ce tableau clinique se greffe « une souffrance morbide s’accentuant autour des questionnements identitaires sur la sexualité et le genre », représentant « une hausse de 25 % des demandes » depuis la sortie des confinements.

    « Si on tarde, ça explose »

    La crise secoue aussi les professionnels. Certains jettent l’éponge, épuisés et vaincus par un sentiment d’impuissance. Cinq postes sont vacants dans l’unité dirigée par Mme Dreno. Qui alerte : « Comment on va garder nos jeunes praticiens si c’est pour faire du boulot qui n’a pas de sens ? » La praticienne appelle à recruter au plus vite une quinzaine de psychologues et souligne : « Un adolescent, dès lors qu’on s’en occupe, que l’on met de l’attention et du soin, il récupère et il repart. Si on tarde, ça explose. »

    La crise est nationale, mais, selon l’Observatoire régional de la santé des Pays de la Loire, l’offre de soins spécialisés dans la santé mentale des adolescents est particulièrement faible en Loire-Atlantique pour ce qui est des lits d’hospitalisation, le département ne comptant que 6,9 lits pour 100 000 habitants, contre 16,5 lits à l’échelle nationale.

    « Cela fait des années que l’on tire la sonnette d’alarme sur ce sujet », énonce M. Delaunay, qui évoque « une situation absolument catastrophique ». Le manque d’anticipation, par les pouvoirs publics, des évolutions sociétales et de l’essor démographique relève de « l’aveuglement » selon le professionnel, qui note : « Il y a un rattrapage phénoménal à accomplir. »

    L’agence régionale de santé (ARS) partage le constat, mais nuance le diagnostic. La #psychiatrie, dans son ensemble, « accuse un déficit historique en termes de moyens dans les Pays de la Loire », reconnaît le docteur Jean-Paul Boulé, chef de projet santé mentale au sein de l’ARS, qui précise : « On a longtemps été la dernière région métropolitaine pour les dotations par rapport au nombre d’habitants. » Mais la pénurie de lits d’hospitalisation, qui date d’une vingtaine d’années, est liée « à la volonté exprimée par les professionnels de soigner les patients au plus près de leur lieu de vie ». La Loire-Atlantique, fait valoir le médecin, a ainsi fait le choix de « privilégier le développement d’hôpitaux de jour, totalisant à ce jour 207 des 426 places recensées à l’échelle régionale ».

    « Miser sur l’ambulatoire »

    De nouveaux projets sont sur orbite. Huit lits pour enfants et adolescents pourraient être créés au sein de l’établissement psychiatrique de Blain, au nord de Nantes, en 2023. L’ARS a donné son feu vert pour l’extension du service d’hospitalisation intersectoriel de pédopsychiatrie, une unité située à Bouguenais, dans la banlieue sud, comptant quatorze lits, soit la perspective de seize lits supplémentaires d’ici cinq ans, note Julien Vallée, responsable de cette structure.

    La création d’un hôpital de jour « postcrise » consacré aux adolescents, affichant une capacité d’une quinzaine de places, est également espérée en 2023 dans la banlieue nantaise. « C’est vraiment une structure de soins d’aval dont on a besoin, souligne M. Delaunay. Ce qui est fondamental, c’est d’apporter une réponse en temps voulu, éviter les tris aberrants et les renvois à domicile faute de places. » « La priorité », souligne l’ARS, reste_« de soigner un jeune patient au plus près de son lieu de vie » et donc « de miser sur l’ambulatoire ».
    Depuis 2018, les mesures de rattrapage en matière de santé mentale dans les Pays de la Loire représentent une enveloppe de 18 millions d’euros par an, qui s’ajoutent à la dotation annuelle de 450 millions d’euros.
    « Les crédits sont enfin là, mais, maintenant, le goulet d’étranglement, ce sont les ressources humaines qui obèrent la capacité à mettre en œuvre des projets », énonce le docteur Bruno Meslet, conseiller médical au sein de l’ARS. Outre la pénurie de pédopsychiatres, l’agence sanitaire souligne les difficultés de recrutement de psychologues, d’infirmiers, d’aides-soignants ou d’éducateurs…

    « Au-delà de la question de la rémunération, insuffisante, on paye très cher le fait d’avoir mis les personnels en souffrance en réduisant les effectifs », se désole M. Meslet. « La volonté de financer des projets est là, mais, ce qui manque désormais, ce sont les bras_, appuie M. Delaunay. Ce qui est désolant, c’est d’avoir attendu d’être face à la #catastrophe pour réagir enfin. »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/08/18/jeunes-en-detresse-psychologique-l-appel-au-secours-du-chu-de-nantes_6138320

    le même journal vient de publier plusieurs articles sur la gériatrie, « en crise » elle-aussi, pour un nombre de patients croissant, elle-aussi

    #santé_publique #enfance #souffrance_psychique #folie

  • Urgences saturées à Montpellier : 7 ambulances de pompiers bloquées pendant 2 heures 30
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/montpellier/urgences-saturees-a-montpellier-7-ambulances-de-pompier

    La saturation de l’accueil aux urgences du CHU de Montpellier se poursuit en ce début d’été et le temps d’attente pour décharger les patients s’allonge. En cause : le manque de moyens, malgré un plan d’attractivité lancé par l’hôpital public pour recruter du personnel. Dans la nuit du 14 au 15 juillet, pas moins de 7 ambulances du Service Départemental d’Incendie et de Secours de l’Hérault (SDIS 34) ont ainsi été immobilisées pendant 2 heures 30, entre 22 heures et minuit trente, heure à laquelle la situation est revenue à la normale.

    Il y a quelques jours déjà, Gilles Viriglio, chef de groupement « opération » au SDIS 34 s’émouvait de cet état de fait qui se répète au micro de notre journaliste Caroline Agullo :

    « Le temps d’attente des pompiers pour décharger nos victimes et patients aux Urgences s’allonge. Cela immobilise nos ambulances, quelques fois 5, 6 ou 7 véhicules pendant plus d’une heure, voire 1 heure 30 en attente dans les différents services d’urgences du département. C’est une contrainte de temps et de personnels pour nous. »

  • #Suisse : Nouvelle panne partielle des numéros d’urgence, notamment à Genève ats/asch
    https://www.rts.ch/info/regions/geneve/13243765-nouvelle-panne-partielle-des-numeros-durgence-notamment-a-geneve.html

    Le réseau Swisscom a connu jeudi après-midi une nouvelle panne entre 14h26 et 14h58. Le service a ensuite repris, a indiqué l’entreprise à Keystone-ATS. Les numéros d’urgence ont été partiellement touchés.

    Les appels depuis les téléphones mobiles n’ont pas pu reprendre. Un redémarrage est en cours. La cause est un problème de configuration, précise Swisscom. La panne a été entièrement levée vers 16h45.

    Les centrales d’urgence, notamment de Genève et de Bâle, ont été touchées. Le Service d’incendie et de secours (SIS) de Genève signalait des difficultés depuis 15h00 à atteindre les numéros d’urgence à partir de téléphones portables. En revanche, les appels sur des lignes fixes fonctionnent normalement.

    « Nous recommandons à la population d’utiliser les lignes fixes », a indiqué le lieutenant Nicolas Millot, porte-parole du SIS. L’inquiétude, pour les pompiers, est que des personnes n’arrivent pas à atteindre les urgences.

    #télécommunications #USA ? #Russie ? #Swisscom #Téléphonie #Urgences

    • Twitter inaccessible aux États-Unis et en Europe ce jeudi afp
      https://www.lessentiel.lu/fr/story/une-grosse-panne-sur-twitter-635133511225

      Une vaste panne a affecté temporairement jeudi l’accès au réseau social Twitter, notamment aux Etats-Unis et en Europe où plusieurs utilisateurs se sont retrouvés confrontés à un message d’erreur.

      L’étendue de la panne n’était pas immédiatement connue et la plateforme n’avait pas dans l’immédiat répondu à une sollicitation de l’AFP. Mais le site Downdetector a recensé près de 55 000 signalements d’internautes empêchés de se servir de la plateforme, les premiers étant apparus vers 13h50.

      Le site Downdetector a recensé près de 55 000 signalements d’internautes empêchés de se servir de Twitter, les premiers étant apparus vers 11H50 GMT. « Impossible de récupérer les tweets pour le moment. Veuillez ressayer ultérieurement », était-il affiché sur les comptes des utilisateurs.

      Elon Musk a fait marche arrière
      Le service semble avoir repris progressivement un peu plus d’une demi-heure après le début de la panne, des internautes en profitant pour se moquer gentiment du réseau. « Je viens d’avoir les 30 minutes les plus productives depuis des années. Et sinon, il semble que Twitter soit tombé en panne pendant 30 minutes », a ainsi écrit sur la plateforme @joelyagar.

      Des pannes perturbent régulièrement les plateformes numériques, les interruptions de service de longue durée restant l’exception. Cet accroc technique intervient à un moment sensible pour le groupe, qui a engagé cette semaine une bataille judiciaire avec Elon Musk.
      . . . . .
      #USA ? #Russie ? #twitter

  • En ce moment, on a une campagne de pub du CHU de Montpellier, pour que les gens n’aillent plus aux urgences pour des « bobos » :

    #StopAuBobo 🚨🩹 « Juste recours » aux services d’urgences du @CHU_Montpellier.
    Les #Urgences sont réservées aux cas les plus graves

    Dans tous les autres cas, rendez-vous chez votre médecin ou aux maisons médicales de garde.


    En même temps en Une de la Gazette de Montpellier (l’hebdomadaire local) :

    Urgences : y’a pas que la CHU

    Le directeur du CHU : “70% des passages aux urgences ne sont pas justifiés”

    Alors assez justement, ils sont font allumer sur les réseaux sociaux, et oui je partage ces critiques (dénoncer les faibles qui iraient aux urgences pour des « bobos », dépolitisation du problème de l’hôpital public au profit d’une dénonciation des « assistés »…), mais dans le même temps rappeler qu’on l’a vu venir :

    – il y a 3 semaines nos amis soignants qui nous expliquent que la situation est très compliquée à l’hôpital de Montpellier, qu’on était déjà en train derediriger les moyens des différents services pour sauvegarder les urgences :
    https://seenthis.net/messages/963847

    – juste après, le CHU qui déjà communique sur la saturation des urgences :
    https://twitter.com/CHU_Montpellier/status/1538615337209536517

    Et maintenant on a les vacances des personnels, l’arrivée des touristes, une nouvelle vague Covid… donc on peut critiquer la comm’ à la con, mais je suspecte qu’on passe à côté du principal : cela témoigne que le CHU craint pour son propre effondrement… genre pour là maintenant tout de suite.

  • Retour de la plage où l’on a passé l’après-midi avec des amis soignants. D’après eux, la situation est très difficile à l’hôpital à #Montpellier, qui tient parce que la priorité est redirigée vers les urgences. Mais tous les services sont largement en sous-effectif.

    Et ce n’est pas encore l’été (l’été les gens prennent des vacances, et donc on aura le sous-effectif estival qui s’ajoutera au sous-effectif du moment). Ils prévoient déjà que ce sera très compliqué pendant les vacances.

    Ils me disent que si leur fils voulait faire médecine, ils essaieraient de l’en dissuader.

    Et que s’il y a une vague Covid cet été, le système s’effondrera.

  • Témoignages. La crise aux Urgences vue des patients : « c’est le quart monde. J’ai cru que j’avais changé de siècle, de pays. » Alexandra Huctin - france3-regions
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/temoignages-la-crise-aux-urgences-vue-des-patients-c-es

    Alors qu’Emmanuel Macron et la nouvelle ministre de la santé sont ce 31 mai au chevet des Urgences de l’hôpital de Cherbourg, en Normandie, des patients du Nord et du Pas-de-Calais nous racontent leur vécu. « Un choc, une humiliation », des mots qui reviennent souvent.

    Pas question de vouloir ici incriminer le personnel soignant ou administratif des services des Urgences du Nord et du Pas-de-Calais. Il n ’y a pas de procès d’intention, tout le monde ou presque souligne la bienveillance souvent de ces derniers mais aussi leur « dépassement » face à une situation parfois incontrôlable. « Les soignants des Urgences ne peuvent pas faire de miracle face au système qui se dégrade et aux médecins de garde qui ne se déplacent plus », souligne par exemple Marie-Blanche, elle même infirmière libérale. Nos derniers articles sur l’hôpital public dans les Hauts-de-France https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/roubaix/plans-blancs-et-service-fermes-dans-les-hauts-de-france ont mentionné les appels au secours des hospitaliers épuisés alors que des plans blancs sont déclenchés partout pour pallier les manques de personnel. Nous avons simplement, cette fois, donné la parole à ceux qu’on n’entend jamais : les citoyens, les patients, via un appel à témoin.

    Karine a 47 ans et vit dans l’agglomération lilloise. Cette cadre commerciale chute sur la Grand Place de Lille vers 16H30, le jeudi de l’Ascension. Très vite sa cheville double de volume. Les pompiers la conduise au CHR de Lille. « Je me suis aperçue à ce moment là que je n’avais pas mis les pieds aux urgences du CHR depuis des lustres. »

    « J’ai le cul à l’air à cause du pantalon en papier trop petit  »

    Tout commence, comme pour tout arrivant, par un premier contact administratif puis un « triage ». « Je réalise qu’ils récupèrent alors (ndlr : sur le brancard des pompiers) le film en papier qui protège, pour le réutiliser. Au CHRU, ils n’en n’ont plus », raconte Karine. Elle sera, si elle accepte de rester assise, « mise aux circuits courts. c’est plus rapide ». Mal lui en a pris. Assise, son pied pend dans le vide. « J’ai mal mais je me dis qu’il est 17H30 que ça va aller vite comme on me l’a expliqué. »

    Moins d’une heure après, sa radio est faite. Karine se dit qu’elle a de la chance, et attend la lecture de sa radio pleine d’optimisme. Autour d’elle tout le monde court : « C’est long mais je ne peux en vouloir à personne. Ils enchaînent et moi j’attends l’interne. » La douleur devient insupportable. Karine se glisse sur un banc en métal pour pouvoir « surélever la jambe sur le fauteuil roulant. » Son calvaire commence, elle le réalisera plus tard. 

    J’ai faim, j’ai soif, j’ai froid. Je suis inconfortable. Quatre heures après on m’apprend que c’est fracturé, qu’il faut plâtrer

    Karine, fracture de la cheville, CHR de Lille, le 26 mai à France 3 Hauts-de-France

    A 23H30, soit plus de six heures après son arrivée, Karine est plâtrée rapidement. « On m’enfile alors un pantalon de bloc trop petit  », car elle ne peut plus mettre son jean avec lequel elle est arrivée. « J’ai le jean autour du cou comme un sac. On me pousse vers l’accueil des urgences à minuit, j’ai le cul à l’air à cause du pantalon en papier trop petit. J’ai mal. Avec les béquilles je porte comme je peux mon dossier médical. J’attends le Uber, j’ai froid et je pleure d’humiliation. Je supplie les gens dans le hall de ne pas me regarder. »

    On ne lui commandera pas d’ambulance, trop chère et pas assez rapide. C’est la seule excuse qu’on lui avancera alors qu’elle se sent jetée, abandonnée en pleine nuit. Son plâtre dégoulinant lui glace les sangs. 

    « Le sentiment d’avoir été déshumanisée »
    Elle explique n’avoir vu que des soignants gentils mais pressés et des patients très patients qui « parfois demandent à partir en signant une décharge » tellement c’est insupportable d’être là. L’attente est violente. 

    Un monsieur lui raconte qu’il a passé 11 heures dans le circuit court, avant de partir finalement au bloc. Plus choquant encore selon Karine, ce circuit court qui « bafoue toutes les règles de discrétion » et de secret médical. « On panse dans la salle d’attente devant tout le monde. Un jeune homme à côté de moi doit parler de ses problèmes testiculaires (une contorsion) à l’interne, dans le hall. L’interne qui reçoit aussi un coup de fil du légiste de garde pour savoir si ça vaut le coup d’examiner le vagin de la jeune fille huit jours après. On entend tout, on sait tout sur tout le monde.  » 

    C’est le quart monde ! J’avais l’impression d’avoir changé de siècle, de pays, d’être dans un dispensaire en Afrique. On entend les râles des gens qui souffrent à côté de nous. Il n’y a pas de rideaux, rien, aucune intimité
    Karine, cheville cassée le week-end de l’Ascension
    à France 3 Hauts-de-France

    « J’ai le sentiment d’avoir été déshumanisée » résume Karine encore sous le choc quelques jours plus tard. Les mots n’expriment pas de colère, seulement du désarroi. Sa fille est aide-soignante, elle n’imaginait pas pour autant vivre cela pour une cheville cassée. « Il faut que les gens sachent que ça se passe comme ça . » A Lille mais aussi à Dunkerque. Vanessa nous jure qu’elle n’y remettra jamais les pieds alors qu’elle vient d’emménager dans cette sous-préfecture du Nord. 

    En février dernier, elle ne se sent pas bien un samedi. son généraliste ne consulte pas le week-end. Vanessa est atteinte d’une maladie auto-immune, un lupus systémique. Le médecin de la maison médicale lui dit dit qu’il suspecte une embolie pulmonaire, qu’elle doit immédiatement se rendre aux Urgences sans repasser chez elle prendre quelques affaires. Il lui fait un courrier pour qu’elle le donne à son arrivée là-bas. Son beau-père joue les taxis et elle arrive aux Urgences rapidement en début de journée. 

    Durant plus d’une heure (1h15), elle attend debout. « On me dit de patienter, je crois m’évanouir. » Un monsieur qui est en train de faire son admission avec la secrétaire prend conscience de son malaise et lui amène sa chaise. Personne ne l’avait fait avant, pas un soignant. 

    La seule personne qui a eu pitié de moi c’est la personne qui est venue me chercher pour un scanner. elle m’a donnée un verre d’eau puis un deuxième. Je pleurais tellement qu’elle m’a aidée.

    Vanessa, Urgences de Dunkerque, suspicion d’embolie pulmonaire, en février 2022
    à France 3 Hauts-de-France

    Un yaourt ou un verre d’eau ? C’est trop ?  
    La première personne qui la reçoit à l’aiguillage, affirme qu’avec ce qu’elle a, il faut rester allonger (sic). On lui trouve un brancard. Un test PCR est fait. « Bingo, on me lâche que j’ai le Covid et on me colle dans un box, isolée de tout  ». Vanessa est paniquée, avec sa maladie, elle pense qu’elle a des risques énormes de ne pas supporter le virus. Depuis le début de la pandémie, elle a été épargnée tellement elle est prudente et attachée aux protocoles sanitaires.

    «  Pendant 19h, je me retrouve seule dans ce box. J’ouvre la porte une fois pour demander à boire tellement j’ai la gorge sèche et la bouche pâteuse. Je n’en peux plus, la soif c’est terrible. » Une voix peu aimable la réprimande. «  La seule personne qui a eu pitié de moi c’est la personne qui est venue me chercher pour un scanner. elle m’a donnée un verre d’eau puis un deuxième. Je pleurais tellement qu’elle m’a aidée. » Là aussi, le sentiment d’humiliation après 19h sur un brancard, seule dans un box sans boire ni manger est décuplé quand « on me met dehors à 3 heures du matin dans le froid  », parce que le scanner n’a rien révélé. Elle appelle dans sa famille pour que l’on vienne (vite) la chercher. «  Il y avait dans le couloir, une dame octogénaire qui réclamait à boire et à manger, sans cesse. » Vanessa a le cœur brisé devant les lamentations d’une dame (peut-être en fin de vie) laissée seule, surtout qu’elle entend l’équipe commander des pizzas parce que les plateaux « ne sont pas bons. » Vanessa aurait bien aimé qu’on apporte un yaourt ou un verre d’eau à la vieille dame. Rien que ça. Mais c’est déjà trop ? 

    Il y a un tel manque de personnel qu’on n’existe pas quand on arrive.
    Frédérique, Urgences d’Arras pour un enfant fiévreux
    à France 3 Hauts-de-France

    A Arras, début mai, Frédérique nous raconte s’être bataillée avec une équipe débordée et peu à l’écoute. « Il y a un tel manque de personnel qu’on n’existe pas quand on arrive », se souvient -elle. Avec elle, son fils de 4 ans qui ne va pas bien. La maman sait « en elle » que ça cloche. Mais le pédiatre qu’elle voir après une longue attente lui dit de rentrer chez elle. Elle s’exécute. Son fils en arrivant vomit. Elle repart à l’hôpital, insiste, implore. On diagnostiquera alors une méningite bactérienne à pneumocoque. Si elle n’avait pas osé retourner dans l’arène hostile, son fils pouvait mourir en quelques heures. Une erreur médicale ? Un dysfonctionnement dans la prise en charge aux Urgences ? Avec son témoignage, Frédérique veut surtout alerter, rappeler que dans ces conditions de travail, le risque est grand. On frôle l’accident permanent, l’erreur qui est malheureusement aux Urgences, souvent fatale.

    Des dizaines de témoignages nous sont parvenus, tous racontent l’attente interminable. « 7h15 pour une entorse sur une enfant de 3 ans, C’est honteux », confie cette maman lensoise. Beaucoup nous rappellent aussi « que ça ne date pas d’hier. » Mais le manque de personnel et la crise des vocations dans les écoles de soignants, ne promettent pas d’amélioration à venir. « Mais, que voulez-vous, tout le monde va aux Urgences aussi parce qu’il faut trois semaines pour obtenir une radio en ville, après une chute ». On en est là, du Nord au Sud. 

    #déglingue #EnMarche de l’ #Hôpital et de la #Santé_publique #France #santé #sante #soignantes #Soignants #Urgences #Médecine #Médecins #Lille la ville de Madame #martine_aubry #inhumanité #économie #quart_monde #ue #union_européenne

  • « Aux urgences, un service sur cinq est en danger de fermeture cet été. Il y aura donc des morts »

    Des unités engorgées et une « gestion déshumanisée » des ressources humaines ont pour conséquence la désertion des personnels hospitaliers, alerte, dans une tribune au « Monde », Frédéric Adnet, chef de service des urgences de l’hôpital Avicenne à Bobigny.

    L’hôpital public va mal, les services d’urgences vont très mal. Symptôme et conséquence d’une crise hospitalière profonde, accélérée par la pandémie de la Covid-19, les urgences sont au bord de la rupture. Par manque de personnels hospitaliers, un service sur cinq est en danger de fermeture cet été.

    Il y aura donc des morts… Toutes les études scientifiques le démontrent, l’engorgement aux urgences est un facteur associé à une surmortalité indue. Les urgences sont pourtant la vitrine et la porte d’entrée de l’hôpital. Le départ massif de soignants et de médecins a déstabilisé nos établissements, avec des fermetures de lits et de services, ce qui rend inévitable le goulet d’étranglement que constituent nos urgences.

    Se remettre en configuration de crise Covid

    Ce désamour profond, viscéral des personnels de l’hôpital résulte d’une gestion déshumanisée des ressources humaines, transformant l’administration de nos hôpitaux en management entrepreneurial, dont la seule boussole reste la rentabilité. Critère absurde, puisque nos recettes aggravent le déficit de l’Assurance-maladie, et donc les comptes de la nation, en s’appuyant sur la fameuse tarification à l’activité (T2A), aux effets mortifères. On arrive clairement au bout d’un cycle, appelant une réforme structurelle de fond, maintes fois annoncée par nos différents ministres, mais jamais réalisée ni même initiée.

    Comment passer l’été sans trop de « casse » ? Avec les vacances de nos personnels hospitaliers, la situation va s’aggraver. Afin de limiter les dégâts, il faut donc, en urgence, se remettre en configuration de crise, exactement comme pour la crise due au Covid-19. Les agences régionales de santé et les directions hospitalières doivent réactiver nos fameuses cellules de crise, en instaurant des organisations de « bed management » (gestion de lits), par le recensement journalier, à l’échelle départementale, de tous les lits disponibles et l’information en temps réel des établissements en crise. Oui, ce « dispatching » pourrait être efficace, mais ne nous y trompons pas, affronter cette nouvelle crise imposera d’autres sacrifices pour un personnel en souffrance et épuisé. Le recours à de nouvelles déprogrammations pour libérer des lits redevient ainsi une option envisageable.

    Comment en est-on arrivé là ? Dans mon service, je demande toujours aux infirmiers, aides-soignants, cadres de santé les raisons de leur départ. Deux types d’arguments : d’abord, le manque d’attractivité « factuel » de l’institution ; ensuite, le sentiment d’un manque de reconnaissance humaine. Manque d’attractivité : les difficultés de logement à cause de loyers hors-sol déconnectés des revenus de nos soignants, d’où des trajets plus longs et plus chers. Il faut prendre ce problème à bras-le-corps en réservant, en contractualisant avec les mairies, des logements abordables pour nos soignants.

    Etre considéré comme un pion

    D’autre part, les rémunérations, bien que revalorisées par le Ségur de la santé en 2021, sont toujours aussi peu attractives au vu de l’investissement et de la dureté du travail des soignants. Et la valorisation du travail de nuit et des gardes reste bien en deçà des attentes des personnels. Ces conditions de travail sont toujours alignées sur le moins-disant, au nom de l’efficacité, avec toujours plus de lits gérés par une seule infirmière, sans tenir compte des spécificités médicales ou de la lourdeur de la prise en charge. Et les médecins n’ont plus leur mot à dire.

    « Epuisement, manque de reconnaissance salariale avec, souvent, une direction sourde… Autant de sacrifices sur l’autel de la rentabilité : on a détruit tout ce qui ne rapportait pas »
    Sans compter la fameuse mutualisation des soignants, affublée souvent du doux mot de polycompétence, qui se traduit en fait par le déplacement brutal et souvent à la dernière minute des infirmiers d’un service vers un autre. En clair, pour combler les trous. Alors que ces mêmes soignants ne demandent qu’à valoriser leurs spécificités, leurs spécialités dans un domaine précis de la médecine où ils excellent, comme les infirmières de soins spécialisés en diabétologie, les services ultraspécialisés de neurovasculaire ou de chirurgie thoracique. Etre considéré comme un pion ajoute de la souffrance, voire de la maltraitance, au travail.

    Enfin, il y a le reste, ces petits riens qui font toute la différence. Sentir que l’hôpital vous aime pourrait signifier des services où l’on se sent bien, où il existe de vraies salles de détente du personnel, des salles de garde décentes, des repas qui pourraient rester à un niveau atteint lors de la crise due au Covid-19, des services où il existe un esprit et une solidarité d’équipe dans des locaux rénovés et propres : un coup de pinceau peut changer bien des choses !

    Mépris

    N’oublions pas le télétravail, inaccessible aux soignants et actuellement glorifié par les proches ou des personnels administratifs, qui accentue le sentiment de pénibilité du travail posté. Les cadres de santé souffrent aussi, victimes d’une profession dévalorisée, malades d’une double polyvalence : il n’est pas rare, aujourd’hui, de voir des cadres de santé responsables de services de spécialités différentes et qui, en plus, sont responsables d’équipes de jour et de nuit. Epuisement, manque de reconnaissance salariale, avec, souvent, une direction sourde… Autant de sacrifices sur l’autel de la rentabilité : on a détruit tout ce qui ne rapportait pas.

    Un symbole, anecdotique, mais significatif. Les personnels soignants paramédicaux, infirmiers, aides-soignants, agents hospitaliers sont affublés par les directions hospitalières d’un acronyme : PNM (personnel non médical), par opposition aux PM (personnel médical). Désigner la diversité de ces professions par le simple fait qu’ils ne sont pas médecins ? Comment nos têtes pensantes n’ont-elles pas perçu tout le dédain contenu dans ce terme ! Comment se sentir valorisé dans sa profession lorsque l’on vous nomme « non-médecin » ? Nomme-t-on les artisans des « non-ingénieurs » ? Ce mépris contribue à forger un état d’esprit qui concourt à la désertion massive et jamais vue des personnels hospitaliers que l’on constate aujourd’hui.

    Et la relève ? On constate malheureusement que la plupart des élèves infirmiers hésitent de plus en plus à rejoindre l’hôpital, quand ils n’abandonnent pas tout bonnement leurs études.

    Mais ne vous inquiétez pas, les services d’urgences continueront à assurer leur rôle, comme le faisait l’orchestre jouant à bord du Titanic…
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/06/01/aux-urgences-un-service-sur-cinq-est-en-danger-de-fermeture-cet-ete-il-y-aur

    #urgences #santé_publique #hôpital

  • Dans toute la #France, les #urgences hospitalières en état d’urgence – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/sante/dans-toute-la-france-les-urgences-hospitalieres-en-etat-durgence-20220515

    Pendant qu’Emmanuel Macron réfléchit à la composition de son futur gouvernement, les urgences hospitalières craquent. Sans attendre la trêve estivale, les équipes se délitent un peu partout en France, d’Orléans (Loiret) à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), d’Amboise (Indre-et-Loire) à Montmorillon (Vienne), de Laval (Mayenne) à Senlis (Oise), entraînant fermetures partielles ou sporadiques. Et les hôpitaux de taille moyenne ne sont plus seuls concernés. Fait inédit, de gros centres hospitaliers universitaires (#CHU) de province sont aujourd’hui dans la tourmente.

    […]

    « On pensait qu’une fois l’épisode Covid terminé, les choses allaient s’arranger. On a tenu, on a cru que le Ségur de la santé apporterait des solutions. Rien n’a bougé. Plus exactement, ça a empiré. Aujourd’hui, les médecins sont lassés. Ils n’ont plus envie de se battre. Ils partent pour se protéger, physiquement et psychologiquement. Quand ils ne sont pas remplacés, pour ceux qui restent, c’est l’enfer ».

  • Strasbourg. Après un décès aux #urgences, des salariés dénoncent le manque de lits d’hospitalisation
    https://www.ouest-france.fr/sante/strasbourg-apres-un-deces-aux-urgences-des-salaries-denoncent-le-manque

    L’hémorragie digestive, « c’est quelque chose qu’on sait très bien soigner. Mais indéniablement, à force de retarder le début des soins à cause d’un manque de lits disponibles, cela crée une perte de chance pour le patient », a déploré auprès de l’AFP Sébastien Harscoat, praticien hospitalier au service des urgences. (...)

    « Ce qui s’est passé est dramatique, mais ça devait arriver », regrette-t-il. « Aujourd’hui, on a encore eu 14 patients restés plus de 20 heures sur un brancard. Mardi, nous avions jusqu’à 10 ambulances qui ne pouvaient pas déposer leur patient, c’est catastrophique. On en est réduit à envoyer des secouristes à la place des pompiers professionnels, parce que les pompiers restent coincés chez nous ».
    Le responsable syndical réclame désormais l’ouverture d’une enquête par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), outre l’enquête administrative sur le décès.

    Depuis décembre, des centaines de soignants du #CHRU de Strasbourg se sont mobilisées à plusieurs reprises à l’occasion de minutes de silence observées devant leurs établissements pour dénoncer « la mort annoncée de l’#hôpital public ».