• Je vois passer des tweets indiquant que la Bretagne a battu son record de sécheresse
    Cocktail mazal-tov 💥🤸‍♀️ sur Twitter
    https://twitter.com/VN_ZotAni/status/1554139873073831936
    https://threadreaderapp.com/thread/1554139873073831936.html

    Je vois passer des tweets indiquant que la Bretagne a battu son record de sécheresse pour un mois de Juillet, mais trop souvent sans les valeurs alors que c’est hyper important pour bien comprendre l’ampleur de ce qu’il se passe là.

    On parle en précipitations moyennes (en millimètres/m2) sur l’ensemble de la région administrative.
    […]
    Donc :
    – Juillet « normal » : 50mm
    – Juillet 1964 (précèdent record) : 15,5mm
    – Juillet 2022 : 2.9mm
    On a pas juste « battu » un record, comme parfois avec les températures où l’on a l’impression que c’est trois fois rien parce que ça se joue à coup de 0,1 ou 0,2 degrés d’écart, on a fracassé, explosé, pulvérisé, le record.

  • Pétition NON aux demi-échangeurs Vinci autoroute à St-Rambert-d’Albon & #Villeneuve-de-Vals
    https://ricochets.cc/Petition-NON-aux-demi-echangeurs-Vinci-autoroute-a-St-Rambert-d-Albon-Vill

    L’entreprise VINCI prévoit la réalisation de deux demi-échangeurs à Saint Barthélémy de Vals et #Saint_Rambert_d'Albon. VINCI sera soutenue financièrement à plus de 50% par les collectivités locales : Portes de Drôme Ardèche, Département et Région. À l’heure où le gouvernement et les élus, à tous les niveaux disent vouloir limiter l’artificialisation des terres, lutter contre les gaz à effet de serre, ces échangeurs vont encore supprimer des terres agricoles et provoquer l’augmentation du trafic sur des axes (...) #Les_Articles

    / #Résistances_au_capitalisme_et_à_la_civilisation_industrielle, Travail, emploi, entreprise..., Saint Rambert d’Albon, #Ecologie, (...)

    #Travail,_emploi,_entreprise...
    https://www.mesopinions.com/petition/nature-environnement/aux-demi-echangeurs-villeneuve-vals-st/126842
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/03/03
    https://reporterre.net/En-France-la-disparition-de-la-biodiversite-s-accelere
    https://reporterre.net/Quatre-especes-d-arbres-sur-dix-sont-menacees-de-disparition

  • Concert de la "Chorale du #170_Galerie_de_l'Arlequin

    #Concert de la « Chorale du 170 Galerie de l’Arlequin ». Traduction des concerts donnés tous les jours du premier confinement à 18 heures au pied de l’immeuble... Une réponse Chorale à la violence du #confinement.

    https://youtu.be/EfzPTcDeSHY


    #Villeneuve #Grenoble #musique
    #vidéo

    La suite des #chants_aux_fenêtres pendant le premier confinement :
    https://www.youtube.com/watch?v=ySCYLq31c0w&t=185s


    et aussi : https://seenthis.net/messages/834436
    #concert_au_balcon

  • Du coeur au ventre
    #Documentaire d’Alice Gauvin. 38 minutes. Diffusé le 28 octobre 2012 dans 13h15 Le Dimanche sur France 2.

    Il y a 40 ans, une jeune fille de 17 ans, Marie-Claire était jugée au #Tribunal de Bobigny. Jugée pour avoir avorté.
    Nous sommes en 1972 et l’#avortement est interdit en #France.
    Les #femmes avortent quand même, dans la #clandestinité et des conditions dramatiques, parfois au péril de leur vie.
    Des femmes, des médecins vont s’engager pour briser la #loi_du_silence et obtenir une loi qui autorise l’#interruption_volontaire_de_grossesse.
    C’est l’histoire d’un #combat, d’un débat passionné. Sur la #vie, la #mort, et un acte encore #tabou aujourd’hui.
    « Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement » dira Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale. « Il suffit d’écouter les femmes ».

    https://vimeo.com/77331979


    #IVG #film #film_documentaire #histoire #justice #planning_familial #avortement_clandestin #faiseuses_d'anges #Suisse #décès #343_femmes #résistance #lutte #avortement_libre #343_salopes #Marie-Claire_Chevalier #procès_de_Bobigny #procès_politique #Gisèle_Halimi #injustice #loi #aspiration #méthode_Karman #Grenoble #Villeneuve #Joëlle_Brunerie-Kauffmann #Olivier_Bernard #manifeste_des_médecins #choix #désobéissance_civile #maternité #parentalité #liberté #Simon_Veil #Simon_Iff #clause_de_conscience #commandos #anti-IVG #commandos_anti-IVG #RU_486 #centre_IVG #loi_Bachelot #hôpitaux_publics #tabou

  • Émeutes après la blessure de Villeneuve la Garenne : Les gouttes policières font déborder le vase populaire
    https://desarmons.net/2020/04/21/emeutes-apres-la-blessure-de-villeneuve-la-garenne-les-gouttes-policieres

    #Villeneuve-la-Garenne s’est enflammée depuis ce dimanche soir. La révolte a éclaté après qu’un habitant de la ville, Mouldi, a percuté la portière d’une voiture Passat banalisée de #police, arrêtée au niveau d’un feu, samedi soir vers 22 heures sur l’avenue de Verdun.

    Dans la voiture de police se trouvaient quatre agents de la #BAC des Hauts-de-Seine, qui avaient remarqué Mouldi alors qu’il circulait sans casque sur une moto-cross. Lorsque Mouldi est arrivé à hauteur du véhicule pour la dépasser par la droite en emprunter la piste cyclable, l’un des passagers, qui l’observaient pourtant dans leur rétroviseur et ne pouvaient avoir manqué son arrivée à pleine vitesse, a ouvert la portière, projetant Mouldi sur un poteau du trottoir. Précisons que la voiture n’était pas sérigraphiée, Mouldi ne pouvant pas savoir qu’il s’agissait d’un véhicule de police.

    Des témoins directs présents sur les lieux ont filmé les minutes suivantes et publié les vidéos (deux angles différents) sur Snapchat. On y voit Mouldi crier de douleur, tandis qu’un policier lui fait un bandage à un mètre du poteau sur lequel il a atterri. Sa moto est quelques mètres plus loin sur le trottoir, tandis que trois autres policiers font des allers-retours entre Mouldi et leur véhicule. L’un des témoins affirmera que l’un des policiers était alcoolisé, affirmant que la portière a été ouverte volontairement à l’arrivée de la moto. Les témoins pensent dans un premier temps que Mouldi a perdu sa jambe. Pris en charge à l’hôpital, il souffre d’une fracture ouverte de la jambe gauche, mais n’a heureusement pas été amputé.

    Le lendemain matin, une autre vidéo prise depuis la station essence qui jouxte le lieu de l’accident, montre des policiers emporter le poteau sur lequel Mouldi a été projeté la veille. Le parquet affirme qu’aucune enquête #IGPN n’a été pour l’heure diligentée, mais la presse prétend qu’une enquête a été ouverte contre Mouldi pour « rodéo urbain » et « mise en danger d’autrui ». L’enquête est menée par le SAIP local, c’est à dire les collègues directs des policiers de la BAC impliqués dans l’accident.

    On s’en fout bien de savoir si Mouldi avait un casier judiciaire. Avec cet Etat répressif, nous sommes des dizaines de milliers à avoir un casier judiciaire, pour des raisons diverses. Cela ne justifiera jamais que des policiers frappent, mutilent et tuent un-e seul-e d’entre nous.

    Dans la nuit de dimanche à lundi, ce ne sont pas seulement les quartiers de Villeneuve-la-Garenne qui ont explosé de colère, mais aussi certains quartiers de #Nanterre, #Suresnes, #Aulnay-sous-Bois, #Egly, #Gennevilliers, #Epinay, #Grigny, #Fontenay, #Saint-Ouen, #Villepinte, #Neuilly-sur-Marne, #Amiens Nord, #Rueil-Malmaison, #Noisiel, #Mulhouse, #Sevran, #Evry, #Strasbourg, #La_Courneuve, #Chanteloup, #Bordeaux, #Toulouse : feux de poubelles, artifices et barricades contre gaz lacrymogènes, balles de caoutchouc et grenades. Et arrestations violentes de journalistes indépendants, pratique devenue coutume chez des policier-es qui ont très clairement quelque chose à se reprocher…

    Ces explosions de colère ne sont pas seulement le résultat de l’accident de Mouldi, mais font suite aux contrôles, humiliations et violences incessantes subies par les habitant-es des quartiers populaires, notamment depuis le début du confinement. Cette colère est politique.

    Dans la semaine précédent l’accident de #Mouldi, le 15 avril, #Malik_Zar_Mohammad, 25 ans, a été tué de trois balles dans la tête par les policiers d’une brigades cycliste dans le parc de la Courneuve. Les policiers ont été appelés en renfort par une brigade équestre durant sa ronde, après que Malik aurait refusé de quitter les lieux et se serait rué sur les chevaux avec un couteau. Repoussé à l’aide de gaz lacrymogène, les policiers affirment qu’il serait revenu à la charge avant d’être abbatu (NB : Malik était demandeur d’asile et non francophone).

    Dans la nuit du 14 au 15 avril, un homme de 60 ans est mort dans une cellule du commissariat de #Rouen, après avoir été arrêté pour conduite sous l’emprise d’alcool. Le médecin l’ayant vu au moment de son placement en cellule l’avait jugé apte à la garde-à-vue.

    Le 10 avril, la police de #Bruxelles a tué Adil, 19 ans, pour avoir enfreint le confinement, en percutant son scooter en voiture dans le quartier d’Anderlecht.

    Dans la nuit du 9 au 10 avril vers 1 heures, Boris, 28 ans, est mort noyé dans la Charente à #Angoulême, après avoir tenté d’échapper à un contrôle de la BAC. Pris en chasse par la police, il se serait trouvé bloqué à contre-sens sur le pont Saint Antoine et serait descendu de son véhicule avant d’enjamber la balustrade et de se jeter dans l’eau.

    La même nuit vers 4h30, un automobiliste de 28 ans est mort dans un accident de voiture sur la route départementale 643 à hauteur d’#Estournel, après avoir esquivé un contrôle à #Cambrai et été poursuivi par la police. Son passager, âgé de 20 ans, a été hospitalisé entre la vie et la mort et placé en coma artificiel.

    Toujours la même nuit, un homme de 49 ans est mort dans sa cellule de dégrisement à #Sorgues, après avoir été interpellé en raison d’une rixe avec son colocataire. Il est constaté mort dans sa cellule lors de la reprise de service par les gendarmes le matin.

    Le 8 avril, la police municipale de #Béziers a tué #Mohamed_Gabsi, 33 ans, lors d’une arrestation violente pour avoir enfreint le confinement (alors que Mohamed dormait à la rue).

    Le 4 avril, la police de #Chanteloup-les-Vignes a tiré au LBD dans la tête d’une fillette de 5 ans, en marge d’échauffourées faisant suite à un contrôle de scooter. 14 tirs de LBD et 9 grenades lacrymogènes ont été recensés. Elle a été plongée dans un coma artificiel à l’hôpital Necker, souffrant d’une fracture et d’un important traumatisme crânien.

    De nombreuses images de contrôles violents ont également circulé dés le début du confinement, dont l’agression de Sofiane, 21 ans, le 24 mars aux #Ullis ou celle de #Ramatoulaye, 19 ans, le 19 mars.

    Six morts entre les mains de la police française en deux semaines !!

    Nous nous associons à la colère des émeutiers, qui ne font que réagir à cette #violence systémique et raciste qui inonde notre paysage quotidien, les réseaux sociaux permettant aux témoins de diffuser instantanément les preuves en images des agissements policiers dans les quartiers populaires. Ces images ne rendront pas #justice, mais elles permettent au moins d’établir la vérité et de prendre une distance critique par rapport à la version officielle servie par les auteurs de ces actes et les procureurs qui organisent systématiquement leur impunité.

  • Premier matin de novembre – Que partout, refleurissent les premiers matins de novembre
    https://pmdn.home.blog

    Contrairement à ce qu’on l’air de penser les « camarades » qui préfèrent encore la grille de lecture des misérables d’Hugo et ceux de Ladj Ly, écrire une fanfiction du Capital pour expliquer tout ceci ne suffira pas. Ces révoltes ont bel et bien un coût politique pour les gouvernants, la bourgeoisie, le capital ou peu importe le petit nom que vous leur donnez, c’est juste pas nous qui rafflons la mise. Elles les rendent à chaque fois un peu plus dépendant et tributaire d’une bande de terroristes qui ne s’interdit à peu près rien. Qu’ils se soient mis eux même dans cette position pour entretenir un certain ordre social et colonial en banlieue est une certitude, qu’ils maîtrisent encore cette situation, en revanche, le doute est largement permis. On peut penser au préfet de Paris et à son camp qui ne rendent plus de compte à personne et surtout pas au pouvoir politique. On peut penser aussi en voyant la brigade scientifique s’activer sur des encombrants jeté a des déchets à Villeneuve La Garenne, comment les miliciens ont obtenus la préservation de leur régime de retraite en un temps record au point de laisser lesdits policiers scientifiques sur le carreau.

    Le pouvoir policier est devenu incontrôlable donc. Pris dans ses pulsions de mort et baignant dans les plus sales représentations on ne l’arrête plus. De la même manière que le code noir n’a pas arrêté le maître qui battait ses esclaves, quand bien même cela ne correspondait en rien à ses intérêts capitalistes. En banlieue, les porcs ont monopolisé le pouvoir, ce n’est pas, ou pas que, la bourgeoise, le capital où l’Etat qui tient les rênes, c’est eux

  • Corona Chroniques, #Jour34 - davduf.net
    http://www.davduf.net/corona-chroniques-jour34

    Terrible photo dans Le Monde, prise à quelques kilomètres de Paris l’opulente, dans une petite ville arpentée dans une autre vie, bien avant Avant. Je crois reconnaitre certaines tours, le talus, les arbres, et tout près de là, la ville mitoyenne, #Montfermeil, c’est le décor des Misérables, d’Hugo et de Ladj Ly, le cliché du Monde a été pris à Clichy-Sous-Bois, épicentre de la révolte populaire des quartiers en 2005 (« révolte populaire des #quartiers » : c’est ainsi que la direction centrale des Renseignements généraux avait qualifiée les trois semaines de soulèvement des banlieues françaises, le rapport avait tant amusé le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas le Pyromane, que le directeur central des RG s’était rapidement fait limoger, le service bientôt couper la tête, avant que les événements soient dépolitisés et requalifiés un peu partout en #émeutes sans cause).

    La photo montre une file d’attente sans fin, des morts-de-faim, venus chercher un sac de vivres, quelques boissons, le minimum pour s’en sortir. Le Monde raconte les destins fauchés en un Corona, l’argent qui ne rentre plus, l’intérim même plus intérimaire. A la première distribution d’aide alimentaire, « 190 personnes se sont présentées, 490 la deuxième, puis 750. » Du reportage, des noms remontent, non pas fantômes, mais tenaces, des braves et des déterminés, comme à l’époque de #Zyed et #Bouna. L’association AC Le Feu, toujours vaillante.

    (Souvenirs émus de Claude Dilain, maire de la ville, pédiatre et socialiste, si seul et si désolé deux ans après les événements, abandonné par la plupart des pontes de la rue Solférino et des bonnes âmes, parties en campagne ailleurs)

    (...)

    A 20h, #OnGifle.

    Et à minuit, nouvelles alertes de terreur. A #Villeneuve_la_Garenne, un motard percute une voiture banalisée, sur le grand boulevard central, pas loin de la mairie. Des témoins racontent : lui roulait sans casque, un policier aurait délibérément ouvert sa portière, choc, jambe explosée ; sur une vidéo, on entend des cris de douleurs, un uniforme fait un garrot à la victime, le ton monte, des rumeurs circulent. La fachosphère se croit au Maryland, et se met en ordre de bataille, ordurière, sûre d’elle et des sondages de repli qui, partout, se multiplient. Au cœur de la nuit, un jeune homme enfourche un Vélib’ et courre chercher l’information, street-reporter d’une guerre qui ne dit pas son nom. C’est Taha Bouhafs, l’intrépide.

  • La Caravelle, une cité HLM - Vacarme
    https://vacarme.org/article999.html

    C’est l’histoire de La #Caravelle, un ensemble de barres HLM construit à #Villeneuve_la_Garenne entre 1959 et 1968, qui contient dans son nom la promesse d’un nouveau monde. C’est l’histoire de La Caravelle au moment où Roland Castro s’apprête à la remodeler intégralement. C’est l’histoire d’une cité qui devient neuf quartiers. C’est l’histoire de ses habitants, de ceux qui sont partis, de ceux qui sont venus, de ceux qui ne veulent pas la quitter. C’est aussi une histoire à la fois singulière et exemplaire de l’habitat social en France.

    un endroit où le confinement doit être très dur, 6000 habitants dans une barre en H où les balcons se comptent sur les doigts de la main (et depuis « l’intervention » de castro)...

  • #Etudiants_confinés : « Certains confient ne pas avoir mangé depuis deux ou trois jours »

    Depuis le début du confinement, un collectif bordelais a distribué plus de 700 colis à des étudiants précaires coincés sur le campus et affamés par la fermeture des restos U.

    Quand on est un grand gaillard de 1,87 mètre enfermé depuis trois semaines dans un logement du #Crous de 9m2, la notion de #confinement prend une tout autre dimension. Pour se brosser les dents, attraper un sachet de pâtes ou travailler à son bureau, Abdessamad, 25 ans, a seulement deux options : pivoter sur lui-même ou tendre le bras. L’étudiant en ingénierie des risques économiques et financiers à l’université de Bordeaux ne se plaint pas. Il a l’habitude. D’origine marocaine, il vit depuis deux ans sur le campus. Ce qui le stresse, surtout, c’est d’attraper le #Covid-19. Alors, tous les jours, il désinfecte à l’eau de Javel le sol, son bureau, les poignées… Mais plus encore que le virus, Abdessamad a peur de ne pas pouvoir manger à sa faim. « J’avais un petit job étudiant. J’ai dû tout arrêter. Là, je suis à découvert depuis une dizaine de jours. Je ne sais pas trop comment je vais faire », soupire-t-il. Il explique « ne pas chercher à manger équilibré », mais plutôt à se « remplir le bide pour pas cher ».
    « Solidarité »

    Comme lui, environ 3 500 étudiants sont restés confinés dans le campus de Bordeaux. Dans cette zone périurbaine désormais quasi déserte, on repère aisément leurs silhouettes. De temps à autre, au milieu du silence, ils passent une tête à travers les seules fenêtres restées ouvertes. La plupart sont des étrangers ou des ultramarins qui n’ont pas pu rentrer chez eux. Les plus fragiles s’enfoncent dans la précarité car ils ont perdu leur job d’appoint ou parce que leurs parents, eux-mêmes en difficulté, ne peuvent plus les soutenir. Il y a ceux aussi qui sont rupture familiale. Tous subissent de plein fouet la fermeture des restaurants universitaires, cafétérias et associations étudiantes.

    C’est le cas d’Imarou, un Nigérian de 22 ans d’allure fluette qui étudie l’électronique : « Jusque-là, je m’en sortais plutôt bien. Les repas sont copieux et pas chers dans les restos U. Mais depuis que tout a fermé, je suis sur le fil. Je me rationne pour tenir sur la durée. » Ce « régime forcé » lui a déjà valu de perdre deux kilos depuis la mi-mars.

    Marqués par « leur #détresse », une quinzaine de doctorants, d’étudiants et d’enseignants - un noyau dur de militants contre la réforme des retraites - ont monté un collectif citoyen baptisé « Solidarité : #continuité_alimentaire Bordeaux ». Depuis le 18 mars, ces bénévoles se relaient chaque jour pour préparer des « colis de survie » dans un local prêté par l’université. « Dès le début, on a diffusé un formulaire de contact sur les réseaux sociaux. On a aussi posé des affiches pour connaître leurs besoins. Certains étudiants nous ont carrément confié ne pas avoir mangé depuis deux ou trois jours », soupire Jean (1), doctorant en philosophie.
    A l’intérieur des sacs distribués gratuitement, des féculents, des conserves, des produits d’hygiène… De quoi tenir au moins une bonne semaine. « On respecte un protocole sanitaire ultrastrict », indique Natacha, étudiante en philo. En vingt jours, plus de 900 requêtes ont été recensées sur le campus et 700 paquets livrés. « Par contre, on ne peut pas mettre de produits frais, c’est trop compliqué à gérer », poursuit la jeune femme.

    « Folie »

    Le collectif, qui réclame le gel des #loyers pour ce public fragile, enregistre environ 40 à 50 demandes par jour. « C’est la folie ! Et la preuve qu’il faut agir sans tarder », alerte Jean. Il précise que « l’initiative a aussi séduit des collectifs lyonnais et parisiens désireux de mettre en place le même système ». A Bordeaux, pour tout financer, une #cagnotte en ligne a été lancée. Elle comptabilise à ce jour environ 45 000 euros de dons. « Le problème, c’est que les fonds sont bloqués le temps que la plateforme vérifie les justificatifs. On a dû avancer 20 000 euros de notre poche et on arrive à court de marchandises », se désolent les bénévoles, qui craignent de ne plus pouvoir assurer leurs livraisons quotidiennes.

    « Ce qu’on aurait aimé, c’est plus de réactivité. De la part du Crous notamment », raille l’une des membres du collectif. « Nous assurons la continuité de nos services, répond Anie Bellance, responsable du service social du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires à Bordeaux. Il a fallu toutefois les renforcer durant cette période, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain. La temporalité n’est pas la même entre un collectif et une administration… Nous avons dû attendre les directives de l’Etat. » Des distributions alimentaires ont désormais lieu deux fois par semaine, sur présentation de la carte étudiante, grâce au soutien de la Banque alimentaire, de la chambre d’agriculture, de la mairie et de l’université de Bordeaux. Des points de vente sont également prévus. Pour l’heure, 500 étudiants ont été identifiés et bénéficient de cette aide. « Ce chiffre devrait croître. La principale difficulté est de les capter et de les informer. Jusque-là, beaucoup étaient inconnus de nos services », souligne Anie Bellance.

    https://www.liberation.fr/amphtml/france/2020/04/07/etudiants-confines-certains-confient-ne-pas-avoir-mange-depuis-deux-ou-tr
    #confinement #faim #étudiants #France #précarité #précarité_étudiante #étudiants_étrangers #coronavirus

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    Appel du Collectif « Solidarité : Continuité Alimentaire Bordeaux »
    http://www.club-presse-bordeaux.fr/communiques/appel-collectif-solidarite-continuite-alimentaire-bordeaux

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    En lien avec la maudite #continuité_pédagogique :
    https://seenthis.net/messages/831759

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    Ajouté sur la métaliste coronavirus et faim :
    https://seenthis.net/messages/838565

    ping @_kg_ @karine4

    • « Etre confiné avec des #cafards, c’est terrible » : à #Villeneuve-d’Ascq, les étudiants à l’abandon

      Les étudiants les plus précaires du campus scientifique de l’#université_de_Lille sont logés dans des bâtiments insalubres. Sans ressources financières, ils sont dépendants de l’aide alimentaire fournie par des associations.

      Résidence universitaire Evariste-Galois, à Villeneuve-d’Ascq (Nord), troisième étage, bâtiment B. Vendredi 17 avril, l’heure du déjeuner s’annonce. Mohammed Hassan, 25 ans, étudiant en master de sciences de la santé, prépare son repas. Pas de quoi décourager le cafard en train de courir sur son plan de travail. Partager ses jours, ses nuits, son sommeil avec des blattes et des punaises de lit, c’est, depuis plus d’un mois, le quotidien de centaines d’étudiants logés dans des bâtiments insalubres du campus scientifique de l’université de Lille.

      Au sein de la métropole lilloise, ils sont 5 700 étudiants à passer la période de confinement dans un logement social étudiant. Ceux qui peuvent débourser 330 euros habitent les confortables studios de 18 m2 avec douche et coin cuisine dans l’une des élégantes résidences récemment sorties de terre ou tout juste rénovées. Ceux qui ont dû faire le choix d’un loyer plus modeste (162 euros) doivent supporter de vivre 24 heures sur 24 dans les chambres de 9 m2 des vieux bâtiments des résidences Bachelard, Camus et Galois.


      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/21/a-villeneuve-d-ascq-les-etudiants-a-l-abandon_6037293_3224.html
      #Lille #insalubrité
      #logement

    • Le Covid tue, la #précarité_étudiante affame

      Étudiant-es et membres du personnel de l’université Paris 8 Saint-Denis, militant-es à Solidaires étudiantes ou à RUSF pour certain-es, nous avons réalisé avec l’antenne Paris 8 du Secours Populaire une distribution de 100 colis alimentaires ce vendredi 17 avril à destination des étudiant-es de notre université. Nous allons continuer : en moins de 5 jours, nous avons reçu plus de 700 mails d’étudiant-es, ayant tou-tes des difficultés pour s’acheter de quoi manger et des demandes continuent d’affluer chaque jour depuis.

      Le confinement est un miroir grossissant de la précarité. Nous sommes mobilisé-es depuis novembre pour dénoncer les conséquences de la précarité étudiante. Aujourd’hui, nous sommes tou-tes dans une situation où il est impossible de fermer les yeux sur la gravité de la situation, en général et spécifiquement pour les étudiant-es de notre université. En effet, nous avons un très grand nombre d’étudiant-es étranger-es, sans-papiers, salarié-es, parents.

      Ne nous y trompons pas, nous le faisons car cela est nécessaire et non pas car nous trouvons cela normal. Il faut maintenant que les universités, les CROUS et les différentes institutions qui ne l’ont pas fait se saisissent réellement de cette urgence. Comment est-il envisageable qu’en 2020 des étudiant-es se rationnent pendant des semaines ou ne puissent plus manger ? Comment est-il possible que des personnes, en ces temps de confinement, craignent plus que tout les expulsions pour causes d’impayés alors qu’ils et elles habitent dans des logements insalubres ?

      Qu’en est-il de la continuité pédagogique quand près d’un-e étudiant-e sur 20 n’a même pas de quoi manger ? Au détour de cette aide alimentaire, les étudiant-es nous glissent quelques mots sur leurs situations. Nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui n’ont pas d’accès à un ordinateur, à une connexion internet, à un lieu calme pour travailler. Nombreux également sont les témoignages de détresse psychologique face à la situation exceptionnellement angoissante dans laquelle ils et elles se trouvent. Face à cela, nous l’affirmons, les rendus de devoirs et examens en ligne sont loin d’être une priorité voire même une possibilité pour elles et eux : comment travailler quand on a extrêmement faim ? La validation de cette année reste pourtant un enjeu vital pour les plus précaires, afin de garder leurs bourses et visas. Nous attendons des enseignant-es de notre université plus qu’un don ponctuel : il s’agit de prendre des mesures responsables et courageuses de validation, pour ne pas pénaliser encore plus celles et ceux qui vivent actuellement un enfer.

      De nombreuses autres initiatives de ce type fleurissent un peu partout à destination des étudiant-es (à Bordeaux, Paris, Lyon par exemple) et nous encourageons les personnes qui le peuvent à le mettre en place. Plus que jamais, la solidarité est nécessaire en cette période de confinement et le restera par la suite.

      Le Collectif Solidarité Etudiante Paris 8

      Communiqué reçu via la mailing-list Facs et labos en lutte, le 21.04.2020

    • « En résidence CROUS ou dans les palais de la République, les priorités ne sont pas les mêmes »

      Aujourd’hui, la Confinée Libérée donne à la parole à S., syndiquée à Solidaires Etudiant·es, assistante d’éducation (AED) dans un collège et étudiante en M2 de sciences politiques à l’Université Paris 8. Elle revient sur la précarité étudiante, en s’appuyant sur le récit et les analyses des mobilisations du mois de novembre suite à l’immolation d’un étudiant de Lyon II, jusqu’aux dernières initiatives qui ont émergé depuis le début de la crise sanitaire et du confinement, pour assurer la distribution de colis alimentaires aux étudiant·es.

      Je suis étudiante, mobilisée depuis longtemps et syndiquée depuis bientôt deux ans à Solidaires Etudiant·es. Je suis inscrite à l’Université Paris 8 depuis le début de mes études en sciences politiques, et c’est une fac que j’aime profondément. Les gens et les enseignements m’ont séduite, je n’ai pas voulu en changer pour la poursuite en master.

      Le militantisme politique puis syndical m’ont fait, bon gré mal gré, prendre conscience de l’importance dramatique de la précarité étudiante au fur et à mesure des mois. Il faut dire que Paris 8, comme le département dans lequel elle se situe, est une fac hors-norme. Ici, encore plus qu’ailleurs, nous avons des étudiant·es étrangèr·es, sans-papiers, salarié·es, parents, en reprise d’études et pour beaucoup précaires.

      Au mois de septembre je commence mon M2, la fin théorique de mes études tout en me questionnant sur l’éventualité de faire une thèse. Nous avons plein de projets pour le syndicat en local et en national. Je reprends le travail au collège du 18ème où je suis surveillante et je prévois d’aller voir ma meilleure amie qui fait un échange universitaire au Québec.

      Et là, le 8 novembre. Un étudiant tente de s’immoler devant le CROUS et c’est un camarade de Solidaires Etudiant-es. C’était un vendredi, une journée particulièrement chargée pour moi et je ne l’apprends qu’à 23h dans le métro à 23h, en lisant un article à gerber du Figaro qui questionne sa nationalité. Je me prends une sacré claque. Je le connais un peu, il m’a formé l’année passée et son image me revient en tête. On le savait qu’il y a des situations dramatiques, on en est conscient-e, mais on ne l’a jamais autant été.

      Le lendemain, nous avons notre premier week-end fédéral de formation non mixte. Je suis censée animer la première, à 9h, sur la prise de parole en public. Même si tout ça me paraît bien inutile, nous décidons quand même de maintenir et de voir avec des camarades de Lyon qui seront là. Le lendemain la fébrilité est palpable, nous sommes partagé·es entre la tristesse et la colère, l’inquiétude, le stress, l’envie de bien faire. On fait cette formation. Les mots qui sortent de ma bouche me paraissent prononcés par une autre. Je suis épuisée comme les autres, je n’ai presque pas dormi, j’ai réfléchi sans trouver de sens. Je donne des conseils qui me paraissent futiles, j’essaie de rester debout.

      Après cette formation, nous décidons un peu spontanément de devenir une cellule de gestion de crise. Le téléphone fédéral vibre sans arrêt, la presse cherche à nous contacter, d’autres syndicats aussi. Nous établissons dans l’urgence un plan d’action et nous tentons d’être efficaces tout en prenant soin les un-es des autres. Pendant deux jours, nous cherchons des chiffres, construisons notre argumentaire pour dénoncer la précarité qui l’a touché lui comme tant d’autres, le menant à commettre cet acte d’une insoutenable violence. Le mardi 12 nous décidons collectivement d’appeler tou·tes les étudiant·es, à se rassembler devant tous les CROUS de France, pour ne pas laisser ce drame devenir un fait divers. L’acte de notre camarade EST politique, il l’a exprimé, un des enjeux est de ne pas laisser des médias et des politiques personnaliser la chose par des explications psychologisantes et individuelles. Beaucoup d’étudiant-es crèvent de suicide avant de crever de faim. Nous voulons qu’on arrête de balayer cela d’un revers de la main, nous voulons plus de bourses, de logements, un meilleur accès à la santé, que tout-es puissent manger à leur faim. Nos exigences sont nombreuses mais la situation l’exige. Nous voulons qu’on nous entende, qu’on nous écoute et qu’on nous considère. Nous voulons qu’il ne soit plus possible de fermer les yeux sur les situations de précarité.

      Une fois cette mobilisation devenue nationale, quelles réponses avez-vous reçu des institutions comme le CROUS et le Ministère et des universités ?

      D’abord, un long silence des institutions. Nous apprenons que la ministre Frédérique Vidal est allée à Lyon II, la fac de notre camarade, voir la Présidence, en catimini, sans en informer quiconque, surtout pas les camarades sur place. De notre côté, après l’appel du directeur de cabinet du ministère le 9 novembre, plus aucune nouvelle.

      La première communication officielle arrive après le rassemblement national du 12, deux heures après que les grilles du ministère aient cédées face à la colère des étudiant·es. Le ministère reproche aux manifestant·es de Paris, mais aussi de Lyon et de Lille leur violence, les réactions disproportionnées, le manque de rationalité. Pour nous, la violence est dans l’ignorance des institutions, la violence c’est d’attendre tout ce temps pour une réaction publique. Nos camarades de Lille ne respectent pas la République à cause de quelques pages arrachées, à Paris nous entachons la politique pour une porte (grande soit) sortie de ses gonds. Et toujours rien qui est dit, les journaux font des reportages, même depuis l’étranger. Pendant ce temps, le ministère et le CROUS nous accablent d’un silence complice. L’Université de Lyon II rétorque ne pas avoir eu connaissance des problèmes financiers de notre camarade. C’est la foire aux excuses bidons, les officiels se cachent derrière des procédures administratives et un manque d’information, la ministre va rendre visite aux pingouins pour soutenir la recherche à l’autre bout du monde. Et nous nous efforçons de continuer à faire raisonner notre colère, la rendre entendable, qu’elle soit politique.

      Le 18 novembre, le ministère se décide à accueillir les syndicats étudiants représentatifs sur le sujet, et donc pas Solidaire Etudiant-es. Nous n’avons pas de sièges au CNESER donc nous ne méritons pas d’être entendu-es. Encore une fois, le mépris est crasse, l’ignorance blesse. Des militant·es d’autres organisations poussent en notre faveur et finalement, nous sommes reçu·es.

      Tout ça pour quoi ? Nous pensions que ce serait difficile et pourtant le ministère se surpasse, les annonces sont presque pires que le silence. Trois mesures d’urgence. Un numéro vert, qui mettra un mois et demi à être mis en place, pour finalement avoir au téléphone des opérateurs et opératrices (sans doute pas formé·es) qui nous renvoient vers les assistant·es social·es du CROUS. On nous propose également d’appliquer la trêve hivernale aux logements CROUS. Combien de tentatives de suicides le ministère attendra-t-il avant de transformer les baux locatifs du CROUS en baux de droit commun ? Le suspens est complet. Enfin, et là l’indécence prime, on nous propose un « renforcement du statut d’étudiant·es engagé·es ». On veut donc nous acheter. Les tenants de la démocratie représentative libérale pense qu’on fait ça pour nos carrières peut-être ? La colère exprimée dans nos rassemblements et prises de parole serait une tentative d’obtenir des aménagements de validation ? Au cas où le doute plannerait encore, nous ne sommes de toute évidence pas programmé·es de la même manière. L’agrément « solidarité » manque à leur algorithme. Pendant ce temps, les universités votent de banales motions en Conseil d’Administration, dénoncent avec des textes, nous offrent des mots et s’affranchissent des actions courageuses qui auraient du sens.

      Pour vous donc cette mobilisation contre la précarité s’enchaîne avec le mouvement social contre la réforme des retraites, puis vient ensuite s’articuler au mouvement contre la LPPR, plutôt porté par les enseignant·es-chercheur·es titulaires et précaires. Comment cette question de la précarité t’est-elle apparue comme transversale dans ces mobilisations ?

      Prendre en compte la question de la précarité, en partant d’un point de vue situé qu’on essaie d’élargir, c’est un tremplin pour remettre en cause le système dans son ensemble. Avec les témoignages qu’on a pu lire en amont et pendant le mouvement des retraites, la société se précarise. Les vieux et vieilles ont faim et sont obligées de distribuer des pubs dans les boîtes aux lettres avec leurs dos courbés, des travailleur·euses sont contraintes de dormir dans leur voiture et de multiplier les boulots, des étudiant·es squattent des canaps et se contentent d’un repas par jour. Bien sûr que la précarité est transversale, la concentration des richesses s’accroît au niveau international. Comme souvent, je vais te répondre que le problème est le système qui nous fait miroiter l’accumulation des richesses comme une fin en soi et donne à l’argent une valeur en propre. Quand on a un Président qui souhait que les jeunes projettent de devenir millionnaires comme objectif de vie, qui cela étonne encore qu’on laisse les délaissé·es du broyeur capitaliste de côté ?

      Après l’enjeu pour nous était de se joindre aux revendications interprofessionnelles tout en n’étouffant pas nos revendications spécifiques. Qu’on ne s’y méprenne pas, ce n’est pas un enjeu d’égo ou autre, mais une malheureuse habitude de voir vite balayer les demandes étudiant·es avec un effet d’annonce. Et puis, pour une fois qu’on parle de nous aussi comme des personnes entières, qui ont une vie hors de la fac, dont l’avenir n’est pas uniquement dicté par « l’insertion professionnelle à l’issue du diplôme » mais également par « comment je vais payer mon loyer ET mes courses alimentaires ce mois-ci ». Car on nous vante les aides sociales aux étudiant·es, mais on oublie de dire que l’augmentation des bourses n’est pas non plus indexée sur l’inflation, que l’échelon max des bourses n’est même pas 80e supérieur à la moyenne des loyers payés par les étudiant·es. On parle de mérite pour ne pas parler de reproduction. J’ai rien inventé, ça fait des années que les sociologues le disent, et c’est pas les « procédures spécifiques d’entrée à Science Po » pour les élèves de REP+ qui les feront mentir.

      L’enjeu aussi était de mettre en évidence une situation particulièrement inquiétante chez les étudiant·es précaires, pour lesquel·les on peut parler de réelle pauvreté. Car le terme de précaire a été repris à toutes les sauces et perdait à certains moments de son sens. Pendant les luttes contre la LPPR, on a vu des profs titulaires en poste depuis trente ans, nous faire des leçons sur ce qu’est la précarité. Je veux bien entendre que l’état de l’enseignement supérieur dans son ensemble est critique, mais faut pas exagérer non plus. On avait aussi un peu envie de leur répondre : « Qui êtes-vous pour donner des cours de fin de mois difficiles aux étudiant·es qui multiplient les taffs et comptent à l’euro près pendant leur courses et aux enseignant·es vacataires qui signent leur contrat 8 mois après la prise de poste et sont payé-es en dessous du SMIC avec autant de retard ? ». Le système est merdique mais le souci de précision est important pour ne pas tomber directement dans l’indécence.

      L’annonce du confinement intervient la semaine suivant la grande manifestation du 5 mars de l’enseignement supérieur et de la recherche. Où, quand et comment le confinement est venu vous cueillir, si on peut dire ?

      Cette période de mobilisation était pour nous assez chargée, on menait de front ces luttes interprofessionnelles, les luttes spécifiques à l’ESR et la préparation du congrès annuel de Solidaire Etudiant-es, qui est un temps fort de la fédération, où on discute de comment on va continuer à lutter et de nos priorités. Et en fait, c’est exactement là que l’annonce du confinement est venue nous cueillir. Nous hésitions à le maintenir, parce que ça faisait plusieurs semaines qu’on parlait des mesures d’hygiènes spécifiques, de l’achat de masques, de gants, de gel hydroalcoolique. On arrive le jeudi sur place, à Clermont-Ferrand et les débats se déroulent le vendredi, le samedi, le dimanche, entrecoupés des annonces gouvernementales. La crise prend de l’ampleur, on commence toutes et tous à s’inquiéter. On était censé s’arrêter le lundi après-midi. Finalement, dimanche nous mettons un terme au Congrès, en urgence après les annonces de la ministre des transports. L’idée était d’éviter que nous soyons bloqué·es pendant des semaines de confinement à Clermont-Ferrand.

      Pendant qu’on organisait nos changements de billets de train dans l’urgence, des nouvelles inquiétantes tombent pour les étudiant·es hébergé·es en résidences CROUS. Apparemment, ils et elles sont appelé·es à partir sous 72h, et sinon ? Rien n’est clair, tout le monde navigue à vue. Encore une cellule de crise qui se répartit en plusieurs pôles, on réagit aux annonces qu’on a, tout en étant comme beaucoup dans la crainte de la suite. On commence à sentir que le gros du boulot n’est pas passé. Cette situation exceptionnelle risque d’être également exceptionnellement dangereuses pour les étudiant·es déjà précaires. L’inquiétude grandit. Dans le train de retour à Paris, chacun·e y va de ses inquiétudes, les fous rires nerveux tentent péniblement de masquer la fatigue.

      Comment vous y réagissez en tant que syndicat ? Quelles sont les urgences que vous identifiez et comment vous arrivez à travailler en confinement ?

      Le lendemain, on se met au boulot avec l’objectif d’identifier au plus tôt les risques encourus par les étudiant·es. En terme de précarité en premier lieu : risques d’expulsion, perte de revenus (petits jobs, travail non déclaré, interim non renouvelé), risque en terme d’accès à la santé notamment. Et puis ensuite tout ce qui concerne la fameuse « continuité pédagogique » et les modalités de contrôle des connaissances, les fameuses annonces qui garantissent la valeur des diplômes vous voyez de quoi je parle ? Pendant que tout autour de nous à un arrière goût de fin du monde.

      Après deux grosses journées de boulot, on sort une longue lettre ouverte qui liste tous les problèmes urgents que l’on a identifié. On essaie de la publier un peu partout, de l’envoyer aux institutions concernées au niveau national avec la fédération. Ensuite arrive le moment du relai en local, on l’envoie sur nos listes : l’intersyndicale de l’université, les services centraux, les différents départements et UFR mais aussi bien entendu le CROUS (pour toutes les questions d’hébergement). Le boulot est énorme, la fatigue et le stress aussi. Encore une fois, c’est le fait d’être un collectif nous porte et nous aide à supporter tout le reste, tout en gardant les pieds sur terre quand le sol semble se dérober sous nos pieds. Le collectif permet aussi de s’appuyer sur les forces de chacun·es. Qui est meilleur·e en recherche de contact, en rédaction, en analyse de texte de loi ou en communication avec les instances.

      En local, on se dit que vu notre fac et la précarité déjà plus importante des étudiant·es qu’elle accueille qui est plus importante que la moyenne, les risques sont accrus. On tente de mettre en place des permanences téléphoniques, d’être en contact avec des profs qui nous font remonter des cas effarants. Les étudiant·es ont perdu leur taff du jour au lendemain, s’inquiètent pour elleux et leur famille. Tout semble exacerbé, comme passé sous une énorme loupe de la galère.

      Et puis cet appel qui marque un tournant. On fait le point avec une prof membre du Réseau Université Sans Frontière sur la fac, on discute des cas auxquels on se retrouve confronté lors de nos permanences téléphoniques ou par mail. Et là, cet étudiant étranger qui n’ose plus sortir à cause des problèmes de papiers et qui s’est mis en mode rationnement. C’est insoutenable encore une fois. On décide de faire quelque chose. En trois jours on lance une réunion, nous sommes cinq derrières nos ordinateurs et identifions les problèmes : la TUNE d’abord, enfin l’absence de tune plutôt, le manque de nourriture, les problèmes de santé (physique et mentale), les problèmes de loyer. On se sent à la fois impuissantes et dans l’incapacité de rester sans rien faire. Donc on trouve une idée : contacter l’antenne du Secours Pop sur la fac, avec qui on a déjà travaillé. D’abord, s’assurer qu’ils et elles puissent manger. Mettre en place une boîte mail, faire tourner l’appel auprès des étudiant·es et des profs qui servent de relais. En trois jours, c’est publié sur les réseaux sociaux et ça tourne dans les différents UFR. Lancement de l’appel un lundi à 19h, le mardi à 10h30 je me connecte et j’ai déjà 180 messages. Le sentiment d’urgence encore, je mets entre parenthèses le télétravail et j’y passe ma journée. Les mails continuent d’arriver. On met en place une première liste : cette première distribution, ce sera 100 colis permettant de tenir deux semaines qui seront distribués aux étudiant·es de l’université. On gère d’un côté les demandes et de l’autre on s’organise pour avoir des bénévoles : gérer les mails, aider sur place pour les distributions, aller livrer les personnes dans une totale impossibilité de se déplacer.

      Et puis, les problèmes de continuité pédagogique bien sûr. Mon énervement contre ces profs qui sont attaché·es à leurs ethos comme des moules à leur rocher. On présume que le confinement libère du temps, certain·es donnent plus de boulot du coup avec des « Profitez en pour avancer sur vos recherches ». Face à cela, des étudiant·es nous confient leur épuisement mental, leurs problèmes de réseaux, l’absence d’ordinateur. Des personnes qui composent des dossiers de dix pages sur leur portable et nous demande si nous pouvons les aider à recharger leur forfait 4G, de crainte de ne pouvoir valider leur année et donc de perdre leur bourse ou encore de ne pouvoir renouveler leur titre de séjour.

      Une année de la colère, qui n’est pas finie. Et cette interview de Frédérique Vidal dans le journal 20 minutes, qui romantise tout ça. Elle affirme que le confinement permet de développer un tout nouveau lien entre étudiant·es et professeur·es et que dans l’ensemble les problèmes d’accès aux outils de travail concernent une minorité. J’aimerais bien l’inviter dans notre boîte mail, lui montrer la réalité. Heureusement qu’elle préserve la valeur des diplômes. Pendant que certain·es essaient juste de survivre et de préserver leur santé physique et mentale. De toute évidence, en résidence CROUS ou dans les palais de la République, les priorités ne sont pas les mêmes.

      https://universiteouverte.org/2020/04/29/en-residence-crous-ou-dans-les-palais-de-la-republique-les-priori

    • Étudiant·es confiné·es dans 9m² : précarité au carré

      À l’annonce du confinement, les étudiant·es résidant dans les quelque 700 résidences CROUS de France ont été invité·es à quitter leurs logements exigus pour rejoindre le domicile familial : 25 à 40% d’entre elles et eux sont alors resté·es, par choix (crainte de contaminer leur famille) ou par obligation (cherté des billets de transport, précarité administrative interdisant tout déplacement international, etc.). Si les résident·es des CROUS figurent déjà parmi les étudiant·es les moins privilégié·es – le statut de boursièr·e est un prérequis à la demande – celles et ceux qui furent contraint·es de rester dans leur chambre à la mi-mars l’étaient donc encore moins. Cela a été confirmé dès les premiers jours du confinement lorsque le collectif Solidarité : Continuité Alimentaire a reçu plusieurs centaines de demandes de colis de produits d’alimentation et d’hygiène fondamentaux de la part des étudiant·es confiné·es dans les CROUS de Bordeaux. En causes : la perte de leurs salaires, la cessation de l’activité des restaurants universitaires et la fermeture quasi-totale des épiceries solidaires, par manque de bénévoles et d’approvisionnements. En d’autres termes, le confinement a été l’accélérateur d’une problématique connue depuis déjà bien longtemps : celle de la précarité étudiante.

      Pour réagir face à cette situation de crise, nous, étudiant·es et jeunes chercheur·ses de l’ESR, avons décidé de créer le 2 avril dernier, dans la continuité de l’initiative bordelaise et de son homologue lyonnaise, Solidarité étudiante, le collectif Solidarité alimentaire (Paris). Chaque semaine, nous proposons aux étudiant·es d’une cinquantaine de CROUS parisiens de remplir un formulaire en ligne indiquant leurs besoins. Les distributions sont effectuées tous les week-ends devant les CROUS, en respectant les règles sanitaires : désinfection de tous les produits des colis, port de masques et respect des distances de sécurité. Nous avons jusqu’à présent distribué plusieurs centaines de colis et les demandes ne cessent d’augmenter chaque semaine, preuve que le gouvernement se contente d’effets d’annonce pour se défausser de la responsabilité d’une précarité aux conséquences trop souvent dramatiques.

      À une semaine de la fin du confinement, alors que certaines universités sont davantage occupées à l’organisation à distance des évaluations de fin de semestre, et ce dans l’inconsidération des situations d’inégalité dans lesquelles elles placent les étudiant·es, il est temps que le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et de l’Innovation regarde la réalité en face et cesse de botter en touche : certes, des fonds d’urgence ont été débloqués il y a plusieurs semaines, mais il est scandaleux qu’en France des milliers d’étudiant·es ne puissent, en plein confinement, répondre à leurs besoins élémentaires. Il est scandaleux que seul·es les étudiant·es ayant réussi à quitter leurs résidences soient défrayé·es de leur loyer quand celles et ceux qui ont été contraint·es d’y rester, souvent les plus précaires, doivent continuer à le payer, et ce alors même qu’ils et elles n’ont plus de sources de revenus. Et il est tout aussi scandaleux que ces mêmes étudiant·es continuent d’être évalué·es dans de telles conditions au prétexte d’une prétendue continuité pédagogique. Au-delà des actions d’urgence mises en place pendant le confinement, il est absolument nécessaire que l’État, sans se satisfaire de solutions d’appoint, encore moins d’effets d’annonce, trouve des solutions pérennes capables d’endiguer la précarité étudiante, comme celle du salaire étudiant, sans lesquelles jamais les mauvais jours ne finiront.

      https://universiteouverte.org/2020/05/05/etudiant%c2%b7es-confine%c2%b7es-dans-9m%c2%b2-precarite-au-carre

      –-> Collectif solidarité alimentaire :
      https://www.facebook.com/collectifsolidaritealimentaire

  • Quarantined Italian tenor passionately sings ’Nessun Dorma’ from his Florence... - Classic FM

    https://www.classicfm.com/composers/puccini/nessun-dorma-florence

    Il chante très bien et le morceau est juste magnifique, mais Puccini, c’est toujours magnifique ou presque.

    https://imgs.classicfm.com/images/133764?width=1200&crop=16_9&signature=g1oYJ1HCXzbNYSiIW1GstO58RGY=

    Tenor Maurizio Marchini did just this, taking to his balcony to serenade the rooftops of his hometown, Florence.

    Marchini sings Puccini’s impassioned aria from his opera Turandot, ’Nessun Dorma’, or ’None shall sleep’. After the aria’s climax with a high B, Maurizio picks up his son and repeats the line Vincerò!, or ’I will be victorious.’

    #italie #balcons #musique #opéra #quarantaine

    • Coronavirus et confinement : la chanson du 170 galerie de l’Arlequin à la Villeneuve de Grenoble

      "Coronavirus, va te faire voir sur Uranus, connard de virus" : tous les soirs à 18 heures, plusieurs dizaines d’habitants du 170 Galerie de l’Arlequin de la Villeneuve de Grenoble chantent ensemble à leur fenêtre pour faire un pied-de-nez au virus.

      La chanson est née dès le deuxième jour du confinement dans la "Crique" de la Villeneuve à Grenoble. A l’image de l’Italie qui a chanté depuis ses fenêtres depuis le début de son confinement, les habitants ont entonné sur leur balcon "Bella ciao" le premier soir à 18 heures et applaudi les soignants à 20 heures.

      Et comme au 170 de la galerie de l’Arlequin, il y a une vingtaine de musiciens, l’un a suggéré à l’autre "Et si on faisait nous-mêmes notre propre chanson ?". Marie Mazille, auteur compositeur de 47 ans et habitante de la Villeneuve depuis 15 ans, a retrouvé sa voisine, de terrasse à terrasse, pour "jeter quelques paroles" sur la table dès le lendemain. Et le soir la chanson était faite, avec la participation d’autres habitants et les arrangements d’un autre.

      Ces paroles, les habitants de la "Crique" de l’Arlequin sont de plus en plus nombreux à les chanter ensemble chaque soir, à tous les étages, d’une montée à l’autre. Les paroles ont été envoyées par WhatsApp à tous ceux qui les demandaient. Et c’est devenu un rituel à 18 heures, un rendez-vous attendu et un moment de légèreté partagée après une journée de confinement. "C’est aussi un pied de nez au coronavirus" dit Marie Mazille, "puisqu’on chante "Va te faire voir sur Uranus, connard de virus".

      Marie Mazille qui appartient à un collectif de musiciens (Mustradem qui a mené un projet participatif dans le quartier) tient à citer tous ceux qui ont participé à la création de cette chanson Nassima Boulghens, Fabrice Vigne, Catherine Harleux pour les paroles et Franck Argentier pour les arrangements. Et elle précise, "cette chanson "participative" n’est qu’une partie émergée de l’iceberg dans un quartier de grande diversité où tout le monde est solidaire, s’entraide, coronavirus ou pas". Et encore plus pendant cette période de confinement.

      Les paroles de la chanson "Corona"

      Dans la rue pas un chat, pas un chien pas un gars

      Chacun reste chez soi sans moufter, c’est la loi !

      Masqués jusqu’aux orteils, ne sortez pas, on vous surveille !

      Dommage, il fait soleil !

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale

      A la darbuka, au violon de Chantal

      Coronavirus, on te chantera en italien ou en russe

      Va te faire voir sur Uranus, connard de virus

      On dit que c’est la guerre, plus personne en plein air

      Dehors c’est le désert , dans le frigo plus de bière

      On ne sort plus son nez, on est tous condamnés

      À rester confinés, vieillards ou nouveaux nés

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, chanter entre voisins, c’est pas banal !

      Marre de France info, du corona en boucle à la radio

      On préfère chanter « Les noces de Figaro » ou « Bella Ciao »

      Le télétravail ça rame et ça déraille

      J’en peux plus de la marmaille, je râle et je défaille

      Journées en tête à tête avec le daron ça pète

      Il est temps que ça s’arrête

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, il est 18 heures, on reprend le moral

      Coronavirus, on te chantera en italien ou en russe

      Va te faire voir sur Uranus, connard de virus

      Si t’as plus de PQ lave toi dans le lavabo

      Pas de problème ça s’évacue, c’est cool c’est écolo

      Passe tout à la javel, ton cellier, ta terrasse

      Remplis tes paperasses, fais dix fois la vaisselle !

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, chanter tous les soirs, c’est devenu légal !

      Marre d’être morose, même si c’est normal de se sentir tout chose

      Passe-moi les paroles de « la vie en rose »

      Si on est confinés, c’est pour la bonne cause !

      Mes voisins s’engueulent pendant que je médite

      Plus moyen d’se sauver, les supporter, quel mérite !

      Va falloir inventer, innover, imaginer !

      Faire de la musique, chanter, rigoler !

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, aérez vos canines, vos amygdales !

      Nostradamus l’avait pas vu venir, ce charmant virus

      Quel manque de flair, c’est zéro rasibus

      Pour un apothicaire, c’est carrément minus !

      Vélo, boulot dodo c’ est dev’nu apéro solo

      Vachement moins rigolo surtout si t’es claustro

      Chez nous, les bobos, on se passe en huis clos

      Du Sartre et du Hugo ou Charlie Hebdo

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, à la darbouka, au violon de Chantal

      Marre de France info, du corona en boucle à la radio

      On préfère chanter « les noces de Figaro » ou « Bella Ciao »

      Sortez vos têtes, ouvrez vos volets on va faire la fête

      Rassemblement général, c’est l’heure de la chorale, tant pis pour tous ceux qui râlent !

      Marre d’être morose, si on profitait de cette grande pause,

      Deux solutions à l’over-dose : on chante ou on explose !

      Merci les soignants

      Pour votre courage et votre talent

      On est coincés chez nous, les bras ballants

      Mais on peut chanter pour vous tout simplement !

      https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/coronavirus-et-confinement-la-chanson-du-170-galerie-de-l-arlequin-a-la-v

    • Lettre de l’écrivaine italienne Francesca Melandri aux Français : « Je vous écris depuis votre futur »

      Vous ferez de la musique aux balcons. Lorsque vous avez vu les vidéos où nous chantions de l’opéra, vous avez pensé « ah ! les Italiens », mais nous, nous savons que vous aussi vous chanterez la Marseillaise. Et quand vous aussi des fenêtres lancerez à plein tube I Will Survive, nous, nous vous regarderons en acquiesçant, comme depuis Wuhan, où ils chantaient sur les balcons en février, ils nous ont regardés.

      https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/lettre-de-l-ecrivaine-italienne-francesca-melandri-aux-francais-je-vous-e

    • Une #histoire_politique du #balcon

      Le balcon devient une pièce architecturale centrale à l’heure du

      confinement, à la fois lieu de manifestation en soutien aux soignants et de surveillance des voisins. Retour sur ses usages, des origines militaires aux promesses d’émancipation.

      En Espagne, le balcon n’est pas seulement l’endroit où l’on soutient le personnel soignant mobilisé face à la pandémie. Certains voisins sortent leurs casseroles à 20 heures pour orchestrer de bruyantes caceroladas dirigées contre le roi Felipe VI, dont le père Juan Carlos se trouve éclaboussé par un scandale d’argent sale avec l’Arabie saoudite.

      Le balcon, réinvention de la place publique, à l’heure du confinement ? Au moment du 15-M, l’autre nom du mouvement indigné espagnol en 2011, c’était sur les places des villes qu’une foule mélangée défendait les services publics, et critiquait la corruption de la classe politique.

      La référence vaut aussi au Brésil, où les citoyens manifestent leur colère contre la politique anticonfinement de Jair Bolsonaro dans d’énergiques « panelaços » (casserolades), là encore depuis leur balcon. En France, des habitants appellent mardi 31 mars à une « manif de confinement », en soutien au personnel soignant, mais aussi contre les réformes des retraites et de l’assurance-chômage. Comme si le balcon rejouait la place publique, sur un mode atomisé.

      Mais la figure du balcon est plus ambiguë. Effrayés par le chaos sanitaire et économique que traverse leur pays, des Espagnols se sont aussi mis à insulter, depuis leur balcon, des passants dans la rue. Ils les accusent de ne pas respecter les consignes du confinement, et de mettre en danger la population du pays. « Retourne dans ta putain de maison », s’est entendu dire une médecin généraliste qui, pourtant, se rendait au chevet d’un patient potentiellement contaminé.

      Beaucoup des passants insultés sont toutefois dans leur bon droit : la plupart bénéficient d’exceptions prévues par « l’état d’alarme » décrété par le gouvernement. « Je comprends l’inquiétude des gens, mais je vous assure que je ne sors pas avec mon fils par caprice : la loi m’y autorise », explique une mère de 52 ans, dont le fils autiste a le droit de prendre l’air régulièrement, mais est la cible d’insultes lors des sorties dans son quartier.

      Le balcon devient une tour de contrôle d’où les confinés scrutent le quartier, et les passants coupables d’enfreindre les règles. César Rendueles, professeur de sociologie à la Complutense à Madrid, s’inquiète d’un « masochisme citoyen », qui justifie et encourage les excès des forces de l’ordre, au nom de la lutte contre la pandémie, et aboutit à une forme de « normalisation du lynchage social ». Et l’universitaire de résumer à El País : « Une patrouille citoyenne se cache derrière chaque rideau. L’Espagne des balcons est le pays des mouchards. »

      Le balcon n’est plus seulement la plateforme de soutien aux services publics amputés par l’austérité : il devient l’instrument d’un retour à l’État policier. Les ambiguïtés du balcon espagnol à l’heure de la pandémie sont à l’image d’un élément d’architecture à la signification complexe au fil des siècles : tout à la fois dispositif militaire au Moyen Âge, scène de théâtre au service des pouvoirs autoritaires et fascistes au XXe siècle, et promesse de progrès social et d’émancipation pour les classes populaires.

      Dans la Biennale qu’il avait coordonnée à Venise en 2014, « Fondamentaux », l’architecte néerlandais Rem Koolhaas avait réservé une place de choix au balcon, dans l’inventaire des « éléments d’architecture » qu’il avait dressé. L’auteur du classique New York Délire décrivait « un laboratoire où l’on teste des expériences parfois explosives, à la frontière des sphères publique et privée, du dedans et du dehors ».

      « Dans cette exposition, on observait que certaines typologies, comme les toilettes, n’avaient pas du tout évolué au fil des siècles. À l’inverse, le foyer a connu de fortes évolutions, avec l’apparition du chauffage électrique, de l’électroménager, des nouvelles technologies. Le balcon, quant à lui, connaît une double trajectoire, fidèle à ses origines : un dispositif de défense militaire, doublé d’un dispositif théâtral », explique à Mediapart Alice Grégoire, architecte au sein d’OMA, l’agence de Koolhaas, et qui a travaillé sur la Biennale de 2014.

      Dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française (1854-1868), Viollet-le-Duc trouve les origines du balcon au XIe siècle, à travers les hourds, ces échafaudages de bois adossés aux murailles de pierre entourant les villes, pour se protéger des sièges. Quant au volet théâtral, il faut en revenir à Shakespeare, et au balcon de Juliette à Vérone, dans Roméo et Juliette, rédigé aux alentours de 1591.

      Pour l’exposition de 2014, Koolhaas et ses associés ont retrouvé la charge anti-balcons d’un architecte français, Quatremère de Quincy (1755-1849), rebuté par la « mode des balcons » : cet « appendice frivole », ce « hors-d’œuvre postiche » du bâtiment, cette « saillie presque toujours en porte-à-faux » avec le reste du bâti, qui abîme le classicisme des façades les mieux ordonnées (Dictionnaire historique de l’architecture, 1832).

      À partir des années 1850, le baron Haussmann redessine le plan de Paris, trace d’immenses lignes droites et libère de l’espace, permettant aux nouvelles façades de la capitale de se doter de balcons. Le motif, jusqu’alors réservé à l’aristocratie, se répand chez les familles bourgeoises. Ce dont se souviendra avec humour, au début des années 2000, l’artiste Julien Berthier, qui dote de balcons haussmanniens des bâtiments modernes en tout genre, y compris des logements sociaux (Titre de l’œuvre : « Service de greffe d’un balcon en plastique de style haussmannien pour tout type d’architecture »).

      https://www.mediapart.fr/journal/international/300320/une-histoire-politique-du-balcon

  • Fuites d’eau et cafards : plongée dans un « ghetto » du #Crous

    Dans une résidence du Crous de #Villeneuve-d’Ascq, des étudiants sont logés dans des chambres infestées de cafards, mal isolées, aux sanitaires condamnés. Tous (ou presque) sont étrangers. Dans un enregistrement, le directeur du Crous concède « une forme de #ségrégation ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/030220/fuites-d-eau-et-cafards-plongee-dans-un-ghetto-du-crous?onglet=full
    #précarité_étudiante #étudiants #logement #racisme #étudiants_étrangers

  • #Médias et #quartiers : #Grenoble, la réplique

    Ce vendredi, quatrième épisode de la série documentaire « Médias : les quartiers vous regardent ». Des habitants de la #Villeneuve à Grenoble reviennent sur un reportage d’#Envoyé_spécial de 2013 qu’ils ont jugé stigmatisant. Procédure judiciaire, création d’un média local, comment ont-ils répliqué ?

    À la rentrée 2013, France 2 diffuse un reportage dans son émission Envoyé spécial intitulé « Villeneuve, le rêve brisé ». La Villeneuve, quartier populaire de Grenoble, y est décrit comme une « #cité » et un « #ghetto » où règnent essentiellement « #chômage, #pauvreté, #délinquance et #violence ». Le #reportage, très critiqué, provoque une #mobilisation sans précédent. Dans cet épisode de notre série « Médias : les quartiers vous regardent », retour à la Villeneuve, pour raconter comment les habitants ont perçu ce reportage et comment ils se sont emparés de leur droit de réponse et ont intenté une action en #justice contre #France_Télévisions.

    
S’ils ont échoué à faire condamner le groupe audiovisuel public, les habitant·e·s de la Villeneuve ont gagné leur revanche médiatique : le #CSA a reconnu que France Télévisions avait bien « manqué aux #obligations_déontologiques » avec un reportage qui n’était « pas suffisamment équilibré ». Que dit la riposte des habitant·e·s de la Villeneuve des rapports entre médias et quartiers ? Des habitant·e·s mobilisé·e·s pendant la procédure judiciaire racontent ce qu’ils ont découvert et comment ils ont réagi.

    https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/france/medias-et-quartiers-grenoble-la-replique

    #stigmatisation #quartiers_populaires #déontologie #colère #plainte #image #stéréotypes

    signalé par @albertocampiphoto

  • Si tu t’imagines #Grenoble

    L’énergie renouvelable la plus formidable du monde est ici à Grenoble. Elle est celle des plus démunis. Elle est l’#intelligence_populaire, ouvrière, l’appétit de vie des gens de #Saint_Bruno, #Villeneuve, #Mistral et des autres #quartiers de la ville. Elle est celle des #alternatifs, ceux qui pensent qu’égalité, solidarité, joie de vivre, imagination sont les moteurs les plus puissants de la vie.

    1/ PREMIERES APPROCHES DE LA VILLE

    … Une ville plutôt debout que couchée !

    On pourrait dire que cette ville située au fond d’une cuvette, cernée par les montagnes et la pollution n’est pour le moins pas très chanceuse…

    … qu’ici les dynasties bourgeoises ont disparu corps et biens…qu’une ville qui abrite autant d’étrangers a forcément une morale douteuse. N’oublions pas qu’à Grenoble la mafia a droit de cité. On pourrait dire beaucoup de bêtises, de contre-vérités et passer à côté d’une ville qui a un coeur aussi énorme que la tête. Une cité où le conflit est considéré comme un moteur, la volonté comme le plus puissant des acteurs. Une ville qui a l’audace d’expérimenter, donc de se tromper pour mieux rebondir. On pourrait aussi dire comme le géographe Raoul Blanchard (1) que si Grenoble aujourd’hui existe très fort, c’est parce qu’au départ son seul atout était la prise de conscience de ce dénuement et surtout la volonté farouche d’y faire face. Ainsi, au- delà d’une pseudo fatalité, l ‘histoire humaine pourrait bien être faite par des femmes et des hommes dégagés de toute fatalité.

    Plutôt ensemble que chacun dans son coin

    Une commémoration du 11 novembre héroïque

    Entre le 8 et le 9 Septembre 1943 les troupes allemandes se substituent aux militaires Italiens. L’occupation et la répression deviennent beaucoup plus violentes. Le 11 novembre malgré les interdictions du gouvernement de Vichy près de 2000 personnes se rassemblent pour commémorer l’armistice de 1918. 600 seront arrêtées, 369 envoyées en camp de concentration.

    (source Musée de la Résistance)

    Neyrpic : Qui ne soutient pas la classe ouvrière à Grenoble ?

    Au début du xx siècle deux entreprises émergent du tissu industriel grenoblois : Merlin-Gérin, spécialiste de la distribution électrique et Neyrpic qui deviendra un leader des grands équipements hydrauliques. L’entreprise est dirigée depuis plus de 40 ans par deux catholiques fervents qui entendent mettre en accord leurs actes avec leurs convictions. Ils sont fermes, mais à l’écoute, respectueux des options syndicales de leurs ouvriers et vont même jusqu’à engager des agitateurs, refoulés partout ailleurs. Sur cette lancée ils acceptent la mise en place fin 1962 de la section syndicale d’entreprise, qui ne deviendra légale sur tout le territoire qu’en 1968. Scandale. Le ministre des finances de l’époque Willy Baumgartner convoque le patron du CNPF. Il lui demande de faire entendre raison à ce patron non conforme. L’entreprise est absorbée par le groupe Alsthom, Georges Glazer son PDG devint le N°1 de Neyrpic. Il revient sur les avantages acquis, procède à de nombreux licenciements et… déclenche une grève historique de 9 mois. Geo Boulloud (1) militant CGT, issu de la Joc qui devint en 1965 la cheville ouvrière de l’équipe Dubedout(2) était chargé des relations extérieures au sein de l’intersyndicale. Ses liens avec les professeurs chrétiens progressistes et leur soutien au prêtre sanctionné par sa hiérarchie pour son engagement auprès des ouvriers furent décisifs face à un milieu universitaire qui s’était mobilisé contre la guerre d’Algérie et les conditions de travail précaires des nouveaux assistants.

    Le 29 Mars 1963 les grenoblois étaient invités à un meeting de soutien aux travailleurs de Neyrpic présidé par le doyen Goré de la faculté de droit.

    « Toute la population est conviée à venir s’informer et prouver par sa présence sa solidarité avec les travailleurs de la grande firme grenobloise »

    En 1968 Les ouvriers représentaient 36,2% de la population de la ville et 43,1% de l’agglomération.

    Il est à noter qu’ici la porosité entre le milieu industriel, l’université et les chercheurs s’affiche clairement en faveur des classes populaires.

    Rénovation des quartiers ne veut pas forcément dire exclusion.

    Partout en France ont lieu des opérations de rénovation des quartiers connaissant un habitat dégradé, voire insalubre. Ces opérations voient les populations d’origine modeste ou en difficulté, rejetées à la périphérie de la ville, dans des banlieues ou dans des zones dites péri-urbaines. Ainsi on peut sans exagérer dire que rénovation est devenue synonyme d’exclusion. La politique de l’équipe Dubedout a été en sens inverse. Saint Laurent, Brocherie- Chenoise, Très -Cloître ont été des quartiers d’accueil voire de transit pour les populations issues de l’immigration italienne. La mairie a recruté tous les experts nécessaires lui permettant d’atteindre la maitrise complète des différentes opérations.

    Quand une municipalité offre 3 heures de musique par semaine aux enfants du quartier Mistral.

    En 1977 René Rizzardo(3) adjoint à la culture d’Hubert Dubedout propose de mettre en place dans le quartier Mistral une expérimentation portant d’une à trois heures par semaine l’initiation à la pratique musicale. Les enfants pouvaient sans contrainte choisir la musique qu’ils voulaient écouter, comme l’instrument de leur choix. L’expérience s’arrête en 1983 avec l’arrivée d’Alain Carignon à la mairie. Ceux qui ont eu le bonheur de participer à cette initiation l’ont vécue comme une possibilité de devenir des acteurs culturels à part entière, sans forcément disposer d’un savoir académique.

    Grace à l’action déterminée du Prunier Sauvage (4), centre culturel du quartier Mistral. Cette pratique a pu revoir le jour en 2017.

    Plutôt devant que derrière…

    La journée des tuiles, première journée de la révolution française

    « Le 7 juin 1788, le lieutenant général de la province confie à des patrouilles de soldats des lettres de cachet à remettre aux parlementaires pour leur signifier un exil sur leurs terres. Mais le tocsin sonne. La population est rameutée par les auxiliaires de justice, particulièrement fâchés de perdre le Parlement, qui est leur gagne-pain. Des Grenoblois s’emparent des portes de la ville. D’autres, montés sur les toits, jettent des tuiles et divers objets sur les soldats. Vers la fin de l’après-midi, les émeutiers, maîtres de la ville, réinstallent les parlementaires dans le palais de justice. Les représentants du Dauphiné, au nombre d’environ 540, se réunissent finalement le 21 juillet au château de Vizille. Ils appellent à refuser le paiement de l’impôt et demandent aux autres assemblées provinciales d’en faire autant. C’est la première manifestation de révolte contre l’autorité royale. Louis XVI se résout donc le 8 août 1788 à convoquer les Etats Généraux. Leur ouverture est fixée au 5 mai 1789. Depuis 2015, La mairie de Grenoble célèbre l’évènement en organisant la fête de Tuiles.

    Le 1er Planning Familial

    le 10 juin 1961, le premier centre de planning familial ouvre ses portes à Grenoble. « Dans cet établissement et dans ceux qui s’ouvrent les années suivantes, on aide les femmes à contrôler les naissances et éviter un avortement clandestin dangereux » En 1967 la loi Neuwirth autorisera la contraception et la loi Weil dépénalisera l’avortement en France .

    Le 1er Observatoire des Politiques Culturelles (5)

    René Rizzardo(3), ancien adjoint à la culture d’Hubert Dubedout n’a cessé de mener une réflexion approfondie sur la culture outil d’émancipation sociale. Au ministère de la culture les préoccupations d’Augustin Girard chef du département études et prospective vont dans le même sens. Comment s’articule la création artistique et culturelle avec les évolutions de société. Comment les politiques publiques s’inscrivent sur le territoire à l’heure de la décentralisation et également du constat des fortes disparités inter-territoriales. C’est en réponse à ces questions qu’est créé à Grenoble en 1989 l’Observatoire National des Politiques Culturelles (5), aujourd’hui dirigé par Jean Pierre Saez. Cet outil n’existe qu’en France. Aussi l’observatoire mène-t-il également des missions à l’étranger.

    La première mutuelle

    La Mutuelle d’Entraide et d’Assistance aux ouvriers gantiers, ou société de secours mutuel, créée en 1803 à Grenoble par André Chevallier, est la première mutuelle de France.

    Les premières allocations familiales

     En 1916 Emile Romanet, ingénieur, décide d’accorder au personnel de l’usine JOYA de Grenoble) les premières allocations familiales.

    ….

    Comment expliquer cette position de premier plan de la cité dans le domaine sociétal et culturel ?

    A travers l’immigration massive et la nécessité où se trouvent les différentes populations, la ville est obligée de s’inventer, de faire face à tous les problèmes. Le défi est d’autant plus stimulant qu’il n’existe pas dans les années 50 de bourgeoise locale luttant pour préserver ses acquis.

    2/ LES PLUS BEAUX PAYSAGES SONT LES ETRES HUMAINS

    Transportons-nous

    Les uns disent que Grenoble est une petite ville, d’autres une ville de moyenne importance 160. 000 habitants et 450 000 pour la métropole regroupant 49 communes Personne ne dit que Grenoble est une grande ville… Pourtant il y a quelque chose qui interroge le fraichement débarqué que je suis. Cette ville est magique parce qu’à géométrie variable, petite quant au territoire, soit 18, 3 km2… mais grande ou plutôt très en pointe dans les domaines essentiels de la politique, de la culture, de la science et par voie de conséquence dans des activités pionnières d’industrie et de service. Elle est la 5ème ville la plus innovante du monde, avec 25000 chercheurs et 65000 étudiants. Le premier éco-quartier » Bonne » existe depuis 2010. Voilà une cité leader dans bien des domaines qui concentre dans un territoire restreint un nombre de talents, d’innovateurs, ahurissant. Dans une petite ville quoi de plus banal de tomber sur X, Y ou Z. On taille une bavette, on voit un verre, on déjeune, on prend rendez-vous et… on élabore ensemble. D’accord pas d’accord peu importe, on a échangé. » Rien n’était loin tout était possible… » dit Pascale Henry, dramaturge. Les idées comme les gens se rencontrent, font du ping-pong, évoluent. La fréquence des rencontres fait que l’on peut prendre le risque d’aller plus loin … Les trams quadrillent la ville, le schéma permettant d’aller d’une ligne à l’autre est clair. Les horaires prévus sont respectés. Ici on peut bouger, avancer, se croiser et plus si affinité.

    En passant par Saint Bruno

    19 Novembre 13h, J’arrive de Paris en train et J’ai rendez -vous à la gare avec Claire lapin des anges, Clarinha Coehlo en langue portugaise. Signe de reconnaissance un bonnet (pas un gilet) jaune. Claire habite un studio sur la place Saint Bruno. Elle a accepté de m’héberger pour une nuit. A l’intérieur cette jeune femme est immense, en parfaite symbiose avec un quartier qui est encore fier d’avoir hébergé les ouvriers de cette ville et les usines où ils travaillaient. Avant même de poser mes affaires je fais connaissance avec plusieurs cafés de la place. Le quartier qui a longtemps été séparé du centre- ville par une barrière, ô combien symbolique, n’a pas vraiment bonne réputation. Hier comme aujourd’hui les gens respectables du centre -ville ne souhaitent pas se mêler à la populace, d’autant que dans certains cafés, la clientèle masculine est exclusivement arabe. Dans le premier bistrot où m’emmène Claire, une chose me frappe d’emblée. Les gens qui sont là, artistes, artisans, chômeurs, travailleurs divers ne ressemblent pas à ceux que je vois à Paris. Ce n’est pas leur physique qui est différent, c’est leur façon d’occuper l’espace… Ils ne posent pas. Zut alors, il a fallu que je vienne à Grenoble pour comprendre que les parisiens, tête de chien, pouvaient être des poseurs. Claire me présente à toutes ses connaissances et amis. En chemin, nous faisons une pause au café le Saint- Bruno. C’est un peu le QG des alternatifs du quartier. Beaucoup ont quitté leur pays pour tenter de vivre décemment. Ici, moins on a d’argent plus on partage. Pas seulement les biens matériels, mais aussi les soucis, les drames, les joies, les plaisirs. On accueille tous ceux qui arrivent, on essaie d’adoucir ce qui peut l’être. Trouver un petit travail à une vieille dame sans le sou, se préoccuper de la santé de quelqu’un que l’on n’a pas vu depuis deux jours. On fait attention aux gens. Dans ce quartier, on vit avec eux. A écouter Claire, je comprends que cette conscience aiguë de la dignité de chacun n’a rien de surfait, bien au contraire cette solidarité des pauvres est une intelligence de la vie. Dans ce quartier les prêtres n’ont pas hésité à se battre pour plus de justice aux côtés de la population. Ici, les filles et les fils de pauvres n’ont pas oublié que leurs parents étaient fiers d’appartenir à la classe ouvrière. Pour gagner sa vie Clarinha est modèle vivant dans des académies. Elle est très demandée. Elle s’arrange pour gagner le strict nécessaire et consacrer le reste de son temps à la troupe des Barbarins Fourchus (6), des rockers, punk dont la priorité artistique est de donner du bonheur à tous ceux qui se donnent le mal de les visiter.J’irais donc passer une soirée avec les Barbarins Fourchus. Ma nouvelle amie ne pratique pas le « Piolle bashing » ou art de dauber sur le maire. Il est clair dit-elle qu’ils ont fait des bêtises » Mais moi je vois ces quartiers s’embellir, des endroits qui n’ont pas été pris en compte pendant des années et des années. Piolle est le seul maire qui ait pris le problème de l’écologie à bras le corps. Il fait ce qu’il pense qui doit être fait, même si son éventuelle réélection doit en souffrir. Grenoble est une cuvette polluée, il refait tous les quartiers, pas que le centre-ville et il replante des arbres. Sur la place Saint Bruno qui souffrait de la mauvaise réputation du quartier, il a fait construire une immense dragonne en bois. Dès l’inauguration les enfants se sont précipité, pour chevaucher l’animal. Le pari était gagné »

    De la place Saint -Bruno, j’emprunte à pied le cours Berriat pour me rendre rue Revol où habite Gisèle Bastrenta qui a accepté de m’héberger pour deux semaines.

    – Tu ne sais pas où dormir ? Je vais voir autour de moi s’il y a une opportunité…

    – Écoutes, j’ai une amie argentine qui occupe le 2ème étage de ma maison et qui retourne dans son pays pour deux semaines, elle est d’accord pour te prêter son lit. Je ne connaissais pas Gisèle, elle est l’amie d’une amie. J’ai les clefs de sa maison, son frigidaire m’est ouvert, comme sa machine à café. Gisèle est psy clinicienne. Elle a longtemps travaillé sur la toxicomanie des adolescents. La gestion économiciste de la santé la révolte, face au désarroi d’une jeunesse condamnée à la relégation, si ce n’est pire. Gisèle vient d’une famille italienne de 7 enfants. Son père est originaire de la vallée d’Aoste, sa mère savoyarde. Dans la montagne l’agriculture ne pouvait être que morcelée. La pauvreté était extrême. Son père voulait venir en France d’abord par amour de ce pays et aussi pour vivre mieux. Il a été salarié d’une entreprise de travaux publics. Les enfants ont été scolarisés à l’école privée. Le père de Gisèle s’est montré très exigeant avec eux, il fallait que l’ascenseur social fonctionne, que les enfants aient accès à une classe supérieure. Ils sont aujourd’hui technicien, éducateur, médecin, psychanalyste, infirmier. Nathalie la plus jeune née en 1968 est cuisinière, elle a épousé Riad Kassa d’origine algérienne. Ensemble ils ont monté un restaurant délicieux au centre-ville. Riad dit » Grenoble est une ville de révoltés, pas de défaitistes. Ici on a accueilli l’énergie plutôt que l’origine » Tous ont bien été accueillis à Grenoble, ils savent ce qu’ils doivent à la ville et à l’école.

    Combien de fois me suis-je rendu Place Saint- Bruno ? Chaque fois que je pouvais y fixer un rendez-vous. Combien de fois ai-je emprunté le cours Berriat et les rues adjacentes…Je ne sais pas. Un jour j’ai levé le nez, je croisais la rue du commandant Debelle(7). Sur la plaque émaillée, un coup de craie l’avait transformée en rue du commandant Rebelle. Le quartier regorge de lieux, alternatifs, squats, maison d’accueil, centres sociaux, associations, sièges de mouvements libertaires. La rue d’Alembert en contient déjà deux dont la réputation n’est plus à faire le 102 et le 38. L’union de quartier Berriat, Saint-Bruno et Europole dispose d’un journal mensuel, animé par Bruno de Lescure. Il suit de très près les dossiers municipaux et se montre très virulent à l’égard de l’équipe en place. Elle n’aurait pas tenu une des plus importantes promesses de campagne à savoir consulter les habitants sur les projets les plus importants de la mandature. Par ailleurs elle aurait en matière d’urbanisme reconduit deux projets majeurs de l’équipe précédente qui devaient être remis en cause. Ainsi le quartier Flaubert et la presqu’île. Le tracé de l’autoroute à vélo qui passe par le centre -ville n’a pas non plus fait l’objet d’une concertation. Les transports en commun qui devaient être gratuits… ne le sont pas.

    L’utopie Villeneuve

    Le quartier de Villeneuve, pour des raisons contradictoires, fera parler de lui dans tout l’hexagone est bien au-delà. En 1960 Grenoble a posé sa candidature aux Jeux Olympiques de 1968. Elle est acceptée en 1963. En 1964 à la veille des élections municipales de 1965 rien n’a bougé, aucun des travaux nécessaires n’a été entrepris, Hubert Dudebout (2), ingénieur, responsable des relations extérieures au CEA, n’est pas une personnalité connue. Il le deviendra en résolvant un problème essentiel pour de nombreux habitants. Par manque de pression, l’eau arrive dans leurs appartements de façon plus qu’aléatoire. Hubert Dubedout crée un syndicat des usagers de l’eau. Par ailleurs, il constate le peu d’écoute qu’ont les partis politiques en place des besoins et problèmes des habitants. Il crée alors les Gam, groupes d’action municipaux, dont la raison d’être sera d’apporter des réponses concrètes aux besoins exprimés. En 1965 L’alliance inédite des Gam, du PSU, parti de la deuxième gauche et du PS social- démocrate, gagne les élections haut la main. A tous les niveaux il est impératif de transformer la ville. La municipalité prend la mesure du défi. Elle va respecter les engagements pris et surtout profiter des JO pour donner à la cité les équipements qui lui manquent. Avec les services de l’état, elle fournit un travail acharné. Le résultat est spectaculaire. Grenoble manque également de logement. L’équipe en place ne veut pas seulement faire face mais aussi innover. Les objectifs de Villeneuve quartier, expérimental sont les suivants :

    –Lutter contre la ségrégation sociale

    –Favoriser un autre mode de vie urbain en offrant le maximum de liens sociaux

    –Inciter les habitants à être des « acteurs de la vie » du nouveau quartier

    Le quartier de la Villeneuve, à cheval sur Grenoble et Echirolles, qui sortira de terre pour partie en 1972, après des études et réflexions poussées, sera avant-gardiste dans beaucoup de domaines, ainsi la mixité sociale, l’éducation, l’architecture et l’innovation technique. Intellectuels, artistes, enseignants, ouvriers, militants divers, immigrés partagent un lieu abordable financièrement et ouvert sur le monde.

    Les écoles publiques qui jalonnent les trois sous -quartiers sont à la pointe des pédagogies alternatives. Désormais l’école sera un lieu intégré croisant plusieurs vocations …bibliothèques, salles de conférences, lieux de réunion, de loisir, cantines adultes, etc Les militants du dehors sont également les bienvenus. Les immeubles avec coursive intérieure facilitant la circulation d’un appartement à l’autre, sont plantés dans un parc immense, agrémenté d’un lac. Face à tout projet novateur, il est coutume de dire que tout commencement est forcément idyllique et qu’ensuite, la vraie vie reprend ses droits. De fait, les problèmes vont s’accumuler : drogue, délinquance, règlements de compte, etc

    Le 15 Juillet 2010 Karim après avoir braqué le casino d’Uriage est froidement abattu d’une balle dans la tête par la police sous les yeux de sa mère. Les jeunes réagissent, brûlent des voitures. Alors que la police de proximité avait disparu du quartier depuis 10 ans, le voilà mis en état de siège, Raid, GIGN, hélicoptères, barrages. C’est la guerre, relayée comme il se doit par les médias. Jo Briant( 8) témoigne « … tous sont comme submergés par un sentiment d’écrasement, d’impuissance et de désespoir face à ces évènements qui vont encore d’avantage enfoncer les habitants dans la stigmatisation et la souffrance sociale » Nicolas Sarkozy est venu à Grenoble et il a fait un discours(9) que la famille Le Pen ne renierait pas. Si certains des habitants quittent le navire, d’autres ne renoncent pas, un collectif d’habitants se forme. Il deviendra « Villeneuve debout »(10) sous l’impulsion d’Alain Manac’h, militant exemplaire formé à l’éducation populaire par « Culture et liberté ». Les habitants prennent en main les problèmes, une pièce sur la délinquance est jouée, des colloques organisés, ainsi qu’une université populaire. En 2012 deux éducateurs sont assassinés par une bande de voyous. Le verdict de la justice scandalise les avocats. Celui qui a donné des coups de couteaux et « balancé » tous ses camarades présente bien. Il écopera de 8 ans de prison. Les autres qui n’ont pas fière allure et parlent mal, prendront entre 12 et 15 ans pour avoir participé à la bagarre.

    En 2013, après 3 mois d’incubation (ce qui inspirait respect et confiance) une journaliste « d’Envoyé spécial » produit une émission « Villeneuve le rêve brisé » qui révolte tous les habitants du quartier, comme tous ceux qui ne craignent pas de dénoncer le mensonge médiatique (11). Villeneuve est un enfer, délits, meurtres et drogue ne cessent de rendre la vie impossible aux braves gens, s’il en restait. Les habitants indignés, c’est une première, sont allés en justice. Ils ont été déboutés, mais l’occasion les a mobilisés. Quoiqu’on en dise, tous les primo habitants n’ont pas quitté le navire. Mais le plus important est ailleurs : L’utopie Villeneuve a été délibérément sabotée. En 1983 Alain Carignon candidat du RPR bat Dubedout. Faisant fi des listes d’attente il exige que des logements en nombre soient attribués à des familles en situation difficile, principalement des émigrés. Ainsi Villeneuve a connu tous les problèmes des cités de banlieue. Non seulement les médias ont été dans le sens du vent, mais ils en ont énormément rajouté. J’ai eu le bonheur de rencontrer plusieurs habitants de ce quartier.

    Témoignage de Jo Briant repris dans son livre » ABéCéDaire pour le temps présent »(12)

    « Nous avons été aussitôt enthousiastes, car ce projet urbain répondait tout à fait à notre rêve d’un quartier sans ségrégation, pluriculturel, facilitant rencontres et échanges entre les habitants… Nous étions encore bercés par l’utopie de Mai 68, par l’espérance d’un autre mode de vie sociale… Nous voulions vraiment vivre à la Villeneuve….A l’image de l’ensemble du quartier notre montée et notre coursive étaient cosmopolites, des immigrés de toutes origines, surtout maghrébins, des chiliens à partir de 1974, après le coup d’état du 11 Septembre 1973. Dans les locaux sociaux qui n’étaient pas encore vandalisés ou squattés, il n’était pas rare que nous organisions des rencontres à caractère festif, voire des apéros ou des repas collectifs »

    Jouda Bardi

    travaille à la Régie de Quartier de Villeneuve, elle est militante de l’association « Pas sans nous » Elle est également l’un des moteurs de l’université populaire(13) et membre du collectif « Nous citoyennes » insurgé contre les projets de loi islamophobes.

     » On agit dans les quartiers, pas seulement pour la communauté musulmane, mais pour tous. On veut faire grandir nos enfants dans un quartier populaire dans des conditions décentes. On a beaucoup travaillé, sans moyens mais en toute indépendance. Pour avoir une salle de réunion consacrée à la culture, sur les discriminations, les préjugés, la place des femmes dans la société, comprendre pourquoi il y a un mur entre les gens. Aujourd’hui on n’a pas d’espace pour discuter. On prend plaisir à en créer. On fait connaissance, on n’est pas d’accord, ce n’est pas grave. Les politiques créent des espaces de non discussion. Je m’élève contre la ségrégation, l’assignation systématique, les étiquettes, les raisons que l’on a de nous mettre de côté. Je mets en place des jeux qui ouvrent les portes, permettent de s’impliquer et favorisent le débat. On peut tout se dire en respectant les règles de la communication non violente. On essaie de faire une bibliothèque humaine. Les jeux sont de super outils à la disposition de gens qui ont envie de créer des ponts. On est là pour colmater les brèches que certains politiques creusent, ça devient de plus en plus difficile. La société est atteinte. Ils ont beaucoup joué sur le clivage entre les uns et les autres. C’est un jeu dangereux à visée électoraliste. La société en paye le prix fort. L’université populaire est un lieu où l’on peut parler de tout cela, chacun peut s’exprimer, s’occuper de la fête du quartier. On travaille sur le vieillissement, le féminisme. C’est le regard des autres qui nous discrimine, ça pourrait être utile d’aller travailler là où ces représentations se construisent, car ce qui est au départ leur problème, finit par devenir le nôtre. Nos enfants, on ne veut pas qu’ils réfléchissent. Si on n’est pas derrière eux, ils n’apprendront rien à l’école.

    Les journalistes qui viennent ici sortent nos propos de leur contexte, pour nous faire dire autre chose que ce que l’on a dit »

    David Bodinier urbaniste, militant associatif

    Dans les maquis de la résistance, ce sont nouées de vraies relations, dont il reste quelque chose à Saint -Bruno et à Villeneuve. Sinon dans la ville, les différents publics et les classes sociales sont séparées. Villeneuve est un collectif ouvert qui veut éviter cette ségrégation. C’est à Villeneuve qu’a été créée la première télévision de quartier, une centrale d’aspiration des déchets tout à fait innovante. L’eau du lac est issue de la nappe phréatique. Il y a ici une volonté de transformer les rapports sociaux, ce que ne permettent pas les révolutions par le haut. Prendre le pouvoir ne suffit pas. Modestement, il s’agira d’évaluer, réévaluer ce qui est transformé en le confrontant au vécu des gens. On n’a, ici à Grenoble, pas pris conscience, assez tôt qu’il fallait panser les plaies de la désindustrialisation, Grenoble, avec sa classe ouvrière était une ville d’industrie. La nouvelle gauche se tourne vers l’avenir, en faisant l’impasse sur la période précédente et la lutte des classes. Les problèmes actuels de violence et de drogue en sont la conséquence directe. Comment la nouvelle équipe municipale fera-t-elle face à cette histoire ? Ce n’est pas évident.

    Willy Lavastre et la Batukavi (14)

    « Il y a eu une première période de 72 à la fin des années 80, où des expérimentations pédagogiques alternatives, comme celles de Steiner, Montessori ont été injectées ici dans l’école publique financées par l’état. On peut faire l’hypothèse que le renouvellement des populations a empêché une domination appuyée de la classe dominante, il n’y a pas eu de sédimentation idéologique dissimulant les finalités réelles. Alain Carignon (RPR) comme Michel Destot le maire (PS) qui lui a succédé ont utilisé Villeneuve pour y placer des populations en difficulté. Ensuite, on a beau jeu de constater qu’il y a repli communautaire. Les moyens alloués aux quartiers diminuent et le clientélisme lui se porte de mieux en mieux. Les écoles alternatives, non sécurisées, n’étaient pas faites pour accueillir des gosses venant de pays en crise. Les premiers publics qui ont choisi de venir habiter ici étaient issus des classes moyennes et populaires, mais pas les plus démunis.

    En 2010 Karim a été tué à bout portant par la police. Le corps abattu est resté exposé pendant presque deux heures. Pendant un mois et demi, ça été l’enfer. Un jeune, mis en avant dans le reportage de 2013 d’Envoyé spécial, a avoué avoir reçu 250€ pour pointer un flingue. Les jeunes n’ont pas leur place dans notre quartier. En créant l’association Afric-impact on a monté en 1989, le premier programme d’éducation à la citoyenneté locale et internationale, pour lutter contre les représentations discriminantes touchant le continent africain et la diaspora. On a créé plus de 50 clubs avec des animateurs reliés à des écoles dans plusieurs villes, et organisé des rencontres interculturelles en imaginant des jeux, mettant en avant 8 personnages illustrant toute la gamme des relations Noir/blanc. Maintenant ces outils existent et sont librement partagés. On a aussi créé des jeux sur les sans- papiers. On voulait faire prendre conscience aux jeunes que les africains n’avaient ni besoin d’eux, ni de transfert de compétence. Ils ont besoin de notre argent. Le clivage n’est pas blanc/noir mais riche/ pauvre.

    On leur a dit, mais vous les africains vous êtes souriants. Ils répondaient, il ne manquerait plus que cela que l’on fasse la gueule avec la galère que l’on a !

    On leur a répondu, mais vous vous vous occupez de vos vieux !

    – bien obligés, on n’a pas de sécurité sociale. Pour la remplacer … on fait beaucoup d’enfants !

    Accueillons ceux qui peuvent venir ici.

    J’avais un père qui a monté des festivals de Jazz, j’ai fait des percussions et le conservatoire.

    On a créé des groupes de Batucada, comme on conçoit un outil intégrant musique, danse, marionnettes géantes. On y a réfléchi pendant l’année 2009. En faisant l’hypothèse que le Brésil pouvait obtenir la coupe du monde de 2014 comme les JO.et que l’on serait capable d’accompagner des projets internationaux. Fixer 2014 comme objectif était motivant pour les enfants. Un rêve possible à accomplir, après des tournées au festival d’Aurillac et au Maroc. On se moquait de nous quand on évoquait l’idée d’aller au Brésil. Aujourd’hui on est en capacité de faire 1200 prestations et les médias parlent de nous. On est partenaires des JO de Tokio 2024. Nos moyens, on les obtient par du financement participatif, des prestations payantes, des subventions publiques, des participations privées. On a rencontré les palestiniens dans leur camp au Liban, et visité de nombreux pays d’Europe, on a été au Maroc et là on revient de New-york. Point Important le conseil d’administration de notre association est en majorité composé de mineurs. Nous sommes dirigés par des enfants. S’ils peuvent rêver, être fiers d’eux même et reconnus bien au- delà du quartier, c’est aussi qu’ils ont travaillé en fonction d’un objectif à remplir » Il y a quelque chose qui me frappe dans la démarche de Willy. Ici en France, il y a des gens qui agissent dans le secteur culturel, d’autres dans le socio -culturel, d’autres dans l’économique…comme si ces domaines étaient séparés par des cloisons étanches. La Batukavi elle, décloisonne …Willy me regarde, il est visiblement ému : « écoutes c’est extraordinaire c’est la première fois que je prends conscience de cela. En France on est sans cesse confrontés au cloisonnement. Comment est-ce possible que nos jeux super-performants, éducatifs n’arrivent pas à pénétrer l’éducation nationale ? On n’a pas le droit de parler de psychologie, ce n’est pas notre domaine. Les entreprises ne peuvent pas entrer dans le domaine de l’éducation nationale. Au rectorat on nous a dit : « l’éducation nationale c’est nous. Vous ne pouvez être dans le secteur de l’éducation populaire qui a une histoire très lourde (ou connotée politiquement) Vous êtes dans l’animation populaire ! » La Batucavi est un bel ambassadeur de la Villeneuve et des quartiers, sans compter que cette démarche, aussi joyeuse que compétente, est à même d’inspirer d’autres explorateurs.

    En 2012, face aux projets de démolition avancés par l’ANRU, les habitants se mobilisent au sein d’ateliers populaires d’urbanisme pour inventer un nouveau Villeneuve, trop conscients que » Ce qui se fait sans les habitants, pour les habitants, se fait le plus souvent contre les habitants » Ce projet urbain s’inscrit dans une approche globale de l’urbanisme, qui ne dissocie pas les questions sociales, professionnelles, politiques, culturelles, économiques, éducative. Dans les années 75/ 78 François Gillet, proche des Gam d’Hubert Dudebout est maire de Meylan, une commune de l’agglomération grenobloise qui manque singulièrement de logements. Non seulement Meylan veut apporter sa contribution, mais également innover. Le quartier des Béalières sera un des premiers éco-quartiers de la région, une cité jardin aux immeubles entièrement ouverts.Une concertation très poussée implique autant les habitants que les professionnels. L’atelier public d’urbanisme dont Robert Chartier est un pivot, impulse, organise, mais la décision revient aux politiques. Priorité est donnée aux piétons, les enfants peuvent jouer tranquillement sur la voie publique. Les architectes qui ont également travaillé sur Villeneuve font tout pour faciliter les relations de voisinage, ils multiplient les espaces de rencontre. L’union de quartier associe les habitants au devenir de leur quartier, elle développe partage, solidarité et relation avec de nouveaux habitants résidant dans des immeubles plus traditionnels, c’est à dire fermés.

    Dans le quartier Mistral

    Selon Hassen Bouzeghoub directeur du Centre d’Education Populaire, Le Plateau(15) »Mistral est une enclave urbaine à l’ouest de la ville, ici on est au bout de quelque chose. Il n’y a pas moins de 35 communautés dans ce lieu. Derrière il y a un mur et ensuite la Drac ». Mistral fait partie des quartiers dits difficiles de Grenoble. Il fut d’abord un quartier ouvrier. La population en a été trop souvent stigmatisée. Aujourd’hui les barres d’immeubles ont été détruites, le quartier est en pleine rénovation. Pour ceux qui l’ont connu dans les années 60/70, la nostalgie est grande, au-delà de ceux qui ont eu la chance d’habiter la cité jardin, aujourd’hui détruite. Ces années – là ont vu arriver les rapatriés d’Algérie, de nombreux espagnols, relativement peu de maghrébins. Les italiens, eux, étaient là depuis longtemps. Tout le monde se connaissait, on se parlait, on se rendait service. Ces années là- étaient celles de l’ouverture, on était persuadé que le monde pouvait changer et que chacun pouvait y contribuer. Brahim Rajab a fait en 2005 un film (4) sur l’histoire récente du quartier- Mistral « Décibel années » Dans ces années- là, l’équipe municipale portait une vraie attention aux populations des quartiers. Pour eux, la culture n’était pas seulement un moyen de donner du sens ou d’élever le débat, mais aussi un moyen puissant pour désenclaver le quartier, travailler à sa reconnaissance et ainsi changer son image. Point majeur, il ne s’agissait pas de faire le bien des gens mais plutôt de donner les moyens à tous de se saisir des outils proposés.

    René Rizzardo(3) : « Mistral a été pour nous comme pour beaucoup d’élus et pour Hubert Dubedout, un terreau d’expériences de ce que l’on pouvait changer au niveau d’une mairie » La musique a été le vecteur principal choisi pour se donner du mouvement. A trois niveaux différents.

    – D’abord en organisant des grands concerts rock/ pop/ punk /musiques du monde à l’occasion de la fête du quartier, ce qui n’empêchait pas l’organisation de petits bals populaires et autres animations. Bernard Lavilliers, encore peu connu a été un des premiers à venir à Mistral avec son percussionniste Mino Celenu, à l’époque pas plus connu que lui. Quelques années plus tard Lavilliers est revenu jouer gratuitement à Mistral « Si vous dites aux gens que vous les aimez et que vous ne revenez jamais, cela ne veut rien dire »

    –Forts de premiers succès prometteurs, responsables techniques, jeunes, artistes se sont réunis pour mettre sur pied une fréquence de programmation soutenue. Les jeunes du quartier n’avaient pas les moyens d’aller à des concerts au centre- ville et un des objectifs était également de faire venir régulièrement à Mistral un public extérieur. Téléphone, Starshooter, Dire Straits, Bob Marley et bien d’autres sont venus et ont remporté un énorme succès. Avec l’avènement du Hip Hop la danse a été mise à l’honneur.

    – Conscients de la difficulté d’accès au conservatoire de musique, les élus ont mis sur pied une nouvelle expérimentation dans les quartiers, celle d’écoles de musique. Mistral sera un des premiers choisis. Trois heures, au lieu d’une, seront consacrées à la musique. Le travail se fera autour de l’éveil et des techniques de base. Des musiciens présenteront aux élèves leurs différents instruments. Un an après, chaque élève pourra choisir sur une liste l’instrument qu’il souhaite pratiquer. Chaque élève aura droit à des cours particuliers, lui permettant de progresser rapidement. Les élèves étaient trop motivés pour rater un seul cours. En 1983, Hubert Dubedout(2) est battu. Ni les expérimentations, ni la culture, n’ont désormais droit de cité dans les quartiers. Le traitement social et la politique des grands frères (16) suffiront pour acheter la paix sociale. Accusé d’escroquerie et de corruption passive, le maire Alain Carignon sera condamné à cinq ans de prison (21). Michel Destot (PS) lui succédera pour trois mandats. Parmi nos interlocuteurs, certains pensent qu’il aura été un maire clientéliste. Sa politique culturelle ne sera pas radicalement différente du maire précédent. D’autres comme Marie Laure Mas ont un avis beaucoup plus nuancé » Destot n’encourageait pas la politique des grands frères (16). Il faisait avec. Le drame de ce quartier c’est que tout le monde fait avec. Pourquoi ? parce que les mecs qui tiennent le quartier sont superpuissants. C’est pour moi une zone en dehors de la démocratie. Ce ne sont pas les lois de la république qui s’y appliquent, mais la loi de ceux qui tiennent le quartier à travers le trafic de stupéfiants »

    Le Prunier Sauvage, lieu de vie artistique (4)

    Son directeur, Brahim Rajab à l’orée de 2019, le définit ainsi : » Un lieu de vie culturel et artistique tel le Prunier Sauvage est un lieu foisonnant, où des artistes professionnels croisent des amateurs. Un endroit où l’on rencontre des enfants qui, un instrument sous le bras, viennent apprendre et grandir en musique. Les habitants d’ici refont le monde avec les habitants de là-bas, où chaque pas nous mène vers l’autre et élargit notre horizon. Un espace où l’imaginaire est roi, où l’on vibre, partage, et crée ensemble. En 2019, avec la programmation concoctée par l’équipe du Prunier Sauvage et ses complices, nous aurons une irrésistible envie de courir, les enfants danseront à l’école, Ulysse s’échouera au pied des HLM. Nous voyagerons à travers le son, des Balkans à la Colombie, en passant par l’Afrique et l’Orient. Nous suivrons une petite fille afghane, frêle papillon dans les griffes de la bête. Et tous ensemble, nous chercherons l’hospitalité à l’heure où les portes se font lourdes »

    Rencontre avec Brahim Rajab

    « Depuis 1983, La culture et la république ont déserté le quartier. La pratique de la politique des grands frères( 17))très efficace à court terme pour acheter la paix sociale, se révèle à terme une catastrophe. L’emprise de la religion est de plus en plus forte ainsi que le trafic de drogue. Mais grâce au travail des associations, et à la Maison des habitants, Mistral ne connait pas un chaos total. Depuis que la nouvelle équipe municipale est en charge, on voit des techniciens de la mairie qui s’implantent dans le quartier, la république revient. La nouvelle municipalité qui ne connaissait pas ce type de territoire a su écouter, elle essaie des choses pour être plus présente. La première adjointe du maire, Elisa Martin(17) a pris en charge cette mission. A l’origine du Prunier Sauvage se trouve une association dont certains membres avaient connu et très fortement apprécié l’expérimentation des 3 heures de musique par semaine initiée par René Rizzardo( 3), dans un contexte de forte mixité sociale »

    Brahim Rajab est arrivé du Maroc en 1978. A Fontaine, petite ville de l’agglomération grenobloise, on ne se préoccupait des origines de personne. A Partir de 1983 Alain Carignon comme le maire socialiste Michel Destot, ont procédé à un regroupement ethnique des population, ce qui a fortement contribué au repli sur lui -même du quartier. « L’ UE, via un programme de développement de territoire qui n’a à priori rien à voir avec la culture, nous a permis de mettre en place le festival Mistral, Courant d’ Airs en 2002. Cela a forcé les institutions locales à accorder un peu d’attention à nos propos. Nous subissons un trafic de plus en plus structuré, la mafia, l’emprise religieuse. Nous voulons que les gamins qui grandissent ici aient accès à d’autres références. Nous voulons élargir leur capital culturel en liaison avec leur environnement de proximité. On ne doit pas laisser toute la place à ce qui les enferme. Au départ c’était très difficile, avec un petit budget et beaucoup de gens contre nous, dont les techniciens du milieu culturel qui ne voulaient pas que l’on aille sur leur terrain. Le Prunier Sauvage, c’est un peu une herbe folle qui résiste malgré tout, une petite équipe de trois personnes. Et la population qui nous soutient. Grâce au rétablissement des 3 heures de musique par semaine, on a pu monter un petit orchestre d’enfants. Il faut prendre en compte les droits culturels. Les citoyens ne sont pas seulement un public à qui l’on vend. L’important est d’avoir un impact politique dans la vie de la cité. Avec les partenaires du Prunier, on va pouvoir en quelques années changer le quartier, modifier la trajectoire de certains jeunes, en tous cas leur donner toutes leurs chances. La culture n’est pas un gadget » mais un levier. Nous voulons prendre en considération les citoyens avec leur richesse culturelle pour aller vers le partage, vers une culture commune. L’orchestre choisit les morceaux qu’il veut jouer. Nous organisons des repas partagés artistes/ habitants, pour que ces derniers s’approprient le lieu, de même pour les personnes âgées du foyer. nous accueillons aussi des conférences gesticulées et développons un projet autour des arts de la rue. La culture est une arme essentielle pour lutter contre l’assignation culturelle et sociale. Quand on se sent considéré, écouté, que l’on a accès à des espaces d’expression, on est mis en valeur, encouragé, on fait partie du jeu, on n’est pas hors- jeu. Au -delà de son quartier, on appartient alors à une communauté plus globale. On a construit un char » Machine à rêver » Son équipage part à la recherche de l’homo Oeniricus qui a perdu sa capacité à rêver. Il s’agit de l’aider à retrouver ses rêves. A chaque halte, jusqu’au centre- ville, interviennent un groupe de citoyens et d’artistes amateurs et de gamins en chant ,en musique, en poésie. Avec le Parc des Arts on est en train de monter un gros projet qui participe des arts de la rue, du cirque et autres improvisations. Il est impératif de tout faire pour que les habitants de nos quartiers, les enfants en particulier, retrouvent la confiance en eux ». Brahim en sait quelque chose lui qui a grandi ici et été exposé au mépris. Ainsi monsieur x, qui dit devant lui » Moi je vais à la montagne, parce que l’été, il y a trop d’arabes sur la plage. L’ancrage territorial est très important, Le Prunier Sauvage travaille avec beaucoup d’autres structures, « les arts du récit », Mixart le plus gros festival des arts de la rue et surtout avec les écoles du quartier, la maison des habitants, la maison de l’enfance, qui mettent sur pied des résidences. Travailler à une double échelle, ici et ailleurs est très important. Un jour lors d’un repas partagé ,on demande à nos hôtes où ils aimeraient aller. L’un répond : j’aimerais aller à l’opéra… Moi aussi… moi aussi. On a pris contact avec l’opéra de Lyon qui s’est montré enthousiaste. un groupe de 21 habitants du quartier a été reçu. Ils ont visité l’opéra, assisté à un spectacle. Très bien mais cela ne nous suffisait pas. On a demandé que des membres de l’orchestre de l’opéra viennent nous visiter. Ils ont accepté et sont venus animer un atelier de chant lyrique. la rencontre avec l’orchestre des enfants du quartier a été magique. C’est comme cela que l’on essaie de réinventer les choses. Notre lieu ne respecte pas les clivages castrateurs. Ce qui a été néfaste, c’est la création d’un Ministère de la Culture. Éducation populaire /jeunesse et culture ont été séparés. Selon le voeu de Malraux on impose une vision de la culture qui donne la primauté à l’esthétique et aux oeuvres d’en haut. Ce parti-pris nie toute forme de diversité et fait de nous des consommateurs de culture, pas des acteurs. » La Bobine (18) « se bat sur le même terrain que le Prunier. Ils prennent de vrais risques avec une programmation aussi variée que possible pour un jeune public, sans flatter l’intellect de personne.

    Nouvelles Résistances –

    Dans cette ville l’esprit d’insoumission ,la revendication égalitaire s’inscrivent dans des lieux : centres sociaux sauvages, squats, centres culturels, maisons des habitants, bibliothèques(19). Il faut également prendre en compte qu’à Grenoble, sont arrivées des populations de plusieurs continents fuyant la misère locale. La pauvreté d’ici, malgré des conditions de logement souvent indignes, a constitué un pas en avant, il semble bien qu’elle ait forgé un éventail de valeurs humaines où le partage, l’entre-aide, la primauté du lien humain, seront constitutifs d’une culture populaire digne, joyeuse, porteuse de progrès et d’exigence, une culture des laborieux, sans cesse confrontée aux contraintes du terrain et donc susceptible de développer une intelligence collective sans tabous. On a trop souvent tendance à oublier qu’avant l’atomisation des tâches un ouvrier pouvait être fier d’ouvrer…d’oeuvrer. Une ville comme Grenoble nous rappelle qu’il existait, qu’il existe encore et pourrait exister une authentique culture populaire de fierté, de luttes, de partage et d’imagination. Si on remonte un peu plus loin dans le temps on s’aperçoit qu’ici sont également nées les premières sociétés mutualistes. La première société de secours mutuels de France fut créée le 1er mai 1803 par les ouvriers gantiers grenoblois. Suivirent celle des cordonniers , des peigneurs de chanvre, des mégissiers, chamoisiers, tanneurs et corroyeurs, des tisserands, drapiers et tapissiers en juillet 1808. Un siècle plus tard se crée celle des maçons, tailleurs de pierre et charpentiers. C’est également à Grenoble que virent le jour les trois premières sociétés mutualistes féminines en 1822. Toutes ces associations mutualistes se regroupent dans une maison de la mutualité. Elles visent à protéger l’ouvrier et sa famille, en cas de maladie, par le versement d’une allocation. Certaines versent également des indemnités de chômage, voire des pensions aux vieillards. Sur un axe plus politique on ne peut passer sous silence la trajectoire de Joseph Bernard, ouvrier serrurier, militant anarchiste, puis socialiste révolutionnaire. Il est l’un des fondateurs du mouvement libertaire et du syndicalisme dans l’Isère et dans le Rhône. En 1879 il participe au congrès national ouvrier de Marseille, vote la motion féministe et à son retour organise une chambre fédérale ouvrière qui est, à Grenoble, le premier groupement professionnel et politique de la classe ouvrière. On notera que la plupart des ouvrages consacrés à la ville ont une singulière tendance à passer sous silence l’histoire du mouvement ouvrier des années 50/ 60, alors que la population ouvrière pouvait représenter jusqu’à 40% de la population active. Silence relatif également sur les prêtres militants, condamnés par leur hiérarchie. Dans ce schéma, coincé entre la répression de l’état bourgeois assimilant l’ensemble du mouvement au terrorisme d’une minorité et le communisme stalinien éliminant et disqualifiant tout mouvement révolutionnaire pouvant lui faire de l’ombre, la mouvance anarcho-libertaire travaillant à la construction d’une société égalitaire s’auto-administrant ne pouvait qu’être boycottée, maltraitée ,voire éliminée. On ne peut donc que constater un énorme déphasage entre le bouillonnement politique, culturel , scientifique et l’une de ses sources d’inspiration. Ce déphasage explique sans doute la tendance au repli sur soi d’initiatives généreuses et altruistes, voire une certaine mélancolie. Ceux que l’histoire a blessés, peuvent être en permanence en proie au doute, voire à une remise en question. Aujourd’hui leur modestie comme leurs convictions égalitaires sonnent étrangement juste à nos oreilles qui savent qu’aucune révolution, aucun encerclement ne peuvent justifier la descente aux enfers du goulag et autres camps de la mort.

    Le 38 rue d’Alembert – Centre social Tchoukar (19)

     » Nous partons d’un constat simple : la ville a besoin d’espaces où peuvent s’inventer et se réinventer nos vies, indépendamment des pouvoirs publics. Des lieux d’entraides, de débrouille, où se tissent des liens et des solidarités dans la rencontre plutôt que derrière un guichet. Où il est possible de résister, partager nos joies et nos combats ; développer des initiatives so-ciales et culturelles pour toutes les personnes qui ne se reconnaissent pas dans les cadres habituels ou qui en sont simplement exclues. De lieux où les activités sont gratuites, où l’on peut partager des moments, des savoirs et des pratiques librement : prendre des cours de français ou de soutien scolaire, réparer un jean ou un vélo, voir une pièce de théâtre dans un lieu improbable, y entrer en curieuse et en sortir le ventre plein, l’esprit léger et le cœur réchauffé. Ces espaces existent à Grenoble et ils sont précieux. Ces six derniers mois, la politique d’austérité de la Ville a mis directement en péril des espaces communs dont nous avons pourtant cruel-lement besoin….Dans ce contexte, nous avons urgemment besoin de maintenir et densifier les liens entre les habitants et les habitantes, afin qu’ils puissent continuer à subvenir à leurs besoins, et sur-tout à s’auto-organiser. Le quartier nous appartient, nous le défendons collectivement.

     » C’est dans cette optique que le Lieu Com-mun, centre social Tchoukar du 38 rue d’Alembert, s’est installé à Saint-Bruno il y a deux ans. Il est au-jourd’hui menacé par les pouvoirs publics, proprié-taires des lieux, qui souhaitent le raser pour construire à la place des logements sociaux. ….Nous désirons poursuivre l’aventure du 38 afin que perdure ce que nous y avons déjà mis en place : un magasin gratuit, une laverie, une cantine sur la place, une salle de répét, un atelier de réparation de vélos, un atelier couture, un cinéma de quartier, une salle de sport, un lieu d’activités qui rayonne au -delà du quartier St-Bruno. Ici et maintenant, nous construisons petit à petit un quartier populaire tel que nous l’imaginons. Ne laissons pas la mairie tailler nos rêves en pièce ! »

    extraits de la lettre ouverte produite par le 38 face aux menaces d’expulsion

    Rencontre avec Alan et Clément … à moins que ce soit avec Paul et Léon !!!

    Le 38, centre social autogéré existant depuis 4 ans se situe dans la proximité idéologique des centres sociaux autonomes italiens. Dans les années 70 Le mouvement autonome, alors partisan de l’action directe, rejette l’affiliation à toute structure pyramidale et anti égalitaire de type syndical ou partisan. » On essaie de transformer le monde de l’endroit où on habite, à partir de gestes quotidiens. Dans l’atelier vélo, gratuit, on ne répare pas à la place des gens, on leur apprend à réparer( on ne fait pas pour les gens, mais avec eux) On pratique la solidarité dans un monde qui a choisi l’individualisme. Ce que l’on a évidemment en commun c’est l’endroit où l’on habite. On croise pas mal de monde, ici au café le Saint Bruno, à Cap Berriat(20), dans le quartier, des syndicats comme Solidaires, Sud, la CNT, Ici-Grenoble pour s’informer autrement sur Grenoble et ses environs(30)

    Avec nous, la mairie pratique la brosse à reluire par devant et la répression par derrière. C’est une gauche radicale qui ne supporte pas sa propre dissidence. Ainsi des conseillers municipaux ont été exclus de la majorité, parce qu’ils ont refusé de voter un budget d’austérité, « imposé » par les dettes toxiques contractées sous les mandats précédents. Ils dealent avec leurs propres contradictions …comme nous on deale avec les nôtres. La préfecture a fermé l’Engrenage, ainsi que d’autres cafés alternatifs pour de soi-disant raisons d’insécurité. On présume que ce nettoyage prélude au retour d’Alain Carignon(21) condamné à 5 ans pour corruption et qui ferait naturellement campagne sur l’insécurité » Grenoble le Chicago français » Il dispose d’une équipe experte en calomnies et en « fake news » Comme Ségolène en 2007 , l’équipe municipale réagit en lançant sa propre campagne sur la sécurité, plutôt que d’annoncer des mesures de gauche.

    Nous ne manquons pas de nous poser des questions, la dispersion n’est pas toujours un handicap, elle peut être féconde à certains moments. Nos amis ont les mêmes interrogations sur les possibilités de convergence, peut-il y avoir d’autres zads, quels enseignements peut -on tirer de l’expérience zapatiste. quel rôle peut jouer l’esthétique dans la construction d’un lieu, dans son appropriation ? »

    La bibliothèque Antigone (22)

    est une médiathèque, une librairie pour enfants autant que pour adultes , mais aussi un lieu d’événements publics, conférences, réflexions, débats, confrontations, radicalité, c’est à dire un lieu habité tant par une proximité affective que par les d’idées. Ici, comme au 38, la volonté de changer le monde n’oublie jamais que les êtres humains , adversaires ou amis, sont fragiles, ambivalents, contradictoires. Ainsi cette volonté de transformation n’a de sens que si elle refuse d’être en surplomb, elle ne peut avoir des chances d’aboutir que dans la réciprocité. Chaque être humain est à priori un expert de sa vie qui a besoin d’être nourri par l’expérience des autres, par un capital de réflexions et savoirs lui permettant de s’exprimer, se remettre en cause, construire avec les autres. Antigone existe depuis 2002, deux femmes Christel et Aurélie en sont les cofondatrices. « Pour des raisons humaines, sociales et politiques c’est essentiel qu’ Antigone ait été fondée par des filles »En Mars 2011, la Traverse, revue des Renseignements généreux, site d’auto-défense intellectuelle, leur donnait la parole.

    extraits

     » Le plus important pour qu’une opposition puisse se construire, c’est de donner aux gens des outils de réflexion….Cet esprit de résistance, je le dois en grande partie à mon père, militant socialiste proche des idées de Jaurès. Je l’ai toujours vu manifester et protester. Il m’a élevée avec un sentiment de révolte, l’idée que les classes populaires n’auront que ce qu’elles auront réussi à défendre et à conquérir, que la vie est faite de rapports de force entre dominants et dominés, entre pauvres et riches…

    ….Antigone parce que le projet est parti, à l’origine, de deux filles qui voulaient se battre, résister et opposer la raison du coeur à la raison d’Etat. On veut montrer que les petits individus peuvent être aussi forts que les institutions. Pour nous, la symbolique de cette bataille, perdue au sens strict, cette guerre entre le pot de fer et le pot de terre, le personnage d’Antigone le symbolise complètement…. C’est un personnage féminin, et nous trouvons qu’il manque cruellement de représentation féminine dans la lutte, dans le militantisme. Souvent, les présidents d’associations, ceux qui parlent, ceux qui mettent officiellement leur nom pour appeler à manifester, ce sont des hommes, ce qui nous gêne beaucoup. Nous voulons que la dimension féminine pose la base d’Antigone, tout en remettant en question le concept de genre. Nous sommes parties du postulat que nous vivons dans un monde avec une certaine construction du genre et des personnalités, et dans ce cadre, les femmes ne proposent pas le même genre d’inventions, de résistances et d’oppositions que les hommes, et il est important qu’Antigone soit pensée et mise en place par des femmes. … On n’a jamais voulu être dans l’imaginaire ou l’esthétisme »crapouillou », on veut que ce soit un lieu chaleureux, joli, coquet. On veut que, lorsque tu rentres dans Antigone, tu ressentes quelque chose de l’ordre du ventre de la Baleine dans Pinocchio, ou la caverne d’Ali Baba. Extérieurement Antigone est moche, ne ressemble à rien, et puis tu pousses la porte et paf, il y a des petits coussins, des petites loupiotes, plein de couleurs. On a envie que les gens se sentent bien à Antigone, comme chez eux, comme chez leur grand-mère. »

    Si Antigone est profondément en affinité avec l’esprit libertaire, elle n’est pas pour autant une vitrine du mouvement anarchiste. Son postulat anti- autoritaire ne peut qu’être en cohérence avec une ouverture éloignée de tout dogmatisme. Antigone est également proche du Local autogéré, de la BAF qui refuse également le sexisme d’un langage masculin dominant, de Cortecs « Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences) qui a pour objectif central la transmission des divers aspects de l’esprit critique, la pensée critique ou sceptique (critical or skeptical thinking chez les anglophones) »

    La Bobine (18)

    La Bobine est un espace de rencontre entre artistes,un lieu culturel participatif dont le fonctionnement est assuré par plus de 140 bénévoles et de 20 salarié.e.s. La Bobine est auto- financée à 95% .Avec ses 5 studios dont 4 de répétition et un d’enregistrement, sa salle de spectacle de 300 places, son bar avec une scène et un restaurant ouvert sur le parc Mistral, elle est un lieu de vie où chacun a le loisir de venir soit pour manger, boire un verre, écouter un concert , créer sa propre musique ou spectacle et découvrir des possibilités d’activités qu’il ne soupçonnait pas à priori. Le lieu fait se rencontrer amateurs et professionnels, associations et grand public. Cette ouverture sur le quartier, les autres associations, les écoles sont vécues comme d’autant plus nécessaires que la Bobine n’est que récemment implantée dans le quartier Mistral. La programmation du lieu est le fruit de décisions collectives prises après débat. La motivation , l’implication sont requises et non la spécialisation, chacun étant acteur avec un savoir qu’il faut prendre en compte. L’entrée aux concerts, spectacles est à prix libre. L’objectif est que tout le monde puisse s’approprier le lieu. Mélanie qui codirige la Bobine est attentive à nouer des partenariats sur le territoire avec d’autres associations qui cassent également les codes comme le Magasin, les chorégraphes locaux du Pacifique, Le Prunier Sauvage et son projet de Parc Artistique ouvert à tous.

    Les Barbarins Fourchus (6)

    Y-a-t-il un endroit au monde où Marcel Azzola et Alice, la petite fée au pays des merveilles auraient pu avoir plaisir à se retrouver ? Réponse problématique ? Pas le moins du monde. Dans ce même lieu, on aurait pu retrouver Boris Vian, Les Clash, Raymond Queneau, Capitain Beefheart, Edith Piaf, Arthur Cravan, Franck Zappa, Alphonse Allais, les frères Trois Gros, Brigitte Fontaine, Jacques Higelin, Noureev, L’art ensemble, Oncle Paul et ses belles histoires. La compagnie des Barbarins Fourchus, « reconnue de futilité public » a l’extrême élégance de casser les codes sans le dire , de préférer l’aventure vivante à toutes les classifications mortifères. La vie étant trop sérieuse pour que l’on puisse se prendre au sérieux, les Barbarins l’aiment partout où elle circule, autant dans la rue, les bistrots que dans les théâtres où les bals de quartier. Ils sont trop goûteux des belles et bonnes choses pour proscrire à priori toute forme dite de mauvais goût. Les Barbarins ont de l’appétit, des expériences musicales, théâtrales, artistiques sans tic, des savoirs à la pelle et une exigence éthique que leur pudeur pourrait bien camoufler sous la grosse rigolade. Ce qui se voit, se boit, se mange, s’écoute, se touche est aussi ce qui se partage. Partager c’est avoir le goût des autres , c’est ouvrir grande sa porte, sans que personne puisse penser, « on fait partie de l’élite ,alors qu’il est doux de rester entre nous » Les Barbarins travaillent dans la proximité des gens, ils aiment les gens il savent les accueillir, spectateurs ou compagnies amies. Ils pratiquent le prix libre dans leurs salles du quartier Saint Bruno/ Bériat. L’humour est leur seconde nature, histoire de ne jamais dire c’est parce que l’on vous a écouté et compris que l’on fait des concerts bâtards qui deviendront « concerts pastard », et que le dimanche matin la musique classique est accueillie dans « les concerts en robe de chambre ». Bien sûr leur punkitude, leur révolte est en affinité avec les anarchistes. Comme beaucoup de ces militants de l’égalité, dans un monde profondément inégal , ils peuvent se laisser aller parfois à quelque mélancolie, mais la tendresse est toujours là , bordel, comme l’appétit qui porte en toute lucidité vers de nouvelles aventures aussi. Claire des anges qui m’a hébergé place Saint Bruno leur consacre tout son temps libre. François Laroche de Féline qui m’a accueilli dit » Delfino » est compositeur, chanteur, instrumentiste, illustrateur et co-fondateur des Barbarins forcément fourchus puisqu’ils ont plusieurs cordes à leur arc. Il vient de sortir son premier disque en solo » High down Kisses »(23) … est-ce que tu peux entendre ce que je pense, ce que je ressens » A écouter avec grand bonheur.

    Le Magasin des Horizons (24) centre national d’art et de cultures

    Vous vous posez des questions sur l’authenticité de l’art contemporain… une affaire de snobs croisant des affairistes préférant investir dans l’art contemporain plutôt que dans le Cac 40 ? Vous avez suffisamment mauvais esprit pour penser que cette avant-garde auto -proclamée à la pointe du nihilisme désenchanté n’est ni plus ni moins que réactionnaire, c’est à dire farouchement opposée à toute mise en question de ses privilèges, à tout questionnement respectueux de l’intelligence populaire et de ses imaginaires… Alors donnez- vous la peine d’entrer au Magasin des Horizons. Sous l’impulsion de Béatrice Josse, féministe déterminée et de son équipe, on y est prêt à bousculer tous les conformismes, toutes les certitudes

     » Il est temps de rallumer les étoiles »

     » Loin de l’isolement des arts trop disciplinés et catégorisés, le Magasin des Horizons entend bousculer ce qui nous restait de certitudes. Essaimer et s’ouvrir aux questions d’écologie, de féminismes, de genres et post-colonialismes…. rien de rationnel, beaucoup de magie et de spiritualité, un brin de fantaisie sont les ingrédients de cette incantation à ré-enchanter le monde. « l’art contemporain dit Béatrice Josse, c’est autre chose que des expositions, ce que l’on a démontré pendant toute la saison dernière avec des projets mêlant des artistes, des activistes, des gens du secteur social… Tout ça, c’est aussi de l’art contemporain. Il est vrai également que l’état dégradé du lieu permettait difficilement d’y tenir des expositions et qu’en attente des financements indispensables, il semblait plus gratifiant de transformer la contrainte en opportunité d’exploration trans-artistique. Elle a ainsi privilégié l’achat d’oeuvres immatérielles conçues par des femmes en lien avec la performance et le spectacle vivant » Ce n’est pas uniquement avec les yeux que l’on voit les choses » L’art visible ou invisible est protéiforme , partout où l’on veut bien se donner la peine de l’inventer, parmi d’autres utilités possibles, il est capable de relier plutôt que de s’ingénier à séparer. Ici tout désirant, toute désirante sont les bienvenus. Des artistes associés comme l’écrivaine Chloé Delaume, des chorégraphes, danseurs comme Yoann Bourgeois, Rachid Ouramdane, Marie Roche qui dirige le centre national chorégraphique » le Pacifique » des chercheurs, politologues, des formateurs animent un lieu tourné vers la multiplication, des rencontres. Ainsi des ateliers au croisement de pratiques corporelles et recherches transversales questionnant les modes de transmission de savoirs, des expérimentations ouvertes à toute personne désireuse de mener une réflexion vivante et autonome et d’améliorer par le collectif ses recherches personnelles ; des formations en atelier, en sorties ou à distance pour les autodidactes comme pour ceux qui souhaitent partager leurs recherches et leurs expériences.
    Ainsi des bivouacs de débats à thème sont créés, une Académie de la marche pour marcher, explorer, se mobiliser , débattre en mouvement, comme des manifestants revendiquant tout simplement d’inventer ensemble un art de s’interroger proche de celui de respirer, s’indigner, avancer et si possible hors de tout sexisme ! L’espoir, au bout du chemin, est de créer des passerelles susceptibles de mener à un monde commun, un monde où l’on puisse s’émerveiller, rêver ensemble, créer des aventures artistiques au coeur d’une cité où l’art sous toutes ses formes aura contribué à l’édification d’acteurs humains reliés.

    En Mars Le magasin propose une nouvelle exposition » Entropie j’écris ton nom » Les vidéos et installations présentées ne sont pas sans rapport avec la réhabilitation du lieu confiée à des artistes. » Comment avoir un langage commun, faire alliance, faire du collectif. L’art est un moyen de discuter, de raconter des histoires, dit Béatrice Josse.

    Christiane Guichard La Dame de la Casamaures (25)

    Est-il possible d’imaginer un palais oriental, ses jardins rappelant l’Alhambra de Grenade, à Saint Martin le Vinoux, juste à la sortie de Grenoble au pied de la montagne ? Est-il possible d’imaginer qu’un homme, Joseph, Jullien dit Chocard âgé de 52 ans, aussi simple qu’ouvert à toutes les chimères, ait rêvé assez fort pour réinventer les Mille et une nuits, anticiper de quelques décennies sur la création du bleu Majorelle ? Innovation stupéfiante bénéficiant de l’invention du béton par Louis Vicat en 1817. Seul un homme aussi naïf que le facteur Cheval, aussi ouvert à l’architecture rêvée d’un autre continent, a pu concevoir un tel projet. Dans les années 60, le lieu est abandonné, il est squatté par des clochards. La Casamaures est vendue.Le propriétaire compte faire une belle opération immobilière en rasant l’immeuble et en créant une zone artisanale pour des touristes. Aucun obstacle majeur ne devrait se dresser face à ce projet. D’autant que les habitants des villages situés dans l’environnement proche de l’édifice considèrent celui -ci comme une sorte de verrue, d’un goût d’autant plus douteux, que leur vision de l’arabe n’ a rien de culturel. Alors le sort en est jeté ! Et bien non, une frêle jeune femme de 29 ans à peine sortie des beaux -arts dispose, elle, de toutes les connaissances nécessaires pour apprécier le palais à sa juste valeur . Combien de fois l’a- t-elle croisé sur sa route depuis son enfance, elle, dans les bras de sa mère assise dans le bus les yeux fixés sur cette folie architecturale sise …rue de la Résistance ? Elle a zéro franc dans les poches, mais elle dit non. Elle alerte ses amis, emprunte aux uns, aux autres et forcément au banques. Elle gagne… la première manche. L’édifice est en mauvais état les peintures, les fresques, calligraphies ont énormément souffert. Avec autant d’élégance que de détermination et non sans humour, Christiane ne renoncera jamais , malgré les effondrements successifs. Elle fondera une association , organisera des expositions, colloques, se mettra financièrement la corde au cou, soutenue dans les premières années par le poète Colas Bailleul. Elle restaure le lieu. Le responsable aux travaux de la mairie lui intime l’ordre de le faire dans la palette des couleurs référencées. Elle proteste, écrit à la préfecture. Sa lettre doit être tellement extraordinaire, qu’un bon génie la transmet au ministère de la culture. Les services de Jack Lang bondissent sur cette pépite. La Casamaures sera classée monument historique. Plus récemment un projet de rocade est à l’étude. La montagne sera transpercée et la Casamaures tenant à peine debout aura toute chance de s’effondrer. Encore une fois, Christiane va se battre. Une commission d’experts est mise sur pied, elle jugera que l’utilité publique du projet n’est pas prouvée. Depuis que la dame de la Casamaures a investi le lieu des centaines , peut être des milliers de visiteurs ont franchi la porte du palais. Ils ont pu goûter la beauté du lieu, comprendre qu’à moins d’être fortement handicapé rien, ne justifie qu’un humain renonce à son idéal et à sa volonté de le partager.

    PMO – Pièces et main-d’oeuvre (26)

    L’ennemi surpuissant est le capitalisme technologique. Pour le contrer, organiser la résistance pendant qu’il est peut -être encore temps. » Pièces et Main d’Oeuvre », atelier de bricolage pour la construction d’un esprit critique à Grenoble, agit depuis l’automne 2000 : enquêtes, manifestations, réunions, livres, tracts, affiches, brochures, interventions médiatiques , etc.
    Des individus politiques animent PMO, pas un collectif. … « Nous considérons que la technologie – non pas ses « dérives »- est le fait majeur du capitalisme contemporain, de l’économie planétaire unifiée. Elle est la continuation de la guerre, c’est-à-dire de la politique, par d’autres moyens….. La technologie, c’est le front principal de la guerre entre le pouvoir et les sans-pouvoir, celui qui commande les autres fronts. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’autres fronts, mais que chaque innovation sur le front de la technologie entraîne en cascade une dégradation du rapport de forces entre le pouvoir et les sans-pouvoir… Nous soutenons que les idées sont décisives. Les idées ont des ailes et des conséquences. Une idée qui vole de cervelle en cervelle devient une force d’action irrésistible et transforme le rapport des forces. C’est d’abord une bataille d’idées que nous, sans-pouvoir, livrons au pouvoir, aussi devons-nous être d’abord des producteurs d’idées. …..
    Si nous avons semé quelques doutes, par exemple sur les nanotechnologies et les technologies convergentes, sur la biométrie, les RFID et les neuro-technologies, sur le téléphone portable et nombre de sujets connexes, sur la destruction du territoire, la cannibalisation de « l’écosystème » par le système technicien, c’est à force d’enquêtes, de harcèlement textuel, d’interventions lors d’occasions officielles……
    Ne jamais dénoncer les malfaisances sans dénoncer les malfaiteurs. Ne jamais répondre à leurs manœuvres de diversion et de récupération. Ne jamais lâcher le front des nécro-technologies.
    ….. Il faut vivre contre son temps »

    –Fait sans doute significatif. Parmi les responsables politiques de la mairie, qui sont l’une des cibles de PMO personne ne se hasarde à aborder de front les critiques de PMO.

    « Ils exagèrent sans doute beaucoup mais en même temps, leurs interrogations ne manquent pas de pertinence ». PMO refuse toute technologie substituant la machine à l’humain et ne pouvant qu’aboutir à une société totalitaire où le contrôle de toute action serait systématique. Historiquement PMO s’inscrit dans la lignée du mouvement luditte du XIX siècle, incitant les ouvriers à détruire les machines. Les critiques portent sur des investissements importants consacrés entre autres à : Minatec. En 2000. Le feu vert est donné au CEA, allié à l’état et aux industries de pointe pour créer un pôle de recherche et d’applications consacrées aux micro et nano- technologies. 2016 Le polygone scientifique de Grenoble s’enrichit d’une nouvelle entité Giant, créant une sorte de MIT à la Française. Sous couvert d’applications civiles seraient développées des outils destinés à créer des armes de destruction de pointe. Par ailleurs ces recherches croisent de très près le Trans humanisme. Il s’agirait de créer une humanité « augmentée » c’est à dire intégrant les technologies de pointe à l’intérieur du corps humain. Résultats attendus une envolée des performances humaines, contrôlées à chaque instant par un cerveau central. Sans oublier l’espoir ahurissant d’ allonger la vie humaine jusqu’à supprimer la mort.

    « Il y aura des gens implantés, hybridés, et ceux-ci domineront le monde. Les autres qui ne le seront pas, ne seront pas plus utiles que nos vaches actuelles gardées au pré…..

    Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur. »

    Kevin Warwick

    Clinatec serait une « clinique expérimentale » où l’on teste des dispositifs électroniques implantés dans le cerveau. Pilotée par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble, elle travaille sur les applications des nanotechnologies dans le champ des neurosciences, en particulier sur les maladies neurodégénératives, comme Parkinson…… Cas unique en France, l’établissement est situé en dehors du milieu hospitalier, sur un terrain du CEA dont certains bâtiments sont soumis au secret défense. …. Cette alliance entre l’industrie nucléaire, celle des nanotechnologies et des chercheurs en neurosciences augure mal du nécessaire contrôle démocratique qui devrait encadrer le périlleux usage de ces sciences pour le moins futuristes. Applications possibles : des implants cérébraux contre la dépression ou l’obésité ,des possibilités d’atténuer les effets de la maladie de Parkinson, des neuro prothèses pour les tétraplégiques. Clinatec est le résultat d’un partenariat entre le CEA, le CHU de Grenoble et l’Inserm.

    Y-a-t-il opposition radicale entre un projet démocratique tendant à réinvestir les citoyens de leur pouvoirs et une démarche scientifico-technocratique voulant peut être assurer le bien-être de chacun mais dépossédant le peuple de toute velléité d’action autonome ? Il semble bien que oui. Comment la ville peut-elle vouloir la démocratie participative et investir dans une démarche dépossédant la collectivité de son pouvoir de décision ? Mystère.

    Le laboratoire du Pacte, passeur en terre iséroise (27)

    Le Pacte unité de recherche mixte créé par le CNRS, l’université et Sciences po Grenoble est un important laboratoire de sciences sociales. 120 chercheurs, 170 doctorants y exercent des travaux dans 4 grands domaines : Environnement, Justice sociale, Gouvernance/régulations, villes et territoires. Anne Laure Amilhat-Szary qui le dirige impulse une transversalité des connaissances qui la fait participer aux aventures initiées par le Magasin ( CNAC) et par d’autres artistes, notamment chorégraphes .Avec la brochure du Pacte mettant en avant les travaux des chercheurs dans les quatre axes déterminés, il est possible d’entrer en relation et d’échanger avec chacun. Cette ouverture fait que dans une ville souvent qualifiée de laboratoire, le laboratoire des sciences sociales est à la fois en amont à la pointe des recherches actuelles et également pleinement présent sur la place publique, donc vraiment au service des citoyens.

    https://blogs.mediapart.fr/francois-bernheim/blog/300419/si-tu-timagines-grenoble-12
    #géographie_urbaine #image #imaginaire #représentation #urban_matter #utopie
    ping @albertocampiphoto @karine4 @marty

    • F.BERNHEIM : E.PIOLLE OU L’ÉLOGE de la PAUVRETÉ des AUTRES

      “Une ville qui a refusé de se soumettre à l’occupant, qui a su s’ouvrir à tous les peuples du monde, peut-elle résister aujourd’hui à la modernité néo-libérale” ? questionne François Bernheim dans le second “article” de son blog sur Grenoble.

      Etonnez-vous. Il répond “oui” : “Grenoble pourrait bien relever le défi. Est-ce insensé de penser que l’intelligence collective, en prenant le risque de l’expérimentation, est capable de renouveler la démocratie ?” .

      E.PIOLLE RÉSISTE AU NÉO-LIBÉRAL COMME AU NAZISME…

      Mais qui est donc l’héritier de cette double résistance -qui place sur le même pieds la résistance au nazisme et à la modernité néo-libérale- qui est donc cette “intelligence collective” qui “prend le risque de l’expérimentation” et ne fait rien de moins que “renouveler la démocratie” (!).

      POUR LE BONHEUR D’APRÉS-DEMAIN

      Son Nom n’est même pas prononcé. Mais juste l’énoncé de la boursouflure nous Le fait reconnaitre. Cet amalgame entre l’héroïsme des résistants et les jeux de bac à sable d’aujourd’hui, cette politique imposée pour le bonheur d’après demain qualifiée “d’expérimentation” et ce “renouvellement de la démocratie” alors qu’elle n’a jamais été plus fermée, mentie, trichée, que sous le mandat Piolle, nous sommes bien en territoire connu. Le “journaliste” sans lecteur ni journal, François Bernheim, a poursuivi ses pérégrinations grenobloises. Il n’a trouvé que ce qu’il avait déjà dans sa tête avant de venir.

      LES JEUX OLYMPIQUES de 68 : UNE AFFAIRE d’ÉTAT

      Ainsi il n’a pas vécu les Jeux Olympiques ni n’a rencontré d’acteurs de la période qui se font rares. Il n’a pas lu les rapports gouvernementaux de l’époque sur les investissements colossaux de l’Etat car le Général de Gaulle faisait des JO une affaire de fierté Nationale. Il répète donc le mantra d’un Dubedout qui prend en mains des dossiers “pas prêts” : “Rien ou presque n’a été fait pour assumer ce défi. Élu en 1965, Dubedout transformera ce handicap en opportunité.”

      EN 2009 LA GAUCHE EST BATTUE PAR ANNECY….

      Rappelons que les JO de Grenoble ont été obtenus en 1964 par un Maire gaulliste de droite Albert Michallon, authentique résistant sur la base d’un dossier que l’Etat avait constitué.

      En 2009 une municipalité de coalition PS/Verts-Ades/ -les seconds actuellement au pouvoir- a lamentablement échoué à porter une nouvelle candidature de Grenoble aux Jeux Olympiques : battus pas Annecy. Ils sont donc très bien placés pour donner des leçons de “défis” à relever.

      LA SEULE INITIATIVE de DUBEDOUT : VILLENEUVE

      Elu en 1965, un an après la désignation de Grenoble pour organiser les JO, Hubert Dubedout a contribué à leur réussite comme Maire aux côtés … d’Albert Michallon Président du Comité d’Organisation. Mais surtout c’est le gouvernement de l’époque qui a mis Grenoble à niveau : Maison de la culture, nouvel hôtel de ville, nouvelle gare, nouvelle poste, Village Olympique, centre de presse Malherbe… La seule initiative réellement de Dubedout qui suivit fut Villeneuve.

      L’URBANISME de “DROITE” : UNE VRAIE RÉUSSITE

      Si on observe aujourd’hui l’urbanisme “de droite” qu’ont été le Village Olympique et Malherbe, celui-ci souffre la comparaison. Il ne s’agissait pas de créer un homme nouveau mais les conditions pour vivre mieux. Moins lyrique, moins menteur, plus modeste, mais plus vrai. Depuis, seules les attributions de logements irresponsables ont rendu ces ensembles difficiles à vivre. Dans les années 80 la seule caserne libérée qui a bénéficié d’un projet de droite (municipalité Carignon) est Reyniès- Bayard. A comparer avec la densité de De Bonne….A Villeneuve le concept même rend l’échec inéluctable et il faut en démolir une partie.

      LES CHANTRES de la MIXITÉ N’ONT JAMAIS VOULU LA VIVRE

      Pierre Gascon, résistant, récemment décédé était le plus jeune conseiller municipal de la municipalité Michallon qui obtint les JO. Il était le Premier Adjoint d’Alain Carignon pendant ses deux mandats. Il nous a souvent raconté cette épopée ce qui nous permet de rafraîchir les mémoires à l’aune des réalités.

      François Bernheim cite avec une ferveur quasi religieuse Hubert Dubedout ou Jean Verlhac son adjoint à l’urbanisme de l’époque. Tous les élus de cette période rappellent que les chantres de Villeneuve et de la mixité n’ont jamais voulu les connaitre.

      Madame DUBEDOUT FAISAIT SES COURSES AVEC le CHAUFFEUR du MAIRE

      Hubert Dubedout vivait place Paul Mistral, vouvoyait sa femme, laquelle allait faire ses courses depuis la place Paul Mistral jusqu’au marché Sainte Claire avec la voiture du Maire et le chauffeur lui ouvrait la porte. Jean Verlhac habitait Meylan et n’était que directeur en titre de l’institut d’urbanisme comme il était de coutume à l’époque de laisser les élus accomplir leur mandat au double frais du contribuable.

      JUGER HIER à l’AUNE des VALEURS D’AUJOURD’HUI, UNE ESCROQUERIE

      On aimerait lire François Benheim relatant la même histoire avec des élus de droite ! Car la technique classique d’écraser les époques sur une même photographie est un vilain procédé pour tordre la réalité. Juger hier à l’aune des valeurs et des connaissances d’aujourd’hui est une escroquerie intellectuelle. C’est d’une prétention insoutenable.

      LA QUESTION MORALE NE SE POSE PAS

      Mais c’est ce que François Bernheim applique sans vergogne à Alain Carignon et les financements politiques de l’époque. Les campagnes de Dubedout, de Mendès-France étaient toutes autant financées par les entreprises. La question morale ne se pose donc pas. Et au plan judiciaire Alain Carignon est réhabilité. La bonne foi -s’il y en avait une- consisterait à reconnaître qu’il est un citoyen comme les autres et que ses adversaires ne peuvent combattre que ses positions.

      PAS BESOIN DE VIVRE LA MIXITÉ SOCIALE POUR LA VOULOIR

      Par ailleurs, peu nous importe à nous, le mode de vie privé des hommes publics. Comme pour les deux corps du Roi, Dubedout et Verlhac pouvaient penser que ce qui était bon pour le peuple, pour la collectivité dans son ensemble ne s’appliquait pas à eux. Ils n’avaient pas besoin de vivre dans la mixité sociale pour en être les porte paroles. N’évoquons pas la “populace” chère à François Bernheim.

      A.CARIGNON A RESPECTÉ LA DICHOTOMIE DE SES ADVERSAIRES

      Alain Carignon nous rappelle que dans toutes les controverses et batailles électorales il a respecté cette dichotomie entre la vie privée et vie publique et jamais il n’a mis en cause ses adversaires sur ce versant.

      BEAUCOUP DE GRANDS NOMS de la RÉSISTANCE à DROITE

      Mais la captation de l’esprit de la résistance au service d’intérêt électoraux à laquelle se livre François Bernheim relève, elle aussi, de l’escroquerie morale. Les grands noms de la résistance -la vraie- sont beaucoup à droite. Parmi eux le Dr Albert Michallon, Pierre Gascon, Daniel Huillier actuel Président de Résistance Unie… Eugène Chavant avait rompu avec le socialisme.

      H.DUBEDOUT NE S’EST JAMAIS ENGAGÉ DANS LA RÉSISTANCE

      Hubert Dubedout avait 18 ans en 40 et ne s’est pas engagé dans la résistance. « Résister comme l’écrit Jo Briant, c’est d’abord dépasser la tristesse et la résignation, c’est ensuite créer » écrit François Bernheim. Les convictions de Jo Briant sont certainement respectables et peuvent être combattues, mais il n’a pas été non plus -à notre connaissance- un résistant de la guerre 39/45. Il n’est donc pas le mieux placé pour symboliser l’esprit de résistance.

      L’IMMIGRATION INCONTRÔLÉE : LA MORT de NOTRE MODÈLE SOCIAL

      Car plaider comme il le fait pour que la France accueille toute la misère du monde est tout sauf courageux, iconoclaste et ne vous place pas au banc de la société ! Et ne fait bien entendu courir aucun risque pour sa vie. La pression à la baisse exercée sur les salaires par les immigrés n’est pas socialement un facteur de progrès. Mais surtout ouvrir les vannes de l’immigration sans limite c’est aussi assurément tuer à terme le modèle social Français. Il ne pourra jamais supporter une partie des 2, 5 Milliards d’Africains de 2050 qui voudraient s’installer chez nous en bénéficiant de nos prestations d’éducation et de santé, sans même évoquer un hypothétique “droit au logement”. C’est vouloir à coup sur son explosion.

      UNE POLITIQUE JUSTIFIÉE PAR UNE MORALE

      Mais de glissement sémantique en approximations synthétiques une fausse histoire se crée par amalgame. il s’agit de tout confondre afin qu’une politique soit justifiée par une morale qui ne lui appartient aucunement. Et dont aucun des membres qui la porte n’a qualité pour s’en prévaloir. Car les hommes sont les hommes. Heureusement.

      PAS UN MOT SUR L’ATTAQUE CONTRE LES BIBLIOTHÈQUES

      Ainsi François Bernheim contourne le dogmatisme culturel de la municipalité Piolle. Il parvient à expliquer longuement le développement de la lecture sous la municipalité Dubedout, s’y attarde avec lyrisme sans dire un mot de l’attaque sans précédent contre les bibliothèques menée sous un angle bêtement comptable -néo -libéral ?- par la municipalité Piolle. Alors qu’elle s’était solennellement engagée en se faisant élire de les “maintenir et de les développer”. (engagement N°110)

      MANDATS CARIGNON : LE MAIRE N’Y EST POUR RIEN

      Par contre les efforts poursuivis par la municipalité Carignon qui ouvrira bibliothèque (Alliance) Médiathéque (St Bruno) sont présentés ainsi : “Catherine Pouillet a mené la même politique, (que Dubedout NDLR) malgré l’élection d’Alain Carignon. Elle a développé la vie littéraire, créé le Printemps du livre, une grande manifestation populaire autour du livre et de la lecture. Le secteur des livres pour enfants a été fortement mis en valeur et les différentes bibliothèques ont créé des relations très étroites avec les écoles”. L’équipe municipale Carignon n’y est pour rien…

      LECTURE PUBLIQUE : AVEC PIOLLE, GRENOBLE LA DERNIÈRE

      A ce point on est confondu. Un endroit du cerveau d’Eric Piolle pense t il que les grenoblois vont sauter son épisode sur la lecture publique qui fait de Grenoble la dernière ville de sa catégorie pour la pratique de la lecture ? C’est ce à quoi a conduit sa gestion. On comprend que François Bernheim réécrive tout à sa main. Trop loin de la vérité pour être honnête.

      LA BIENNALE : UNE OPÉRATION de COM’

      Mais il n’a pas peur non plus de se faire agent de pub à répéter les éléments de langage du service de com’ : “la ville se veut en pointe dans la mise en place de la transition écologique, elle organise la Biennale des villes en transition, postule à être la capitale verte de l’Europe en 2022.”

      Un média indépendant , le site d’info Place Gre’Net a dit ce qu’il en était de la réalité de la Biennale des villes en Transition.

      DERNIÈRE VILLE AUSSI POUR LES ESPACES VERTS

      Piolle ayant fait de Grenoble par la poursuite de la bétonisation la lanterne rouge des espaces verts par habitant ( moins de 12 M2) , François Bernheim devrait s’interroger de savoir ce que les grenoblois pensent de la recherche du label de “ville verte” ?

      “ELLE POURRAIT OUBLIER QUE LE PEUPLE EXISTE…”

      Mais il est tout à son encensement “Cette gauche est sociétale plus que politicienne. L’évolution des moeurs l’intéresse plus que les jeux d’appareil. Cette gauche est en phase avec la montée en puissance de la classe moyenne. “Il remarque aussi un caillou dans la chaussure : “Elle est tellement tournée vers l’avenir, qu’elle pourrait bien oublier que la classe ouvrière comme le peuple existent encore.”

      SOUFFRIR MAINTENANT POUR UN BONHEUR FUTUR

      Bien entendu elle n’oublie pas le peuple par mépris. Ni à cause d’un nombrilisme immature et exacerbé qui fait de la sexualité une priorité relevant de l’urgence absolue. Mais parce qu’elle est “tellement tournée vers l’avenir”. L’antienne de toutes les cultures totalitaires impose de souffrir maintenant pour le bonheur futur. Elle est la bonne conscience de toute cette avant garde éclairée que nous avons la chance de posséder à la mairie de Grenoble.

      “MOINS ON POSSÈDE PLUS ON PARTAGE”

      D’ailleurs François Bernheim récidive : “Ici moins on possède plus on partage, il faut bien faire face.” Aimez cette richesse de la pauvreté semblent dire nos élus bien installés dans la mondialisation (cf Singapour). C’est une chance. Tout cela “témoigne à l’évidence d’un ancrage à gauche”.

      “DESTOT A ACHETÉ LA PAIX SOCIALE”

      S’agissant de Destot, François Bernheim lâche que “ses adversaires le disent clientéliste, achetant la paix sociale grâce à la politique des grands frères”. Qui sont ses “adversaires” ? Les élus actuels qui ont participé à 2 exécutifs de Destot sur 3. Ils n’avaient pas vu le clientélisme à ses côtés ?

      IL NE TROUVE PAS UN ANGLE POSITIF POUR CITER C.BERNARD

      Comme pour les bibliothèques que François Bernheim passe en pertes et profits -on rêverait de le lire si une municipalité de droite avait fermé des bibliothèques pour faire des économies de bouts de chandelles- la culture l’embarrasse aussi. La brillante Adjointe Corinne Bernard (Verts/Ades) n’est tout de même pas citée sous sa plume. Il était, avec elle, vraiment difficile de trouver un angle positif.

      PIOLLE “S’EST MIS A DOS la CLASSE MOYENNE CULTURELLE”

      Pour lui ” cette équipe, qui n’avait aucune expérience politique, a commis des erreurs et semble s’être mis à dos une partie de la classe moyenne culturelle.” (!)

      Ah cette “classe moyenne culturelle” qui surgit ainsi, comme on aimerait la connaitre. Tous ces acteurs de la vie culturelle grenobloise, ces collectifs, qui ont défendu la liberté théâtrale, la musique classique, la salle de musique actuelle le Ciel (réalisation Carignon…), St Marie d’En Bas, MC2 qui a vu ses crédits baisser pour la première fois de son histoire les voilà devenus “la classe moyenne culturelle” sous Piolle.

      UNE CLASSE CULTURELLE UN PEU BENÊT

      Ne sont ils pas un peu benêts les membres de cette “classe moyenne culturelle” de n’avoir pas compris que toutes ces mesures coercitives, prises contre eux, résultait d’une absence “d’expérience politique” ?

      METTRE LE SECTEUR CULTUREL AU PAS

      François Bernheim prend les grenoblois pour une résurgence du crétin des Alpes, qui ne sauraient pas voir que ces décisions, prises en toute opacité et dans l’absolue solitude du pouvoir avaient toutes le même objet : mettre le secteur culturel au pas, au service d’une idéologie.

      PIOLLE “A VOULU BOUSCULER UNE GAUCHE CULTURELLE NANTIE…”

      Non il n’y a pas “un phénomène de lutte des classes imaginaire” comme il le cite. “La nouvelle équipe a voulu bousculer une gauche culturelle nantie, (!) privilégier le lien social, le désenclavement à l’esthétique.” De qui se moque t il ?

      On s’étonne d’ailleurs que cette municipalité qu’il décrit par ailleurs comme si “en phase avec la montée de la classe moyenne” ne soit pas en phase d’abord avec cette “classe moyenne culturelle” ?

      MAIS PIOLLE A SOUTENU LA MONNAIE LOCALE

      A l’actif de la municipalité au plan culturel François Bernheim cite “la création d’une monnaie locale prometteuse le CAIRN”. C’est dire le niveau. Voilà que les mangeurs de quinoa sont la nouvelle élite culturelle de la ville. Rendez-nous Lavaudant.

      L’ENTERREMENT de la DÉMOCRATIE LOCALE

      Bien entendu il entérine la totalité des boniments sur la participation citoyenne qui aura été l’autre nom de l’enterrement de toute démocratie locale.

      L’unanimité est établie sur ce point depuis les deux membres qui ont quitté la majorité, Guy Tuscher et Bernadette Richard-Finot, lesquels ont très bien décrit de l’intérieur les tricheries de Piolle, jusqu’à “Vivre à Grenoble” dont les responsables ont été très proches de la municipalité . Mais aussi les Unions de Quartiers, le collectif “Grenoble à Coeur” et tant et tant d’associations qui ont témoigné.

      PIOLLE A DU “RABATTRE DE SES AMBITIONS”

      François Bernheim cite la litanie des budgets participatifs ou la “votation citoyenne” des leurres inefficaces et abandonnés par les Grenoblois.

      Mais s’il y a des ratés (!) “ll ne faut pas oublier que devant l’ampleur de la dette accumulée sous les mandats précédents, l’équipe qui a pris le pouvoir en 2014, a dû sérieusement rabattre sur ses ambitions, Grenoble risquant d’être mise sous tutelle étatique.”

      E.PIOLLE N’Y EST POUR RIEN

      Les malheureux n’y sont pour rien. Peu importe qu’Eric Piolle n’ait jamais dit lui-même qu’il allait en rabattre de ses ambitions. Au contraire, il a toujours dit que grâce à Lui , Grenoble entrait dans le XXI éme siécle.(!).

      Peu importe que la Chambre Régionale des Comptes ait jugé qu’il était aussi responsable que son prédécesseur. Que la gabegie a continué : des entourloupettes pour reporter des annuités d’emprunts après les élections. La ville a recruté aussi 13 00 salariés entre 2011 et 2016, elle en compte plus maintenant après les transferts à la Métro avec des services de plus en plus réduits. Surtout des recrutements de cadres A, au sommet de l’échelle, souvent illégalement aussi pour des directeurs de com, des conjoints d’Adjoints au Maire.

      F.BERNHEIM N’A PAS EMPRUNTE UN TROTTOIR de GRENOBLE

      Mais François Bernheim trouve des “habitants ” (mais ceux “qui défendent la politique de l’équipe en place” reconnait-il) qui “sont sensibles à son écoute, à la modestie de certaines mesures qui prouvent une attention au quotidien des habitants.”

      En citant les “idées sur les jardins, bouts de trottoir délaissés” François Bernheim démontre qu’il se fout des grenoblois. Il n’a pas emprunté un trottoir de la ville…

      https://grenoble-le-changement.fr/2019/05/12/f-bernheim-e-piolle-ou-leloge-de-la-pauvrete-des-autres

  • Damien Castelain, président de la MEL, en garde à vue pour des soupçons de détournement de fonds publics YF avec AFP - 2 Juillet 2019 - FR3 Régions
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille-metropole/damien-castelain-president-mel-garde-vue-enquete-detour

    Le président de la Métropole européenne de Lille, Damien Castelain, était en garde à vue ce mardi matin dans le cadre d’une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, a-t-on appris de source proche du dossier.

    Le directeur général des services (DGS) de la métropole, Bruno Cassette, était également en garde à vue dans cette affaire portant sur des dépenses effectuées entre janvier 2017 et mai 2018.

    Deux autres personnes ont été placées en garde à vue dans l’après-midi, selon le parquet. De source proche du dossier, il s’agit de la compagne de M.Castelain et de l’ancienne chargée de communication au sein de la collectivité. 

    Le président de la MEL et son DGS ont été tous deux convoqués ce mardi matin par la brigade financière de la PJ de Lille, en charge de l’enquête préliminaire ouverte en juillet dernier pour détournement de fonds publics et recel, suivie d’un signalement, en octobre dernier, de l’Agence Française anticorruption (AFA). 

    Depuis la publication en juin 2018 par le site Médiacités d’une enquête portant au départ sur 11 000 euros de dépenses réalisées entre janvier 2017 et mai 2018, des soupçons de détournement d’argent public pèsent sur Damien Castelain. Dans cet article, le site affirmait avoir épluché « quelques centaines de factures » qui n’avaient « pas grand chose à voir » avec les fonctions politiques du président de la MEL, notamment pour des parfums, services de bien-être, ou nuits en hôtel de luxe le week-end.

    Suite à une plainte contre X et un signalement de l’association de lutte contre la corruption Anticor, le parquet de Lille avait ouvert en juillet 2018 une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics et recel. De son côté, l’Agence Française anticorruption (AFA) a effectué en octobre un signalement auprès du parquet, puis rendu en décembre un « rapport de contrôle » sur la MEL, confidentiel mais rapidement dévoilé par Médiacités. Elle y relevait selon le site des « irrégularités », considérant par ailleurs que l’analyse de certaines factures n’avait « pas permis de s’assurer » qu’elles avaient été « engagées dans l’intérêt de la collectivité ».

    L’AFA s’intéresse également aux travaux en cours du futur siège de la MEL, ainsi qu’aux conditions dans lesquelles a été employée une chargée de communication de cette collectivité. Selon le rapport d’une mission d’évaluation interne, le coût du déménagement dans ce futur siège se révèle largement supérieur à celui voté en 2017.

    Mi-juin, Damien Castelain a annoncé avoir remboursé « l’intégralité des notes de frais » signalées dans le rapport de l’AFA, afin de « couper court aux polémiques malsaines », selon son avocate Me Florence Rault qui réfutait « un aveu quelconque de culpabilité ». Un « don » de 20542,03 euros a ainsi été versé en avril à la métropole lilloise. 

    Dès la publication de l’enquête en 2018, M.Castelain avait fustigé « une chasse à l’homme téléguidée » et assuré que ces chiffres étaient « faux », parlant pour sa part de « 395 euros par mois de frais de représentation ». Le président de la MEL est par ailleurs mis en examen pour « trafic d’influence passif » et « complicité de favoritisme » dans l’enquête sur l’attribution du marché du Stade Pierre-Mauroy à Eiffage en 2008.
     
    #Lille #MEL #Corruption #damien_castelain #recel #Anticor #stade #favoritisme #économie #politique #justice #trafic_d_influence #élu #sport #football #favoritisme #Villeneuve_d_Ascq

  • ITINERAIRES Habitants #Villeneuve #Echirolles

    Selon la méthode des itinéraires du sociologue #Jean-Yves_Petiteau, ce recueil regroupe 15 itinéraires, qui, par leurs #récits, nous emmènent à la rencontre de la Villeneuve Échirolles. À travers les yeux, les paroles et les pas de 15 personnes, se dessine un #territoire de vie.

    https://issuu.com/jenniferbuyck/docs/itineraire_habitants_villeneuve_ech
    #itinéraires #photographie #parcours_commentés #parcours
    ping @reka

  • #Monument à #Antoine_Court à #Villeneuve-de-Berg, en #Ardèche


    #non-violence

    Extrait de sa page wikipedia :

    En 1713, Court rompt avec les Camisards, la violence et le prophétisme et décide en 1715 de restaurer l’ancienne discipline des Églises réformées et leur organisation synodale. En 1715, il organise le premier synode du Désert à Monoblet.

    Antoine Court coopère étroitement avec Pierre Cortex à la réorganisation des Églises réformées, sans violence mais en résistant opiniâtrement aux tentatives du pouvoir d’écraser ce renouveau.

    https://www.google.com/search?q=monument+antoine+court+Villeneuve-de-Berg&client=firefox-b-ab&sourc

  • Atelier populaire d’#urbanisme

    L’Atelier Populaire d’Urbanisme de la Villeneuve est une initiative lancée à l’automne 2012 pour construire une alternative au projet de rénovation urbaine de l’urbaniste Yves Lion et de la ville de Grenoble alors dirigé par M.Destot.

    Ce projet décidé "d’en haut avait suscité beaucoup des oppositions de la part d’habitants qui refusaient la logique qui a mené à la démolition du 50 galerie de l’Arlequin, la construction d’un nouveau parking et le redécoupage du réseau routier. Un collectif contre la démolition, ensuite surnommé Vivre à la Villeneuve a lancé la mobilisation, dénoncé la fausse concertation et a lancé un appel à la ministre du logement pour la remise en cause du projet de rénovation urbaine.

    En 2013, à l’occasion du 40ème anniversaire de la Villeneuve et à l’initiative du collectif interassocati Villeneuve Debout, une multitude d’ateliers ont aboutit à la formulation d’un projet urbain stratégique et démocratique. Ce projet a montré qu’une autre approche de l’urbanisme est possible, issue « d’en bas », basée sur les intérêts des habitants, et qui visent les logiques de pouvoir d’agir des habitants.

    http://www.assoplanning.org

    #association_planning #grenoble #droit_à_la_ville #logement #Villeneuve #droit_au_logement #activisme_urban #urban_matter #villes #méthodes_participatives #savoirs_citoyens #savoirs_pratiques #savoirs_théoriques #community_organizing #advocacy_planning #désorganisation_sociale #empowerment

    Les liens et documents qui suivent dans ce fil de discussion sont tirés d’informations que j’ai entendu dans un cours donné par David Gabriel, co-auteur du livret « Les tours d’en face » (https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01261860/document)

    • #Saul_Alinsky

      Saul David Alinsky, né le 30 janvier 1909 à Chicago et mort le 12 juin 1972 à Carmel (Californie), est un écrivain et sociologue américain, considéré comme le fondateur du groupement d’organisateurs de communauté (community organizing) et le maître à penser de la gauche radicale américaine.


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Saul_Alinsky

      Un livre de Saul Alinsky: «#Rules_for_radicals»
      –-> ici des extraits choisis

    • #Jane_Jacobs

      Jane Jacobs (née Jane Butzner 4 mai 1916 à Scranton, Pennsylvanie - 25 avril 2006 à Toronto) est une auteure, une militante et une philosophe de l’architecture et de l’urbanisme. Ses théories ont sensiblement modifié l’urbanisme nord-américain.

      Jane Jacobs a passé son existence à étudier l’urbanisme. Ses études sont basées sur l’observation : elle commença par observer les villes, reporter ce qu’elle observe, puis créa des théories pour décrire ses observations. Elle a changé le cours de l’urbanisme dans de nombreuses villes nord-américaines, y compris Toronto.

      En 1944, elle épouse Robert Hyde Jacobs, avec qui elle a eu deux fils, James Kedzie (né en 1948) et Edward Decker (né en 1950) et une fille, Mary. En 1968, durant la guerre du Viêt Nam, elle quitte les États-Unis avec ses fils afin de leur éviter le service militaire et trouve refuge au Canada.

      En 1980, elle offre une perspective « urbanistique » sur l’indépendance du Québec dans son livre The Question of Separatism : Quebec and the Struggle over Sovereignty.


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Jane_Jacobs

    • #Personnalisme

      Le personnalisme, ou #personnalisme_communautaire, est un courant d’idées fondé par #Emmanuel_Mounier autour de la revue Esprit et selon le fondateur, recherchant une troisième voie humaniste entre le capitalisme libéral et le marxisme. Le personnalisme « post-mounier » est une philosophie éthique dont la valeur fondamentale est le respect de la personne. Le principe moral fondamental du personnalisme peut se formuler ainsi : « Une action est bonne dans la mesure où elle respecte la personne humaine et contribue à son épanouissement ; dans le cas contraire, elle est mauvaise. »1

      Il a eu une influence importante sur les milieux intellectuels et politiques français des années 1930 aux années 1950. Il a influencé, entre autres, les milieux de l’éducation populaire et plus tard de l’éducation spécialisée2, et les libéraux-chrétiens notamment conservateurs dont Chantal Delsol.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Personnalisme

    • Forum social des quartiers populaires :

      Le #FSQP sera un lieu d’échanges et de confrontations autour des expériences militantes dans les quartiers.
      Pour dépasser les discours abstraits, l’ambition est de déboucher sur des perspectives de luttes communes, tant au niveau national que local, autour des questions suivantes :

      > Apartheid urbain
      La politique de rénovation urbaine brasse des milliards d’euros sans réelle participation des habitant-e-s des quartiers. Quel pouvoir des habitant-e-s pour le futur de leur quartier ?

      > Education au rabais
      L’école joue mal son rôle d’accès au savoir dans nos quartiers. Elle devient un lieu de discrimination, de gardiennage et de sélection programmée vers des voies de garage. Quelle relation entre l’école et le quartier (élèves, parents, etc.) ?

      > Police-Justice
      Les multiples révoltes populaires contre les crimes policiers depuis une trentaine d’années révèlent la gestion policière et judiciaire des banlieues. Trop de jeunes sont destinés au parcours piégé : échec scolaire - police - justice - prison. Comment s’organiser face aux violences policières, une justice de caste et des prisons hors-la-loi ?

      > Engagement politique et social
      Les quartiers ne sont pas des déserts politiques. Il est nécessaire de confronter les différentes formes d’engagement et d’en faire un bilan (les limites du milieu associatif, la participation aux élections, les associations musulmanes, etc.). Vers un mouvement autonome des quartiers populaires ?

      > Chômage et précarité
      Les taux de chômage et de précarité (intérim permanent) atteignent des « records » dans les banlieues. Le fossé entre les syndicats et les cités marque l’abandon des classes populaires par la gauche. Quelles relations entre les quartiers et le mouvement ouvrier ?

      > Les anciens dans la cité
      La question de la vieillesse dans les banlieues n’est pas prise en compte dans les grands plans de solidarité nationaux. Quelles formes de solidarité et de mobilisation pour les anciens ?

      > Histoire et mémoire
      Malgré l’occultation par les institutions et les problèmes de transmission de la mémoire, l’histoire des luttes des quartiers et de l’immigration est riche d’expériences et d’enseignements. Comment transmettre nous-mêmes cette Histoire aux plus jeunes ?

      > Les musulmans entre criminalisation et engagement dans la cité
      Les musulmans subissent un climat islamophobe et des lois d’exception. Comment y faire face ? Quelle implication des organisations musulmanes dans les luttes sociales et politiques des quartiers ?

      > Cultures des quartiers
      Les banlieues sont des lieux de brassage, de solidarités et d’invention culturelle. Comment défendre et mettre en valeur cette richesse ?

      Nous avons décidé que la question des femmes et de leurs luttes sera transversale à l’ensemble des thèmes.


      http://fsqp.free.fr/archives-2007-2012

    • William Foote Whyte

      William Foote Whyte (né le 27 juin 1914 et mort le 16 juillet 2000), était un sociologue américain surtout connu pour son étude ethnologique de sociologie urbaine, Street Corner Society.

      Pionnier de l’#observation_participante, il vécut quatre ans dans une communauté italienne de Boston alors qu’il étudiait par ailleurs à Harvard dans le but d’analyser l’organisation sociale des gangs du North End.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Foote_Whyte

    • Street Corner Society. La structure sociale d’un quartier italo-américain

      Street Corner Society fait partie du petit nombre des classiques de la sociologie mondiale. Mais si la description saisissante que fait William Foote Whyte de la vie d’un quartier italien de Boston dans les années trente a connu un succès durable aux États-Unis, ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit d’un modèle pour les recherches d’ethnologie urbaine. Reconnu bien au-delà des cercles universitaires, Street Corner Society est en effet de ces livres qui font passer un souffle d’air frais dans le territoire austère des sciences sociales.
      À l’écoute des humeurs de la rue, écrit dans une langue exempte de tout jargon et proche de la meilleure prose journalistique, cette fascinante immersion dans la vie d’un quartier, de ses sous-cultures et de ses systèmes d’allégeance a bouleversé les images convenues de la pauvreté urbaine et de l’identité communautaire. Référence majeure pour quiconque affronte les problèmes de l’observation participante en sociologie, Street Corner Society constitue également une lecture délectable pour le profane et un portrait savoureux de la comédie humaine dans sa version italo-américaine.

      http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Street_Corner_Society-9782707152879.html

    • #Edward_Chambers

      Edward Thomas Chambers (April 2, 1930 – April 26, 2015) was the executive director of the Industrial Areas Foundation from 1972 to 2009, a community organizing group founded by Saul Alinsky.[1] Chambers was born in Clarion, Iowa to Thomas Chambers and Hazella Downing.[2] He is credited with developing systematic training of organizers and leaders of congregation-based community organizations, and establishing relational meetings (or “one-on-ones”) as a critical practice of organizers. He is the author of Roots for Radicals: Organizing for Power, Action, and Justice (Continuum International Publishing Group, 2003, ISBN 0-8264-1499-0.[3]). A memorial article in The New Yorker called him “community organizing’s unforgiving hero.” [4] He died of heart failure in Drimoleague, Ireland in 2015.[2]


      https://en.wikipedia.org/wiki/Edward_T._Chambers

      The Power of Relational Action

      In this booklet, Ed Chambers mulls about the building of relationships in public life that allow us to share our values, passions and interests with one another — what he calls “mixing human spirit.” He describes the art of the relational meeting or “one-to-one,” which he helped develop and which is now being used by clergy, leaders and organizers around the United States and in several other countries to build their congregations and community institutions and to take joint action for the common good.

      http://actapublications.com/the-power-of-relational-action

    • La production d’études comme instrument de mobilisation dans le cadre de la campagne pour un « revenu décent londonien » (London Living Wage)

      A recent campaign led by London Citizens - a coalition of churches, mosques, trade unions, schools and other associations - brought on the forefront the issue of low paid workers. The production of studies is the linchpin of this campaign for decent wages. It is more the process of making the studies, linked to the methods of community organizing, rather than the end product itself that has established the opportunity and feasibility of new wages policies. The urban study is here considered as a tool for mobilization. Its authors, its subjects and its addressees are the actors of the London Living Wage campaign.

      7Le travail des employés de London Citizens est basé sur la construction de relations avec les habitants membres des 160 groupes de l’alliance. Dans son contrat de travail, il est stipulé qu’un community organizer doit effectuer une moyenne hebdomadaire de quinze entretiens en face à face (appelés « #one_to_one »). Ces entretiens ne sont ni retranscris ni soumis à une analyse statistique mais ont pour but de construire une relation d’égal à égal avec chacun des membres de l’alliance. Ils permettent aux community organizers d’acquérir une connaissance des problèmes auxquels font face les citoyens de leur alliance. L’organisation a également pour but de former des leaders dans chaque groupe membre. Ces leaders sont encouragés à relayer ce travail de développement de relations au sein de leur institution. Ils sont par exemple invités à organiser des house meetings, des réunions dans leur domicile ou sur leur lieu de travail avec des amis, voisins ou collègues. Les leaders et les employés de London Citizens imaginent alors des idées de campagne en fonction des intérêts des personnes rencontrées. C’est toujours grâce à ces entretiens et réunions qu’ils peuvent ensuite tester ces idées avec d’autres personnes. Ce processus participatif est finalisé lors d’assemblées annuelles où les institutions membres votent, parmi les idées évaluées, les campagnes à mener dans l’année.

      http://journals.openedition.org/geocarrefour/8114?lang=en

    • #Theory_U

      Theory U is a change management method and the title of a book by #Otto_Scharmer.[1] During his doctoral studies at Witten/Herdecke University, Scharmer studied a similar method in classes taught by Friedrich (Fritz) Glasl, and he also interviewed Glasl.[2] Scharmer then took the basic principles of this method and extended it into a theory of learning and management, which he calls Theory U.[1] The principles of Theory U are suggested to help political leaders, civil servants, and managers break through past unproductive patterns of behavior that prevent them from empathizing with their clients’ perspectives and often lock them into ineffective patterns of decision making.[3][4]


      https://en.wikipedia.org/wiki/Theory_U

      La théorie U d’#Otto_Scharmer

      Ces 5 étapes visent à capter de nouveaux modes d’émergence et à rénover l’approche collaborative et la conduite de projet. La théorie U est donc un modèle de conduite du changement fondé sur la conscience de l’urgence pour la mise en place de solutions durables et globales. Les 9 environnements d’apprentisssage qu’il propose constituent une réponse concréte aux questions posées.

      http://4cristol.over-blog.com/article-la-theorie-u-d-otto-scharmer-98615598.html

    • L’ambition démocratique du community organizing

      La mise en place, depuis quelques années, des méthodes de community organizing peut-être envisagée comme une tentative de dépassement des limites du système représentatif. Par un rappel des ressorts de leur développement, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, et par l’observation de leur mise en pratique au sein de l’Alliance citoyenne de l’agglomération grenobloise, cet article s’attache à montrer ce qui fait l’originalité de ces démarches : rapport pragmatique au pouvoir, mobilisation autour des « colères » des habitants, actions collectives centrées sur le conflit. Un regard sur l’objectif de prise d’autonomie des habitants, formulé par les fondateurs de l’alliance, permet d’inclure une analyse de la structure et des méthodes du community organizing sous l’angle des processus d’émancipation qu’elles sont susceptibles de favoriser.

      https://www.cairn.info/revue-mouvements-2015-3-p-168.htm

  • #Villeneuve-la-Garenne : un jeune visé par des tirs de #Police porte plainte
    https://www.mediapart.fr/journal/france/080218/villeneuve-la-garenne-un-jeune-vise-par-des-tirs-de-police-porte-plainte

    Le 26 janvier, un policier a tiré à dix reprises sur le véhicule de Boubakar, qui tentait de s’en aller après avoir été impliqué, en tant que passager, dans une course-poursuite. Le jeune homme affirme avoir été pris de panique devant l’attitude du policier. Ce dernier l’accuse d’avoir voulu foncer sur lui, mais une vidéo met à mal ces accusations. L’avocat de Boubakar a déposé une plainte pour tentative de meurtre.

    #France #légitime_défense

  • #Grenoble : Nouvelle permanence du DAL38 à la #Villeneuve
    https://fr.squat.net/2018/01/28/grenoble-nouvelle-permanence-du-dal38-a-la-villeneuve

    Nous vivons depuis des années des situations graves liées au logement (menaces d’expulsions, demandes de mutation ou d’attribution bloquées, insalubrité, loyers et charges trop chers, sans-abris…). Depuis de nombreuses années, nous nous battons pour que nos droits soient respectés et en obtenir de nouveaux. grâce à ces luttes collectives, nous avons déjà enregistré quelques victoires. […]

    #galerie_de_l'Arlequin

  • Décès de #Jean-François_Parent, urbaniste concepteur de #La_Villeneuve

    Jean-François Parent, concepteur du quartier de la Villeneuve, est décédé à l’âge de 87 ans. L’urbaniste a également participé à la création de l’Institut d’urbanisme de Grenoble et compte parmi les premières figures du mouvement #Go_Citoyenneté, sous la bannière duquel il a été conseiller municipal de Grenoble et président de l’#Opale.

    https://www.placegrenet.fr/2017/12/04/deces-de-jean-francois-parent-urbaniste-concepteur-de-villeneuve/165112
    #urbanisme #Grenoble #urban_matter #Villeneuve

  • Un stade de foot. Coûte que coûte La Brique - AF - 6 Avril 2017

    Le grand stade de Lille résonne plus des plaintes pour faux, usages de faux et favoritisme que des cris des supporters du LOSC. Quand les élu.es et les grands patrons du BTP chuchotent, parfois des échos reviennent. Corruption, dites-vous ?

    En 2004, le stade Grimonprez-Jooris dans le Vieux-Lille ne correspond plus aux nouvelles exigences de l’UEFA pour que le LOSC devienne une équipe de foot rentable. Pour les édiles, il suffit de le reconstruire pour accueillir 50 000 supporters et l’immense parking qui va avec. Mais dans le seul parc de la ville et à proximité du monument classé de la citadelle, une association d’habitant.es fait en sorte que cette idée absurde soit abandonnée. Pierre Mauroy, président de la communauté urbaine, choisit donc un autre lieu : le site de la Haute Borne situé entre Villeneuve d’Ascq et Lezennes. La communauté urbaine, ne pouvant financer les quelque 350 millions d’euros nécessaires, met trois entreprises de BTP en concurrence : Vinci, Eiffage et Norpac-Bouygues pour un partenariat public-privé.
     


    Petits arrangements entre ami.es
    Le 23 janvier 2008, après des mois de concertation, vient l’ultime réunion préparatoire au vote en comité restreint à la communauté urbaine, alors LMCU1. Michelle Demessine2 (PCF) intervient en tant que présidente de la commission chargée du suivi et de l’évaluation du grand stade. Elle livre le dossier d’études des experts qui conclut que la proposition de Norpac-Bouygues a le meilleur rapport qualité-prix. Un système de notation complexe et 75 pages d’analyse le prouvent. Stéphane Coudert, directeur du projet grand stade, l’appuie sur ce point. Pierre Mauroy acquiesce, tout est enfin bouclé et, les élections approchant, il va pouvoir prendre sa retraite sur ce grand projet.
    Intervient alors le vice-président Henri Ségard, le perdant à la présidence de la communauté en 2001. Il se livre à un véritable travail de lobbyiste pour Eiffage, pourtant plus cher de 108 M€ et classé second choix. Mauroy est déstabilisé et s’inquiète : pourquoi remettre en question l’expertise, à une semaine du vote ? Marc-Philippe Daubresse (UDF) approuve l’argumentaire et Martine Aubry (PS) est soudainement du même avis. Henri Ségard, chef du groupe des 50 petites communes, aurait-il fait quelques promesses en vue des prochaines élections de la communauté urbaine ? Et qu’a Ségard à y gagner ? Comment faire voter pour le projet Eiffage alors que le rapport d’expertise dit le contraire ? Dans ce retournement de situation, le directeur général des services, Bernard Guillemot, propose de modifier le rapport de 75 pages : « Il faut vite travailler ensemble pour produire le rapport correspondant à votre analyse et qui viendra en appui de la délibération. » En gros, il faut bidouiller les notations et aller à l’encontre du code général des collectivités territoriales. Sinon, « dès la semaine prochaine, il est probable que nous aurons quelques recours ».
    Une semaine plus tard, le 1er février, Pierre Mauroy administre son dernier conseil à la communauté urbaine. Les élu.es suivent les consignes de leur groupe respectif et votent à 82 % pour Eiffage à 440 millions d’euros contre le projet à 310 M€ de Norpac-Bouygues. Personne ne s’étonne. Avril 2008, Pierre Mauroy part à la retraite et Martine Aubry ravit à Marc-Philippe Daubresse le poste de présidente de LMCU. Et ce, notamment grâce au vote du groupe de Ségard.

    Lettres anonymes et dénonciations

    . . . . . . La suite : http://labrique.net/index.php/thematiques/politicaille/888-un-stade-de-foot-coute-que-coute

    #Lille #La_Brique #stade #Losc #Michelle_Demessine #Pierre_Mauroy #Norpac #Bouygue #Henri_Ségard #Lille #MEL #Villeneuve_d_Ascq #barons #baronnes