• Réforme des retraites : à Rennes, un manifestant dit avoir perdu un testicule après un tir de LBD ; une enquête ouverte
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/06/reforme-des-retraites-a-rennes-un-manifestant-dit-avoir-perdu-un-testicule-a

    L’homme, habitant à Laval et en formation de chaudronnier soudeur, était toujours en convalescence au CHU de Rennes jeudi. « J’ai été hospitalisé du 23 au 26 mars et là, je suis de retour à l’hôpital depuis le 2 avril. J’ai une ablation d’un testicule, les médecins ont essayé de le sauver le 23 mars, le jour de ma première opération, et en fait ça s’est infecté derrière et il a fallu amputer », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse, confirmant une information du journal Ouest-France.

    #police #violences_d'État #manifestation

  • La ligne de défense de la violence d’État est-elle en train de tomber ?

    D’un côté on a désormais le flic qui se défend en affirmant qu’il a « reçu l’ordre très clair » : on ne fait pas de prisonniers.
    https://www.20minutes.fr/amp/a/4047859

    « Mon client n’a fait que son devoir », insiste l’avocat de l’accusé, Me Pierre Gassend. « Il a reçu l’ordre très clair de ne pas faire d’interpellation et surtout rétablir l’ordre par tous les moyens »

    Et désormais le gouvernement qui décide d’ouvertement dénoncer « les actes d’un homme, d’un policier » (pour mieux défendre l’« institution » – et l’« institution », c’est le gouvernement, puisque la police est une institution contrôlée directement par l’exécutif), envisageant déjà explicitement qu’« un policier serait reconnu coupable… » :
    https://twitter.com/franceinfo/status/1687354484081545216
    https://video.twimg.com/amplify_video/1687354326405050369/vid/1280x720/t5fBr-0Z8T2IuVd-.mp4

    On dirait deux accusés qui se balancent l’un l’autre.

    Je serais curieux de savoir si cette histoire d’« ordre très clair » va prendre de l’ampleur, si les collègues témoigneront qu’eux aussi on leur a donné cet ordre très clair (quand ils ne seront plus malades), si c’est juste un mensonge qui remplace le mensonge précédent, ou si ça pourrait un peu intéresser les journalistes et les juges.

    (Perso je n’ai aucun espoir que les journalistes et les juges creusent réellement cette histoire d’« ordre très clair ». L’aspect « systémique » des violences policières se limitera toujours à des dérapages individuels à la sauce fait divers, au mieux on s’indignera du manque de condamnations de la part du gouvernement.)

  • « Le contrôle d’identité au faciès est un problème systémique, structurel, institutionnel »

    Dans un entretien au « Monde », l’avocat Slim Ben Achour estime que les contrôles d’identité constituent la « porte d’entrée » des violences policières. Alors qu’il a obtenu plusieurs décisions sur le sujet, en particulier devant la Cour de cassation, il explique pourquoi le droit, et singulièrement la procédure civile, est la clé du succès.

    Près de 14 millions de contrôles d’identité ont lieu chaque année, a indiqué l’Assemblée nationale, le 29 juin 2016, et un jeune Noir ou Arabe a vingt fois plus de risques d’être contrôlé par la police, selon une étude du Défenseur des droits datant de 2017. Les émeutes urbaines sont toutes nées après un contrôle d’identité, et la loi laisse une très grande latitude aux policiers. L’avocat Slim Ben Achour a fait condamner l’Etat à plusieurs reprises pour « faute lourde » et explique au Monde comment il lutte contre ces « contrôles au faciès ».

    Comment en êtes-vous arrivé à batailler contre les contrôles d’identité ?

    En 2005, quand des gamins se révoltaient après la mort de Zyed et Bouna, électrocutés alors qu’ils cherchaient à échapper à un contrôle de police, je me suis dit que j’allais y consacrer une partie de mon temps. C’était un peu un choc pour moi, j’avais fait des études aux Etats-Unis et j’avais touché du doigt l’énorme faiblesse de la compréhension des textes de non-discrimination en France.

    Or, les protocoles utilisés aux Etats-Unis contre les discriminations faites aux Afro-Américains ont été utilisés à Paris par le CNRS : deux sociologues, bons connaisseurs de la police, Fabien Jobard et René Lévy, ont publié une enquête, en 2009, qui portait sur 37 833 personnes. Et il s’est avéré que gare du Nord, par exemple, les Noirs ont 5,6 fois plus de risques d’être contrôlés que les Blancs ; les Maghrébins 5,5 fois. Pour la première fois, le contrôle au faciès était objectivé scientifiquement.

    Des associations de quartier et l’Open Society Justice Initiative sont alors venus me voir, moi qui fais surtout du droit du travail, et, avec Félix de Belloy, un remarquable pénaliste, nous avons monté les premiers dossiers, après un tour de France des quartiers où s’étaient multipliés les contrôles. Le contrôle d’identité est souvent l’interaction qui engendre la violence, les contrôles d’identité ne sont pas perçus comme des violences policières, mais c’en est au moins la porte d’entrée. C’est un rituel d’humiliation, de soumission.

    Pourquoi avoir choisi des procédures civiles ?

    Le pénal est très compliqué, il faut des preuves absolues, difficiles à réunir. A supposer que vous gagniez contre des policiers – ce qui semble impossible en l’état de notre procédure –, le ministre de l’intérieur, quelle que soit sa couleur, dit : « Merci, vous avez identifié les pommes pourries », mais le système n’est en rien remis en cause. Nous sommes donc partis sur des procédures civiles, seules susceptibles d’engager la responsabilité de l’Etat.

    La suite est réservée aux abonnés.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/01/police-le-controle-d-identite-au-facies-est-un-probleme-systemique-structure

    • Le pénal est très compliqué, il faut des preuves absolues, difficiles à réunir. A supposer que vous gagniez contre des policiers – ce qui semble impossible en l’état de notre procédure –, le ministre de l’intérieur, quelle que soit sa couleur, dit : « Merci, vous avez identifié les pommes pourries », mais le système n’est en rien remis en cause. Nous sommes donc partis sur des procédures civiles, seules susceptibles d’engager la responsabilité de l’Etat. Nous sommes donc partis sur des procédures civiles, seules susceptibles d’engager la responsabilité de l’Etat. (...)

      Que dit la loi ?

      La loi du 27 mai 2008 dit deux choses. Elle admet un « aménagement de la charge de la preuve » : il s’agit d’établir une présomption, pas une preuve, de discrimination. C’est le but des attestations de témoin. On joint au dossier les statistiques de sociologues, il y en a eu vraiment beaucoup : outre l’étude de Jobard et Lévy, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne en a produit une en 2010, Human Rights Watch en 2012, l’institut de sondage OpinionWay en 2014, et surtout le Défenseur des droits en 2017.

      C’est ensuite à l’Etat d’apporter la preuve qu’il ne s’agit pas de discrimination, qu’il y a une raison réelle à ces contrôles. Or, l’Etat ne cherche même pas à se justifier, les trois quarts du temps, la hiérarchie ne sait même pas qui sont les policiers ayant fait le contrôle. (...)

      Il s’agit d’imposer une réforme dont les policiers ne veulent pas, c’est-à-dire des #récépissés après chaque contrôle, une traçabilité de ces contrôles sous la surveillance d’une autorité indépendante, une réforme de l’#IGPN, la formation des policiers…

      https://justpaste.it/4qhck

      edit idem pour diverses violences policières, il peut y avoir avantage à saisir le TA car le pénal de donne rien (cf. diverses victoires partielles, indemnisation et non pas condamnation de flics suite à des éborgnements par LBD) poke @ant1

      #police #État
      #contrôles_d'identité :
      – Jobard : https://seenthis.net/messages/1008999#message1009082
      – Blanchard : https://justpaste.it/cj369

      #violences_policières #violences_d'État #racisme #présomption_de_discrimination #droit_civil #droit_pénal #défense_militante

  • Déboîter le corps social

    Dominer c’est martyriser, tailler, couper dans la chair et les graisses depuis toujours. Mais pour percevoir l’inventivité clinique de l’appareil d’État macronien, il faut se rendre sur le boulevard pour comprendre comment se déploie en ce moment sur des populations entières un art médical instruit des derniers progrès d’une chirurgie orthopédique des âmes. Ce savoir anatomique concerne tous les membres du corps social : avec ses os, tendons, jointures, articulations, et surtout... ses nerfs. Le projet de Macron c’est de déboîter tout un peuple. Écraser « ceux qui ne sont rien », "emmerder jusqu’au bout" la France entière et se venger des Gilet Jaunes sont maintenant les uniques obsessions du tyran loin de toute préoccupation d’ordre politique. À revers de ce supplice raffiné, l’implication des corps disloqués fait la solidarité des chairs impatientes. Emmerdons l’emmerdeur... jusqu’au bout.

    GREY BLOC

    La manifestation précédant celle du samedi 11 mars avait été un magnifique feu d’artifice sur l’avenue Daumesnil avec ses guirlandes de poubelles incendiées pour fêter la grève des éboueurs. C’est pour cela que pour la manifestation suivante, celle du mercredi 15 mars, le plus tout à fait nouveau préfet de police Laurent Nuñez avait fait annoncer par son grand ami, le directeur du très droitard Le Parisien, la présence de 1400 « casseurs » pour une occasion inespérée de venger l’affront.

    Et l’on allait voir ce qu’on allait voir, parce que Laurent Nuñez est au maintien de l’ordre ce que Chanel est à la haute-couture française : une exigence de raffinement jamais démentie. Laurent Nuñez, ce n’est pas ce rustre de Lallemant, ce kéké de sous-préfecture qui se prend pour Goebbels quand il chevauche sa Harley. Laurent Nuñez c’est la manière espagnole, à l’opposé d’une brutalité trop manifestement germanique (énorme bourde au pays de l’Occupation).

    Laurent Nuñez, c’est le doigté du flamenco, l’esprit de finesse du jésuite Baltasar Gracián allié à la rouerie du courtisan du siècle d’or. Nuñez-le débonnaire, à la bedaine stoïque de Sancho Panza est là pour faire oublier le futur projet d’« immigration-remigration » du triste sieur Darmanin. Avez-vous remarqué qu’invité au bal, l’ingénieux hidalgo de Tourcoing aiguise en ce moment sa petite moustache franquiste ? Conduite par ce triste attelage, la manifestation du 15 mars fit symptôme en terme d’exotisme et du point de vue de l’art des castagnettes.

    Arrivé sur place : « Surprise, surprise ! ». Les 1400 « casseurs » annoncés en Guests Stars du Parisien ne font pas cortège de tête. Que se passe-t-il ? La réalité c’est qu’à la place du Black Bloc, un immense GREY Bloc, cortège aux tempes grisonnantes, a remplacé la matière noire en tête de manif. Quel est ce prodige ? De pauvres cassos auraient-ils remplacé les authentiques « casseurs » ?

    Tout cette chair sent la douleur : l’épaule fatiguée côtoie les lombaires usées, la jambe qui flagelle négocie avec l’épicondylite du coude. Les doigts craquellent aux jointures non loin des poignets engourdis. L’arthrite du genou s’enflamme.

    Le Grey Bloc c’est un système de vases communicants : des milliers de gens en ont marre de la foire du Trône et des flonflon de l’arrière, ils sont venus chercher autre chose à l’avant, histoire de refaire corps ensemble quand la carcasse flanche. On avait promis de bloquer le pays, mais sans jamais appeler à la grève générale c’est peut-être ce qui rassembla ces corps cassés pour refaire solidarité.

    Pour la préfecture c’est une tuile, les invités VIP ne sont pas venus à la fête. Qu’allait on faire des pétards, des cotillons, des pandores frisés, lustrés, enrubannés, tout costumés pour la parade ? La maréchaussée arrive très excitée par la promesse d’une vengeance-spectacle. L’effroyable et vivante mêlée qui la nargue depuis des années doit mériter le Waterloo de ce jour. Mais là, que faire avec cette bande de bras cassés, cour des miracles en goguette qui traîne ses jointures usées sur le boulevard ?
    Port Royal, Port Royal, morne plaine

    Il est un fait que c’est en cet endroit funeste que le buffet a été servi, tout proche de l’entrée des urgences de l’hôpital Cochin, là où le boulevard du Port-Royal s’élargit. Les urgences de Cochin c’est le mur des fédérés de la Génération 2018, avec ses quatre-vingts Gilets Jaunes admis aux urgences chaque soir de manifestation.

    Mais ce jour ci, point de Black Bloc ni de Gilets d’or. La plus haute technologie policière a donc été convoquée pour rien. Fiasco. La maréchaussée trépigne. Rage, rage, pleurs de rage. Port Royal, Port Royal, morne plaine.

    Que faire ? Où trouver « casseur » à casser ? Impossible de battre retraite sans avoir déboîté du Black Bloc. Dans la tête du préfet c’est la danse mauresque l’obsession des « casseurs » tourne et retourne à toute vitesse. On avait bien précisé qu’à seize heures tapantes, c’était l’heure du goûter gendarmesque. C’est pourquoi, lui d’habitude si stoïque, si modéré, si distingué, si Todo su control, le voilà devenu Don Quichotte hallucinant des moulins à vents. Autant de bras battant des ailes dans sa cervelle en tourmente.

    C’est pourquoi à cette heure funeste le pauvre Grey Bloc fut pris à partie. Sur ordre du préfet, la maréchaussée se jette sur les crinières poivre et sel en une immense clameur : « -Faute de grive mangeons du merle ! ». Sous l’effet d’une gigantesque tenaille très clairement préméditée, des centaines de boucliers fondent sur une foule de paisibles préretraités. Innocentes victimes que l’idée de fuir ne traverse même pas.

    Est-ce par effet d’une fascination pour l’objet de leur perpétuel désir que les pandores chargent le retraité en essaim, façon Black Bloc ? Mais là où le Bloc charge en essaim c’est pour taper quelque banque - comme pique une abeille pour rappeler qu’elle existe - ; alors qu’ici, c’est l’attaque des frelons asiatiques, espèces invasives venues d’ailleurs, hordes qui ne connaissent d’autre loi que la leur.

    En un immense bourdonnement toute une colonie de frelons se précipite sur moi sans raison. Ils sont plus d’une centaine, la masse compacte et affamée se jette sur moi. Arthrose, arthrite, seul au milieu du boulevard, vont-il voir que je boîte ? Quand il s’approche, l’insecte aveugle est guidé par l’odeur du sang, seuls le guide les aboiements de sa hiérarchie. Les uniformes-carapaces font méga-thorax, mais derrière les hublots, je vois leur yeux-lucarnes comme dans un bocal. À moins qu’il ne porte talonnettes, l’insecte me dépasse d’une bonne toise. C’est lorsque je me retourne que le plat d’un bouclier s’abat lâchement sur l’épaule. Plat contre omoplate, l’effet de masse des corps blindés, caparaçonnés, soudés est tel que l’onde de choc destructrice se propage à toute vitesse dans mes organes. Omoplate, humérus et clavicule divorcent. Ma ceinture scapulaire ne tient plus mon corps Impression d’être fauché par une voiture sur le boulevard.

    Sensation de démembrement étrange.

    Ensuite, sensation de vol, puis effroyable choc : l’asphalte du sol me retombe lourdement sur le dos. Des médics m’entourent. L’intensité de la douleur me submerge. Je perds connaissance. Mes deux bras ne peuvent plus bouger, me voilà devenu pingouin. Je rampe jusqu’aux urgences sur le boulevard-banquise. Je cherche le « Service des fauchés sur le pavé ». Quelle est la nouvelle méthode du gouvernement Macron ? Planquer les blessés dans les statistiques des piétons écrasés ? J’y pense très fort tellement cela ressemble à un accident de la circulation.

    Je suis maintenant sur un lit, dans une chambre d’isolement. On me demande si je fume. La chicha me réconfortera m’assure-t-on. Un aide-soignant me tend une pipe. Je peux lire : « Penthrox ». Selon le dictionnaire Vidal :

    « Un nouvel antalgique non opioïde indiqué dans le soulagement d’urgence des douleurs sévères associées à un traumatisme chez des patients adultes conscients. Son utilisation est limitée à un usage professionnel, notamment au sein des services d’accueil des urgences, SAMU et SMUR. »

    Face aux violences d’État, les labos ont travaillé, tout est prévu. Ils font circuler dans les services un médicament qu’on utilisait dans les années 2000 en maternité. C’est devenu la chicha du manifestant, le produit phare du moment. Ce shoot à l’avantage de permettre une réduction de n’importe quelle fracture à chaud sans anesthésie.

    Caressante extase, au gré des fumées grises, une nuit sans rêve me submerge comme un brouillard.
    Balistique des corps

    La nuit donne à penser. À la réflexion, cent corps soudés comme de lourds wagons d’un convoi de marchandises visent un transfert de masse maximale (on n’arrête pas facilement un train). Toute cette pantomime n’était pas faite de gestes gesticulés, hasardeux. C’est de toute évidence une technique, précise, méditée, longuement répétée : martyriser est un métier. Le cohérence du dispositif vise à maximiser l’onde de choc pour faire le plus de dégâts possibles en interne.

    Le calcul balistique est simple : on charge à deux-cent sur un piéton-cible afin créer une onde de choc maximale. L’impact cause un choc piéton identique au capot d’une voiture lancée sur un corps humain à pleine vitesse. À cette différence près que le bouclier pare-buffles des condés démultiplie la force du coup porté en percussion frontale.

    Pour une course à une vitesse entre 10 et 15 km/h, avec un tel transfert de masse, les blessures graves sont inévitables. Les plus fréquentes sont des contusions, des déboîtements, des fractures de l’omoplate, de l’épaule et du bras, sans compter de multiples lésions invisibles en interne. S’ajoute la probabilité d’un traumatisme crânien en réception dorsale.

    Tout cela sent le bloc opératoire. Des médecins ont-il appris aux forces de l’ordre la manière d’opérer ? C’est donc cela le secret du docteur Nuñez, ce chirurgien orthopédique boulevardier ? On crée à grande échelle des traumatismes qui ressemblent à des accidents de la route, mais sans ouvrir les chairs ni faire couler le sang, et sans barbaque sur la chaussée. Voilà la trouvaille !

    C’est ainsi qu’on réchauffe d’anciennes recettes tout en faisant une mise à jour de l’appareil technique des violences d’État. D’un côté on retourne aux classiques : le coup de bottin de commissariat ce sont les films policiers des années cinquante, ils ne laissent aucune trace sur la victime. De l’autre on industrialise la besogne sur des foules entières en recrutant des milliers d’exécutants pour rendre le geste efficace à grande échelle.

    Le sang qui coule, le steak haché qui s’exhibe sur les écrans au vingt heures pendant le repas du soir, cela fait toujours mauvais genre à l’international, surtout devant les expert de l’ONU. Après ça, comment vendre le « pays des droits de l’homme », cette plus value des sacs de marque qu’achètent les touristes chinois ? C’est la raison pour laquelle, plutôt que de faire un exemple spectaculaire, mille contusions invisibles propagent une onde de choc beaucoup plus large sur les populations, ce qui permet aussi d’occuper les légions de gendarmes que ce gouvernement a embauché depuis les Gilets Jaunes.

    La nouvelle tactique c’est le coup de Bottin collectif informé des derniers progrès de la chirurgie orthopédique. Flash ball ou Tonfa, les armes utilisées contre les Gilets jaunes produisaient des blessures individualisantes et fabriquaient autant de martyrs identifiables dont tout le monde sait les noms. Ici, la peine est collective, la nouvelle arme de guerre c’est la collision sur le boulevard. Percutez tant que vous pouvez, il en restera toujours quelque chose.
    Fractures sociales (Châtiments sans peine)

    Comme un coup de crosse, la tonfa du temps des Gilets Jaunes ouvre le crâne des sourcils à la nuque, c’est une technique de guerre à part entière. Il s’agit d’inonder de son sang un adversaire afin de l’immobiliser dans son élan, ce qui démoralise simultanément ses camarades. L’objectif c’est l’écœurement : pendant l’hiver 2018, combien de médics ont vomi dans les douches les soirs de manifestations ?

    Ici rien de tel. Les « contusions », dans le milieu médical tout le monde sait ce que cela veut dire : rien de précis . Quand il s’agit de déboîter les membres, de contusionner des corps, de traumatiser en interne sans faire couler le sang ni ouvrir les chairs, l’agression doit être invisible à la caméra et ne laisser aucune trace sur les réseaux. Mais ce n’est pas le seul avantage de cette technique. Les chocs frontaux opérés à coup de boucliers permettent d’établir un catalogue raisonné de châtiments corporels infligés directement sur la victime. Le choix des victimes a lieu au juger, c’est à dire sans jugement.

    Pour preuve de la banalisation de ces pratiques, un policier propose sur une vidéo récente, face à la caméra, de casser le bras d’un manifestant qui ne facilite pas son arrestation.

    On est là largement en dehors du droit puisque c’est la police qui se fait juge d’une peine immédiate. Aucun tribunal d’aucun État de droit, aucune société dite « civilisée » ne peut prescrire ce genre de peine.

    Petit catalogue des châtiments :

    -- La moindre « contusion » c’est entre une et deux semaines de soins, cela peut aller jusqu’à six mois.
    -- Une clavicule cassée c’est 6 semaines d’immobilisation.
    -- Un humérus fracturé c’est 6 semaines d’immobilisation et deux mois de convalescence.
    -- Une omoplate cassée, c’est 6 à 9 semaines de soins.
    -- Une épaule cassée c’est deux ans de soins.
    -- Une atteinte de la coiffe des rotateurs c’est la condamnation à perpétuité.
    (L’atteinte est répertoriée comme invalidité de guerre sur les sites d’anciens combattants).

    L’objectif c’est la « rééducation ». Les frais de rééducation nécessitent plusieurs semaines, voire des mois de réadaptation, cela donne le temps de réfléchir. Les ostéopathes ne sont pas remboursés, tout cela se fera donc aux frais des victimes, c’est une nouvelle peine d’amende à part entière. La méthode est simple, discrète, efficace et permet d’appliquer directement peines et châtiments sans passer par d’interminables procédures ou juridictions complexes.

    À cela s ’ajoute que les services d’urgence, qui n’ont pas de temps à perdre, vous déclarent en bonne santé aussitôt passé le cap de la radio (qui ne voit que les fractures). Sans perte de connaissance, les blessés sont directement renvoyés chez eux, sans IRM, échographie ni Scanner. Pour ce qui est des lésions plus graves, il est demandé une « réévaluation par le médecin traitant si persistance des douleurs ». Là vous passez en appel et la plupart du temps c’est sans réduction de peine, mais plutôt pour un allongement de la durée de la sanction. Et là je ne parle pas des souffrances psychiques, des gens qui suite au choc de l’agression, tétanisés par la peur, voient leur existence bouleversée par les cauchemars ou la paranoïa.

    Quand la douleur est machinique, la sanction est automatique. Le but est de produire de manière invisible et immédiate une immobilisation de toute opposition. Pourquoi s’emmerder plus longtemps avec de la paperasse et des juges ? Pourquoi prendre la peine de fignoler un dossier de convocation judiciaire :

    « Le dénommé X est accusé d’avoir le 12/04 à Paris (XVI ème arrondissement), en tout cas sur le territoire national et depuis temps n’emportant pas prescription, seul et sans arme, opposé une résistance violente en portant des coups de pieds alors qu’il était au sol pour ne pas de laisser interpeller, causant notamment une fracture de la main chez l’un des agents interpellateurs X et Y (ITT 30 jours) dépositaire de l’autorité »

    Qui lit encore cela ? Au diable la paperasse ! La police c’est la justice, la justice c’est la police, pourquoi séparer les pouvoirs ? C’est là la simple logique des fusions-acquisitions : deux entreprises fusionnent pour regrouper deux entités commerciales et maximiser leurs gains. La politique de « Contusion-Confusion » c’est gagnant-gagnant pour tous les partenaires. C’est ainsi que l’État se transforme en auto-entreprise et en État policier.

    Le problème c’est qu’à aucun moment l’on ne se demande si de fil en aiguille, on n’en vient pas à créer une machine monstrueuse, vaste logiciel de gestion des corps menés à l’abattoir par un appareil d’État à la dérive. Quand à l’exhibition systématique de la troupe, piétinant la foule comme on marche sur Rome, c’est clairement la marque des régimes fascistes
    Le supplice de Damiens 2.0

    À l’époque où des Gilets Jaunes hagards erraient pendant plusieurs heures sur le boulevard, à la recherche d’un service d’urgences, leur œil dans une main, un sac dans l’autre, cela a marqué les esprits. Quand un œil éclatait et que cela faisait le bruit d’un œuf qu’on écrase, cela ne s’oublie pas. Quand on vise l’os malaire d’un visage et que la mâchoire s’enfonce, non seulement le choc post-traumatique est inévitable mais c’est la boucherie. Le problème c’est que cela donne une mauvaise image du « pays des Lumières », et de son despote éclairé.

    Si l’on se rappelle les gilets jaunes. À partir de l’acte III, Macron a dit à sa police « -Faites ce que vous voulez ». Ils se sont exécutés, et mécaniquement ces gens ont fait ce qu’ils ont voulu. Que voulez-vous qu’il se passe quand on distribue des viseurs holographiques à de jeunes chiens fous tout en sanctionnant disciplinairement ceux qui ne veulent pas aller au ball-trap ?

    Je rappelle pour ceux qui ne sont pas informés qu’un viseur holographique EOTech permet de tirer sur une cible en mouvement sans obligation de parallaxe. Ce viseur a été inventé pour l’invasion de l’Irak en 1990. Ce viseur a été ensuite monté sur des fusils LBD et utilisé systématiquement par les forces de l’ordre pendant l’hiver 2018. Celui-ci est livré en option, « afin discriminer les parties du corps à impacter » explique pudiquement le fabricant. Un simple point rouge permet effectivement d’ajuster le tir sur n’importe quel orbite de manière très précise. Inutile d’aligner laborieusement une mire et le guidon d’une arme. Avec ce confort de tir, à vingt mètres, n’importe qui se prend pour un tireur d’élite. Et comme c’est valorisant de faire partie de l’ « élite », certains ont osé parler de « bavures » à l’époque des Gilets Jaunes. Ce qui a fait ricaner certains dans les comicos.

    Les Gilets jaunes c’est le retour au Moyen-âge. Ce qui compte dans la justice médiévale, ainsi que l’indique l’évangile de Luc, c’est : « Malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! Mieux vaut qu’on lui attache une grosse meule autour du cou et qu’on le jette dans la mer » » (Lc, 17,1-2). Ceci signifie que du point de vue du droit canonique, peu importe que le curé de Montaillou, -village Occitan- soit pédophile, violeur, adultère ou le dernier des meurtriers, tout cela relève finalement du for interne, c’est à dire de la conscience personnelle du point de vue des pratiques de confessionnal. Du point de vue de la vulgate canonique, ce qui compte avant tout, c’est de vénérer publiquement la très Sainte Trinité.

    Le pêcheur public c’est celui qui est susceptible de contaminer une communauté toute entière. Il donne le mauvais exemple et abîme la récolte comme une pomme pourrie contamine tout un panier. Dès que le scandale devient public, il faut donc l’éradiquer. C’est la raison pour laquelle, dans l’Ancien Régime, en régime de contamination virale, le scandale comme la justice sont affaire de spectacle. Quand on jette le présumé coupable à l’eau, une grosse pierre attachée au cou comme le propose l’évangéliste Luc, la justice c’est l’inverse du baptême. Le baptême intègre dans la communauté, la grosse pierre participe à un rite d’exclusion, d’excommunication, de désintégration puisqu’il faut savoir qu’à l’origine le baptême n’est pas un sacrement mais une épreuve de justice ordalique.

    Un exemple de cette justice-spectacle de l’Ancien-Régime c’est le supplice très célèbre de Robert François Damiens, condamné pour « parricide commis sur la personne du Roi Louis XV ». Il est racontée dans l’Histoire de Robert François Damiens, contenant les particularités de son parricide et de son supplice (1757) :

    « On amena dans l’enceinte quatre chevaux jeunes et vigoureux qui avaient été achetés la veille quatre cent trente-deux livres […] ils avaient obtenu la permission de dépecer le condamné. Voici comment ils s’y prirent. Les chevaux furent encore excités et lancés. Alors, quand les membres de Damiens furent tendus à point, les deux bourreaux coupèrent les nerfs aux jointures des cuisses. Cela ne se fit pas sans peine. Le sang jaillit en abondance. « Oh ! hurla Damiens ; ayez-pitié de moi, Seigneur ! Jésus, secourez-moi ! » Les couteaux fouillaient sa chair, ne s’arrêtant que devant les os. « Voyons maintenant », dit le bourreau. Les chevaux tirèrent. Cette fois une cuisse se détacha, la cuisse gauche. […] Damiens regarda encore cette douloureuse séparation , Il n’y avait plus de résistance de sa part. Après de nouvelles secousses des chevaux, l’autre cuisse partit. Restaient les bras. Les deux bourreaux recommencèrent le jeu de leurs couteaux à l’endroit des épaules et aux aisselles. On aurait dit deux bouchers travaillant dans la même viande. La cruauté a son ivresse, et ils étaient arrivés à cette ivresse-là. Ils n’épargnaient aucun nerf, aucun tendon. « Grâce ! grâce ! » criait toujours Damiens. Le bras droit tomba. Damiens ne perdit pas encore connaissance. « Ses cris continuaient, mais avec moins de bruit,et la tête continuait à aller. » Enfin, les chevaux emportèrent le dernier bras. Il n’y eut plus sur la table basse qu’un tronc qui vivait encore et une tête dont les cheveux venaient de blanchir tout à coup. Il vivait ! Pendant qu’on détachait les chevaux et qu’on ramassait ses quatre membres, les confesseurs se précipitèrent vers lui. Mais Henri Samson les arrêta en leur disant que Damiens venait de rendre le dernier soupir. La vérité est que je voyais encore l’estomac agité et la mâchoire inférieure aller et venir comme s’il parlait. Ce tronc respirait ! Ses yeux se tournèrent encore vers eux. On ne dit pas si la foule battit des mains une seconde fois.Ce qu’il y a de certain, c’est que, pendant une heure et demie que dura ce supplice, personne ne songea à quitter sa place, ni aux fenêtres ni sur le pavé. Un bûcher avait été préparé à quelque distance de l’échafaud, avec des fagots et de la paille. On y jeta d’abord les quatre membres du supplicié, et ensuite le tronc. Les débris palpitants furent recouverts d’autres fagots. On mit le feu au tout ! »

    On voit bien dans ce récit qu’il s’agit de démembrer quelqu’un pour lui arracher une malédiction qui déborde le corps social. Un individu est extrait de la société pour purifier le corps social tout entier, de la même manière qu’on pratique une saignée pour épurer le flux sanguin d’un malade dans le théâtre de Molière. Mais l’efficace du rituel n’est rendu possible qu’à la condition que ce démembrement ait lieu aux yeux de tous. La guérison du grand corps malade ne s’opère que par transsubstantiation [1]

    [1] En théologie dogmatique catholique, la...
    du sang versé dans un rituel qui implique toute la communauté. C’est pourquoi la justice médiévale est un spectacle, le rituel ne fonctionne pas s’il n’est pas accompli aux yeux de tous. Rappelons que les gens allaient encore avec leurs enfants assister aux exécutions capitales jusqu’au début de le seconde guerre mondiale.

    Aujourd’hui quand on veut déboîter tout un peuple, les corps sont démembrés à l’abri des regards, c’est à dire au plus intime des corps, c’est la raison pour laquelle la nouvelle technique du maintien de l’ordre n’assume plus la visibilisation des violences d’État. Pour preuve, le preux cavalier Macron ne plastronne plus :

    « Oyez, Oyez, boursemolles, ribaudes et puterelles, traversez ruisseau pour trouver boulot, en mon château me venez chercher ! ».

    L’époque a changé, la bête attaque maintenant systématiquement de dos. On le voit bien avec cette réforme des retraites qu’un gouvernement abject tente de faire passer par une loi sur la sécurité sociale. Le nouveau supplice de Damiens c’est la colonie pénitentiaire de Kafka. Dans ce récit une machine inscrit la peine dans l’intimité du corps du supplicié, ici cette intimité est largement distribuée tout en étant privatisé : miracle de la bio-logistique des corps !

    C’est au hasard des engagements d’un corps qu’un individu prend parfois la mesure que l’onde de choc qui le traverse fragmente le corps social tout entier. À cette heure, deux épaules immobilisées me laissent deux doigts libres pour taper ce texte sous analgésiques. Ce texte donc un texte écrit à l’horizontal : si le mouvement de lutte contre la réforme des retraites ne laisse personne indifférent c’est parce qu’il attaque les corps ; nous sommes tous mortels et du point de vue de notre finitude, les existences sont toutes égales. C’est la raison pour laquelle des plus jeunes aux plus vieux, le spectacle de l’ignominie présidentielle brûle d’une telle flagrance.

    Et foin des grands discours, c’est l’implication des corps disloqués qui fait la solidarité de nos chairs impatientes.

    [1] En théologie dogmatique catholique, la transsubstantiation est la doctrine selon laquelle au cours de l’eucharistie, au moment de la consécration, les espèces du pain et du vin deviennent le Corps réel et le Sang réel du Christ tout en conservant leurs caractéristiques physiques et leurs apparences originales.

    https://lundi.am/Deboiter-le-corps-social
    #domination #violences_policières #répression #France #macronisme #Laurent_Nuñez #Laurent_Nunez #maintien_de_l'ordre #grey_block #manifestation #15_mars_2023 #casseurs #contusions #invisibilité #invisibilisation #violences_d'Etat #immobilisation #viseur_holographique

  • Emission de #radio du avec des membres du réseau « Entraide, Vérité et Justice » |
    https://laparoleerrantedemain.org/index.php/2022/12/05/emission-de-radio-avec-des-membres-du-reseau-entraide-verite-

    Les 12, 13 et 14 décembre 2022, aura lieu le procès [en cour d’assises !] du policier accusé d’avoir mutilé Laurent Théron lors d’une manifestation du mouvement contre « la Loi-Travail ». Pour soutenir Laurent et les autres victimes de la #police, un procès populaire de la police, de la #justice et de l’#Etat sera également organisé avant les audiences au tribunal, le 11 décembre de 14h à 18h.

    A cette occasion, une émission de radio a été réalisé le 27/10/2022 avec des membres du réseau d’Entraide, Vérité et justice, Christian, Fatou, Mélanie et Isaac, au studio son de la #Parole_errante. L’entretien revient sur l’histoire des mobilisations contre les crimes racistes et sécuritaires, l’importance d’articuler combats judiciaires et luttes sociales et de faire exister le récit de celles et ceux qui font face aux #violences_d’Etat.

    Bonne écoute et venons nombreux le 11 décembre à la Parole errante, puis les 12, 13 et 14 décembre au procès du policier-tireur pour soutenir Laurent et toutes celles et ceux qui font face à la violence d’Etat.

    #Laurent_Théron #maintien_de_l'ordre #crimes_racistes_et_sécuritaires #violences_d'État

  • « Cinq mains coupées », de Sophie Divry : paroles de « gilets jaunes » mutilés, Gladys Marivat(Collaboratrice du « Monde des livres »)
    https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/12/26/cinq-mains-coupees-de-sophie-divry-paroles-de-gilets-jaunes-mutiles_6064543_


    Antoine Boudinet, l’une des victimes, lors d’une manifestation à Bordeaux, en mai 2019. GEORGES GOBET/AFP

    Sophie Divry a foi en la fiction. Mais quand l’effroi et la colère devant les violences policières la décident d’écrire, elle ne peut que transcrire simplement les témoignages recueillis.

    « Cinq mains coupées », de Sophie Divry, Seuil, 128 p., 14 €, numérique 10 €.
    Retour sur Terre. Alors qu’elle écrivait un roman situé sur la planète Mars, Cinq mains coupées s’est imposé à Sophie Divry, au printemps 2019, sans dérobade possible. « J’ai interrompu ce projet, de manière assez violente d’ailleurs, parce que je ne pouvais rien faire d’autre », se souvient l’écrivaine, dont le roman martien devrait paraître en mars 2021 chez Notabilia, son éditeur historique. Depuis le début du mouvement des « gilets jaunes » en novembre 2018, celle qui a délaissé le journalisme et le militantisme anticapitaliste et écologiste pour la littérature, avec son premier roman, La Cote 400 (Les Allusifs, 2010), entend leurs revendications. Le samedi, elle participe à quelques « actes » à Lyon. Le bilan des blessés provoque en elle effroi et colère, et la pensée que l’histoire connaît une telle accélération qu’il faudrait « arrêter le temps » sur cette violence-là.

    En l’espace de quatre mois, des grenades lancées par les forces de l’ordre lors d’une manifestation des « gilets jaunes » ont arraché une main à cinq hommes. Comment vont-ils ? Dans quelles circonstances ont-ils été mutilés ? Sophie Divry sent la nécessité d’écrire un livre pour « apporter une pièce au dossier », en commençant par recueillir la parole de ceux qu’elle appelle « les cinq ». Ouvrier, artisan, délégué syndical, apprenti ou étudiant dans la région de Bordeaux, de Tours, au Mans ou en Ile-de-France, ils manifestaient avec des amis, des collègues, ou en famille, certains pour la première fois.

    Elle ne s’exprimera que dans la postface

    Sophie Divry hésite. Intellectuelle, citadine, diplômée en journalisme, quelle est sa légitimité dans ce projet ? Très vite, elle règle le problème. Elle va écouter et se taire. Pas une ligne ne sera d’elle. Le livre sera un montage. Elle ne s’exprimera que dans la postface, qui présente « les cinq » tout en précisant le contexte politique, ainsi que la composition des grenades chargées de TNT classées « armes de guerre » qui ont pulvérisé leurs mains. « Ces entretiens que j’ai réalisés, je les adresse collectivement comme un chœur à la communauté des lecteurs. C’est mon livre le plus politique dans le sens où je veux qu’il soit reçu par le citoyen, et non par le lecteur de littérature. Pour moi, il n’y avait pas la place, ni l’espace, ni le temps de la métaphorisation. » De tels propos peuvent surprendre de la part d’une écrivaine qui a témoigné de sa foi en la fiction dans son essai Rouvrir le roman (Notabilia, 2017), puis dans une tribune collective au Monde : « Pour dire notre époque monstrueuse, il faut des romans monstrueux » (3 novembre 2018). Toutefois, elle insiste : nous n’avions pas assez digéré ce qui s’est produit pour en faire des métaphores.

    Elle contacte Gabriel, Sébastien, Antoine, Frédéric et Ayhan, qui ont entre 22 et 53 ans, puis appréhende leurs réactions. Sa chance est de commencer par Antoine Boudinet, le plus politisé des cinq, qui siège aujourd’hui au conseil municipal de Bordeaux. Il lui répond : « Plus on parle de nous, mieux c’est. » Gabriel, qu’elle rencontre d’abord avec sa mère autour d’un café, se montre plus rétif. La seconde finit par prendre le projet à cœur, et s’implique pour convaincre Ayhan, ex-délégué syndical mutilé à Tours, de s’y joindre. Sophie Divry, ancienne journaliste au mensuel La Décroissance, leur fait valider la dizaine de pages de retranscription d’entretiens, effectués entre septembre 2019 et février 2020. Ils apportent des menues corrections, retranchent une expression ici ou là, par pudeur.

    Ensuite commence le travail de montage. A chaque voix correspond une couleur. L’écrivaine les entremêle selon une progression définie avant les entretiens – « Pourquoi je vais à la manifestation », « ça commence bien, puis ça dérape », « qui je suis » – et insère quelques solos. Les paroles s’équilibrent d’elles-mêmes – l’un parle plus aisément de l’aspect juridique, l’autre de sa souffrance psychologique. Lentement se dessine le « portrait cubiste de ce personnage de “gilet jaune” qui s’est fait arracher une main alors qu’il venait demander une augmentation du smic », dit Sophie Divry. Le texte devient parallèlement un document de base, que les « cinq » font lire à leurs proches ou envoient à leur avocat. « Je leur sers à parler, un peu comme un écrivain public », résume-t-elle.

    Tout ce sang, elle ne supporte pas la violence

    Le livre s’attarde longuement sur ce qu’implique la mutilation : la hantise de ne pouvoir payer sa maison, garder sa compagne, couper sa viande, reprendre le travail. La fluidité du montage achoppe cependant sur le passage consacré à l’accident. Cinq explosions et cinq descriptions de mains coupées rassemblées en une seule scène prototypique. Chaque demi-heure, l’autrice s’arrête pour prendre un café. Tout ce sang, elle ne supporte pas la violence. Il lui arrive de s’évanouir au cinéma.

    Après avoir reçu les livres, les manifestants lui ont envoyé des messages – « Vous ne nous avez pas trahis ! », s’exclame l’un d’eux. Le Seuil indique au « Monde des livres » que Cinq mains coupées a suscité l’intérêt de trois théâtres, en suspens à cause de la pandémie de Covid-19. Sophie Divry, qui, en 2017, confiait au Monde se sentir parfois coupable d’avoir « abandonné le terrain » de la politique, considère que son livre est « de l’ordre du devoir accompli » et restera « une source de grande fierté ». Elle peut retourner à la fiction, à son « ampleur » et à sa « poétisation ». Repartir sur Mars.

    CRITIQUE
    Ecouter l’autre

    Réfléchir à la forme hybride du nouveau livre de Sophie Divry ne revient pas à chercher vainement dans quelle catégorie le ranger. Pièce de théâtre, fiction radiophonique, reportage, chronique ? Peu importe. Seule compte la puissante impression de proximité et de dérèglement que produit ce montage de témoignages bruts.

    Souvent, les propos se contredisent et nous voilà perdus. Mais cela nous renvoie à la désorientation des cinq narrateurs venus manifester dans le cadre du mouvement des « gilets jaunes », et qui vont perdre chacun une main, en même temps qu’à ce sentiment collectif de vivre une période anormale où les droits les plus élémentaires, tel celui de manifester, sont remis en question. « Mais le réel change plus vite que nos conceptions mentales, et cet écart nous fait souffrir », affirme l’écrivaine dans sa postface. Il y avait donc matière à inventer.

    Cinq mains coupées est en ce sens une réussite littéraire doublée d’un acte politique et d’une leçon de journalisme. En nous plongeant une année dans la vie de cinq hommes mutilés, le livre nous oblige à écouter l’autre. Pas celui qui a fait de la parole son métier, non. Celle de l’homme de la rue, qui cherche les mots pour qualifier ce qu’il a vécu. « Je ne sais pas comment classer ça. J’avais jamais connu ça. Je ne sais pas dans quoi mettre ça. On ne donne pas de sens à ça », dit le chœur de Cinq mains coupées . Etrangement, cette phrase composite semble nous parler d’aujourd’hui, et nous hante longtemps.

    EXTRAIT

    « Je me rappelle de tout. Je courais en tenant ma main. C’est un “gilet jaune” qui m’attrape par les épaules et qui me dit : “Assois-toi, t’as la main arrachée, tu vas pas aller loin.” C’est ma mère qui m’a assis contre une vitrine, en plein milieu d’une rue. Tout de suite, un “gilet jaune” me prend et m’allonge sur le trottoir. Deux ou trois personnes se sont groupées autour de moi. Ils m’ont enveloppé le moignon avec le drapeau français que j’avais dans l’autre main. Mon frère m’a maintenu la main et puis on a couru, il m’a dit après qu’il sentait mes doigts qui lui coulaient entre ses doigts, dans le mauvais sens. Cinq ou six personnes m’ont soutenu et m’ont déposé dans une petite rue derrière. J’ai tout vu. Je n’ai pas perdu conscience. Je me suis mis au sol, je suis peut-être tombé. Les gens ont fait comme une carapace contre les lacrymos, une haie pour me protéger. Parce que les gaz ont continué, les grenades, les Flash-Ball, les lacrymogènes, c’était non-stop. »
    Cinq mains coupées, pages 29-30

    #livre #montage #répression #violences_d'État #mutilations #police #manifestation

  • Des bobbies à la polizei : maintenir le lien - Ép. 1/4 - Polices !
    https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/polices-14-des-bobbies-a-la-polizei-maintenir-le-lien


    Michel Zecler, affaire Théo, répression violente des manifestations des Gilets Jaunes… la répétition des bavures policières semble attaquer la confiance que les citoyens français accorde à leur police. Et, depuis un mois, l’interdiction de diffuser les images de policiers pouvant leur nuire que contient la proposition de loi dite « de #Sécurité_Globale » fait craindre une plus grande impunité des services de police. Pour restaurer cette confiance, des pistes sont souvent recherchées auprès de nos voisins européens : l’Allemagne est prise comme exemple pour son maintien de l’ordre face aux manifestations, et l’Angleterre aurait su développer une police de voisinage efficace et proche des citoyens.

    #violences_policières #violences_d'état #lbd #bavures

  • 13’12 contre les violences policières [CLIP OFFICIEL]
    https://www.youtube.com/watch?v=sm3azYvsg5k

    Paroles (par ordre d’apparition des MC’s) : L’1consolable / Djamhellvice / Monsieur M / Res Turner / Skalpel / Sticky Snake (L’Alerte Rouge) / Nodja / Nada / Ywill (La Jonction) / Tideux / Démos (ACS) / Fl-How / Turiano (HPS) / Saknes (La Jonction) / K.Oni / Gaïden / Ben Akara (HPS), Siren / Mod Efok / Fik’s Niavo (Ul’Team Atom) / VII / Temsis (ACS) / Aladoum / Original Tonio / Templar (Ul’Team Atom) / Lili (CREW Z.1.D) / Saïdou (Sidi Wacho) / E.One (Première Ligne) / Erremsi / Kaïman Lanimal / Kimo (Libres Ratures) / Akeron / Billie Brelok.

    Musique : L’1consolable
    Mix et mastering : Blanka (La Fine Equipe) @ Kasablanka
    Graphisme pochette et web : Sly2
    Voix intro : Ramata Dieng

    Merci à IanB (#Désarmons-Les) pour sa précieuse aide ainsi qu’à #Ramata_Dieng pour son aimable participation.

    Les bénéfices des ventes seront intégralement reversés aux victimes et familles de victimes de la #police. ❞

    #violences_policières #violences_d'État #rap

  • VILLENEUVE (HAUT DE SEINE) : UN ACCIDENT GRAVE PROVOQUÉ PAR LA POLICE ?
    https://www.nantes-revoltee.com/villeneuve-haut-de-seine-un-accident-grave-provoque-par-la-police

    Un jeune homme a été gravement blessé à la jambe samedi 18 avril au soir, à Villeneuve-la-Garenne, en banlieue parisienne. Selon tous les témoignages sur place, les forces de l’ordre seraient responsable de l’accident. Alors qu’il avançait en moto, une voiture de police banalisée, à l’arrêt, aurait brutalement et volontairement ouvert sa portière sur la […] L’article VILLENEUVE (HAUT DE SEINE) : UN ACCIDENT GRAVE PROVOQUÉ PAR LA POLICE ? est apparu en premier sur Nantes Révoltée par Umbrella.

    https://nantes-revoltee.com/wp-content/uploads/2020/04/93618661_2584040388540932_2265455984325427200_n.mp4

  • A NOS CORPS DEFENDANTS - 2020 - 90 min - FR / ENG

    https://www.youtube.com/watch?v=zrHcc_rPacE

    Désarmons les
    –------------
    Durée : 90 min

    Année : 2019

    Réalisation : IanB

    Synopsis

    Ce film ne raconte pas une histoire. Il se veut une approche sensible et radicale des violences psychologiques et physiques infligées aux habitant·es des quartiers populaires par la police. Les récits prennent place dans la France des vingt dernières années, celle de l’après Sarkozy, et sont rapportés par les premier·e·s concerné·e·s : pas de sociologue, pas d’historien, pas de journalistes ni de storytelling. Juste la parole de celles et ceux qu’on voudrait voir silencieux·ses : Wassil Kraiker et ses parents Zohra et Abdelaziz, des jeunes d’Argenteuil, Amine Mansouri et son père Moustapha, Ali Alexis et son épouse, Ramata Dieng et Farid El Yamni…

    On y aborde la question de la domination, ou comment l’Etat traite les corps étrangers pour mieux les contrôler. Il est question de racisme, de torture et d’un combat vital pour la vérité. Les protagonistes de ce film n’avaient pas choisi de devenir un jour visibles, mais les violences systémiques en ont fait des combattant·e·s, à leurs corps défendants.

    Sur le réalisateur

    IanB est membre fondateur d’un collectif qui existe et se bat depuis 2012 contre les violences d’Etat, Désarmons-les ! Ce film, il l’a pensé à la fois comme une manière de clore un chapitre dans son combat personnel, une déclaration de guerre et un message sans concession à l’attention de celles et ceux qui oseraient encore nier le caractère systémique des violences policières.
    Contacts :

    Mail : ianb@riseup.net

    Twitter : @ianb_desarmons

    Site internet : https://volte-face.info/film-a-nos-corps-defendants

  • Zineb Redouane, assassinée le 1er décembre 2018 à #Marseille.

    Vérité, Justice et Dignité pour Zineb Redouane !

    La présence d’un impact puissant susceptible de fracturer les os du visage à une distance de 30 à 40 mètres implique un “tir tendu” : la grenade est alors dans sa trajectoire montante et tirée avec un angle de 20 à 30°, soit en dessous de l’inclinaison verticale obligatoire de 30 à 45°.

    Une enquête complète, et implacable (merci), de Désarmons-les : https://desarmons.net/index.php/2019/07/09/zineb-redouane-assassinee-le-1er-decembre-2018-a-marseille

  • À TÉLÉCHARGER ! - Le martyre des gilets jaunes de mad meg - La Rédaction de SinéMensuel
    https://www.sinemensuel.com/communique/madmeg

    Hommage aux gilets jaunes et dénonciation des violences politiques.
    Décorez vos rond-points en couleurs, en noir et blanc avec un pochoir pour colorier vous mêmes, téléchargez-les et affichez-les partout !

    Cliquez ici pour les télécharger (16 Mo)
    http://madmeg.org/giletsjaunes/giletsjaunes.zip

    Il y a aussi une version allégée de ce dessin dans le numéro de SinéMensuel sorti ce matin


    https://www.sinemensuel.com/numero-sine/n87-juin-2019

    C’est un dessin qui m’a été inspiré par le travail de @davduf sur les violences d’état contre les citoyen·nes (en gilets jaune ou pas) et le poster réalisé par @fil David Dufresne, Valentin de Bruyn, Hans Lemuet et Maxime Zoffoli et mise en page par @odilon sur @visionscarto
    https://visionscarto.net/allo-place-beauvau-poster
    Mon poster sera aussi bientôt disponible sur @visionscarto avec toute ma reconnaissance.

    La webapp est disponible aussi grâce @fil


    http://madmeg.org/giletsjaunes

    #mad_meg #shamless_autopromo #gilets_jaunes #violences_d'etat #violence_politique #allo_place_beauvau @sinehebdo

    • #désarmons-les. Collectif contre les violences d’Etat

      Nous pensons que le combat contre l’institution policière et ses représentations est fondamentale.

      Elle est fondamentale, parce que les #forces_de_l’ordre sont le bras armé de l’État et qu’à ce titre elles constituent une milice apolitique, chargée contre rémunération d’imposer par la force la #domination de l’Administration (du Pouvoir) sur le peuple, et cela quelle que soit l’idéologie politique du Pouvoir en place.

      La Police (et dans cette notion on inclue les forces militaires de la Gendarmerie et de l’Armée) est et a toujours été l’instrument de la #coercition exercée par les élites sur le peuple, afin de le gérer et de le maintenir dans un état de #soumission permanente. Ceci dans l’idée que le choix des élites ne peut souffrir la contestation du peuple : toute l’hypocrisie de la #démocratie_représentative est de faire croire que les choix des #élites SONT les choix du #peuple, par le truchement du #vote, qui est censé valider le pouvoir et les décisions prises par ces élites.

      Bien qu’elle lutte également contre le crime, la Police est essentiellement là pour gérer les conséquences de la #misère_sociale (#délinquance) et empêcher le peuple de s’insurger (possibilité pourtant formulée hypocritement dans les premières ébauches du droit républicain, notamment dans l’article 35 de la Constitution de 1793, avant d’être abolie quelques mois plus tard). A ce titre, elle n’est en rien différente des forces armées d’ancien régime, qui protégeaient le pouvoir royal de la #sédition.

      Aujourd’hui et depuis la naissance du #capitalisme_d’Etat, la Police constitue plus que jamais le rempart entre les aspirations du peuple et les intérêts de la #bourgeoisie. Avec la #décolonisation et les crises cycliques du capitalisme, le mythe d’une Police en faveur de la #paix_sociale ne tient plus : la Police montre son vrai visage, celui d’une #force brute au service du Pouvoir de celles et ceux qui ont l’argent.

      Les violences à l’encontre du peuple sont quotidiennes, et les prérogatives de la Police en terme de #surveillance et de #contrôle_des_populations sont toujours plus étendues. Chaque loi pour la sécurité engendre de nouvelles entraves aux #libertés_individuelles et à la #Liberté au sens large. Les forces de police se comportent en forces d’occupation et cette domination policière s’impose au peuple par la crainte qu’elle lui inspire.

      Avec l’émergence des armes dites « non létales », et notamment le #gaz_lacrymogène, les #flashballs et autres #lanceurs_de_balles de défense, la #Démocratie a renoué depuis un demi siècle avec les pratiques des forces armées d’ancien régime, en tirant sur la foule. Le seul et unique objectif étant de terroriser, d’en blesser quelques uns pour faire peur à touTEs les autres.

      Plus récemment, les méthodes proactives, la #prévention_des-risques, l’utilisation des technologies de surveillance, le #renseignement et les #sanctions_administratives appliquées sans l’intervention d’un juge (#assignations_à_résidences, #perquisitions, #placements_en_rétention…), sont autant de déclinaisons d’une vision contre-insurrectionnelle du maintien de l’ordre héritée des #guerres_coloniales. L’État mène contre son peuple une #guerre_de_basse_intensité qui, avec les enjeux politiques contemporains et la mondialisation de l’information, peine de plus en plus à rester discrète. L’utilisation récente de l’#État_d’urgence, ultime instrument hérité du temps des colonies donne à voir une version radicalisée de la guerre de basse intensité que l’Etat mène habituellement contre ses ennemiEs intérieurEs.

      L’#État_démocratique, comme avant lui la monarchie, tente par tous les moyens de maintenir son pouvoir, tantôt par la violence, tantôt par la ruse, sa Police ayant entre les mains une panoplie extrêmement étendue d’instruments. L’ensemble de ces moyens, mais également l’assurance décomplexée et les arguments « démocratiques » qui accompagnent leur utilisation, constitue l’armement d’une nouvelle forme de #totalitarisme.

      Si on veut la paix, on se doit de combattre cet armement, selon le vieil adage « Si tu veux la paix, prépare la guerre ».

      Mais le combat, puisque nous ne sommes pas dans la #lutte armée, doit d’abord prendre la forme d’une déconstruction morale de la Police. Celle-ci doit cesser d’être sanctifiée comme une force garante de notre sécurité, de nos libertés et de la paix sociale. Elle doit cesser d’être considérée, appréciée, applaudie, pardonnée pour ses violences, blanchie de ses crimes et protégée par le mensonge et les silences quand elle accomplit sous serment les basses œuvres du Pouvoir politique.

      Elle doit être désarmée, au sens propre comme au sens figuré.

      Nous sommes une poignée à avoir voulu donner un nom à notre combat. Nous avons commencé par réaliser une brochure d’information sur les armements du maintien de l’ordre, afin que chacunE sache ce qui pourrait un jour la/le blesser et puisse trouver les moyens de se prémunir de cette violence légale. Puis, de fil en aiguille, et après avoir rencontré ici ou là des personnes et collectifs luttant contre les #violences_policières et sécuritaires, nous avons voulu rendre cette lutte plus visible, contribuer à unir les volontés, et finalement constituer un collectif.

      Le collectif s’appelle « Désarmons-les ! »

      #police #maintien_de_l'ordre #colonialisme #résistance #collectif

      ping @davduf @mathieup @marty @albertocampiphoto

  • Renommer les rues de Paris pour la Marche des solidarités - Paris-luttes.info
    https://paris-luttes.info/renommer-les-rues-de-paris-pour-la-9736
    https://paris-luttes.info/home/chroot_ml/ml-paris/ml-paris/public_html/IMG/arton9736.jpg?1521294732

    A l’occasion de la #Marche_des_Solidarités des rues ont été rebaptisées en mémoire des victimes de la violence d’État et des soulèvements en réponse à celle-ci. Des plaques commémoratives ont été bétonnées à cet effet sur tout le parcours de la manifestation.

    « Dès que le cœur d’un grand Homme s’arrête,
    Paris donne son nom à une artère,
    Moi j’suis pour qu’le boulevard d’la Villette,
    Soit rebaptisé Bouna & Zyed »
    –Médine : "Grand Paris"

    #violences_policières #violences_d'état

  • Le gendarme qui a tué Rémi Fraisse a été convoqué par les juges
    http://www.reporterre.net/Le-gendarme-qui-a-tue-Remi-Fraisse-a-ete-convoque-par-les-juges

    Autant de contradictions et de zones d’ombre qui restent en suspens, et que la poursuite de l’instruction pourrait éclaircir en venant poser la question des responsabilités de la hiérarchie et du pouvoir politique. Une question clef pour ceux qui ont mené la bataille juridique contre le projet de barrage, le collectif #Testet : « Qui a pris la décision de maintenir les gendarmes cette nuit-là alors qu’il n’y avait rien à protéger ? Qui a autorisé l’usage des grenades offensives alors que les gendarmes n’étaient pas gravement menacés ? » s’interroge le collectif dans un communiqué diffusé vendredi en réaction à l’audition du gendarme mobile. « Le collectif Testet espère que l’enquête judiciaire ne va pas s’arrêter à la désignation d’un lampiste qui paierait pour les irresponsables politiques qui étaient à la manœuvre. Il est temps que les juges s’intéressent enfin à toute la chaîne de commandement qui a abouti à l’envoi de la grenade qui a tué le jeune militant écologiste, y compris les consignes données par des membres du gouvernement. »

    #violences_d'État #Rémi_Fraisse

  • Les femmes sages
    http://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/les-femmes-sages

    Elles sont sages-femmes et gynécologues, et vont à la rencontre des femmes dans les camps de refugiés du Calaisis. Pendant les consultations, elles écoutent les histoires de ces femmes qui, chaque nuit, courent à travers champ pour tenter de se cacher à l’arrière d’un camion.

    C’est en ce moment, je mettrai le mp3 quand il sera dispo

    #migrations #femmes #violences_d'État

  • Centre de rétention de Rennes. Des migrants en grève de la faim
    http://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/centre-de-retention-de-rennes-des-migrants-en-greve-de-la-faim-4054089

    Ils dénoncent leur enfermement au centre de rétention de Rennes Saint-Jacques. Plusieurs ont été interpellés en voulant rejoindre l’Angleterre.
    Une vingtaine de migrants ont entamé ce mardi matin une grève de la faim. Tous sont enfermés au centre de rétention administrative (Cra) de Rennes Saint-Jacques.

    « Nous protestons contre notre enfermement, contre l’acharnement des préfectures. Nous voulons la liberté et le respect de nos droits fondamentaux », peut-on lire sur une lettre adressée aux associations et collectifs de soutien.

    Tentative de suicide
    La tension est montée ces derniers jours au Cra. Vendredi, une jeune Roumaine enceinte a été prise d’un malaise. Elle a été transportée à l’hôpital, mais elle a perdu son bébé. « Lundi, un homme a tenté de se suicider. Il a voulu se pendre avec ses lacets. Il a été sauvé par un Afghan », raconte un jeune Tunisien.

    « Ces personnes enfermées vivent dans un stress permanent. D’un jour à l’autre, on peut venir les chercher et les expulser. D’autres ont été interpellés en voulant rejoindre l’Angleterre. Ils sont Irakiens, Érythréens, Iraniens, Afghans. Ils ne seront pas renvoyés chez eux, alors pourquoi on les enferme ? » interroge Carole Bohanne, présidente du Mrap 35 (mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples).

    #violences_d'état

  • Appel financier pour le film « Qui a tué Ali Ziri ? »
    http://collectif-ali-ziri.over-blog.com/2015/02/qui-a-tue-ali-ziri.html

    Le 11 juin 2009, Areski Kerfali, 61 ans et Ali Ziri, 69 ans sont interpellés par la police nationale d’Argenteuil, lors d’un contrôle routier. Ali Ziri quitte le commissariat dans le coma et décède à l’hôpital deux jours plus tard. L’explication donnée par la police et le procureur est : « décès suite à une malformation cardiaque ». Deux semaines après les faits, le juge d’instruction classe l’affaire sans suite. Un collectif d’habitants d’Argenteuil, Vérité et justice pour Ali Ziri se mobilise pour exiger une contre-expertise. L’autopsie révèle alors 27 hématomes et la mort par asphyxie suite à l’utilisation d’une technique d’immobilisation interdite depuis 2003.

    Durant cinq années, le cinéaste Luc Decaster a filmé le combat de tous ceux qui refusent le procès bâclé, après cette mort que certains considèrent comme un lynchage.

    Aujourd’hui, pour que le film arrive sur les écrans, il lui faut passer par trois étapes onéreuses mais indispensables : le mixage, l’étalonnage, et la distribution. Pour cela, il nous faut réunir la somme de 15000€. Nous aurions préféré obtenir un financement des institutions du cinéma et ne pas avoir à vous solliciter. Mais face à ces refus, nous avons besoin de vous pour que ce film, comme cette histoire, ne soit pas étouffé !

    #violences_d'état #police

    • http://collectif-ali-ziri.over-blog.com
      http://paris.demosphere.eu/rv/41073

      Projection débat « Qui a tué Ali Ziri ? »

      7 octobre, 20h - sortie nationale au cinéma St Michel à Paris.
      Le film sera suivi d’une rencontre en présence de l’équipe du film et du collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri, de Monseigneur Gaillot, de Jessica Lefèvre, compagne d’Amadou Koumé, tué le 6 mars 2015 par la police à Paris.
      9 octobre en soirée - cinéma St Michel à Paris.
      rencontre avec Stéphane Maugendre, avocat de l’affaire Ali Ziri et président du Gisti (Groupe d’Information et de soutien des Immigrés).
      13 octobre en soirée - cinéma St Michel à Paris.
      rencontre avec Julie Heslouin d’Amnesty International ex chargée de campagne sur les violences policières en France.
      10 octobre, 20h30 - à Argenteuil au cinéma le Figuier Blanc, en partenariat avec l’Association pour la défense du cinéma indépendant des films d’auteurs et des salles arts et essai, de l’ATMF, Association des Travailleurs Maghrébins de France et le Collectif "Vérité et Justice pour Ali Ziri"

  • « Les défenseurs du droit à la terre gênent des intérêts financiers »
    http://farmlandgrab.org/post/view/24287-les-defenseurs-du-droit-a-la-terre-genent-des-interets-financier

    Notre observatoire travaille sur toutes les catégories de défenseurs des droits de l’homme. Et nous observons depuis 2007 que ce sont ces activistes défendant leur terre qui sont les plus nombreux à être victimes d’assassinats ou d’exécution extra-judiciaires (le rapport fait état de 43 cas entre 2011 et 2014). Ils sont éliminés parce que leur travail gêne des intérêts financiers puissants, qu’il soient privés ou étatiques, dans des régions isolées. Loin des villes, ces gens n’ont pas forcément accès à la justice, à la police, aux ONG et aux diplomates. Membres de minorités ethniques pauvres, leur cause est peu médiatisée. C’est cependant en train de changer dans certains pays comme la Colombie, où des envoyés de l’Union européenne dans chacune des régions concernées assistent au procès instruits contre ces activistes.

    Quels sont les pays où les affaires d’accaparement des terres sont les plus fréquentes aujourd’hui ?

    Il y a beaucoup d’affaires au Cambodge, parce que le pays s’ouvre. Les tractations autour de terres afin d’en faire des plantations se déroulent sans consultation des populations. Ces appropriations sont facilitées par l’absence de titres de propriété écrits. Ce n’est pas seulement le fait d’investisseurs étrangers, mais aussi de gens au sein ou proches du pouvoir politique. D’autres pays sont touchés comme les Philippines, l’Indonésie, le Guatemala, le Honduras et la Colombie. Il y a aussi de plus en plus de cas en Afrique. Et quelques-uns en Russie, Hongrie ou Roumanie où des violences ont visé des défenseurs du droit à la terre. Heureusement, la société civile s’organise un peu partout dans le monde et revendique de plus en plus ses droits économiques.

    Voir le rapport 2014
    https://www.fidh.org/IMG/pdf/obs_2014-fr-web2.pdf

    #terres #violences_policières #violences_d'état #répression

  • Révélations sur la mort de R. Fraisse
    (titre dans le En continu, nettement plus explicite que le titre de l’article…)

    Barrage de Sivens : la famille de Rémi Fraisse en appelle à Hollande
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/11/06/la-famille-de-remi-fraisse-en-appelle-a-hollande-pour-faire-la-lumiere-sur-s

    La famille de Rémi Fraisse a interpellé, jeudi 6 novembre, le président de la République, lui demandant de faire la lumière sur les circonstances de la mort du jeune homme, tué sur le site du barrage de Sivens, dans le Tarn. Si les premières analyses ont montré que le manifestant de 21 ans avait été touché mortellement par une grenade offensive lancée par les gendarmes dans la nuit du 25 au 26 octobre, le récit de la nuit reste encore largement flou.

    Cette demande adressée au plus haut niveau de l’Etat intervient quelques heures après les révélations de Mediapart, qui jettent un nouvel éclairage sur la nuit du drame. Selon le site d’information, environ 40 grenades offensives ont ainsi été lancées par les militaires durant la nuit, ce qui montre une réponse policière très forte.

    Celle qui a tué Rémi Fraisse visait « directement » un petit groupe de quatre ou cinq jeunes qui leur lançait des pierres et des mottes de terre. L’Etat a su « immédiatement » que « c’[était] bien une grenade offensive qui a[vait] tué sur le coup » Rémi Fraisse, et « l’a caché », affirme Mediapart.

    Autre élément troublant, un premier examen médico-légal du corps de Rémi Fraisse a été « discrètement » pratiqué, deux heures à peine après sa mort dans une morgue d’Albi, affirme Mediapart. Un examen qui n’avait été évoqué auparavant ni par le procureur d’Albi, initialement chargé du dossier, ni par celui de Toulouse, après l’ouverture d’une information judiciaire. Le médecin qui a pratiqué l’autopsie conclut pourtant « immédiatement à un décès provoqué par une explosion », précise Mediapart.

    Ce n’est que le lundi suivant que le procureur de la République d’Albi, Claude Dérens, conclura que de la mort de Rémi Fraisse a été « causée, selon toute vraisemblance, par une explosion ».

    Mediapart publie, en outre, des extraits du rapport de sept pages rendant compte de l’autopsie. Le site d’investigations indique ainsi que « le jeune homme a eu une partie de la colonne vertébrale et de la moelle épinière arrachées par l’explosion », et que Rémy Fraisse « est très certainement mort sur le coup ».

    Après ces révélations, la famille du manifestant, dans une déclaration lue devant la presse par leur avocat, Me Arié Alimi, s’est interrogée :
    « Pourquoi, alors que les militaires le voient expressément tomber à la suite de l’explosion de la grenade, que les circonstances de sa mort sont connues dès cet instant, la vérité sur la mort de notre enfant et frère n’a-t-elle pas été immédiatement révélée ? »
    Le ministère de l’intérieur souligne, de son côté, que « la position du ministre est de dire qu’il ne s’exprime pas avant la justice, et qu’il ne l’a jamais fait auparavant ».

  • Journée internationale de dénonciation publique des #violences_d'Etat - Zone A Défendre
    http://zad.nadir.org/spip.php?article990

    Victimes d’irréparables violences policières (fractures, hémorragies internes, éclats de grenades, surdités, yeux crevés…) plus de 120 blessé(e)s en deux jours lors de la dernière opération policière) et d’une forte répression politique (des centaines de procès et d’arrestations, et deux prisonniers politiques à ce jour), des occupant(e)s de la ZAD - Zone à Défendre contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes - auxquels s’associe l’ACIPA, lancent une invitation à dénoncer publiquement les violences d’Etat le 26 janvier, dans toutes les villes de France et d’ailleurs.

    Ces violences ont été extraordinairement choquantes, mais les occupant(e)s politiques de la ZAD ne sont évidemment pas les seuls à subir des violences d’Etat. Violences symboliques, légales, judiciaires, policières, militaires, institutionnelles, présomption de culpabilité, discriminations, humiliations, déportation de sans-papiers, contrôle de nos vies... sont autant de formes de violences ordinairement subies par la population. Invitation est donc lancée à toute personne qui se sentirait concernée à dénoncer aussi ces autres formes de la violence d’Etat.