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  • « Changer le nom des lieux n’est jamais anodin. Il est des réécritures de l’histoire qui s’opèrent à bas bruit »

    Dans une tribune au « Monde » (24 mars 2023), l’historienne Sonia Combe évoque les changements de nom liés à la guerre, notamment en Ukraine. Et prend l’exemple de l’avenue de Moscou, à Kiev, rebaptisée avenue Stepan-Bandera, leader nationaliste et antisémite ukrainien.

    A Berlin, on vient de débaptiser le restaurant Moskau (Moscou), sur la Karl-Marx-Allee. Désormais, il s’appelle Kyiv (Kiev). On a l’habitude de tels changements ici. La Karl-Marx-Allee avait échappé de justesse à la vague des changements de nom après le « tournant » de 1989, mais, non loin de là, l’avenue Dimitrov, du nom du dirigeant de la IIIe Internationale communiste, était vite redevenue rue de Dantzig, évocatrice de l’Empire et de la grande Allemagne.

    La rue de la féministe Clara Zetkin, amie de Rosa Luxemburg, reprit également très vite le nom de la lointaine princesse Dorothée. Dans le quartier, anciennement à l’Est, où nombre de rues portaient le nom d’antifascistes, ces derniers ont été remplacés, mais pas dans le cas où il s’agissait d’antifascistes d’origine juive. Par bonheur, on a conservé la place portant le nom de cet officier de l’Armée rouge, Nikolaï Berzarine, pas juif à ma connaissance, mort dans un accident de moto peu de temps après son arrivée à Berlin, capitale du Reich qui venait d’être libérée par des soldats russes, ukrainiens, kazakhs et même bouriates.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/05/21/changer-le-nom-des-lieux-nest-jamais-anodin-il

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