Une agriculture capitaliste sans pesticides chimiques ? Ils rêvent…
Une étude prospective d’ampleur, qui a mobilisé quelque 150 scientifiques et parties prenantes durant deux ans sous la direction de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), dresse les chemins possibles pour débarrasser l’Europe de ces substances polémiques. Au prix de politiques volontaristes et d’un changement plus ou moins radical de nos habitudes de consommation.
Olivier Mora, chercheur à l’Inrae et coordinateur de l’étude, souligne que cette « approche ambitieuse » ne consiste pas à « substituer les traitements chimiques actuels par d’autres traitements, qu’ils soient biologiques ou mécaniques ». « Cette démarche repose sur une reconception complète des systèmes de culture, et plus globalement de toute la filière du producteur au consommateur », explique-t-il.
Pour cela, l’Inrae a établi trois scénarios, avec un remodelage des filières. Si tous aboutissent à la fin des pesticides chimiques en 2050, ils reposent sur des hypothèses différentes, en matière de pratiques culturales, mais aussi de régime alimentaire, d’organisation du marché agroalimentaire, d’aménagement du territoire, etc.
1 Marché global Les normes sans pesticide sont harmonisées au niveau mondial. La transition s’opère principalement grâce au renforcement de l’immunité des plantes (sélection, intrants naturels) et l’usage du numérique et des robots. Les structures d’exploitation se spécialisent et se financiarisent.
2 Microbiomes sains La consommation de produits animaux régresse d’un tiers au profit des fruits, légumes et céréales. L’approvisionnement est local et continental. L’agriculture s’organise avec davantage de diversité régionale des structures d’exploitation. La lutte contre les bioagresseurs passe par une meilleure gestion de l’holobionte, c’est-à-dire des interactions entre la plante cultivée et les micro-organismes qui vivent autour.
3 Paysages emboîtés Le zéro pesticide s’organise davantage autour de circuits courts. Le régime alimentaire est fortement végétalisé. Les productions et les paysages se diversifient au niveau local. La gestion des bioagresseurs repose principalement sur la composition et la configuration des mosaïques de culture.
(Les Échos)
Mais c’est sans réellement compter le capitalisme. Qui, loi du capital oblige, réduit à néant toutes ces formes (pourtant timides) de rationalisation de l’agriculture…
Envisager sérieusement aujourd’hui pour un futur proche une harmonisation au niveau mondial des normes sans pesticide, ou une régression suffisamment déterminante de la consommation de viande, ou d’une relocalisation vertueuse de la production agricole, c’est juste se payer de mots.