• La Palestine a été détruite en douze mois – mais la Nakba se poursuit depuis 75 ans
    Ilan Pappe | Samedi 20 mai 2023 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/palestine-detruite-nakba-continue-nettoyage-ethnique-israel-sionistes

    La Nakba a dévasté la vie et les aspirations des Palestiniens. Seul un processus approfondi de justice restitutive, avec l’aide du monde entier, pourrait commencer à redresser les torts

    Au début du mois de février 1947, le cabinet britannique a décidé de mettre fin au mandat en Palestine et de quitter le pays au terme de près de 30 ans de règne.

    Au Royaume-Uni, la crise économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a amené au pouvoir un gouvernement travailliste désireux de réduire l’empire et de pourvoir aux besoins de la population des îles Britanniques. La Palestine s’est révélée être un fardeau et non plus un atout, dans la mesure où les Palestiniens autochtones comme les colons sionistes luttaient désormais contre le mandat britannique et réclamaient sa fin.

    Les dés ont été jetés lors d’une réunion du cabinet le 1er février 1947 et le sort de la Palestine a été confié à l’ONU, une organisation internationale inexpérimentée à l’époque, déjà affectée par le début de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS.

    Néanmoins, les deux superpuissances ont consenti, à titre exceptionnel, à ce que les autres États membres proposent une solution à ce que l’on a appelé « la question palestinienne », sans qu’elles n’interviennent.

    La discussion sur l’avenir de la Palestine a été transmise au Comité spécial des Nations unies sur la Palestine (UNSCOP), composé d’États membres. Cette décision a suscité la colère des Palestiniens et des États membres de la Ligue arabe, qui s’attendaient à ce que la Palestine post-mandataire soit traitée de la même manière que les autres États mandataires de la région, c’est-à-dire en permettant au peuple lui-même de déterminer démocratiquement son avenir politique.

    Personne dans le monde arabe n’aurait accepté que les colons européens d’Afrique du Nord participent à la détermination de l’avenir des pays nouvellement indépendants. De la même manière, les Palestiniens ont rejeté l’idée que le mouvement sioniste – composé pour l’essentiel de colons arrivés deux ans seulement avant la création de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) en 1949 – ait son mot à dire sur l’avenir de leur patrie.

    Les Palestiniens ont boycotté l’UNSCOP et, comme ils le craignaient, le comité a proposé la création d’un État juif sur près de la moitié de leur patrie, dans le cadre de la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies, adoptée le 29 novembre 1947.

    Les dirigeants sionistes ont accepté le partage de la Palestine, saluant le principe d’un État juif, mais n’avaient aucune intention d’y adhérer en pratique, puisque la moitié de la population serait toujours palestinienne et que l’espace accordé ne représenterait que la moitié du pays convoité par le mouvement sioniste. (...)

    #Naqba

    • EN IMAGES : Les villages palestiniens avant la Nakba
      Des centaines de villages, certains habités depuis l’Antiquité, ont été dépeuplés de leurs habitants palestiniens pour faire place à l’État d’Israël
      MEE | Vendredi 19 mai 2023
      https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/palestine-villages-avant-nakba-israel-photos

      La photo ci-dessus représente Aïn Karem en 1934, alors plus grand village du district de Jérusalem, où vivaient plus de 3 000 Palestiniens, aussi bien musulmans que chrétiens.

      Le village a une importance biblique : beaucoup croient que Jean le Baptiste, le prophète qui annonça la venue de Jésus et le baptisa sur les rives du Jourdain selon la tradition chrétienne, est né à Aïn Karem. L’église Saint-Jean-Baptiste est l’une des principales attractions du village ainsi qu’un lieu de pèlerinage. Aïn Karem avait également une mosquée nommée d’après Omar Ibn al-Khattab, le deuxième calife de l’islam, qui traversa le village et y pria lors de la conquête musulmane de Jérusalem au VIIe siècle. (Crédit photo : Bibliothèque du Congrès américain)