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  • Licenciements : le bilan explosif des ordonnances Macron | L’HumanitĂ©
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    Les deux Ă©conomistes se concentrent sur les effets du plafonnement des indemnitĂ©s prud’homales versĂ©es aux salariĂ©s licenciĂ©s sans cause rĂ©elle et sĂ©rieuse (ordonnance de septembre 2017). Elles prennent tout d’abord au sĂ©rieux le principal argument invoquĂ© par l’exĂ©cutif : rĂ©duire les coĂ»ts du licenciement devait inciter les patrons Ă  embaucher davantage en CDI.

    Las, les chercheuses ne trouvent aucune donnĂ©e corroborant cette fable. On observe bien une hausse des embauches en CDI, mais le retournement de tendance remonte Ă  2014 : « Alors qu’elles Ă©taient plutĂŽt en baisse sur la pĂ©riode 2007-2014, (ces embauches) augmentent de façon continue ensuite avec une croissance plus marquĂ©e entre 2016 et 2017, notent-elles. AprĂšs 2017 (c’est-Ă -dire aprĂšs l’introduction des ordonnances), elles poursuivent leur hausse mais de maniĂšre moins prononcĂ©e. »

    • Les effets des ordonnances Macron de 2017 sur les licenciements Ă©tudiĂ©s, Bertrand Bissuel, Le Monde

      Deux chercheuses se sont penchĂ©es sur l’impact de ces textes et avancent l’hypothĂšse d’une hausse des licenciements pour faute, qui permettent aux employeurs de ne pas indemniser leur salariĂ©.

      La rĂ©forme du code du travail au dĂ©but du premier quinquennat d’Emmanuel Macron a-t-elle eu comme incidence d’augmenter les licenciements pour faute ? Cette hypothĂšse est avancĂ©e dans une Ă©tude que la trĂšs sĂ©rieuse revue Droit social datĂ©e du mois de juin vient de publier, sous forme de synthĂšse. Ses deux autrices se montrent prudentes : Ă  ce stade, notent-elles, il est impossible d’affirmer de façon certaine qu’un lien de causalitĂ© existe.

      Julie Valentin, maĂźtresse de confĂ©rences Ă  l’universitĂ© Paris-I PanthĂ©on-Sorbonne, et Camille Signoretto, maĂźtresse de confĂ©rences Ă  l’universitĂ© Paris-CitĂ©, ont cherchĂ© Ă  cerner l’impact des ordonnances de septembre 2017. Ces textes avaient pour ambition de « libĂ©rer » la capacitĂ© d’initiative des entreprises et de mieux « protĂ©ger » les travailleurs, avec comme ligne directrice de favoriser les crĂ©ations de postes.

      Pour savoir si la rĂ©forme a eu la rĂ©percussion escomptĂ©e, Julie Valentin et Camille Signoretto ont collectĂ© de nombreuses statistiques, qui mettent en Ă©vidence une inflexion notable : entre la fin de 2017 et la fin de 2021, le nombre de licenciements pour faute s’est accru de 32,3 % ; c’est un rythme plus soutenu que celui observĂ© entre le troisiĂšme trimestre de 2015 et le troisiĂšme trimestre de 2017 (+ 28,4 %), avant l’entrĂ©e en vigueur des ordonnances.

      Un petit nombre de professions concernées

      Cette accĂ©lĂ©ration de la hausse « peut ĂȘtre envisagĂ©e comme un effet » des changements dĂ©cidĂ©s en 2017. Deux dispositions seraient concernĂ©es. L’une plafonne les dommages-intĂ©rĂȘts accordĂ©s par la justice prud’homale Ă  un salariĂ© ayant fait l’objet d’un licenciement injustifiĂ©. Le but Ă©tait de « sĂ©curiser » les employeurs et de « lever la peur de l’embauche » en rendant prĂ©visible le coĂ»t d’une rupture du contrat du travail, en cas de contentieux. Ce mĂ©canisme a eu pour consĂ©quence de faire baisser un peu le montant des sommes qu’une juridiction octroie Ă  une personne injustement congĂ©diĂ©e par son patron.
      L’autre mesure citĂ©e par les deux Ă©conomistes rĂ©sulte d’un dĂ©cret de septembre 2017, qui a augmentĂ© le montant des indemnitĂ©s lĂ©gales versĂ©es par une entreprise quand elle licencie un ou plusieurs membres de son personnel.

      Julie Valentin et Camille Signoretto se demandent si la combinaison de ces deux dispositions n’a pas conduit des employeurs Ă  privilĂ©gier les licenciements pour faute. Dans ce dernier cas, ils ne sont pas tenus d’indemniser leur salariĂ©. Celui-ci peut, certes, contester la rupture du contrat de travail, mais si les prud’hommes lui donnent gain de cause, les dommages-intĂ©rĂȘts peuvent s’avĂ©rer bien moins importants, donc, qu’avant la rĂ©forme. Autrement dit, le patron aurait un intĂ©rĂȘt financier Ă  procĂ©der de la sorte. Cependant, pour pouvoir Ă©tablir le lien de causalitĂ©, des investigations complĂ©mentaires seraient nĂ©cessaires, insistent les deux autrices de l’article dans Droit social.

      Une chose paraĂźt acquise, ajoutent-elles : les licenciements pour faute « sont concentrĂ©s sur un petit nombre de professions » – une quinzaine, en l’occurrence. Apparaissent dans la liste les employĂ©s du secteur de la #propretĂ©, les salariĂ©s du #commerce_alimentaire et de la #restauration, les #chauffeurs-livreurs. Il s’agit, en somme, d’activitĂ©s relevant de la « deuxiĂšme ligne », avec des conditions de travail « particuliĂšrement dĂ©gradĂ©es » et oĂč le taux de syndicalisation est, trĂšs souvent, faible.

      #travail #travailleurs_prĂ©caires #prĂ©carisation #licenciement_pour_faute #indemnitĂ©s_de_licenciement #prud’homes