• Écopâturage : la guerre des moutons | Mediapart | 20.08.23

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/200823/ecopaturage-la-guerre-des-moutons

    De TotalEnergies à Amazon, en passant par des collectivités locales de toute taille, les centrales nucléaires ou encore les parcs de panneaux photovoltaïques, tout le monde veut ses moutons pour remplacer les bruyantes et polluantes tondeuses à gazon.

    Spécialiste du pastoralisme à l’université de Toulouse, la géographe Corinne Eychenne a fini par se pencher sur la question : « Un véritable marché a émergé depuis une dizaine d’années, confirme-t-elle. Cet engouement s’inscrit dans un contexte réglementaire avec l’interdiction des produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts et plus généralement d’une volonté de “retour à la nature”. »

    Sur le papier, il n’y a que des avantages : la « tonte écologique est moins bruyante, moins chère et plus durable, vante l’un des leaders du marché, Ecomouton. Les moutons sont discrets : ils mangent et ils dorment ». Aucune « gêne ». Le meilleur plan du « greenwashing » bien que l’intérêt écologique de la pratique soit encore peu documenté.

    Ecomouton, créée en 2012 par le gérant d’un entrepôt logistique, a vite grossi. Une levée de fonds fructueuse, un chiffre d’affaires en croissance à deux chiffres qui a dépassé la barre du million en 2017 et a encore doublé depuis. Ecomouton est désormais à la tête d’un cheptel de près de six mille moutons répartis sur environ cinq cents sites aux quatre coins de la France. Facturé aux clients entre trois mille et six mille euros l’hectare tondu par an, le business plan est rentable mais les coulisses ne sont pas toujours reluisantes selon des salarié·es et ex-salarié·es qui ont témoigné auprès de Mediapart.

    • « De nouveaux sites sont installés quasiment chaque semaine et des centaines de moutons se retrouvent lâchés dans des prés sans surveillance et sans plus de soin qu’une tondeuse à gazon », dénonce B., salarié qui a souhaité garder l’anonymat (voir boîte noire).

      Dans les faits, chaque site d’Ecomouton est géré par un « berger » chargé de passer deux fois par mois pour compter les moutons, contrôler les clôtures, la disponibilité de l’eau et de la nourriture dans le pré. Certains signent de micro-temps partiels en CDI pour un revenu complémentaire de 100 à 150 euros par mois. D’autres cumulent plusieurs sites et travaillent à temps plein. Aucune formation n’est requise par la loi ni l’entreprise qui milite, assure-t-elle, pour la création d’un diplôme d’« écopâtureur ». « “Berger”, c’est juste pour la pub, ironise S., une salariée en poste depuis peu. Sur nos contrats, on est “ouvrier paysagiste”. »

      « La plupart de nos bergers sont des éleveurs professionnels qui font ça à côté de leur activité agricole, on cherche des gens avec de l’expérience », précise le dirigeant d’Ecomouton, Sylvain Gérard. Mais certains, interrogés par Mediapart, sont des profanes. « Je n’avais jamais fait ça avant donc au départ, je ne savais pas comment m’y prendre simplement pour regrouper et compter les moutons. Il faut savoir un milliard de trucs pour comprendre ce qui passe dans la tête d’un troupeau, j’étais dépassée », poursuit S., la nouvelle bergère.
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      « À la base, les animaux de ferme sont animaux de rentes ou des produits. Avec l’écopâturage, il y a une troisième catégorie : le mouton de service qui est là pour tondre et divertir », explique la bergère Julie Lou Dubreuilh. Installée en Seine-Saint-Denis, elle milite pour tenir tous les bouts : le pâturage pour ses intérêts paysagers, écologiques, sociaux, pédagogiques mais aussi la production de viande, l’utilisation de la laine des moutons, de la graisse, du lait de brebis…
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      Pour le berger urbain lyonnais, Bastien Boyer, « si les moutons, qui émettent naturellement du méthane en digérant, sont juste des tondeuses déplacées de site en site en fonction des besoins, ils polluent pour pas grand-chose. L’écopâturage sans raison nourricière, ce n’est pas écolo, c’est du greenwashing. »

    • Dans les corbières on a un ancien flic reconvertit en berger qui a raflé le maximum de terres quand il a été un temps conseiller municipal. Il a réussi à les avoir en baux emphytéotiques de 99 ans au grand dam de celleux qui voulaient des chemins et des terres communales réellement communes et pas cédé à ce crétin gourmand. Ensuite il a obtenu les aides diverses, par hectares et par têtes de mouton qui l’ont rendu riche. Sa story telling de ferme inexistante et de berger devant sa télé pendant que les clôtures maintiennent les bêtes dans les espaces circonscrits lui permet également de vendre des chiots de borders.
      #profiteurs #berger