Les éléments de certitude de Biden représentent des incertitudes pour les #MSM
Guerre Israël-Hamas : incertitude persistante sur la cause de l’explosion à l’hôpital de Gaza
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A ce stade, les experts militaires habitués à travailler en source ouverte ne parviennent pas à s’accorder sur la signification de ces images. Un certain nombre d’entre eux, notamment Justin Bronk, un chercheur du club de réflexion londonien RUSI, spécialiste des questions aériennes, penchent en faveur de la thèse de l’armée israélienne, celle d’un accident de roquette tirée depuis Gaza : le projectile, tiré par le Jihad islamique palestinien, une formation alliée du Hamas, aurait été intercepté par le Dôme de fer, le système de défense antiaérien israélien, avant de retomber sur le parking et un jardin de l’hôpital où se trouvaient de nombreux civils. La taille de l’impact au sol apparaît, à ces mêmes experts, peu compatible avec celle d’un bombardement, notamment au moyen d’une bombe guidée – dite JDAM – une arme traditionnellement utilisée par l’aviation israélienne.
« L’Iron Dome ne tape normalement [les tirs en direction d’Israël] qu’à partir de 4 km », rappelle le colonel Michel Goya, historien militaire et auteur de plusieurs ouvrages sur le Proche-Orient, dont Israël contre le Hezbollah. Chronique d’une défaite annoncée, 12 juillet-14 août 2006 (Editions du Rocher, 2014). Or l’hôpital visé se situait, à vol d’oiseau, à 3,5 km à l’ouest de la clôture fortifiée séparant la bande de Gaza d’Israël. « La roquette a pu être touchée par un missile Spyder [un missile israélien qui sert d’intercepteur] », estime M. Goya, tout en se gardant de toute conclusion définitive.
Il arrive régulièrement que des roquettes tirées depuis Gaza retombent sur le territoire palestinien, soit parce qu’elles ont été interceptées, soit en raison d’une trajectoire défaillante. A l’été 2014, lors de l’opération « Bordure protectrice » qui avait opposé Israël au Hamas, 188 roquettes étaient tombées avant la frontière, selon M. Goya. Mercredi, l’armée israélienne a affirmé que 450 roquettes palestiniennes interceptées sont retombées sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre. Aucune image des débris de la roquette qui aurait touché l’hôpital n’a été diffusée à ce stade.
Pour Francesco Sebregondi, spécialiste de la recherche en source ouverte, et fondateur d’une ONG spécialisée dans le domaine, la thèse de la roquette palestinienne interceptée est toutefois à prendre avec précaution. Pour le chercheur, qui a diffusé son analyse sur le réseau X, il n’est pas possible, à ce stade, d’exclure « l’hypothèse de deux événements synchronisés : le tir d’une roquette et un bombardement ciblé », sans lien de causalité. Pour lui, le petit cratère observé sur le parking peut avoir été causé par une munition larguée depuis un drone, une arme également en usage au sein de l’armée israélienne.
Si la version israélienne suscite la méfiance de certains observateurs, c’est aussi parce que, à plusieurs reprises par le passé, les éléments avancés par l’Etat hébreu pour se blanchir ont été contredits par des enquêtes indépendantes . Ce fut le cas avec Shireen Abu Akleh, la journaliste de la chaîne Al-Jazira abattue par un tir de l’armée israélienne en mai 2022, à Jénine, en Cisjordanie. Alors que le gouvernement israélien avait imputé sa mort à des combattants palestiniens, des enquêtes de plusieurs médias et organisations des droits humains ont invalidé cette thèse.
Après l’explosion sur l’hôpital, des extraits d’une conversation, présentée comme un échange entre deux militants du Hamas intercepté par les services de renseignement de l’Etat hébreu, ont été diffusés, mercredi, par les autorités israéliennes. Dans cette discussion, un homme assure à un autre, à plusieurs reprises, que le carnage à l’hôpital Al-Ahli est le résultat d’un tir de roquette, effectué depuis un cimetière situé derrière l’hôpital et que le projectile appartenait au Jihad islamique. Ces « communications interceptées » ont été mentionnées par la Maison Blanche, avec « l’analyse d’images aériennes » et « les informations en accès libre », au titre des éléments qui ont incité le président Joe Biden à mettre Israël hors de cause. Le dialogue entre les deux militants du Hamas n’a toutefois pas pu être identifié de source indépendante .