• Le bug, entretien avec Roberto Di Cosmo | L’Impossible
    http://www.limpossible.fr/actualite/le-bug-entretien-avec-roberto-di-cosmo

    Dans une économie où on vend de la technologie au kilo, le logiciel est ce qui passe à la trappe. Pourquoi ? Parce que l’objet physique a un vrai coût, on ne peut pas réduire à 0 le coût d’un objet physique. Alors qu’on peut essayer de réduire à 0 le coût du logiciel. On réutilise par exemple un logiciel qu’on a pris ailleurs, sans autorisation, on bricole un truc qu’on avait déjà dans un coin, ça ne coûte pas grand-chose, et après, que l’on fasse une seule copie ou un million de copies, ça ne change rien. Le logiciel, c’est la variable d’ajustement dans le prix de vente.

    XP — Au fond, le bug a une vertu, c’est de protéger contre le sentiment de toute-puissance. S’il n’y avait pas de bug, les informaticiens et les programmeurs auraient l’impression d’être tout-puissants.

    RDC — Non, au contraire. S’il n’y avait pas de bug, on oublierait qu’il y a des programmeurs. Déjà on a tendance à l’oublier en considérant que la valeur du logiciel est nulle, qu’il faut que le logiciel ne coûte rien. Alors, s’il n’y avait pas de bug… On oublie que le logiciel est une création intellectuelle difficile. De la même manière qu’un théorème ou un bel article sont des créations intellectuelles difficiles. Ça ne peut pas être un travail à la chaîne. Dans le monde de l’informatique industrialisée, on cherche à transformer tous les programmeurs en ouvriers, comme dans une usine Ford. C’est le rêve de toujours : transformer l’activité créative et artisanale en un truc industrialisé et emballé sur lequel on met un tampon avec un prix le plus bas possible. Mais on n’y est pas encore.

    via : @descampf

    #informatique #bug #code #industrialisation