• LE DÉSERTEUR de Dani Rosenberg | Bande annonce officielle - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=UoTUh3x4OFU

    Festival de Locarno 2023 - Sélection officielle
    Cinemed 2023 - Prix de la critique et de la musique

    Shlomi, un soldat israélien de dix-huit ans, fuit le champ de bataille pour rejoindre sa petite amie à Tel Aviv. Errant dans une ville à la fois paranoïaque et insouciante, il finit par découvrir que l’armée, à sa recherche, est convaincue qu’il a été kidnappé… Un voyage haletant, une ode à une jeunesse qui se bat contre des idéaux qui ne sont pas les siens.

    • merci @mfmb, j’ai vu une (très) bonne critique dans Moyen-Orient, n° 63, Bilan géostratégique 2024

      aussi :
      « Le Déserteur » : une jeunesse écartelée en Israël - Regarder l’émission complète | ARTE
      https://www.arte.tv/fr/videos/120102-000-A/le-deserteur-une-jeunesse-ecartelee-en-israel

      Shlomi, jeune soldat israélien, fuit le champ de bataille. Mais tout ne se passe pas comme prévu : les conséquences de son geste sont catastrophiques. En dressant le portrait d’une jeunesse perdue, le réalisateur Dani Rosenberg donne à voir les réalités du conflit et du fanatisme religieux en Israël et en Palestine. Bien sûr, le massacre du 7 octobre et la guerre à Gaza donnent à ce film, écrit et tourné entre 2022 et 2023, une toute autre dimension.

    • et aussi, 27/04/2024
      (un peu moins de la moitié de l’article avant le #paywall)

      Dani Rosenberg, réalisateur israélien du « Déserteur » : « Mon film s’est écrasé sur le mur de la réalité »
      https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/04/27/dani-rosenberg-realisateur-du-deserteur-mon-film-s-est-ecrase-sur-le-mur-de-


      Dani Rosenberg, pendant le tournage de « Le Déserteur ».
      YOSSI ZWECKER

      Le cinéaste explique, dans un entretien au « Monde », que son deuxième long-métrage est né de ses « propres angoisses ».

      Propos recueillis par Clarisse Fabre

      La fiction résonne parfois étrangement avec la réalité, à en donner des frissons. Il en va ainsi du deuxième long-métrage de Dani Rosenberg, Le Déserteur, chronique de la fuite d’un jeune soldat israélien, Shlomi (Ido Tako), quittant Gaza pour Tel-Aviv, dans le fol espoir de retrouver sa copine et de vivre sa vie. En compétition à Locarno, en août 2023, The Vanishing Soldier (titre international) a été projeté au Festival international du film de Pusan, en Corée du Sud, le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque du Hamas en Israël.

      Ce fut un choc, pour les festivaliers et pour le cinéaste, de voir sur grand écran le personnage à la frontière de Gaza, arrivant à la base militaire de Zikim, l’un des points par lesquels, justement, le Hamas est entré en Israël, le 7 octobre. Le réalisateur, né en 1979, qui vit à Tel-Aviv, explique que Le Déserteur est né de ses « propres angoisses » à l’égard de la situation géopolitique israélienne.

      Vous étiez loin de vos proches le jour de l’attaque du Hamas. Comment avez-vous vécu les événements ?
      Je venais d’arriver à l’aéroport de Pusan, le 7 octobre 2023 à la mi-journée, j’ai allumé mon portable et j’ai découvert les infos. J’étais sous le choc. Je voulais retourner chez moi, mais la projection avait lieu le lendemain. Pendant la séance avec le public, je me suis dit que mon film était en train de s’écraser sur le mur de la réalité. Un village que nous avions filmé venait de se faire attaquer… Je perdais mes repères, Le Déserteur ne décrivait ni le présent ni un avenir possible, je ne savais plus dans quel espace il se situait.

      Mais l’attaque du Hamas n’était pas à 100 % une surprise, car on vit quand même au bord d’un volcan, c’est un peu comme Pompéi avec le Vésuve à côté. On avait le pressentiment sinistre que quelque chose allait se passer, parce qu’il y a toutes ces années de colonisation des territoires palestiniens derrière…

      Comment vit-on aujourd’hui à Tel-Aviv, si près de Gaza, bombardée depuis six mois ?
      Quand je suis rentré après le festival de Pusan, Tel-Aviv, d’ordinaire si vivante, était devenue une ville fantôme. Et pourtant, quelques semaines ont passé, et c’est comme si la vie avait repris le dessus, encore plus fort. Il y règne une certaine vitalité boulimique, à l’image de ce verset biblique de saint Paul qui dit : « Mangeons, buvons, car demain nous mourrons. » Inconsciemment, on se rend compte que l’on est à une heure de voiture d’un véritable enfer. On refoule peut-être cette réalité, et cela nous mène à un comportement maniaco-dépressif qui est emblématique de la société israélienne depuis toujours.
      [ …]

    • Quelle est votre analyse de la guerre menée à Gaza ?

      Au lieu d’une guerre pour la libération des otages israéliens, la guerre menée à Gaza est devenue celle de Benyamin Nétanyahou pour se maintenir au pouvoir et échapper à ses procès [le premier ministre israélien est accusé de corruption, de fraude et d’abus de confiance dans trois affaires, des charges qu’il nie fermement]. Le temps passe et les gens sont de plus en plus conscients de la situation. J’espère que la pression en interne au sein du pays, mais aussi celle de nos alliés et de l’opinion publique mondiale, va finir par arrêter Nétanyahou, afin que des négociations aient lieu pour une trêve et pour la libération des otages, voire un accord de paix durable avec les Palestiniens.

      J’enseigne le cinéma à l’école Sam Spiegel, à Jérusalem, et récemment j’ai discuté avec l’un de mes élèves réservistes qui était en permission après trois mois passés à Gaza. Il m’a dit qu’il se sentait comme Shlomi dans le film. Il se balade dans Tel-Aviv avec toutes les horreurs qu’il a vues dans sa tête.

      Avec un certain sens du burlesque, « Le Déserteur » est une charge contre le poids de l’armée en Israël. Comment le film est-il né ?

      Dans certains pays, #déserter peut être une gloire, mais en Israël c’est un véritable tabou. L’armée est sacrée [trois ans de service pour les garçons, deux ans pour les filles], surtout en temps de #guerre. Mon point de départ, c’est cet écart entre la volonté d’un jeune homme d’avoir une vie normale et la réalité très violente tout autour de lui. C’est comme si on était dans un cul-de-sac dont on ne peut sortir. Shlomi me fait penser à un animal sauvage qui court dans la forêt brûlante, et dont la queue a pris feu : il fuit l’incendie en même temps qu’il le propage…

      Moi aussi, j’ai essayé de fuir l’armée pendant mon service, lorsque j’étais soldat combattant. Une nuit, en plein désert israélien, je me suis mis à courir, et me suis dirigé vers là où je pensais que se trouvait l’autoroute. J’ai couru, marché, et je me suis perdu. Puis, en regardant autour de moi, la seule lumière que je pouvais repérer, c’était la base militaire ! Je suis donc revenu… C’était une tentative pitoyable et inachevée de #désertion. Peut-être que le film vient de là.

      Un tel scénario a-t-il été difficile à financer ?

      Il nous a fallu plusieurs années pour trouver le financement, mais parfois il suffit d’un seul courageux, en l’occurrence une courageuse : Noa Regev, qui pilote le Fonds du cinéma israélien (#Israel Film Fund), a soutenu le film malgré les oppositions qu’elle a rencontrées. On est partis sur un budget modeste, en équipe réduite, ce qui a créé un certain dynamisme et a contribué au langage cinématographique du film. Je tenais beaucoup à tourner sur place, à Tel-Aviv et à la frontière de Gaza – à #Gaza même, ce n’était pas possible –, et on a également filmé dans un village arabe en Israël.

      Vous venez de terminer un nouveau film, « Des chiens et des hommes » (« Of Dogs and Men »), sur la situation des civils israéliens et palestiniens depuis le 7 octobre…

      Oui, c’est l’histoire d’une jeune fille israélienne qui retourne sur les lieux de son kibboutz, à la frontière de Gaza, qu’elle a dû abandonner avec sa famille après le 7 octobre. Elle est à la recherche de son chien et, à travers ses rencontres avec des voisins, une équipe de presse, et ses visionnages de vidéos, elle prend conscience de l’horreur à Gaza. Le film est produit par Itay Tamir et Alexander Rodnyansky, et, jusqu’à la dernière minute, il était « short listé » à Cannes, en Sélection officielle [la 77e édition aura lieu du 14 au 25 mai], mais finalement on a reçu une réponse négative.

      #cinéma

    • « Le Déserteur » : le pas de côté d’un jeune Israélien qui refuse la logique guerrière
      https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/04/24/le-deserteur-le-pas-de-cote-d-un-jeune-israelien-qui-refuse-la-logique-guerr

      La beauté et la justesse du film tiennent d’abord à sa souplesse, lui qui ne s’arme pas d’un discours rigide, ni ne s’arc-boute dans une position idéologique a priori. Au contraire, Dani Rosenberg fait advenir les choses autrement, par le seul travail du plan. La course de Shlomi occasionne une traversée de différents lieux qui, dans leur succession, nous montrent, très concrètement, quelque chose d’une situation générale, ici les demeures dévastées du territoire gazaoui transformé en un champ de ruines, non loin les rues de Tel-Aviv, métropole à la normalité illusoire, ponctuellement disputée par les alertes à la bombe, le cri des sirènes et les virées aux abris.

      De retour en ville, le déserteur incognito se retrouve plongé dans une drôle de position existentielle, en situation de surprendre la société israélienne en son absence, telle qu’elle continue à vivre lorsque lui est censé se battre au front. Et c’est bien sûr la guerre qu’il retrouve sous une forme larvée, dans l’état d’alerte permanent mais aussi l’agressivité de certaines conversations, le patriotisme pesant d’un couple de touristes (auquel Shlomi vole des vêtements), le sens du devoir brandi par sa propre mère (Efrat Ben-Zur) lui conseillant de revenir dans le rang, les portes muettes qui finissent par se fermer tout autour de lui.

      Souple et charnel

      Loin d’une quelconque morgue, Le Déserteur se prête au contraire à une incroyable dépense d’énergie vitale. En ce sens, la virée de Shlomi affiche presque les traits d’une régression. Le soldat semble revenir en enfance, pressé de jouir des choses du quotidien, bâfrant comme un goinfre au restaurant, débordant de sensualité et de désir pour Shiri. Son jeune interprète, Ido Tako, sans chercher à toujours rendre son personnage sympathique, s’inscrit ici dans une longue histoire des états du corps au cinéma. Souple et charnel, athlétique et bestial, tactique et spontané, il livre une partition tout en sursauts et rebondissements, virages et bifurcations, inventant une saisissante gamme de postures et de vitesses. Avant même d’être personnage, le déserteur est un corps aux abois, acculé à la mobilité, exprimant par élans convulsifs son propre refus, son âpre appétit de vivre.