Alors sinon, la séance de vieux cons : pendant la séance on mange des biscuits, en faisant le moins de bruit possible (comme a dit la gamine : « tu nous passais les biscuits au ralenti »). Le quinca derrière nous s’est penché pour faire savoir que ça le dérangeait.
Ah oui, désolé, si on va voir un film un peu ancien, c’est une expérience religieuse, faut pas moufter. M’enfin rilax, gros, c’est une comédie romantique, c’est du Billy Fucking Wilder, c’est fun et léger, c’est pas deux biscuits passés au ralenti qui vont t’empêcher de comprendre le film. C’est pas comme si c’était 2001, où si t’es pas à fond concentré tu te fais chier instantanément.
Ou alors, comme ça nous arrive quasiment partout où il n’y a que des vieux : c’est juste qu’on se tape les réactions et les regards hostiles des vieux que ça fait chier de voir des gamins qui vont forcément leur gâcher leur expérience extatique entre vieux.
« Ah oui mais moi j’aime pas les bouffeurs de popcorn… ». Et moi j’aime le popcorn, quand on se fait un film à la télé, on se fait un paquet de chips et parfois du popcorn. L’autre soir on a regardé Le Mépris (Godard, 1963) avec les gamins (les petits ont 12 ans), on a mangé des chips pendant le film, et après le film on a eu une discussion d’une bonne heure sur ce qu’on avait compris du film, ce qu’on avait repéré de discours sur le cinéma dans le film, les « blagues » de Godard (par exemple quand il met la musique de Delerue il n’hésite pas à couvrir les dialogues, alors que quand la musique est dans le film, dans la salle de spectacle, il coupe carrément la musique pendant les dialogues ; où alors le plan de caméra mal cadré au début de la scène, parce qu’à la fin de la scène le personnage s’est déplacé, et on se retrouve avec un beau cadrage tout bien comme il faut), etc. Et j’étais tout fier de mes gamins qui non seulement on regardé le film en bouffant des chips, mais en plus étaient intéressés à le discuter longuement après.
À la fin, je comprends pas. Faites un effort, ou alors dites-le : le cinéma classique, le cinéma d’art et essai, la musique classique, les expositions de beaux-arts, la danse autre que le hip-hop, ça mourra avec votre génération. Parce qy’ici il n’y a jamais aucun gamin, quasiment jamais de jeunes, et quand il y en a, les vieux ne savent même pas être sympas, putain.