ARNO*

Geek dilettante habitant une belle et grande propriété sur la Côte d’améthyste

  • L’anecdote mignonne du jour : il y a quelques jours on est allés à une séance de cinéma en plein air et on a vu Antoinette dans les Cévennes (Caroline Vignal, 2020), une comédie très sympa.

    À un moment très drôle, Antoinette raconte ses déboires amoureux et explique à Patrick, son âne, qu’elle n’a jamais eu de chance avec les hommes, d’ailleurs :

    C’est comme ça, j’ai la poisse. La première fois que j’ai embrassé un garçon c’était dans un cimetière, Steven Leclou, l’été de mes quatorze ans.

    Hé ben cet après-midi, avec les petits, on est allés voir The Apartment (Billy Wilder, 1960), et voilà que le personnage féminin principal (Shirley MacLaine) explique :

    I was jinxed from the word go. The first time I was ever kissed was in a cemetery.

    Bonheur des gamins qui viennent de découvrir qu’ils avaient la réf (même si chronologique inversée).

    • L’année dernière ça nous avait fait ça avec Chat Noir, Chat blanc (Emir Kusturica, 1998), quand les gamins ont capté la réf à Casablanca (Michael Curtiz, 1942) qu’on avait vu ensemble quelques semaines avant.

    • Alors sinon, la séance de vieux cons : pendant la séance on mange des biscuits, en faisant le moins de bruit possible (comme a dit la gamine : « tu nous passais les biscuits au ralenti »). Le quinca derrière nous s’est penché pour faire savoir que ça le dérangeait.

      Ah oui, désolé, si on va voir un film un peu ancien, c’est une expérience religieuse, faut pas moufter. M’enfin rilax, gros, c’est une comédie romantique, c’est du Billy Fucking Wilder, c’est fun et léger, c’est pas deux biscuits passés au ralenti qui vont t’empêcher de comprendre le film. C’est pas comme si c’était 2001, où si t’es pas à fond concentré tu te fais chier instantanément.

      Ou alors, comme ça nous arrive quasiment partout où il n’y a que des vieux : c’est juste qu’on se tape les réactions et les regards hostiles des vieux que ça fait chier de voir des gamins qui vont forcément leur gâcher leur expérience extatique entre vieux.

      « Ah oui mais moi j’aime pas les bouffeurs de popcorn… ». Et moi j’aime le popcorn, quand on se fait un film à la télé, on se fait un paquet de chips et parfois du popcorn. L’autre soir on a regardé Le Mépris (Godard, 1963) avec les gamins (les petits ont 12 ans), on a mangé des chips pendant le film, et après le film on a eu une discussion d’une bonne heure sur ce qu’on avait compris du film, ce qu’on avait repéré de discours sur le cinéma dans le film, les « blagues » de Godard (par exemple quand il met la musique de Delerue il n’hésite pas à couvrir les dialogues, alors que quand la musique est dans le film, dans la salle de spectacle, il coupe carrément la musique pendant les dialogues ; où alors le plan de caméra mal cadré au début de la scène, parce qu’à la fin de la scène le personnage s’est déplacé, et on se retrouve avec un beau cadrage tout bien comme il faut), etc. Et j’étais tout fier de mes gamins qui non seulement on regardé le film en bouffant des chips, mais en plus étaient intéressés à le discuter longuement après.

      À la fin, je comprends pas. Faites un effort, ou alors dites-le : le cinéma classique, le cinéma d’art et essai, la musique classique, les expositions de beaux-arts, la danse autre que le hip-hop, ça mourra avec votre génération. Parce qy’ici il n’y a jamais aucun gamin, quasiment jamais de jeunes, et quand il y en a, les vieux ne savent même pas être sympas, putain.

    • Ce qui me fait chier au cinéma, ce sont les gens qui consultent leur téléphone portable alors qu’on est dans le noir, ceux qui parlent, et les gens qui puent. Bouffer en silence et proprement, c’est mon problème.

    • Aussi.

      Et aussi le gus qui se prend pour les cahiers du cinéma et qui fait TOUT le commentaire du film en direct pour épater sa voisine (qui effacera ensuite son contact).

      Et dans le cinoche des blédards, les ado qui viennent se galocher et qui n’en ont rien à cirer de ce qui se passe à l’écran et qui font en fait salon devant toi avec leurs potes en parlant et bougeant sans cesse.

      Celui qui mesure 2,1 m et qui se place devant moi, celui qui ronfle, les gosses qui se font chier et se distraient en balançant de grands coups de pieds dans ton dossier pendant toute la séance.

      Bon, on a un super 5.1 à la maison !

      Et on peut suspendre la séance quand on a besoin de pisser.

      Et en plus, on peut peloter le chat pendant toute la séance.

    • Sinon, souvenir éternel du visionnage de l’épisode 1 de Star wars dans un cinoche à Saint-Petersbourg en septembre 1999.

      Déjà, le prix des places dépendait de la position des sièges : les moins chères étaient derrière un poteau, les plus chères étaient tout au fond dans une configuration qu’on n’a pas bien compris sur le plan (oui, il y avait un plan de la salle pour choisir sa place et donc son prix à la caisse).

      Quand on est entré, on a compris : le truc du fond était un salon chesterfield pour VIP, ce qui en fait un étrange ancêtre du home cinema.

      Nous étions totalement seuls à cette séance… jusqu’au moment où un groupe est entré pour occuper le salon VIP… en se faisant servir le champagne.

      On était en plein dans la phase de transition communisme ➡️ capitalisme et en fait, le curseur s’est immédiatement coincé sur mafia, la forme proto fasciste du post capitalisme. Donc, il y avait partout des enclaves de luxe extravagant en Russie, occupées par de gros moujiks patibulaires systématiquement entourés de grandes post-ados magnifiques, absolument pas vêtues pour le climat du coin.

      Comme dans le salon VIP au fond du cinoche. Donc, toutes les personnes raisonnablement informées ne râlent pas quand les gus du fond font du bruit.

      Quand le film a commencé, on était super content, parce qu’il était en VO et qu’on allait comprendre pas mal de trucs et après ces 3 secondes de joie, on a découvert le doublage russe : un seul gus qui fait tous les persos en lisant les dialogues d’une voix totalement monocorde, au-dessus des voix originales.

      C’était une expérience.