n’a pas que le grand âge, qui la conduit à réduire sa déjà fort pitoyable petite promenade quotidienne à la portion congrue : il y a aussi et surtout la conscience aiguë que même si elle se montre très vigilante chacun de ses pas bouleverse voire anéantit l’existence de brins d’herbe ou d’animalcules. Qui est-elle, elle qui n’aime pas la vie, pour se permettre de bousiller gratuitement celle d’autrui ?
Non, pour ses dix à douze dernières minutes avant d’être morte et enterrée il vaut mieux qu’elle reste claquemurée à jouer à Candy Crush Saga® en essayant de bouger le moins possible. Ça ne fait du mal à aucune plante, aucun minéral et aucune bestiole, hein, Candy Crush Saga® ? Vous promettez ? Parce que si elle apprenait que ça consomme de l’électricité et que l’on saccage la planète juste pour que des vieillardes cacochymes et valétudinaires essaient de calmer leur tristesse en éclatant des bonbons virtuels, c’est sûr qu’elle ne s’en remettrait pas.