Entretien : Johann Chapoutot : « Pour les macronistes, tout ce qui est de gauche est extrême » » - POLITIS
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Cela révèle de manière paroxystique la très grande liberté que les macronistes prennent depuis 2017 avec les normes de l’État de droit. Un épisode aurait dû tous nous alerter : l’affaire Benalla. Elle a montré à quel point le président de la République était inconscient et irresponsable. Durant cet épisode, Emmanuel Macron a agi en voyou pour défendre un voyou, au mépris des principes élémentaires de l’État de droit. Depuis cette période, on a vu que des ministres mis en examen ne démissionnaient pas, que des personnes mises en examen, telle Rachida Dati, étaient appelées au gouvernement, et ainsi de suite.
On voit ainsi que le rapport au droit et à l’État, chez les macronistes, est purement instrumental. Il sert à réprimer les opposants et les mouvements sociaux. Cela s’exprime aussi au niveau des institutions : les normes de l’État de droit leur servent à se maintenir au pouvoir, de façon purement cynique. Le dernier exemple en date – les élections au sein de l’Assemblée nationale – est emblématique. Ils ont tordu l’interprétation de la Constitution pour pouvoir faire siéger des ministres – démissionnaires, certes, mais toujours ministres – au Parlement, puis pour y faire voter ces ministres, puis pour faire élire ces mêmes ministres à la tête de groupes parlementaires et enfin de commissions !
Ainsi, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe, a été élu président de la commission des affaires étrangères. C’est-à-dire qu’il est chargé de son propre contrôle ! C’est complètement délirant. Dans aucune démocratie parlementaire ce ne serait possible. Nous avons là des manageurs autoproclamés qui ont un rapport purement instrumental aux normes. La norme, pour eux, c’est simplement ce qui sert à réussir.