RastaPopoulos

Développeur non-durable.

  • Surtourisme : derrière un mot
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Surtourisme-derriere-un-mot

    L’expression surtourisme suggère plutôt que pour résoudre le problème il faudrait seulement baisser le nombre des touristes. Oui mais lesquel·les ? Et comment ?

    La discrimination entre touristes est un réflexe classique. Puisque l’activité, dont la genèse est aristocratique, sert entre autres à distinguer les classes sociales entre elles (les voyages en Norvège et les séjours à Bray-Dunes sont bien marqués socialement), on s’est beaucoup occupé de fermer la porte au nez des autres, les mauvais·es touristes. La lutte contre le tourisme de masse est un objectif plutôt consensuel chez celles et ceux qui auront toujours les moyens de partir. Mais les croisières très exclusives en Antarctique n’ont pas besoin de transporter des milliers d’élu·es pour impacter gravement un écosystème fragile.

    Eeeet ça y est le livre est sorti :


    Dévorer le monde, Voyage, capitalisme et domination
    https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/d%C3%A9vorer-le-monde-9782228936538

    #tourisme #surtourisme #Aude_Vidal #essai

    • Et l’intro du livre :

      Dévorer le monde
      https://blog.ecologie-politique.eu/post/Devorer-le-monde

      Du point de vue de ceux qui le pratiquent, le tourisme est une image inversée du travail. Il vient compenser la peine accumulée de populations plutôt bénéficiaires, à l’échelle mondiale, de la guerre économique qu’engendre le capitalisme. En revanche, pour ceux qui n’en profitent pas, le tourisme peut être, de fait, le travail, voire un fléau qui, non content de les asservir, dégrade leur environnement et leurs conditions de vie. Sa dynamique profite – tout en les renforçant – d’inégalités croissantes et d’une répartition injuste des ressources, comme l’énergie, l’eau, le logement ou même les terres agricoles.

      Devant le tableau de ce que le tourisme fait au milieu naturel et social, faut-il ne s’inquiéter que du surtourisme et tenter de l’aménager ou bien critiquer de manière plus radicale les représentations sociales du voyage et sa place dans nos économies ? C’est la deuxième option que nous prendrons, dans l’espoir de dessiner ce que pourrait être une vie bonne, dans laquelle les rêves d’ailleurs nous accompagnent toujours sans plus nous obséder.

    • Bon bouquin basé sur l’auto-analyse des (fructueuses) contradictions de l’autrice par rapport à l’histoire de ses propres voyages, mais aussi face aux discours et "solutions" proposées contre le tourisme de masse, qui balancent entre greenwashing et mépris de classe.

      La critique est "radicale" dans le sens où elle remonte aux racines du problème. Mais (de manière surprenante si on regarde la couv, moins surprenante à qui lit régulièrement son blog), Aude Vidal ne conclut pas de manière extrêmement tranchée.

      Après avoir souligné les indubitables horreurs (sociales, écologiques, sexuelles…) que produit le tourisme, elle ne dit pas, par exemple, qu’il faudrait renoncer à voyager, ni ne promeut le tourisme “alternatif” comme une panacée. Au contraire, elle souligne à chaque fois qu’il s’agit de prendre le sujet comme une question collective — et non pas individuelle.

      Par exemple (ou plutôt contre-exemple) : la France mise tout sur son rang de "1ere destination touristique du monde", mais a détruit toutes ses anciennes colos de vacances (populaires) pour les remplacer par des résidences haut-de-gamme privées. (J’évoque le cas de la France mais le livre détaille surtout les enjeux et luttes en Indonésie.)

      Au passage j’ai été surpris des citations affreuses de Nicolas Bouvier sur l’usage du monde (que je n’ai jamais lu mais dont j’avais jusqu’ici entendu dire le plus grand bien).
      https://medium.com/scribe/la-litt%C3%A9rature-de-voyage-est-elle-genr%C3%A9e-72ae787c8c69