Dans la grande majorité des boites où je suis passée, c’était service minimum : le salaire et ta gueule. Genre, comment tu fais pour bouffer le midi, pas leur problème du tout. Ça, c’est la joie de bosser pour les PME sous les seuils légaux.
Donc tu rentres chez toi pour bouffer et tu le passes en frais réels aux impôts.
Deux boites au-dessus des seuils :
1️⃣Très grosse boite avec plein d’établissement et des effectifs monstrueux. On est dans une banlieue à bureaux et trimards : il y a donc plusieurs restaurants d’entreprises autour dont 2 ont un contrat avec la boite. On a un forfait quotidien qui couvre le menu de base du resto pas top. On peut aller dans l’autre, où vont les cadres de la boite, mais pratiquement tout est à supplément pour nous. Donc, on ne mélange pas les torchons et les serviettes.
Je m’entends bien avec l’un des cuistots du resto à trimards. Il m’apprend que sa direction leur a demandé de moins nous servir à bouffer que les autres parce que notre direction trouvait qu’on était moins productifs l’estomac plein et voulait qu’on garde la gniak. C’est là que je me suis barrée.
2️⃣ Moyen machin semi-public en centre-ville. On ne nous demande pas notre avis : on a l’équivalent de 5€/jour de boulot en tickets resto, la moitié payée par les patrons.
À l’époque, c’est juste le plat du jour du troquet d’en face (si, si). Comme j’habite très loin, je n’ai pas le choix. Et comme finalement, je suis de bonne compagnie, mes collègues se relaient pour que je ne bouffe jamais seule.
Les gus sont restés des années bloqués au tarifs minimum du TR, même quand ça ne couvrait même plus le plat du jour.
Après mon départ, ceux qui le pouvaient rentraient chez eux, les autres ont obtenu un frigo et un micro-ondes et se sont mis à bouffer leur gamelle.
Ils gardaient les tickets pour arrondir les courses familiales : genre, il y en a un, ça lui permettait de bien compléter en viande chez le boucher.
Depuis le changement de politique des TR, ça doit bien le faire chier de ne plus pouvoir faire ses courses avec.
Tu ne peux même plus inviter ta femme à bouffer au resto le WE : c’est déprimant.
Perso, ça me ferais bien chier qu’on me les impose dans ces conditions.
Je dirais que si j’avais une boite, je demande aux autres ce qu’ils en pensent de la bouffe et ce qu’ils aimeraient. Je suppose qu’il faut se démerder pour qu’il y ait au moins un endroit sympa avec de quoi s’attabler, s’abreuver, conserver et réchauffer sa bouffe. Et si ça intéresse, voir s’il y a une cantoche correcte accessible à pinces.