• Presse : Le Canard enchaîné attaque Blast
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    Englué dans la crise depuis deux ans, toujours enchaîné à son ancienne direction, Le Canard navigue à vue. Avec à court horizon le procès de ses ex-dirigeants historiques (le mois prochain), le trouble d’une rédaction fragilisée et un entrelacs de sociétés à démêler. Et comme si ça ne suffisait pas, ce monument de la presse française (et sa liberté) s’en prend à Blast : il nous envoie ce mardi devant le tribunal pour nous être intéressé à son histoire récente et mouvementée - le monde à l’envers. Plongée dans la fosse au Canard.

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    L’éphéméride de cette procédure n’est pas tout à fait innocente. Du 8 au 11 octobre, même lieu, même décorum, le tribunal correctionnel de Paris tiendra une autre audience : celle du procès des mêmes anciens patrons du journal, renvoyés pour abus de bien sociaux, de faux en écriture et de recel d’abus de bien sociaux (notamment) au détriment de la société éditrice. En clair, la chefferie historique est soupçonnée pour avoir fourni pendant 26 ans un emploi fictif à Mme Escaro, réglé rubis sur l’ongle. Or c’est précisément l’affaire dont Christophe Nobili est venu parler sur le plateau de Blast - et de son travail d’enquête sur ce dossier qu’il a révélé en 2022. Celle pour laquelle il a porté plainte, avec pour effet d’envoyer son ancienne direction devant le juge.

    Blast s’est déjà largement fait l’écho de ce dossier (à l’écrit et en vidéo), ce qui est resté en travers de la gorge de ces vieux barons. Une affaire dont il ne faut visiblement pas parler - un comble au regard de l’histoire de l’hebdomadaire, qui vieillit bien mal – sous peine de se voir assignés pour atteinte à la présomption d’innocence. Dépoilant pour les lecteurs, dont nous sommes.

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    Mais entre les auditions des membres historiques du journal est aussi couché par écrit une sorte de récit apocryphe de toute une époque, et encore de quelques secrets. Par exemple l’entrée dans la carrière de Michel Gaillard, propulsé dans la rédaction par l’entremise de son père, après la Seconde guerre mondiale, en échange du renflouement des caisses du journal. Sont également dévoilés les enviables émoluments des anciens directeurs, respectivement 300 000 et 224 000 euros annuels. Une manne qui peut expliquer pourquoi les deux hommes, Brimo comme Gaillard, plus que septuagénaires, n’ont jamais voulu passer la main.

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    La révélation de ces petits secrets de famille a été vécue comme un crime de lèse-majesté par la direction, de lèse Canard par certains membres de la rédaction mais aussi comme une saine respiration pour les soutiens de Nobili. Des positions qui ont naturellement fracturé une rédaction légendairement policée, dont l’atmosphère est devenue irrespirable comme Vanity Fair l’a raconté.

    A l’initiative de la création d’un syndicat en 2021, lanceur d’alerte déposant plainte en 2022, auteur de Cher Canard, livre réquisitoire contre la direction où il détaille les déboires du Palmipède, Christophe Nobili s’attire tant les foudres de ses patrons que de certains de ses amis, qui l’accuseront de trahir leur confiance, leurs conversations et d’agir en « commissaire politique ». Longtemps proches, Christophe Nobili, Sorj Chalandon ou Jean-Luc Porquet, signatures identifiées de l’hebdomadaire, voient leur amitié voler en éclats dans les plumes du volatile (lire en encadré). Un crève-cœur pour tous… qui déteint jusque sur la ligne et la qualité du journal. Dans les colonnes se succèdent les communiqués du conseil d’administration - pour tancer ceux qui les accusent d’abus de biens sociaux - auxquels répondent inlassablement des communiqués de la section syndicale.

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    « Le journal est sorti d’une gestion autocratique, complète [une source syndicale], la tenue du procès est une étape dans ce cheminement, le dialogue social est enfin établi et nous avons même obtenu un siège pour un représentant des salariés au conseil d’administration. On saura désormais comment sont prises les décisions. » Un petit vent de fraîcheur donc dans une auguste maison qui sentait un peu la poussière, mais pas encore une révolution. Ni même une refonte de la structure qui préside aux destinées du journal.

    #canard_enchaîné