marielle đŸąđŸš©

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • La victoire Ă©tait possible. Bataille des retraites, un bilan
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    ...Tant que les travailleurs verront leurs organisations syndicales comme des organisations de plus en plus institutionnalisĂ©es, ayant davantage leurs marques dans les ministĂšres que sur le terrain, cherchant Ă  conforter leur rĂŽle de « partenaires sociaux » et Ă  favoriser le dialogue social, il sera impossible de gagner leur confiance pour s’engager dans une lutte difficile qui exige d’ĂȘtre sĂ»rs que ceux qui sont au premier plan seront prĂȘts Ă  mener le combat jusqu’au bout. RĂ©sumant tous ces Ă©lĂ©ments, Lordon Ă©crit : « l’intersyndicale aura Ă©tĂ© la fabrique de l’impuissance. Elle a certes produit le nombre, mais du nombre vain, du nombre inutile – du nombre qui perd »

    La logique que nous dĂ©fendons est Ă  l’opposĂ© de celle d’une majoritĂ© d’intellectuels et d’analystes de gauche qui, dans leur lecture de la mobilisation, n’insistent que sur la faiblesse du mouvement ouvrier, qui prĂ©tendent que les directions syndicales ont fait tout ce qui Ă©tait possible, qui voient le rapport de force comme basculant inexorablement Ă  droite et qui ironisent sur nos positions, nous prĂ©sentant comme des avant-gardistes en marge de l’avant-garde. C’est prĂ©cisĂ©ment parce que la subjectivitĂ© et la conscience de classe demeurent encore faibles, notamment du fait d’une plus grande fragmentation de la classe, malgrĂ© la colĂšre accumulĂ©e Ă  la base, donnant lieu de façon rĂ©pĂ©tĂ©e Ă  des explosions de la lutte des classes et Ă  des actions de masse, que le travail de stratĂ©gie a une importance centrale pour changer les choses dans un sens rĂ©volutionnaire. Trotsky critiquait dĂ©jĂ  sĂ©vĂšrement le programme et la politique du PCF dans sa brochure OĂč va la France ? [20], avant mĂȘme 1936. Il soulignait ainsi qu’en temps de crise, les masses ne s’engageraient pas jusqu’au bout si elles ne voyaient pas des perspectives, des luttes et des programmes sĂ©rieux et une direction dĂ©terminĂ©e. Cela nous semble encore plus vrai aujourd’hui. Nous ne nions pas qu’aprĂšs des annĂ©es de nĂ©olibĂ©ralisme et de prĂ©caritĂ©, de perte de confiance dans leur force collective et mĂȘme dans la conscience d’appartenir Ă  une mĂȘme classe sociale, les travailleurs partent de loin. Mais plutĂŽt que de sombrer dans le scepticisme et de s’en en tenir Ă  constater ces difficultĂ©s, nous luttons pour une stratĂ©gie qui, si elle ne suffit pas pour gagner, servira au moins Ă  former l’avant-garde, et qui vise Ă  Ă©tablir ou Ă  rĂ©tablir une tradition dans le mouvement ouvrier, pour prĂ©parer les luttes qui ne tarderont pas Ă  venir.

    • Les travailleurs doivent faire de la politique

      Nous avons vu comment l’intersyndicale a empĂȘchĂ© le mouvement de profiter du moment le plus aigu de la crise du gouvernement et du rĂ©gime aprĂšs l’usage du 49.3. Le refus conscient de profiter de cette formidable opportunitĂ© pour passer Ă  l’offensive a non seulement permis que la rĂ©forme soit promulguĂ©e mais, plus grave encore, il a empĂȘchĂ© le prolĂ©tariat de devenir une force hĂ©gĂ©monique, ce qui serait par ailleurs le meilleur moyen pour barrer la voie Ă  la consolidation et Ă  la montĂ©e de Marine Le Pen. En effet, l’autre consĂ©quence du rĂŽle jouĂ© par l’intersyndicale, de son refus d’élargir les revendications et de politiser le bras-de-fer avec le gouvernement, est que les travailleurs n’ont pas trouvĂ© dans les directions existantes du mouvement ouvrier une perspective globale face au gouvernement et Ă  la crise. Cela les pousse Ă  la recherche d’autres solutions, y compris du cĂŽtĂ© du Rassemblement national qui, avec sa politique populiste et sa dĂ©magogie, a vu sa popularitĂ© augmenter d’aprĂšs certains sondages. En d’autres termes, en cherchant Ă  limiter la politisation du mouvement, l’intersyndicale a empĂȘchĂ© que celui-ci se dote d’une perspective propre, en indĂ©pendance de classe, et a favorisĂ© le repli sur les options institutionnelles, y compris les plus racistes et anti-ouvriĂšres.

      D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, face Ă  la crise ouverte de la Ve RĂ©publique, la tendance des syndicats Ă  se replier uniquement sur la sphĂšre des relations salariales est non seulement contre-productive, mais rĂ©actionnaire [21]. À l’heure des grands dĂ©fis et dangers qui poussent les masses Ă  l’action, les frontiĂšres entre le politique et le syndical, qui ont Ă©tĂ© entretenues pendant plus d’un siĂšcle, en raison du respect scrupuleux de la Charte d’Amiens, par les directions officielles du mouvement ouvrier français, sont en train de s’estomper. Les travailleurs veulent savoir comment se sauver de la catastrophe qui frappe dĂ©jĂ  Ă  leurs portes avec l’inflation ou la crise climatique. Ils veulent savoir comment stopper les tendances bonapartistes et autoritaires de cette Ve RĂ©publique dĂ©cadente et comment rĂ©pondre au danger de guerres et de conflits nuclĂ©aires qui traversent Ă  nouveau l’Europe. Dans ce contexte national et mondial, si nous avons insistĂ© sur les comitĂ©s d’action, c’est parce qu’ils ne sont pas simplement une rĂ©ponse aux besoins de la lutte. Il s’agit d’un moyen pour que la classe ouvriĂšre se constitue en sujet hĂ©gĂ©monique, dans un contexte saturĂ© d’appareils bureaucratiques, typique des structures sociopolitiques occidentales comme la France, quand bien mĂȘme ces appareils seraient plus faibles qu’avant [22]. Un bloc contre-hĂ©gĂ©monique face au bloc bourgeois de Macron, dĂ©sormais rĂ©solument Ă  droite, ne se fera pas Ă  travers une nouvelle combinaison parlementaire ou un Ă©ventuel gouvernement de gauche. Il doit se forger et se construire dans la lutte.

      Depuis 2016, le prolĂ©tariat français est entrĂ© dans un nouveau cycle de lutte des classes. Il y affronte la contre-rĂ©volution nĂ©olibĂ©rale avec une continuitĂ© et une intensitĂ© qu’on ne retrouve dans aucun autre pays impĂ©rialiste. Dans ce contexte aigu de luttes sociales et de crise politique, dont la base structurelle est l’aiguisement de la crise organique du capitalisme français, il existe une tendance rĂ©currente Ă  des irruptions prĂ©rĂ©volutionnaires des exploitĂ©s. C’est ce que l’on a pu voir de façon plus dĂ©cisive avec les Gilets jaunes et, de façon plus contenue mais non moins profonde, dans la bataille des retraites, notamment aprĂšs le recours au 49.3. Ces Ă©lĂ©ments prĂ©rĂ©volutionnaires, ces expĂ©riences et changements dans la conscience de secteurs de l’avant-garde et de masses se sont agrĂ©gĂ©s ces derniĂšres annĂ©es, marquant ce que l’on pourrait dĂ©finir comme une longue Ă©tape de la lutte des classes en France qui va bien au-delĂ  du seul conflit actuel des retraites.

      Dans ce cadre, la tactique et la stratĂ©gie redeviennent des enjeux politiques auxquelles les mouvements sociaux de ces derniĂšres annĂ©es n’ont pas suffisamment rĂ©flĂ©chi. Il est nĂ©cessaire que l’avant-garde accorde d’avantage d’importance Ă  discuter ces questions clĂ©s, et pas seulement aux besoins immĂ©diats de la lutte. Alors que les bureaucraties ouvriĂšres, agents de facto d’une Ve RĂ©publique qu’elles refusent de remettre en question, sont le facteur le plus conservateur de la situation, les luttes fĂ©ministes, antiracistes, Ă©cologistes, antifascistes, etc., qui ont Ă©tĂ© marquĂ©es par une certaine vitalitĂ© ces derniĂšres annĂ©es, restent privĂ©es d’horizon stratĂ©gique. AprĂšs la canalisation, la dĂ©viation et la dĂ©faite de la poussĂ©e rĂ©volutionnaire des « annĂ©es 1968 », les mouvements sociaux ont progressivement relĂ©guĂ© la perspective de la destruction de l’appareil capitaliste et Ă©tatique et la rĂ©flexion sur les moyens nĂ©cessaires pour la mener Ă  bien (organisation, usage de la force, prise du pouvoir, etc.), comme si la rĂ©volution ne faisait plus partie de leurs objectifs de luttes.

      Sans poser Ă  nouveau le problĂšme de la rupture avec le capitalisme et tout ce que cela implique, nous ne pourrons pas sortir d’une posture dĂ©fensive. Nous nous rĂ©fĂ©rons ici Ă  toute une sĂ©rie de questions stratĂ©giques auxquelles nous avons tentĂ© de rĂ©pondre dans ce recueil, telles que l’articulation des regroupements de secteurs en lutte au travers de comitĂ©s d’action pour lutter pour le front unique et faire le lien entre la construction d’une organisation rĂ©volutionnaire et la lutte pour le dĂ©veloppement de conseils ou de soviets. Nous pensons Ă©galement aux questions programmatiques, et Ă  la nĂ©cessitĂ© d’un cahier de revendications commun pour souder la lutte contre la rĂ©forme des retraites Ă  celle pour une Ă©chelle mobile des salaires face Ă  l’inflation, mais aussi Ă  un programme dĂ©mocratique radical offensif aprĂšs le 49.3 et face au cours autoritaire du rĂ©gime. Toutes ces questions sont Ă  considĂ©rer dans le cadre d’un processus plus gĂ©nĂ©ral au sein duquel la classe ouvriĂšre a Ă©tĂ© un protagoniste central, avec ses mĂ©thodes (grĂšve, piquets de grĂšve, etc.), et oĂč des secteurs d’avant-garde ont pu accumuler une certaine expĂ©rience dans des luttes antĂ©rieures. Ces Ă©lĂ©ments sont autant de points d’appui face Ă  ceux qui cherchent Ă  vider les mouvements de leur contenu subversif, Ă  les canaliser, ou encore Ă  en tirer un profit parlementaire et institutionnel.

      La trajectoire du mouvement ouvrier en France au cours des sept derniĂšres annĂ©es a mis Ă  l’ordre du jour la nĂ©cessitĂ© de construire un vĂ©ritable parti rĂ©volutionnaire, tout en ouvrant la possibilitĂ© d’avancer de façon non linĂ©aire mais par sauts dans cette voie. C’est cette situation qui a permis que RĂ©volution Permanente Ă©merge politiquement. Nous proposons d’avancer dans la construction d’une vĂ©ritable organisation rĂ©volutionnaire, communiste et internationaliste, en tirant les leçons des luttes rĂ©centes et en prĂ©parant les prochaines batailles de classe Ă  venir.

      Ce travail vise Ă  prolonger le vaste processus de discussions et de rĂ©flexions qui existe chez toutes celles et ceux qui ont participĂ© l’intense combat de la premiĂšre moitiĂ© de l’annĂ©e 2023, qui ont sacrifiĂ© leurs salaires, qui ont dĂ» affronter la rĂ©pression et qui ressentent l’amertume de la dĂ©faite alors que tous les ingrĂ©dients Ă©taient lĂ  pour une victoire. Comme le souligne Mathieu Dejan, dans Mediapart, il existe une « recomposition permanente » du champ politique, Ă  gauche, avec la NUPES, comme Ă  l’extrĂȘme droite, ainsi qu’à l’extrĂȘme gauche, dans le cadre de la mobilisation que nous avons connue. Plusieurs positions se dessinent ainsi clairement. Depuis RĂ©volution Permanente, nous sommes convaincus de la nĂ©cessitĂ© d’approfondir et de socialiser cette discussion, car c’est bien des conclusions que l’on saura en tirer que dĂ©pendra en partie l’avenir du mouvement ouvrier dans les annĂ©es Ă  venir.

    • 🔮 1er octobre : pour affronter sĂ©rieusement Macron & Barnier, il faudra une autre stratĂ©gie

      Alors que le Barnier prĂ©pare l’austĂ©ritĂ©, la direction de la CGT doit tirer les bilans de la faible mobilisation et en finir avec le « dialogue social ».

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    • À Paris, Marseille, Toulouse et dans prĂšs de 190 rassemblements, des dizaines de milliers de personnes ont battu le pavĂ© ce 1er octobre selon la CGT, pour la dĂ©fense des salaires, des retraites et des services publics. AppelĂ©e par trois syndicats (CGT, Solidaires, la FSU) et des organisations de jeunesse, cette premiĂšre journĂ©e de grĂšve interprofessionnelle avait valeur de rentrĂ©e sociale face au gouvernement Macron-Barnier qui prĂ©sentait le mĂȘme jour son discours de politique gĂ©nĂ©rale.

      Une faible mobilisation : le verre Ă  moitiĂ© vide ou Ă  moitiĂ© plein ?

      La CGT a comptabilisĂ© prĂšs de 170 000 de personnes ce mardi, avec 20 000 manifestants Ă  Paris, prĂšs de 8 000 personnes Ă  Toulouse, 6 000 Ă  Lyon, 5 000 Ă  Bordeaux ou encore 1 500 Ă  Perpignan. Au global, un niveau de participation pas si Ă©loignĂ© des 200 000 manifestants comptĂ©s le 13 octobre 2023 lors de la prĂ©cĂ©dente rentrĂ©e sociale. PrĂ©fĂ©rant ainsi voir le verre Ă  moitiĂ© plein, Sophie Binet a expliquĂ© en fin de journĂ©e : « c’est une mobilisation Ă  la hauteur des journĂ©es d’action de ce type ».

      Une interprĂ©tation optimiste qui ne tient pas la route. En effet, sans aller jusqu’à comparer ce 1er octobre avec les mobilisations sur les retraites, le niveau de mobilisation reste bas, mĂȘme au regard de journĂ©es de grĂšve interprofessionnelle plus « classiques ». Ainsi, rarement on avait vu de si faibles taux de mobilisations dans des secteurs habituellement piliers de ce type de journĂ©es, comme c’est le cas des cheminots, avec un trafic trĂšs peu perturbĂ©. De mĂȘme, le taux de grĂ©vistes dans l’Education nationale n’était que de 6,08 % pour les enseignants. Des chiffres probablement sous-Ă©valuĂ©s car Ă©manant de l’Etat mais qui expriment une tendance gĂ©nĂ©rale.

      Surtout, rarement un tel dĂ©calage a Ă©tĂ© constatĂ© entre la « profonde colĂšre dĂ©mocratique et sociale » pointĂ©e Ă  juste titre par Sophie Binet et le niveau de mobilisation. Dans ce cadre, ce n’est ni en pointant la « fatigue dĂ©mocratique et sociale des salariĂ©s », ni en limitant cette journĂ©e Ă  « un premier signal », comme l’a affirmĂ© Sophie Binet, que l’on pourra renverser la tendance, mais bien en tirant le bilan que des journĂ©es isolĂ©es, peu construites et sans perspectives, ne peuvent dĂ©boucher que vers plus de dĂ©moralisation.

      Renouer avec le « dialogue social » ou affronter sĂ©rieusement Macron et Barnier ?

      Dans ce cadre, on ne peut que se questionner sur la volontĂ© rĂ©elle de la direction de la CGT d’affronter sĂ©rieusement le gouvernement Macron-Barnier. En effet, depuis plusieurs semaines, le discours de la CGT se focalise sur les « inflexions » dans le discours de Barnier. Au rendez-vous de la CGT avec le premier ministre ce mardi, Sophie Binet a affirmĂ© sur les retraites : « il m’a Ă©coutĂ©e poliment, il a pris des notes. Le premier changement notable est qu’il a annoncĂ© vouloir rouvrir la question de la rĂ©forme des retraites alors qu’Emmanuel Macron ne voulait pas en entendre parler ». Sur l’assurance-chĂŽmage, la dirigeante relĂšve : « On n’a pas eu de rĂ©ponse claire et ferme. Mais ce que nous ont fait comprendre la ministre du Travail et le Premier ministre, c’est qu’ils souhaitaient redonner la main aux acteurs sociaux. Avant d’ajouter : « Je le dis, si cette rĂ©forme n’est pas enterrĂ©e, ça ne sert Ă  rien d’expliquer qu’on veut renouer le dialogue. J’espĂšre qu’il aura la sagesse de l’annoncer le 1er octobre. »

      Autant d’élĂ©ments qui pointent dans un mĂȘme sens, celui du retour au « dialogue ». Une orientation que le communiquĂ© de la CGT publiĂ© Ă  l’issue du discours de politique gĂ©nĂ©rale confirme plus que jamais. La centrale syndicale crie en effet, Ă  la victoire face Ă  l’annonce par Barnier d’une revalorisation anticipĂ©e et purement symbolique du SMIC dĂšs novembre, Ă  hauteur de 2 %. Elle prĂ©sente mĂȘme la rĂ©ouverture de nĂ©gociations entre syndicats et patronat autour de la rĂ©forme de l’assurance chĂŽmage comme « l’enterrement » de cette reforme, faisant oublier le fiasco de ces mĂȘmes nĂ©gociations il y a quelques mois.

      Les mains tendues de Michel Barnier aux directions syndicales lors de son discours de politique gĂ©nĂ©rale semblent avoir suffit Ă  combler les directions syndicales. La CGT paraĂźt ainsi conquise au point de prĂ©senter ces orientations comme le symbole de « l’échec de la politique Ă©conomique, sociale et environnementale d’Emmanuel Macron » et salue mĂȘme « un changement de mĂ©thode dĂ©mocratique ». MalgrĂ© les promesse d’austĂ©ritĂ© et de politique ultra-sĂ©curitaire et xĂ©nophobe, la direction de la CGT place dĂ©sormais ses espoirs entre les mains de Michel Barnier pour abroger la rĂ©forme des retraites, renouant avec la stratĂ©gie qui a conduit Ă  l’impuissance pendant la bataille des retraites, malgrĂ© la dĂ©termination et la mobilisation de millions de grĂ©vistes.

      Pour arracher de véritables avancées sociales, il faudra combattre le gouvernement par la grÚve et la rue

      L’orientation proposĂ©e par la direction de la CGT qui vise Ă  faire « pression » pour un retour au « dialogue social » ne peut constituer qu’une impasse pour le mouvement ouvrier. Comme nous l’affirmions dans notre Ă©dito, « ce positionnement ne permet pas de prĂ©parer l’affrontement avec le gouvernement Macron-Barnier, et encore moins avec le rĂ©gime. Il correspond Ă  une nouvelle tentative de s’appuyer sur la crise politique pour renouer avec le "dialogue social". » Alors que le gouvernement compte sur les « partenaires sociaux » pour maintenir un semblant de stabilitĂ© dans le pays, un nouveau cycle de discussions pourrait s’ouvrir « dĂšs les prochaines semaines », a affirmĂ© en ce sens Barnier.

      Au lieu de rentrer dans le jeu du gouvernement, il est au contraire urgent de rompre immĂ©diatement avec le « dialogue social ». Barnier, sous surveillance de la droite et de la macronie, ne va certainement pas cĂ©der sur des revendications importantes, et son dialogue sert avant tout Ă  canaliser les directions du mouvement ouvrier. En l’absence de mobilisation, c’est la dĂ©moralisation qui va prospĂ©rer ou l’idĂ©e que « voter ne marche pas, mais manifester non plus ». Or, il est possible de briser ce sentiment, de redonner confiance aux travailleurs et Ă  la jeunesse, en mettant en avant des perspectives stratĂ©giques crĂ©dibles.

      Alors que trois annĂ©es d’inflation continuent Ă  peser durement sur les conditions de vie et de subsistance de la masse des travailleurs, et que les fragilitĂ©s du gouvernement ouvrent des opportunitĂ©s, il y a urgence Ă  se saisir sĂ©rieusement des brĂšches ouvertes par la situation. Pour arracher de rĂ©elles avancĂ©es sociales, il faut un rapport de forces immense par les mĂ©thodes de la lutte de classes. Celui-ci doit se construire autour d’une stratĂ©gie sĂ©rieuse, qui permette d’unifier notre classe autour d’un programme qui donne envie de se battre et un plan qui donne confiance dans la possibilitĂ© de vaincre. Une logique Ă  rebours de l’attitude actuelle des directions du mouvement ouvrier.