Monolecte 😷🤬

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Puisque ça y est c’est octobre morose… - Framapiaf
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    oui clairement la société a un problème de rapport aux jouets des hommes cis.
    J’ai eu une double mastectomie en 2016.
    Après mon dépistage génétique, l’onco-geneticienne a évalué mon risque personnel et m’a expliqué l’intérêt (non) du dépistage et celui de la chirurgie plus radicale.
    J’ai fait mon choix, eu un rendez-vous avec un chirurgien réputé pour ses talents techniques. Alors oui mais…

    Il m’a expliqué qu’on opérait en un temps : ablation et prothèses immédiates et qu’avec ma peau il pouvait poser des prothèses plus grosses que mes seins que j’amenais en consultation. Trop fier le mec.
    Sauf que moi j’avais choisi de ne pas avoir de prothèse. Une reconstruction à plat comme on dit.
    QUE N’AVAIS JE PAS DIT.
    Il m’a prise pour une folle. A 29 ans on a besoin de nichons voyons. Et les hommes ? Et la féminité ? Et j’allais le regretter c’était sur, lui il opère tous les jours il savait mieux que moi ce que les femmes veulent. Il ne m’opérait pas s’il ne posait pas de prothèse en même temps, à mon âge.

    J’ai demandé à ma généticienne de m’adresser ailleurs.

    Oui mais…
    L’onco-psychologue est entrée dans la danse. « Où placez vous votre féminité si elle n’est pas dans votre poitrine ? » Étant mère célibataire j’avais demandé l’aide des services sociaux et l’assistante sociale s’est mise à me balancer que j’allais traumatiser mes filles car j’enlevais sans remplacer ce qui les avais allaitées toutes les deux. Mon généraliste de l’époque m’a demandé comment je comptais « refaire ma vie » sans outil de séduction apparent (alors c’est vrai que je suis banale physiquement mais quand même on n’est pas obligé de m’insulter).

    Et l’infirmière coordinatrice s’y est mise à base de « si vous étiez en couple on demanderait l’avis de Monsieur, comment pensez-vous vivre votre vie de femme sans sein ? »
    Avant l’opération, elle m’a demandé « comment je voyais l’intervention ». J’ai répondu que je ne comptais pas la voir, que j’avais rencontré une gentille anesthésiste dans le but de ne rien voir. « Mais après, les cicatrices sans poitrine dessous, par rapport à votre féminité ? » Eh bien j’allais bien voir 🤷🏻‍♀️

    Pendant plusieurs semaines après l’opération, la psy est revenue à la charge sur ma féminité. J’ai dû inventer des trucs pour qu’elle arrête de croire que j’allais mal dans ma peau à cause de la perte de mes nichons.
    L’assistante sociale s’est permis des remarques sur l’absence des seins qui avaient nourri mes filles et en plus c’était dommage pour refaire ma vie.

    Évidemment j’ai trouvé le chirurgien qui se contentait de (bien !) faire son travail sans juger mon choix parce que mon onco généticienne a fait son travail à elle, correctement et sans jamais juger.

    Mais ce que j’ai entendu montre bien le souci qu’a notre société avec NOS corps. Nos nichons.

    On est en 2024, je suis tatouée sur tout le torse comme je l’avais dit en préparant la chirurgie, je n’ai aucun regret, je n’en ai jamais eu aucun, et aucune volonté de porter des prothèses jamais.

    Ah et les gens qui savaient que j’allais me faire opérer : 100% des femmes ont réagi en mode « demande des GROSSES prothèses ! » « moi à ta place je me ferais plaisir, c’est la sécu qui paie » (après on viendra me dire que je profite mdr).
    C’est très intégré hein… pas du tout le seul fait de mecs un peu macho (d’ailleurs l’onco psy, l’assistante sociale et l’infirmière coordo étaient des meufs)

    Moralité : les gens sont cons et voient les corps des femmes comme les jouets sexuels des hommes hétéro.
    Et aussi : si vous saviez comme c’est tranquille la vie sans nichon 😂
    Et enfin : avant de vous précipiter sur un dépistage délétère, lisez Cancer Rose. (#OctobreRose tout ça ⬆️)