Dette : ce nâest pas Ă nous de payer !
Gel des pensions de retraite pendant six mois, pour prĂšs de 4 milliards dâĂ©conomies ; relĂšvement de la taxe sur lâĂ©lectricitĂ© pour 3 milliards ; coupes dans les budgets des collectivitĂ©s locales Ă hauteur de 5 milliards ; baisse du remboursement de la consultation mĂ©dicale pour 1,5 milliard ; coup de rabot sur les indemnitĂ©s journaliĂšres ; suppression de 4 000 postes dâenseignants⊠le gouvernement sâattaque Ă ce quâil y a de plus vital pour tous.
Des millions de travailleurs, de retraitĂ©s et de jeunes nâont pas 1 000 euros par mois pour vivre. Ils renoncent dĂ©jĂ Ă se nourrir correctement. Ils se chauffent au minimum. Ils reportent la visite chez le mĂ©decin, lâophtalmologiste ou le dentiste. Et il faudrait accepter que ce soit pire demain ?
Le gouvernement Barnier parle de « budget de crise ». Mais pour le monde ouvrier, le budget de crise, câest tous les mois ! Les classes populaires payent cher pour lâinflation. Souvent, le salaire dâun ouvrier ou dâun employĂ© ne suffit plus pour remplir le caddy et rĂ©gler toutes les factures, y compris la mutuelle et les assurances en augmentation constante.
Tous, nous payons le prĂ©tendu dĂ©ficit des retraites en Ă©tant forcĂ©s de travailler deux ans de plus. Tous, nous sommes confrontĂ©s aux hĂŽpitaux et Ă lâĂ©cole qui manquent de moyens, aux Ehpad, aux crĂšches ou aux transports publics saturĂ©s : il faut que ces reculs sâarrĂȘtent.
Et que le gouvernement ne nous parle pas dâ« efforts partagĂ©s » ! La surtaxe prĂ©vue sur les ultra-riches est censĂ©e rapporter 2 milliards. Mais lâannĂ©e derniĂšre, les entreprises du CAC 40 leur ont versĂ© 70 milliards de dividendes. Sâil manque toujours de lâargent pour payer les retraites, le personnel des hĂŽpitaux ou les professeurs, il nâen manque jamais pour les dynasties dâactionnaires, qui ne sont que des parasites.
Le systĂšme capitaliste fonctionne comme une immense pompe aspirante des richesses produites par les travailleurs. Il nâest pas fait pour que leur travail paye, mais pour que lâargent aille Ă lâargent. Pour que le capital rapporte toujours plus de capital.
En plus de sâenrichir au travers de lâexploitation, il faut encore que les capitalistes pillent les caisses publiques. Câest cela qui explique lâampleur de la dette. Car lâĂtat ne sâest pas endettĂ© pour faire des cadeaux aux salariĂ©s, aux retraitĂ©s ou aux chĂŽmeurs, mais pour en faire Ă la bourgeoisie et aux groupes capitalistes.
PrĂ©tendant amĂ©liorer « lâattractivitĂ© du pays », comme disait Macron, le gouvernement a supprimĂ© lâimpĂŽt sur la fortune. Il a baissĂ© lâimpĂŽt sur le capital et celui sur les bĂ©nĂ©fices. Au final, un boulanger a un taux dâimposition plus Ă©levĂ© que celui dâun actionnaire riche Ă millions !
Et comme si cela ne suffisait pas, lâĂtat, comme les rĂ©gions, les dĂ©partements et les villes gĂ©rĂ©s par des Ă©curies politiques de tout bord ont encore arrosĂ© les grandes entreprises sous prĂ©texte de les aider Ă investir, Ă dĂ©carbonerâŠ
« Pour lâemploi dans la filiĂšre maritime française », le gouvernement a, par exemple, changĂ© le calcul de lâimpĂŽt des armateurs. En deux ans, lâĂtat a subi un manque Ă gagner de prĂšs de 10 milliards, au profit quasi exclusif dâun seul groupe puisque le commerce maritime français est contrĂŽlĂ© aux trois quarts par le groupe CMA CGM.
10 milliards envolĂ©s, donc, pour un groupe capitaliste qui a fait un bĂ©nĂ©fice de 23,4 milliards dâeuros en 2023 et un milliardaire, Rodolphe SaadĂ©, Ă la tĂȘte dâune fortune de 32 milliards. Ce dernier est dĂ©sormais connu pour sâĂȘtre offert le journal La Provence et la chaĂźne BFM TV. Et ce nâest quâun exemple parmi dâautres.
Sanofi, gavĂ© dâargent public par le biais du crĂ©dit impĂŽt recherche, se dĂ©barrasse de ses chercheurs, et mĂȘme de la production de Doliprane, vendue dans une juteuse opĂ©ration financiĂšre.
Les caisses publiques se vident pour remplir celles des multinationales et de la grande bourgeoisie : ce sont des vases communicants. Alors, cette dette nâest pas la nĂŽtre, câest celle de la grande bourgeoisie, câest Ă elle de la rembourser jusquâau dernier centime. Rien quâen supprimant les cadeaux aux capitalistes, en tapant dans les 1 200 milliards accumulĂ©s par les 500 plus grandes fortunes et en rĂ©quisitionnant une bonne partie des 180 milliards de profits des entreprises du CAC 40, il y a plus dâargent quâil nâen faut.
Ce programme, il faut lâopposer au gouvernement Barnier et Ă tous les politiciens qui se prĂ©tendent dans lâopposition mais qui le soutiennent de fait, Ă commencer par Le Pen.
Faire payer la grande bourgeoisie serait une premiĂšre mesure dâutilitĂ© publique. Mais lâexproprier et lui enlever son pouvoir de nuire reste la seule perspective pour en finir avec une sociĂ©tĂ© aussi injuste, inĂ©galitaire et barbare.
Nathalie Arthaud
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