Pour la deuxième fois, la justice italienne invalide la détention des migrants en #Albanie
Un tribunal italien a infligé lundi un nouveau revers à la politique migratoire de la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni. Les juges ont invalidé la détention du deuxième groupe de migrants envoyés vendredi en Albanie en demandant à la justice européenne de statuer sur leur rétention. En attendant, les sept exilés seront renvoyés en Italie, et les centres albanais demeurent vides.
Nouveau camouflet pour la Première ministre italienne d’extrême droite. Lundi 11 novembre, un tribunal de Rome a suspendu la détention des sept migrants envoyés vendredi en Albanie, selon un accord signé fin 2023 entre Rome et Tirana qui prévoit l’externalisation des demandeurs d’asile.
Les magistrats ne se prononcent pas sur la légalité de cette détention mais décident de saisir la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour s’assurer que la législation italienne soit conforme aux textes européens.
Pour des questions de délai légal, les sept migrants concernés « retourneront en Italie dans les prochaines heures », a indiqué lundi soir à l’AFP une source gouvernementale italienne.
Au départ, huit personnes, originaires du Bangladesh et d’Égypte, avaient été envoyées en Albanie vendredi après avoir été interceptées en mer par les gardes-côtes italiens. Mais l’un des exilés a été transféré quelques heures plus tard en Italie en raison de sa vulnérabilité - constatée lors d’un examen médical dans le centre albanais.
Bras de fer
Depuis plusieurs semaines, les juges italiens et le gouvernement se livrent une bataille sémantique sur la définition de « pays sûrs ».
Dans une affaire précédente remontant à trois semaines, des juges de la section des affaires migratoires du tribunal de Rome avaient annulé la rétention des 12 premiers migrants conduits en Albanie, invoquant un récent arrêt de la CJUE sur les pays de provenance considérés « sûrs » par les pays d’accueil.
Le tribunal avait tranché qu’aux termes de cet arrêt, les 12 migrants ne remplissaient pas les critères de rétention en Albanie et qu’ils devaient être renvoyés en Italie.
Pour contourner l’obstacle, le gouvernement de Giorgia Meloni avait adopté 48 heures plus tard un décret en inscrivant dans la loi 19 pays considérés comme « sûrs » par le gouvernement.
Ce qui signifie que Rome espérait traiter en procédure accélérée depuis l’Albanie les demandes d’asile de migrants originaires de ces pays, avec à la clé une probable expulsion.
Face à ce décret, des juges du tribunal de Bologne se sont déjà adressés il y a deux semaines à la CJUE lui demandant de clarifier la situation face aux « divergences évidentes » et aux « conflits d’interprétation » dans le système juridique italien.
Ils ont également estimé qu’il n’était pas possible de déclarer des pays entiers sûrs lorsqu’il existe des preuves de la persécution de minorités. « On pourrait dire, paradoxalement, que l’Allemagne nazie était un pays extrêmement sûr pour la grande majorité de la population allemande : à l’exception des juifs, des homosexuels, des opposants politiques, des personnes d’origine rom et d’autres groupes minoritaires », ont-ils plaidé.
« Un nouveau jugement politique »
Le vice-Premier ministre Matteo Salvini, allié de Giorgia Meloni et chef du parti anti-migrants de la Ligue, a aussitôt réagi à cette décision en dénonçant « un nouveau jugement politique (...) contre les Italiens et leur sécurité ». « Le gouvernement et le parlement ont le droit de réagir pour protéger les citoyens et ils le feront », a-t-il estimé.
« La justice démonte encore une fois la propagande du gouvernement italien », s’est félicitée de son côté l’ONG de sauvetage en mer Sea-Watch. « Combien de temps encore le gouvernement italien continuera cette farce inhumaine ? »
Alors que Rome a déjà dépensé des dizaines de millions d’euros pour construire ces centres de rétention en Albanie ayant finalement ouvert en octobre avec des mois de retard, cet énième revers est embarrassant pour Giorgia Meloni.
La cheffe du parti post-fasciste Fratelli d’Italia avait présenté ce projet comme un « exemple » pour les autres pays européens. Mais ces centres, initialement prévus pour accueillir des centaines de migrants, sont pour l’instant condamnés à tourner à vide.
►https://www.infomigrants.net/fr/post/61111/pour-la-deuxieme-fois-la-justice-italienne-invalide-la-detention-des-m
#Albanie #Italie #externalisation #migrations #asile #réfugiés
voir aussi :
Sono riprese le operazioni della nave #Libra verso l’Albania
►https://seenthis.net/messages/1080714
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ajouté à la métaliste sur l’#accord entre #Italie et #Albanie pour la construction de #centres d’accueil (sic) et identification des migrants/#réfugiés sur le territoire albanais...