était comme vous, lorsqu’elle avait votre âge : dans l’insouciance et les promesses d’éternité de la jeunesse elle aussi conchiait les digests et aurait jeté des cailloux sur quiconque lui aurait avoué consommer de la Littérature ainsi. « Quoi ? Dites-moi pas que c’est pas vrai ! Quand on est un·e vrai·e esthète et érudit·e on lit les textes in extenso ; les extraits, les résumés et les raccourcis c’est tout juste bon pour les cuistres ! »
Oui mais voilà, là-dessus aussi la vieillesse a sensiblement fait évoluer son opinion : maintenant qu’il ne lui reste plus guère que dix à douze minutes « d’espérance » de vie elle n’a plus le temps de se taper des pavés de deux mille pages, alors elle confesse combler quelques unes de ses lacunes à grands coups de condensés, notamment pour les classiques. Après tout si Dave a réussi à parfaitement synthétiser « La Recherche du temps perdu » en une seule chanson de trois minutes, pourquoi ne pourrait-on pas ramener « Guerre et Paix » ou « L’Homme sans qualités » à quelques lignes ?
Encore une preuve qu’il ne faut jamais dire « Brigitte Fontaine je ne boirai pas de tonneau ».