Ces anciens hippies vont donc, comme le résume Dominique Cardon, « accompagner le tournant des méthodes de management qui clôt l’ère fordiste du #capitalisme industriel de l’âge des directeurs, pour ouvrir celui des réseaux mondiaux de travailleurs de la connaissance du capitalisme financier ».
Cette osmose culmine avec la magazine #Wired, en 1993, dont Stewart Brand fut l’un des fondateurs, avec Kevin Kelly, un Born Again Christian, dont l’édito inaugural proclame que « la révolution numérique déferle dans nos vies comme un tsunami », apportant avec elle « des changements sociaux si profonds que le seul équivalent historique serait la découverte du feu ». Mais, écrit Fred Turner, « sa foi en l’idée que l’internet représentait une révolution dans les rapports humains légitima des revendications de dérégulation du secteur privé des télécommunications et le démantèlement des aides gouvernementales dans d’autres secteurs ».
Le magazine Wired n’hésita pas, ainsi, à mettre le leader républicain Newt Gingrich en une, pendant que ses membres se rendaient au Forum économique de Davos pour y disserter sur le monde connecté qu’ils étaient en train de créer.
Comme le synthétise Dominique Cardon, « loin de bouleverser les hiérarchies sociales, comme l’ont tant proclamé Wired et les prophètes du réseau, l’expressivité connectée des engagés de l’internet a sans doute plus transformé les modalités d’exercice de la #domination que la composition sociale des dominants ».