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La justice italienne annule une nouvelle fois le transfert de migrants en Albanie
Par La rédaction Publié le : 03/02/2025
Une quarantaine de migrants ont quitté samedi l’Albanie pour l’Italie après que la justice italienne a annulé une nouvelle fois le transfert de ces exilés. Quarante-neuf migrants avaient été interceptés en mer et envoyés en Albanie mardi dernier. Plusieurs d’entre eux avaient été renvoyés en Italie le jour même, en raison de leur vulnérabilité.
C’est un nouveau camouflet pour la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Samedi 1er février, 43 migrants ont quitté en bateau le port albanais de Shëngjin pour l’Italie. La justice italienne a annulé leur transfert vers ce pays des Balkans la veille.
C’est la troisième fois que les juges italiens mettent en échec l’envoi de migrants en Albanie. Ce projet de délocalisation porté par la dirigeante d’extrême droite a pour but de confier à Tirana le traitement des demandes d’asile des personnes interceptées en Méditerranée, et d’accélérer le rapatriement des exilés déboutés.
Les migrants rapatriés samedi faisaient partie d’un groupe de 49 personnes interceptées par les autorités italiennes alors qu’elles tentaient de traverser la Méditerranée, avant d’être conduites en Albanie où elles sont arrivées mardi. Plusieurs d’entre eux ont été renvoyés le jour même en raison de leur vulnérabilité, tandis que des dizaines sont restés sur place.
La plupart sont originaires du Bangladesh, mais le groupe compte également six Égyptiens, un Ivoirien et un Gambien, selon les associations de défense des droits de l’Homme qui suivent l’affaire.
Vendredi, la Cour d’appel de Rome a donc, une nouvelle fois, renvoyé l’affaire devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Les juges italiens refusent ainsi d’approuver la détention d’un groupe de migrants dans des centres gérés par le pays en Albanie, préférant remettre cette décision à la justice européenne.
Depuis fin 2024 et les premières tentatives de transferts en Albanie, la CJUE a été saisie pour examiner des questions juridiques soulevées par plusieurs tribunaux italiens. Les juges italiens ont notamment sollicité la CJUE pour qu’elle se prononce sur la notion de pays sûr. Une question au cœur du projet de délocalisation car uniquement les hommes seuls originaires de pays dits sûrs sont concernés par les expulsions en Albanie. L’Italie a établi une liste de pays dits « sûrs » et les demandes d’asile de personnes originaires de ces pays sont traitées de façon accélérée.
Mais les juges qui ont bloqué le premier transfert de migrants ont invoqué une décision de la Cour de justice de l’Union européenne selon laquelle les pays de l’UE ne peuvent décréter l’ensemble d’un pays sûr alors même que certaines régions de ce même pays ne le sont pas. Cette décision judiciaire est un nouveau coup dur pour le projet d’externalisation des demandes d’asile de Giorgia Meloni. Une source du ministère l’Intérieur italien a réagi, samedi, en déclarant que le gouvernement ne se laisserait pas détourner d’une initiative qui a été discutée lors d’une réunion des ministres de l’UE la semaine dernière. « Le gouvernement ira donc de l’avant », a-t-elle ajouté.
En novembre 2023, Giorgia Meloni a signé un accord avec son homologue albanais Edi Rama, afin d’ouvrir deux centres gérés par l’Italie en Albanie, de l’autre côté de l’Adriatique. Les centres sont devenus opérationnels en octobre, mais les juges ont rejeté la détention des deux premiers groupes d’hommes qui y avaient été transférés et qui ont donc été renvoyés dans la péninsule.
Le projet de délocalisation de la demande d’asile de Giorgia Meloni est suivi de près par d’autres pays européens tentés par l’externalisation de l’asile. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen elle-même a déclaré que l’UE devait étudier davantage l’idée de « centres de retour » de migrants en dehors de ses frontières, affirmant que l’UE pourrait « tirer des leçons » de l’expérience Italie-Albanie. Sa proposition d’"explorer la possibilité de centres de retour hors UE" est soutenue par 15 États membres, notamment l’Italie et la Hongrie du conservateur Viktor Orban. Des discussions qui auraient été « impossibles » au sein de l’Union il y a quelques années, avait alors commenté auprès de l’AFP un responsable européen. Mais « le débat a évolué », « vers la droite » de l’échiquier politique, constatait-il.
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