Rumor

universitaire, géographe urbain, longue fréquentation du Liban

  • Ministère des Finances : pourquoi Yassine Jaber est le favori des banquiers libanais - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1446337/ministere-des-finances-pourquoi-yassine-jaber-est-le-favori-des-banqu

    Le rôle joué par M. Jaber apparaît notamment dans un extrait des procès-verbaux d’une réunion déterminante, tenue le 17 juin 2020, entre les membres de la commission et le représentant du FMI, Martin Cerisola, et que L’OLJ s’est procuré. Lors de cette réunion, M. Jaber avait contesté les chiffres avancés par le gouvernement, dénonçant des estimations de pertes « excessivement gonflées ». Surtout, il avait repris à son compte les critiques du secteur bancaire concernant la recapitalisation des banques et le dédommagement des grands déposants à travers un « bail-in » – qui prévoyait notamment la conversion d’une partie des dépôts bancaires en actions –, au motif que cette mesure ferait principalement porter le poids de la crise aux Libanais expatriés et investisseurs arabes qui détiennent une partie non négligeable des grands dépôts. « C’est justement cette tranche que nous devrons solliciter pour attirer de nouveaux capitaux et des devises étrangères », avait-il ainsi déclaré. Un sujet d’autant plus sensible que parmi ces « grands déposants » expatriés, nombreux sont ceux qui opèrent en Afrique et alimentent traditionnellement la clientèle électorale du mouvement Amal.

    Pour éviter ce scénario, M. Jaber avait proposé la création d’un fonds chargé de compenser les déposants lésés et défendu une restructuration profonde du secteur public, suggérant de transformer des institutions telles qu’Électricité du Liban, les télécommunications et Ogero en sociétés capables d’émettre des obligations à long terme, cotées en Bourse. « Le Liban n’est pas un pays en faillite, mais un pays disposant de liquidités et de nombreux actifs », avait-il plaidé, citant notamment la richesse du patrimoine foncier de l’État (et avançant le chiffre d’un milliard de mètres carrés de terrains publics). Une proposition qui, quoique avec des modalités différentes, s’inscrivait dans l’argumentaire du lobby bancaire et prenait le contrepied exact de la hiérarchisation des responsabilités (et donc des pertes) défendue par le cabinet Diab (et les bonnes pratiques internationales) et qui plaçait les actionnaires et gérants des banques au sommet, puis la banque centrale et l’État. « L’État, qui a accumulé tant d’erreurs, ne peut être abandonné à lui-même pendant que nous faisons porter aux déposants le fardeau de ses fautes », avait au contraire clamé le député berryste. Il avait enfin conclu cet échange avec une question résumant parfaitement l’état d’esprit ambiant : « Le Liban peut-il espérer obtenir un soutien financier du FMI sans engager les réformes ? »

    Mais c’est qui l’État au Liban ? pas une entité abstraite mais des personnes avec des intérêts, des députés et des ministres ainsi que des hauts fonctionnaires directement connectés aux milieux d’affaires. Ce ne sont pas des erreurs, mais des délits d’initiés...