La maltraitance, un enjeu sanitaire : les enfants victimes de violences perdent vingt ans d’espérance de vie par rapport à la population générale
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L’évaluation médico-sociale de tout jeune intégrant un dispositif de #protection_de_l’enfance (ils sont un peu moins de 400 000 mineurs ou majeurs de moins de 21 ans) est entrée dans la loi en 2016. Pourtant, dans les faits, seuls 28 % des conseils départementaux auraient rendu ce bilan systématique, selon des statistiques reprises par la Haute Autorité de santé. Moins du tiers des #enfants « à protéger » bénéficieraient des bilans adéquats dès leur admission et, parmi eux, seul 1 sur 10 bénéficie du suivi adapté par la suite.
Un autre chiffre, emprunté à une étude européenne, et relayé par le Conseil économique, social et environnemental dans un avis diffusé à l’automne 2024, symbolise ce que les soignants résument sous la formule « pertes de chances » : les victimes de #maltraitances dans l’enfance ont, en moyenne, une espérance de vie inférieure de vingt ans à celle de la population générale.
La prise en charge de la santé des enfants de l’#ASE s’est imposée parmi les principales « défaillances » relevées dans les politiques publiques, passées au crible d’une commission d’enquête parlementaire qui a conclu ses auditions mercredi 19 février. [...]
A l’appui de sa démonstration, Céline Greco énumère les résultats de différents travaux de recherche : un enfant maltraité présente, à l’âge adulte, deux fois plus de risques de développer des maladies cardio-vasculaires, deux à trois fois plus de risques de maladies respiratoires, deux fois plus de risques de cancers, près de cinq fois plus de risques de dépression, trente-deux fois plus de risques de #troubles_des_apprentissages…
Rien que ne sache pas l’unité spécialisée de Robert-Debré. « Pour ces enfants, dès les premières années de la vie, parfois même dès les premières heures de la vie, le risque appelle le risque, insiste Monika Menant, l’infirmière puéricultrice. Plus tard, à l’adolescence, il faut aussi compter avec des conduites à risque… C’est un cercle vicieux que l’on doit réussir à briser en apportant des soins. » A condition d’être en mesure de repérer les maltraitances.
Face à l’enjeu, les acteurs de terrain s’accordent sur un point : il faut un « regard pluridisciplinaire ». Pouvoir « croiser les expertises », ce qui manque souvent dans les espaces fréquentés par les enfants, qu’il s’agisse de l’école ou du cabinet du médecin traitant. Une structure comme l’unité d’accueil pédiatrique pour l’enfance en danger, elle, le permet : c’est ce qui fait la spécificité de ces dispositifs aujourd’hui implantés dans une centaine de départements et dans près de 140 #hôpitaux, dont trois à Paris (Robert-Debré, Necker, Armand-Trousseau), pour organiser le repérage et la prise en charge des mineurs victimes.
Avec un volet médical, donc, mais aussi un volet judiciaire : leurs membres sont amenés à faire des signalements auprès du procureur de la République.