marielle 🐢🚩

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Bétharram, force d’âme | Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/betharram-force-d-ame

    En matière d’inimaginable, on doit reconnaître à l’époque d’avoir de la ressource. D’être riche en providences également. Pour la bourgeoisie. Qui a toujours fait des guerres un dissolvant universel : de ses impasses et de son illégitimité. De ses turpitudes également. « Heureusement qu’il y a l’Ukraine » : c’est donc ce qu’on pense au sommet de l’État quand on considère le bourbier Bétharram, et c’est ainsi qu’on imagine se sauver du désastre moral. Providence au carré d’ailleurs, qui fait oublier d’un côté et transfigure de l’autre. Car voilà l’infamie Bétharram en un instant changée en « force d’âme ». Et en esprit de « sacrifice ». Sans doute une incertitude demeure-t-elle quant aux catégories de la population sur qui l’injonction doit porter. Mais peu importe : la bourgeoisie qui émet les impératifs catégoriques pour les autres trouve toujours à s’y envelopper avantageusement. À France-Info on salit déjà du linge : car c’est évident, « la force d’âme », c’est Lui. D’ailleurs « Il redevient une figure de rassemblement ». En vérité, c’est la note de blanchisserie de toute la bourgeoisie médiatique qui s’annonce carabinée.

    On sait assez que ces providences-là ne sont pas très providentielles. Faire d’une circonstance une providence, ça s’organise. Par exemple on dit « menace existentielle ». Pour lui donner du crédit on excite un peu la partie d’en-face : elle est « impérialiste et révisionniste » – on ne connaît pas très bien le sens des mots qu’on utilise mais on suppose qu’ils vont porter. Pendant ce temps tout se réorganise au mieux. D’un côté une solution de relance de l’accumulation du capital s’impose comme une bénédiction. De l’autre, le service après-vente est déjà en place. Nous sommes donc informés que l’heure n’est plus au « Doliprane pour sa mère » ou aux « loisirs des retraités ». Entre la tête de mort du Medef et le pitre de la BPI, on en fait des caisses sans souci du ridicule historique : car il s’en faut d’un cheveu qu’ils ne dénoncent l’esprit de jouissance qui nous a fait tant de mal. Quand l’effondrement moral continue de se croire au sommet de la moralité, la classe qui jouit fait la leçon à tous en matière de jouissance – au moment où elle invente de se rétablir dans le sang des autres. Il faut admettre que le tableau d’ensemble a de la gueule, on admire les audaces, on apprécie la composition. Éventuellement une critique ou deux, marginales bien sûr. À l’extrême rigueur une légère envie de tout casser dans la galerie.

    • Françoise Güllung arrive en 1994 à Notre-Dame-de-Bétharram. En septembre de cette année-là, aux côtés d’Elisabeth Bayrou, qui est professeure de catéchisme, elle entend une scène de violence sur un enfant. « Je me retrouve dans un couloir, en face de moi arrivait Elisabeth Bayrou, et sur ma gauche, y’avait une salle de classe dans laquelle on entendait un adulte hurler sur un enfant. On entendait les coups et on entendait l’enfant qui suppliait qu’on arrête. Je me retourne vers Elisabeth Bayrou et je lui dis ’mais qu’est-ce qu’on peut faire ?!’ Pour moi ça voulait dire : ’À deux, on peut peut-être ouvrir la porte’, mais elle ne l’a pas compris comme ça. Elle m’a simplement répondu - j’ai oublié les termes exacts - mais ça voulait dire que ces enfants-là y’avait rien à en tirer, point barre », raconte Françoise Güllung à Mediapart.

      https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/les-documents-franceinfo/notre-dame-de-betharram-une-ancienne-professeure-temoigne-et-met-en-caus

    • En matière d’inimaginable, on doit reconnaître à l’époque d’avoir de la ressource. D’être riche en providences également. Pour la bourgeoisie. Qui a toujours fait des guerres un dissolvant universel : de ses impasses et de son illégitimité. De ses turpitudes également. « Heureusement qu’il y a l’Ukraine » : c’est donc ce qu’on pense au sommet de l’État quand on considère le bourbier Bétharram, et c’est ainsi qu’on imagine se sauver du désastre moral. Providence au carré d’ailleurs, qui fait oublier d’un côté et transfigure de l’autre. Car voilà l’infamie Bétharram en un instant changée en « force d’âme ». Et en esprit de « sacrifice ». Sans doute une incertitude demeure-t-elle quant aux catégories de la population sur qui l’injonction doit porter. Mais peu importe : la bourgeoisie qui émet les impératifs catégoriques pour les autres trouve toujours à s’y envelopper avantageusement. À France-Info on salit déjà du linge : car c’est évident, « la force d’âme », c’est Lui. D’ailleurs « Il redevient une figure de rassemblement ». En vérité, c’est la note de blanchisserie de toute la bourgeoisie médiatique qui s’annonce carabinée.On sait assez que ces providences-là ne sont pas très providentielles. Faire d’une circonstance une providence, ça s’organise. Par exemple on dit « menace existentielle ». Pour lui donner du crédit on excite un peu la partie d’en-face : elle est « impérialiste et révisionniste » – on ne connaît pas très bien le sens des mots qu’on utilise mais on suppose qu’ils vont porter. Pendant ce temps tout se réorganise au mieux. D’un côté une solution de relance de l’accumulation du capital s’impose comme une bénédiction. De l’autre, le service après-vente est déjà en place. Nous sommes donc informés que l’heure n’est plus au « Doliprane pour sa mère » ou aux « loisirs des retraités ». Entre la tête de mort du Medef et le pitre de la BPI, on en fait des caisses sans souci du ridicule historique : car il s’en faut d’un cheveu qu’ils ne dénoncent l’esprit de jouissance qui nous a fait tant de mal. Quand l’effondrement moral continue de se croire au sommet de la moralité, la classe qui jouit fait la leçon à tous en matière de jouissance – au moment où elle invente de se rétablir dans le sang des autres. Il faut admettre que le tableau d’ensemble a de la gueule, on admire les audaces, on apprécie la composition. Éventuellement une critique ou deux, marginales bien sûr. À l’extrême rigueur une légère envie de tout casser dans la galerie.

      Le #nihilisme avéré de la bourgeoisie.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nihilisme

      Le nihilisme (du latin nihil, « rien ») est la séparation entre les valeurs et les faits, et proclame l’impossibilité de hiérarchiser les valeurs. Cette position implique l’amoralisme et le scepticisme moral. Le nihilisme est souvent associé au relativisme, il n’en constitue cependant pas une conséquence nécessaire, même si l’un est souvent tiré de l’autre. Le nihilisme repose sur la remise en question des causalités, intentionnalités et normativités de l’existence. Il est une attitude ou doctrine qui nie l’être et l’absolu, et qui donc verse dans le relativisme. Cette notion est applicable à différents domaines : philosophique, religieux, littéraire et politique.