ARNO*

In my case I like to take a nice shower, to take care of my beautiful hair. I have to stand under the shower for 15 minutes till it gets wet. It comes out drip, drip, drip. It’s ridiculous.

  • Face à la mortalité infantile, la France ne peut plus détourner le regard
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/face-a-la-mortalite-infantile-la-france-ne-peut-plus-detourner-le-regard-

    En 2024, 663 000 enfants sont nés en France. Parmi eux, 2 800 bébés ont perdu la vie avant même leur premier anniversaire. Dont 70 % au cours de leurs 28 premiers jours. Avec un taux de mortalité infantile atteignant désormais 4,1 décès pour 1 000 naissances vivantes, notre pays se classe tout en bas de l’échelle européenne : 23e sur 27, entre la Pologne et la Bulgarie.

    Ce triste phénomène n’est pas nouveau. Depuis 2020, année où le taux de mortalité infantile était de 3,5 pour 1 000, la hausse est constante : 3,6 en 2021, 3,9 en 2023 et 4,1 en 2024…

    • Le secteur de la prévention, lui, représenté notamment par les centres de protection maternelle et infantile (#PMI) affiche une déliquescence avancée, ôtant aux publics les plus fragiles des solutions de suivi adaptées, alors que c’était pourtant le cas dans les années 1990 et 2000, et que la précarité multiplie par cinq les risques d’issues malheureuses. En vingt ans, le nombre de mères et d’enfants suivis par ces services a été divisé par deux.

      En lien, le rapport d’une députée macroniste de 2019 :

      - en 1995, près de 900 000 enfants avaient été vus en consultation de PMI, représentant 2,7 millions d’examens ; en 2016, l’activité ne s’élève plus qu’à 550 000 consultants (1,49 million d’examen), soit une baisse de -45 %, et se concentre sur la tranche des 0-2 ans alors que la PMI est compétente jusqu’à 6 ans ;
      – les visites à domicile infantiles par des infirmières puéricultrices ont vu leur nombre presque divisé par 2 en 25 ans (1 million en 1991, 580 000 en 2016) [...]

      Grâce à un questionnaire détaillé adressé aux départements visités, la mission a constaté que 20 % à 30 % des effectifs des PMI étaient consacrés aux missions relatives aux modes de garde (...). De plus, une partie croissante des visites à domicile infantiles de la PMI se fait à la demande de l’aide sociale à l’enfance, dans le cadre d’informations préoccupantes. Ces visites relevant de l’urgence sociale tendent à se substituer aux visites de prévention « prévenante » et fragilisent le lien de confiance entre la PMI et les familles. Cette gestion des informations préoccupantes absorbe environ 10 % du temps des équipes.

      Au total, 30 % à 40 % des moyens humains sont donc « dérivés » du cœur de métier préventif de la PMI, obligeant les équipes à pratiquer un hyper-ciblage sur les publics les plus vulnérables et les enfants les plus jeunes.

      Par ailleurs, le budget général des PMI accuse une baisse significative sur la période récente (–4 % de 2013 à 2017), et le manque de médecins (jusqu’à 50 % de postes vacants dans certaines PMI) va s’aggraver puisque deux-tiers des médecins de PMI atteindront l’âge de la retraite d’ici 2020.

      https://solidarites.gouv.fr/rapport-de-michele-peyron-pour-sauver-la-pmi-agissons-maintenant

      Dans une étude de la DREES, on apprend que le nombre de médecins en PMI a diminué de 25% entre 2010 et 2019...
      https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/protection-maternelle-et-infantile-pmi-un

    • https://www.humanite.fr/societe/bebes/mortalite-infantile-pourquoi-la-france-est-lun-des-pires-eleves-deurope

      Autre différence majeure entre les bons élèves et les plus mauvais, dont nous faisons partie : le nombre de sages-femmes par femmes enceintes. « Chez nous, une patiente en travail peut être suivie par une sage-femme qui s’occupe de deux, trois, quatre femmes en même temps, observe Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne et chercheuse au Cress (Centre de recherche en épidémiologie statistique). Donc l’accompagnement n’est pas du tout le même. Quand on va en Suède, le one-to-one est la règle : une sage-femme par femme enceinte. Bien évidemment cela a un coût. Mais les études démontrent clairement que cet encadrement permet d’améliorer les issues. »
      Par ailleurs, dans ce dernier pays, le secteur de la prévention est un pilier loin d’être sous-estimé. Les futures mamans ont par exemple la chance de voir une sage-femme entre jusqu’à dix fois avant d’accoucher. Des consultations gratuites se tiennent dans un centre très proche du domicile de la future mère. Si en France les 1 300 centres de protection maternelle et infantile (PMI) qui quadrillent le territoire sont censés assurer ce rôle, cela dépend des moyens de chacun d’entre eux. Qui diffèrent largement selon leur localisation…

      https://www.buchetchastel.fr/catalogue/41

      4,1 décès pour 1 000 naissances : c’est le taux de mortalité infantile dans notre pays. Un chiffre en constante augmentation depuis 2020. Méconnu, ce chiffre classe la France tout en bas de l’échelle européenne. Pire, nous faisons face à un paradoxe troublant : alors que notre natalité baisse, notre mortalité infantile augmente ! Que se passe-t-il pour que, chaque année, près de 2 800 bébés ne soufflent pas leur première bougie ? Et que 70 % d’entre eux meurent à la maternité ? Cette enquête, exceptionnelle, révèle et analyse cette catastrophe. Fermeture des petites structures, surcharge et cadences infernales dans les CHU, restriction du recours aux césariennes, dégradation du suivi des prématurés, effondrement de la protection maternelle et infantile... En parallèle, les textes de lois dépassés, la valse des ministres de la Santé et l’opportunisme d’un certain nombre d’acteurs qui profitent de la démission des pouvoirs publics empêchent toute réaction. Cette révoltante réalité est enfin mise au jour. Ce livre édifiant porte la voix de ceux qui n’ont pas eu le temps d’apprendre à parler.

    • La mortalité infantile augmente : leur enquête dévoile « le scandale des accouchements en France » | Le Télégramme
      https://www.letelegramme.fr/sante/la-mortalite-infantile-augmente-leur-enquete-devoile-le-scandale-des-ac

      En 2024, près de 2 000 enfants sont morts, en France, lors de leur premier mois. Face à un taux de mortalité infantile en hausse, deux journalistes publient un livre enquête qui met en cause le « dysfonctionnement général du système de santé ».

      Votre livre porte, dans son titre, « 4,1 », soit le nombre de décès de bébés avant l’âge d’un an, pour 1 000 naissances vivantes. En quoi est-il si alarmant ?
      Anthony Cortes : Notre enquête est partie de la lecture d’un rapport de l’Insee, à l’été 2023, qui faisait état d’un taux de 3,9, passé à 4,1 en 2024. En Europe, la France figure aujourd’hui au 23e rang des pays sur 27. On s’est posé la question de savoir pourquoi elle était devenue aussi mauvaise élève, alors qu’elle a été longtemps montrée comme un exemple. En 2011, le taux était même descendu à 3,5. Souvent, les responsabilités pointées pour expliquer la récente hausse de mortalité sont en lien avec les comportements individuels : l’âge des femmes qui augmente, le tabagisme, etc. Nous avons voulu nous intéresser aux raisons plus structurelles, comme le démantèlement de l’offre de santé, et mettre en lumière ces destins brisés.

      À partir des années 1970, la fermeture planifiée de petites maternités a pourtant permis de faire chuter le taux de mortalité, et ce, jusqu’à la fin des années 1990…
      Le lancement de ce grand plan a entraîné la fermeture de 75 % des maternités en l’espace de 50 ans. Et c’était plutôt une bonne chose au départ : on est passé d’un taux de mortalité de 18 pour 1 000 à 4,8, en 1998, grâce à un bond en matière de sécurité pour les patientes et les enfants. Notre livre n’est pas un plaidoyer « pro petite maternité ». La question qu’on pose est : n’est-on pas allé trop loin dans cette logique de fermeture, sans penser au maillage territorial ?

      Quels ont été les effets néfastes de la poursuite de cette logique de fermeture de petites maternités dans les années 2000 ?
      La conséquence est la création de déserts médicaux, avec un éloignement des femmes des maternités de plus en plus important : aujourd’hui, 900 000 femmes en âge de procréer habitent à plus de 30 minutes d’une maternité et le taux de celles qui résident à plus de 45 minutes a augmenté de 40 % depuis les années 2000. Cette distance constitue une perte de chance : une étude menée en Bourgogne explique que le taux de mortalité périnatal est doublé quand on habite à plus de 45 minutes d’une maternité.

      Certaines de ces petites maternités ne peuvent pas gérer des situations critiques comme la réanimation. L’Académie de médecine pose même la question de savoir s’il n’est pas plus sécurisant d’accoucher dans un véhicule du Samu…

      En France, ce n’est pas comme en Suède, où les femmes vivent assez loin des maternités et où existe un système de transport médicalisé de haute sécurité. Dans notre pays, ce sont souvent les pompiers qui interviennent mais ils ne sont pas équipés pour procéder à ces accouchements. Dans certains départements, des sages-femmes s’engagent d’ailleurs comme pompiers volontaires, pour prêter main-forte.

      Pour quelles raisons « 91 % des petites maternités seraient en sursis permanent », comme vous l’écrivez ?
      Aujourd’hui, les petites maternités doivent assurer la triple permanence des soins pour fonctionner : il doit y avoir un anesthésiste, un pédiatre et un gynécologue-obstétricien, mais aussi des sages-femmes. Quand un personnel est manquant, la structure est menacée de fermeture temporaire ou définitive. Or, aujourd’hui, on fait face à une pénurie énorme de soignants. Partout en France, des fermetures peuvent donc arriver à tout moment. Tout à coup, on ne peut plus accoucher dans son département et il est nécessaire de faire une heure et demie de route pour aller dans une autre maternité, inconnue, ce qui crée une angoisse absolue chez les parents, et les mères en particulier. Et aussi une désorganisation territoriale à laquelle doivent répondre les ARS et les établissements, en panique.

      Vous pointez aussi, parmi les causes possibles de cette mortalité infantile, l’explosion du nombre de médecins intérimaires, ces « mercenaires » dont les gardes peuvent être payées plusieurs milliers d’euros.
      Ils sont 12 000 aujourd’hui, un nombre qui a doublé en dix ans, avec pour conséquence d’assécher les finances d’hôpitaux déjà en difficulté. Nous avons collecté plusieurs témoignages assez hallucinants : les maternités sont tellement dépendantes de ces intérimaires qu’elles finissent par prendre ce qui vient et pas toujours « le haut du panier ». Souvent, l’apparition de ces intérimaires, en masse, désorganise les équipes en place. Certains d’entre eux ne sont pas assez formés, ne se mêlent pas assez à la dynamique de l’équipe, et peuvent même être sources de maltraitance, d’une certaine façon.

      Votre enquête montre aussi que les très grosses maternités, ces « usines à bébés » qui réalisent plus de 5 000 accouchements par an, connaissent aussi leur lot de problèmes. Quels sont-ils ?
      Nous sommes dans un entre-deux mortifère avec, d’un côté, des petites maternités en grande difficulté dont le maintien pose question, et, de l’autre, des grands services surchargés par la fermeture des petits et handicapés par des cadences infernales. Jusqu’à avoir des difficultés pour prendre en charge les cas les plus critiques, notamment les prématurés, malgré les équipements disponibles. Petites et grandes maternités sont les deux faces d’une même pièce d’un dysfonctionnement général qui cause des incidents dramatiques.

      Vous évoquez aussi les fermetures « financières » de maternités privées, la course à l’activité dans le public, la césarienne qui fait l’objet d’un débat médical, comme d’autres faisceaux d’indices pour expliquer cette hausse de mortalité infantile. Mais pour mieux évaluer toutes ces causes, vous dites qu’il manque un registre de naissances, une base de données suffisamment solide pour sortir du brouillard statistique…
      On pose cette création de registre de naissances comme la première solution à espérer car il va bien falloir, un jour, trancher les différents débats pour enfin agir : pourquoi est-ce qu’on meurt plus en France, à quel endroit, à partir de quelle sociologie, pour quelle raison épidémiologique, etc. Le principe serait de fusionner les données qui existent à droite et à gauche, afin d’avoir des éléments objectifs qui permettent d’évaluer les politiques publiques déjà mises en place et de planifier une réponse à la hauteur, comme cela se fait en Suède et en Finlande. Son coût serait marginal : le député LR Philippe Juvin l’a chiffré entre trois et quatre millions d’euros.

      Des maternités bretonnes, comme celles de Carhaix (29) et Guingamp (22), sont en grande difficulté. Quelles seraient les solutions possibles ?
      On donne l’exemple de Ploërmel (56), qui dispose de tous les labels qualité. Son fonctionnement est plutôt intéressant. Le personnel est « mis en commun », selon les besoins : tel gynécologue va aller dans tel établissement qui appartient au même réseau. À Guingamp, la situation est beaucoup plus compliquée tant l’hôpital a été loin dans le recours aux intérimaires, qui ont totalement sabordé les finances. Les conditions de sécurité y sont très compliquées à réunir.