• L’#Italie annonce une enveloppe de 20 millions d’euros pour financer des « #retours_volontaires » depuis la #Tunisie, la #Libye et l’#Algérie

    Rome a annoncé mercredi un programme de 20 millions d’euros pour aider 3 300 migrants en situation irrégulière en Tunisie, Libye et Algérie à rentrer chez eux. Ces « retours volontaires » organisés par l’Organisation internationale des migrations (OIM) « s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à lutter contre l’immigration illégale », s’est félicité le ministre italien de l’Intérieur, #Matteo_Piantedosi.

    L’Italie a annoncé, mercredi 2 avril, le versement d’une #allocation de 20 millions d’euros pour financer le retour volontaire vers leurs pays d’origine des migrants en situation irrégulière présents en Tunisie, en Libye et en Algérie, a indiqué le ministère italien des Affaires étrangères dans un communiqué.

    Une enveloppe qui a également ravi le ministre de l’Intérieur italien Matteo Piantedosi. « Aujourd’hui, j’ai participé [...] à la Commission mixte de coopération au développement […] au cours de laquelle a été approuvé le programme de rapatriement volontaire assisté de 3 300 migrants d’Algérie, de Tunisie et de Libye vers leurs pays d’origine », peut-on lire sur son compte X.

    Ces 3 300 retours volontaires seront chapeautés et mis en œuvre par l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM).

    « Cette initiative, en collaboration avec l’OIM, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à lutter contre l’immigration illégale et à renforcer la coopération et le développement dans les pays d’origine des migrants », a encore écrit Matteo Piantedosi.

    Ce n’est pas la première fois que l’Italie soutient des programmes de lutte contre l’immigration clandestine en Afrique du Nord. En 2024, Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement, s’était déjà déplacée plusieurs fois en Tunisie pour encourager les « retours volontaires » et ainsi enrayer les traversées de la Méditerranée vers les côtes italiennes.

    La situation délétère en Tunisie pousse depuis plusieurs mois les migrants à fuir le pays par n’importe quel moyen. Beaucoup envisagent de traverser la Méditerranée pour rejoindre au plus vite - et quels que soient les risques - l’île italienne de Lampedusa. Depuis le discours anti-migrants du président Kaïs Saïed en février 2023 accusant les exilés d’être la source de violences et de crimes, ces derniers sont harcelés par la population et les autorités.

    Conséquence de cette violence : les retours ont explosé. Sur l’ensemble de l’année 2024, l’OIM a accompagné 7 250 migrants subsahariens vivant en Tunisie à rentrer « volontairement » dans leur pays, avait indiqué fin janvier le secrétaire d’État tunisien auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ben Ayed. C’est quasiment trois fois plus qu’en 2023, où ils étaient 2 557 à rentrer depuis la Tunisie vers leur pays d’origine, et 1 614 migrants en 2022.

    La Tunisie a toutefois redemandé la semaine dernière à l’OIM - et aux différentes ONG présentes dans le pays - de faire davantage : « seulement » 1 500 personnes ont été rapatriées depuis le début de l’année, a déclaré la présidence dans un communiqué le 27 mars.

    Les difficultés liées aux rapatriements

    L’OIM promeut aussi son programme de retours volontaires dans de nombreux pays africains, comme au Niger, au Maroc ou encore en Libye où des milliers d’exilés subissent toujours de graves exactions dans les prisons officielles ou officieuses du pays... Sur l’ensemble de l’année 2024, l’OIM a pu rapatrier 16 207 migrants coincés en Libye. C’est plus qu’en 2023 où seuls 9 300 migrants avaient quitté le pays via l’agence onusienne.

    Mais ces retours dans les pays d’origine sont loin d’être évidents à mettre en œuvre. De manière générale, l’OIM est tributaire des processus imposés par les États d’origine pour délivrer les #laissez-passer. Il faut, en effet, obtenir leur feu vert avant de renvoyer les migrants. En attendant ces accords, les migrants peuvent attendre leur rapatriement pendant des mois voire des années.

    Au Niger, par exemple, les retards s’accumulent et les migrants perdent parfois patience. « Il y a des raisons pour lesquelles les retours ne peuvent pas avoir lieu dans un court délai […] Les raisons peuvent inclure la situation politique dans le pays d’origine, les délais pour obtenir les documents de voyage pour ceux qui n’en ont pas, la logistique liée à l’organisation des vols […] », expliquait déjà en 2022 l’OIM à InfoMigrants.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/63771/litalie-annonce-une-enveloppe-de-20-millions-deuros-pour-financer-des-
    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #renvois #expulsions #IOM #aide_financière #rapatriements #déportations #retour_volontaire

    • En Tunisie, « le retour volontaire », nouvelle voie pour de nombreux migrants

      Face au verrouillage de la route maritime vers l’île italienne de Lampedusa, l’Organisation internationale pour les migrations propose aux volontaires de financer leurs retours vers leurs pays respectifs.

      Cette fois, c’est fini. « Le voyage est cassé », lâchent-ils. L’esprit est vide, les poches aussi. Pour ces Sénéglais, Ivoiriens ou Sierra-Léonais, les plages non loin d’El Amra, près de la ville de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, est devenu le terminus de leur « aventure ». L’Europe, leur ultime désir, reste encore une chimère. Toujours Inaccessible.

      Pour eux, une autre voie se dessine, celle d’un retour au pays. Une idée jusqu’alors impensable qu’ils commencent à évoquer du bout du bout des lèvres. Que faire d’autre ? Rejoindre l’île italienne de Lampedusa à partir des plages de Chebba ou Salakta est devenu presque impossible. Depuis le 1er janvier, seuls 432 migrants y sont parvenus, à bord d’embarcations de fortune, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ils étaient plus de 18 000 sur la même période, il y a deux ans.

      Cette chute vertigineuse des traversées clandestines s’explique par l’accord signé à l’été 2023 entre la Tunisie et l’Union européenne (UE). Avec 260 millions d’euros d’aides afin de renforcer, entre autres, les garde-côtes tunisiens, la route maritime est désormais verrouillée. « On est coincés », déplore Fatoumata Camara, une Guinéenne de 27 ans, qui tente, en ce début de soirée, de réchauffer sur sa poitrine sa fille Maryam, née il y a trois mois.

      Elles vivent dehors dans une zone boisée quasi inhabitée à l’entrée de Sfax, adossées à un muret de pierres, avec une dizaine d’autres compatriotes. En regardant son bébé s’agiter – les nuits glaciales l’empêchent de dormir –, Mme Camara s’en prend à elle-même : « Pourquoi je suis partie ? Je n’ai plus rien au pays. Les tentatives de prendre la mer ont échoué. »

      « Il faut rentrer »

      Elle se tait. Une minute, puis deux. « J’ai dépensé des milliers d’euros. Avec cette somme, j’aurais pu faire des choses chez moi. Ce voyage n’en vaut pas la peine. On a perdu notre temps, il faut rentrer », martèle-t-elle. Pour cette coiffeuse qui a quitté Conakry, il y a presque deux ans, « cette politique de nous empêcher de partir a réussi. Ils [l’UE et l’Etat tunisien] ont gagné ».

      Assis chacun sur le couvercle rouillé d’une boîte de conserve, Hassan Traoré, 22 ans, et Omar Touré, 28 ans, l’écoutent dans un silence chargé de chagrin. Eux aussi veulent rentrer en Guinée. C’est bien plus qu’une envie : ils ont entamé les démarches auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui propose aux migrants découragés par le blocage sécuritaire de financer leurs retours vers leurs pays respectifs.

      « OIM ». L’acronyme de cette agence rattachée aux Nations unies est dans de nombreuses bouches. Des taudis informels installés sur les champs d’oliviers près d’El Amra jusqu’à Tunis, les « voyageurs », comme ils se nomment, cherchent à rencontrer les employés de l’organisation.

      Au lendemain du démantèlement de l’immense camp du « kilomètre 30 », le 4 avril, certains ont accouru à son antenne de Sfax pour y déposer une demande de retour volontaire – qui comprend la prise en charge du billet d’avion, des nuitées dans un hôtel avant le départ et une aide médicale. Mais la tâche est ardue, notamment pour ceux qui vivent loin de la ville : les taxis sont chers et les louages (minibus) n’acceptent pas les « Noirs », disent certains.

      Intensifier le rythme

      « Rentrer au pays est une humiliation. Je n’irai pas au village, je ne veux pas qu’on se moque de moi, qu’on dise que j’ai échoué, confie Hassan Traoré, en jetant un œil sur un post-it jaune sur lequel est écrit son numéro de dossier, déposé le 10 avril. Mais je suis fatigué. »

      Fatigué par deux années d’enfer à traverser les déserts algérien et libyen, éreinté par un mois dans une prison sfaxienne pour « séjour irrégulier », épuisé de demander à ses proches au pays de l’argent pour manger… Alors quand l’agent de l’OIM lui a demandé « Hassan Traoré, voulez-vous retourner en Guinée ? Vous n’y êtes pas forcé », il a répondu sans hésiter : « Oui, je veux me retourner. » Et il a signé le document validant sa décision.

      Combien de migrants ont accepté ce retour volontaire ? « Seulement 1 544 » depuis le début de l’année, a indiqué le président tunisien, Kaïs Saïed, dans un communiqué, publié fin mars, pressant l’OIM d’intensifier le rythme. En réalité, l’agence onusienne ne ménage pas sa peine. D’après les statistiques communiquées par l’OIM au Monde, plus de 250 000 migrants bloqués dans six pays de transit vers l’Europe – Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte et Niger – ont été rapatriés chez eux grâce à ce programme depuis 2013. Près de 50 000 rien qu’en 2024, année record.

      En outre, selon les données transmises par la Commission européenne au Monde, Bruxelles a très largement augmenté sa contribution au budget de l’OIM, passant de 85,7 millions d’euros en 2014 à près de 600 millions d’euros en 2024. En dix ans, l’institution a ainsi reçu près de 3,2 milliards d’euros de fonds européens pour différents programmes, dont celui « des retours volontaires » que certains migrants comparent à un système de « déportation ». Ce à quoi un porte-parole de la Commission européenne riposte assurant que ces retours sont « libres et éclairés », organisés en « toute sécurité et dignité ».

      L’Italie a décidé, début avril, d’allouer 20 millions d’euros pour rapatrier les Subsahariens présents en Algérie, Tunisie et Libye vers leurs pays d’origine respectifs, toujours en coopération avec l’OIM. En juin 2023, la France avait octroyé 25,8 millions d’euros d’aide bilatérale à la Tunisie pour « contenir le flux irrégulier de migrants et favoriser leur retour dans de bonnes conditions », avait déclaré Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur, lors de sa venue à Tunis.

      « Un pis-aller »

      « Toutes ces sommes d’argent sont insuffisantes », s’emporte Tarek Mahdi, député de Sfax. Ce proche du président Saïed plaide pour une réévaluation à la hausse des aides et la mise en place d’« un pont aérien » entre la Tunisie et les pays d’origine des migrants afin d’« accélérer » leur retour.

      « Pour beaucoup de fonctionnaires internationaux, le retour volontaire est perçu comme un dispositif humanitaire, un pis-aller face à des situations qu’ils ont contribué à provoquer », résume Camille Cassarini, chercheur à l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, à Tunis.

      Depuis plusieurs années, ce programme essuie de nombreuses critiques des défenseurs des droits humains à cause des conditions dans lesquelles il est proposé. « Nous avons toujours remis en question le caractère volontaire de ces retours, car ces personnes migrantes sont interdites de se déplacer, de travailler, d’être hébergées, elles sont privées de tout droit », explique Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), qui décrit l’OIM comme une « agence au service des politiques migratoires européennes », dénonçant « la complicité de l’Etat » tunisien.

      Dire « la vérité » aux plus jeunes

      D’ailleurs, en Libye, le Haut-Commissariat aux droits humains des Nations unies avait jugé en 2022 qu’en « raison de l’absence de consentement libre, préalable et éclairé et de voies alternatives viables, sûres et régulières pour la migration », de nombreux migrants sont « effectivement contraints d’accepter des retours ».

      Au Monde, l’OIM reconnaît « que les options offertes aux migrants confrontés à la perspective d’un retour peuvent être limitées et ne pas correspondre aux souhaits de l’individu ». Toutefois, elle défend ce choix « préférable », car « l’aide au retour représente souvent une solution salvatrice pour de nombreux migrants qui vivent dans des conditions particulièrement déplorables ».

      « Salvatrice ? » C’est ce que ressent Omar Touré, ce Guinéen qui vivote à l’entrée de Sfax : il se sent soulagé. Il a averti sa mère pour lui dire qu’il allait rentrer. « Elle a pleuré », lance-t-il. Sept années qu’il a quitté son pays. « Ce voyage, c’est une maladie psychologique. Mentalement et physiquement, nous sommes enfermés », argue-t-il.

      Maintenant, il attend un appel de l’OIM pour lui proposer un départ pour Conakry. Cela peut prendre des semaines ou des mois : l’agence doit vérifier son identité avec les autorités de son pays – il a déchiré ses papiers au début de son voyage – avant que celui-ci ne lui délivre un passeport. Omar Touré a juré, une fois sur ses terres, qu’il dirait « la vérité » aux plus jeunes : ne pas tenter d’aller en Europe. « La mort vous accompagne tout au long de ce voyage, clame-t-il. C’est une fausse route. »

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/18/en-tunisie-le-retour-volontaire-nouvelle-voie-pour-de-nombreux-migrants_6597

    • L’#OIM intensifie les «#retours_volontaires» de migrants depuis la #Tunisie

      En Tunisie, les migrants sont de plus en plus nombreux à demander à bénéficier du programme de « retour volontaire » de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Pour le seul mois d’avril, 1 009 personnes sont rentrées dans leur pays d’origine via ce dispositif. Un chiffre en hausse alors que le président tunisien met la pression sur les instances internationales pour intensifier les rapatriements.

      Mardi 29 avril, 80 migrants sont montés dans des avions depuis l’aéroport de Tunis pour rentrer dans leur pays d’origine respectif (Mali, Sierra Leone et Côte d’Ivoire). Quelques jours plus tôt, le 24 avril, ils étaient 149 Guinéens à retourner chez eux. Même scène le 17 avril, avec 142 personnes originaires elles aussi de Guinée.

      Ce genre d’opérations de rapatriement s’inscrit dans le cadre du programme de « retour volontaire » de l’Organisation internationale des migrations (OIM), qui permet aux exilés d’être rapatriés chez eux et de bénéficier d’un soutien financier pour développer leur projet au pays.

      Et ce dispositif tourne à plein régime ces dernières semaines en Tunisie. Pour le seul mois d’avril, un total de 1 009 migrants ont bénéficié du « retour volontaire » de l’ONU, selon le porte-parole de la Direction générale de la sécurité nationale, le colonel Imad Mamacha, cité par la presse tunisienne. En mai, les retours de ce type devraient encore s’amplifier avec la mise en place d’un vol spécial par semaine en plus des vols commerciaux, précise Imad Mamacha.
      « Il faut que l’UE contribue au financement du retour des personnes dans leurs pays »

      Fin mars, le président tunisien Kaïs Saïed avait appelé l’OIM à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des personnes subsahariennes en situation irrégulière vers leurs pays d’origine. Le chef de l’État avait alors regretté que « seulement 1 544 migrants » avaient été rapatriés durant les trois premiers mois de l’année.

      Ce nombre « aurait pu être bien plus élevé si davantage d’efforts avaient été menés pour mettre un terme à ce phénomène inacceptable tant sur le plan humanitaire que juridique », pouvait-on lire dans la déclaration présidentielle. Kaïs Saïed avait demandé à « toutes les autres organisations » concernées par ce problème à soutenir également « davantage les efforts tunisiens visant à faciliter le ’retour volontaire’ des migrants irréguliers ».

      En 2024, un nombre record d’exilés étaient retournés chez eux via l’OIM : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023, ce qui représentait déjà une hausse de 45 % par rapport à 2022.

      « Il faut que les organisations responsables fassent leur travail dans les plus brefs délais et que les pays de l’Union européenne (UE) contribuent au financement du retour des personnes dans leurs pays. Cela nécessite plus que les 20 millions d’euros répartis entre trois pays maghrébins », a aussi exhorté la semaine dernière le député de Sfax (centre-est de la Tunisie) Tarak Mahdi, joint par InfoMigrants.

      L’Italie a annoncé, début avril, le versement d’une allocation de 20 millions d’euros pour financer le « retour volontaire » vers les pays d’origine des migrants en situation irrégulière présents en Tunisie, en Libye et en Algérie. Cette somme s’ajoute aux montants prévus dans l’accord signé en juillet 2023 entre l’Union européenne et la Tunisie : 150 millions d’euros « pour favoriser la relance de l’économie à travers l’amélioration de la gestion des finances publiques et du climat des affaires et investissements », ainsi que 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière.
      Vaste opération de démantèlements des camps

      On estime que le nombre de migrants irréguliers en Tunisie se situe entre 20 000 et 25 000, selon les chiffres des ONG. Ils survivent dans des camps de fortune insalubres au milieu des champs d’oliviers d’El-Amra, près de Sfax, dans l’attente d’embarquer clandestinement sur un canot pour l’Europe. Ces camps ont commencé à se former après que les migrants ont été chassés du centre-ville de Sfax durant l’été 2023.

      Début avril, la Garde nationale tunisienne a mené une opération d’ampleur dans la région. Plusieurs campements disséminés le long de la route qui mène de Sfax à Jebeniana ont été démolis par les autorités – des évacuations qui perdurent encore aujourd’hui.

      D’après Tarak Mahdi, ces expulsions font suite à de nombreuses plaintes déposées par des propriétaires d’oliveraies empêchés d’accéder à leur terrain.

      « Parmi les migrants expulsés, plusieurs centaines ont demandé le ’retour volontaire’. Des bus les ont conduits dans des hébergements temporaires [dans l’attente de leur départ, ndlr] », avait encore indiqué le député de Sfax, proche du pouvoir.

      Mais d’après le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), seules les personnes dont le dossier de « retour volontaire » était prêt ont été emmenées vers des centres d’hébergement de l’OIM. Les autres se sont dispersés ou ont rejoint d’autres campements, dans le plus grand dénuement.
      Un quotidien « infernal » en Tunisie

      Le quotidien des Africains subsahariens est devenu « infernal » en Tunisie, d’après de nombreux témoignages reçus par InfoMigrants ces dernières années – notamment depuis février 2023 quand le président Kaïs Saïed a dénoncé, dans un discours virulent, l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la composition démographique » du pays.

      Les mois suivants, des milliers de migrants avaient été chassés de leurs logements et leurs emplois informels. Plusieurs ambassades africaines avaient procédé au rapatriement express de leurs ressortissants, à la suite d’agressions. Des rafles de Noirs ont été organisées par les autorités tunisiennes pour ensuite les abandonner dans le désert, à la frontière libyenne ou algérienne. À l’été 2023, une centaine de personnes y étaient mortes de soif, selon les humanitaires.

      Ces expulsions illégales, largement dénoncées par les ONG et les instances internationales, n’ont jamais cessé en Tunisie. Le 17 mars dernier, plus de 600 personnes ont disparu après avoir été interceptées en mer par les gardes-côtes tunisiens. Elles ne sont pas revenues dans les champs d’oliviers d’El-Amra. InfoMigrants est parvenu à entrer en contact avec une soixantaine de ces exilés : ils se trouvaient alors à Tebessa, ville algérienne près de la frontière tunisienne, après avoir été abandonnés dans le désert par les forces tunisiennes.

      Les exilés sont constamment harcelés par la population et les autorités. Partout en Tunisie, les Noirs sont de plus en plus empêchés de travailler, de louer des appartements et même d’utiliser les transports publics. Ils sont interpellés chez eux, dans la rue, les commerces, les taxis...
      Condamnations à la chaîne pour « séjour irrégulier »

      Après une arrestation, ils risquent aussi de croupir dans une prison tunisienne. Les Subsahariens sont en effet de plus en plus nombreux à être condamnés pour « séjour irrégulier » par la justice et à écoper de plusieurs mois de détention aux côtés de prisonniers de droit commun.

      Les audiences pour « séjour irrégulier » se déroulent à la chaîne. Lors de son passage au tribunal début novembre, un Guinéen dit s’être retrouvé au côté d’une trentaine de Subsahariens, dont deux mineurs, une dizaine de femmes et une enceinte de huit mois. Tous ont été inculpés car en situation irrégulière sur le territoire tunisien. La situation est telle que « les prisons sont remplies de migrants subsahariens », selon un Ivoirien contacté par InfoMigrants.

      Ce passage en détention reste un traumatisme pour les exilés. Comme à l’extérieur, le racisme et les mécanismes de domination ressurgissent dans les établissements pénitentiaires de Tunisie. Les Noirs sont parqués dans un coin de la pièce, le plus souvent près des toilettes. Ils doivent partager des lits à cinq ou six personnes, quand les Tunisiens dorment à deux sur la même couchette. Si la pièce est saturée, des exilés peuvent être contraints de dormir à même le sol. Les migrants disent aussi subir la violence des détenus tunisiens. « Quand tu arrives dans la prison, si tu as la peau noire, tu deviens une cible », a témoigné à InfoMigrants un exilé subsaharien.

      Dans ce contexte, pour la plupart d’entre eux, le retour au pays reste la seule solution, même si beaucoup éprouvent de la honte d’avoir « échoué » et peuvent être rejetés par leur famille. « La migration est vue comme un investissement de la part de la famille, de la communauté [beaucoup de familles pauvres contribuent à payer les passeurs pour le voyage, ndlr]. Donc leur retour au pays, sans résultats, notamment financiers, peut être mal perçu », expliquait à InfoMigrants Denise Origlia, cheffe de projet au sein de l’association italienne AVSI en Côte d’Ivoire.

      Ainsi, pour beaucoup de spécialistes, le « retour volontaire » s’impose, le plus souvent, aux exilés malgré eux. « Le terme de ‘retour volontaire’ [utilisé par la présidence tunisienne] est largement critiqué parmi les migrants, car il s’est transformé en un retour forcé », affirme à France 24 Romdhane Ben Amor, le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants dans le pays.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/64293/loim-intensifie-les-retours-volontaires-de-migrants-depuis-la-tunisie

    • Alarmstufe Rot in Tunesien

      Bulldozer, Feuer und jetzt wieder IOM-Flüchtlingslager?

      Laut der Europäischen Kommission, der Regierung Meloni und der künftigen deutschen Regierung ist Tunesien ein sicheres Land. Allerdings schlägt Tunesien derzeit ein neues Kapitel im Krieg der EU gegen afrikanische Migrant:innen auf. Die provisorischen Lager dieser Menschen werden mit Bulldozern und Feuer zerstört. 30.000 Menschen verlieren ihre letzten Lebensgrundlagen. Hunderte versammeln sich vor den regionalen IOM-Büros und in Tunis, um sich „freiwillig“ rückführen zu lassen. Das tunesische Militär und die IOM errichten, so heißt es, neue, mit Zäunen umgebene Lager in der Wüste und an der algerischen Grenze.

      Echoes und Migration-Control-Info haben wiederholt über die Entwicklungen in Tunesien berichtet, nach der rassistischen Rede von Präsident Saied und dem EU-Tunesien-Deal im Jahr 2023 sowie den illegalen Massenabschiebungen und der Aussetzung afrikanischer Migranten in der Wüste. Schwarze Afrikaner:innen wurden aus Städten wie Tunis und Sfax vertrieben und fanden Zuflucht in provisorischen Lagern unter Olivenbäumen entlang der Hauptstraße, die von Sfax nach Norden führt. Die Lager befanden sich zwischen Kilometer 10 und 40, in der Nähe der kleineren Städte El Amra und Jebiniana. Im Laufe der Zeit entstanden in diesen Lagern einige selbstorganisierte Strukturen zum Überleben, wie Badezelte, Kliniken, Kochzelte, ein Moscheebereich, Bildungsstätten für Kinder, einige Sportanlagen und sogar ein Gericht zur Schlichtung von Streitigkeiten. Insgesamt wurden 36 Lager gezählt: 19 in Al-Amra (zwischen Kilometer 20 und 30) und 17 in Jebiniana (zwischen Kilometer 31 und 40).

      Die Situation in den Lagern wurde jedoch zunehmend schlimmer - vor allem, weil die Überfahrt nach Lampeduza immer gefährlicher und komplizierter wurde. Die grausame Effizienz der mit EU-Mitteln ausgestatteten tunesischen Küstenwache, die von FRONTEX-Drohnen unterstützt wird, führte dazu, dass die Menschen auf der Flucht in Tunesien unter entsetzlichen Bedingungen gestrandet sind. Auch die Armut der verschiedenen Gemeinschaften nahm zu: Migranten aus westafrikanischen Krisenregionen konnten von ihren Familien nicht mehr unterstützt werden, und Migranten aus den Flüchtlingslagern in Darfur und im Tschad hatten ohnehin kein Geld. Die Suche nach Mitteln zum Überleben führte zu Problemen mit der einheimischen Bevölkerung und nährte rassistische Vorurteile.

      Le Monde schrieb am 19.04.25:
      Es ist fast unmöglich geworden, die italienische Insel Lampedusa von den Stränden von Chebba oder Salakta aus zu erreichen. Seit dem 1. Januar haben es nach Angaben des Hohen Flüchtlingskommissars der Vereinten Nationen (UNHCR) nur 432 Migranten an Bord von Behelfsbooten geschafft, die Insel zu erreichen. Im gleichen Zeitraum vor zwei Jahren waren es noch mehr als 18.000.

      Am 3. April erklärte der Sprecher der tunesischen Nationalgarde, Houssem El Din Jebabli, dass die Lager aufgelöst würden. Die Räumungsaktionen in der sogenannten Olivenhain-Region dauern nun schon seit Wochen an. Die Nationalgarde kündigte an, dass alle Personen, die keine Rückführung durch die IOM beantragen, in der Wüste ausgesetzt würden.

      Über die aktuelle Lage berichteten Nawaat sowie Mirco Keilberth in ND 09.04.25 und ND 14.04.25 sowie Le Monde 19.04.25.

      Die Flüchtlinge versuchen, sich tiefer in den Olivenplantagen zu verstecken, und viele von ihnen sind an andere Orte gezogen. Hunderte versammeln sich vor den Büros der IOM. Die IOM sagt, sie könne derzeit keine Rückführung organisieren, aber es gibt Gerüchte über ein neues IOM-Lager, das westlich von Beja in einem Tal mit steilen Berghängen an der Grenze zu Algerien errichtet werden soll, sodass die tunesischen Grenzsoldaten nur eine Seite des Tals bewachen müssten. Außerdem gibt es Informationen, dass das tunesische Militär ein militarisiertes Internierungslager in der Wüste von Remada eröffnen will, in einem militärischen Sperrgebiet, in dem afrikanische Migranten konzentriert werden sollen.

      Die Regierung Meloni hat kürzlich 20 Millionen Euro für den Umgang mit den Migranten bereitgestellt, und es scheint, dass dieses Geld nicht für Rückführungen, sondern für Internierungslager verwendet wird.

      Erinnern wir uns an Choucha! Die IOM ist wieder im Spiel.

      Update 29.04.25

      Die Polizei hat inzwischen erklärt, nur die größeren Camps auf Privatgelände räumen zu wollen. Weiterhin versuchen viele Menschen, entlang der Eisenbahnschienen zu Fuß nach Tunis zu gelangen. Bei Km 10 hat sich zwischen Sidi Mansour und Hagouna ein neues Camp auf Staatsland gebildet, das von den Behörden offenbar geduldet wird.

      In allen größeren Lagern herrschen Chaos und zunehmende Gewalt. Einige kleinere Lager werden geduldet - dort, wo die Männer einen Job in der Landwirtschaft gefunden haben.

      Von den Straßen und Märkten halten sich Schwarze Afrikaner:innen fern. Nur in kleinen Gruppen bieten sie ihre Arbeitskraft an.

      Am 28.04. ereignete sich vor der tunesischen Küste ein großes Schiffsunglück. Acht Personen starben bei dem Versuch, den Tunesischen Verhältnissen zu entfliehen. InfoMigrants schrieb am 28.04.25: „Die Dramen vor der tunesischen Küste reihen sich aneinander. Am Montag, den 28. April, teilte ein Sprecher der tunesischen Nationalgarde der Nachrichtenagentur AFP mit, dass acht Migranten nach dem Untergang ihres Bootes vor der Küste von El Aouabed in der Nähe der Großstadt Sfax im mittleren Osten des Landes tot aufgefunden worden waren. Der Schiffbruch hatte sich am Sonntagmorgen ereignet und 29 Menschen konnten gerettet werden. Laut dem Sprecher Houcem Eddine Jebabli waren alle Schiffbrüchigen Ausländer verschiedener Nationalitäten, darunter auch Personen aus Subsahara-Afrika.“

      Was geschah mit den Geretteten?
      DasAlarm Phone meldet am 01.05.: „Wir mussten erfahren, dass die Gruppe in Not, über die wir die Behörden alarmiert hatten, Schiffbruch erlitten hatte. Nur wenige Menschen haben überlebt, sie wurden sofort in die Wüste deportiert. Sie versuchten, vor der unerträglichen Situation in #Tunesien zu fliehen. Black Lives Matter, überall!“

      https://migration-control.info/de/blog/tunesien-alarmstufe-rot

      –-> traduction en anglais:
      High alert in Tunisia
      https://civilmrcc.eu/political-developments/high-alert-in-tunisia