• « Alright » de Kendrick Lamar : un manifeste contre les violences policières.

    "Le morceau s’impose rapidement comme l’hymne des révoltes et de la cause noire américaine, dénonçant le racisme systémique, notamment les violences policières subies par les Africains-Américains aux Etats-Unis. En ce début de la décennie 2010, la liste des meurtres ne cesse de s’allonger. Prenons deux exemples parmi d’autres, mais dont le point commun est qu’ils ont lieu alors que Lamar enregistre son disque. Le 17 juillet 2014, cinq policiers de New York utilisent la technique de l’étranglement arrière, pourtant interdite, sur Eric Garner, 44 ans. Plaqué au sol, maintenu à terre, il crie à plusieurs reprises : « Je ne peux pas respirer ». L’homme meurt par asphyxie. Pour le légiste chargé de déterminer la cause du décès, il s’agit d’un homicide. Le 9 août 2014, à Ferguson, Missouri, le policier Darren Wilson abat Michael Brown, âgé de 18 ans. Ce meurtre donne un écho planétaire au mouvement BLM."
    https://lhistgeobox.blogspot.com/2025/04/alright-de-kendrick-lamar-un-manifeste.html

    • En juillet 2015, sur le campus de l’université de Cleveland, plusieurs centaines d’activistes africains-américains assistent à un colloque intitulé the movement for black lives. Lors d’une pause, les participants se mettent à chanter le refrain de la chanson Alright de Kendrick Lamar, un morceau produit et co-écrit par Pharrell Williams. Le 26 juillet, alors que le colloque touche à sa fin, dans un bus, un policier interpelle un adolescent de 14 ans, suspecté d’être en état d’ébriété. Il l’arrête, le fait descendre et le menotte. Les militants présents sur les lieux se rassemblent autour d’eux. La tension monte, d’autant que les policiers arrivés en renfort aspergent de gaz poivre la foule alentour. Finalement, le garçon, remis à sa mère, quitte les lieux dans une ambulance. Pour les participants, il s’agit d’une victoire. Spontanément, ils entonnent, de nouveau, le refrain d’Alright. Chanté sur un mode responsorial, le refrain "we gon’be alright. Say what", déclenche une joie immense et suscite une intense communion entre les manifestants galvanisés. “Nous étions émus. Il était impossible de s’asseoir et de ne pas ressentir l’effet de cette chanson. Tout le monde chantait à l’unisson. C’était comme être à l’église", se souvient l’un d’entre eux. Ainsi, Alright s’impose comme le cri de ralliement des manifestations du mouvement BLM. 

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      Le titre Alright tient de la protest song traditionnelle. Ses fonctions mobilisatrice et rhétorique permettent de réveiller les consciences, d’alerter la société sur les maux qui rongent l’Amérique (ici le racisme et les brutalités policières), en persuadant l’auditeur de passer à l’action. Pendant les sit in ou les marches, le chant renforce la cohésion et la détermination des militants. Une fois la manifestation passée, il continue de porter des valeurs susceptibles de déclencher un processus d’identification, donc de favoriser l’émergence d’une communauté, prête à poursuivre le combat. Ainsi, en dénonçant les violences passées ou actuelles, en motivant, en donnant une identité sonore au mouvement, la chanson fédère.