Et si un simple chewing-gum stoppait la transmission des virus ?
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Et si un simple chewing-gum pouvait réduire la transmission de virus comme la grippe, l’herpès ou même du Covid-19 ? Des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie et de Finlande ont développé une gomme à mâcher contenant une protéine antivirale naturelle capable de neutraliser plusieurs virus. Une avancée majeure en matière de prévention virale. Explications.
Le principe est simple mais redoutablement efficace : réduire la charge virale dans la salive, là où les virus se multiplient avant d’être transmis à d’autres. C’est une approche totalement nouvelle en prévention virale, qui vient compléter les mesures existantes comme la vaccination, le port du masque ou les gestes barrières.
Un chewing-gum antiviral, comment ça marche ?
Une réponse simple à un problème complexe : la transmission virale
De nombreux virus se transmettent par voie orale ou respiratoire : postillons, éternuements, baisers, objets partagés… Le virus de la grippe, les herpès simplex (HSV-1 et HSV-2) ou encore le SARS-CoV-2 (Covid-19) utilisent la bouche et le nez comme porte d’entrée dans l’organisme. C’est aussi par là qu’ils se propagent.
L’idée d’un chewing-gum antiviral est donc particulièrement pertinente : en neutralisant les virus dans la salive, on réduit leur circulation. Il ne s’agit pas de guérir, mais bien de freiner la contamination à la source. Une stratégie de protection complémentaire, notamment pour les personnes à risque, les professionnels de santé ou dans les lieux très fréquentés comme les transports, les écoles ou les hôpitaux.
Le rôle des haricots de lablab dans la neutralisation des virus
L’ingrédient clé de ce chewing-gum antiviral est une protéine antivirale appelée FRIL, issue des haricots de lablab (Lablab purpureus), une plante largement cultivée en Asie et en Afrique. Cette protéine appartient à la famille des lectines, connues pour leur capacité à se fixer sur des structures spécifiques à la surface des virus.
Concrètement, FRIL agit comme une sorte de “colle moléculaire” : elle se lie aux enveloppes des virus, les agglutine et les empêche de pénétrer dans les cellules humaines. Elle est particulièrement efficace contre les virus enveloppés, comme ceux de la grippe A (H1N1, H3N2), de l’herpès simplex ou encore du Covid-19. Une fois incorporée dans une gomme à mâcher, cette protéine agit localement et immédiatement dans la bouche, là où se trouvent les virus en circulation.
Chewing-gum antiviral : mythe ou réalité ?
Des résultats impressionnants validés en laboratoire
Les performances du chewing-gum anti virus ont été testées en laboratoire. Et les résultats sont spectaculaires. Selon l’étude publiée dans Molecular Therapy en mars 2024, la réduction de la charge virale dépasse 95 % pour les virus de la grippe A (H1N1 et H3N2), et atteint 94 % pour l’herpès simplex de type 2 (HSV-2). Pour l’herpès de type 1 (HSV-1), la baisse est de 75 %, ce qui reste significatif.
Ces chiffres sont d’autant plus prometteurs qu’ils confirment les premiers résultats obtenus avec un chewing-gum anti-Covid développé précédemment par la même équipe, déjà entré en phase d’essais cliniques. Cette innovation pourrait donc être rapidement déclinée pour différents virus, en s’adaptant aux épidémies saisonnières ou aux virus émergents.
Un complément aux gestes barrières et à la vaccination
Le chewing-gum antiviral ne se substitue ni aux vaccins ni aux autres mesures de protection comme le lavage des mains ou le port du masque. Il agit en complément, en ciblant spécifiquement la réduction de la charge virale dans la bouche. Cela peut faire une grande différence, notamment pour des virus très contagieux comme l’herpès ou la grippe, qui peuvent être transmis même en l’absence de symptômes visibles.
De plus, certains virus comme l’herpès simplex ne disposent toujours pas de vaccin efficace, malgré des décennies de recherche. Pour les personnes concernées par des épisodes fréquents de poussées herpétiques, cette gomme antivirale pourrait représenter une nouvelle stratégie de prévention simple, discrète et sans effets secondaires.
Une stabilité confirmée et une sécurité validée
Les chercheurs ont également veillé à ce que le chewing-gum anti-infectieux soit stable et sûr. Il conserve son efficacité pendant au moins deux ans à température ambiante, ce qui est un atout pour sa distribution et son stockage. Les analyses ont montré qu’il ne contenait ni bactéries, ni moisissures, ni toxines, et qu’il respectait les normes de qualité exigées pour les produits de santé destinés à l’usage humain.
C’est un point important : pour être largement diffusé, notamment dans les pays en développement ou dans les zones à forte densité de population, ce type de produit doit être fiable, accessible et facile à utiliser.
Une technologie en cours d’essai, avec des perspectives étendues
Les prochaines étapes incluent des essais cliniques à plus grande échelle pour confirmer l’efficacité en conditions réelles. Par ailleurs, les chercheurs étudient déjà la possibilité d’utiliser cette technologie dans le monde animal, en l’intégrant par exemple à l’alimentation des oiseaux pour prévenir la transmission des virus de la grippe aviaire (H5N1, H7N9) à l’humain.
Cela ouvre la voie à une approche de santé publique globale, à la croisée de la médecine humaine, vétérinaire et environnementale, un concept appelé “One Health”, ou “Une seule santé”.
À SAVOIR
Le chewing-gum antiviral ne cible pas uniquement les virus respiratoires ou buccaux : les chercheurs envisagent également son utilisation en prévention d’infections post-opératoires en dentisterie. En effet, lors des soins dentaires, la bouche devient un environnement à risque élevé de transmission virale, notamment lors de procédures invasives où le port du masque n’est pas possible.