François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Sécurité. Tirs, portes incendiées et véhicules brûlés : plusieurs prisons, dont celle de Valence, attaquées de façon coordonnée
    https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2025/04/15/tags-incendies-de-vehicules-tirs-au-moins-sept-prisons-visees-de-facon-c

    Du Var à la Seine-Saint-Denis en passant par la Drôme : au moins neuf établissements ou infrastructures en lien avec les services pénitentiaires ont fait l’objet d’incendies de véhicules dans l’Hexagne et celui de Toulon a été visé par des tirs à l’arme automatique dans la nuit de lundi à mardi.

    « Tout cela semble coordonné et manifestement en lien avec la stratégie contre le narcobanditisme du ministre », indique un source proche du ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui doit se rendre dans l’après-midi au centre pénitentiaire de Toulon pour apporter son soutien aux agents.
    Le parquet national antiterroriste se saisit de l’enquête

    Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé se saisir de l’enquête, ainsi que l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire (Enap) à Agen. Les qualifications de l’enquête, confiée à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, seront « communiquées ultérieurement », a indiqué le Pnat.

    Selon les premiers éléments de l’enquête, la piste anarchiste semble prendre le pas dans la vaste majorité des faits, a toutefois indiqué une source proche du dossier.
    Une dizaine de douilles retrouvées à Toulon

    Selon le syndicat pénitentiaire FO Justice, « des véhicules ont été brûlés, des portes d’entrée incendiées et même visées par des tirs d’armes lourdes » à Toulon. Une dizaine de douilles ont été retrouvées et une enquête pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » a été confiée à la gendarmerie.

    A Toulon, un grand sigle rouge orangé comportant les mystérieuses lettres « DDFM » a été inscrit sur la porte grise par laquelle entrent et sortent les fourgons pénitentiaires.

    Nanterre, Aix, Valence...

    Trois véhicules, dont deux appartenant à des agents pénitentiaires, ont aussi été incendiés lundi soir sur le parking de la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Un bidon d’hydrocarbure de cinq litres a été retrouvé sur place.

    Les établissements de Nanterre (Hauts-de-Seine), Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône) et Valence (Drôme) - comme le rapporte Le Dauphiné libéré - ont également été touchés par des incendies de véhicules, dont certains avaient préalablement été tagués par des « slogans anarchistes ».

    Au centre pénitentiaire d’Aix-Luynes, deux véhicules ont été incendiés, « ainsi que le portail de l’Eris (Equipe régionale d’intervention et de sécurité, NDLR) visé directement ». En outre, dans la nuit de lundi à mardi à Marseille, « 10 véhicules pénitentiaires ont été tagués de l’inscription DDPF (Droits Des Prisonniers Français) », a affirmé sur X la présidente du département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal (LR).

    Un manque de personnel pour la sécurisation des abords

    Dans la nuit de dimanche à lundi, des incendies ont aussi touché le parking de l’Ecole nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) à Agen et le centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne).

    « Ces actes criminels sont une attaque frontale contre notre institution, contre la République et contre les agents qui la servent au quotidien », a dénoncé FO Justice, exigeant « une réponse forte, immédiate et sans ambiguïté de l’État ».

    « On attend une action coordonnée par les ministres de la Justice et de l’Intérieur », a de son côté déclaré Wilfried Fonck, secrétaire national de l’Ufap Unsa Justice, soulignant que l’administration pénitentiaire n’avait « pas les forces humaines pour assurer la sécurisation aux abords des établissements 24 heures sur 24 ».

    « La République est confrontée au narcotrafic »

    « La République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui vont déranger profondément les réseaux criminels », a réagi sur X Gérald Darmanin. « Elle est défiée et saura être ferme et courageuse ». Pour l’heure, toutes les hypothèses sont examinées par la Direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) qui coordonne l’enquête.

    « J’ai donné cette nuit instruction aux préfets, aux côtés des services de police et de gendarmerie, de renforcer sans délai la protection des agents et des établissements, a embrayé son homologue de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sur X. Je veux dire mon soutien aux agents de l’administration pénitentiaire pris pour cible par des voyous. La réponse de l’État devra être implacable. »