François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Hongrie : l’interdiction des manifestations LGBTQ + inscrite dans la constitution
    https://www.parismatch.com/actu/international/hongrie-linterdiction-des-manifestations-lgbtq-inscrite-dans-la-constitu

    Les parlementaires ont adopté l’amendement hier lundi, provoquant la colère de nombreux Hongrois. Ce texte devrait aussi permettre aux autorités d’utiliser des logiciels de reconnaissance faciale et distribuer les amendes.

    Une nouvelle étape vers le « grignotage » des droits humains. Lundi, les parlementaires hongrois ont adopté un amendement pour inscrire l’interdiction des manifestations LGBTQ + dans la Constitution, un mois après le vote de cette loi.

    Soutenu par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán et son parti populiste de droite, le Fidesz, l’amendement a été adopté avec 140 voix pour et 21 contre.
    Vers des amendes pour les manifestants potentiels ?

    Ce texte a été présenté par le gouvernement comme un outil visant à protéger le développement mental, physique et moral des enfants. Il reconnaît également l’existence de deux sexes, fournissant une base constitutionnelle pour nier les identités de genre de certaines personnes.

    Il ouvre désormais la possibilité, pour les autorités, d’utiliser des logiciels de reconnaissance faciale afin d’identifier les participants à ces manifestations et de leur infliger potentiellement des amendes.

    Sans surprise, les organisations de défense des droits se sont élevées contre cette décision. Le Comité Helsinki, par exemple, a décrit l’amendement comme une manière de « légiférer la peur », estimant que ces lois représentent une escalade majeure dans les efforts du gouvernement pour supprimer la dissidence, affaiblir la protection des droits humains et consolider son pouvoir.
    L’opposition compare Orbán à Poutine

    De son côté, le parti d’opposition Momentum, très critique envers la politique menée par le gouvernement Orbán, l’a comparée à celle de la Russie. Quelques heures avant le vote de lundi, il avait appelé ses sympathisants – et plus largement les Hongrois – à descendre dans la rue pour bloquer le Parlement, affirmant : « Empêchons-les ensemble de nous entraîner sur la voie de Poutine et de nous priver de notre liberté. »

    Des députés d’opposition ont tenté de bloquer l’accès au parking du Parlement, certains allant jusqu’à s’attacher entre eux avec des liens en plastique, avant d’être arrêtés par la police.
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    Depuis un mois, de nombreuses manifestations contre cette loi s’organisent un peu partout dans le pays. Le député indépendant Ákos Hadházy, allié de Momentum, a déclaré que le gouvernement ne démolissait plus la démocratie brique par brique, mais utilisait désormais un bulldozer.
    Les organisateurs de la Pride maintiennent l’événement

    Dans la foulée, Hadja Lahbib, commissaire européenne à l’Égalité, a réagi à l’amendement sur les réseaux sociaux, rappelant que chacun devrait pouvoir être qui il est, vivre et aimer librement, et que le droit de se réunir pacifiquement est fondamental et doit être défendu partout dans l’Union européenne. Elle a assuré que la Commission soutenait la communauté LGBTQI + en Hongrie comme dans tous les États membres.

    Malgré cela, les organisateurs de la Budapest Pride, qui attire régulièrement des dizaines de milliers de personnes, ont déclaré être déterminés à maintenir la marche prévue le 28 juin. Selon eux, « ce n’est pas de la protection de l’enfance, c’est du fascisme ».

    Toutes les organisations de défense des droits ont exhorté la Commission européenne à lancer une procédure contre le gouvernement hongrois, arguant que les récentes mesures violent le droit européen.