ARNO*

In my case I like to take a nice shower, to take care of my beautiful hair. I have to stand under the shower for 15 minutes till it gets wet. It comes out drip, drip, drip. It’s ridiculous.

  • Aux Etats-Unis, le mouvement MAGA à l’assaut des campus
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/16/aux-etats-unis-le-mouvement-maga-a-l-assaut-des-campus_6596502_3210.html

    Sous des apparences chics et joviales, Kirk épouse des méthodes d’intimidation et de pression, tout en dénonçant une « cancel culture » attribuée aux « hystériques de gauche » : appel au boycott d’entreprises jugées trop multiculturelles, listes d’adversaires politiques supposés, dont des professeurs d’université. Des procédés connus de la droite alternative américaine, qui inspirent désormais les groupes d’extrême droite en France.

    Le mouvement Turning Point USA a créé le site Internet Professor Watchlist, qui fiche des enseignants accusés de diffuser des idées de gauche. Catherine Prendergast, professeure d’anglais ayant travaillé sur les droits civiques dans la littérature américaine, y a été inscrite en 2023. « Au début, je n’ai pas fait attention. Je trouvais cela embêtant, mais pas dangereux », confie la linguiste appréciée de ses étudiants à l’université de l’Illinois. Puis vient le harcèlement, les menaces par courriel : « Quand Trump gagnera son deuxième mandat, vous serez tous virés sous le nouveau régime. Compris ? », « N’oublie pas, chérie, que [le dictateur cambodgien] Pol Pot a d’abord tué des professeurs d’université », « J’espère qu’on te diagnostiquera un cancer inopérable qui rongera ton cerveau centimètre par centimètre (…). MAGA ».

    L’université reste démunie face aux discours de haine, qui, aux Etats-Unis, relèvent de la liberté d’expression protégée par le premier amendement de la Constitution. Une arme pour le camp trumpiste, lequel passe sous silence les exceptions constitutionnelles – diffamation, menaces réelles, fausses déclarations. « Ils veulent qu’on se soumette », conclut la professeure, qui a pris sa retraite anticipée et déménagé dans un autre Etat, qu’elle demande de ne pas divulguer.

    • Menaces et intimidations

      Deux autres universitaires ciblés enseignent toujours sur le campus de Champaign. Dans son laboratoire rempli de boîtes où reposent des os de souris et de babouin, l’anthropologue Charles C. Roseman, dix-neuf ans à l’université de l’Illinois, défend le droit d’enseigner la génétique et la théorie de l’évolution. Il a cosigné un article sur le questionnement scientifique de la binarité sexuelle ; le voilà sur la fameuse liste. « J’ai pris ça comme un compliment, c’est un spectacle pour eux. Mais un spectacle, on le voit, qui fait disparaître les gens au Salvador », raconte-t-il devant son tableau noir, en référence aux expulsions illégales menées par l’administration Trump. Il a reçu des lettres de menaces si épaisses qu’il craignait qu’elles contiennent de l’anthrax. « Enseigner, transmettre, préserver la connaissance est devenu un acte radical », déduit le scientifique.

      « Ces mouvements s’inscrivent dans une tradition », dit en souriant, dans son minuscule bureau, le professeur d’études afro-américaines Sundiata Cha-Jua, qui anime également des formations sur les préjugés raciaux pour la police de l’Illinois. « Ce pouvoir veut éradiquer la gauche radicale des universités et diffuser des idées fascistes, estime le sociologue. Il s’appuie sur des mouvements comme celui de Charlie Kirk, à la fois essentialiste, raciste, xénophobe, militariste et masculiniste, qui visent à assurer aux Blancs une domination au-delà de leur représentation dans la société. »

      Dans les années 1950, les « conseils des citoyens blancs », composés de notables locaux, d’avocats, de banquiers dans les Etats du Sud, dressaient des listes d’Afro-Américains qui allaient voter. Ils publiaient leurs noms et leurs adresses dans le journal local, les soumettant à la violence des radicaux et au risque de licenciement. Des pressions physiques et économiques. Ciblé par Turning Point USA, Sundiata Cha-Jua a reçu menaces et intimidations à son domicile. Il s’est vu attribuer une protection policière. Malgré des pressions pour le faire licencier, l’administration de l’université l’a soutenu et n’indique plus l’emplacement de son bureau ou de ses salles de cours, par sécurité.