RastaPopoulos

Développeur non-durable.

  • Les Irresponsables - Mon blog sur l’écologie politique
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Les-Irresponsables

    « Comme on le sait, Hitler a été élu démocratiquement », lisais-je il y a quelques jours à peine dans un article par ailleurs très fin sur la montée du fascisme. Voilà un topos auquel on espère échapper maintenant que l’historien Johann Chapoutot, une référence sur la période nazie, s’est attaqué aux mois qui ont précédé l’accession au pouvoir de Hitler.

    #recension #livre #Johann_Chapoutot #Aude_Vidal #nazi #Hitler #démocratie #élection #Allemagne #Histoire

    • Merci d’attirer l’attention vers un livre qui en finit avec le mensonge qu’on nous a enseigné dès l’école primaire. On ne le répète jamais assez souvent : Hilter n’a pas été élu démocratiquement. Il n’a même pas été élu du tout mais nommé par le représentant de la fraction la plus réactionnaire des riches, les Junker propriétaires de grandes terres à l’Est de l’Elbe (ostelbiischer Adel). L’élection qui a consolidé son pouvoir n’a eu lieu qu"après le coup d’état nazi après l’incendie du Reichstag le 27 février 1933 deux moi après la nomination d’Hitler comme Reichskanzler par le président allemand, le général dément Hindenburg.

      A mon avis nos enseignants nous ont enseigné le mythe de l’élection légale d’Hitler afin de se disculper eux-mêmes et toute leur génération qui suivant ce récit n’a pu se rendre compte de ce qui se passait qu’une fois qu’il a été trop tard pour encore s’opposer aux hordes nazies désormais au pouvoir.

      Si ce mythe fait partie des « vérités » enseignées en France aussi c’est sans doute pour éviter de parler des classes sociales qui ont porté au pouvoir les nazis. Il faut bien donner une explication quelconque si on veut embrouiller les faits historiques.

      #Allemagne #nazis #histoire

    • Ici, ce n’est pas ce qui est dans les manuels où le fait qu’il soit nommé est souligné. Mais à simplifier abusivement, ou à régurgiter les cours suivis des décennies plus tôt, dire "Hitler élu" (on l’entend y compris de la part de profs d’histoire "de gauche") épargne pas mal d’efforts. (On peut aussi entendre dans un cours de 3ème sur la Guerre de 14 que la Révolution de 1905 était une sorte de révolution bourgeoise, un peu comme notre 1789).

      Sans être de gauche, on peut aller beaucoup plus loin.

      Non, François Bayrou, Hitler n’a pas vraiment été « élu » avec plus de 90% des voix (2017)
      https://www.liberation.fr/desintox/2017/02/06/non-francois-bayrou-hitler-n-a-pas-vraiment-ete-elu-avec-plus-de-90-des-v

      Sinon, Chapoutot est mentionné ici 19 fois depuis 2020, flux en crue depuis son dernier ouvrage.

      #au_pays_des_lumières_éteintes

    • J’ai souvent lu ou entendu ce mythe des nazis arrivés au pouvoir par les urnes utilisé comme un argument, en période électorale, pour encourager le vote contre le FN/RN. En mode : « allez voter pour faire barrage, souvenez vous qu’en Allemagne etc. »

    • Il serait presque tentant de faire un parallèle avec ce qui se passe actuellement en France et plus généralement en Europe. L’Histoire, la tragédie, la farce, toussa ... Toujours les mêmes enjeux (capitalistes) avec des dynasties de propriétaires (du foncier, de la finance ou de l’appareil de production) qui rechignent à lâcher le bout de gras et s’accrochent comme des morbacs à leurs prérogatives et à leurs « notoriétés ».

    • Je crois que l’intention de Chapoutot est de considérer l’histoire de la montée du nazisme du point de vue contemporain, c’est-à-dire depuis le monde d’aujourd’hui, il s’agit de parler du présent aussi et de ce qui pourrait être évité.

      Aussi, c’est intéressant de démontrer - ou de rappeller car la thèse n’est pas nouvelle - que le nazisme résulte d’un choix de la bourgeosie mais le parti nazi n’était pas rien sur le plan électoral et il me semble, mais je ne suis pas spécialiste, que la gauche - parti communiste stalinisé et soc-dems penchant vers le centre - peinait à s’unir.

      Les travaux de Chapoutot sont brillants. Mais je me demande quelle utilité cela peut avoir face à l’extrême droite, ses moyens, ses soutiens, son électorat, sa façon de falsifier, détourner, inverser, récupérer, ignorer, moquer les faits.

      L’histoire consiste à établir un récit en interrogeant, critiquant et croisant archives, objets, témoignages, sources etc. C’est une méthode d’investigation critique. Mais son usage est souvent politique, en un sens l’histoire est celle de l’État.

      En 1988, Debord commentait :

      On croyait savoir que l’histoire était apparue, en Grèce, avec la démocratie. On peut vérifier qu’elle disparaît du monde avec elle.

      Il faut pourtant ajouter, à cette liste des triomphes du pouvoir, un résultat pour lui négatif : un État, dans la gestion duquel s’installe durablement un grand déficit de connaissances historiques, ne peut plus être conduit stratégiquement.

      Un article du Monde s’alarme des lacunes de l’enseignement de l’histoire de la guerre civile et de la dictature franquiste en Espagne :

      https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/02/en-espagne-l-ecole-fait-l-impasse-sur-franco_6589695_3210.html

      En France, l’histoire de la guerre d’Algérie est un sujet de grands débats.

      Hier Macron laissait le soin aux historiens de dire si c’était bien un génocide qui se déroulait à Gaza. Il s’indignait mais ne proposait ni sanction contre Israël ni reconnaissance de la Palestine :

      https://www.humanite.fr/monde/bande-de-gaza/sur-la-situation-a-gaza-macron-laisse-aux-historiens-le-soin-de-parler-de-g