Très offensif sur les réseaux sociaux, le « Trump roumain », l’un des surnoms de M. Simion, est un champion de l’outrance. Interviewé sur la chaîne française CNews, jeudi, il a ainsi accusé Emmanuel Macron de « tendances dictatoriales », comparant le système politique français à celui de l’Iran. Le 8 mai, lors du débat auquel il a participé avec Nicusor Dan, il a, semble-t-il, perdu ses nerfs, qualifiant ce dernier de « zoophile ».
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Sa force est sa base électorale, ancrée dans la Roumanie des campagnes, conservatrice, religieuse et résolument antisystème, c’est-à-dire avide de se débarrasser des partis au pouvoir depuis la chute du dictateur Nicolae Ceausescu en 1989, jugés inefficaces et corrompus. Sans scrupule, le tribun nationaliste n’a pas hésité à se servir des adresses des électeurs figurant sur les listes électorales, ce qui est illégal, pour envoyer, à la veille du premier tour, des lettres personnalisées à des millions de retraités dans les zones rurales. Sur un ton patelin, il rend hommage aux anciens que les politiciens traditionnels ont « abandonnés », selon lui. Le « respect » est le mot-clé de sa campagne. Omniprésent sur les réseaux sociaux, il a su également attirer à lui les électeurs de la diaspora installée en Europe, qui ont voté en sa faveur à 60 % au premier tour, contrairement aux Roumains de Moldavie, environ 700 000 personnes, qui ont majoritairement choisi le centriste Nicusor Dan.
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« Simion ne craint pas les contradictions. On le voit aujourd’hui courtiser Viktor Orban. Il a oublié qu’il y a quelques années lui et ses militants ont profané les tombes de soldats hongrois [morts pendant la première guerre mondiale] dans un cimetière en Roumanie, sans compter qu’il attise sans arrêt le sentiment anti-hongrois chez nous. En réalité, cet homme est un casseur, il aime semer la pagaille. Sa victoire pourrait coûter cher au pays », affirme Cristian Preda. En 2019, lors d’un affrontement entre nationalistes roumains et hongrois, M. Simion, alors candidat aux européennes, est entré de force dans un cimetière à Valea Uzului.
Accusé d’avoir des sympathies prorusses, M. Simion assure qu’il n’en est rien. D’ailleurs, il considère que Vladimir Poutine est un « criminel de guerre ». Selon lui, les autorités roumaines devraient toutefois y regarder à deux fois avant d’aider l’Ukraine. « Nous devrions garder pour notre défense les armements stratégiques qui nous protègent contre la menace russe », une allusion au système américain de défense antiaérien Patriot que Bucarest a fourni à Kiev au printemps 2024. « Ne pas aider l’Ukraine militairement ne fait pas de nous des prorusses », a-t-il coutume de déclarer.
« Bien sûr qu’il est prorusse, estime Cristian Preda. Il suffit pour s’en convaincre de prêter attention à ce que disent de lui les suppôts du Kremlin, comme Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe, ou Alexandre Douguine, l’idéologue de l’expansionnisme russe. Son rejet de toute aide à l’Ukraine est le meilleur soutien qu’il puisse donner à Poutine. »