Canaries : la justice ferme un centre pour mineurs isolés, après des accusations de violences sur des jeunes - InfoMigrants
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Canaries : la justice ferme un centre pour mineurs isolés, après des accusations de violences sur des jeunes
Par La rédaction Publié le : 20/05/2025
La justice espagnole a ordonné, lundi, la fermeture du centre pour mineurs isolés Emena La Fortaleza, sur l’île de Grande Canarie, où vivaient une quarantaine de jeunes étrangers. Plusieurs employés de la structure sont accusés de coups et blessures sur des exilés, de menaces, de harcèlements, de traitements humiliants et dégradants.
C’est une nouvelle affaire qui met à mal le système d’accueil des mineurs non accompagnés dans l’archipel espagnol des Canaries. Lundi 19 mai, le tribunal de Las Palmas, à Grande Canarie, a ordonné la fermeture du centre pour jeunes Emena La Fortaleza, situé à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de l’île.
« L’autorité judiciaire a donné son accord à cette mesure après avoir chargé la police régionale de procéder à une perquisition » dans le centre, et « à la lumière des nombreuses preuves et témoignages reçus » faisant état de coups et blessures, de harcèlement, de traitements humiliants et dégradants et de torture, signale dans un communiqué la Cour supérieure de justice des îles Canaries.
Par ailleurs, lors d’une perquisition lundi matin, la police a interpellé neuf employés du centre, géré par l’association Quorum 77, indique l’agence de presse Efe.
Quarante-trois mineurs hébergés dans l’établissement doivent être relogés dans d’autres structures du réseau d‘accueil de l’archipel. La Cour a chargé les autorités « compétentes » de « prendre les mesures nécessaires pour assurer le bien-être et la protection des personnes » qui vivaient au centre Emena La Fortaleza.
Cette affaire n’est pas un cas isolé aux Canaries. Dans le passé, plusieurs accusations de violences ont été portées contre des personnes employées dans des centres d’accueil pour mineurs dans l’archipel espagnol. En avril 2024, le centre de La Santa de Lanzarote avait fait la une des journaux. Cinq travailleurs sociaux sont soupçonnés d’avoir forcé des jeunes à commettre des délits (vols, destruction de mobilier…) dans la structure, pour saboter son fonctionnement. En cas de refus des mineurs, ces derniers étaient privés de sortie. Les employés retardaient aussi leur procédure d’obtention des papiers en Espagne. En novembre 2013, 12 jeunes avaient adressé une lettre à la justice espagnole dans laquelle ils évoquaient les mauvais traitements subis dans la structure d’Acorán, en périphérie de Las Palmas. (...) Selon la presse espagnole, les accusations de violences sont courantes dans les lieux d’hébergement pour exilés mais ces affaires éclatent rarement au grand jour. En raison de la barrière de la langue ou de la peur de la police et des agresseurs, les migrants n’osent pas saisir la justice et préfèrent se taire.
Situé au large des côtes ouest-africaines, l’archipel espagnol est une des principales portes d’entrée des migrants en Union européenne (UE). L’an dernier, plus de 46 000 exilés ont débarqué aux Canaries, contre près de 40 000 l’année précédente. Un tel chiffre n’avait jamais été enregistré, même en 2006 au plus fort de la « crise des cayucos » – du nom des embarcations précaires utilisées par les migrants pour traverser l’Atlantique. Totalement dépassées par l’afflux, les autorités canariennes interpellent depuis plusieurs mois le gouvernement pour désengorger les centres d’accueil de l’île, en transférant une partie de cette population vers la péninsule.
Actuellement, plus de 4 000 mineurs non accompagnés sont pris en charge aux Canaries pour une « capacité » de 900 places. Mais le processus de répartition dans d’autres territoires espagnols s’est longtemps heurté à l’opposition de droite (PP), qui dirige bon nombre de régions. Après 18 mois de discussions, un accord a finalement été adopté le 10 avril par les parlementaires pour modifier l’article 35 de la loi sur l’immigration. Cette modification rend ainsi possible « la création d’un système obligatoire de répartition des mineurs migrants dans les situations d’urgence telles que celles que connaissent actuellement les îles des Canaries et Ceuta », rapportait alors le média espagnol El Diario.
Pour établir le nombre de mineurs que chaque communauté autonome devra accueillir, le décret royal établit des critères objectifs tels que la population, le taux de chômage et le nombre de places prévues (sur la base du nombre de places créées ces dernières années et de l’attention apportée aux mineurs étrangers non accompagnés). Les premiers jeunes devraient quitter les Canaries cet été afin de rejoindre la péninsule. Mais plusieurs régions dirigées par la droite tentent de ralentir le processus. À l’instar du gouvernement de Valence qui a déposé un recours devant la Cour constitutionnelle, estimant que cet accord « est non seulement juridiquement discutable, mais impose également des charges aux communautés sans offrir de dialogue ni de ressources ».
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