Nicole Garreau

Poétesse sans talent et dictateuse sans vergogne

  • aurait pu choisir de se transporter presque n’importe où à presque n’importe quelle époque puisqu’il suffisait pour cela qu’elle opte pour le bouquin juste à gauche, juste à droite, juste au-dessus ou juste en dessous, mais non, comme une petite idiote un peu flemmarde (ou une petite flemmarde un peu idiote) elle a finalement jeté son dévolu sur le très contemporain polar d’un auteur paraît-il célébrissime Outre-Manche, un certain « Peter James » — mais ça sent le blase tellement commun en Perfide Albion qu’on est en droit de se demander si tous les Britanniques genrés au masculin ne se nomment pas « Peter James ».

    Bref, c’est bof-bof mais pas nul non plus et surtout pas fatigant : « Mort au premier regard » (« Dead At First Sight ») est une sombre histoire de crimes sur fond d’usurpation d’identité et d’escroquerie sentimentale sur Internet, on sent bien que pour la trame l’auteur ne s’est pas cassé la nénette mais comme il semble à peu près pro ça fait vaguement le job quand même. Et puis à bien y réfléchir c’est vrai que c’est inquiétant toutes ces personnes qui profitent du relatif anonymat qu’offre le Minitel en couleurs afin de se faire passer pour qui elles ne sont pas ; imaginez, c’est comme si un jour on découvrait qu’une fameuse dictateuse cruelle et sanguinaire qui depuis des années et des années terrorise les réseaux sociaux à grands coups de sac à main est en fait une petite vieille ratatinée qui tient à peine sur ses guibolles, refuse d’assassiner un brin d’herbe et pleure toujours à gros bouillons quand on lui raconte l’histoire de Boucle d’Or ?

    Brrrr, une telle supercherie fait froid dans le dos rien que d’y penser.