• Mariage homo : le débat en débat
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    « Tout le monde croit que le débat contradictoire est fécond ; moi je pense exactement l’inverse. Je pense que le débat contradictoire est un spectacle, c’est sûr, c’est la société du spectacle qui le veut. Vous savez, je suis historien des sciences, tout le monde croit que les débats sont fertiles pour l’invention, mais c’est faux : ils ont toujours été catastrophiques ! Ce qui a été inventif c’est des communautés qui se sont mises ensemble pour chercher un truc, et ça c’est un vrai dialogue. Mais un dialogue où on doit se battre est un dialogue absolument infertile ! » Michel Serres

    [...]

    C’est l’autre handicap du débat : il pose un problème dans des termes qu’on n’a pas choisis et dont on peut vouloir contester la pertinence. En ce qui me concerne, au delà du fait que je juge que d’autres débats - sur la conduite des affaires économiques de la Cité - sont extrêmement urgents et ne devraient pas être occultés, j’estime que le mariage civil est une institution archaïque et rétrograde, en ce qu’elle organise le contrôle et la surveillance des moeurs sexuelles par la collectivité. Je considère, personnellement, qu’aucune instance représentative de l’Etat, de la République, de la Nation ou que sais-je n’est fondée à mettre le nez sous la couette des adultes consentants.

    [...]

    En tant qu’institution symbolique héritée de la #tradition, le mariage en effet n’est pas simplement un contrat ouvrant des droits mais une alliance fixant des devoirs, prescrivant des comportements conformément à une #morale_sexuelle (la monogamie exclusive) que la collectivité prétend pouvoir prononcer, relativement à la vie privée d’adultes aussitôt infantilisés par ce rappel à l’ordre public.
    Mariés flics

    On s’étonne qu’aujourd’hui tant de gens réclament de pouvoir assujettir leur comportement sexuel à cette instance de moralisation - et il ne s’agit pas là de revendiquer pour tous la dissolution de moeurs du libertinage, mais de montrer qu’une fidélité préconisée par la collectivité en tant que pilier de l’ordre public perd singulièrement de sa valeur, faisant de nous non les sujets d’une sexualité autonome (fixant elle même les règles de son jeu), mais les bons petits agents du maintien de l’ordre moral.

    C’est peut-être ça, qui, en douce, fait rigoler Taubira.

    Au-delà du #mariage_pour_tous posons la question du #mariage en général : #institution rétrograde et patriarcale ? Et aussi celle du #débat en tant que tel. Est-il bon par lui-même où doit-il être adapté pour une vraie #démocratie ? J’aime ce genre de texte, qui m’amène à me poser des questions que je ne m’étais jamais posées...