ARNO*

Un truc qui m’a toujours fait rigoler dans cette salle, c’est à quel point cette foule de gens viennent pour la Joconde et te me snobent carrément les Noces de Cana de Véronèse sur le mur derrière eux. (Je veux dire : je comprends, ça ne me choque pas, juste je trouve ça marrant.)

À décharge pour Paris, depuis qu’on est installés à Montpellier, j’ai développé une forme aiguë de provincialisme qui me rend la fréquentation des grandes métropoles carrément insupportable.

Ta photo restitue fort bien une scène d’épouvante. Au-delà de ce que j’imaginais, oeuf corse. À part l’enfant aux lunettes jaunes au 1er rang de l’épais agglutinement, très peu regardent la toile. Plutôt qu’une photo de qualité , dans ce cas tout à fait disponible, mieux vaut un DiY frelaté (j’y étais).
(dit le gars qui a fait 4 photos dans le musée de la Marine nationale de Brest ce jour - pardon, au Musée national de la Marine, mais c’était tout comme - dont deux extraits de cartels).

nb
Le mot arsenał vient de l’arabe dar as sina’a qui signifie la maison où l’on construit. Fin XVIIe, l’arsenal de Brest est considéré comme le plus grand établissement industriel d’Occident. En 1783, c’est 9630 ouvriers et 2000 forçats du bagne, qui n’ont pas encore La Guyane pour rendez-vous.

edit le Louvre n’est pas #Paris, qui a mille autres manières de craindre.

#photo #smartphone #aveuglement_volontaire

Le « mobile » des photos au smartphone (dans les musée ou autres) c’est de pouvoir dire j’y étais, non ?
#selfie #personal_branding #social_media

@sombre : oui, et pour le coup, le selfie devant la Joconde, je comprends parfaitement. Mais comme tu peux le voir, les gens qui font des selfie, c’est plutôt une minorité. Au Louvre, c’est essentiellement la Joconde et les grands tableaux français (Delacroix, Géricault…). Mais à Orsay, c’est absolument chaque tableau de l’étage des Impresionnistes : les gens prennent en photo tous les tableaux, sans trop les regarder, uniquement concentrés sur l’écran de leur smartphone, et une toute petite minorité fait un selfie devant un van Gogh connu (ce que, encore une fois, je conçois parfaitement). Et même si j’accepte nettement plus l’idée du selfie (j’ai une photo des enfants devant un van Gogh par exemple), malheureusement ça revient au même avec des gens plus préoccupés par la préparation de leur photo que de réellement voir l’œuvre en question.

Mais sans doute qu’ils ne ressentent justement pas le besoin de regarder l’œuvre dans le musée, puisque de toute façon ils l’ont déjà vue en photo avant de venir :-))

J’imagine les soirées avec ces gens qui ramènent 3000 photos de leur voyage à Paris, prises avec le cul et leur smartphone, et qui, au retour au pays, imposent à leur proche le visionnage de tout ce merdier, dont 2750 photos dans lesquelles ils ne sont pas. :-))

@arno de mon côté je suis quasi certain que la plupart des gens ne consultent jamais ces foutues photos, qui sont 99% du temps moins bien que ce qu’on peut trouver sur le net en 2 secondes. Il s’agit vraiment d’un truc grégaire, et pour partie il s’agit de poster ça sur un réseau « social » pour l’oublier immédiatement. La même chose avec celleux qui filment pendant un concert (et qui gâchent le concert des autres), qui va réellement se fader ensuite ces vidéos complètement pourries ?

à propos de ces photos / vidéos : voir ▻https://seenthis.net/messages/1109835 #crap_data

Je peux vous dire que le syndrome de Stendhal, c’est mort. Il y a quelques années on est allés à Florence, et c’était vraiment difficile d’avoir le temps de ressentir quoi que ce soit aux Offices.

Au Louvre, ça fait des années (décennies ?) que c’est totalement mort pour la Joconde, mais la dernière fois j’avais eu temps d’avoir un peu d’émotion devant les Vinci dans la grande galerie. Cette fois, non. Toutes les quelques secondes, quelqu’un va tendre son smartphone dans ton champ de vision et hop, Clic-clac-kodak. Z’y-va pour te concentrer un minimum dans ces conditions.

Marrant je disais la même chose hier en m’auto-accusant en même temps d’être élitiste : j’ai besoin de rêver, de m’imprégner devant une œuvre, d’imaginer les conditions dans lesquels elle a été faite. Parfois les odeurs me sont importantes pour ressentir de l’émotion. On parlait des sites archéologiques désormais surpeuplés et plus difficiles que le bois de Vincennes à arpenter. A l’époque à l’ENSBA on profitait de la journée des copistes où il n’y avait aucun visiteur touriste, je t’assure qu’arpenter les galeries du Louvre pratiquement seule c’est comme sauter dans l’espace temps.