Stéphane Bortzmeyer

Je suis un homme du siècle dernier, j’essaie de m’adapter, mais je n’en ai pas vraiment envie.

  • Une idée intéressante pour les patrons qui me lisent (il doit y en avoir beaucoup ici) : payer moins les salariés, afin de ne recruter que des passionnés, pas des gens qui ne viennent bosser que pour l’argent.

    http://www.petitweb.fr/actualites/melty-les-7-lecons-dun-patron-en-culotte-courte-aux-groupes-media

    « Mais, surprise : les employés sont payés 25% de moins que le marché et travaillent 25% de plus. "C’est presque un filtre de recrutement" justifie Alexandre Malsch. "On offre certes un salaire plus bas et plus de travail, mais aussi une aventure exceptionnelle, une boite qui a la culture de la passion. Chez nous, les gens s’éclatent." »

    • Si on a le temps de trouver le passionné, c’est peut être une idée... mais la plupart du temps, on ne voit même pas passer des bons, avec cette stratégie...

      Sans compter les sociétés qui sous-paient parce qu’ils se pensent « super » alors qu’ils comptent dans les avantages généreusement offerts : les congés payés (toute ressemblance avec les SSII n’étant absolument pas fortuite).

      Souvent les passionnés, ce sont eux qui se forment même en dehors des heures ouvrés, qui se sont vraiment posés les questions parce qu’ils réfléchissent au boulot, à la maison, même en s’endormant. Et payer peu des gens très compétents et investis, c’est juste un super moyen dégouter ces victimes, et les jeunes (s’ils ne le sont pas déjà...) de cette filière...

      Je suis très très fermement contre cette idéologie. Si on est bon ou investi, on mérite l’attention, et le salaire qui va avec.
      Je ressens de plus en plus cette impression qu’en France, gagner de l’argent, c’est mal... même si c’est à la sueur de son front (par « opposition » aux dirigeants qui sont souvent vu comme des glandeurs sur-payés...).

      Autre chose, dans un autre registre, qui peut être compris dans cet argumentaire, c’est que l’on profite de ceux qui ont vraiment besoin de travailler : ceux qui sont dans la misère, et qui ne trouvent pas de travail, et qui acceptent de se défoncer, pour peu, parce que peu, c’est toujours mieux que rien. Certains soutiendront qu’ils sont passionnés ; ça peut aussi être des désespérés.

      Pour autant, je suis d’accord que l’intérêt du travail est un des attracteurs pour un poste. Je soutiens souvent qu’il y a un triplet pour rester dans une entreprise : l’intérêt du travail, l’ambiance, et le salaire. Et à titre personnel, je vais prochainement être recruté dans un endroit où ce sont les deux premiers éléments qui sont mis en avant, et le troisième, sans être mauvais, est inférieur de 10k à ce que j’aurais trouvé dans une SSII. Ce qui me choque donc, ce n’est finalement pas l’idée, mais sa systématisation ou sa recherche (volontairement baisser les salaires pour obtenir des passionnés/désespérés).

      Je suis un poil surpris de lire ça venant de toi, Stéphane, connaissant tes penchants politiques affichés. Peut être ai-je mal compris ce que tu y as vu.

    • Arf ! 1er degré, fail :) Je serais probablement pas tombé dans le panneau si j’avais pas déjà lu ou vu des personnes pensant vraiment ainsi... ayant été à la recherche d’un poste ces derniers temps, j’ai reçu pas mal de BS des SSII dans les dents :o)

    • J’avais été surprise de lire dans un bouquin de #psycho qu’un travail pour être considéré comme #éthique doit être peu payé. Exemple, être payé 5 fois le smic pour bosser dans une association de lutte contre la faim dévaloriserait l’engagement personnel (pur et non sali par l’argent) que cela suppose.

      Est-ce que c’est ce mode de fonctionnement psychologique qui permet à des tas d’associations de faire bosser des gens pour des clopinettes sous l’étiquette « éthique » qui masque finalement assez bien leur exploitation !

      #argent, #salaire, #pot_au_rose

      @mlleeole, évite les raccourcisseurs d’url, au moins sur seenthis :) car ils ne donnent aucune information en plus de faire perdre du sens et de capter les flux hypertextes.

    • Ça dépend de l’association - est-ce que tout le monde bosse pour des clopinettes, ou bien y-a-t-il des salariés d’un côté, et des volontaires ou quasi-volontaires de l’autre ?
      Ça n’est pas toujours dans le sens qu’on pense non plus : aux états unis, les avocats doivent contribuer entre 20 et 50 heures de travail pro bono par an. Certains projets, par exemple les associations d’assistance juridique comme Innocenceproject.org peuvent avoir des salariés pour les fonctions administratives, tandis que les avocats travailleront gratuitement.