À la place du Châtelet.
Il y avait indéniablement du monde (quelques milliers ? quelques dizaines de milliers ? de personnes). Entre 13h et 14h, notre groupe de potes a passé pas mal de temps à faire des aller-retours entre la place du Châtelet et les Halles. Bizarrement, toute la foule à Châtelet s’est laissée très lentement et très progressivement se faire nasser sans aucune réaction, comme une grenouille qu’on ébouillanterait en augmentant très très lentement la température. Chaque quart-d’heure passant, il y avait une ligne de fourgons de CRS supplémentaire qui bloquait un peu plus la rue de Rivoli côté Ouest, un peu plus le boulevard Sébastopol côté Est et bientôt dans toutes les directions. Pendant ce temps, ça chantait ad nauseam le folklorique (et de plus en plus insupportable) Siamo Tutti Antifascisti qui est définitivement devenu le nouveau (pas moins insupportable) « Ou sinon ça va péter, ça va péter » du NPA. Les obsédés d’AG ont fait... une AG. Tout Bloquer a donc commencé par se faire bloquer à Châtelet. La perspective de manifs sauvages diffuses et rapides un peu partout dans la capitale et de blocages potentiels de la circulation ou de ligne de chemin de fer s’est éloignée. (La pref a tout de même demandé à la RATP de ne plus désservir métros et RER à Châtelet-les-Halles et le forum des Halles a fermé temporairement)
Aux Halles
Du monde attendait, mais galérait et ne savait pas quoi faire. Quelques fouilles de la part des CRS. Pas de bazar. Au fur et à mesure, les forces en présence ont fini par converger sur Châtelet avec la Batucada.
Une manif vers République et quelques soubresauts (Turbigo, Grands Boulevards).
Une sortie très probablement décidée ou négociée par la pref a permis un désengorgement de Châtelet par Sébastopol sous la forme d’un cortège lent et long, peu déterminé mais aussi un autre un peu plus énervé via la rue Saint-Denis, qui a débouché en quelques petits affrontements avec les flics et un peu de lacrymo (dont un palet a cramé le Wafu Bar, un restaurant asiatique).
Il y avait vraiment pas mal de monde et donc certains arrivaient déjà à République quand d’autres partaient à peine de Châtelet. Quelques tentatives de bifurquer à l’Ouest via rue Turbigo n’ont pas eu le succès escompté. Une autre partie du cortège a bougé sur les Grands Boulevards (toujours une meilleure idée que République) ce qui a donné 100 occasions de faire partir des sauvages mais qui n’ont pas prises inexplicablement. Le cortège était lent, bon enfant et a dû se résoudre à faire demi-tour et finalement rejoindre République lui aussi. On a vite compris que Tout Bloquer allait de nouveau se faire bloquer.
Déjà quelques gros mythos
Des journalistes militants parlent déjà de « milliers de manifs sauvages » et de « Paris Bloqué »...
MDR... Non.
Un habitué des micros, des AG et des meetings (depuis 20 ans) a déclaré que c’est une manif sauvage qui a permis de sortir de la nasse de Châtelet et qui décrit comme une victoire d’être arrivé à République...
MDR... Non plus... Mais alors pas du tout...
Et on peut ajouter que se dénasser (soi-disant par sa détermination) de Châtelet pour aller de son propre gré se faire bloquer à République est à peu près ce qu’il y avait de pire à faire aujourd’hui pour « Tout bloquer ». République est toujours le pire des choix depuis 2015 et la fameuse nasse des 300 lors de la COP 21. (Valls, état d’urgence, attentats islamistes, tout ça tout ça... c’est bien l’époque où la nasse est devenue l’outil systématique de privation de liberté arbitraire sous prétexte de maintien de l’ordre)
À retenir
Il y avait du monde et les Halles et Châtelet ont parfaitement bien joué leur rôle de point de rassemblement facilement accessible par toutes et tous, les bloqueur.euse.s du matin, comme les lève-tards, les lycéen.ne.s. Mais le rassemblement n’a pas réussi à essaimer d’autres actions dans le centre de la capitale et n’a fondamentalement rien bloqué à part lui-même. Et le seul feu majeur vient des flics eux-mêmes.
Des narvallos